Règles générales
I. M.M. les Professeurs doivent être animés d'un grand zèle pour la gloire de Dieu, pour le salut des âmes, et pour le bien moral, intellectuel et religieux de la maison.
II. Il témoigneront beaucoup de confiance, de simplicité et d'ouverture de coeur à l'égard de Monsieur le Supérieur.
III. Ils auront entre eux beaucoup de cordialité. Ils se feront part avec simplicité de leurs embarras, de leurs bonnes idées, de leurs conseils.
IV. Ils éviteront entre eux la susceptibilité, les vaines délicatesses, les discussions vives, les prétentions exigeantes et tout ce qui pourrait troubler la paix et altérer la confiance mutuelle.
V. Ils doivent contribuer autant qu'il est en eux au développement total des élèves, c'est-à-dire à leur avancement intellectuel, physique et religieux.
VI. Ils doivent avoir pour les enfants une vraie et chrétienne amitié, leur témoigner de la confiance, du plaisir à être avec eux, se montrer leurs amis, leurs pères, se mêler à leurs conversations, à leurs jeux.
VII. Ils éviteront toutefois avec eux toute familiarité déplacée.
VIII. Ils éviteront avec le même soin la dureté, la rigueur, une sévérité décourageante et surtout les coups et actes violents qui peuvent avoir de très fâcheux résultats.
IX. Les professeurs doivent considérer comme deux charges qui leur incombent également : 1° de faire la classe ; 2° de contribuer à la discipline générale de la maison.
Chapitre II°
Direction des classes
I. Le premier devoir de M.M. les Professeurs est de se conformer rigoureusement au plan d'études adopté dans la maison. Au commencement de l'année, ils conviendront avec Mr le Supérieur et Mr le préfet des études des auteurs à expliquer en classe, et de ceux à apprendre de mémoire.
II. Pour se donner sur leurs élèves l'autorité et l'ascendant nécessaires, M.M. les Professeurs devront se montrer, avant toutes choses, d'une grande impartialité pour tous, d'un caractère ferme sans emportement, d'une humeur toujours égale.
III. Chaque classe doit être préparée avec un soin scrupuleux. Tous les devoirs seront corrigés autant que possible, et tous les élèves interrogés chaque jour.
IV. Chaque élève devra réciter quelque leçon sinon à chaque classe, au moins tous les jours. Le professeur doit exiger un ton naturel et une bonne prononciation.
V. Le professeur doit apporter le plus grand soin à mesurer la quantité de devoirs nécessaires pour remplir le temps d'étude accordé aux élèves.
VI. Il doit exiger avec sévérité s'il le faut que chaque élève apporte exactement en classe les livres, cahiers et autres objets dont il peut avoir besoin.
VII. Il ne manquera jamais de donner à ses élèves le corrigé du devoir ; il exigera que chacun d'eux tienne en parfait état ses cahiers de corrigé.
VIII. Nul professeur ne manquera d'entretenir le zèle pour le travail par tous les moyens d'émulation possibles, comme cahiers d'honneur, notes de chaque jour, éloges, encouragements, reproches, camps rivaux.
IX. Quelque faute que commette un enfant, le professeur ne le frappera jamais, et jamais ne lui adressera une parole grossière : il n'infligera de punitions que très rarement aux enfants, aux plus jeunes seulement et quand il sera absolument nécessaire.
X. Après chaque leçon, devoir ou explication, la note méritée par l'élève est inscrite par le professeur.
XI. Il y a dans chaque classe un cahier d'honneur où tout bon devoir peut être inscrit par l'élève qui en est l'auteur, et dans ce cas, il en doit être fait mention aux notes hebdomadaires.
XII. M.M. les Professeurs doivent exiger de leurs élèves le plus grand soin pour la tenus des cahiers comme pour la propreté des copies.
XIII. Ils auront soin pour ce qui concerne les examens mensuels de remettre leur programme à Mr le préfet des études et à M.M. les examinateurs huit jours à l'avance.
XIV. Ils feront composer chaque semaine suivant l'ordre réglé pour cela.
XV. Chaque semaine, le vendredi soir, ils remettent à Mr le Supérieur les copies de composition.
XVI. La parfaite impartialité, l'exacte justice du professeur dans la correction des compositions et le classement des devoirs doivent être tellement connus des élèves, qu'il ne s'élève jamais un doute sur ce point dans leur esprit.
XVII. Les notes de classe et d'étude doivent être remises exactement le vendredi soir, et les professeurs doivent assister exactement à la lecture qui s'en fait le samedi.
XVIII. M.M. les Professeurs doivent prendre exactement les élèves à l'heure de la classe, pour prévenir toute dissipation et toute perte de temps.
