Introduction
"L'Économie et le Règne de Dieu" est un thème qui invite à la réflexion, et non seulement pour l'Église. Le défi de l'inclusion est le grand problème économique de nos jours. On admet généralement que non seulement nous faisons l'expérience de changements rapides, mais qu'il s'agit d'un changement majeur pour notre temps. Nous sommes à la veille d'un monde nouveau. Selon Peter Drucker, le gourou des gourous en Administration Commerciale, nous évoluons vers une société post-capitaliste, et le monde qui est en train de naître sera complètement différent de celui que nous connaissons. Personne ne sait vraiment ce qui advient.
Rétrospective
Pour avoir une claire compréhension de la situation actuelle, il nous faut comprendre qu'elle est la conséquence d'événements qui découlent de trois grandes révolutions économiques:
1. Révolution agricole - environ 10 000 ans avant Jésus-Christ,
jusqu'au 18è siècle
2. Révolution industrielle - 18è au 20è siècles
3. Révolution technologique - 1975-85 (après la crise
du pétrole), jusqu'à aujourd'hui.
Il y eut d'abord la révolution agricole, quelque 10 000ans avant
Jésus-Christ, alors qu'émergeaient les grandes religions.
Avant celle-ci, la terre était habitée par plusieurs populations
nomades (L'âge néolithique). On ne maîtrisait pas les
récoltes, n ne savait labourer la terre. Le contrôle de la
production des semences a amené des surplus, gérés
par les armées et les prêtres. La dîme a été
imposée, comme taxe sur les revenus. Les produits les meilleurs
étaient offerts au temple. C'était ce que l'on a appelé
des sociétés tributaires. La religion est le coeur des sociétés
agricoles. Les prêtres sont aussi physiciens, spécialistes
de la loi, etc. Le temple est le centre du pouvoir politique et civil.
Par contre, la vision cosmique dans les sociétés
post-modernes traditionnelles est différente. Le monde est constitué
du ciel et de la terre, et la terre est une image du ciel (Platon). Au
Moyen-Âge, Augustin a tenté de discuter sur la hiérarchie
des anges. Les Chrétiens soutiennent qu'il y a un seul Dieu en trois
personnes, sans hiérarchie. Cependant, on trouve une hiérarchie
chez les anges. Et ceci justifie donc la hiérarchie sur terre. Plusieurs
débats théologiques ont porté sur des problèmes
sociaux.
Au temps de la révolution industrielle, l'être humain a été menacé par la machine. La révolution technologique est survenue après deux crises du pétrole (1975-85), alors qu'on a dû chercher des technologies alternatives.
Situation actuelle
L'ordinateur personnel a été développé après 1985, mais est arrivé au Brésil en 1987 seulement. Après la révolution technologique, la préoccupation principale est le progrès technologique. Le pouvoir central du monde est le Marché. Les centres commerciaux sont devenus nos temples. Après la chute du socialisme, le Marché est devenu souverain. La théorie économique a pris la place de la théologie pour expliquer le sens de la vie. Hayek dit que la compréhension du Marché joue le même rôle que la théologie a joué pour Adam et Ève dans la compréhension du bien et du mal. La dynamique du Marché est auto-organisée, et auto-réglementée. Les économistes parlent d'une spiritualité du marché. La mondialisation crée l'interdépendance plutôt que la solidarité. Il y a actuellement un gigantesque marché financier. On a foi en ce système. "In God we trust" (Nous croyons en Dieu), dit le dollar américain.
Aujourd'hui, l'Organisation du Commerce Mondial (OCM) est l'un des principaux mécanismes de contrôle international. Et la grande menace du capitalisme, est le capitalisme lui-même. Le concept de travail a changé. Celui d'État national a changé. Les États ont perdu leur pouvoir d'intervention. Ce qui a pour conséquence également la perte de la souveraineté nationale.
On assiste à l'émergence de nouveaux phénomènes, comme le chômage (1) structurel, qui ne dépend pas des fluctuations économiques, et (2) le chômage de nature environnementale, qui dépend de la situation économique.
Les piliers qui portent principalement le capitalisme sont le marché, le respect de la propriété privée et l'observance des accords de vente. C'est pour cette raison que le gouvernement du Brésil met tant d'efforts à maintenir sa crédibilité sur le marché international, afin de maintenir l'apport en capital étranger.
Le grand problème, c'est que l'être humain existait avant le marché. Comment réparer un tel gâchis? Est-il possible de concilier solidarité et mondialisation? La solidarité peut vouloir dire, par exemple, assurer un revenu aux chômeurs, et taxer davantage les riches.
Une autre question importante est notre façon de consommer. La valeur humaine est mesurée par le niveau de consommation des gens. De là la concentration des revenus et d'exclusion social. Leonardo Boff, par exemple, propose un style de vie plus simple. L'être humain devrait pouvoir contrôler ses désirs et, en lui donnant un repos, permettre la régénération de la Nature. Il y a dépendant des crises inévitables. Mais passer à travers des périodes de crises dans une communauté aimante qui offre du support est très différent d'essayer de survivre dans une société cynique et agressive.
Le système peut-il faire face à tant d'exclus? Le tissu social pourrait se déchirer. La Banque Mondiale elle-même (qui, par ailleurs, perd son importance sur la scène internationale) est préoccupée par ce problème.
Conclusion
Les Dix Commandements restent, pour nous chrétiens, notre principale ligne de conduite. Notre point de départ pourrait être le cinquième commandement. "Tu ne tueras pas" doit être compris d'abord dans son sens positif de préserver la vie, et tous les autres commandements devraient être compris dans cette perspective de maintenir la vie avec solidarité et espoir.
Enfin, même dans tes notes, on trouve un fatalisme supposant que devant la force du marché, on ne peut rien faire pour donner un visage plus humain à la société. Je suis à lire un livre sur la spéculation du capital, où l'auteur soutient que c'est exactement l'attitude que les spéculateurs voudraient nous voir adopter. Vers la fin du livre, il esquisse quelques réponses pratiques. Si je le trouve valables, je te le laisserai savoir.
Tu noteras que j'utilise le mot Kin-dom, une tentative d'être non-hiérarchique mais, plus important encore, d'insister sur l'invitation de Dieu à être un avec Lui/Elle. Comme tu sais sans doute, "kin" signifie parents et amis. "Thy Kin-dom come".
Amitiés,
Bob.