**220.21** **B18/11.1.21 ** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **À son père** //Rome 12 avril 1871.\\ Fête de St Jules. // Cher père, Je te souhaite toutes les bénédictions de Dieu par l'intercession de St Jules. J'ai offert le saint sacrifice ce matin à ton intention. Hier aussi. J'ai pensé à toi en offrant le st sacrifice sur l'autel de St Léon à St-Pierre, où tu as souvent été prier. Si nous vivons chrétiennement, ces saints nous rendront à notre mort les visites que nous avons faites à leurs tombeaux, et nous recevront en amis. Notre pauvre France est bien éprouvée. J'espère qu'elle profitera de ces leçons et qu'elle reviendra à Dieu. Elle a reconnu qu'il n'y avait de courage, de dévouement et de force que parmi les vrais chrétiens. Tu as entendu Lavisse te dire qu'à Paris, il n'y avait de valeur et de virilité que parmi les bretons, les marins et les gardes nationaux du quartier St-Sulpice et du faubourg St-Germain, c'est-à-dire parmi ceux qui n'ont pas été soumis à l'action dissolvante de l'université ou de la vie indifférente et luxueuse de nos villes. Cette démonstration se continue tous les jours. Il faudrait être aveugle pour ne pas la comprendre. Dieu nous fait la grâce de nous instruire, sachons en profiter. La leçon est pour tous. Ceux qui n'étaient pas chrétiens doivent le devenir, ceux qui l'étaient doivent se perfectionner. En Italie, la leçon n'est pas moins claire. Le gouvernement nouveau n'a amené à Rome que de la canaille, des femmes de mauvaise vie, de mauvais livres et des journaux infâmes. Le Pape est autant au-dessus d'eux que St Pierre et St Paul étaient au-dessus de Néron qui les faisait égorger. Ils deviendront, comme Néron, un objet d'exécration publique et le St-Père sera élevé par l'Église et par l'histoire au premier rang de l'humanité. Pie IX reçoit des députations et des adresses de tout ce qu'il y a au monde de plus digne et de plus noble, et Victor Emmanuel n'a reçu de félicitations que de notre ambassadeur Sénard, dont la vie dégoûtante à Paris était un objet de répulsion pour ses confrères les moins délicats, et de quelques autres personnages de même valeur. Je vous écris souvent, mais je doute fort que mes lettres vous parviennent exactement à en juger par celles que je reçois. Nous avons toujours ici une grande tranquillité et il n'y a aucun signe de révolution prochaine. Embrasse pour moi maman, Henri, Laure, maman Dehon et les enfants et, s'ils sont encore à La Capelle, mon oncle Dehon, Marie et Siméon. Je dis la messe tous les mercredis pour ma tante Dehon. Mes respects à Mr le Doyen. Ton tout dévoué fils, pr. L. Dehon, pr.