**CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE **__**1875**__ **10. 01. 1875. B 18/11. 2. 76 (inv. 221. 76). Ses parents** Bien chers parents, J'ai reçu la somme que vous m'avez envoyée et je vous en remercie. J'ai le plus vif désir d'aller passer quelques jours avec vous, et aussitôt que je pourrai disposer d'une semaine, je le ferai. Je n'ai pas encore de chapelain pour le Patronage, mais j'espère en avoir un bientôt. J'ai en vue un jeune prêtre très déisreux de venir ici et bien apte à ce genre d'oeuvre. La difficulté sera d'obtenir de Monseigneur qu'il me le donne, à cause du manque de prêtres pour les paroisses. Je n'ai rien vu chez Mr Prudhomme qui vaille vraiment la peine d'être acheté. Je n'ai plus guère de bas, vous faites bien de m'en envoyer. Vous pouvez vous servir du livre d'Amélie pour enseigner agréablement l'histoire sainte aux enfants. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout coeur. Votre dévoué fils L. Dehon. **19. 01. 1875. B 18/10. 21 (inv. 219. 21). Palustre **(copie manuscrite du P. Dehon) ... Pour moi, je continue mon modeste ministère, trop absorbé par la besogne matérielle. Je suis en même temps vicaire, directeur d'une grande oeuvre ouvrière et aumônier d'un couvent. J'attends toujours que Mgr me donne un aide. J'aurais plus de goût pour l'enseignement supérieur, qui doit avoir une si grande part dans la rénovation de notre pays. On voulait m'avoir à Lille au mois d'octobre dernier. J'ai jugé prudent d'attendre le vote de la loi. Je ne vois pas ce que l'avenir me réserve. En attendant je me dévoue à mon humble besogne. J'espère que le temps de l'étude et du recueillement reviendra pour moi. En ce moment, je ne m'appartiens pas. Je suis le serviteur de tous et un serviteur dont on use largement. Les difficultés et les épreuves ne me manquent pas. J'en cherche le remède dans la prière. Recommande-moi aux prières de Mr Dupont et de sa Confrérie de la Ste Face. **25. 01. 1875. B 18/11. 2. 77 (inv. 2****2****1****1. 77). Ses parents** Bien chers parents, Voici une bonne nouvelle: j'aurai à Pâques un chapelain pour le Patronage. J'ai demandé à Monseigneur un jeune prêtre fort zélé et très désireux d'avoir ce poste. Ce jeune prêtre est actuellement professeur à l'institution St Charles de Chauny. Monseigneur me l'accorde très volontiers. Il est juste qu'il continue sa classe jusqu'aux vacances de Pâques, pour donner à son directeur le temps de lui chercher un successeur. Il me rendra de grands services et me soulagera bien dans ma besogne qui devient trop lourde pour mes épaules. Je ne compte pas aller vous voir avant le carême. Je suis obligé de préparer des fêtes pour la semaine prochaine et pour les jours gras. Les progrès de l'oeuvre me consolent de mes fatigues. Nos jeunes gens augmentent toujours en nombre et en sagesse. Il faut aussi que je prépare une assemblée diocésaine qui se tiendra vers Pâques pour stimuler tous ceux qui sont à même de créer dans le diocèse des associations de jeunes gens et d'hommes. Soignez tous votre santé. La mienne se conserve bien. J'ai reçu exactement la petite caisse. Merci pour vos bonnes poires. Je vous embrasse de tout coeur et vous prie d'embrasser pour moi Henri, Laure et les enfants. Votre dévoué fils L. Dehon, vic. **29. 01. 1875. ****B 36/2d.20 (inv. 629.20). P. Freyd [****B 36/2a. 20 (inv. 626. 