Justita & Pax, Montreal 2002

Mot de bienvenue à l'ouverture de la session
JUSTITIA ET PAX.

Fr. Richard Woodbury's


The following is Fr. Richard Woodbury's welcome message (in French) to the
Montreal JP Conference. ********


Mot de bienvenue à l’ouverture de la session
JUSTITIA ET PAX.

Chers confrères,
Chers amis,
Il m’est particulièrement agréable d’avoir la chance et l’insigne honneur de
vous adresser la parole aujourd’hui, au nom des confrères de la toute nouvelle
Région du Canada. Et permettez que je vous souhaite d’abord la plus cordiale
et fraternelle des bienvenues parmi nous, à l’occasion de cette très importante
rencontre de Justice et Paix 2002.Et je voudrais surtout que chacun et chacune
reçoive ces mots de bienvenue comme s’ils lui étaient adressés
personnellement.
Quand, il y a une dizaine de jours, j’ai parcouru la liste officielle des
participants, je me suis surpris à réaliser combien diversifiée était la
représentation dehonienne à cette rencontre. Je vois là d’abord et avant tout un
signe et une preuve de l’intérêt grandissant que l’on retrouve chez nous, SCJs,
pour ces questions brûlantes d’actualité que sont la Paix et la Justice, des
questions tout aussi fondamentales dans la planification de notre ministère à
caractère social et sa mise en oeuvre dans les diverses parties du monde où
nous sommes engagés. Je vois également dans cette représentation
généreuse et diversifiée une façon concrète d’exprimer et de manifester notre
désir souvent réitéré et notre ferme volonté de prendre tous les moyens
possibles de nous assumer pleinement et de garantir à nos engagements et à
nos interventions autant la qualité que la profondeur que nous devons chercher
à donner à notre apostolat en faveur des plus démunis, au sein de nos
communautés humaines engagées pour la Justice et la Paix, et en solidarité
avec tous ceux et celles qui ont choisi et juré de faire de cette forme de
pastorale une priorité réelle et incarnée.
Nous pourrions évidemment nous poser une première question, du type de
celles qu’on nous pose souvent à la suite de rassemblements tel celui que nous
vivrons au cours des dix prochains jours: «Pourquoi faire se déplacer tant de
personnes, à des coûts élevés, pourquoi leur faire quitter leurs milieux de vie, et
les amener à Montréal afin de réfléchir et de chercher ensemble des solutions
que chacun pourrait très bien trouver chez soi et sur son propre terrain?»...Vous
savez à quel genre de reproches je fais référence et allusion? Rappelez-vous
la question de l’un des apôtres: «Pourquoi ne pas avoir pris cet argent et le
donner aux pauvres?» Certains Judas des temps modernes, possiblement et
probablement mieux intentionnés toutefois, ne manquent pas l’occasion de
lancer ce genre de questions-accusations en apparence inspirées par la pure
générosité et le souci véritable des pauvres. Nous connaissons la réponse de
Jésus. Elle vaut toujours, et sans doute plus que jamais: «Des pauvres, il y en
aura toujours parmi vous.» Et cette réplique laisse sous-entendre qu’il nous
revient de nous rapprocher de ces pauvres, de nous en préoccuper, et de les
aider à éliminer la pauvreté dont ils souffrent d’autant plus qu’ils ne sont trop
souvent que les victimes innocentes de systèmes injustes. Toutefois, sans aller
jusqu’à penser ni même laisser sous-entendre qu’on doive balayer de la main
ce genre de remise en question, je laisserai à chacun de nous le soin de
trouver ses propres réponses et de se situer honnêtement face aux insinuations
et aux attaques dont on peut être la cible.
Personnellement, je demeure toutefois persuadé, pour avoir eu le privilège
de prendre part à des forums semblables, que nos rencontres finissent par
«rapporter des dividendes» qu’aucune province ou qu’aucun milieu ne pourrait
et ne saurait produire si chacun demeurait dans son coin. En acceptant ainsi de
nous retrouver ensemble, de chercher ensemble, de réfléchir ensemble, de
prier ensemble et de nous écouter mutuellement, nous nous donnons la chance
de vivre une étape indispensable dans la recherche d’une justice pour tous et
par tous, et nous faisons un pas de plus en vue de la réalisation du Nous, la
Congrégation, au service de la Mission. En choisissant de réagir en groupe aux
diverses questions ou encore en examinant ensemble les voies de solutions
concrètes que nos conférencières et conférenciers oseront proposer, du moins
je l’espère et le souhaite, nous acceptons d’ouvrir nos horizons, nous refusons
de vouloir travailler tout seul dans son coin, et surtout, nous disons notre ferme
intention de créer et de vivre cette nécessaire solidarité qui seule nous
permettra de nous aider à marcher enfin vers des solutions qui soient valables,
efficaces et durables.
