SAINT- JEAN AVANT LA GUERRE |
Quarante ans de vie d’une Maison Chrétienne
avant le Déluge de Feu et le
grand entr’acte
Mgr Thihaudier et Mgr Mathieu
désiraient une maison d’enseignement chrétien à Saint-Quentin.
Je me mis à l’œuvre, sans ressources,
mais, avec une grande bonne volonté, et cela marcha.
Il ne s’agit pas aujourd'hui d’en donner
une histoire, mais une simple esquisse, un diorama, on dirait « un
film », avant de passer au récit des prouesses et des deuils
de la guerre.
Pour plus de clarté, j’y regarderai
à trois fois et je verrai successivement le développement
de la vie intellectuelle, de la vie de famille et de la vie
religieuse. C’est à vous, mes chers Anciens, que je dédie
ce chapitre.
David dit dans un psaume : « Je
repasserai dans ma mémoire les années de ma vie » et
dans un autre : « Les vieux souvenirs vous seront comme une fête
» - reliquiae cogitationis diem festum agent tibi. Vous aimerez
à voir défiler ces années qui avaient leur charme,
malgré quelques nuages.
I. VIE INTELLECTUELLE
Je commençais avec des hommes de
valeur, de vrais prêtres et de bons professeurs : MM. Rigaud, Legrand,
Labite, Lefèvre, Marchal ; usés par le labeur plutôt
que par l’âge, ils sont allés déjà chercher
leur récompense.
Ils m’apportaient les bonnes méthodes
de l’Institution Notre-Dame de Laon. On se mit au travail pour tout de
bon.
Rappelez-vous la bonne organisation des
classes: il y avait deux camps avec leurs jeunes chefs qui comptaient les
points pour les leçons, les devoirs. Les vaillants étaient
à l’honneur, les paresseux étaient malmenés parce
qu'ils faisaient perdre la bataille.
Chaque semaine, Monsieur le Supérieur
lisait les places de composition et les notes: quel stimulant pour le travail
!
Il y avait les sabbatines où l’on
faisait des prouesses de mémoire et les examens mensuels et trimestriels.
Les plus beaux devoirs se copiaient au
cahier d'honneur.
« L’Aigle de Saint-Jean »,
notre journal de famille, notait les vainqueurs dans les compositions et
reproduisait des narrations choisies, voire même des poésies.
Nos luttes scolaires avaient leurs citations,
comme la grande guerre.
A Pâques, Monsieur l’Archiprêtre
proclamait les places d’excellence. Le mois de juillet était celui
des grands assauts et des batailles suprêmes. On s'en allait à
Paris ou à Lille, braver les jurys d’examens.
Nous attendions très émus
les dépêches de victoire et quand le grand mot arrivait: Reçu,
les applaudissements se répétaient de classe en classe, comme
une tonnerre qui se répercute.
Au jour des prix, quelle fête !
quel triomphe pour les enfants studieux. On représentait un drame,
on chantait, Monsieur le Supérieur faisait un discours sur l’éducation
chrétienne, on proclamait les vainqueurs, on applaudissait les prix
d’honneur et de sagesse, des personnages honorables venaient nous présider
et nous encourager. C'était Monseigneur, on l’un de ses Vicaires
généraux ou quelque invité de marque: Mgr Hautcoeur,
Monsieur le chanoine Didiot, Monsieur Harmel.
Oh ! les belles années de vie intellectuelle,
qui formaient des hommes, en ornant leur intelligence et en trempant leurs
âmes par l’habitude de l’effort et du travail !
II. VIE DE FAMILLE
La chère Maison formait bien une
Famille, Maîtres et Élèves se passionnaient pour ses
progrès et ses succès.
Nous avions commencé dans le modeste
local de la pension Lecompte, il fallait bientôt dilater nos tentes,
comme dit l’Écriture.
On construisit la chapelle, on acheta
les maisons Dassonvillers, Moury et Michel, on éleva la grande aile
des dortoirs, et la place manquait toujours.
Quelle joie à chaque agrandissement
! Mais toutes les oeuvres saintes ont leurs épreuves, Dieu les permet.
Le diable et les imprudences humaines renversent le char qui courait triomphalement.
Rappelez-vous la nuit sinistre du 29 décembre
1881.
