**435.16** **AD B.21 /7a.3** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **De Mr Boute** //Hazebrouck ////2 ////X////bre//// ////1866// Mon bien cher Léon, Je me surprends souvent à me demander ce que vous devez penser de moi, en me voyant laisser tout un mois se passer sans vous répondre. Je finis par me persuader que votre bonté et votre indulgence, loin de m'accuser de négligence, attribuent ce re­tard à mes trop nombreuses occupations; et vous faites bien, car c'est l'exacte vérité. J'ai vivement regretté de ne pouvoir vous donner que quelques heures à ma dernière apparition à La Capelle; je désirais vous voir, j'avais deux jours à ma disposition pour faire ce long trajet aller et retour, je n'ai pas hésité; je vous ai vu, vous surtout que j'aimais tant à revoir, j'ai vu votre famille et je suis parti content. J'ai trouvé la fa­mille très bien disposée. à tel point qu'elle considère la chose comme déjà faite, parce qu'elle connaît votre fermeté de résolution. Quant à Mr votre père il s'y habitue peu à peu, ou plutôt, pour dire ce que j'en pense, il croit fermement, sans se l'avouer ni l'avouer aux autres, que vous ne changerez point de détermination. Seulement, il di­ra encore de temps à autre: c'est dommage, j'aurais voulu le voir embrasser une autre carrière; mais ses impressions changent selon les temps et les circonstances. Une fois que vous serez engagé dans les ordres sacrés, il en prendra facilement son parti et n'y pensera plus. J'appelle de tout mon cœur le jour où vous serez sous-diacre, pour vous et pour votre père. Quant à votre bonne mère, elle en a fait son sacrifice, et je suis convaincu qu'elle se dira un jour heureuse d'avoir un fils consacré à Dieu. Vous pensez très bien de ne plus retourner chez vous en habit laïc; cet habit pourrait nour­rir les dernières espérances de Mr Dehon. Quant à Henri, il vous regarde déjà comme engagé dans l'ordre sacerdotal; vous le surprendriez étonnamment si vous veniez à quitter les études ecclésiastiques, parce qu'il vous connaît homme à poursuivre avec persévérance et ténacité (heureuse vertu en maintes circonstances) ce que vous avez une fois entrepris, après mûre délibération. Sa femme partage ses sentiments. Arrivez-nous donc sous-diacre le plus tôt que vous pourrez. Je ne m'étonne pas que Mgr Dours, votre évêque, vous réclame déjà comme pro­fesseur ou vicaire de ses principales villes; mais, comme: vous dites fort bien: «videbi­mus infra»; ce n'est pas, en effet, ce qui doit vous occuper maintenant, mais de bon­nes et fortes études théologiques, et le reste viendra de soi. Que je vous dise maintenant un mot de notre établissement; il marche toujours au gré de nos désirs; nous avons 185 pensionnaires, nous en aurions davantage si nous pou­vions les loger; je ne compte pas les demi pensionnaires ni les externes, nombreux aussi. Nous avons l'intention de nous borner à 200,220 pensionnaires et pas plus; passé ce nombre, la surveillance devient trop difficile; nous ne voulons pas décliner. Mgr de Cam­brai est venu le ter comme l'an passé, nous faire une visite spéciale, et nous a fait l'hon­neur de dîner chez nous; il a été très gai et très charmant; nous avons toutes ses sympa­thies. Nous nous proposons au printemps de bâtir des classes, salles d'étude et quelques dortoirs, afin d'être définitivement casés. C'est là pour moi de la nouvelle besogne taillée en plein drap. Je demande à Dieu de vivre assez encore pour mener cette affaire à bonne fin et consolider l'œuvre à laquelle je me suis dévoué corps et âme. Mr le Principal, à qui j'ai communiqué votre lettre, et tous les messieurs que vous connaissez me prient de vous exprimer tous les sentiments de vivre sympathie, d'ami­tié et d'intérêt dont ils sont pénétrés pour vous. Cottigny fait son droit à Paris, Bie­swal à Douai, Michel... est à l'École Polytechnique, etc... Votre ami dévoué Boute Ptre Ici on ne sait ce qui va arriver à Rome et présentement on craint beaucoup. Les évêques de France font des mandements pour réclamer en faveur du St-Père les priè­res de leurs diocésains. Que va-t-il arriver? Dieu doit punir son Eglise...