Education populaire à Saint-Quentin


Robert Prelot

French - Portuguese

En novembre [1871], l'abbé Dehon était donc nommé vicaire à la Collégiale de Saint-Quentin, la paroisse la plus peuplée du diocèse de Soissons. Certainement, c'était pour son activité sacerdotale une orientation bien différente; tout autre était ce qu'il avait rêvé depuis de longues années où sa pensée devait se porter souvent vers les jours désirés de son premier apostolat.

Cependant, "à la manière de tous les vrais prêtres, au lieu de se confiner superbement dans la tour d'ivoire de sa supériorité intellectuelle, il se jeta à corps perdu dans les œuvres et les œuvres ouvrières. Précurseur, pour ainsi dire, de Léon XIII, il réalisa à la lettre le fameux "aller au peuple, prodire ad populum" .

Il est nécessaire, avant de voir l'ouvrier à l'œuvre, d'examiner, et le plus souvent d'ailleurs avec lui, grâce à son carnet de notes, le champ qu'il va défricher comme vicaire, six années durant et sur lequel il exercera plus longtemps encore, comme Supérieur de l'Institution Saint-Jean et fondateur de sa Congrégation religieuse, une influence malgré tout importante bien que moins directe.

La ville de Saint-Quentin, jadis capitale du Vermandois, bâtie sur les deux rives de la Somme, compte alors près de 35.000 âmes. Au XVIIe siècle, l'industrie principale, les tissages de lin, avait pris un essor considérable dans la région, puisqu'on 1780, la fabrique de Saint-Quentin accusait, tant en ville qu'à la campagne, 12 à 14.000 métiers et 60 à 70.000 fileurs. Si la période révolutionnaire lui avait porté un coup funeste et qu'en 1800 la fabrication de ses 3.000 métiers s'élevait à peine à 40.000 pièces de lin contre 150 à 160.000 avant 1789, la population de la ville s'était accrue très vite tout le long des trois premiers quarts du XIXe siècle, au fur et à mesure que son essor industriel augmentait . Par ailleurs, la construction d'un canal sous l'Empire et la démolition des remparts terminée en 1825, avaient favorisé son industrie et permis à la ville de s'étendre.

Au point de vue du culte, les statistiques officielles accusent sur une population totale de 34.811 âmes, 34.211 catholiques, 464 protestants, 124 Juifs et 12 sans culte. Cette presque totalité de baptisés se répartit très inégalement en une très grosse paroisse de près de 30.000 âmes, dite de la Collégiale et deux autres bien plus modestes, Saint-Jean et Saint-Eloi, dans les faubourgs.

Quant à la pratique religieuse, l'abbé Dehon cherche immédiatement à savoir de façon précise, par des chiffres, ce qui est, et non ce que trop souvent on s'imagine être la réalité. Il note: 8.000 Pâques dans la ville, 65.000 communions de dévotion (60 par jour à la Collégiale et 200 le dimanche). Par an, 700 décès dont 1/5 sans sacrements; 600 naissances, dont 1/5 d'illégitimes, et vite il arrivera à cette conclusion, formulée plusieurs années après: "On ne fera pas de cités chrétiennes avec des paroisses de 30.000 âmes, c'est contraire au bon sens, il faut que le pasteur connaisse ses ouailles."

En effet, si la paroisse de la Collégiale de Saint-Quentin, à laquelle l'abbé Dehon était affecte en qualité de vicaire, avait un clergé qui peut paraître nombreux à première vue, un archiprêtre et sept vicaires, pour sa population et son étendue, c'était loin d'être excessif...

Les vicaires vivaient ensemble dans une pauvre maison, sise rue de l'Official. "Le vicariat était une force à Saint-Quentin, il avait une personnalité." Parmi les confrères de l'abbé Dehon au vicariat, nous relevons trois noms: MM. Mathieu, Geispitz et Mignot, le premier sera prélat et archiprêtre de Saint-Quentin, le second dirigera la maîtrise de Notre-Dame de Paris et sera aumônier de la prison de la Roquette, et, vicaire général de Soissons, le dernier deviendra successivement évêque de Fréjus et archevêque d'Albi.

Quelle était la situation de Saint-Quentin au point de vue social? Des documents très précis permettent de l'établir nettement et, partant, de déterminer le milieu sur lequel va agir l'abbé Dehon.

On sait que, vers 1830, l'Académie des Sciences morales et politiques, émue de l'état physique et moral du milieu ouvrier des manufactures, avait confié à l'un de ses membres, M. Villermé, le soin de faire une vaste enquête à travers le pays tout entier. Les résultats de celle-ci sont consignés par l'enquêteur lui-même en deux volumes. C'est là une source de renseignements éminemment précieuse sur la vie ouvrière en France à cette époque. Dans la section première, consacrée aux ouvriers de l'industrie cotonnière, le chapitre IV est intitulé: "Des ouvriers de la fabrique de Saint-Quentin." En voici l'analyse.

L'époque des observations est octobre-novembre 1835. Saint-Quentin a alors retrouvé ou peu s'en faut, son développement industriel d'avant la Révolution Française. Mais, maintenant, c'est le coton qui a remplacé le lin dans les tissages. En effet, les 68.000 fileuses et les 6.000 tisserands, qui, selon Brayer , dans un rayon de dix lieues alimentaient, avant 1789, le commerce très étendu de toiles de lin, ne sont plus, en 1825, que 5.000 fileuses et 600 tisserands. En revanche, les filatures de coton accusent 6.000 ouvriers et le tissage à main emploie près de 100.000 personnes dans la région. En 1834, MM. Joly et Bauchart de Marolles, délégués de la Chambre de Commerce de Saint-Quentin, donnent les chiffres suivants dans un rapport officiel: Pour le coton, en ville et à douze lieues à la ronde, on compte 4.000 ouvriers de filatures et 1.200 dans les blanchisseries. Quant aux tissages, main ou mécanique, ils occupent 70.000 ouvriers.

C'est donc une population de plus de 75.000 personnes - car dans ce nombre ne sont pas comptés les rattacheurs, les bobineurs, femmes et enfants pour les chaînes et les trames - qui vivent de cette industrie à Saint-Quentin et dans sa banlieue.

Villermé a rangé sous ces différents chefs les observations impartiales de son enquête:

Age d'entrée au travail: Les enfants sont employés de très bonne heure, cependant, contrairement à ce qui se passe à Mulhouse par exemple, il y en a peu au-dessous de huit ans.

Durée du travail: Pour tous les métiers, on fait en ville à cette époque, 14 à 15 heures, avec 13 heures de travail effectif. En y ajoutant le temps pour aller et venir, qui, pour certains ouvriers, est de 2, 3 et même 4 heures, on mesure aisément ce qui reste pour le repos journalier. Aussi, les femmes et les filles des manufactures vivent souvent ensemble, ayant à plusieurs une pauvre chambre en ville avec de mauvais grabats.

Mœurs: II n'y a aucune surveillance de police, les mœurs sont très relâchées, beaucoup de faux ménages et de débauche, chez les jeunes particulièrement. Des femmes sont agents des maisons de prostitution de Paris et cherchent à y recruter des filles.

De 1825 à 1835, les registres d'état civil accusent 1/5 de naissances illégitimes à Saint-Quentin, alors que la proportion varie de 1/13 à 1/14 pour l'ensemble du département de l'Aisne.

L'ivrognerie sévit; on boit le dimanche et le lundi, et les cabarets sont fréquentés même par les jeunes gens de 15 à 17 ans.

Salaires: Voici la moyenne journalière pour tous les métiers:

En ville, les hommes gagnent de 1,50 à 3 francs, les femmes de 0,90 à 1,25, les enfants de 0,50 à 1,25. À la campagne, les salaires sont inférieurs, pour les ouvriers 1 à 2 francs, pour les ouvrières 0,70 à 1 franc et pour les enfants 0,30 à 0,60 .

Entretien: À Saint-Quentin, la nourriture d'un ouvrier, qui ne boit que de l'eau, revient, en 1835, à 0,75, soit la moitié du gain pour un homme, à 0,60 - 0,65 pour une femme, de 0,40 à 0,60 pour un enfant, soit plus de la moitié ou même la totalité du salaire journalier pour ces deux catégories de travailleurs.

"Une famille ouvrière composée de quatre personnes, mari, femme, deux enfants, l'un travaillant, l'autre en bas âge, dépense chez elle, pour les seuls aliments, 2 francs par jour. Si elle gagne 3 francs, dimanche compris, il ne lui reste que vingt sous pour toutes ses autres dépenses. Mais si, pour une cause qui est aisée de concevoir, son revenu moyen de chaque jour est au dessous de 3 francs, elle est hors d'état de pourvoir à ses besoins."