20). **(copie dactylogr.)]] Très révérend Père, Je suis bien en retard pour vous répondre. Mes occupations n'en sont pas les seules la cause. Il faut que je vous avoue que je ne savais pas trop quoi vous dire. La solution que vous me proposez me rendrait bien heureux, mais n'est-il pas impossible que je quitte si tôt St Quentin? Je n'aurai un aide au Patronage qu'à Pâques. C'est un jeune prêtre de notre diocèse, qui est actuellement professeur dans une institution. Les ressources que j'avais en vue pour son traitement me manqueront en partie par la faute de notre archiprêtre. Il faut que je reste pour y pourvoir. J'arriverai avec le temps à organiser cela. Je suis encore nécessaire pour la bonne marche de l'oeuvre. Elle compte encore vingt cinq mille francs de dettes. Sans moi la gêne commencerait de suite et peut-être bientôt la ruine. Si je reste nous paierons cela et nous agrandirons encore l'oeuvre qui devient beaucoup trop petite et qui compte déjà quatre cents membres. Bien que je ne sois pas aussi directement mêlé à notre journal catholique, je suis également nécessaire pour qu'il ne croule pas bientôt. Notre ville manque absolument d'hommes. Nos Franciscaines ont aussi bien besoin de moi. En les quittant je craindrais à la fois pour l'ordre intérieur et pour les finances de la maison, dont la situation demande une grande vigilance. Je compose presque à moi seul le Bureau diocésain des oeuvres ouvrières, bien que je n'aie que le titre de sécrétaire. Je suis en correspondance avec tout notre clergé et je prépare une assemblée diocésaine qui se tiendra vers Pâques. Pour la paroisse aussi on compte un peu sur moi. Mr Mathieu, le vicaire le plus influent, qui doit quitter bientôt, vient de faire une maladie pendant laquelle une bonne partie de sa "clientèle" s'est adressée à moi. L'évêché me témoigne une confiance absolue. Pour le Bureau diocésain, j'ai fait une circulaire, Mgr l'a signée et l'a envoyée au clergé. Est-il possible de quitter dans de pareilles conditions? Ce ne sont pas les honneurs à espérer qui me retiennent, ils sont du reste plus que compensés par bien des épreuves. C'est seulement le bien à faire. J'ajouterai que j'ai fort à redouter le climat de Rome et que je serais pour le moment le plus piètre répétiteur après plus de trois ans passés sans presque étudier la théologie. Notre diocèse est un des plus déshérités. Voilà, mon bien cher Père, des choses que j'aurais voulu ne pas avoir à vous écrire. Je sais bien que le Séminaire français est l'oeuvre par excellence mais là-bas on pourra se passer de moi, et ici? Je sais bien aussi qu'avec la vie religieuse je commettrais moins de fautes et j'avancerais bien vite dans la perfection, mais le bon Dieu ne me pardonnera-t-il pas les imperfections que j'aurai gardées en restant sur la brèche du ministère paroissial pour y faire plus de bien? Tout cela, mon cher Père, ce ne sont pas des résolutions arrêtées, c'est un plaidoyer que je mets sous vos yeux et que je vous prie de bien peser et examiner. Vous me direz ensuite ce que vous en pensez. Un de nos industriels, fabriquant de broderies et président du comité des Oeuvres Ouvrières veut m'emmener à Rome à la fin du carême. Il a fait faire pour le Pape un rochet brodé qui est un chef d'oeuvre. Il veut le porter lui-même. Je ne pourrai pas à cause de mes oeuvres me payer ce voyage. Je vous le recommanderai. Il est ici à la tête des oeuvres catholiques. Je voudrais bien que le St Père le fît Chevalier de St Grégoire. Offrez l'hommage de ma reconnaissance au P. Brichet et au P. Daum. Je me recommande avec mes oeuvres à vos prières. Agréez l'assurance de mon filial dévouement. L. Dehon, vic. **11. 02. 1875. B 18/11. 2. 78 (inv. 2****2****1****1. 78). Ses parents** Bien chers parents, J'irai peut-être vous voir la semaine prochaine. Je me déciderai d'ici deux ou trois jours et je vous écrirai si je peux y aller. Ce qui m'arrêterait ce serait la besogne. Notre congrès diocésain des oeuvres aura lieu à Liesse les 10 et 11 mars. Les circulaires et programmes vont être envoyés aujourd'hui ou demain. J'ai à correspondre, à préparer des rapports. Nous enverrons mille invitations. Nous comptons avoir plus de cent personnes. Nous espérons avoir le P. Félix, Mr de Mun, Mr de La Tour du Pin et d'autres hommes éminents. Le temps presse pour préparer tout cela et je n'ai guère de loisirs. Je compte bien que papa et Henri seront de la réunion. La Providence n'abandonne pas nos oeuvres de St Quentin. Les Franciscaines ont recueilli depuis le 1er février environ quatre mille francs, le Patronage quinze cents. Nous ne rencontrons pas d'hostilité sérieuse. Il y a au contraire parmi nos Bienfaiteurs des noms qu'on est étonné d'y voir. Nous allons faire imprimer le compte-rendu annuel du Patronage. Envoyez-moi ma caisse. J'ai beaucoup de linge à blanchir. