**629.09**
**B36/2D.9 **
Photocopie Ms autogr. Santa Chiara
Dactylographie: Inv. 626.09, B36/2a.9
**Au P. Fryed**
//La Capelle 30 juillet 69 //
Vénéré Supérieur,
Mes vacances ressemblent à celles des années précédentes. Ma santé est très bonne maintenant. J'ai repris les forces que j'avais perdues depuis quelques mois et je vais aller prendre des bains de mer pour achever de me remettre1. Mais l'esprit, comme il arrive toujours, ne progresse pas en même temps que le corps. Le recueillement est difficile ici et la vie du monde ne me satisfait guère. Vous savez quels sont mes goûts. J'étudie le clergé séculier de mon diocèse et je n'y vois guère ma place. J'ai même essayé tant soit peu de ministère et j'ai fait quatre petits sermons. Tout cela m'aidera à choisir ma voie sous votre direction.
Je m'ennuie de n'avoir pas de nouvelles de Rome depuis votre bonne lettre2. J'ai à Rome plus de la moitié de mon cœur. J'ai écrit à Mr Le Tallec, à Mr Desaire et à notre chef sténographe, et personne ne m'a encore répondu. Leurs occupations nombreuses les excusent. S'il y avait quelque oisif auprès de vous, priez-le de m'écrire. Tous les élèves de Ste-Claire sont mes amis et une lettre de qui que ce soit d'entre eux me ferait bien plaisir.
Peut-être êtes-vous venu aussi fortifier votre santé en France. J'espère que ma lettre vous trouvera quand même.
L'état de mon âme n'est pas ce que je voudrais. Je suis tiède et je me le reproche souvent.
Je crois que j'ai vraiment besoin d'une vie réglée. Je ne conserve pas ici ce que le p. Liberman appelle, je crois, l'état d'oraison et ce qui peut être appelé une union continuelle avec Dieu3. Les vacances sont pour moi un lourd tribut que l'âme paie au corps. Ma consolation est de voir que ma présence aide un peu à l'édification de ce pauvre pays.
J'espère que le chef sténographe m'indiquera l'époque précise à laquelle il m'attendra à Rome.
Mes parents vous présentent leurs affectueux respects.
Votre fils dévoué et reconnaissant.
L. Dehon, pr.
1 Cf. LD 121 (note 2).
2 LC 48.
3 Du P. Liberman, Léon Dehon avait goûté, dès 1866, les écrits et les lettres (cf. NHV V, 6-11 et St. Deh.: L'expérience spirituelle du P. Dehon. Les années de formation 1843-1871, pp. 85-89).