Santé: II faut signaler aussi le travail déprimant des ateliers de filage où la chaleur est d'autant plus élevée qu'on fabrique les fils plus fins. 15 à 20 degrés au filage, au-dessus de 20 pour le parage à la mécanique, 34, 37 et même 40 degrés pour certains apprêts. Sans parler des dangers d'immoralité occasionnes par le mélange des sexes et âges en costumes simplifiés, en raison de la chaleur, les santés ont fort à en souffrir et beaucoup de jeunes femmes y résistent quelques années, puis doivent cesser ce travail trop dur et débilitant.

Caisse d'épargne: Une caisse d'épargne a été ouverte en juin 1834. Au 31 décembre 1836, le nombre des déposants est celui-ci: 162 ouvriers et 115 domestiques. Fin 1837, accusant 231 livrets ouvriers, il est encore infime, bien qu'en progression.

A la campagne, dans le tissage à domicile, l'enquête est un peu plus favorable, en ses conclusions, qu'à Saint-Quentin-Ville, mais "ceux qui n'ont pas d'autre revenu que le tissage sont très misérables", moins cependant que les ouvriers travaillant pour Mulhouse et Lille.

Il ne faudrait pas, de ces tristes constatations, inférer que Saint-Quentin se trouvait alors dans une situation sociale exceptionnelle. Non point, l'état des classes laborieuses était identique, parfois même pire, à peu près sur tout l'ensemble du territoire français et les enquêtes étrangères ne sont pas plus réconfortantes .

Y eut-il quelques changements entre la situation décrite par Villermé en 1835 et celle trouvée par l'abbé Dehon, à son arrivée à Saint-Quentin, près de quarante ans après? On voudrait le croire... mais cependant, ainsi qu'on le verra plus loin, elle semble avoir été sensiblement la même. Combien était urgente l'action sociale de l'Eglise et la publication de la Charte des travailleurs!

Pour terminer ce tour d'horizon, il faut dire quelques mots de la représentation politique de Saint-Quentin, cette donnée éclairera encore le tableau de la situation de cette ville, mais il est nécessaire de l'étendre jusqu'en 1900 pour en tirer une conclusion, car les événements sociaux ne se traduisent que plus lentement sur la carte politique.

Après la Révolution de 1830, la loi électorale d'avril 1831 fit du pays légal une aristocratie d'argent. Le quatrième collège de l'Aisne, Saint-Quentin, élit Vivien, un magistrat de la Somme, préfet de police à Paris et Conseiller d'Etat. Plusieurs fois ministre sous Guizot, en 1840, il fait partie du ministère Cavaignac. Il est réélu à Saint-Quentin au suffrage universel en 1848. Fouquier d'Hérouel lui succède en 1849, puis le comte Etienne de Cambacérès. déjà élu au troisième collège de l'Aisne, représente ensuite Saint-Quentin à la Législative. Celui ci, réélu en 1852, fera place à son fils Louis, qui sera député de 1857 à 1863.

En 1863, un libéral est choisi, Malézieux, avocat puis bâtonnier au barreau de Saint-Quentin; il est réélu en 1869. Maire de Saint-Quentin après le 4 septembre 1870, il est appelé, premier sur onze, en février 1871, à siéger comme représentant de l'Aisne à l'Assemblée Nationale. Puis, il occupe le siège de la 2e circonscription de Saint-Quentin jusqu'en 1885, époque où il passe au Sénat. Dans la 1re circonscription, durant la même décade, le député sera Jean Villain, raffineur à Mont-Saint-Martin et de fortune considérable. Il est inscrit à la gauche républicaine, parti alors très avancé. Toujours réélu de 1871 à 1885, il voit cependant ses voix diminuer au profit des candidats socialistes.

En 1885, c'est le scrutin de liste avec comme élus Paul Béranger, républicain, avoué et conseiller municipal de la ville et encore Jean Villain, pour Saint-Quentin.

Le retour au scrutin d'arrondissement et le partage en deux circonscriptions amène en 1889 un renversement complet: sont élus un boulangiste, Dumonteil et un conservateur révisioniste. Ernest Desjardins. Tandis qu'en 1893, dans la circonscription campagne, Pierre Desjardins succède facilement à son père, il faut deux tours au maire de Saint-Quentin, fondateur de la Société Industrielle, François Hugues, pour triompher à 120 voix des socialistes. Si, en 1898, il est réélu, bien qu'au deuxième tour, par plus de 1000 voix de majorité, le socialiste Turot accusera cependant un gain de 700 voix sur son camarade Brault, candidat en 1893. La poussée socialiste est nette et régulière, d'ailleurs Saint-Quentin, avant d'être le siège, en 1911, du 8' Congrès du parti socialiste S.F.I.O., abritera, dès 1892, le Congrès National des "allemanistes"... Saint-Quentin n'est-elle pas la patrie de Gracchus Babeuf, déchoir ne faut!

L'abbé Dehon, vicaire à Saint-Quentin, pressent cette influence montante du socialisme et, un an à peine après son arrivée, il déclarera publiquement dans un sermon pour le Patronage qu'il vient de fonder: "Les œuvres sociales et ouvrières sont pour notre temps et pour notre état social des œuvres de salut." La Commune était présente à son esprit et l'enquête à laquelle il s'était livré personnellement, en disciple de le Play, - ses lectures en témoignent - l'avait fortifié dans cette conviction.

En effet, les réflexions de l'abbé Dehon sur l'état social de Saint-Quentin nous sont connues par ses notes personnelles: elles confirment, en leurs conclusions, les enquêtes célèbres qui viennent d'être rappelées plus haut.

"Les familles aristocratiques" du Tiers-Etat, sont de bons riches toujours prêts à souscrire pour les œuvres, mais qui ne paraissent pas se douter qu'il peut y avoir place à côté du patronat pour une organisation démocratique."

Saint-Quentin compte 30.000 salariés "le salaire hausse et baisse suivant le cours comme le prix des esclaves, aucune institution ne protège l'ouvrier. Les neuf dixièmes des industriels ou entrepreneurs n'ont aucune notion du devoir du patronat. La vieillesse, la maladie, les nombreux enfants, amènent la faim et la misère dans la famille. Quelques familles bien douées s'élèvent; les autres gisent dans le paupérisme. Les fabriques ne font pas travailler le dimanche mais les patrons ne s'intéressent pas à la religion des ouvriers. Les ouvriers se reposent ou jardinent le dimanche matin et boivent l'après-midi. Dans toutes les industries du bâtiment, la situation est pitoyable, on travaille le dimanche, on boit le lundi, le mardi et souvent le mercredi. Dans les usines, les apprentis vont le dimanche matin nettoyer les métiers. Les logements sont infects, vrais taudis comme les cours du boulevard Richelieu, la montagne du faubourg Saint-Jean, les rues basses du quartier de l'abattoir, la Buerie des Islots.

Les seules bonnes institutions sont les deux mutualités, il y a bien une caisse d'épargne, mais on n'a rien à y porter. En hiver, un tiers de la ville est secouru par le bureau de bienfaisance !…

Il n'y a pas d'ouvriers à l'église, ils lisent la Lanterne ou des sous-Lanternes locales et ils ont la haine de la société actuelle, l'antipathie pour le patron, le mécontentement pour le clergé qui ne fait pas assez pour eux.

L'abbé Dehon concluait, avec cet esprit de franchise et de justice qui sera la note caractéristique de tout son apostolat: "II est certain que c'était là une société pourrie et que toutes les revendications des ouvriers ont un fondement légitime ."

Quelques semaines plus tard, chargé du sermon de la fête de Noël à la Collégiale, l'abbé Dehon n'hésitait pas à prendre nettement position. Peut-être imprudemment, confie-t-il, il fit une mercuriale sur la société et le travail et, par avance, il dénonçait les abus que devait relever Léon XIII dans l'Encyclique Rerum Novarum, en 1891, près de vingt ans plus tard…

Très vite, l'abbé Dehon se rendit compte de ce qu'il fallait à toutes ces âmes confiées - au moins pour partie - à son zèle sacerdotal. Dès le 20 novembre 1871, il écrivait sur son cahier de notes: "II manque à Saint-Quentin, comme moyen d'action, un collège ecclésiastique, un patronage et un journal catholique."

Et, sans tarder, il va s'attaquer à la réalisation de ce qui est immédiatement possible, le Patronage, l'œuvre Saint-Joseph, comme on dira bientôt.