Nous étions en fête à
la salle du Patronage Saint-Joseph, c’était une séance dramatique
à l’occasion de la Saint-Jean.
A dix heures, un messager accourt : «
Le feu est à Saint-Jean ». C’était la grande aile des
dortoirs qui flambait et qui illuminait toute la ville. Quelle nuit ! Nos
élèves furent héroïques en portant des seaux
d'eau sans repos, avec les larmes aux yeux. Les pompes ne portaient pas
assez haut, il fallait regarder brûler, la Providence sait se jouer
des efforts humains.
Les étages tombèrent, la
statue du Sacré-Coeur resta debout à sa fenêtre du
second, compatissante et encourageante.
L’œuvre allait-elle périr ?
Non, elle sortit de l’épreuve plus
vivante et plus aimée, tel l’Apôtre Saint Jean notre grand
patron paru plus jeune et plus beau après le supplice de l’huile
bouillante.
La rentrée de janvier nous donna
trente élèves nouveaux. On se serra dans les bâtiments
qui restaient, on se risqua à loger au dortoir du premier qui était
sans toiture, et la Providence nous donna trois mois sans pluie pour refaire
notre toit.
Un grand signe de 1'esprit de famille,
c'étaient nos fêtes. Oh ! les belles Saint-Nicolas, la joie
des petits, avec une représentation dramatique et 1'apparition émouvante
du Grand Évêque vêtu de blanc, sur sa monture traditionnelle.
Nous fêtions la Saint-Jean, le Carnaval,
la Saint-Léon; il y avait toujours soirée dramatique. Le
choix des pièces visait à faire vibrer les sentiments religieux
et patriotiques. On donnait Athalie, Sainte Benoîte, la Fille de
Roland, l’Abbé de l’Épée. Les pièces, de pur
délassement s'y mêlaient avec des chants entraînants,
comme le Chant des chasseurs, le Chant des montagnards, les trois jours
de Colomb, le chemin de fer, et des chants de marche tout patriotiques.
La Saint-Léon était la grande
fête, elle avait ses échos dans toute la région.
On partait avant le jour en chemin de
fer ou en omnibus pour Noyal, Liesse, Fieulaine, Ham, Coucy, Ourscamp,
Folembray, Vermand, Marteville, Caulaincourt.
Quelles journées ! la messe en
arrivant, le festin, les jeux forains, courses, concours, mongolfières,
Monsieur le Supérieur inaugurait le manège. Le soir, souper,
feu d’artifice et rentrée à minuit. Saintes folies qui enivraient
de joie nos enfants.
III. - VIE RELIGIEUSE.
Le meilleur de la maison était sa
vie religieuse. Rappelez-vous, chers Anciens ! la petite méditation
le matin à la chapelle, la messe où alternaient les chants
et la lecture spirituelle : - la causerie de Monsieur le Supérieur
sur l'Éducation chrétienne, le soir à cinq heures
; - les confessions hebdomadaires, les nombreuses communions du dimanche
; - la retraite si impressionnante du mois d’octobre. La première
Communion si bien préparée par Monsieur Labitte.
La photographie a conservé ces
groupes de communiants au visage limpide et pur.
Des œuvres vous formaient à la
piété et à la charité: il y avait la Congrégation
des Enfants de Marie et la Conférence de Saint Vincent-de-Paul,
qui tirait ses principales ressources d’une loterie habilement organisée.
L’esprit de piété de la
maison formait des Saints et les Anges en vinrent chercher quelques-uns
pour les unir à leurs phalanges. Plusieurs ont eu leur biographie
fixée par l’impression, comme: Savart, Lecomte, Black, Mennechet,
Halluin.
Ces rivaux de saint Louis de Gonzague
protègent du haut du Ciel, la maison ne doit pas périr.
Dieu et Patrie, c’étaient les grands
amours de vos jeunes cœurs, et la France vous a trouvés prêts
quand il a fallu la défendre.
Tous se sont levés.
Ils ont été à l’honneur
en conquérant des grades, des citations et des décorations.
Tous ont souffert, et beaucoup ont donné
leur sang et leur vie pour la France, mais cela sera dit plus en détail
par les pages suivantes.
SÃO JOÃO ANTES DA GUERRA. |
Quarenta anos de vida de uma Casa Cristã
Antes do Dilúvio de Fogo e do grande intervalo.