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout coeur. Votre dévoué fils L. Dehon. **20. 02. 1875. ****B 106/2 (inv. 1159.40) ****Semaine religieuse Soissons…, 20.02.1875, pp. 111-112** (Lettre d'invitation, signée du P. Hannus (Liesse) et de l'abbé Dehon, en vue du Congrès de Liesse - assemblée des œuvres catholiques du diocèse-, 10-11 mars 1875 ; lettre envoyée aux curés pour préparer l'assemblée, cf. NHV XI, 93sq) Monsieur, Plusieurs diocèses, et en particulier ceux de Cambrai et d'Arras voisins du nôtre, ont déjà tenu des réunions dans le but de généraliser les résultats des Congrès Catholiques qui ont eu lieu ces dernières années à Paris, à Nantes et à Lyon. Monseigneur l'Evêque de Soissons désire qu'une assemblée de ce genre se tienne prochainement à Notre-Dame de Liesse. Notre diocèse ne possède pas jusqu'à présent beaucoup d'œuvres, mais les réponses faites au Questionnaire du Bureau diocésain montrent que le clergé a compris la nécessité des Associations catholiques dans les conjonctures critiques que traverse en ce moment la société chrétienne. L'élan est donné, bien des œuvres vont surgir. Il importe donc qu'une réunion prochaine entretienne ces bonnes volontés et les stimule par le récit des résultats obtenus. Le Bureau diocésain, pour répondre au désir de Monseigneur, prend l'initiative de cette réunion, de laquelle nous espérons de si heureux fruits. Elle se tiendra à Notre-Dame de Liesse, les 10 et 11 Mars prochain. Nous vous proposons dès aujourd'hui le Programme des Questions qui doivent y être traitées, mais il pourra subir des modifications partielles. Monseigneur veut bien déléguer un de MM. les vicaires généraux pour présider l'assemblée en son nom. Nous demanderons le concours des membres du Bureau central de l'Union des Œuvres Ouvrières, du Comité de l'Oeuvre des Cercles Catholiques, dans lequel notre département est si bien représenté, et de l'apôtre de l'usine chrétienne, M. Léon Harmel, filateur au Val-des-Bois, près Reims. Un des principaux résultats de cette réunion sera d'encourager les œuvres des campagnes, plus difficiles peut-être, mais non moins nécessaires que dans les villes. L'esprit chrétien et la pratique religieuse se perdent dans nos campagnes, la corruption des villes y a pénétré. Des Associations chrétiennes y ramèneront la foi avec les convictions sérieuses et l'énergie du devoir. Nous savons par les correspondances de plusieurs prêtres zélés, que des résultats ont été obtenus dans certaines paroisses rurales qui paraissaient d'abord offrir peu de ressources pour l'établissement de ces Œuvres. La question de l'usine donnera à cette assemblée un grand intérêt. L'industrie nous envahit : faudra-t-il nécessairement acheter ses avantages matériels au prix de la démoralisation de nos populations ouvrières ? Non, l'usine chrétienne n'est pas un rêve irréalisable ; nous en avons des types admirables où, grâce à un ensemble d'œuvres et d'institutions diverses, on a pu faire revivre la vigueur de la foi chrétienne, les coutumes des familles les plus honorables, et avec le bonheur du devoir accompli, l'esprit d'ordre et d'économie qui assure la prospérité de l'avenir. Penser à supprimer l'usine serait une utopie ridicule ; il faut christianiser l'usine. Notre réunion diocésaine fera appel à tous les industriels pour les engager à prendre les moyens qui ont abouti ailleurs à de si merveilleux résultats. Nous vous prions instamment, Monsieur, de faire part de notre projet à ceux de vos amis ecclésiastiques ou laïcs qui s'intéressent à ces œuvres multiples et qui veulent y contribuer par leur action, par leur influence, ou par leurs souscriptions. //Pour le Bureau diocésain// J.B. Hannus, S.J. L. Dehon, Vic. ======Février 1875. B 106/2 (inv. 1159.41) Semaine religieuse de Soissons, 06.03.1875, pp. 143-144====== =====Nous recevons pour l’assemblée de Notre-Dame de Liesse les adhésions les plus encourageantes.