LES SOUFFRANCES DU PEUPLE CONGOLAIS

p. Giovanni Pross, scj

Conséguences de la guerre actuelle.

Nous présentons ici une série d'extraits du Bulletin «REC-INFO», qui suggèrent l'immense poids de souffrances qu'endure le peuple congolais à cause de la guerre d'agression du Rwanda et de lOuganda, financée par lOccident, par l'argent des contribuables belges, français, allemands, américains etc..

Ce sont des témoignages vécus des villageois et des citadins des diverses régions du Congo, mais surtout des territoires occupés par les armées des envahisseurs. Ce qui frappe en premier lieu est que ces territoires sont ravagés par des bandes de pillards bien armés et en uniforme, soit poussés par leur propre dénuement, soit sur ordre de leurs chefs. Ceux-ci cherchent apparemment à exterminer des populations entières en les massacrant, pillant tous leurs biens, détruisant ce qu'ils ne peuvent pas emporter, ainsi que les infrastructures sociales : écoles, dispensaires, hôpitaux, même les paroisses. Les soldats appartiennent soit aux divers rebelles, soit au Rwanda. Les pires massacres et pillages sont faits sur ordre d'en haut et sous le regard approbateur des autorité politiques congolaises. Le prétexte officiel est de pourchasser les Mayi-Mayi, mais ceux-ci ne sont même pas inquiétés. Même en ville l'insécurité est grave, les citadins sont victimes de plusieurs assassinats et pillages par mois.

Le résultat de cette politique est l'abandon des Villages et des champs par les villageois, une baisse spectaculaire de production et ... la famine et la misère, qui vient encore renforcer celles des fonctionnaires de l'Étel non-payés.

Les citations qui étayent les affirmations ci-dessus sont citées littéralement, sauf quelques corrections de français. Les phrases entre parenthèse sont de nous.

Équateur

Les commissions Justice et Paix de l'Église Catholique de la Province ecclésiastique de Mbandaka se sont réunies et ont constaté : « Les populations de la province sont meurtries par bientôt 5 ans de guerre qui, non seulement a détruit les infrastructures sociales mais réduit les efforts des habitants à se prendre en charge. La rupture du trafic fluvial et aérien avec Kinshasa, le non-paiement des salaires aux agents et fonctionnaires de l'Etat privent cette partie du pays des moyens de subsistance et d'approvisionnement en produits manufacturés.

A travers toute la province de l'Équateur, les rapports entre la population civile et les soldats sont très tendus. Cela est dû principalement au dénuement dans lequel vivent les soldats tant du côté des mouvements rebelles (RCD/Goma et MLC) que de celui de Kinshasa».

Il est fait état aussi des conflits ethniques : «Outre ces conflits liés à la guerre, la province ploie sous les pesanteurs des antagonismes entre peuples voisins: Mongo-Pygmées, MbudzaNgombe, Ngbandi-Ngbaka, ressortissants du Sud contre ressortissants du Nord de l'Équateur. Ces conflits tribaux n'épargnent pas l'Église elle-même». ( ces conflits ne datent pas d'aujourd'hui, mais ont été attisés par la guerre et la misère.)

Kasaï Occidental

«Comme nous voyagions dans une Toyota blanche, comme les voitures de la Monuc partout les enfants, et même certains adultes, criaient avec un grand sourire 'Oni'ou 'Monic' Les gens sont donc heureux que grâce à la présence de la Monuc, ils ont pu revenir dans leurs villages. Car durant les 3 ans de cette guerre, les habitants des villages entre le Lac et Kananga ont dû souvent s'enfuir dans la brousse.

Il y avait encore pas mai de 'barrières, Celles des soldats s'ouvraient sans problèmes. Deux barrières, une au Lac même, une autre à 10 km de Kananga, où on trouve un tas de services de L'Etat (DGM, ANR, PSR..) étaient plus embêtantes. Il fallait montrer tous les papiers, puis ils demandaient le 'café'. Il y a toujours une foule de 'personnel' à ces endroits. A 50 km de part et d'autre du Lac, on trouve aussi beaucoup d'enfants soldats qui vivent sur le dos de la population, Certains nous ont aussi arrêté pour demander de l'argent, disant qu'ils ne sont plus payés depuis des mois. La démobilisation n'est donc nullement achevée.

