**435.22** **AD B.21 /7a.3** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **De Mr Boute** //Hazebrouck 5 novembre 1868// Mon digne et cher abbé, Vous trouverez sous ce pli une billet de cent francs pour le Saint-Père, envoi de deux personnes pieuses de Hazebrouck, accompagné d'une longue liste de demandes plus ou moins singulières et impossibles, dont vous n'avez pas à tenir grand compte; seulement par le canal de Melle Rose, sœur de l'un des secrétaires du St-Père pour les lettres latines, vous pourriez, comme le pense Mr le Principal, obtenir la Bénédiction apostolique pour ces personnes, d'après une prière formulée par écrit par votre révérence même. Mr le Principal a beaucoup ri, comme vous le ferez vous-même sans doute, de l'étrange factum que je vous envoie. Il y a quelques jours, j'ai vu Mr Piettre père, il n'avait pas encore reçu de nouvelles de son fils; il est sans doute arrivé à bon port, malgré les tempêtes qui ont éclaté sur nos côtes. On attend de ses nouvelles avec impatience. Je passerai aujourd'hui chez ses parents pour m'en informer. Je recommande ce jeune homme à vos bons soins et excellente direction. Qu'il puisse un peu vous ressembler un jour, quoique de loin; car vous avez enchanté ici, mon cher abbé, tous ceux qui ont eu le plaisir de vous voir et édifié les bons paroissiens d'Hazebrouck par votre recueillement et votre piété; voilà ce qui vous a valu le fameux factum ci-inclus; on vous croit destiné à faire des miracles, mais pardon pour tout cela et parlons de vos bons parents. Sont-ils avec vous? Comment Mme Dehon a-t-elle supporté le voyage? Compte-t-elle rester à Ro­me jusqu'après Pâques? Il est toujours sérieusement question de mon voyage à Rome pour la Semaine sainte 1869. Mr le Principal en parle comme d'une affaire arrêtée; je ne m'y oppose pas, si Dieu me donne la santé et la force de faire ce voyage; je serais heureux d'assister à votre ordination, de m'y voir réuni avec votre famille et de reve­nir en France en leur compagnie. Je remets le tout entre les mains de Dieu; que votre pieuse mère lui demande pour moi la grâce de pouvoir visiter dans ma vieillesse les tombeaux des saints. Apôtres; et, Dieu me venant en aide, j'accours à vous aux pro­chaines Pâques. Mes respects à vos parents et mes amitiés à Mr Piettre. Mr le Princi­pal et tous ces messieurs se rappellent à votre bon souvenir. Madame Louis vous of­fre ses respects et vous demande une petite prière pour ses enfants et pour elle-même. Elle vous aime déjà comme son fils. Siméon est venu me voir après son voyage en Bel­gique et Hollande, enchanté de tout ce qu'il a vu. Il a dit à Mme Louis qu'il espérait aller aussi à Rome en même temps que moi, mais je doute beaucoup de la réalisation de son projet, mais comptez sur moi si le bon Dieu me donne la santé et la force ne­cessaires. Ce qui m'inquiète pour ce voyage, ce n'est pas la fatigue du corps dans son ensemble, ce sont mes mauvais pieds qui ne me permettent pas de faire longue route. Vous vous rappelez que je fus obligé... de me priver du plaisir de vous faire la con­duite jusqu'au chemin de fer, parce que je souffrais horriblement de mes cors et duril­lons. Néanmoins, je suis disposé à tout tenter pour vous voir à Rome, voir le Saint-­Père, le grand saint de nos jours; voir Rome, mais Rome catholique, plus volontiers que la Rome païenne, et aspirer son souffle vivifiant. Demandez donc aussi à Dieu de m'accorder cette faveur, et souvenez-vous de moi de temps en temps dans vos prières. Votre ami dévoué Boute Ptre P.S. Deux mots de votre main quand vous le pourrez. Dites-moi alors ce que vous avez pu faire pour ces deux personnes pieuses qui ont tant de confiance en vous.