//**Mois d'Avril\\ **////Mois des joies pascales et de saint Jean//
Deux méditations pour la retraite du mois
======I. Vie de regle:======
//Pâques//
Ibant parentes ejus per omnes annos in Jerusalem, in die solemni paschae. Et cum factus esset annorum duodecim, ascendentibus illis Jerosolymam secundum consuetudinem diei festi, consummatisque diebus, cum redirent remansit puer Jésus (S. Luc, 2, 41).
Ses parents allaient tous les ans à Jérusalem au grand jour de pâques. A douze ans Jésus va avec eux selon la coutume; ils y restent les jours prescrits; et quand ils reviennent, l'enfant reste là (S. Luc, 2, 41).
//1////er//// ////Prélude. //Je vois la Sainte Famille exacte et fidèle à toutes les prescriptions de la loi pour la fête de pâques.
//2////e//// Prélude. //O Jésus, entraînez-moi avec vous dans cette vie de règle et de fidélité à tous mes devoirs.
Ier POINT: //La vie de règle à Nazareth. - //La règle, la volonté de Dieu, c'était tout Jésus. C'est ainsi que l'avait caractérisé la prophétie du Psalmiste: //Ecce venio, //me voici, Seigneur, pour faire votre volonté: c'est ma résolution. Votre loi est au milieu de mon cœur, pour régler toute ma vie (Ps. 39).
La règle, c'est tout Nazareth. On y fait tout selon la règle, plusieurs fois l'Evangile le dit.
A propos du mystère de l'enfance de Jésus, saint Luc répète jusqu'à quatre fois que tout se fait selon la règle. //Quand le jour est venu, //on procède à la Circoncision. Puis //le jour vient //de la Purification, on se règle sur //la loi de Moise. //On présente l'enfant à Jérusalem, selon qu'il est écrit dans //la loi du Seigneur. //On offre les tourterelles, //comme il est dit dans la loi.//
Régularité dans la vie publique et dans la vie privée. Jésus obéit à Marie et à Joseph (S. Luc, 2, 51). Il obéit toujours à son Père céleste. Obéir est sa vie, sa nourriture (S. Jean, 4). Il est docile comme un esclave. Il a pris la forme d'un esclave (aux Philip., 2, 7); il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (S. Mat., 20, 28).
Au psaume 39, là où la traduction des septante dit: «Vous m'avez donné un corps», le texte hébreu disait: «Vous //m'avez percé l'oreille», //comme aux esclaves.
O divin esclave, faites de moi un homme d'obéissance et de règle!
IIe POINT: //La règle en union avec le Sacré-Cœur, les actes du matin. - //Marguerite-Marie a écrit un règlement de vie pour ses novices, nous pouvons y puiser des vues sur la vie de règle en union avec le Sacrecœur. Elle a écrit aussi son propre règlement de vie dans le même esprit.
«Au lever, je prierai la sainte Vierge d'offrir mon cœur à Jésus-hostie, pour qu'il l'unisse à l'hommage de son Cœur à Dieu et pour qu'il le remplisse de son esprit et de son amour.
Je consacrerai au divin Cœur tout ce que je dois faire durant le jour». Selon l'exemple de Marguerite-Marie, je me conformerai aux résolutions suivantes:
Après le lever, prière du matin avec un acte d'oblation et de consécration au Sacré-Cœur de Jésus.
Une bonne méditation dans le même esprit.
Assistance à la messe. C'est le temps le plus précieux pour honorer le Cœur adorable de Jésus, présent sur l'autel. Communion sacramentelle ou spirituelle. Remerciement, amende honorable.
Les prêtres qui seront animés de l'amour du Sacré-Cœur à la sainte messe, y recevront de grandes grâces.
Une des principales résolutions du règlement de vie des serviteurs du Cœur de Jésus regarde le bon emploi du temps. Saint Paul disait: Quel que soit l'acte que vous fassiez, agissez toujours pour la gloire de Dieu, ajoutons: pour l'amour du Sacré-Cœur.
Ne pensons qu'au temps présent pour le bien employer selon nos devoirs d'état.
Au repas: souvenir du Sacré-Cœur; réfection spirituelle par quelque pensée pieuse; pratiques de mortification.
IIIe POINT: //Des exercices du soir et de quelques circonstances particulières. - //Les exercices primordiaux du matin se complètent par quelques pratiques de piété à répartir dans la journée: le chapelet en l'honneur de la sainte Vierge, avec les litanies ou la petite couronne du Sacré-Cœur; le rendez-vous spirituel dans le Sacré-Cœur à neuf heures avec le souvenir de Nazareth et à trois heures avec le souvenir de la Passion; la lecture spirituelle aussi nécessaire pour l'âme que les repas sont nécessaires pour le corps.
Il faut visiter le Saint Sacrement, qui est si oublié et si délaissé dans nos tabernacles, et, dans ces visites, il ne faut pas oublier d'honorer d'une manière tendre et affectueuse le Sacré-Cœur de Jésus.
Dans nos conversations, dit la Bienheureuse, veillons sur notre langue qui porte si souvent la sainte Eucharistie; ne nous laissons pas aller aux railleries, aux murmures, aux manquements de charité, aux paroles de bouffonnerie... ».
Pensons à édifier dans nos correspondances.
Sanctifions nos épreuves par la patience et l'esprit de réparation. Le soir, examinons-nous sur nos défauts, sur nos résolutions. «Consacrons au Sacré-Cœur la journée qui se termine et le repos que nous allons prendre».
Il faut rentrer dans ce Cœur Sacré si par malheur nous en étions sortis. Il faut le remercier de tous ses bienfaits et lui demander pardon de toutes nos infidélités; puis nous prendrons notre repos dans ce divin cœur, en nous mettant aussi sous la protection et comme dans le cœur de la très sainte Vierge.