Les enfants cessaient alors, dans la classe laborieuse, d'aller à l'église sitôt qu'ils n'étaient plus conduits par leurs instituteurs. À peine arrivé depuis quelques mois, chargé des écoles, afin d'assurer la persévérance de ces enfants, l'abbé Dehon pense à organiser un patronage selon la formule déjà en usage à Paris. Mais, au début, n'ayant aucun local, c'est dans sa modeste chambre de vicaire qu'il commence à réunir quelques jeunes ouvriers, une vingtaine, en leur recommandant de venir le voir, les uns une semaine, les autres une autre, faute de place pour les accueillir tous ensemble. Puis, avec les beaux jours, il s'entend avec M. Julien, maître de pension, pour occuper avec ses enfants la cour de la maison durant la promenade des élèves. Juin voit les débuts réguliers de l'œuvre et, bientôt, devant l'absolue nécessité des développements et désireux d'une organisation définitive, M. l'archiprêtre loue un vaste terrain, rue des Bouloirs, laissant à l'abbé Dehon de pourvoir à l'achat et aux constructions indispensables. L'œuvre est bien accueillie en ville, la Presse de toute nuance s'y intéresse, son directeur lance une souscription et une loterie, fait un sermon de charité où il expose son but: par delà les enfants d'aujourd'hui, formons les ouvriers et les employés chrétiens de demain.

L'œuvre est autorisée par arrêté préfectoral en date du 8 octobre 1872, les bâtiments s'élèvent lentement. Enfin, le 16 mars de l'année suivante, pour la première fois l'abbé Dehon célèbre la messe en la chapelle du Patronage. Sa joie apostolique éclate dans cette phrase brève de ses notes: "Les ouvriers n'ont pas de place dans nos églises... ils retrouvent, dans les patronages, quelque chose des soins paternels et dévoués que l'Eglise devrait exercer vis-à-vis d'eux."

C'est l'âge d'or; les patrons appuient nos efforts, écrit-il, les souscriptions viennent des maisons de commerce et des industries comme des officiels: le député Malézieux et le maire Mariolle en tête. Les enfants sont de plus en plus nombreux, aux jeux de plein air s'ajoutent bientôt la gymnastique et l'orphéon, mais ce qui tient le plus à cœur au directeur de l'œuvre Saint-Joseph, c'est la formation religieuse, morale et sociale des enfants et des jeunes gens. Catéchismes et cercle d'études sont l'essentiel du Patronage et la chapelle en est le centre.

Suivons l'enfant qui arrive le jeudi ou le dimanche à l'œuvre Saint-Joseph. À l'entrée, il dépose sa carte pour le pointage de sa présence. Veut-il des livres pour emporter tout à l'heure, il va vers la bibliothèque où il a droit à 48 brochures pour 20 centimes. Une caisse d'épargne peut recueillir, sur un livret à son nom, ses moindres versements, même un sou ou deux. Dans la cour où règne une joyeuse animation, il peut jouer, faire de la gymnastique ou même, sous la direction d'un moniteur, se préparer à être un conscrit par un peu de théorie militaire. Plus paisible, est-il amateur de lecture ou veut-il se livrer à un jeu d'intérieur, il entre dans les salles du rez-de-chaussée... Désire-t-il voir le directeur, causer avec lui, il montera au premier étage où est installé le bureau de l'abbé Dehon, à côté du Cercle réservé aux aînés du Patronage...

Le Patronage a un Comité protecteur et, chaque année, au début de l'exercice, a lieu la réunion plénière de l'œuvre. En ce temps de vraie liberté de conscience, cette assemblée est un "véritable événement politique et social". Le rapport moral est présenté par un professeur du lycée, du Conseil du Patronage, entendu par le sous-préfet, les magistrats et toute la haute bourgeoisie de la ville.

Du rapport de 1875, extrayons quelques chiffres, ils accusent les progrès constants de l'œuvre. Au 1er janvier 1873, le Patronage comptait 200 enfants et le Cercle 23 membres; deux ans après, à pareille date, il y a 301 enfants et 139 adhérents au Cercle, soit 440 inscrits, se décomposant en 82 écoliers, 324 ouvriers ou apprentis, 34 employés. 186 ont plus d'un an d'assiduité, 18 sont de la petite phalange du début. La moyenne des présences du dimanche est de 206. La caisse d'épargne a 4.763 francs répartis en 198 comptes. Tous les membres font leurs Pâques et à Noël 1874, on a compté 160 communions. Au cercle des plus grands, où l'on paie une cotisation mensuelle de 0 fr. 50, existe, pour les plus sérieux, une Conférence de Saint-Vincent de Paul. L'abbé Dehon a voulu ainsi combattre cette opinion trop accréditée qu'on ne peut fonder une Conférence qu'avec des gens riches ou influents. Sans doute, leur budget n'atteint pas 150 francs la deuxième année, mais combien il est éducatif et beau de voir ces jeunes gens pauvres soulager plus misérables qu'eux...

Il y aurait besoin d'une maison de famille pour les ouvriers et les apprentis ; cela se réalisera par la suite, mais dès maintenant, l'œuvre Saint-Joseph met à la disposition de ses membres quelques chambrettes en son deuxième étage.

Avec les incessants développements du Patronage et la persévérance des plus grands, l'abbé Dehon est conduit logiquement à envisager rapidement un véritable Cercle d'ouvriers. Déjà, en participant au 6° Congrès des directeurs d'œuvres ouvrières, tenu fin août 1873 à Nantes, et écoutant comme "une révélation" Léon Harmel, le directeur du Patronage de Saint-Quentin fortifiait ses premières velléités du pèlerinage de l'Œuvre des Cercles à Notre-Dame de Liesse où il avait conduit une petite légion de jeunes garçons de Saint-Quentin. Bientôt, l'abbé Dehon organise définitivement ce couronnement logique du Patronage et son Cercle entre dans la grande Œuvre des Cercles Catholiques d'ouvriers, fondée par Albert de Mun et La Tour du Pin. Le comité protecteur du Patronage s'adjoint de nouveaux membres et devient l'appui de l'œuvre Saint-Joseph, qui compte maintenant le Patronage scolaire et le Cercle Catholique. Il est entendu avec M. de Parceval, secrétaire de la région du Nord de l'Œuvre des Cercles, que les anciens du Patronage formeront le Cercle Catholique d'ouvriers de Saint-Quentin, et, le jour de la Toussaint de cette même année 1873, M. l'archiprêtre bénit la bannière de la nouvelle œuvre. L'abbé Dehon écrira dans ses notes, en 1886, rappelant cette date: "C'est de là que datèrent les relations avec l'Œuvre des Cercles et les études sociales qui devaient marquer une étape dans ma vie ."

L'oeuvre Saint-Joseph, par les contacts qu'elle fournissait journellement à son directeur, fortifiait encore sa conviction qu'il y avait une action parallèle à mener dans le milieu patronal. Il agissait sur le monde ouvrier par cette œuvre, ce sera aussi à cause d'elle qu'il sera amené à parler plus directement qu'il ne pouvait le faire en chaire, du rôle du patronat chrétien. L'occasion lui en est fournie par les réunions plénières de l'œuvre Saint-Joseph. Avec prudence mais fermeté, tout en exposant le but qu'il poursuit: une œuvre sociale, le salut de la société par l'association chrétienne, il montre à chacun ses devoirs. D'année en année, avec une autorité accrue, l'abbé Dehon précisera: le mal social est un mal moral. Le cabaret, la débauche du lundi, la violation du dimanche, l'apprenti sans aide ni appui, l'apostasie des masses ouvrières, tout se tient et tout se compénétre. Il lance, en 1876. un appel aux industriels pour le retour à la corporation. "Voilà le grand but que nous poursuivons, disait-il dans son discours, notre œuvre est plus que faire jouer honnêtement quelques enfants le dimanche. Il nous faudrait, pour cela, un concours plus efficace de la part des patrons. Aussi, les supplions-nous d'établir avec nous l'organisation de l'usine chrétienne, de protéger, de soutenir et d'encourager nos œuvres et, pour éclairer, pour diriger leur zèle de lire la revue des Questions sociales et ouvrières publiée par l'Œuvre des Cercles... Nous gagnons du terrain dans la voie du relèvement chrétien et de l'apaisement social... il nous faut bientôt ici une association de patrons chrétiens comme à Lyon, Marseille, Nancy, Nantes et tant d'autres villes." Cela devient le leit motiv de ses discours. Il y revient en 1877 et son zèle clairvoyant lui dicte ces paroles incisives: les patronages et les œuvres sont inutiles si l'usine et l'atelier ne changent pas. "Vous défaites pendant la longue et sombre nuit des six jours de travail, ce que nous tissons avec tant de peine pendant la belle journée du dimanche: vous n'êtes pas assez chrétiens dans votre vie de patron..." Quelques mois après, il opposait le tableau de l'atelier idéal du Val-des-Bois et d'autres usines de Roubaix et de Maubeuge, à ce que, navré, il constatait tous les jours à Saint-Quentin... "L'atelier redouble d'impiété et d'immoralité, la crise approche, le flot monte... nos essais seront incomplets parce qu'il nous a manqué jusqu'à présent le concours des patrons ."

