**184.02**
**AD B.17/6.37.2**
Ms autogr. 4 p. (21 x 13)
**De l'abbé Poiblanc**
//Semur le 25 mai 1870//
//Fête de S. Grégoire VII//
Mon cher Secrétaire et Ami,
Je m'estime heureux qu'une circonstance me force en quelque sorte à ne pas remettre plus longtemps à vous écrire.
Ci-inclus huit francs en timbres-poste pour les coupons de rente de janvier et d'avril; j'ai encore entre (les) mains le coupon de juillet prochain. Mr Pineau, qui, je pense, est toujours trésorier et à qui vous voudrez bien présenter mes meilleurs sentiments, aura la bonté de vérifier si, avant de partir, j'avais laissé, comme il me semble, les 4 frs pour le coupon du 1 ° octobre dernier.
En réponse à votre appel de fonds, je vous envoie aussi ci-inclus 5 fr. Si c'est un capital que vous voulez former afin de pouvoir constituer un revenu de 100 fr par an, et que les offrandes ne suffisent (pas), vous n'aurez qu'à me le faire savoir j'augmenterai la mienne1.
Votre circulaire m'a fait grand plaisir parce que je constate que nous sommes en voie de progrès: j'espère que vos désirs et vos efforts aboutiront. Que disent les correspondants du projet de réunions? Le pensent-ils possible et voient-ils quel pourrait en être l'objet? Je n'ai pas besoin de vous dire combien toutes ces questions m'intéressent; cependant, je n'ose espérer de réponse, car je ne doute pas que vous ne soyez surchargé de travail, quoique je pense pourtant que vous remettez votre Doctorat à l'année prochaine. J'espère que vous vous souviendrez que vous m'avez promis que vous vous arrêteriez en Bourgogne. Vous savez quel plaisir ce sera pour l'abbé de Bretenières et pour moi.
Puisque vous avez encore le bon P. Dorveau (?), rappelez-moi, je vous prie à son excellent souvenir et à ses prieres2.
Et notre chère Œuvre de Ste Catherine, est-elle toujours bien fervente? Vos petites réunions du bureau sont-elles toujours aussi bonnes, aussi pieuses; elles sont pour moi un des plus doux souvenirs du Séminaire Français3.
C'était vraiment ecclésiastique! Que charme de pouvoir, dans une petite réunion intime, parler et agir en prêtre. Oh! si on pouvait avoir cela dans le ministère, comme on se ferait du bien, comme les forces se retremperaient; mais, hélas! il faut bien l'avouer, 1 es réunions des ecclésiastiques sont bien peu sacerdotales. On n'est pas prêtre vis-à-vis les uns des autres. On passe toute une demi-journée dans un presbytère auprès de l'église, à deux pas du tabernacle, à deux pas du Maître, et des prêtres, d'ailleurs bons, pieux même, ne pensent (pas) à aller se prosterner devant lui un moment. C'est bien triste; et cependant, au milieu de nos pauvres populations, comment arrêter le courant de l'impiété, si on ne redouble pas d'union avec N. S. Dans votre prochaine réunion, recommandez-moi instamment aux prières de mes chers confrères (je dis confrères, car je me considère toujours comme de l'Association), afin que le peu que j'ai pu amasser au Séminaire ne soit pas trop tôt dispersé. Assurez-les que je ne les oublie pas. Veuillez dire à Mr Roserot que je lui répondrai sous peu, au P. Le Tallec que j'attends sa visite avec impatience; je n'ose en dire autant à Mr Dugas.
La bibliothèque fait-elle de bonnes affaires. Mr de Quincy doit avoir quelque erreur dans l'ancien compte. Qu'il veuille bien me la faire connaître, et je tâcherai de la faire disparaître. Faites-lui bien mes amitiés ainsi qu'à tous nos anciens condisciples. Votre bien affectionné dans les Cœurs Sacrés de Jésus et de Marie.
F. E. Poiblanc
P. S. Ne m'oubliez pas auprès des bons Frères. Je garde toujours d'eux un bien bon souvenir.
1 Apparemment, il s'agit de la trésorerie d'une association des anciens de Santa-Chiara.
2 Peut-être le P. Dorvan, de Poitiers, ancien du Séminaire français (cf NHV IV, 147), qui accompagnait son évêque Mgr Pie (cf NHV VIII, 49, 61, 92).
3 Sur cette «œuvre Ste Catherine» cf NHV V 107-108 et St. Deh. L'expérience spirituelle du P. Dehon - Les années de formation, chap. V § 1: «une pieuse association».