Nous connaissons tous le dicton: «Divide et impera», et nous savons
combien il peut encore et toujours inspirer les vampires ou les sangsues de nos
sociétés. Je suis tout à fait convaincu qu’aussi longtemps que les profiteurs et
les abuseurs de la société, qui se présentent évidemment comme ses
bienfaiteurs, pourront continuer à isoler le monde, aussi longtemps pourront-ils
continuer à s’enrichir et à s’engraisser aux dépens des plus petits et des plus
faibles, et aussi longtemps pourront-ils continuer à profiter de toutes les
situations d’injustices, conscients qu’ils sont de pouvoir poursuivre à volonté et
bien impunément l’exploitation du pauvre et du faible, de l’orphelin, de la veuve
et de l’étranger. Et devant cette réalité, que reste-t-il à faire pour les exclus et les
marginalisés? On n’aime évidemment pas y songer, tellement ça nous apparaît
à la fois épouvantable et apeurant, mais ces situations d’injustice ne font
qu’ouvrir toutes grandes les portes aux extrémistes et aux radicaux qui sauront
alors convaincre leurs semblables que la seule solution réside dans la révolte,
la guerre et les attentats souvent destructeurs de vies innocentes. Sans vouloir
faire de politique, je me permets de rappeler l’invitation pressante qu’a lancée
notre Premier Ministre, M. Jean Chrétien, de nous ouvrir davantage à l’Afrique
au profit de laquelle il faut accepter de partager bien davantage que les
quelques miettes qu’on a jusqu’ici accepté de distribuer... Je rappelle quelques
lignes de la déclaration qu’il a faite à l’ONU le 16 septembre dernier:
«La marginalisation continue de l’Afrique du processus de mondialisation, et
l’exclusion sociale de la vaste majorité de ses peuples sont profondément
contraires à l’intérêt mondial. Nous nous devons d’aider l’Afrique à se
redresser, dans l’intérêt de l’humanité tout entière... Nous avons pu constater,
ici même à New York les conséquences tragiques qui peuvent résulter de la
dérive d’États lointains... Lorsqu’il y a des pays dans la misère extrême, ils
deviennent des endroits d’où émergent ce genre de problèmes. On a une
responsabilité d’aider ces pays-là à trouver un niveau de vie plus acceptable, et
où ces activités (terroristes) ne seront pas facilitées par l’environnement où les
gens vivent...Vous savez, vous ne pouvez pas exercer vos pouvoirs au point
d’humilier les autres. Et c’est ce que le monde occidental-pas seulement les
Américains, le monde occidental- doit réaliser, parce quils sont aussi des êtres
humains, et il y a des conséquences à long terme si vous ne regardez pas
quelle sera la réalité dans 10, 20 ou 30 ans...» Fin de la citation.
L’appel a été vertement critiqué par certains, mais j’étais personnellement
heureux de constater, en lisant quelques réactions publiées dans les journaux,
que plusieurs ont saisi que l’avertissement était sérieux, et qu’il fallait
apprendre à y accorder toute l’importance qu’il mérite... Pourquoi est-ce que
j’apporte ceci à titre d’exemple, parmi tant d’autres possibles? Si j’ai bien
compris, la session qui s’ouvre aujourd’hui pourrait et devrait nous aider à nous
donner des outils pour mieux analyser de pareilles situations, mieux
décortiquer semblables affirmations, et apprendre à faire la part des choses, en
sachant mettre de côté, s’il le faut, -et je sais que souvent il le faudrait
effectivement- le «Qui l’a dit?» et le «Dans quel intérêt personnel a-t-il dit telle
ou telle chose?» pour nous arrêter à l’essentiel, à savoir: «Qu’est-ce donc qui a
été dit exactement, et en quoi cette affirmation nous concerne-t-elle, nous
interpelle-t-elle, et nous amène-t-elle à réfléchir et à réagir?» Ces étapes de
réflexion deviennent indispensables si nous espérons arriver à construire des
chemins de plus grande justice qui rapprocheront les êtres humains et paveront
la voie à la réalisation de la paix dont nous osons à peine rêver présentement,
tellement la situation se veut explosive. En choisissant de participer à la
présente session, je souhaite donc recevoir une aide et une formation qui
m’habiliteront à mieux analyser et mieux comprendre les enjeux et les défis
d’aujourd’hui en matière de justice et de paix et qu’on m’aidera à trouver les
nouveaux outils adaptés aux situations nouvelles...Quand j’étais beaucoup plus
jeune, il y avait dans notre milieu un mécanicien dont les seuls outils étaient un
tournevis et une paire de pinces. Et je vous prie de me croire qu’il savait être
efficace avec ces outils rudimentaires...quel que soit le problème que cachait
votre voiture. Toutefois, je n’ose même pas imaginer ce même bonhomme
essayer de réparer les voitures modernes avec les seuls mêmes
instruments...Je me sens un peu dans la même situation...Et devant la
complexité grandissante des problèmes et des situations d’aujourd’ui, je me
sens aussi démuni...et j’ai besoin qu’on me présente un coffre d’outils plus
complet et mieux adaptés...