Mais l'abbé Dehon ne se contente pas de discours. Si, à l'œuvre Saint-Joseph, il fait régulièrement chaque semaine aux membres du Cercle un véritable cours d'économie sociale, il organise, dès 1875, une réunion d'étudiants et grands lycéens. C'est un Cercle d'études religieuses et sociales avec une Conférence de Saint-Vincent de Paul. Par là, il veut préparer une génération de patrons plus conscients de leurs devoirs sociaux. Il fait avec eux deux séries d'études, l'une théorique de morale et de sociologie et l'autre pratique et locale sur l'organisation du travail à Saint-Quentin et les œuvres à créer en faveur de l'ouvrier.

Et c'est trop peu encore pour son zèle et surtout les résultats sont à trop lointaine échéance, l'abbé Dehon agira directement sur une élite patronale, et, en 1876, il commence des réunions; elles auront lieu tous les quinze jours. "Nous parlions des devoirs des patrons, j'en avais une douzaine. Plusieurs apportèrent des améliorations à leur règlement d'atelier. L'un d'eux introduisit des sœurs de charité dans son atelier de broderies pour s'occuper des ouvrières…" Dans le même sens et sur un point précis, le repos dominical de l'ouvrier, si peu observé, on l'a noté dans les industries du bâtiment, il obtiendra en liaison avec "l'œuvre du dimanche" un notable résultat. Témoin cette décision des entrepreneurs de menuiserie de la ville, pour cesser le travail du dimanche. "Une forte amende a été consentie pour toute infraction à cette convention... L'engagement enregistré sera déposé à la chambre syndicale... Les cas de force majeure comprennent seulement les travaux urgents nécessités par une fête religieuse ou publique, cercueils, réparations indispensables..."

Le mouvement d'idées provoqué par l'œuvre Saint-Joseph suscita une entreprise de maisons ouvrière… M. Jourdain, patron chrétien, et M. Julien, président de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, organisèrent, suivant la formule appliquée à Mulhouse, une société par actions. M. Jourdain visita les taudis des ouvriers mais cette œuvre ne devait pas se développer. Il eût fallu une aide plus efficace de la loi, manquaient encore les dispositions votées plus tard sur le bien de famille insaisissable pour donner un peu de stabilité aux foyers ouvriers.

A la même époque, sur l'initiative de patrons ou d'ouvriers chrétiens, on replace l'image du divin Ouvrier dans plusieurs ateliers. En mars 1880, à l'occasion de la bénédiction d'un atelier récemment agrandi et augmenté d'une machine à vapeur, "les ouvriers se sont cotisés pour acheter un magnifique crucifix qu'ils ont offert à leur patron et ils ont assisté le matin à 6 heures à la messe de saint Joseph, ouvrier charpentier comme eux."

Dans un autre domaine, c'est encore au Patronage qu'est organisée une exposition générale du travail des ouvriers et apprentis, membres des associations catholiques du diocèse de Soissons avec distribution solennelle de prix.

L'abbé Dehon encourageait aussi vivement la société de Secours Mutuels Saint-François-Xavier dont l'influence était si salutaire vis-à-vis de ses 700 membres; il en fut, quelques années, le prêtre directeur.

C'est donc à l'œuvre Saint-Joseph que le vicaire de la Collégiale donnera, jusqu'en 1876-1877, tout le meilleur de son activité sans parler de plus de 50.000 fr. de son patrimoine. Durant les premières années, il ne laissait à personne le soin d'aller visiter les absents dans leurs familles, de les relancer, les encourager, mais, bientôt, assailli par la multiplicité des tâches, il doit y renoncer et s'en décharger sur des auxiliaires laïcs . Puis, lorsque son activité sera absorbée presque en entier par sa nouvelle création, l'Institution Saint-Jean, il devra se dégager complètement. L'abbé Dehon aura alors dans la personne du P. Rasset une excellente doublure. En 1879, il notera: "Le Cercle s'affermissait mais le Patronage des enfants perdait du terrain. Il eût fallu deux aumôniers distincts... Je voyais bien que l'Eglise de France ne pouvait se relever que par l'apostolat ouvrier.» Il continua néanmoins ses réunions de jeunes gens, mais, Supérieur d'une maison d'enseignement libre, il ne peut plus avoir les grands élèves du lycée. Il tient aussi jusqu'en 1880 ses réunions patronales et il préside encore toutes les semaines au Cercle, un vrai groupe d'études sociales où il donne personnellement une conférence sur les principales questions d'économie sociale.

D'autres activités locales occupent aussi l'abbé Dehon. Le journal qui, dès 1871, lui paraissait nécessaire à la ville, il le créera. Le Journal de Saint-Quentin n'était pas mauvais, mais il était plein de "respect humain". Avec M. Julien, il met sur pied, en 1874, un journal catholique et monarchiste. Le dessein était hardi; il fit appel, non sans succès, dans tout le département aux familles aristocratiques. Au mois de décembre le Conservateur de l'Aisne publiait ses premiers numéros. Cette œuvre valut, à son initiateur, bien des soucis; parfois l'argent manquait, les rédacteurs dépassaient souvent le but et froissaient bien des lecteurs; cependant, lorsque après dix ans de lutte, il absorbera le Journal de Saint-Quentin, l'abbé Dehon pourra constater que l'œuvre du Conservateur de l'Aisne a été intéressante; "l'affirmation catholique dans ce département aura fait du bien".

Par ailleurs, le service paroissial de vicaire à la Collégiale était dur et astreignant. "Toutes les œuvres étaient à faire mais j'étais trop seul. L'organisation de nos grandes paroisses ne permet pas au clergé de faire de l'apostolat. Quand nos pauvres prêtres ont assisté aux funérailles, leur temps et leur activité sont presque épuisés. On pourra vivre plusieurs siècles à ce régime-là sans refaire une société chrétienne ."

Malgré tout, l'abbé Dehon continue de travailler intellectuellement ou au moins, à s'entretenir, tout en déplorant d'être dévoré par les tâches multiples d'un vicaire directeur d'œuvres. La liste des revues qu'il reçoit est instructive à cet égard, elle caractérise bien les différentes disciplines auxquelles il sera fidèle: l'Univers, la Revue de l'Enseignement (d'Alzon ), Bulletin de l'Union des Œuvres, Bulletin des Questions sociales et ouvrières, Revue des sciences ecclésiastiques, La Tribune Sacrée (prédication), le Messager du Sacré-Cœur, le Messager de Saint-Joseph, le Bulletin monumental. Dans ses notes de lecture du début de son ministère, quelques sociologues et économistes sont souvent cités: Périn, Leroy-Beaulieu, de Metz-Noblat.

Si l'abbé Dehon s'était décidé à entrer dans le clergé séculier et se dépensait sans compter dans le ministère paroissial, quelques-uns parmi ses amis avaient moins facilement pris leur parti de son orientation. Dès 1874, les appels de M. Hautcœur pour venir à Lille contribuer à la fondation de l'Université Catholique se multiplient. On lui propose un cours de Droit naturel et des gens, quatre ou cinq leçons par semaine, en français. On insiste auprès de lui, lettres de Mgr Monnier, visite de M. Féron-Vrau; l'abbé Dehon est ébranlé; il consulte à nouveau le Supérieur du Séminaire Français, le R. P. Freyd. Celui-ci lui déconseille, il ne croit pas à l'avenir de l'Université Catholique de Lille, mais surtout, comme la vie religieuse attire toujours son ancien dirigé, il conserve le secret espoir de le voir entrer dans la Congrégation du Saint-Esprit et voit même en lui un futur successeur à Santa-Chiara. Les instances lilloises se renouvellent en 1875; un évêque du centre tentera aussi de faire de lui son secrétaire particulier, mais l'abbé Dehon restera à Saint-Quentin. Ses œuvres locales et son apostolat diocésain l'y retiennent. Bientôt la fondation d'une œuvre d'enseignement: l'Institution Saint-Jean, et d'une famille religieuse: les Prêtres du Sacré-Cœur l'y attacheront pour toujours.

Ce n'est pas ici notre tâche de montrer l'activité considérable déployée dans ces deux nouvelles créations par l'abbé Dehon. Chacune d'elles aurait suffi à absorber un homme moins actif et moins surnaturel.

