**217.01** **B18/9.1.1 ** Ms autogr. 2 p. (21 x 13) **À ses parents ** //Strasbourg 23 août 64 // Chers parents, Je suis arrivé ici hier soir et je vais en partir tout à l'heure. Dimanche, j'ai couché à Reims, le train n'allait pas plus loin1. Hier matin, j'ai revu Reims à loisir: j'ai aperçu madame Émile Viéville et madame Viéville Malin2. J'ai fait route de Reims à Mourmelon avec Charbel3, qui allait de Corbeny au camp. J'ai pu voir l'ensemble du camp, que le chemin de fer traverse. À Châlons, je me suis arrêté une heure pour voir la cathédrale. Quelques heures après, je passais entre les côteaux couverts de vignes de la pittoresque ville de Bar-le-Duc. Nous serons demain de bonne heure à Zürich; puis nous continuerons notre route en Suisse pendant une douzaine de jours4. Palustre5 m'attendait à la gare; il est enchanté de m'avoir et vous présente ses compliments respectueux. J'espère que le chagrin de notre séparation est passé et que vous vous habituez à l'idée de ce voyage dont j'attends de grands résultats. Vous pouvez m'écrire à Louèche-les-Bains en Suisse, où je serai dans une dizaine de jours - poste restante - c'est dans le canton du Valais6. Je vous embrasse de tout cœur, vous, Henri, Laure et maman Dehon7. Votre tout dévoué fils L. Dehon 1 Ce 23 août 1864 était un mardi (cf. LD 2, du 26, où Léon promet d'écrire «tous les mardis» - ce qui évidemment ne lui sera guère possible). Parti de La Capelle le dimanche 21 par le train, il est arrivé le lundi 22 à Strasbourg, où l'attendait Léon Palustre. Le VO nous apprend qu'après avoir visité à la cathédrale le tombeau du maréchal de Saxe, ils ont quitté Strasbourg à 11 h par «un temps affreux». Après un arrêt à Fribourg (en Brisgau) - où «nous avons vu avec plaisir la cathédrale» - ils sont repartis à 6 h pour Badenweiler par le train jusqu'à Mülheim (cf. NHV II, 71 vº 72 rº). 2 Les «de Viéville», nommés en NHV I, 93 vº (Viéville de Malzy et Viéville des Essarts) dans l'ébauche de généalogie établie par le P. Dehon, étaient apparentés par alliance aux Dehon («par la branche aînée» restée à Dorengt). 3 Charbel: pas autrement identifié; peut-être un habitant de La Capelle ou, en tout cas, une connaissance de la famille Dehon, en service au camp militaire de Mourmelon. 4 En fait, pressés de passer en Italie et découragés aussi par le mauvais temps, ils arrivèrent, le 29 août (cf. LD 2) à Airolo, «le premier village italien» (VO 1 p. 32), de la Suisse italienne, et le 30 août, ils seront à Locarno. 5 Léon Palustre, l'ami et le compagnon d'études et de voyages pendant le séjour à Paris, à partir d'avril 1862: voyage d'Angleterre (1862), de Scandinavie-Allemagne (1863), voyage d'Orient (1864-1865). Archéologue et historien de l'art, L. Palustre est l'auteur de la majeure partie des «notes de voyage», recopiées ensuite par le P. Dehon et conservées aux Archives Dehoniennes (AD): Scandinavie-Allemagne B13/1 et Orient B13/2. Sur L. Palustre cf. NHV I, 63 rº, 64 rº/vº; II, 1 rº - 2 vº, 5 vº, 15 rº…). C'est sur la proposition de Palustre que L. Dehon put faire son grand voyage d'Orient (cf. NHV II, 70 vº): «Palustre me proposa ce voyage. J'en parlai à mon père. Pour gagner une année et dans l'espoir qu'une grande diversion changerait mes idées (i.e. de vocation sacerdotale), il me laissa faire». Le nom de Palustre revient souvent dans les NHV du P. Dehon (cf. NHV vol. 8 index p. 261). Les AD conservent 18 lettres autographes du P. Dehon à Palustre, du 15 janvier 1869 au 8 janvier 1872 (B18/10). Aucune lettre, par contre, de Palustre lui-même au P. Dehon, qui mentionne cependant, sans les citer expressément, des «lettres reçues» (NHV X, 52). 6 Louèche-les-Bains (Loèche…). En réalité, le voyage en Suisse ayant été abrégé selon l'itinéraire Bâle-Zürich Lucerne-Saint-Gothard, ils ne sont pas passés par cette petite ville d'eaux du Valais. À Bologne, Léon avait cependant récupéré la lettre adressée à Loèche (cf. LD 2 et LD 3). 7 Henri, frère aîné de Léon, marié depuis le 30.05.1864 avec Laure (née Longuet). «Bonne maman» ou «maman Dehon» est la grand-mère paternelle: Henriette-Esther (née Gricourt), veuve depuis 1862 d'Hippolyte-Louis Dehon (cf. Généalogie).