Ma //résolution //sera conforme à ce règlement. Ma vie doit se résumer en ces deux mots: Union habituelle au Cœur de Jésus; Vie d'amour envers lui.
//Colloque //avec la sainte Famille, modèle de régularité.
======II. La mort de Jésus et ma mort======
Cum ergo accepisset Jésus acetum, dixit: consummatum est. Et inclinato capite, tradidit spiritum (Joan, 19, 30).
Jésus ayannt donc bu le vinaigre, dit: Tout est consommé. Puis, inclinant la tête, il rendit l'âme (Jean, 19, 30).
//1////er//// ////Prélude. //Je me verrai sur ma couche d'agonie et de mort, comme Jésus sur sa croix... autour de moi, les ténèbres s'épaississent... mes proches et mes amis attendent, prient et se taisent. Je rends l'âme, et ce moment décide de mon sort éternel.
//2////e//// ////Prélude. «O //Jésus, quand il me faudra partir de ce monde, donnez-moi, par votre Mère, d'arriver à la palme de la victoire» (Liturg. Prose Stabat).
Ier POINT: //La préparation de Jésus et ma préparation. - //Jésus pensait souvent à sa mort: «Encore un peu de temps, disait-il, et vous ne me verrez plus» (Jean, 16).
Il a pourvu à tout et fait son testament. Il a pardonné à ses ennemis. Il a recommandé ses disciples à son Père (Jean, 17). Saint Jean est comme son fils adoptif, il l'a confié à Marie: //Ecce filius tuus. //Marie a besoin d'un soutien, il la confie à saint Jean: //Ecce Mater tua. Il //jette un regard sur sa vie et peut se rendre cette justice, qu'il a accompli toute sa mission: //Consummatum est. Il //abandonne son âme à son Père: «Mon Père, je remets mon âme entre vos mains». Et il expire.
Suis-je prêt?... Ai je pensé souvent à la mort?... Ai-je pourvu aux nécessités des âmes et des œuvres dont je suis chargé?... Mon âme est-elle prête à paraître devant Dieu?...
IIe POINT: //Après ma mort: près de mon lit d'agonie. - //C'est un cadavre... il a fallu mourir, comme tous meurent, comme mon Dieu lui-même est mort: «Quel est l'homme qui ne verra point la mort?» (Ps. 88). Mais de Jésus à moi quelle différence! Contemplons et comparons: Ces mains divines qui se sont élevées pour la prière, ces bras qui se sont fatigués au travail... mes mains oisives, mes bras délicats et paresseux. - Ces pieds qui ont couru à la poursuite des brebis égarées... mes pieds lents pour les œuvres de zèle, prompts au plaisir et à la conquête des applaudissements et des louanges. - Cette tête entourée d'épines, ces yeux baignés de sang et de larmes... mes yeux altiers, mon front hautain, couronné de vanité. - Cette langue si sage et si pure, ces lèvres desséchées par le tourment de la soif... ma langue sensuelle, mes lèvres imprudentes. - Tous ces membres enfin, ce corps sacré sanctuaire de la divinité... mes membres, mon corps: de droit, temple du Saint-Esprit; en fait, temple d'idoles, peut-être?... Certain d'être jugé sur le modèle de Jésus-Christ, l'apôtre saint Paul avait besoin de dire pour se rassurer: «Ma chair porte les stigmates du Seigneur Jésus» (aux Galates, 6). Et la mienne?...
IIIe POINT: //Près de l'âme. - //La lumière se fait en un moment sur les choses de la vie qui est finie et sur celles de la vie interminable qui commence... Comme l'âme de Jésus-Christ, notre modèle, mon âme a eu des combats à livrer... une volonté supérieure, divine, à accomplir... des êtres aimés à sauver, par la parole, par l'exemple, par la souffrance... mais comme Lui a-t-elle pu dire avant de quitter la terre: //«Tout est consommé». //Tout, j'ai fait //tout //ce que je devais faire. A-t-elle expié ses péchés et ceux dont elle avait la redoutable responsabilité? A-t-elle gouverné ce corps dont elle était, de par Dieu son créateur, l'unique et naturelle souveraine? Ou, guide peureuse et faible, a-t-elle tout laissé faire, docile à l'émeute de villes passions, n'osant soumettre au contrôle de la raison et de la foi et au joug de la conscience, les ardeurs du sentiment ou les fantômes de l'imagination?
Rends tes comptes, ô mon âme... Où en es-tu?
Il y a place ici pour un long examen. Je repasserai toute ma vie. Qu'ai-je fait de ma jeunesse?
Ai-je conservé mon innocence?
Me suis-je laissé former par les représentants de Dieu? Ai-je prié et servi Dieu tous les jours?
Comment me suis-je comporté dans la réception des sacrements? Ai-je gardé la chasteté selon mon état?
Ai-je été juste et charitable envers le prochain?
Ma langue n'a-t-elle pas manqué mille fois à la charité, à la vérité, à la modestie?
Ai-je rempli mes devoirs d'état? N'ai-je pas scandalisé mon prochain? N'ai-je pas abusé cent fois et mille fois de la grâce divine?
N'ai-je pas attristé le saint Esprit en restant sourd à ses inspirations? Quel compte ai-je tenu de la présence de mon bon ange?
J'ai souvent pris de bonnes résolutions, ne les ai-je pas violées continuellement?
Je me suis maintes fois consacré au Cœur de Jésus et à Marie, quel compte ai-je tenu de ces promesses répétées?
Ne suis-je pas le plus ingrat des hommes!...