Il y a de plus en plus de contacts entre la population des deux côtés de la frontière' (front), pas encore en voiture, mais à pied ou à vélo. Les soldats des FAC embêtent beaucoup les gens. (source locale 07102102)

- La section humanitaire de la MONUC à Kananga a constaté qu'à la ville portuaire Ilebo (à 1.500 Km de Kinshasa et à 450 Km de Kananga) les médecins chirurgiens de l'hôpital général opèrent avec des lampes à pétrole. La plupart des familles à Ilebo, pourtant un véritable grenier agricole pour les deux Kasaï, 'ne prennent, qu'un repas pardonné. Les paysans sont contraints au troc, en échangeant leurs récoltes contre des produits manufacturés en provenance de Kinshasa, de Kananga, de Tshikapa ... » (APA 06103102)

Province Orientale 12. La situation en lturi semble se détériorer de jour en jour et on assiste à une vraie guérilla: les assaillants retranchés dans les montagnes sont solidement armés; la jeunesse commence à se prendre en charge, et on craint le pire d'ici quelques jours. La tournure que la chose a prise n'est plus la guerre inter-ethnique, car toutes les tribus sont concernées: mais les plus visés sont les Hema et Alur ; au nord les Bira commencent à prendre le parti des Lendu, tandis que au sud les Bîra sont à couteaux très avec les Lendu . Les troubles semblent être alimentées par une main noire invisible. (Forum pour la Paix en Ituri 06102102)

- Human Rights Watch a pressé le Conseil de sécurité de considérer le gouvernement ougandais comme un responsable important de l'agitation dans la partie orientale du Congo et de lui demander de rendre des comptes. "L'Ouganda veut conserver suffisamment de contrôle pour continuer à s'enrichir aux dépens du Congo, mais ne veut pas assumer la responsabilité de la protection des civils", a déclaré Alison Des Forges, conseillère de HRW pour la région des Grands Lacs. (Human Rîghts Walch, 13102102)

- Les militaires du MLC de Jean-Pierre Bemba - maintenant en coalition avec le RCD-Goma et le Rwanda - se concentrent autour d'Isiro. Le vaste contingent du MLC s'est enrichi dernièrement de combattants venus de Watsa, de Wamba et de Mungbere (environ 140 km d'Isiro). Pour quitter leurs anciennes positons au. nord, les hommes de Bemba empruntent (volent) tous les moyens possibles, camions, motos, bicyclettes, ou affrontent un voyage de plusieurs centaines de kilomètres à pied, (pillant tout le long de la route). Tout ceci laisse penser que le MLC se prépare à défendre Isiro d'une imminente attaque du RCD-ML /RCDBunia), dirigé par Mbusa Nyamwisî et soutenu par l'armée ougandaise à partir de Watsa, située à environ 300 km d'Isiro, où ils sont concentrés, La tension monte à Bangane (diocèse de Wamba, devenue un passage obligé pour les hommes de Bemba qui vont vers Isiro, après la chute du pont sur la route WambaIsiro. A cause de la grande insécurité, la population civile est contrainte de passer la nuit dehors pour échapper aux violences des combattants armés. (Misna 28102102).

(Les Rwandais et les Ougandais s'apprêtent à s'affronter encore une fois, au détriments de la population civile, mais cette fois par Congolais interposés.)