===== Mgr de Ségur nous écrit : « Malgré toutes mes occupations, je me décide à aller moi-même, avec deux de nos collègues adjoints, représenter le Bureau central à l'Assemblée de Liesse. Je tâcherai de vous arriver dès le mardi soir pour assister aux deux journées du mercredi et du jeudi… ». Nous comptons aussi sur la présence de l'éloquent et sympathique orateur de l'œuvre des Cercles, M. le capitaine Albert de Mun, et de M. le chef de bataillon de Parseval (cf. ici note dans la Semaine religieuse), que nous nous rappelons avoir vu, en 1873, conduire, avec tant de dévouement, au pèlerinage de Notre-Dame de Liesse, les nombreux mineurs de Béthune au costume si pittoresque. M. le Préfet a exprimé sa vive sympathie pour cette réunion, et il espère pouvoir s'y rendre au moins le second jour. Il faut que notre diocèse réponde dignement à la confiance qui lui est témoignée. Tous les hommes dévoués à la religion et à la classe ouvrière voudront chercher dans cette assemblée les moyens de mettre en œuvre leur zèle et de le rendre fécond. MM. les Curés, ce nous semble, n'hésiteront pas à sacrifier, s'il le faut, un salut de carême pour une assemblée aussi importante. Leurs paroissiens seront plus édifiés qu'étonnés. Nous rappelons qu'il est important, pour le bon ordre de la réunion, que les adhésions soient envoyées d'avance. Pour le Bureau diocésain,le Secrétaire : L. Dehon. **08. 03. 1875. B 36. 2d. 21 (inv. 629. 2****1****&****). P. ****Eschbach (****Brichet****?)****?)** Mon révérend Père, L'Univers de ce matin nous apporte une affreuse nouvelle. Nous avons perdu le bon P. Freyd. C'est pour moi un coup terrible. Je ne sais pas si aucune perte aurait pu m'être plus sensible. Quel vide pour le Séminaire français et pour tous les anciens élèves qui étaient encore dirigés de loin par le P. Freyd! Toute la ville de Rome doit en être affectée: il était si aimé et si vénéré! Si le St Père l'avait pu il serait allé le voir à ses derniers moments. Vous enverrez sans doute, mon révérend Père, une circulaire aux anciens élèves pour nous donner des détails de sa mort. Pour moi j'attends de vous une lettre particulière. Le P. Freyd devait m'écrire depuis quelques semaines. Il vous a sans doute communiqué sa pensée à mon égard. Tout ce que vous pourrez m'en dire me sera extrêmement précieux. Je le regardais encore comme mon directeur depuis ma sortie du Séminaire. Je me trouve maintenant pour ainsi dire sans boussole. Ayez la bonté de m'écrire longuement quand vous serez un peu sorti de la besogne imprévue que ce malheur va vous donner. Je vous prie d'agréer et d'offrir au Rév. P. Daum l'hommage de mon respectueux dévouement. L. Dehon **10. 04. 1875. ****B 36/2d.22 (inv. 629.22). P. Brichet [****B 36****/****.**** 2a. 22 (inv. 626. 