//Résolutions. - //Je suis confus et repentant. Je veux changer de vie et me remettre au service exact de mon Dieu.
Je demande secours et miséricorde au Cœur infiniment bon de Jésus. Je recommence encore à me tenir assidûment uni à lui.
//Colloque //avec le Cœur miséricordieux de Jésus.
//**1**////**er**////** Avril\\ **////Saint Jean et la vie d'amour//
Conversus Petrus vidit illum discipulum, quem diligebat Jésus, sequentem, qui et recubuit in coena supra pectus ejus et dixit: Domine, quis est qui tradet te? Hunc ergo, cum vidisset Petrus, dixit jesu: Domine, hic autem quid? Dicit ei Jésus: Sic eum volo manere donec veniam, quid ad te? (S. Joan, 21, 20).
Pierre se retournant vit le disciple aimé de Jésus qui suivait, celui qui reposa à la Cène sur la poitrine de Jésus et qui demanda à Notre-Seigneur: Quel est celui qui vous trahira? Le voyant donc, Pierre dit à Jésus: Si je veux qu'il attende ma venue, que t'importe? (S. Jean, 21, 20).
//1////er//// ////Prélude//. S. Jean a son caractère propre, c'est le disciple que Jésus aimait, le disciple qui reposa sur la poitrine de Jésus.
//2////e//// ////Prélude. //Bien-aimé apôtre, je ne puis pas demander que Jésus m'aime, mais obtenez-moi la grâce que j'aime Jésus.
Ier POINT: //Sa formation. - //Saint Jean, fils de Salome, était parent de Jésus. On pense qu'il fut élevé à Cana, non loin de Nazareth et qu'il vit quelquefois Jésus pendant son enfance et sa jeunesse.
Il est le premier à s'attacher à Jésus dans sa vie publique. A peine a-til entendu le mot prophétique de saint Jean-Baptiste, //«Ecce Agnus Dei», //qu'il suit Jésus avec saint André, il l'écoute longuement, il passe la journée auprès de lui.
Bientôt, il est appelé à l'apostolat. Il quitte tout généreusement: son père, ses barques de pèche, ses serviteurs. rien ne coûte à celui qui aime. Mais Jésus l'aime à son tour. Il le prend avec ses intimes au miracle de la fille de Jaïre, à la transfiguration, à l'agonie.
C'est au Cénacle surtout qu'il faut considérer cet amour réciproque du Maître et du disciple. Jean repose sur le Cœur de Jésus!
IIe POINT: //Amour tendre et fidèle. - //Au Cénacle, c'est la tendresse de l'amour de saint Jean pour Jésus qui se manifeste; au Calvaire, c'est sa fidélité.
Saint Jean épuise toutes les expressions pour raconter cet échange de tendresses au Cénacle. «Le disciple, dit-il, était couché sur le sein de son Maître; c'est un disciple que Jésus aimait particulièrement; il reposait sur la poitrine du Sauveur; il avait avec le Sauveur des entretiens particuliers...». Peut-on concevoir plus d'intimité, plus d'affection pure et ardente!
Au Calvaire, c'est la fidélité dans l'amitié qui se manifeste.
Saint Jean a sommeillé, il est vrai, à Gethsémani, moins que Pierre, paraît-il. Il est mieux prêt que Pierre à un généreux sacrifice, quand Jésus est arrêté, il le suit de près et non pas seulement de loin comme saint Pierre.
Il pénètre dans l'atrium de la maison du grand-prêtre, tandis que Pierre reste à la porte. L'amitié fidèle n'est pas accessible à la crainte. Il retrouve Jésus sur le chemin du Calvaire avec Marie.
Mais le triomphe de sa fidélité est au Calvaire. De tous les apôtres et de tous les disciples, il n'y a plus que lui. Il est là seul à braver le danger. Il s'expose à la colère des bourreaux. Il restera le dernier, il sera à la descente de croix, à l'ensevelissement. Il accourra avant Pierre au tombeau après la résurrection. Mais aussi quelles belles récompenses a reçues sa fidélité! Seul, il a été aspergé par le sang rédempteur et sanctificateur! Seul, il a reçu Marie en héritage, comme sa Mère et la compagne de sa vie! Seul, il a assisté à l'ouverture du Cœur de Jésus et il en a reçu les premières grâces!
IIIe POINT: //Apostolat et consommation de l'amour. - //Saint Jean est le prédicateur de l'amour. Tout son évangile est dans cet esprit. Sa première page est une superbe envolée d'amour vers le Verbe incarné. «Nous avons vu, dit-il, le Fils de Dieu tout rempli de grâce et de gloire». Lui seul décrit les noces touchantes de Cana, le colloque avec la Samaritaine, la grande promesse de l'Eucharistie, la parabole du bon Pasteur, la résurrection de Lazare, le lavement des pieds et les discours si tendres du Bon Maître à la Cène et après la Cène. Il raconte l'ouverture du Cœur de Jésus.
Ses épîtres prêchent la charité: «Dieu est charité... il nous a aimés le premier... il nous a donné son Fils par amour pour nous. aimons-le donc à notre tour». Et sans cesse il répète: «Aimons-nous les uns les autres».
Vivant auprès de Marie et de l'Eucharistie, il marche à la consommation de l'amour. Il en arrive à l'union mystique la plus intense avec Notre-Seigneur, aux visions, aux révélations. Le ciel lui est ouvert. Il le décrit tout entier. Mais l'Agneau triomphant surtout retient son regard: l'Agneau toujours blessé au Cœur et immolé, l'Agneau qui est le lien d'amour entre Dieu et nous.
Avançons humblement et progressivement dans l'amour avec saint Jean.