Mons. Thibaudier e Mons. Mathieu desejavam uma casa de ensino cristão
em São Quintino.
Entreguei-me ao empreendimento, sem recursos mas com grande boa vontade
e a obra foi adiante.
Não é nossa intenção relatar, hoje, a história
da obra, senão, oferecer um simples esboço, um quadro, diria,
"um filme" antes de começar a relatar as proezas e as desgraças
da guerra.
Por razão de clareza, tratarei do assunto em três dimensões
e verei assim, sucessivamente, o desenvolvimento da vida intelectual,
da
vida de família, e da vida religiosa. É a vocês,
meus caros Velhos Amigos, que eu dedico este capítulo.
Davi diz em um de seus salmos : " As antigas recordações
chegam a vocês como uma festa"- reliquiae cogitationis diem festum
agent tibi.
Sem dúvida irão gostar de ver diante de vocês
todos aqueles anos, que nos propiciavam a graça de sua alegria,
apesar das dificuldades.
I.VIDA INTELECTUAL
Eu começava com homens de valor, verdadeiro padres, e bons professores:
os Srs. Rigaud, Lgrand, Labite, Lefèvre, Machal; com suas forças
reduzidas mais pelo trabalho que pela idade, já se foram para receberem
a sua recompensa.
Trouxeram consigo os bons métodos usados no Instituto Notre-Dame
de Laon. Metemos mãos à obra com coragem e entusiasmo.
Observem a organização da vida escolar: havia dois grupos
com seus jovens monitores que contavam os pontos para as lições,
os deveres de classe. Os mais aplicados recebiam homenagens, os preguiçosos
passavam vexames porque tinham perdido a batalha.
Cada semana o Sr. Superior lia a lista de classificação
com as notas: valia como um estimulante para o trabalho.
Havia sabatinas onde se fazia grande esforço de memória
e as provas mensais e trimestrais.
Os melhores trabalhos eram copiados no caderno de honra.
"L’Aigle de Saint-Jean" (A Águia de São João),
nosso jornal interno, trazia os nomes dos vencedores nas redações
e publicava narrações selecionadas e até mesmo poesias.
Nossas batalhas escolares tinham sua linguagem , suas expressões,
como a grande guerra.
Por ocasião da Páscoa, Mons. Arcipreste fazia a leitura
dos nomes dos classificados nos primeiros lugares. O mês de julho
marcava o grande combate, as última batalhas. Iam a Paris ou a Lille
enfrentar as bancas examinadoras.
Esperávamos ansiosos a comunicação de vitória
e quando ouvíamos a auspiciosa palavra: Aceito, os aplausos
repetiam-se de classe em classe, como um trovão que reboava pela
casa.
Com era festivo o dia da premiação ! Que sensação
de triunfo para os alunos estudiosos. Encenava-se uma peça de teatro,
executavam-se cânticos, o Superior fazia um discurso sobre a educação
cristã, fazia-se a proclamação dos vencedores. Eram
aplaudidos fervorosamente os prêmios de honra e de sabedoria, contávamos
com a presença de pessoas importantes que vinham presidir as cerimônias
e trazer , para nós, estímulo e encorajamento. Eram o Bispo
ou um dos seus vigários gerais, algum convidado especial : Dom Hautcoeur,
o Sr. Cônego Didiot, o Sr. Harmel.
Oh ! os belos anos de vida intelectual, que formavam homens, ornamentando
suas inteligências de conhecimentos e inundando suas almas com o
hábito do esforço pelo trabalho.
II. VIDA DE FAMÍLIA.
A querida casa constituía uma verdadeira família, Professores
e Alunos eram ciosos do seu progresso e de bons resultados.
Havíamos começado no modesto local da pensão Lecompte
mas logo se viu a necessidade de aumentar nossas tendas, como diz
a Escritura.
Construiu-se a capela, foram compradas as casas Dassonvillers, Moury
et Michel, edificou-se a grande ala dos dormitórios mas sempre faltava
espaço.
Que alegria cada vez que vemos a obra crescer !. Não obstante,
todas as obras santas são alvo de provações. Deus
as permite. O diabo e as imprudências humanas emperram o carro que
seguia, triunfalmente, seu curso.
Lembremos a noite sinistra de 29 de dezembro de 1881.