22). **(copie dactylogr.)]] Mon révérend Père, Vous avez eu une excellente idée de faire appel à la générosité des anciens élèves pour l'érection d'un monument à la mémoire du P. Freyd. Je vous envoie aujourd'hui une modique offrande que je pourrai renouveler dans quelque temps si cela est nécessaire. Le petit portrait que j'ai reçu m'a fait le plus grand plaisir. Il ne quittera pas mon bureau et il sera toujours pour moi un enseignement précieux. J'ai appris par le Messager de St Joseph la nomination du P. Eschbach, il continuera les traditions du P. Freyd. Nous avons été ici aussi très éprouvés. Notre digne archiprêtre est mort le lundi de Pâques après huit jours seulement de maladie. C'est une grande perte. Il n'y avait qu'une voix sur sa sainteté. C'était un ancien supérieur du Grand Séminaire. Ses obsèques ont été comme un triomphe. Il y avait deux cents prêtres et une foule immense de fidèles. Nous sommes maintenant dans l'attente d'une nomination. Il y aura des changements importants dans le clergé de la paroisse. J'espère ne pas rencontrer dans ces changements de difficultés nouvelles pour bien asseoir les oeuvres que j'ai commencées. Ces oeuvres d'ailleurs me retiendront encore ici assez longtemps. J'ai reçu dernièrement des nouvelles du P. Dugas qui soigne sa santé à Alger. Il est très peiné d'être réduit à l'inaction. La mort du P. Freyd lui a été aussi bien sensible. Je vous prie, mon révérend Père, de présenter mes affectueux hommages au R. P. Eschbach et au R. P. Daum et d'agréer l'assurance de mon filial dévouement. L. Dehon. **13. 04. 1875. B 18/11. 2. 79 (inv. 221. 79). Son père** Bien cher père, La pensée de t'écrire m'occupait continuellement depuis trois jours et je ne suis pas encore parvenu à la mettre à exécution. Je tenais cependant bien à te souhaiter une bonne fête. Il vaut mieux tard que jamais. Je t'adresse donc aujourd'hui mes voeux les plus ardents pour ton bonheur. Je souhaite que tu jouisses longtemps de la santé et de toutes les joies de la famille. Je souhaite surtout que le bon Dieu te comble de ses grâces et de ses bénédictions et te prépare une bienheureuse éternité. Nous savons maintenant que la nomination de M. Mathieu comme archiprêtre de St Quentin va nous arriver un de ces jours du ministère. Monseigneur a dit aussi qu'il allait réaliser ses projets de réorganisation du vicariat, conformément à ses anciennes promesses. Quand j'aurai quelque chose de plus positif, je vous le ferai connaître. M. Genty se retirera et habitera le presbytère avec M. Mathieu. On est généralement satisfait dans le ville de cette nomination qui commence à être connue, bien qu'elle ne soit pas encore officielle. Si Monseigneur réalise ses projets à mon égard, il ne rencontrera pas ici de difficultés. Mes confrères s'y attendent. Je suis un peu étonné que mes nièces aient oublié la Saint-Léon. Le Patronage m'a fait une fête superbe. Embrasse pour moi maman, Henri, Laure et les enfants. Je t'embrasse de tout coeur. Ton dévoué fils L. Dehon. **21. 04. 1875. B 18/11. 2. 80 (inv. 221. 80). Ses parents** Bien chers parents, J'ai reçu exactement votre envoi d'argent et je vous en remercie. J'espère apprendre bientôt que vous êtes délivrés de toute préoccupation pour vos bestiaux. Ne redoutez-vous pas les conséquences de la sécheresse? Bien que nous ayons vu Monseigneur ici hier et aujourd'hui, je n'ai aucune nouvelle bien importante à vous donner. On attend toujours que la nomination de Mr Mathieu revienne du ministère. Jusque là Monseigneur ne prendra pas de décision pour le vicariat. Nous avons eu depuis huit jours deux autres morts importantes, l'archiprêtre de Soissons, Mr Stocquelet, et un chanoine titulaire, Mr Delahaigne. Si leur mort avait précédé celle de Mr Gobaille, Mr Mathieu se serait trouvé nommé à Soissons. On sent bien que la Providence de Dieu ménage les événements pour arriver à des fins. Quand nous aurons pour St Quentin quelque chose de positif, je vous l'écrirai. On ne parle plus du mariage de Gabrielle Hacquard. Je suppose que c'était un bruit prématuré. Je ne sais pas si je vous ai jamais indiqué le prix des deux livres de piété que vous m'avez demandés, il y a quelques mois. Si je me souviens bien, ils ont coûté chacun 3f 25. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout mon coeur. Votre dévoué fils L. Dehon **24. 04. 1875. B 18/11. 