- Le président du Bureau européen de l'Asadho, Me David Banza, a mis en cause, le 613, le RCD/Goma et l'Armée Populaire Rwandaise (APR) dans des attaques dirigées contre des civils à Ubundu au sud de Kisangani. Me Banza a affirmé disposer de preuves sur l'existence de 5 fosses communes dans lesquelles, indique-t-îl, "sont entreposés les corps des victimes, militaires et civiles, des affrontements entre le RCD/Goma et l'APR avec les Mai Mai. Ce n'est pas la première fois que ce genre de situation se produit sur notre territoire. C'est qu'au motif de pourchasser les Mai Mai dans les zones contrôlées par le RCD/Goma, ce sont les populations qui sont menacées". (APA 07/03102)

Maniema

Après les arrestations en cascade de 156 personnes soupçonnées d'appuyer les Mai-Mai dans la ville de Kindu. un calme relatif y est rétabli, après d'intenses attaques Mai-Mai survenues l'année dernière et le mois de janvier écoulé. Cependant, la population rurale vit encore dans la forêt, expliquant la famine qui sévit à Kindu. Une forte présence militaire de l'APR, des troupes de l'UNITA , parlant le portugais et étant très agressives, sans pitié et à la gâchette facile, et de l'armée du RCD y est concentrée- Plusieurs centaines d'éléments de l'Autodéfense Populaire ont été recrutés dans la ville de Kindu et ses environs pour parer aux attaques de bandes armées.

Dans l'arrière province, il existe insécurité grandissante et sans précédent. Une bonne parte de la population du Maniema qui, à plus de 90%, vit de l'agriculture, n'accède pas à ses champs (source locale, 26102102).

- Le Réseau des Associations de Défense des Droits de l'Homme du SudManiema émet un signal de détresse suite à l'augmentation des tracasseries et de l'injustice. Nous déplorons surtout le fait que les actes sont commis sans honte ni remords. Il y a un danger pour la population obligée de supporter la répétition de la criminalité. Qu'est-ce que l'élevage de la population a fait pour être volé, raflé, extorqué par les hommes en uniforme, de jour comme de nuit, lors des convocations, de l'exécution des mandats d'amener, des descentes des'commissions d'enquête'? Les chèvres ne respirent plus (!) et cessent dès lors d'être un bien économique parce que pourchassées et capturées par les militaires sans titre ni droit. Les militaires deviennent des éleveurs, vendeurs et surtout premiers consommateurs des chèvres qu'ils se procurent par des voies malhonnêtes.. Les militaires obligent par la force les propriétaires de vélos à changer de direction ou à aller au-delà de leur destination, Ces mêmes militaires vont jusqu'à saisir illégalement les panneaux solaires sous prétexte qu'il y aurait des plaignants de panneaux perdus et qui n'ont jamais été retrouvés.

Y y a multitude d'arrestations arbitraires, sans document, sans plaignant, par abus de pouvoir, sur trafic d'influence, ainsi que détournements de la force publique à des fins privées, suivis de tortures et exécutons sommaires et extrajudiciaires. La faute n'est plus personnelle, mais familiale, collective... pour pouvoir voler davantage de chèvres. La justice est devenue une marchandise, la raison appartient au plus offrant, et les autorités ne tranchent plus parce que les conflits deviennent source d'enrichissement

Plutôt que la présence des hommes en uniforme soulage, elle insécurise. Le coût de la vie est devenu très cher à Kasongo, car les vélos sont pourchassés parles militaires. Alors, c'est la famine. (Sans doute estce comme à Kisangani où une parte importante des vivres est transportée à vélo). Ainsi, même si les armes se sont tues, il n'y a plus de paix durable, il y a le bruit des bottes. (Radhosma, Kasongo, 30101102)

Nord-Kivu

- Une marche populaire de protestation organisée le 1512 àGoma pour réclamer le départ des Rwandais a bravé les hommes en armes du RCD-APR. La population a exprimé à cette occasion, son ras-le-bol face aux manoeuvres du RCD, manipulé par le Rwanda, pour empêcher le retour de la paix en RDC. La mauvaise foi du RCD a été perçue lors de la première rencontre d'Abuja à laquelle il a refusé de prendre part, puis à Genève où il s'est réservé de participer aux travaux en se contentant d'un rôle d'observateur,