XIX. Avant de commencer la classe, le professeur récite le Veni Sancte Spiritus, l'Ave Maria, et l'invocation Cor Jesu Sacratissimum m.n.; après la classe, le Sub tuum et la même invocation.
XX. Après la classe, sans s'arrêter lui-même et sans jamais permettre à aucun élève de s'arrêter ou de causer dans la classe, M. le Professeur reconduit ses élèves à l'étude.
XXI. Si quelque élève s'est trouvé absent de la classe, le professeur doit en avertir au plus tôt M. le Supérieur.
Chapitre III
Discipline
§ I° Règles communes
I. La discipline est la protectrice de la piété et de la foi des élèves, la gardienne des moeurs et le gage des fortes études. Elle inspire le bon esprit, conserve la docilité, le respect, l'affection même. Elle est la trésorière du temps et le nerf de tout le règlement.
II. Tous les maîtres y participent. Ils s'acquitteront avec tout le zèle possible des fonctions disciplinaires qu'ils auront à remplir.
III. Qu'on soit de surveillance ou non,, on ne doit jamais permettre en sa présence un désordre quelconque. Si un enfant se trouve en dehors de la règle, il faut lui demander ses motifs et ne pas le supposer autorisé.
IV. Quand on est chargé d'une présidence quelconque, l'étude, le dortoir ou autre, il faut aller chercher les enfants à l'endroit où ils se trouvent, et les reconduire jusqu'à ce qu'on les confie à un autre président.
V. Laisser plusieurs enfants seuls, chez soi ou ailleurs, ne saurait être admis. L'erreur est trop facile et les conséquences pourraient être trop déplorables.
VI. Quelque faute que commette un enfant, le professeur n'infligera pas de punition tout à fait grave sans en prévenir M. le Supérieur ou Mr le préfet de discipline. On doit regarder comme punition grave d'être au pain sec entièrement à un repas, ou d'être mis à genoux en présence de la communauté, s'il s'agit d'un élève du grand quartier.
§ II° Récréations
I. Le président de chaque cour veille à ce que les portes en soit exactement fermées.
II. Il empêche avec grand soin les jeux de mains, les familiarités inconvenantes, les fréquentations assidues des mêmes enfants. La maxime Nunquam Duo doit être par lui perpétuellement rappelée.
III. Il a soin qu'aucun enfant ne reste en place et sans mouvement. Il excite le jeux et les met en train.
IV. S'il aperçoit quelque enfant malpropre, il l'envoie se nettoyer.
V. Il s'applique à former les enfants à la politesse avec leurs maîtres, envers les étrangers, et entre eux-mêmes.
VI. Il ne tolère aucune infraction au respect qui lui est dû personnellement.
VII. Il interdit particulièrement les sobriquets et les plaisanteries offensantes.
VIII. Les élèves ne doivent jamais sortir du lieu de la récréation, si ce n'est pour le parloir. Si quelque cas graves exige qu'ils montent au dortoir ou à l'infirmerie, le président de récréation en donne seul la permission.
IX. Les professeurs qui ne sont pas chargés de la présidence feront bien d'assister aux récréations et de se mêler aux enfants pour entretenir le bon esprit, mais sans distraire de sa fonction celui qui surveille.
§ III° Promenades
I. Au signal donné, les présidents de dortoir se rendent à leur poste pour surveiller les élèves.
II. Ils doivent tout en veillant à l'ordre et au silence s'assurer si chacun se tient propre et se brosse autant qu'il est besoin. Avant la descente du dortoir, ils examinent la propreté des élèves : souliers, habits, casquettes, mains.
III. Pendant ce temps-là, il doit être pourvu à la surveillance des externes dans la cour.
IV. La mise en rangs et le départ ont lieu dans le silence absolu, qui est observé jusqu'au boulevard extérieur.
V. Avant le départ, le premier surveillant passe une revue de propreté.
VI. Lui seul peut dispense de promenade pour des raisons de santé ou de toilette.
VII. Les élèves exemptés de promenade doivent être à l'étude et surveillés.
VIII. Pendant le chemin, les surveillants ne se mettent pas au rang des élèves, mais de l'autre côté du chemin, pour pouvoir surveiller l'ensemble de la communauté, avertir ceux qui ne se tiendraient pas en rang, prévenir les accidents, etc.
IX. Aucune permission ne doit être donnée aux élèves d'acheter quoi que ce soit ou d'entrer dans aucune maison. Pour cela, comme pour toutes permission inusitée, il faut savoir résister aux instances des élèves et à la dangereuse faiblesse de vouloir faire de la popularité.