//Résolutions. - //Grand apôtre, vous avez conquis le Cœur de Jésus par votre pureté et votre amour. Obtenez-moi la grâce d'aimer Jésus, de l'aimer beaucoup, de me tenir sans cesse uni à lui. Je me renouvelle dans cette union, autant que cela dépend de moi. Je mendie l'amour de Jésus.
//Colloque //avec saint Jean.
//**2 Avril\\ **////Saint Jean\\ et la vie de réparation et d'immolation//
Jésus autem ait eis: Nescitis quid petatis: potestis bibere calicem, quem ego bibo, aut baptismo, quo ego baptizor, baptizari? At illi dixerunt: possumus. Jésus autem ait eis: Calicem quidem quem ego bibo bibetis; et baptismo quo ego baptizor, baptizabimini: Sedere auteur ad dexteram meam vel ad sinistram, non est meum dare vobis, sed quibus paratum est (S. Marc, 10, 38).
Jésus leur dit: Vous ne savez pas ce que vous demandez; pouvez-vous boire le calice que je bois et subir le baptême dont je suis baptisé? Ils répondirent: nous le pouvons. Jésus leur dit: Vous boirez le calice que je bois et serez baptisé de mon baptême; mais de vous asseoir à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi à vous l'accorder, c'est prévu par la Providence (S. Marc, 10, 38).
//1////er//// ////Prélude. Oui, //saint Jean boira le calice de la persécution et de l'immolation, son amour pour Jésus et la grâce de Dieu lui en donneront la force.
//2////e//// Prélude. //Saint apôtre, obtenez-moi l'esprit de réparation et d'immolation.
Ier POINT: //La préparation. - //Notre-Seigneur a prévenu saint Jean et son frère des sacrifices qu'il leur demanderait. Sa pensée est toute au sacrifice ce jour-là. C'est une scène solennelle. Jésus a rencontré le jeune homme riche, qui a manqué sa vocation et peut-être son salut. «Malheur aux riches», leur dit-il. Il est impressionné et eux aussi: //discipuli obstupescebant. //«Les faveurs du ciel, ajoute-t-il, sont pour ceux qui quittent tout: parents, maison et propriétés». Il s'avance sévèrement. Ils sont émus et craintifs: //stupebant et sequentes timebant. //Il// //leur prédit alors toute sa passion. Et voilà que fort malencontreusement Salomé s'avance avec son fils et demande des honneurs. «Vous ne savez pas ce que vous demandez, dit Jésus aux deux frères. Pouvez-vous boire mon calice et subir mon baptême? - Nous le pouvons, disent-ils. - Eh bien! oui, dit Jésus, vous le boirez».
Saint Jean comprit au moins en partie. De ce jour-là, il était sacré victime et réparateur.
IIe POINT: //Le martyre du cœur. - //Saint Jean commença à boire le calice de Notre-Seigneur en participant à sa passion. On pourrait compter ses douleurs comme on compte celles de Marie. Il boit au calice, quand il entend Notre-Seigneur annoncer que judas le trahira. quelle prévision pénible pour saint Jean! Il boit au calice de la compassion quand il assiste à l'agonie, pendant trois longues heures, en voyant son Maître bien-aimé broyé sous le pressoir de la douleur.
Et à l'arrestation de Jésus - à la fuite des disciples - aux insultes et soufflets que reçoit Jésus - au reniement de saint Pierre - à la condamnation du divin Maître - à la flagellation, au couronnement d'épines - à l'//Ecce homo - //à la rencontre avec Marie. - Nous voici maintenant au Calvaire. Les clous du Sauveur percent aussi les mains et les pieds de saint Jean. Toutes les paroles du Bon Maître blessent son cœur. L'adieu du Sauveur multiple ses larmes. L'ouverture du Cœur de Jésus est aussi pour lui un coup de glaive. Sa tendre compassion se continue à la descente de croix, à l'ensevelissement, à la sépulture.
Tout le jour du samedi, il pleure avec Marie.
Saint Jean est vraiment victime avec Jésus. Son cœur est rassasié d'amertume. Il subit le martyre du cœur. Il offre tout cela avec Jésus et Marie pour l'expiation de nos péchés, pour la réparation de nos ingratitudes, pour notre rédemption.
Remercions saint Jean et imitons-le dans sa compassion et dans ses réparations.
IIIe POINT: //Le martyre réel. - //Saint Jean n'a pas seulement compati au martyre de Jésus, il a été martyr lui-même. Notre-Seigneur le lui avait prédit: «Vous boirez le même calice que moi, lui avait-il dit, et vous serez baptisés du même baptême».
Saint Jean a été, comme Jésus, emprisonné, enchaîné et condamné. Il a subi le supplice de l'huile bouillante. Il a été envoyé en exil à Patmos. Il nous dit dans d'Apocalypse: «Moi, Jean, votre frère, j'ai pris part aux tribulations des martyrs et à leur patience; j'ai été jeté dans l'île de Patmos pour rendre témoignage au Christ Jésus, dont je prêchais l'Evangile« (Apoc., 1, 9).
Saint Jean est pour nous le modèle de la réparation et de l'immolation, comme il est le modèle de l'amour du Sauveur.
Il a aimé la réparation et le sacrifice. Il a été au martyre avec joie. Il avait entendu Jésus dire aux apôtres: «Je dois être baptisé du baptême de mon sang et j'ai hâte que cela vienne». Il avait entendu aussi le //«Surgite eamus, - //levez-vous et allons au-devant du traître». Comment n'aurait-il pas désiré aussi les épreuves qui devaient le rendre semblable à son bon Maître?
