**432.02** **AD B.21 /7a.1** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **Du P. d'Alzon** //Nimes le 1° août 1870// Mon cher ami, Je ne vous écrirai que deux mots. A l'instant, deux de nos religieux partent pour l'armée comme aumôniers, parmi eux celui qui conduira l'an prochain notre escoua­de à Rome, si l'on peut aller à Rome l'an prochain. Le Père Vincent de Paul Bailly, que vous connaissez, et un autre l'ont précédé; un ou deux autres les suivront. Je partage tout à fait votre manière de voir sur le sérieux (?) des Etudes. Seulement, je crois que vous n'avez pas fait suffisamment l'expérience de la nécessité d'une sou­pape d'échappement pour certaines natures capables d'enseigner quelque temps, mais pas toujours. En ce moment, on me fait des ouvertures pour recevoir une con­grégation, qui a une certaine réputation, mais qui n'ayant //que// l'enseignement ressent l'indispensable nécessité d'avoir autre chose. J'ai l'espoir de donner huit élèves à l'abbé Desaire. Je lui en aurais donné 10 à 11 si la guerre ne les eût pris. Il faut renoncer aux bacheliers, pour lui c'est trop mécanique (?). Vous ai-je dit que l'Evêque de Nîmes vient de m'autoriser à préparer une maison de hautes études dans son diocèse? Nous n'avons pas eu, à proprement parler, de chapitre, mais nous avons décidé la maison de Rome avec enthousiasme et tous les sacrifices possibles pour cela. On y enverra quatre sujets cette année, si l'argent ne manque pas, et si vous saviez où l'on en est! Mais cela ne durera pas indéfiniment. On a décidé un second noviciat à Paris, qui se bâtirait depuis un mois sans la guerre, afin de pouvoir plus aïsément recruter des jeunes gens instruits. J'ai décidé que la maison du Vigan servirait plus particulièrement aux études élémentaires de nos jeunes gens. On a fait quelques épurations. On a pris les mesures pour donner du temps aux futurs élèves de l'abbé Desaire, mais pour cela il faut des élèves un peu moins jeunes, et la guerre paralyse tout. Ce n'est qu'un temps d'arrêt, mais c'est un arrêt. Ce que vous n'avez pas compris dans mon discours, le voici1: l'état n'ayant pas de doctrines ne peut enseigner que les sciences qui ont le moins de rapport avec la doc­trine, et encore ai-je fait des réserves. Je suis si fort d'avis que la religion doit primer tout que j'ai scandalisé des évêques en demandant que la théologie fût le noyau des universités libres. Adieu. Ecrivez-moi très souvent. Totus tibi in Xst E. d'Alzon Un excellent paysan, qui a prédit tout ce qui se passe, annonce la fuite du Pape, la chute de l'empereur, la république et une grande victoire des français. Le P. Vincent, le P....... et le P. Pernet (sont) transportés pour Metz. 1 Cf LD 156