Sud-Kivu 15. Au Sud-Kivu , la population commence à se fatiguer et à être moins enthousiaste à l'égard du Dialogue Intercongolais (DIC) à cause du spectacle déplorable que les politiciens et les apprentis/faux rebelles congolais offrent à Sun City. Pendant qu'ils gesticulent, les occupants rwandais affûtent leurs armes et préparent de nouvelles offensives. En effet, depuis le 27102, plusieurs centaines de nouvelles troupes rwandaises débarquent à Bukavu et se positionnent dans les villages, à Walungu. à Bunyakiri et à Uvira et à Kavumu, alors que le DIC a commencé. Les soldats congolais du Rcd ont été chassés du Camp Saio, à Bukavu, par les rwandais de l'APR qui s'y sont installés. Depuis 2 semaines, les soldats RCD/APR s'adonnent à des pillages généralisés dans les villages de Walungu à partir de Kamisimbi jusque Burhale, sur une distance de 70 km, à partir de Bukavu. Sous prétexte de venir déloger les MayiMayi (le Groupe'Mudundu 40" qui s'était mis en accord avec l'APR pour traquer les 1 nterahamwe), ces troupes attaquent les villageois, maison par maison, et pillent tout ce qu'ils trouvent, Il y a 3 semaines, des Interaharnwe avaient attaqué la localité de Kanîola. Le lendemain, les APR ont quitté le centre de Walungu pour laisser arriver les 'Mudundu 40' afin qu'ils aident déloger les Interahamwe à Kaniola. Le RCD a alors annoncé que les 'M 40' avaient pris Walungu et qu'il allait les chasser. Le RCD et l'APR ont envoyé plusieurs centaines d'hommes qui ont commencé à piller les villages avant d'arriver là où se trouvaient les M40, à Mugogo et à Walungu-centre. Entre temps, les M40 se sont retirés pour regagner leurs anciennes bases de Mushinga, Burhale, Butuza et Chiherano, sans qu'il y ait eu affrontement avec les soldats RCD/APR. Les APR ne les ont plus attaqués en vertu d'obscurs accords dont les paysans paient les conséquences,

Tous les villages le long de la route Bukavu - Burhale. à partir de Kamisimbi, ont été le théâtre d'intenses fusillades des soldats du RCD/APR : des fusillades inutiles car les 'M 40' n'y étaient pas du tout. En tout cas des fusillades pour faire fuir la population afin de piller. Les villages Mugogo, Bideka, Kahcmbarhi, Chahi, Makwale, Nshesha, Burhale, Ca-gala, Cibarhama, Ngando, Kaniola, l'hôpital général FSKi/Walungu les écoles et les centres de négoces ont été entièrement saccagés. Au camp des Infirmiers de l'hôpital de Walungu, les soldats RCD/APR ont vidé toutes les maisons: bétail, ustensiles de cuisine, vêtements, argent,.. .. Les casseroles et assiettes qu'ils ne pouvaient pas prendre ont été détruites à la crosse des fusils ou par les coups de pied. A Mugogo et Bideka, les soldats enterraient des biens qu'ils prenaient pour revenir quelques Jours après les récupérer. A l'hôpital, ils ont vidé la pharmacie et les bureaux, détruisant quelques équipements. Les malades n'ont pas été épargnés, sur leurs lits; ils ont été dévalisés. Dans les villages de Nshesha, Makwale et Cibarhama, après avoir mangé la nourriture trouvée dans les maisons, les soldats déposaient leurs cacas dans les casseroles et assiettes dans lesquelles ils avaient mangé.

A Mugogo, ils ont tiré sur deux fillettes de 11 et 12 ans qui rentraient de l'école : une a été tué sur le champ et la seconde est grièvement blessée; elle a encore la balle dans l'épaule.

Beaucoup de femmes et de filles ont été violées : des viols collectifs, notamment, Même des vieilles de plus de 60 ans n'ont pas été épargnées, ainsi que des fillettes de moins de 10 ans, On a enregistré 14 viols à Kaniola, 6 à Mugogo, 9 à Walungu et plus de 20 cas à Burhale. Les opérations de vols, viols et pillages se poursuivent dans ces différents villages au cours de cette semaine.

