450.07 **B22/3b ** **28. 08. 1873** **Mr Julien** //Nantes // Monsieur et excellent ami, Je ne puis vous exprimer toute la joie que j'éprouve d'être venu à ce Congrès. Je n'avais pas assister à une aussi noble et aussi sainte assemblée depuis le Concile. Qu'il est beau de voir ces huit cents hommes d'œuvres, réunis sur le sol de la catholique Bretagne, prêtres, hommes du monde, magistrats, industriels, officiers de l'armée, tous remplis de l'esprit de charité et de zèle, tous amis des jeunes gens et des ouvriers! Il n'y a vraiment ici qu'un cœur et qu'une âme (Ac 4, 32), comme cela doit être parmi les disciples du Christ, et nous réalisons dans toute sa perfection notre devise: qu'ils soient un (Jn 17, 11). Nos journées sont admirablement remplies. Les travaux des commissions n'ont pas d'interruption. C'est à peine si l'on trouve entre cinq heures du matin et onze heures du soir le temps de dire son bréviaire. La vie, le zèle, le feu sacré règnent ici en même temps que la charité et l'union. Nous entendons des discours aussi entraînants qu'instructifs. Nous avons le bonheur de posséder parmi nous des saints. Nous avons écouté avec émotion le R.P. Van Calsen, le fondateur des sociétés de St François Xavier de Belgique, dont l'origine est toute surnaturelle, et qui comptent aujourd'hui plus de soixante mille membres. M. Harmel, du Val des Bois, nous a ravis en nous exposant les merveilles de son usine, qui est devenue un étonnant foyer de vie chrétienne. Il nous a montré clairement et avec des faits à l'appui la solution du problème de la sanctification de l'usine. Pendant que le Congrès votait la publication de son rapport par milliers d'exemplaires, je prenais de mon côté la résolution d'aller visiter le Val des Bois et je compte sur vous pour m'y accompagner. Dites à nos enfants et à nos jeunes gens que je ne les oublie pas. Je ne vis ici que pour eux. Je me prépare à donner à l'œuvre de St Joseph un nouvel entrain de joie et de piété! Je leur procurerai des jeux nouveaux et j'ai l'espoir d'avoir bientôt des fusils plus dignes de leur ardeur guerrière. Je reporte de magnifiques insignes pour nos chefs de section et je me promets de faire à Lourdes une provision de médailles pour tous. Demain fête à l'œuvre de N.D. de toutes joies. Après-demain, pèlerinage à Ste Anne d'Auray. Vous voyez que c'est vraiment ici le paradis terrestre. Le souverain pontife nous a envoyé sa bénédiction pour nous et pour nos œuvres. Donnez-moi des nouvelles à N.D. de Lourdes, poste restante, jusqu'au 6 septembre. Mes amitiés à tous nos collaborateurs. Tout à vous en N.S. L. Dehon, vic.