Il y a de cela environ deux ans, quelqu’un a écrit un très bel article dans la
revue «Présence», revue québécoise qui cherche à sensibiliser notre société
sur les grands enjeux qui nous attendent au plan social, pas seulement ici au
Québec, ni même seulement au Canada, mais dans l’ensemble du monde
devenu, suivant l’expression bien connue et presqu’usée, « un grand village»...
Cet article s’intitulait: «Mondialisons la solidarité». Le titre disait bien ce que
l’auteur voulait nous amener à saisir et à faire nôtre désormais dans nos façons
de penser, de réagir, d’organiser ou même de nous engager: Devenir
solidaires, mais vraiment solidaires, dans tous les domaines d’intervention en
faveur des exploités de notre société. Et cela suppose une capacité et une
volonté de se laisser interpeller par les autres, de se laisser former par les
autres, de se laisser déranger par les autres. Cela implique également
d’accepter, en toute humilité, que si personne ne doit penser posséder toutes
les solutions aux innombrables problèmes qui se manifestent continuellement,
chacun doit du même coup apprendre à se laisser construire du dedans, à se
laisser former un coeur nouveau à l’image de Celui qui nous redit: «Venez à
moi, vous qui peinez, vous qui ployez sous le fardeau, et Moi, je vous
soulagerai».
Ces paroles, il faudrait les réentendre et les méditer à nouveau, au début de
cette session de travail...en implorant l’Esprit-Saint de donner à chacun cette
nécessaire disponibilité du coeur et cette docilité de l’esprit qui nous fasse
accepter de nous mettre à l’école de la transparence, de la vérité et de la
charité, au service de la Justice et de la Paix dont notre monde a faim et soif.
Ces paroles, il faudrait qu’elles deviennent comme une conviction profonde
pour chacun de nous: si nous ne savons pas venir ensemble pour retrouver le
coeur de Dieu, jamais nous ne saurons nous retrouver au coeur du monde vers
lequel nous sommes envoyés comme serviteurs de la réconciliation et
prophètes de l’amour. C’est là ma conviction profonde, et je vous invite, et vous
enjoins presque, à la faire vôtre également:» Nous ne serons toujours que de
médiocres apôtres de la justice et de la paix, si nous n’avons pas d’abord su
nous faire les humbles disciples de Celui qui peut nous guider vers la
découverte et l’accueil de la vérité la plus fondamentale et essentielle à
connaître en vue de l’établissement d’un monde nouveau. Cette vérité, elle tient
en peu de mots: Dieu est notre Père, et nous sommes tous frères et soeurs dans
le Christ. Ça a l’air simple, presque simpliste même, mais le jour où cette vérité
deviendra acceptée et vécue pleinement par tous, l’autoroute de la fraternité, du
partage et de la solidarité sera toute pavée.
Non, chers confrères et amis, ce ne sont pas là que des mots creux. Je crois
qu’il vaut la peine de les méditer, et surtout de réaliser combien ils nous
indiquent le chemin à emprunter au début de cette session. «Si le Seigneur ne
construit la maison, c’est en vain que peinent les maçons». Et nous savons bien
que la maison que le Seigneur veut nous voir construire doit devenir habitable
pour tous.