//Résolutions. - //Apôtre bien-aimé, faites-vous mon précepteur. Enseignez-moi l'esprit de réparation, d'expiation, de sacrifice. C'étaient les péchés d'autrui que vous répariez; moi, j'ai aussi à réparer les miens propres. Obtenez-moi la grâce de goûter la réparation au Sacré-Cœur de Jésus, d'y consacrer ma vie et d'en faire le but de chacune de mes actions.
//Colloque //avec saint Jean.
//**3 Avril\\ **////Saint Jean et l'eucharistie//
Erat ergo recumbens unus ex discipulis ejus in sinu Jesu, quem diligebat Jésus. Innuit ergo huic Simon Petrus: et dixit ei: Quis est de quo dicit? Itaque cum recubuisset ille supra pectus Jesu, dicit ei: Domine, quis est? (S. Joan, 13, 23).
Il y avait un des disciples couché sur le sein de Jésus, celui que Jésus aimait. Saint Pierre lui fit signe et lui dit: De qui parle-t-il? Alors celui qui reposait sur la poitrine de Jésus dit au Seigneur: Qui estce? (S. Jean, 13, 23).
//1////er//// Prélude. Il //suffit de contempler saint Jean à la Cène pour voir qu'il a compris l'Eucharistie, qu'il l'a goûtée, qu'il en a reçu les fruits.
//2////e//// Prélude //Apôtre bien-aimé, enseignez-moi à comprendre et à goûter le Cœur eucharistique de Jésus.
Ier POINT: //La préparation. - //Le miracle de Cana et surtout la multiplication des pains étaient des préludes et des symboles de l'Eucharistie. Les juifs n'y avaient vu que des bienfaits temporels du Sauveur. A l'occasion de la multiplication des pains, Notre-Seigneur fit aux apôtres une longue instruction sur l'Eucharistie.
Le peuple retournait au lieu où Notre-Seigneur avait multiplié le pain, et ne le trouvant pas, ils allèrent à Capharnaüm où il était. Notre-Seigneur veut élever leurs esprits, et il parle de l'Eucharistie: «Vous me cherchez, dit-il, parce que vous avez été rassasiés; désirez plutôt l'aliment de la vie éternelle, que le Fils de l'homme vous donnera... vos pères ont mangé la manne, qu'on appelait le pain du ciel. Mais le vrai pain du ciel n'était pas celui-là, c'est celui que mon Père vous donne. C'est moi, qui suis le pain de vie... Le pain que je vous donnerai, c'est ma chair immolée pour la vie du monde. Celui qui mangera ce pain, vivra éternellement.
Beaucoup de disciples trouvèrent ce langage étrange et s'en allèrent. Les apôtres eux-mêmes ne comprirent pas et ne retinrent pas ce discours. Mais saint Jean eut une grâce spéciale pour le retenir et il le rapporte avec une véracité saisissante et une grande onction au sixième chapitre de son Evangile. Notre-seigneur avait voulu le préparer tout particulièrement au don de l'Eucharistie.
IIe POINT: //Au Cénacle. - //Saint Jean est d'abord choisi par Notre-Seigneur avec saint Pierre pour préparer le Cénacle. Il faut un beau sanctuaire pour ce grand acte de charité. La salle est belle, grande, ornée. Saint Jean y prépare tout avec piété. C'est un exemple pour nous. Saint Jean avait fait mieux que les autres la préparation éloignée et la préparation prochaine, il communie mieux. Il est plus recueilli, plus absorbé, il cache sa tête dans le sein de Jésus. Il sent battre le Cœur de Jésus. Il aime, il est aimé.
Ces paroles: «Ceci est mon corps, Ceci est mon sang», lui ont rappelé la grande promesse que Jésus avait faite après la multiplication des pains: «Je suis le pain de vie, celui qui mange ma chair et qui boit mon sang aura la vie en lui». Saint Jean croit. Il sent qu'il a la vie en lui.
Et ces autres paroles: «Faites ceci en mémoire de moi!». Saint Jean comprend que c'est le sacerdoce de la loi nouvelle qui lui est conféré. Les émotions se succèdent et se précipitent. Le cœur de saint Jean est tout gonflé d'amour, d'humilité, de reconnaissance. Il jette sa tête dans le sein de Jésus. Là il alterne entre le recueillement et les pieux colloques. Il est le modèle le plus parfait de l'action de grâces.
C'est parce que saint Pierre remarque les colloques intimes de Jean avec Jésus qu'il lui dit de demander le nom du traître.
Nul doute que saint Jean, impressionné par cette prophétie de la trahison, ait fait amende honorable au Cœur de Jésus dont il sentait les battements troublés par la douleur.
Apprenons de saint Jean à nous préparer à la sainte communion, à la bien recevoir, à offrir à Jésus l'action de grâces et l'amende honorable.
IIIe POINT: //Après la Cène. - //Saint Jean a vécu longtemps encore et sûrement il a toujours été le dévot de l'Eucharistie. Comment se consolait-il avec Marie de l'absence de Jésus, sinon par la sainte messe, la sainte communion, l'adoration de Jésus-Hostie. La piété chrétienne se plaît à représenter saint Jean communiant la sainte Vierge.
Quand saint Jean nous parle du fleuve de vie qui coule du trône de l'Agneau immolé, la tradition et l'art chrétien voient dans cette source de vie l'eau du baptême et le sang du Christ roulant dans ses flots les hosties eucharistiques.
C'est sans doute devant l'hostie ou après la communion que saint Jean recevait ses visions, comme la plupart des mystiques. Au commencement de l'Apocalypse, il nous rappelle la rédemption par le sang de Jésus et notre sacerdoce spirituel, puis il décrit la belle vision qu'il eut du Fils de l'homme un jour de dimanche. C'était sans doute pendant les épanchements de son action de grâces.