X. Il faut également éviter les courses trop longues et trop précipitées dans l'intérêt de la santé des enfants.
XI. Au retour de la promenade, le silence doit être repris au point où on l'a rompu au départ.
XII. En rentrant le dortoir sera surveillé comme au départ. Si le temps est humide, il importe que les enfants changent de chaussures.
XIII. En résumé, pour éviter tous les désordres que le règlement ne peut pas prévoir et pour que cet exercice important soit toujours ce qu'il doit être, les surveillants devront considérer quelles difficultés présente cet exercice pour la discipline et les bonnes moeurs et combien y est engagé l'honneur de la maison.
§ IV° Dortoir
I. Il y a dans chacun des dortoirs un maître chargé de la surveillance et responsable du bon ordre pendant tout le temps du grand silence.
II. Le président du dortoir est spécialement chargé de tout ce qui concerne l'ordre, la bonne tenue et la propreté de son dortoir. Dans le cas où il n'y peut pas pourvoir par lui-même, il doit en référer à M. l'économe.
III. Aucune plainte ou observation ne doit être faite directement aux soeurs de la lingerie. Les communications à leur faire doivent passer par Mr le Supérieur.
IV. La surveillance disciplinaire des dortoirs est un point extrêmement grave : l'ordre et le silence ne sauraient y être trop rigoureusement gardés.
V. Les surveillants se feront un devoir pendant le grand silence de ne parler à personne au dortoir à moins d'une absolue nécessité et d'inspirer à tous par leur exemple une gravité et un silence vraiment religieux.
VI. Ils ne recevront dans leurs chambres les enfants de leur dortoir sous aucun prétexte : l'infraction de cette règle serait considérée comme tout à fait répréhensible.
VII. Les présidents de dortoir se lèvent quelques instants avant les élèves. Ils donnent le signal du lever en disant à haute voix : Benedicamus Domino
VIII. Ils veillent à ce que les élèves se lavent, se peignent et se brossent exactement chaque matin, afin d'être parfaitement propres.
IX. Ils veillent également à ce que les enfants ne laissent rien en désordre sur leurs lits et rangent où ils doivent leur linge sale et leurs vêtements.
X. Sauf des cas très exceptionnels et très imprévus, il ne faut jamais permettre aux enfants d'aller à la lingerie le matin et le soir ; plusieurs enfants de différents dortoirs et des deux divisions pourraient s'y rencontrer ; et d'ailleurs les enfants ont dû demander dans la journée par un billet les objets dont ils avaient besoin.
XI. Au premier coup de la cloche qui annonce la descente du dortoir, la toilette doit être achevée et les enfants rangés au pied de leur lit. Les surveillants accompagnent les enfants jusqu'à la chapelle, où se fait la prière.
XII. Les surveillants ne permettent de rester au lit le matin qu'à ceux qui, déjà malades la veille, ont une permission écrite de Mr le Supérieur, et à ceux qui ont été vraiment indisposés la nuit et qui leur paraissent réellement malades. Ils ne doivent pas tolérer que deux enfants restent dans le même dortoir sans surveillance.
XIII. Le soir, les présidents de dortoir se trouvent au milieu des enfants à la prière du soir et accompagnent les enfants au dortoir.
XIV. Ils veillent à ce que les enfants se couchent promptement et décemment ; tous doivent être couchés au moment où l'on sonne le couvre-feu.
XV. Les jours de sortie et toutes les fois qu'on monte au dortoir extraordinairement, il faut qu'il y ait un président. La descente du dortoir se fait comme le matin de chaque jour, en rang, en silence, et seulement au signal sonné.
XVI. La même règle doit être observée avant et après la promenade. Les surveillants exigeront l'hiver que les élèves changent de chaussures au retour de la promenade.
XVII. Au dortoir, encore plus que dans tous les autres lieux où ils exercent quelque surveillance, si M.M. les Professeurs s'aperçoivent qu'il leur manque quelque élève, ils le font savoir incontinent à Mr le Supérieur ou à Mr le Préfet de discipline.
§ V. De quelques charges supplémentaires de discipline
I. Afin de conserver dans la maison une parfaite observation de l'ordre et de la discipline, quelques charges supplémentaires pourront être établies au besoin et chacun se portera avec zèle à les remplir.
II. M.M. les Professeurs pourront être chargés de veiller chaque jour à un passage, à une courte présidence dans un endroit difficile.
III. Il en sera de même des retenues soit de promenade, soit de sortie.
IV. Ils alterneront également pour la surveillance des repas au réfectoire et y feront observer toutes les règles de bienséance et de bonne tenue mentionnées au règlement des élèves.
V. Tous se prêteront avec complaisance à remplacer ceux qui ne pourraient remplir leurs fonctions.
Chapitre IV
De quelques obligations communes à tous
I. M.M. les Professeurs ecclésiastiques assistent en habit de choeur à la messe et aux vêpres de communauté le dimanche et les jours de fêtes.