Il y joint cependant le rôle d'un animateur diocésain dont l'étude, cette fois, est directement de notre ressort.


Educação popular em São Quintino

Robert Prelot

Em novembro, o P. Dehon tinha sido nomeado vigário do Centro Paroquial (Matriz) de São Quintino, a paróquia mais populosa da diocese de Soissons. Isto significava um direcionamento bem diferente para a sua atividade sacerdotal; outro era o sonho que ele alimentara por longos anos, quando seu pensamento se voltava para os auspiciosos dias da sua primeira atividade apostólica.

Entretanto, "ao modo de todos os verdadeiros padres," ao invés de se encastelar orgulhosamente na torre de marfim de sua superioridade intelectual, ele entregou-se, com todo o empenho, às obras e em particular, às obras operárias. Precursor de Leão XIII, realizou, ao pé da letra, o famoso "ir ao povo, prodire ad populum ".

É necessário, antes de tudo, ver o trabalhador no seu trabalho, analisar e o mais das vezes, com ele mesmo, graças ao seu caderno de notas, o campo de trabalho que ele vai desvendar como vigário, por seis anos e sobre o qual exercerá, ainda por um longo período de tempo, como Superior do Instituto São João e fundador de sua Congregação religiosa, uma influência muito importante, se bem que menos direta.

A cidade de São Quintino, outrora capital do Vermandois, construída sobre as margens do rio Somme, conta, então com cerca de 35.000 habitantes. No século XVIII, a indústria principal, a tecelagem de linho, tinha tido um surto de desenvolvimento considerável na região, posto que a fábrica de São Quintino contava, tanto na cidade como no interior, 12 a 14.000 postos de trabalho e 60 a 70.000 fiadores. Se o período revolucionário lhe desfechara um golpe funesto de modo que em 1800 a produção dos seus 3.000 teares não passava de 40.000 peças, contra 150 a 160.000, antes de 1789, a população da cidade crescia rapidamente ao longo dos três primeiros quartos do século XIX, à medida que aumentava a atividade industrial. Além disto, a construção de um canal sob o Empire e a demolição das muralhas, concluída em 1825, foi muito útil à indústria e condicionou a expansão da cidade.

No que se refere ao culto, as estatísticas oficiais indicam que, sobre uma população de 34.811 pessoas, 34.211eram católicos, 464 protestantes,124 judeus e 12 sem religião. Esta quase totalidade de batizados está distribuída de modo muito desigual em uma grande paróquia com cerca de 30.000 habitantes, chamada Centro Paroquial ( Matriz) e duas outras bem mais modestas, São João e Santo Elói, na zona suburbana.

Quanto à prática religiosa, o P. Dehon procura imediatamente saber de modo preciso, por meio dos números, qual é a realidade e não o que muitas vezes se imagina que seja. Ele anota: 8.000 pessoas fazem a Páscoa na cidade, 65.000 comunhões de devoção ( 60 por dia na Matriz e 200 aos domingos). 700 óbitos por ano dos quais, 1/5 sem os sacramentos; 600 nascimentos, dos quais, 1/5 de união ilegítima. Esses dados o levarão a esta conclusão, formulada alguns anos depois: "Jamais serão cristianizadas cidades com paróquias de 30.000 pessoas; isto contraria o bom senso; é necessário que o pastor conheça suas ovelhas".

Com efeito, se a paróquia do Centro de São Quintino à qual o P. Dehon estava ligado na qualidade de vigário, dispunha de um clero que à primeira vista parecia numeroso, um arcipreste e sete vigários, dada a população e a extensão territorial da paróquia, este número de sacerdotes estava longe de ser excessivo...

Os vigários viviam juntos numa casa simples à rua do Official. "O vicariato era uma força em São Quintino e tinha uma personalidade". Entre os confrades do P. Dehon no vicariato, destacamos três nomes: MM. Mathieu, Geispitz e Mignot, o primeiro será bispo e arcipreste de São Quintino, o segundo dirigirá a escola de música sacra de Notre Dame Paris e será capelão do Presídio de la Roquette, e, ainda vigário geral de Soissons, o último virá a ser, sucessivamente, bispo de Fréjus e arcebispo de Albi.

Qual era a situação de São Quintino do ponto de vista social ? Documentos muito precisos per item dar-lhe uma configuração bastante clara e, portanto, determinar o meio onde irá trabalhar o P. Dehon.

É sabido por todos que, pelo ano de 1830, a Academia de Ciências morais e políticas, sensibilizada pelo estado físico e moral do meio operário da produção manual, confiou a um dos seus membros, M. Villermé, a responsabilidade de fazer uma vasta pesquisa, cobrindo todo o território nacional. Os resultados foram consignados pelo próprio pesquisador em dois volumes.

Temos assim uma fonte preciosa de informações sobre a vida operária na França, naquela época. Na primeira seção, consagrada à indústria do algodão, o IV capítulo intitula-se : Trabalhadores da fábrica de São Quintino. Segue uma análise.

A época em que são feitas as observações situa-se em outubro de novembro de 1835. São Quintino reencontrou, quase totalmente, o desenvolvimento industrial que desfrutava antes da Revolução Francesa. Agora, porém, o algodão toma o lugar do linho na tecelagem. Com efeito, as 68.000 fiadoras e os 6.000 tecelões, que, segundo Brayer , num raio de 10 léguas, supriam , antes de 1789, o comércio de tecido de linho, não passam, em 1825, de 5.000 fiadoras e 600 tecelões. Em contrapartida, a fiação de algodão conta com 6.000 operários e a tecelagem manual emprega cerca de 1.000 pessoas na região. Em 1834, MM. Joly e Bauchart de Marolles, delegados da Câmara de comércio de São Quintino, apresentam os seguintes números oficiais, que constam de um relatório oficial: Para a indústria do algodão, na cidade, num raio de doze léguas, contam-se 4.000 trabalhadores em fiação e 1.200 na lavanderia. Quanto à tecelagem, manual ou mecânica, a indústria ocupa 70.000 operários.

Isto perfaz uma população de 75.000 pessoas- de vez que neste número não estão incluídos os cerzidores, os bobinadores, mulheres e crianças para a linha de urdidura- que vivem dessa atividade industrial em São Quintino e nos subúrbios.

Villermé classificou ,sob diferentes títulos, as observações imparciais de sua pesquisa :

Idade de admissão ao trabalho. Os meninos, muito cedo, são admitidos ao trabalho, entretanto, ao invés do que acontece em Mulhouse, por exemplo, são poucos os que entram com menos de oito anos.

Duração da jornada : Para todas as funções, a jornada, na cidade, é de 14 a 15 horas, com 13 horas de trabalho efetivo. Juntado-se a isto o tempo de ida e volta que para alguns é 2,3, ou mesmo de quatro horas, é fácil calcular o tempo que resta ao trabalhador para o repouso. Igualmente as mulheres e as moças do trabalho manual vivem juntas, alojadas em quartos miseráveis, dispondo apenas de um catre para o repouso.

Moral : Não há qualquer vigilância policial, o afrouxamento dos costumes, prostituição disfarçada em serviço doméstico, devassidão, especialmente entre os jovens. Mulheres, agentes de casas de prostituição de Paris, fazem o recrutamento de moças.

De 1825 a 1835, os registros de estado civil acusam 1/5 dos nascimentos, de união ilegítima, em São Quintino, embora a proporção varie de 1/13 a 1/14 para o total do departamento de Aisne.

A embriaguez domina; bebe-se no Domingo, na Segunda-feira, as tabernas são freqüentadas até por jovens de 15 a 17 anos.

Salários: esta é a diária média para todas as profissões:

Na cidade, os homens recebem de 1.50 a 3 francos, as mulheres, de 0.90 a 1.25, as crianças de 0.50 a 1.25. No interior os salários são inferiores: os trabalhadores recebem de 1 a 2 francos, as mulheres, 0.70 a 1 franco e as crianças, 0.30 a 0.60.

Manutenção: Em São Quintino, a alimentação de um trabalhador que bebe apenas água, chega a 0.75 isto é, a metade do que recebe um homem, a 0.60 ou 0.65 do que recebe uma mulher e 0.40 a 0.60. do ganho de uma criança, ou seja, mais que a metade ou o total do salário dessas duas últimas categorias de trabalhadores.

"Uma família operária, composta de quatro pessoas, o marido, a mulher, e duas crianças, das quais, uma trabalha, a outra ainda muito nova, gasta, apenas com a alimentação,2 francos por dia. Se ela ganha três francos, incluindo o Domingo, restam-lhe apenas vinte para as outras despesas. Mas se, por qualquer circunstância facilmente concebível, sua renda média diária fica abaixo dos 3 francos, ela está abaixo da capacidade de atender as suas necessidades".