Dans ses apparitions à sainte Gertrude et à Marguerite-Marie, il est toujours l'apôtre de l'action de grâces, il repose toujours sur le sein de Jésus. Il renouvelle ainsi le grand exemple qu'il nous a donné au Cénacle, il nous exhorte à aimer tendrement Jésus et à lui rendre grâces avec ferveur.
//Résolutions. - //Saint apôtre, faites de moi l'ami de l'Eucharistie. J'admire votre empressement dans la préparation, votre ferveur dans la réception de la communion, votre tendresse dans l'action de grâces. Affermissez en moi ces dispositions par votre intercession puissante. Le Cœur de Jésus ne peut rien refuser à votre cœur aimant.
//Colloque //avec saint Jean.
//**4 Avril\\ **////Saint Jean et le Sacré-Cœur//
Ad Jesum autem cum venissent ut viderunt eum jam mortuum, non fregerunt ejus crura: sed unus militum lancea latus ejus aperuit, et continuo exivit sanguis et aqua. Et qui vidit, testimonium perhibuit, et verum est testimonium ejus. Et ille scit quia vera dicit, ut et vos credatis (S. Joan 19, 33).
Quand ils en vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; mais un des soldats lui ouvrit le côté avec sa lance, et il en sortit du sang et de l'eau. Celui qui l'a vu rend témoignage à la vérité. Il sait qu'il dit vrai et vous devez le croire (S. Jean, 19, 33).
//1////er//// ////Prélude. //C'est saint Jean qui nous a révélé l'ouverture du Cœur de Jésus. Il a été l'évangéliste du Sacré-Cœur.
//2////e//// ////Prélude. //Apôtre bien-aimé, faites-moi connaître et aimer toujours davantage le Cœur de Jésus.
Ier POINT: //Au Cénacle. - //Aucun évangéliste n'a parlé du Cœur de Jésus comme saint Jean. Saint Mathieu nous a bien rappelé un mot délicieux du Sauveur: «Apprenez de moi que je suis doux et humble de Cœur». Mais Saint Jean s'est dépeint avec complaisance reposant sur le Cœur de Jésus, et il nous a révélé l'ouverture du cœur de Jésus au Calvaire.
Il varie ses expressions pour nous dire le bonheur qu'il a eu de reposer sur le Cœur de Jésus. Il nous dit d'abord qu'il se coucha dans le sein de Jésus, puis qu'il reposa sur sa poitrine. Et plus tard, après la résurrection, quand Notre-Seigneur prédit à saint Pierre son martyre et à saint Jean sa longue vie, l'apôtre donne cette description si caractéristique: c'est l'apôtre que Jésus aimait, celui qui reposa à la Cène sur le cœur de Jésus.
Cet échange d'amitié du Maître et du disciple est une des plus touchantes révélations du Sacré-Cœur. C'est en même temps l'indication des rapports étroits qui unissent la dévotion au Sacré-Cœur à celle de l'Eucharistie.
Notre-Seigneur devait confirmer cet enseignement dans ses révélations à Marguerite-Marie: la dévotion au Sacré-Cœur est surtout eucharistique.
IIe POINT: //Au calvaire. - //C'est saint Jean qui promulgue l'ouverture du Cœur de Jésus. «Les soldats rompirent les jambes des deux larrons, suivant l'usage, dit-il, mais quand ils en vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les membres, mais l'un d'eux lui ouvrit le côté d'un coup de lance et il en sortit aussitôt du sang et de l'eau». Voilà le fait qui a été la cause éloignée du culte du Sacré-cœur et la voie providentielle par laquelle les vrais serviteurs et amis de Jésus ont été initiés et amenés à ce culte.
La plaie du saint côté annonce celle du cœur: le même coup de lance a ouvert l'un et l'autre. Mais la plaie du côté étant seule visible a arrêté d'abord les regards. Puis la piété des âmes chrétiennes a pénétré dans ce côté sacré par l'oraison. Elle y a rencontré le Sacré-Cœur. Elle l'a fait sortir même par la pensée, pour en étudier les battements, la blessure et l'amour. Et ainsi peu à peu, sous la direction de la Providence, la dévotion au Sacré-Cœur s'épanouissait, se développait et se complétait. C'est le récit de saint Jean qui en avait fourni les premiers éléments.
Et dans ses apparitions à Marguerite-Marie, Notre-Seigneur complotait ce travail séculaire des âmes mystiques, il tirait lui-même son cœur sacré de sa poitrine et le proposait à notre vénération et à notre contemplation.
Saint Jean a-t-il prévu ce culte formel du Sacré-Cœur? Il en eut sans doute quelque intuition, comme il le laissa entendre à sainte Gertrude. Et cela nous donne à penser quelles furent ses émotions quand il reposa sa tête sur ce divin Cœur, quand il le vit ouvrir au calvaire, quand il put voir, laver et embaumer cette plaie au pied de la croix, et enfin quand il l'a retrouvée dans le corps glorifié de Jésus après la résurrection.
IIIe POINT: //Au ciel//. - Jésus garde ses stigmates au ciel. Ils les montra à ses apôtres, à saint Thomas, à saint Jean et plus tard à saint François d'Assise.
Et le cœur de Jésus est encore le repos de saint Jean au ciel. Saint Jean dans l'apocalypse parle vingt-huit fois de l'Agneau céleste, de l'Agneau immolé, de l'Agneau qui donne son sang. Il le voyait donc au ciel avec la plaie de son cœur.