Estávamos em festa na sala do Patronato São José,
assistíamos a uma sessão de teatro por ocasião da
festa de São João.
Às dez horas, chega um mensageiro anunciando: "Há um
incêndio no São João". Era a grande ala dos dormitórios
que ardia e iluminava toda a cidade. Que noite! Nossos alunos foram heróis.
Mesmo com lágrimas nos olhos, carregavam, sem cessar, baldes com
água. As bombas não conseguiam levar a água àquela
altura; restava-nos ver o fogo queimar; a Providência diverte-se
com os esforços humanos.
Os andares desmoronaram, a imagem do Sagrado Coração
ficou de pé em seu nicho, compadecendo-se de nós e encorajando-nos.
Será que isto marcava o fim da obra?
Não, ela saiu da provação com mais vida e mais
amada, tal como o Apóstolo São João, nosso grande
patrono que pareceu mais jovem e mais belo depois de ser submetido ao suplício
do óleo fervendo.
As matrículas de janeiro trouxeram-nos trinta novos alunos.
Limitamo-nos a usar os prédios que ficaram e nos arriscamos a acomodar
os alunos no dormitório do primeiro andar que estava descoberto
e a Providência nos deu três meses sem chuva para que pudéssemos
refazer todo o telhado.
Um forte sinal do espírito de família eram nossas festas.
Oh ! as belas festividades de São Nicolau, a alegria dos pequenos,
com uma representação teatral, o comovente aparecimento do
grande bispo, vestido de branco em sua montaria tradicional.
Festejávamos São João, o Carnaval, e São
Leão; havia sempre representações teatrais.
A escolha das peças visava à vibração dos
sentimentos religiosos e patrióticos dos alunos.
Eram encenados Athalie, Sainte Benoîte, La Fille de Roland, L’Abée
et L’Épée. As peças que visavam apenas à descontração,
eram entremeadas como o Canto dos caçadores, o Canto dos montanheses,
os Três Dias de Colombo, o Caminho de ferro, e canções
marciais e patrióticas.
A festa de São Leão era a grande festa, lembrada em toda
a região.
Antes do dia da festa todos iam de trem ou de ônibus, passando
por Noyal, Liesse, Fierulaine, Ham, Coucy, Ourscamp, Folembray, Vermand,
Marteville, Caulaincourt.
Que viagens, ! a missa na chegada, a festa, jogos populares, corridas,
competições, o Superior inaugurava o pátio da festa.
À noite, o jantar, fogos de artifício, à meia-noite,
o recolhimento. Santas brincadeiras que inundavam de alegria a vida de
nossas crianças
III. VIDA RELIGIOSA.
A melhor dimensão da vida da casa era a prática religiosa.
Recordem, Antigos Colaboradores. Pela manhã, a pequena meditação
na capela, a missa , alternada com cânticos e leitura espiritual:
- à tarde, às cinco horas, a palestra do Superior sobre a
Educação cristã;- as confissões semanais, as
numerosas comunhões no Domingo; - o impressionante retiro do mês
de outubro. A Primeira Comunhão tão bem preparada pelo Sr.
Labitte.
A fotografia conservou esses grupos de comungantes, cujas faces retratavam
pureza e inocência
Algumas obras formavam aqueles jovens para o sentimento de comiseração
e de caridade : havia a Congregação dos Filhos de Maria e
a Conferência de São Vicente de Paulo que tinha seus recursos
tirados de uma loteria organizada com habilidade.
O espírito de compaixão chamou a atenção
dos Anjos e dos Santos que vieram buscar alguns dos nossos para os unirem
a suas milícias celestes. Alguns tiveram suas biografias registradas
pela imprensa, como Savart, Lecomte, Black, Mennechet, Halluin.
Esses rivais de São Luiz de Gonzaga, lá do alto do Céu,
protegem a nossa casa para que não venha a ser destruída.
Deus e Pátria eram os grandes amores do vossos jovens corações
e a França vos encontrou em prontidão quando foi preciso
defendê-la.
Todos tiveram sua promoção.
Foram homenageados pela conquista de graduações, de citações
honrosas e de condecorações.
Todos sofreram e muitos deram seu sangue e suas vidas pela França
mas isto será relatado com pormenores, nas páginas seguintes.
Tradução Pe. José Calixto Ferreira de Araújo SCJ-BS