Saúde: É preciso mencionar o trabalho deprimente nas oficinas de fiação onde o calor é tão elevado quanto o dos locais onde se fabricam fios mais finos. 15 a 20 graus, na fiação, acima de 20, na oficina mecânica, 34 a 37 e até 40 em alguns setores. Sem se falar no perigo de se resvalar para a imoralidade, devido à mistura de sexo e de idade e vestes reduzidas à maior simplicidade, devido ao calor,a saúde é fortemente agredida e muitas mulheres jovens, ainda resistem por algum tempo, depois têm que abandonar esse trabalho duro e debilitante.

Caixa de poupança : Foi aberta uma caixa de poupança em junho de 1834. Em 31 de dezembro de 1836, é este o número de depositantes: 162 operários e 115 domésticas. No fim de 1837 eram 231 as cadernetas operárias, número ainda baixo porém em ascensão.

No interior, na tecelagem em domicílio, o resultado da pesquisa é um pouco mais favorável que em São Quintino - Cidade, porém "aqueles que não têm outra fonte de renda senão da tecelagem estão em situação de miséria", todavia menos do que os trabalhadores de Mulhouse e de Lisle.

Não seria justo inferir dessas tristes constatações que São Quintino desfrutava de uma situação social excepcional. De forma alguma pois o estado das classes trabalhadoras era idêntica e por vezes pior, comparado ao conjunto do território francês e as pesquisas estrangeiras não são animadoras".

Terá havido alguma mudança entre a situação descrita por Villermé em 1835 e a que o P. Dehon encontrou quando de sua chegada a São Quintino? Quereríamos acreditar... entretanto, como veremos mais adiante, ela parece ter sido sensivelmente a mesma. Conclui-se assim, como era urgente a ação social da Igreja e a publicação da Carta dos trabalhadores.

Para terminar essa visão e conjunto é necessário que se diga alguma palavra sobre a representação política de São Quintino. Esse dado, se bem que traga alguma luz sobre a situação desta cidade, é necessário estendê-lo até 1900, para que se possa tirar alguma conclusão pois os acontecimentos sociais só muito lentamente aparecem no mapa político.

Após a revolução de 1830, a lei eleitoral de abril de 1831 fez do país legal uma aristocracia financeira. O quarto colégio eleitoral de Aisne, São Quintino elegeu Vivien um magistrado da Somme, Chefe de polícia em Paris e Conselheiro de Estado. Várias vezes ministro no governo Guizot, em 1840, faz parte do ministério Cavaignac. É reeleito em São Quintino pelo sufrágio universal, em 1848. Fouquier d,Hérouel o sucede em 1849, depois o conde Etienne de Cambacérès, já eleito para o terceiro colégio de Aisne, representa depois, São Quintino na Câmara dos deputados. Reeleito em 1852, cederá o lugar a seu filho que será deputado de 1857 a 1863.

Em 1863 é escolhido um liberal, Malézieux, advogado, depois, presidente da ordem dos advogados de São Quintino; é reeleito de 1869. Presidente da Câmara de São Quintino, depois de 4 de setembro de 1870, é chamado, o primeiro entre onze, em fevereiro de 1871, a ocupar um lugar, como representante de Aisne na Assembléia Nacional. Depois vem a ocupar um lugar na 2a circunscrição de São Quintino até 1885, quando passa, então, a fazer parte do Senado. Na 1a circunscrição, durante a mesma década, o deputado será Jean Villain, empresário em Mont-Saint-Martin e dono de considerável fortuna. É inscrito na esquerda republicana, partido então de posição avançada. Sempre reeleito de 1871 a 1885, vê, entretanto, sua influência ceder lugar à penetração dos candidatos socialistas.

Em 1885, a escolha pela lista de candidatos dá como eleitos, Paulo Béranger, republicano procurador e conselheiro municipal da cidade e ainda Jean Villain, para São Quintino.

A volta do escrutínio dos distritos e a divisão em duas circunscrições traz em 1889 um reviravolta completo: são eleitos um boulangista, Dumonteil e um conservador, revisionista, Ernest Desjardins. Enquanto em 1893, na circunscrição do interior, Pièrre Desjardins sucede com facilidade a seu pai, são necessários dois turnos ao presidente da Câmara de São Quintino, fundador da Sociedade Industrial, François Hugues, para vencer os 120 votos dos socialistas. Se em 1898 ele é reeleito, se bem que no segundo turno, com maioria de mais de mil votos, o socialista Turot acusará uma vantagem de 700 votos sobre seu camarada Brault, candidato em 1893.O crescimento do socialismo é claro e segue com regularidade, e além disto São Quintino, antes de sediar o 8o Congresso do partido socialista S.F.I.O., abrigará, desde 1892 o Congresso Nacional dos "alemanistas"...São Quintino não é a pátria de Gracchus Babeuf.

P. Dehon, vigário em São Quintino, já pressente o crescimento da influência socialista de modo que apenas um ano depois de sua chegada, dirá publicamente, num sermão para o Patronato que acabava de fundar ;"As obras sociais e operárias são, para o nosso tempo e diante da situação social, obras de salvação." A Comuna estava presente em seu espírito e a pesquisa a que se dedicara pessoalmente, como discípulo de le Play,- suas conferências o atestam- tinham fortalecido suas convicções a este respeito.

Com efeito, as reflexões do P. Dehon sobre a situação social de São Quintino nós as conhecemos por suas anotações pessoais: elas confirmam, em suas conclusões, as célebres pesquisas a que faremos referência mais acima.

"As famílias aristocráticas" do Terceiro Estado, são compostas de pessoas ricas de bom coração, sempre dispostas a ajudar na manutenção das obras porém, parece que não duvidam de que pode haver lugar, ao lado do empresariado, para uma organização democrática."

São Quintino conta 30.000 assalariados " os salários sobem e descem segundo critérios, como o preço dos escravos, e nenhuma instituição protege os trabalhadores. Os nove décimos dos industriais e empresários não têm qualquer noção dos deveres dos patrões. A velhice, a doença, filhos numerosos, trazem a fome e a miséria para a família. Algumas com certa capacidade, se desenvolvem e progridem; outras arrastam-se, toda vida, na pobreza. As fábricas não obrigam a trabalhar aos domingos mas os patrões não se interessam pela religião dos operários. Os operários repousam ou fazem jardinagem no Domingo pela manhã, e bebem à tarde. A situação dos trabalhadores em todas as indústrias da construção civil, é digna de compaixão; trabalham no Domingo e bebem na Segunda-feira, na Terça e muitas vezes até na Quarta-feira. Nas fábricas, aos domingos, os aprendizes vão fazer limpeza nos equipamentos.

Os alojamentos são infectos, pardieiros sujos como os pátios da avenida Richelieu, os montões do subúrbio Saint-Jean, o quarteirão do matadouro, a Buerie des Islot.

As únicas instituições úteis são as duas organizações de auxílio mútuo e há uma caixa de poupança mas ninguém tem o que depositar. Durante o inverno , um terço da população recebe socorro dessa previdência!...

Os trabalhadores não vão à Igreja, lêem a Lanterna ou sub-Lanternas locais, e alimentam ódio contra a sociedade atual, antipatia aos patrões e descontentamento com o clero porque não faz bastante por eles. Diante disto, P. Dehon concluía com aquele espírito de franqueza e de justiça que será a nota característica do seu apostolado :"Com certeza aquilo era uma sociedade corrompida e, com efeito, as reivindicações dos operários têm um fundamento legítimo."

Algumas semanas depois, encarregado do sermão da festa de Natal na Matriz, o P. Dehon não hesitou em assumir uma posição clara diante da situação. Talvez imprudentemente, confidenciou, fez um discurso forte contra a sociedade e o trabalho e, antecipadamente, denunciou os abusos que, em 1891, quase vinte anos depois Leão XII retomaria em sua encíclica Rerum Novarum.

Cedo, o P. Dehon tomou consciência do que estava faltando àquele povo, confiado, pelo menos em parte, ao seu zelo sacerdotal. A 20 de novembro escrevia em seu caderno de anotações :" Estão faltando em São Quintino, como meios de se chegar à ações concretas, um colégio dirigido pela Igreja, um patronato e um jornal católico."

E sem perder tempo, irá dedicar-se à realização daquilo que para ele tinha possibilidade de se realizar, isto é, o Patronato, a obra de São José como será chamada depois.