Curieusement, pendant que ces crimes se commettaient dans ces villages, les autorités du RCD à Bukavu n'ont pas daigné faire la moindre condamnation. Au contraire, elles ont lancé des communiqués à la RTNC selon lesquels les populations de Walungu étaient de mèche avec les Mai-Mai'.

Les écoles sont toutes formées depuis le mois dernier dans ces villages car beaucoup de familles ont fui, se réfugiant ailleurs, en ville de Bukavu ou dans la brousse où elles dorment à la belle étoile. Les centres de santé sont également fermés: certains ont été pillés et saccagés- Les paroisses catholiques de Burhale, Kaniola, Mugogo et Mubumbano viennent également d'être fermées. Les prêtres se sont réfugiés à Bukavu et toutes ces missions ont été pillées de nouveau.

A Bukavu. la situation n'est pas meilleure; l'insécurité s'amplifie. En quatre jours, 3 personnes viennent d'être tuées dans les communes de Kadutu et lbanda. Bukavu enregistre une dizaine dattaques d'habitations par mois, aussi bien dans les communes non éclairées de Kadutu et Bagira que dans la commune d'Ibanda. Au courant de ce week-end, des hommes armés en uniforme ont attaqué les résidences de l'inspecteur de l'enseignement catholique, de Mlle Mathilde Muhindo (directrice Centre Olame qui avait dénoncé les violations des droits de l'homme en présence du ministre Louis Michel) et d'une parcelle à Muhungu.

Les catastrophes se succèdent à Bukavu. Le RCD n'a pas bouché un seul petit trou de la voirie, il n'a refait aucune canalisation d'eaux. Par contre, il a vendu des parcelles à construire partout, aux endroits qui n'étaient pas appropriés. Aujourd'hui, la commune populeuse de Kadutu (plus de 300. 000 habitants) n'est plus accessible par véhicule.

Les agents de la Regideso l'eau sont toujours en grève: ce qui cause un réel calvaire pour la population de la ville. Les gens soutiennent la grève de la Regideso dont les salaires n'ont pas été payés depuis plus de 10 mois alors qu'ils font plus de 200, 000 USD de recettes par mois que les dirigeants du RCD se partagent. Il n'y a même plus de produits de purification de l'eau depuis la semaine passée. Le courant électrique est devenu un luxe pour plus de 60 % de la population urbaine. Les autres fonctionnaires et agents de l'Etat et des sociétés para-étatiques n'ont pas eu de salaires depuis 1998. (source locale 05103102)

- Le 23102 vers 18h, à Kagunga-Kiliba. des FDD-Burundais ont tiré sur une Peugeot 404 GL en provenance de Kamanyola, 2 personnes ont été grièvement blessées et d'autres légèrement, après avoir dépouillé entièrement une autre camionnette marque Fuso en provenance de Bukavu. Le même jour de 10h à 14h, les militaires rwandais stationnés à Kavimvira et Kiliba-Centre ont échangé des tirs avec les Mai-Mai à Kiliba-Kavunga. Bilan: 8 morts civils.

Le 24102, des violents combats ont opposé les troupes Maï-Maï du général Lokole Madowadowa aux Forces Années Burundaises. à Mwayenga, dans la presqu'île d'Ubwari en territoire de Fizi, Après une relative accalmie d'environ 3 mois, la marine burundaise patrouille de nouveau sur le Lac Tanganvka et coule toute embarcation qui tente de traverser vers la Tanzanie voisine, De nombreux congolais tentent d'y fuire, D'après le HCR à Kigoma, 2000 Congolais y arrivent chaque semaine. (Shalom Congo, Uvira, 26102102)

