**161.14**
**AD B.17/6.15.14**
Ms autogr. 2 p. (21 x 13)
**De l'abbé Desaire**
//Nîmes 30 septembre 1871//
Bien cher ami,
Le P. d'Alzon, avec lequel je viens de m'entretenir longuement, me prie de vous écrire pour que vous annonciez à Mr Demiselle qu'il n'aura pas cette année la retraite du collège, promise depuis longtemps, mais qu'il en prêchera une chez les Dames de l'Assomption. «Nous ne pourrons pas, m'a-t-il dit, traiter cet homme là comme des jeunes gens, et voilà pourquoi nous l'occuperons, tant que nous l'aurons, afin de le distraire». Préparez bien vos batteries, mon bon ami, avant d'arriver, afin que nous ne prenions pas des engagements autres que ceux pour lesquels nous sommes décidés à sacrifier notre vie. Plus que jamais je vois dans le P. d'Alzon un homme de Dieu, qui veut le bien et qui acquiert de l'influence pour le faire. Mais il met je ne sais quelle gloire à se compromettre et à être compromettant, comme il le dit, et il me semble que vous en serez effrayé. Enfin venez et voyez, puis, avant de prendre des engagements, vous examinerez. Le P. Picard est ici; il séjournera un peu afin de vous voir1.
Le P. d'Alzon vous a écrit d'envoyer le jeune homme aux Châteaux; vous l'aurez fait sans doute; peut-être seront-ils un peu gênés là-haut. Mais peu importe. Adieu; faisons courage. Vous ne croiriez pas que je m'émeus à mon tour à la pensée de contracter de nouveaux engagements.
Votre ami bien indigne mais bien sincère
C. Desaire
1 Cette lettre, datée du lendemain de la précédente, est pour l'essentiel citée en NHV IX, 65, dans l'exposé intitulé: «La grande décision': «Une dernière lettre de l'abbé Desaire ne m'encourageait pas», note le P. Dehon. Léon Dehon est, en effet, depuis son voyage d'information à Louvain, en grande perplexité concernant son projet d'université et sa propre orientation religieuse. Il en écrit au P. Freyd le 25 septembre (LD 183). La conclusion fut le télégramme du P. Freyd (LC 129).