Durant les jours qui vont suivre, nous allons entendre plein de propos qui ne
manqueront pas de nous étonner, de nous surprendre peut-être, de nous faire
nous interroger sur leur pertinence dans le contexte d’une recherche de
moyens de formation d’agents d’intervention dans nos milieux respectifs, et
nous forcer à remettre en question certaines pratiques trop souvent dépassées,
voire même complètement inutiles ou sans aucune pertinence, en raison de
leur peu d’effets face aux politiques financières dont se sont «armés» les
puissants de ce monde.
Devant toutes les formes de guerres qui sévissent dans le monde actuel,
toutes plus cruelles et révoltantes les unes que les autres du fait qu’elles sont
souvent inspirées par une volonté bien maquillée d’exploitation des plus
faibles, il nous faut accepter de fourbir nous aussi nos «armes» et apprendre à
les adapter en vue du nécessaire combat que nous avons à livrer aux forces du
Mal qui ont pour noms Appât du gain, Exploitation des travailleurs, Mépris des
pauvres, Exclusion des moins bien nantis, Politique du chacun pour soi et Néo-
Libéralisme économique sauvage.
Cette session ne vise pas d’abord à nous renseigner sur les diverses
situations qui prévalent dans le monde, bien qu’on ne pourra sûrement pas en
faire complètement abstraction. Mais l’objectif se situe avant tout au niveau de
la formation qu’il nous faut nous donner à nous-mêmes en premier lieu, puis
offrir à nos collaborateurs en vue d’en faire des multiplicateurs efficaces et des
partenaires à part entière. En nous laissant aider à découvrir et à nous
approprier des méthodes d’analyse sociale dans nos milieux de travail comme
dans toutes nos formes de ministère, en nous forçant à aller au-delà de la
simple information, souvent partielle ou partiale, que trop souvent nos médias
se contentent ou choisissent de présenter, en découvrant la pressante
nécessité de passer de la simple coopération à une véritable collaboration,
dans une perspective de réel partage des ressources matérielles et humaines
comme aussi d’échanges et d’accueil au plan des connaissances des uns
alliées à la sagesse des autres, nous donnerons à cette session une couleur
toute neuve dont les fruits tout aussi nouveaux ne sauront tarder à se
manifester.
Nous voici rassemblés aujourd’hui en ces lieux, et nous pouvons affirmer
sans crainte de nous tromper que nous sommes, en ce début de rencontre
internationale, sur le point d’entreprendre des travaux extrêmement importants
pour nous, pour notre Congrégation, et pour notre monde. Nous voici pour
rechercher encore, et ensemble,et toujours plus et toujours mieux, non pas
seulement ce que le Seigneur attend exige de nous, mais nous sommes ici
également et surtout pour découvrir comment Il veut nous voir le réaliser en
favorisant l’unité dans la diversité, en développant la solidarité par le partage,
en suscitant la disponibilité au service de la promotion de la Paix par
l’établissement de la Justice dans la Charité, la Confiance mutuelle et le
Respect.
Nous le savons déjà, et cette session viendra sans doute le confirmer: nos
expériences sont aussi diversifiées et riches que ne le sont nos milieux de vie
respectifs, nos connaissances sont également de plus en plus vastes, grâce
surtout à l’accès tellement facile et instantané que nous y offre la technologie
moderne. D’un pays à l’autre, nos approches varient nécessairement, et il devra
continuer d’en être ainsi, si nous voulons prétendre répondre aux besoins réels
et concrets des gens que nous servons. De la même façon, nos priorités
s’énoncent en des mots différents, suivant les situations de vie qui nous
occupent et nous interpellent, et nos moyens et ressources diffèrent encore
davantage, selon que l’on se retrouve en pays fortement ou moyennement
favorisé, ou au contraire en des milieux où l’indigence cotoye la misère.
Toutefois, quelles que soient les différences qui caractérisent nos situations
et nos moyens d’intervention, une chose m’apparaît primordiale pour nous,
Prêtres du Sacré-Coeur engagés au nom de notre vocation commune. Ma
façon personnelle de répondre, tout comme notre façon de répondre aux
besoins et aux urgences devrait trouver une source commune et une motivation
commune, une source à la fois ressemblante et rassemblante, une source
identique: le Coeur de Jésus, dont le vénérable père Dehon disait qu’il nous
laissait le plus beau des trésors. Et quel héritage en effet!