Saint Jean se montre à sainte Gertrude et à Marguerite-Marie dans l'attitude où il était au Cénacle, reposant sur le cœur de Jésus. On connaît son délicieux dialogue avec sainte Gertrude. S'adressant à Gertrude, Jean lui disait: «Epouse de mon maître, venez et reposons ensemble notre tête sur la très douce poitrine du Sauveur: en elle sont renfermés tous les trésors du ciel. - Bien-aimé du Seigneur, dit la sainte, ces battements harmonieux, qui réjouissent mon âme, réjouirent-ils la vôtre quand vous reposâtes, durant la Cène, sur la poitrine du Sauveur? - Oui, je les entendis, et leur suavité pénétra mon âme jusqu'aux moelles...». Puis le saint apôtre ajoutait qu'il n'avait pas eu mission d'en dire davantage et qu'il était réservé à nos pauvres temps si tièdes et si ingrats d'entendre la voix éloquente du cœur de Jésus qui viendrait rallumer la charité dans le monde.
//Résolutions//. - Saint apôtre, comme vous êtes aimable dans ce merveilleux privilège d'être l'ami de Jésus, le disciple du Sacré-Cœur et le prédicateur des principes de cette dévotion! Acceptez-moi pour votre disciple. Enseignez-moi, éclairez-moi, touchez mon cœur. Conduisez-moi au cœur de Jésus et permettez-moi de m'y reposer avec vous, comme vous l'avez permis à sainte Gertrude.
//Colloque //avec saint Jean.
//**5 Avril\\ **////Saint Vincent Ferrier//
Nos autem praedicamus Christum crucifixum:** **Judaeis quidem scandalum, gentibus autem stultitiam; ipsis autem vocatis, Judaeis atque graecis, Christum Dei virtutem et Dei sapientiam (1 ad Cor., 1, 23).
Pour nous, nous prêchons Jésus-Christ crucifié: c'est un scandale pour les juifs et une folie aux yeux des païens; mais pour les élus, juifs ou Grecs, c'est la puissance et la sagesse de Dieu (1 aux Cor., 1, 23).
//1////er//// ////Prélude. //Comme saint Paul, saint Vincent Ferrier a eu une grande mission apostolique et il l'a remplie en prêchant Jésus crucifié.
//2////e//// Prélude. //Grand saint, conduisez-moi à la source de vos lumières et de vos grâces, au Cœur de Jésus.
Ier POINT: //Les vertus de sa jeunesse. - //Dès son enfance il aimait la piété et l'étude, la piété surtout. Il fréquentait les églises et y passait tous les jours beaucoup de temps en oraison; il ne manquait jamais de jeûner le mercredi et le vendredi: sa tendresse et sa dévotion pour la sainte Vierge étaient extrêmes, et un prédicateur lui semblait toujours avoir bien prêché, lorsqu'il avait publié les louanges de cette Reine des Anges. Les larmes qui coulaient alors de ses yeux faisaient voir la joie dont son âme était remplie. La passion et la mort de Notre-Seigneur étaient un autre objet de sa dévotion: il ne pouvait rien lire ni entendre sur ce sujet qu'il ne pleurât d'amour et de compassion; aussi me manquait-il jamais de réciter les heures de la croix, et celles de Notre-Dame. Loin de faire tort à ses études, cette régularité lui méritait du ciel l'ouverture de l'esprit, et les lumières nécessaires pour réussir. Il avait aussi une très grande charité pour les pauvres: il leur donnait tout ce qui était en son pouvoir. Ayant reçu de ses parents une part de son héritage, il n'employa que quatre jours à tout distribuer aux nécessiteux, et surtout aux maisons religieuses, qu'il regardait comme des compagnies bienheureuses de pauvres évangéliques.
IIe POINT: //Sa mission apostolique. - //Le monde chrétien troublé par le schisme et affaibli par le relâchement avait besoin d'une rénovation. Saint Vincent fut l'ange choisi par Dieu pour annoncer ses justices et prêcher la pénitence. Lui-même eut cette révélation à Salamanque, qu'il était l'ange de l'apocalypse, chargé par Dieu de dire à tous les peuples: «Craignez Dieu et rendez-lui honneur, parce que le jour du jugement approche» (Apoc., 14, 6). Et en effet il parcourut toute l'Europe, avec le titre de missionnaire apostolique et de légat du Pape, convertissant les villes et les campagnes, les grands et les gens du peuple, par la puissance de sa parole, par l'exemple de ses vertus et par l'éclat de ses miracles. Il se préparait à la prédication par l'oraison continuelle, par l'étude de la théologie et la lecture de l'Ecriture sainte.
Il s'imposait de dures pénitences pour féconder son apostolat. Il portait le cilice, se donnait la discipline, et se levait à minuit pour réciter matines à genoux. Il ne dormait que cinq heures et couchait sur le sol.
Son oraison était continuelle et la présence de Dieu lui était si familière qu'il n'en détournait jamais ni son esprit ni son cœur.
Il avait toujours le crucifix à la main ou pendu à son cou pour conserver la mémoire de la Passion du Sauveur. Il l'appelait sa grande bible parce qu'il y trouvait le souvenir du plus grand mystère de la révélation. A son arrivée dans une ville, il allait toujours saluer le saint sacrement. C'étaient là les secrets de son action apostolique.
IIIe POINT: //Il puisait au Cœur de, Jésus ses lumières et ses grâces//. - Il pratiqua toujours le conseil qu'il donne lui-même dans son admirable traité de la vie spirituelle: «Quelque étendue d'esprit qu'on croie avoir, dit-il, il ne faut jamais omettre les pratiques de la dévotion; en lisant et en étudiant, on doit toujours élever son cœur à Jésus-Christ, pour lui demander la grâce de l'intelligence; et il est nécessaire de retirer souvent ses yeux du livre pour se cacher intérieurement dans les plaies du crucifix.
