**220.07**
**B18/11.1.7 **
Ms autogr. 4 p. (21 x 13)
**À ses parents**
//Rome 8 avril 70 //
Cher père,
C'est à toi que j'adresse cette lettre parce qu'elle arrivera à La Capelle vers la fête de St Jules. Je te recommande tous les jours à la protection de ce saint pontife, et j'espère qu'il t'obtiendra la grâce de vivre et de mourir bien chrétiennement. Je compte bien que tu ne te laisseras pas mettre en retard cette année pour la communion pascale. Quand on a le jugement droit que tu as, on ne peut pas se laisser arrêter par les petits obstacles de la gêne et du respect humain. Tu sais bien que négliger les devoirs essentiels du chrétien, c'est renoncer à son droit d'héritier du ciel. C'est une folie. C'est ne pas aimer Dieu, ne pas aimer les siens, ne pas s'aimer soi-même. Tu ne nous donneras certainement pas ce chagrin cette année.
Nous avons eu ici beaucoup de besogne depuis quinze jours, et c'est ce qui fait que je suis un peu en retard à vous écrire. Le Concile a tenu séance presque tous les jours. Les travaux ont avancé et cependant la session publique que l'on espérait tenir pendant la semaine sainte, n'aura lieu probablement que le dimanche de Quasimodo1.
Nous aurons peu à faire dans les 15 jours qui vont venir. J'en profiterai pour me reposer. Je me porte du reste très bien et je suis beaucoup moins fatigué que l'an dernier à pareille époque. Je me promène quelquefois avec Mgr Dours, qui est seul depuis le départ de Mr Guyart2.
Notre service sténographique marche bien. Le St-Père en est content. On nous donne à mesure toutes les pièces imprimées que l'on distribue aux évêques. Cela nous aidera à bien connaître les travaux du Concile.
Il est toujours à peu près certain que l'on suspendra le Concile à la St-Pierre, mais on ne sait pas encore si on le continuera l'année prochaine…
Les fêtes de Pâques promettent d'être très belles. La ville se remplit d'étrangers.
Embrasse pour moi ma chère mère, puis Henri, Laure, maman Dehon et mes petites nièces.
Je t'embrasse de tout cœur.
Ton dévoué fils
L. Dehon, pr.
La caisse que je vous ai envoyée est restée ici dix jours au bureau avant de partir. Ne vous étonnez pas si elle a du retard.
1 Cf. LD 144 (note 2). Dans les quinze jours suivants, deux congrégations seulement, les 12 et 19 avril (cf. NHV VII, 129-132).
2 Mr Guyart, vicaire général de Soissons.