**218.64** **B18/9.2.64 ** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **À ses parents** //Rome 20 avril 68 // Chers parents, Nous recommençons aujourd'hui le cours ordinaire de nos travaux. Après la retraite des premiers jours de la Semaine sainte, nous avons eu les fêtes de Pâques toujours magnifiques et rehaussées par un grand concours d'étrangers. Le Saint-Père a donné plusieurs audiences; il a comme toujours enthousiasmé tout le monde par son amabilité toute paternelle. Il a le privilège de faire couler les larmes d'émotion et d'exciter de chaleureuses acclamations. Mardi dernier, nous avons eu au séminaire français lui-même une cérémonie très imposante et très touchante à la fois. Nous avions dans notre chapelle depuis quelques jours le corps d'un officier de zouaves que l'on a exhumé à Monte Liretti du champ de bataille où il est mort, pour le reconduire en France à sa famille. Il se nommait Guillemin et avait la réputation d'être un des plus braves et des plus pieux parmi les officiers1. Sa famille est d'Aire dans le Pas-de-Calais. Comme elle a peu de fortune, elle avait reculé jusqu'à présent devant les frais du transport, mais une souscription y a pourvu. Il était très connu au séminaire et par quelques-uns même intimement. Aussi nous avons voulu qu'il soit chanté dans notre église un service solennel pendant que son corps y était. Nous avons fait orner notre chapelle de tentures qui indiquaient autant le triomphe que le deuil, parce que tout le monde a confiance qu'il est au ciel à cause de la sainteté de sa vie et de sa mort offerte pour l'Église. Mgr de Mérode a bien voulu chanter l'office. Mgr Bastide, aumônier de la légion, l'assistait. Le Saint-Père était représenté par le ministre de la guerre; il y avait dans l'assistance deux généraux d'armée, plusieurs prélats et tous les officiers du corps des zouaves. Les zouaves nous avaient aussi fourni un poste d'honneur et leur musique. C'est une solennité dont on gardera longtemps le souvenir au séminaire français. J'ai passé les deux derniers jours de mes vacances à la campagne avec un élève de Troyes, pour faire diversion au travail et respirer un air plus pur. Je n'ai vu personne de connaissance pendant ces fêtes; cependant Mr Rigaux, un jeune homme de Soissons, m'a apporté, sans me rencontrer, une petite lettre de Mr Demiselle2. Je n'ai pas écrit à mon cousin Vandelet parce que la lettre que j'ai reçue n'est pas, comme vous le pensez, une lettre particulière, mais une simple lettre de faire-part imprimée. J'aurais pu y répondre par une carte de visite. Je n'ai pas cru devoir le faire3. Vous avez bien deviné que ma bourse était à peu près vide, et je vais avoir à payer le dernier trimestre de l'année. Si vous le pouvez sans vous gêner, envoyez-moi comme l'an dernier 500 fr par l'entremise du R.P. Peureux, rue des Postes 30, à Paris. Vous m'adresserez de suite le reçu qu'il vous donnera. Si vous êtes gênés à cause des acquisitions de bœufs, envoyez-moi 300 fr et attendez un mois pour le reste. Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe. Je vous embrasse de tout cœur. Votre dévoué fils L. Dehon, s. diacre 1 LD 84 parle d'un nommé Guilmin; peut-être s'agit-il de la même personne que le Guillemin de cette lettre 2 Lettre non conservée. Sur ce Mr Rigaux cf. LD 54 3 Il doit s'agir du faire-part de la mort de la tante Vandelet (LD 93).