**219.07**
**B18/10.7 **
Ms autogr. 4 p. (21 x 13)
**À Léon Palustre**
//Le Tréport 26 août 69 //
Mon cher ami,
Quand le moment est venu de partir pour Forges, j'y ai renoncé. J'étais trop peu malade pour aller m'assujétir à une saison d'eaux minérales. Les bains de mer me souriaient davantage. Aussi quand j'ai appris que je trouverais quelques amis au Tréport, je me décidai immédiatement à venir les rejoindre. Je suis ici depuis dix jours avec l'abbé Perreau et Thellier de Poncheville que tu as connus à Paris1. Nous avons beau temps et les bains de mer me font grand bien. Je n'ai plus malheureusement que quatre ou cinq jours à y passer. Je rentrerai chez moi pour marier des cousins germains2, et vers le 17 septembre, je partirai pour Rome, où j'espère emporter assez de santé pour y passer facilement cette année, qui promet d'être si intéressante. Je m'estime chaque jour plus heureux de pouvoir suivre de près la grande œuvre du Concile. C'est maintement la seule chose qui me préoccupe, avec l'achèvement de mes études, et je ne m'inquiète pas encore de ce que je deviendrai dans deux ans.
Je ne te dis rien du Tréport, tu dois le connaître déjà. Le séjour en est agréable. Le parc d'Eu est d'une grande ressource pour les promenades. Tu as visité sans doute le château bourgeois d'Eu qui convenait bien au roi Louis-Philippe. Son état de nudité et d'abandon est un peu triste, mais ne m'a guère ému, parce que je n'ai jamais éprouvé une grande affection pour la famille d'Orléans3.
Je retournerai probablement par Dieppe et Arques.
Adieu, cher ami, étudie avec soin le moyen-âge, il le mérite.
Je t'embrasse de tout cœur.
Tout à toi en N.S.
L. Dehon, pr.
1 Sur Thellier de Poncheville cf. NHV I, 42 vº; et sur le séjour au Tréport NHV VI, 150-156. Cf. aussi LC 66 et LD 128.
2 Hélène-Fanny Dehon, fille d'Édouard-Gustave Dehon et de Dorothée Dehon, est mariée par l'abbé Dehon le 4 septembre 1869 avec Louis-René Lenain.
3 Encore monarchiste alors, Léon Dehon est, comme Léon Palustre, légitimiste. Ils avaient visité ensemble le Comte de Chambord à Frohsdorf, le 4 novembre 1863 (cf. NHV II, 58 rº-60 rº).