Nas classes assalariadas, as crianças abandonavam a Igreja desde que não eram mais levadas por seus educadores. Poucos meses após sua chegada, tendo sido encarregado de prestar assistência às escolas afim de assegurar a prática religiosa nessas crianças, O P. Dehon pensa em organizar um patronato conforme o modelo já em uso em Paris. Porém, no início, não dispondo de um local adequado, é no seu modesto quarto de vigário que ele começa a reunir jovens trabalhadores, cerca de vinte, recomendando-lhes que sempre viessem a ele, uns em uma semana, outros em outra, devido à falta de espaço onde pudesse acolher a todos. Depois, contando com tempo favorável, entra em entendimento com M. Julien para ocupar, com suas crianças, o pátio da casa durante o passeio dos alunos. O mês de junho anuncia o início regular das obras e, diante da necessidade absoluta de crescimento do trabalho social e desejoso de chegar a uma organização definitiva, o arcipreste não hesitou em alugar um vasto terreno, à rua Bouloirs, deixando com o P. Dehon a responsabilidade de comprá-lo e de começar a construção do que fosse indispensável ao início da obra. Esta é bem acolhida pela cidade, a imprensa de todas as tendências interessa-se por ela, seu diretor lança a subscrição para conseguir benfeitores e um loteria, faz um sermão de pedido de ajuda onde expõe seus objetivos: dando formação às crianças de hoje, estamos formando os trabalhadores cristãos de amanhã.

A obra recebe autorização mediante portaria municipal datada de 8 de outubro de 1872, a construção segue lenta.

Enfim, no dia 16 de março do ano seguinte, o P. Dehon celebra pela primeira vez na capela do Patronato. O brilho de sua alegria apostólica transparece nesta frase extraída de suas anotações :"Os trabalhadores não encontram lugar em nossas igrejas... é nos patronatos que recebem cuidados paternais e a dedicação que a Igreja deveria ter por eles."

É a idade de ouro; os patrões dão seu apoio aos nossos esforços, escreve, as contribuições vêm tanto de casas comerciais e das indústrias como dos poderes públicos: o deputado Malézieux, estando o prefeito Mariolle à frente do movimento. Cresce o número de crianças, aos jogos ao ar livre juntam-se a ginástica e o canto orfeônico, porém o que mantém o diretor ligado à obra de São José é a formação religiosa, moral e social das crianças e dos jovens. Catecismo e estudos são as atividades essenciais do Patronato, e a capela figura como o centro de tudo.

Sigamos o itinerário do menino que chega à obra de São José na Quinta-feira ou no Domingo.

À entrada apresenta seu cartão para que seja registrada sua presença. Se deseja livros para retirar e levar consigo, vai à biblioteca onde tem direito a 48 brochuras por 20 cêntimos. Há uma caixa de poupança onde poderá depositar, numa caderneta em seu nome, quantias mínimas. No pátio onde reina uma vibrante animação, ele pode jogar, fazer ginástica, ou até, preparar-se, sob a direção de um monitor, para ser um recruta com um pouco de teoria militar. Se gosta de leitura e deseja um local mais tranqüilo, propício a uma atividade interior, entra nas salas no rés-do-chão...Se deseja ver o diretor e tratar algum assunto com ele, deve subir ao primeiro andar onde o P. Dehon instalou sua mesa de trabalho, ao lado do Círculo, reservado aos mais velhos do Patronato.

O Patronato conta com uma Comissão de protetores e a cada ano, no início das atividades, realiza-se a reunião plenária da Obra. Neste tempo de total liberdade de consciência, aquela assembléia torna-se um "acontecimento verdadeiramente político e social."

A exposição de caráter moral é apresentada por um professor do liceu, membro do Conselho do Patronato, ouvido pelo sub-prefeito, pelos magistrados e por toda a alta burguesia da cidade.

Alguns dados extraídos do relatório de 1873 acusam o progresso constante da obra. Ao 1o de janeiro de 1873 o patronato contava 200 crianças e o Círculo 23 membros; dois anosa mais tarde, na mesma data, contam-se 301 crianças e 139 adscritos no Círculo, isto é, 440 inscritos, distribuídos em 82 alunos das escolas, 324 operários ou aprendizes, 34 empregados. 186 têm mais de um ano de freqüência, 18 pertencem ao pequeno grupo do início da obra. A média de presença às missas dominicais é de 206. A caixa de poupança tem 4.763 francos divididos em 198 contas. Todos os membros fazem sua Páscoa e no Natal de 1874 contaram-se 160 comunhões. No círculo dos maiores onde se paga uma pequena cota de 0,50 de francos, existe, para os mais maduros, um Conferência de São Vicente de Paulo. O P. Dehon queria, com isto, combater a idéia muito difundida e acreditada de que a Conferência só pode ser fundada entre pessoas ricas e influentes. Sem dúvida as reservas deles não atingem 150 francos já no segundo ano, entretanto como é educativo e bonito ver que jovens tiram da sua pobreza para socorrerem pessoas mais pobres que eles...

Haveria necessidade de uma casa de família para os operários e os aprendizes ; isto logo mais será realizado,e enquanto não acontece, a obra de São José coloca à disposição dos seus membros alguns pequenos quartos do segundo andar.

Com o constante crescimento do Patronato e com a perseverança dos maiores, O P. Dehon é levado a enfrentar rapidamente um verdadeiro Círculo operário. Já tomando parte no 6o Congresso de diretores de obras operárias, realizado em 1873 em Nantes e ouvindo como se fosse "uma revelação" Leon Harmel, o diretor do Patronato de São Quintino sentia mais fortes seus primeiros sonhos da peregrinação da Obra dos Círculos a Notre Dame de Liesse para onde tinha levado um grupo de rapazes de São Quintino . Não decorreu muito tempo para o P Dehon organizar esse coroamento lógico do Patronato e o seu Círculo passa deste modo, a fazer parte da grande obra dos Círculos Católicos Operários, fundada por Albert de Mun e La Tour du Pin.

A comissão protetora do Patronato congrega novos membros e se torna o suporte da obra de São José que passa a englobar o Patronato escolar e o Círculo Católico.

Ele combinou com o M. Parceval, secretário da Obra dos Círculos na Região Norte, que os antigos membros da Patronato formariam o Círculo Católico dos trabalhadores de São Quintino e, no dia de Todos os Santos deste mesmo ano de 1873,o Sr Arcipreste benzeu o estandarte da nova obra. O P. Dehon escreverá em suas anotações em 1886, referindo-se a essa data:" É a partir daí que tiveram início nossas relações com a Obra dos Círculos e os estudos sociais que deviam marcar uma etapa na minha vida."

A obra de São José, pelos contatos que propiciava diariamente ao seu diretor, reforçava mais e mais a convicção de que havia uma ação paralela a ser levada a peito no meio patronal. Ele exercia sua ação sobre o mundo operário por meio daquela obra, e por causa dela é que será levado a falar sobre o papel do patronato cristão, numa linguagem mais direta que ele não podia usar no púlpito. Ocasião para isto era-lhe proporcionada pelas reuniões plenárias da Obra de São José. Com prudência mas também com firmeza, fazia a exposição dos objetivos que se propunha alcançar: uma obra social, a salvação da sociedade pela união associativa dos cristãos e mostra a cada um seus deveres. Ano após ano, o P. Dehon, com sua autoridade sempre mais respeitada, podia definir com precisão: o mal social é um mal moral. A taberna, a licenciosidade da Segunda-feira, a violação do Domingo, o aprendiz sem ajuda e sem apoio, a apostasia das massas operárias, tudo está ligado e tudo se compenetra. Em 1876, dirigindo-se aos industriais, faz um apelo pelo retorno da corporação. "Esta é a grande meta que perseguimos, dizia em seu discurso, nossa obra é muito mais do que fazer com que algumas crianças brinquem bem comportadas aos domingos. Seria necessária, por isto, a colaboração mais eficaz da parte dos patrões. Também pedimos que seja criada, conosco, a organização da fábrica cristã, e que nossas obras possam contar com a proteção, com o apoio e com o encorajamento deles e, a título de orienta/cão, tentamos suscitar neles o interesse pela leitura da revista das Questões sociais e operárias, publicada pela Obra dos Círculos...Ganhamos terreno no que diz respeito ao soerguimento da vida cristã e da paz social... quanto antes, temos que criar aqui uma associação de patrões cristãos como em Lyon, Marseille, Nancy, Nantes e em tantas outras cidades." Isto tornou-se a força motriz de seus discursos. Voltou ao assunto em 1877 e seu zelo clarividente inspira-lhe estas palavras incisivas; os patronatos e as obras tornam-se inúteis se a fábrica e as oficinas não mudam. "Vocês destroem, na longa e sombria noite dos seis dias de trabalho o que nós tecemos com tanto trabalho no belo dia do Domingo: vocês não são bastante cristãos em suas vidas de patrões..." Alguns meses depois, mostrava o contraste da situação da fábrica ideal de Val-des-Bois e de outras fábricas de Roubaix e de Maubeuge com o que ele, compungido, constatava todos os dias em São Quintino...