2. 81 (inv. 221. 81). Ses parents** Bien chers parents, Je ne puis pas vous promettre d'aller à La Capelle au mois de mai. C'est probablement dans les premiers jours de mai qu'aura lieu l'installation de Mr Mathieu et je n'y pourrai pas manquer. J'aurai ensuite un voyage nécessaire à faire. J'irai à Paris pour l'assemblée générale des Cercles catholiques d'ouvriers du 18 au 22 mai. Choisissez donc votre jour sans vous inquiéter de moi. Si je me trouve libre au dernier moment, je m'y rendrai. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout coeur. Votre dévoué fils L. Dehon. **11. 05. 1875. B 18/11. 2. 82 (inv. 221. 82). Ses parents** Bien chers parents, Nous avons reçu ce matin seulement une lettre de Monseigneur qui me nomme second vicaire et me charge de la direction du vicariat. C'est une lourde charge pour laquelle il me faudra l'aide du Bon Dieu que vous demanderez pour moi. Nous verrons ce soir Monseigneur. Il passe ici en tournée de confirmation. J'ai bien regretté que papa et Henri se soient attardés à Marteville. J'espérais les voir à leur retour. Papa n'a pas pas pu me remettre d'argent. Cependant j'en ai besoin pour aller la semaine prochaine à Paris au Congrès des Cercles. Mon changement de chambre m'occasionnera un supplément de dépenses d'environ 600 francs, ce qui me gênera un peu pour toute l'année. J'ai repris le meuble de salon de Mr Gobaille pour 300 f (six fauteuils et six chaises). C'est simple, mais c'est très convenable. Ce sera en même temps un souvenir d'un saint prêtre. Le messager a dû vous remettre deux paquets de comptes-rendus de Liesse. Vous lirez cela avec intérêt. Vendez-les à nos amis au compte du Bureau diocésain. Je serai à Paris du 18 au 22. Je compte descendre chez l'abbé Désaire, vicaire à St Ambroise, 73 Boulvd Voltaire. Vous pouvez envoyer aux Franciscaines la petite fille dont vous me parlez, mais il faudrait pendant les premières années payer 200 francs de pension. Ce serait moins cher quand elle saurait travailler. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout coeur. Votre dévoué fils L. Dehon, 2è vic. **14. 05. 1875. B 18/11. 2. 83 (inv. 221. 83). Ses parents** Bien chers parents, J'ai reçu exactement vos envois d'argent et de linge et je vous en remercie. Le Conservateur vous tient au courant de nos fêtes. L'installation de Mr Mathieu a été un véritable triomphe. Pendant toute la cérémonie il avait à ses côtés ses deux premiers vicaires, M. Genty et moi. Le dîner officiel a été superbe. Mes confrères s'habituent au changement. M. Genty garde le titre de 1er vicaire, mais il habitera la cure. J'aurai ici la charge de diriger la communauté. J'espère voir papa à Paris. J'y serai du mardi à midi au samedi. Je garderai ma chambre encore au moins un mois jusqu'à ce que les restaurations du presbytère soient terminées. Je vous embrasse de tout coeur. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Votre dévoué fils L. Dehon **31. 05. 1875. B 18/11. 2. 84 (inv. 221. 84). Ses parents** Bien chers parents, Voici les renseignements que maman me demande. La pension se paie par trimestre. L'enfant n'a à fournir que le trousseau indiqué dans la note ci-jointe. Elle sera ensuite habillée aux frais de la maison. On peut l'amener à partir de samedi prochain. Je ne sais si je vous ai dit que nous préparions au Patronage une fête pour le 13. Mr le Préfet nous a promis d'y assister. Nous aurons aussi Mr le Commandant de la Tour du Pin. Nous dresserons une tente dans notre cour et nous comptons avoir beaucoup de monde. Je vous enverrai le programme. Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout coeur. Votre dévoué fils L. Dehon **29. 07. 1875. B 21/7. 2 (inv. 431. 12). Chanoine Hautcoeur** ** ** (//En lien avec une lettre de Hautcoeur, 25.07, inv. 431. 08, et une lettre de Mr Mathieu, non datée mais très proche de la précédente, inv. 431. 