Dans la mesure où nous saurons faire montre de suffisamment de génie
pour accueillir l’Amour que nous offre gratuitement le Sacré-Coeur, dans la
même mesure nous pourrons ensuite apprendre à combler les besoins, panser
les blessures, éliminer la misère. Ayant appris à mieux entendre et à mieux
interpréter les cris des pauvres de nos sociétés, nous deviendrons plus habiles
à inventer des réponses qui viendront du coeur et qui toucheront les coeurs,
parce qu’elles seront inspirées par le Coeur de Jésus et de ce fait orientées
vers les valeurs qui en découlent:la charité, la compassion,la tendresse, la
solidarité, le souci de justice et la reconnaissance du caractère unique et
inviolable de chacun de nos frères et soeurs. Armés de ces valeurs
évangéliques, nous pourrons repartir en portant plus que jamais en nous ce
souci de faire tous les efforts possibles et imaginables pour permettre à
chacune et à chacun de nos frères et soeurs d’aspirer à cette vraie liberté à
laquelle l’Esprit veut nous conduire.
Ainsi, nous ne pourrons et ne voudrons que prendre la place qui nous
revient et que nous ne devons plus refuser de prendre, à savoir devenir au nom
de notre appartenance à la famille dehonienne, à la suite et à l’exemple de
notre vénérable Fondateur, le père Dehon, des éveilleurs de conscience, des
allumeurs de flambeaux et des promoteurs de cette liberté à laquelle aspire tout
enfant de Dieu. Nous avons le devoir de favoriser l’atteinte de cette liberté par
tous les moyens que nous saurons imaginer, créer et offrir, et nous devrons
apprendre à le faire en toute justice et gratuité, si seulement nous voulons
pouvoir affirmer être ce que nous désirons devenir toujours davantage, des
serviteurs de l’Évangile. Ayant tellement reçu, et ce, gratuitement, nous
développerons le souci et l’habileté de donner avec la même gratuité.
Rappelons-nous comment notre Fondateur a gardé un vif intérêt pour
l’information - n’envoyait-il pas un confrère acheter le journal même sur la fin de
sa vie? Mais en même temps, rappelons-nous la solide formation qu’il s’était
donnée par des études très poussées pour le temps,
formation qui le rendit capable de décanter la nouvelle, de mettre les choses en
perspective et de réagir ou d’agir ensuite suivant les nécessités et les
possibilités concrètes. Voilà un modèle à comprendre, à apprendre et à imiter.
En paraphrasant le vénérable père Dehon, qui disait que «Le but de l’éducation
chrétienne est de cultiver la civilisation de l’intelligence et du coeur», je dirais
que le but de notre formation chrétienne, c’est de faire se rejoindre l’intelligence
et le coeur, tout en n’oubliant pas que le coeur, c’est à dire l’amour, doit toujours
être premier. Je souhaite ainsi que chacun puisse arriver avec ses
questions...et que tous nous sachions susciter d’autres questions qui nous
obligeront à chercher...et à chercher encore afin de trouver des éléments de
solutions valables pour tous...qui aideront à instaurer plus de justice, condition
sine qua non à l’établissement d’une paix durable.
Au début de nos travaux, je répète donc à l’intention de chacune et de
chacun de vous ici présents des souhaits cordiaux et fraternels de bienvenue
chez nous! Je vous souhaite de pouvoir y vivre la fraternité, la joie,le partage, la
convivialité, la cordialité et la solidarité...si bien qu’une fois retourné dans vos
milieux respectifs, chacun, en raison de sa façon de vivre avec tous et de se
faire présent à tous, puisse s’entendre dire: «Voyez comme il nous aime, voyez
comme il est débordant de charité». En agissant ainsi, et en nous faisant un
coeur ouvert et solidaire, où nos ouis en faveur des démunis demeureront des
ouis renouvelés et incarnés, et nos nons à une quelconque complicité avec les
profiteurs des nons catégoriques, nous deviendrons ce que notre Congrégation
nous appelle à devenir: Des Dehoniens en mission, ou, oserais-je dire, des
Dehoniens sortis des sacristies et à l’oeuvre dans le vrai monde, celui des
exploités, des dépossédés, des spoliés.
Sachons donc joindre l’utile à l’agréable, et faisons en sorte que cette session
soit satisfaisante et comblante pour toutes et tous.

Merci à vous, et bon séjour parmi nous!


Richard, s.c.j.


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Mary Gorski
JP Conference Montreal 2002