- Le 18102, des hommes du RCD et des Rwandais ont lancé une attaque contre le commandant munyamulenge Masunzu. retranché avec plusieurs centaines d'hommes sur les hauts plateaux du SudKivu, Ancien chef de bataillon du RCD, il était depuis plusieurs semaines considéré comme "déserteur" par les autorités du RCD. Les combats ont provoqué le déplacement des populations des villages de Gaseke, Rutigita et Kumani. Le 1912, AFP annonçait la mort d'au moins 9 personnes, 6 militaires du RCD et 3 soldats de Masunzu. Ce dernier serait maintenant retranché vers la localité de Mumasha, dans les montagnes, à 4 jours de marche d'Uvira, (ANB-BlA, de sources diverses, 19102/02)

Une bataille sanglante vient en effet d'avoir lieu sur le plateau de Mulenge. L'hôpital général de Bukavu. l'hôpital militaire et celui de la 8.ème CEPAC à Panzi sont pleins de militaires rwandais et de Congolais. A voir tous ces blessés, il y a lieu de confirmer que les affrontements étaient sérieux. Malheureusement personne ne s'occupe des Congolais. Pour certains Congolais au Kivu, ce serait l'information comme quoi les Banyamulenge soutiendraient le retour du Mwami Kigeri au Rwanda qui aurait fait bouger Kagame, et non pas les inimitiés supposées avec les Banyamulenge. (source locale 21102102)

PROTESTATIONS CONTRE le RCD à BUKAVU (Sud-Kivu)

Le 11/04/02, une manifestation d'étudiants a été dispersée à par les autorités locales de la rébellion du RCD, soutenu par le Rwanda. Quelques centaines d'étudiants s'étaient regroupés dans le centre de Bukavu pour manifester en faveur de la paix et de l'aboutissement du DIC et contre la déclaration de Ruberwa du RCD rejetant en bloc les avancées enregistrées ces derniers jours à Sun City.

Depuis le 10/04, chaque jour à midi, les cloches des églises sonnent dans toute la ville et les habitants frappent sur des casseroles en signe de protestation contre les autorités du RCD

Le 12/4, l'église Catholique voulait organiser une journée de prière à l'occasion de la clôture officielle des travaux à Sun City. Tous les chrétiens, habillés en vêtements blancs, devaient partir de leurs paroisses respectives, en procession, pour se rendre à la Cathédrale. A partir de 10 h, une messe serait célébrée pour la paix et à 12 h, les cloches de la Cathédrale et celles de toutes les paroisses sonneraient pendant 10 min. A ce moment-là aussi, dans tous les quartiers et à travers toute la ville, les sons de cloches, les klaxons de voiture, les tintements des casseroles et autres ustensiles seraient entendus aux cris: "Nous voulons la Paix, nous exigeons la Paix".

Toutes les autres confessions religieuses et églises avaient été contactées et avaient accepté de mobiliser leurs fidèles. La Monuc avait également été officiellement informée par les autorités du Diocèse pour qu'ils observent afin de savoir d'où pourraient venir, éventuellement, des troubles.

Mais le 11/04 dans l'après-midi, les autorités du RCD ont diffusé un communiqué interdisant la messe, arguant qu'elles n'avaient pas été contactées. Les responsables diocésains sont allés les voir pour leur remettre le programme, et leur expliquer comment les manifestations allaient se tenir. A l'issue de la rencontre, le Maire de la ville, Roger Safari, et le Vice-Gouverneur Mundjo Muzenze ont déclaré qu'il n'y avait pas d'inconvénient à ce que la messe ait lieu et que l'église pouvait réaliser son programme comme prévu. Tard dans la nuit, le Commandant Chuma Balumisa est passé à la radio pour menacer l'église catholique, en citant nommément les noms de certains abbés et de Mgr Maroyi. Il a dit qu'il allait arrêter et sévir contre toute personne qui irait à la messe.

Le 12/04 , à partir de 6 heures, les soldats ont investi toutes les paroisses et toutes les entrées menant à la Cathédrale. Le Maire de la ville et le ViceGouverneur, contactés, ont déclaré ne rien y comprendre, car cela était contraire aux décisions prises dans leur 'conseil de sécurité'. De toutes les autorités contactées, c'est le ViceGouverneur Serukîza qui tient la tête et qui refuse que les messes aient lieu; il donne comme raison le fait que les travaux du DIC sont prolongés pour une semaine!