"Cresce em dobro a impiedade e a imoralidade nas fábricas, a crise aumenta, a onda sobe...nossas tentativas são incompletas porque nos tem faltado, até o presente, a colaboração dos patrões."

O P. Dehon não se contenta apenas com discursos. Se, na Obra de São José, a cada semana, dá um verdadeiro curso de economia social para os membros do Círculo, organiza, desde 1875, uma reunião de estudantes e dos maiores do Liceu. É um Círculo de estudos religiosos e sociais com uma Conferência de São Vivente de Paulo. Com isto visa a preparar uma geração de patrões mais conscientes dos seus deveres sociais. Faz com eles duas séries de estudos, uma teórica, de moral e de sociologia e outra prática e local sobre a organização do trabalho em São Quintino e sobre obras a serem criadas em favor dos operários.

Ainda é muito pouco para o seu zelo e com resultados de muito longo prazo, O P. Dehon irá trabalhar com uma elite patronal e, em 1876, começa a promover reuniões cada quinze dias.

"Nós falávamos dos deveres dos patrões; eram doze. Muitos introduziram algumas melhorias no regulamento da fábrica. Um deles introduziu irmãs de caridade em sua fábrica de bordado para se ocuparem com as operárias..." No mesmo sentido e sobre um ponto em particular, o repouso dominical do trabalhador, tão pouco observado, como se via nas indústrias da construção, obterá em ligação com a "obra do Domingo" um notável resultado. Testemunha disto é a decisão dos empresários de marcenaria de pararem suas oficinas no Domingo. "Uma pesada multa foi aceita sobre toda infração ao que tinha sido combinado. O compromisso registrado será depositado na sede do sindicato...Casos de força maior incluem apenas trabalhos para atender a necessidades urgentes, como festas religiosas ou políticas, féretro, consertos indispensáveis..."

O movimento de idéias provocado pela Obra de São José suscitou uma empresa de construção de casas para os trabalhadores. M. Jourdain, empresário cristão, e M. Julien, presidente da conferência de São Vicente de Paulo organizaram, segundo a fórmula aplicada em Mulhouse. M. Jourdain visitou os casebres dos trabalhadores mas essa obra não tinha condições de se desenvolver. Foi necessária uma ajuda mais eficaz da lei, faltavam as disposições que depois seriam votadas, sobre bem de família impenhorável para proporcionar um pouco de estabilidade às famílias operárias.

À mesma época, por iniciativa de patrões ou trabalhadores cristãos¸ coloca-se a imagem do divino Operário em várias oficinas. Em março de 1880, por ocasião da bênção de uma oficina reformada e acrescida de uma nova máquina a vapor, "os operários se cotizaram para comprarem um belo crucifixo que ofereceram aos seus patrões e às 6 horas da manhã assistiram à missa de São José, trabalhador e carpinteiro como eles."

Em outro setor, é ainda no Patronato que se organiza uma exposição geral do trabalho dos operários e aprendizes, membros das associações católicas da diocese de Soissons, com solene distribuição de prêmios.

P. Dehon também incentivava a sociedade de Auxílio Mútuo, São Francisco Xavier de tão salutar influência frente aos seus 700 membros; ele foi o padre diretor dessa obra por alguns anos.

É pois à obra de São José que o vigário do Colegiado (grupo de padres) dedicará entre 1876 e 1877, o melhor de toda a sua atividade, sem se falar nos mais de 50.000 francos de seu patrimônio pessoal. Nos primeiros anos reservou para si a tarefa de visitar o ausentes em suas famílias, de repreendê-lo de encorajá-los, mas logo que se viu assoberbado de trabalho, teve que renunciar , entregando a tarefa a auxiliares leigos.

Com o passar do tempo, visto que o novo empreendimento, a Instituição São João, o absorvia completamente, teve que se desvencilhar de outros trabalhos. O P. Dehon terá um excelente substituto na pessoa do P. Rasset. Em 1879 ele observará : " O Círculo tornava-se mais forte enquanto o Patronato das crianças perdia terreno. Foram necessários dois capelães distintos... Eu entendia claramente que não havia outro caminho para o soerguimento da Igreja da França a não ser o apostolado junto aos operários."

Não obstante, continuou suas reuniões com os jovens, porém como Superior de uma casa de ensino livre, já não podia ter em mãos os alunos maiores do Liceu. Até 1880, ainda mantém suas reuniões patronais e também preside, semanalmente, o Círculo, verdadeiro grupo de estudos sociais onde faz, pessoalmente, uma conferência sobre os principais temas de economia social.

Outras atividades ocupam ainda o P. Dehon. Em 1971 cria um jornal que tinha como algo necessário para a cidade. O Jornal de São Quintino não era ruim mas lhe sobrava "respeito humano."

Com M. Julien, dedica-se com todo empenho a fundar um jornal católico e monarquista. O projeto era ousado; lançou seu apelo, com sucesso, às famílias aristocráticas de todos os distritos. No mês de dezembro, O Conservateur de l'Aisne publicava seu primeiro número.

Essa obra custou ao seu iniciador muitas preocupações; às vezes faltava dinheiro, os redatores perdiam de vista a linha proposta pelo jornal e os leitores afastavam-se; entretanto, após dez anos de luta, ele vai absorver o Jornal de São Quintino e o P. Dehon podia depois constatar que a obra do Conservateur de l'Aisne foi interessante; "a afirmação católica neste departamento deve ter feito bem."

Além de tudo isto, o serviço paroquial de vigário no Colegiado (grupo dos vigários) era duro e consumia todo o tempo. "Tudo estava por fazer e eu me achava completamente só. A organização de nossas grandes paróquias não permite ao clero exercer o apostolado. Depois de presidir aos funerais, nossos pobres padres estão com seu tempo e sua atividade de todo esgotados. Poderemos viver séculos neste regime e jamais faremos uma sociedade cristã. "

Apesar de tudo, o P. Dehon continua sua atividade intelectual ou, pelo menos, não deixa de lamentar o fato de ser assoberbado pelas múltiplas responsabilidades de um vigário diretor de obras. A lista das publicações que ele recebe é ilustrativa a esse respeito e caracteriza muito bem as disciplinas às quais se dedica com fidelidade: O Universo, a Revista do Ensino ( D, Alzon), Boletim da União das Obras, Boletim das Questões sociais e operárias, Revista das ciências eclesiásticas, A Tribuna sagrada, (pregação) O Mensageiro do Sagrado Coração o mensageiro de São José, e Boletim Monumental. Em suas anotações de leituras feitas no início de seu ministério, são citados, várias vezes, sociólogos e economistas como Périn, Leroy-Beaulieu, de Metz-Noblat.

Se o P. Dehon tinha decidido entrar no clero secular e se se desgastava sem limite no seu ministério paroquial, alguns dentre seus amigos não seguiram facilmente a orientação que dará a sua via.

Desde 1874 são muitos os convites de M. Hautcoeur para que venha a Lille colaborar na fundação da Universidade Católica. Foi-lhe proposto um curso de Direito natural e dos povos com quatro ou cinco aulas semanais em francês. Houve insistência, junto a ele, carta de Mons. Monnier, para que fizesse uma visita a Féron- Vrau; o P. Dehon está abalado; consulta novamente o Superior do Seminário Francês, o R. P. Freyd. Este o desaconselha porque não vê futuro na Universidade de Lille mas sobretudo, visto que a vida religiosa sempre atraiu seu antigo dirigido, mantém em segredo a esperança de vê-lo entrar na Congregação do Espírito Santo e chega mesmo a ver nele um futuro sucessor em Santa-Chiara. Os convites insistentes se renovam em 1875; um bispo do centro tenta fazer dele seu secretário particular mas o P. Dehon continuará em São Quintino. Suas obras locais e seu apostolado diocesano o retêm lá.

Em pouco tempo, a fundação de uma obra de ensino, o Instituto São João, e de uma família religiosa - os Padres do Sagrado Coração de Jesus &endash; irão preencher a sua vida para sempre.

Não é tarefa nossa, aqui, fazer uma exposição da considerável atividade, presente de modo marcante nessas duas novas obras de criadas pelo P. Dehon. Cada uma destas seria suficiente para preencher a vida de uma homem menos ativo e menos sobrenatural.

A isto ele juntou a função de um animador diocesano, cuja abordagem, agora sim, é de nossa competência.
 
 

Tradução Pe. José Calixto Ferreira de Araújo SCJ-BS