09, sur la relance de Lille)// Monsieur et très honoré confrère, Je suis moins apte que vous ne pensez à vous donner un concours sérieux. Une santé un peu fatiguée et quatre années passées dans le ministère et les oeuvres, sans loisirs pour l'étude, ne constituent pas une bonne préparation à l'enseignement supérieur. D'ailleurs je vois ici beaucoup de bien à faire, tant à St Quentin que dans l'ensemble du diocèse. J'ai des oeuvres entreprises et non encore achevées et j'ai l'espoir d'en fonder d'autres. Je n'ai toutefois qu'un désir, celui de faire la volonté de Dieu et voici, je crois, quel sera pour moi le moyen le plus sûr de la connaître. Je m'en remets complètement à vous pour négocier avec Mgr de Soissons. Ecrivez-lui ou faites-lui écrire, pour le prier de m'envoyer à Lille. Sa première réponse sera certainement un refus très bref. Insistez et tâchez de le déterminer. Je m'en rapporterai à sa décision. Je regrette de n'être pas libre lundi. J'aurais le plus grand plaisir à prendre part à votre réunion. Je vous prie d'agréer l'assurance de mon affectueux dévouement en N. S. L. Dehon, 2è vic. **21. 11. 1875. B 36/2d. 23 (inv. 62****9****6****. 23). P. Eschbach** Mon révérend Père, Les quelques mots que nous avons échangés à Paris m'ont fait croire que vous étiez au courant des intentions du P. Freyd à mon sujet. La dernière lettre que je reçus du bon P. Freyd est datée du 19 décembre 1874. Il concluait en me disant: "Venez ici dès que vous pourrez, vers Pâques, par exemple. Vous passeriez l'année avec nous et en octobre prochain vous iriez commencer votre noviciat...". En lui écrivant un peu plus tard, je lui exposai tout ce qui me retenait ici: les oeuvres commencées, les dettes de mon Patronage et ma position dans la paroisse. Il n'eut pas le temps de me répondre avant sa mort. Depuis lors les obstacles ont encore grandi et cependant j'ai un désir plus ardent que jamais de la vie religieuse. Je suis prêt à tout sacrifier pour l'obtenir. Voici en somme les difficultés qui m'arrêtent et leur solution possible. Je suis maintenant second vicaire et presque premier, puisque le 1er a 77 ans et qu'il est en demi-retraite. Je suis directeur du vicariat où nous avons la vie commune et j'ai toute la confiance et l'affection de l'archiprêtre. Après moi viennent deux vicaires qu'il supporte avec peine et en qui il n'a nulle confiance. En quittant, je le laisserais en face d'eux. Il s'en tirerait comme il pourrait. J'ai fondé une association de prêtres (Oratoire diocésain), un Bureau diocésain d'oeuvres ouvrières, un couvent de Franciscaines, un journal catholique. Je crois que tout cela pourrait vivre sans moi. Voici la plus grave difficulté: pour mon Patronage et mon Cercle, j'ai acheté et construit un local de 80.000 francs, et il n'y a que 40.000 francs de payés. La solution serait que la congrégation voulût reprendre l'oeuvre et y consacrer, pendant quelques années, outre les ressources de la ville, qui produiront toujours de 4 à 5 mille francs par an, les quatre mille francs de rente que me donne mon père. L'oeuvre donnerait des vocations à la congrégation qui n'a pas encore de maison dans le nord de la France. Il y a déjà à l'oeuvre un commencement d'orphelinat et d'école apostolique. Je crois que le P. Limbour, que j'ai vu à Beauvais, réussirait bien ici. Je vous prie, mon révérend Père, de me donner bientôt votre avis sur tout cela et de préparer les voies, s'il y a lieu, à Paris. Je puis faire dans mon diocèse un grand bien mais les embarras du ministère me tiennent à cent lieues de la ferveur où j'étais au Séminaire et je voudrais la retrouver dans la vie religieuse. J'attends avec empressement vos bons conseils. Mes affectueux respects au Rév. P. Brichet et au Rév. P. Daum. Je vous prie d'agréer l'hommage de mon filial dévouement. L. Dehon.