Là-dessus, l'église a demandé aux chrétiens de ne plus venir à la Cathédrale, mais de célébrer la messe dans leurs paroisses respectives, à partir de 10 h.

Malheureusement, toutes les paroisses sont encerclées par des policiers et soldats congolais désarmés mais munis de bâtons, et sous les ordres d'un ou de plusieurs Rwandais bien armés qui téléphonent directement aux autorités quand on essaie de forcer le barrage en passant à pied. Il en est de même des Instituts d'enseignement supérieur et de principales artères de la ville.

- A la paroisse de Cahi, les chrétiens ont été frappés par les soldats à l'intérieur même de l'église: des dizaines de blessés, d'autres ont été poursuivis jusque dans les quartiers afin qu'ils ne s'approchent pas de l'église. Les soldats se sont mis à injurier les prêtres et à frapper, à coup de bâtons, la statue qui se trouve devant l'église et les portes des chambres des prêtres.

- A là Cathédrale, les prêtres qui se rendaient à l'église pour débuter la messe, à 9 h 30, ont été bloqués à l'entrée, par les soldats qui se sont mis à leur asséner des coups de bâtons. Deux prêtres, dont le Père Chaptal (belge), ont été sérieusement molestés, frappés sur la tête et au dos; deux personnes sont blessés à la tête, dont une fille de 14 ans et un homme de 57 ans.

- A la Paroisse Mater Dei de Muhungu, les soldats sont venus chasser les chrétiens de l'église, à coups de bâtons et des tirs au fusil. Une centaine d'enfants de 8 à 12 ans qui se dirigeaient à l'église, en chantant «tunaomba amani» (nous demandons la paix) ont été intercepté par les soldats de l'APR habillés en policier et quelques congolais; ils se sont mis à genoux devant les militaires qui leur intimaient ordre de rentrer chez eux. Alors les soldats ont commencé à les piétiner, à leur asséner des coups de pieds. Les enfants continuaient à crier «Amani, amani!».

- A Nyawera, des écoliers viennent d'être dispersés par une colonne des soldats rwandais, au moyen des tirs et de gaz lacrymogène.

Toute la ville est en ébullition. La population condamne le RCD et soutient la proposition du Président Thabo Mbeki et Joseph Kabila, comme Président de la RDC. Un texte est en train de circuler, appelant au soulèvement général jusqu'au départ des troupes rwandaises. Ce texte demande aux gens du RCD présents à Sun City de s'y constituer déjà réfugiés, et à leurs familles restées à Bukavu de traverser pour aller rester à Kigali.

La population est excédée par les tergiversations et les intrigues du RCD. La semaine passée, Joseph Mudumbi du RCD a déclaré à une conférence de presse à Bukavu: "si Kabila ne lâche pas la Présidence, nous allons prendre le pouvoir par les armes. Nous avons déjà nos hommes au-delà de Kikwit et à la porte de Kinshasa". Les gens qui assistaient à la conférence ont commencé à le huer et à lui crier "traître, traître". Alors, il les a menacé en disant: "vous ne savez pas que je peux vous faire arrêter tous?".

Si le Dialogue échoue, il faut craindre cette fois-ci le pire à Bukavu et au Sud-Kivu. On sent de la grogne dans les rangs des soldats congolais du RCD, mais aussi du côté des combattants Mayi-Mayi et de toute la population. Tous sont déterminés à exiger le départ des rwandais et la fin de l'occupation.

La population soutient que c'est Joseph Kabila qui doit rester Président de la République pendant la transition. Ceux qui pensent qu'il faut l'enlever n'ont qu'à laisser faire, par l'ONU, un référendum. Ce ne sont pas les quelques 300 personnes, dont des criminels parmi elles, encore moins les rebelles par procuration, qui vont donner la légitimité. Qu'ils laissent le peuple aller librement aux élections et désigner les dirigeants légitimes. (sources locales 12/04/02)