II. Ils assistant également à tous les exercices des retraites données aux enfants.
III. Ils ne doivent jamais manquer aux réunions ou conseils que préside Mr le Supérieur.
IV. Tous doivent suivre la retraite des professeurs qui a lieu à la fin des grandes vacances.
V. Les clercs non prêtres sont tenus d'assister chaque jour à l'oraison du matin, à la Sainte Messe et à l'examen particulier.
VI. M.M. les Professeurs n'acceptent pas de fonctions hors de la maison sans l'autorisation de Mr le Supérieur.
VII. Quant aux sorties et rapports extérieurs qui sont nécessaires, ils ne doivent jamais avoir lieu au préjudice des devoirs et des fonctions à remplir dans la maison.
Ces Messieurs ne sortent donc jamais à des heures où ils doivent être présents à un exercice, à moins d'avoir obtenu l'agrément de Mr le Supérieur et d'avoir pourvu à leur remplacement.
VIII. S'ils devaient rentrer après neuf heures du soir, ce qui ne peut être que très rare, ils auront besoin d'une autorisation particulière.
IX. Lors même qu'ils ne sont retenus dans la maison par aucun devoir spécial, il n'est pas convenable qu'ils s'en absentent sans avoir averti Mr le Supérieur.
X. Il faut d'ailleurs éviter les sorties trop fréquentes ou trop nombreuses à la fois, tant pour soi, afin de ne pas s'exposer à la dissipation, que pour les enfants, auxquels il faut montrer qu'on prend goût et intérêt à vivre avec eux, et qu'on ne cherche point à les fuir ou à se dédommager ailleurs.
XI. En dehors des récréations, ils s'abstiendront de causer devant des élèves. Leur autorité grandira s'ils montrent qu'ils ont eux-mêmes pour le temps de l'étude et du silence le respect auquel ils veulent habituer les élèves.
XII. Ils respecteront surtout le grand silence. Après le coucher des élèves, ils ne se réuniront jamais dans leurs chambres pour converser. Tout abus sur ce point entraîne les plus graves inconvénients pour la piété, pour l'étude, pour le bon esprit et pour l'édification des enfants.
XIII. Ils ne mangent pas dans leurs chambres et n'y fument pas sans une autorisation expresse de Mr le Supérieur.
XIV. Quand ils sont indisposés et en général lorsqu'ils ont besoin de soins particuliers, ils ne vont pas eux-mêmes à la dépense ; c'est à Mr l'économe qu'ils s'adressent.
XV. Ils ne reçoivent jamais d'élèves dans leurs chambres, même les élèves de leur classe, et même en récréation, sans une bonne raison, et sans que l'élève en ait obtenu la permission. Ils peuvent employer les élèves à faire pour eux des travaux de copie ou des commissions qui demandent un certain temps, sans l'autorisation expresse de Mr le Supérieur.
XVI. Tous, en dehors du temps de leurs fonctions et de la préparation de leurs classes aimeront à s'appliquer au travail avec ordre et méthode pour orner leur esprit de connaissances nouvelles dans leur propre intérêt et en vue de l'honneur de la maison et de l'avantage de leurs élèves.
XVII. Ils s'appliqueront à obtenir dans la mesure du possible les grades universitaires.
XVIII. Les clercs non prêtres doivent prendre l'avis de Mr le Supérieur pour les études qu'ils ont à faire pendant les temps libres. Ils rendent compte de leur travail à Mr le Supérieur au moins tous les quinze jours.
XIX. Lorsque les élèves souhaitent les fêtes de leurs maîtres, il convient que tout se fasse avec cordialité et simplicité. Les souhaits se font à la classe du soir. Le jour de la fête, au dîner, les élèves applaudissent et on parle.
On donne à tous un dessert de plus et on allonge la récréation du dîner d'un quart d'heure.
Chapitre V
Rang
I. L'ordre à observer entre M.M. les Professeurs en certains lieux, à la chapelle, à la salle d'exercices, à la salle du conseil, au réfectoire et pour les diverses présidences est réglé à l'avance pour éviter tout conflit et tout froissement.
II. L'ordre et le rang sont désignés d'abord à chacun selon son rang ecclésiastique ; les prêtres avant les diacres, les diacres avant les sous-diacres, etc.
III. A égalité d'ordre ecclésiastique, les professeurs prennent rang suivant l'ancienneté dans l'ordre.
IV. Les laïques prennent rang suivant leur âge.
Vu et approuvé, le 2 octobre 1879
+ Odon, Ev. de Saint-Quentin. et Laon