**218.74**
**B18/9.2.74 **
Ms autogr. 4 p. (21 x 13)
**À ses parents**
//Rome 18 février 69 //
Cher père et chère mère,
Voilà déjà deux mois que nous étions à St-Jean de Latran à recevoir de Dieu des grâces si merveilleuses. Ne manquez pas de l'en remercier avec moi tous les jours. Ces premiers temps de mon sacerdoce sont pour nous tous une source féconde d'où découleront sur nous les faveurs de Dieu, parce que, n'ayant pas encore charge d'âmes, je puis appliquer tout spécialement aux miens, pour leur plus grand bien spirituel et temporel le saint sacrifice que j'offre à Dieu tous les jours. Le temps de carême est tout spécialement un temps de sanctification, tâchons d'en profiter.
Rome jouit depuis quinze jours d'un véritable printemps: aussi les amandiers sont-ils déjà en fleurs. Le carnaval a été brillant. Les étrangers sont très nombreux. Avec le carême a commencé une série de fêtes recueillies et touchantes, les stations aux tombeaux des martyrs et aux plus anciennes basiliques. Cette suite de pieux pèlerinages nous conduira jusqu'aux solennités de Pâques.
On se prépare aussi à une démonstration d'affection filiale envers le St-Père pour le 11 avril prochain. Ce sera le cinquantième anniversaire de sa première messe. On fait des collectes par toute l'Italie pour lui offrir des dons à cette occasion. Les élèves du Collège romain eux-mêmes trouveront dans leur petite bourse plusieurs milliers de francs pour témoigner de leur amour envers le St-Père.
Vous n'avez pas pu suivre le cercle entier des fêtes de Rome. Cependant vous n'en êtes pas entièrement absents. Il me semble toujours vous avoir auprès de moi dans tous ces sanctuaires où nous allions ensemble, et même à Ste Claire, où je prie vos anges gardiens, qui ont le pouvoir de se transporter au loin en un instant, de venir s'unir à mes prières en votre nom. Priez-les aussi quelquefois d'apporter vos hommages aux tombeaux des apôtres et des martyrs.
Soignez bien la petite Marthe pour lui rendre la santé. Embrassez-la pour moi ainsi que sa grosse sœur.
Palustre m'a écrit dernièrement. Il est heureux comme le sont tous les époux au printemps de leur mariage.
J'ai aussi des nouvelles des jeunes gens auxquels nous avions pris intérêt à Naples. Le malade est parfaitement guéri. L'autre, sur l'avis de son évêque, est entré au séminaire de St-Sulpice, le mercredi des cendres.
Mes supérieurs vous présentent leurs respects. Offrez les miens à Mr le doyen et priez-le de rechercher le jour anniversaire de mon baptême1.
Embrassez pour moi maman Dehon, Henri et Laure.
Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon, pr.
1 Le 24 mars 1843: une date chère au cœur du P. Dehon; cf. NHV I, 1 rº/vº.