Il composait ordinairement ses sermons aux pieds du crucifix, pour tirer des plaies de Jésus crucifié la lumière et la chaleur dont il avait besoin pour toucher ses auditeurs.
Dans son sermon sur le Vendredi Saint, il nous fait voir qu'il pratiquait la dévotion au Cœur de Jésus: «Le soldat, dit-il, prit sa lance et l'enfonça dans le Cœur du Christ. Cette blessure, Jésus ne la reçut pas à l'endroit où d'habitude on la place, mais sous les côtes, d'où elle monta jusqu'au cœur. Pourquoi donc la représente-t-on comme on le fait? C'est parce que la peinture est comme l'écriture du peuple et ainsi on indique d'une manière plus expressive aux fidèles que la lance pénétra jusqu'au cœur du Christ, en signe qu'il nous pardonna nos péchés du fond du cœur par sa mort».
Résolutions. - Grand saint, obtenez-moi une dévotion ardente comme la vôtre envers le crucifix, les plaies de Jésus et surtout la plaie de son Cœur. Je veux m'appliquer à puiser là aussi les lumières et les grâces dont j'ai besoin, je ne puis y arriver que par l'union habituelle avec Notre-Seigneur. Je chercherai constamment cette union et Notre-Seigneur se laissera vaincre par ma bonne volonté.
//Colloque //avec Jésus crucifié.
//**6 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Le precepte nouveau======
Mandatum novum do vobfs, ut diligatis invicem, sicut dilexi vos, ut et vos diligatis invicem. In hoc cognoscent omnes quia discipuli mei estis, si dflectionem habueritis ad invicem (S. Joan, 13, 34).
Je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez entre vous comme je vous ai aimés. C'est à cela qu'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez entre vous (S. Jean, 13, 34).
//1////er//// ////Prélude. //Les discours de Notre-Seigneur au Cénacle et après la Cène, sont comme le testament dicté par son divin Cœur. Il faut les méditer, soit avant, soit après la résurrection.
//2////e//// Prélude. //Seigneur, daignez me donner la grâce d'aimer mon prochain à votre exemple, jusqu'au sacrifice, jusqu'à la mort, s'il le faut.
Ier POINT: //Le précepte nouveau: l'esprit de charité. - //Un des fruits les plus éclatants de la Pentecôte a été la charité mutuelle des disciples du Sauveur. Leur union édifiait ceux qui en étaient témoins, Notre-Seigneur les avait préparés à ce don dans son dernier entretien avant sa mort. «Mes enfants bien-aimés, leur disait-il, je n'ai plus que peu de temps à passer avec vous, mais avant de vous quitter, j'ai une dernière recommandation à vous faire. après avoir institué le sacrement de l'amour, par lequel vous ne faites tous, en quelque sorte, qu'un même corps avec moi, je vous donne pour une alliance nouvelle un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés moi-même. Aimez-vous, non seulement comme les créatures d'un même Dieu, ou comme descendants d'Abraham, votre père commun; mais aimez-vous comme des frères, comme enfants de l'Eglise, comme membres du même corps dont je suis le chef. Aimez-vous comme je vous ai aimés moi-même, jusqu'au sacrifice de vous-mêmes, jusqu'à donner votre propre vie pour sauver la cause de vos frères. C'est à cela qu'on reconnaîtra en vous mes disciples».
Mais le précepte nouveau demandait un esprit nouveau, une force nouvelle et ce devait être le fruit du Saint-Esprit.
IIe POINT: //La grâce de l'Esprit-Saint nous aide â remplir le précepte nouveau de la charité évangélique. - //C'est un précepte nouveau, 1° à cause de l'étendue que Notre-Seigneur lui donne. Il va jusqu'au sacrifice de soi-même pour les autres; 2° à cause de l'importance que Notre-Seigneur y attache. Il en fait le précepte fondamental de la loi nouvelle et le signe distinctif auquel on reconnaîtra ses disciples; 3° à cause des nouveaux motifs qui doivent exciter cet amour dans nos cœurs, à savoir: l'exemple de Notre-Seigneur, l'union avec lui, notre chef spirituel, et la participation à son amour pour ceux qui lui sont chers et qui sont ses amis, ses frères, ses enfants bien-aimés; 4° surtout à cause de la grâce de l'Esprit-Saint, qui nous donne la force de pratiquer cette charité. Ce n'est plus la crainte du commandement qui nous subjugue et nous oblige à aimer notre prochain comme nous-mêmes, c'est l'attrait de la grâce qui nous porte à l'aimer jusqu'au sacrifice.
Pourrions-nous résister à ce commandement que Notre-Seigneur nous donne, quand nous le voyons lui-même le pratiquer dans sa vie d'une manière si parfaite et y mettre le dernier sceau en mourant pour nous? Et comme si son exemple ne suffisait pas, il met en nos cœurs par son Esprit l'attrait de cette charité.
IIIe POINT: //Les fruits merveilleux du règne de la charité.// - «Mon Père et moi, dit Notre-Seigneur, en sommes glorifiés». C'est en effet l'amour divin pour les hommes, qui est imité et continué. Notre union fraternelle fait la joie de Dieu notre Père. Elle fait aussi notre force et notre consolation. Les œuvres de la charité fraternelle sont aussi un puissant moyen d'apostolat et l'instrument de la conversion des peuples. Le monde voit que nous nous aimons et il en est ému.
Cette charité a eu ses innombrables martyrs qui ont fécondé l'Eglise et rempli le ciel. Tous ceux qui ont sacrifié leur vie dans les labeurs et les dangers de l'apostolat sous toutes ses formes sont des martyrs de la charité. Ils ont bravé les fatigues, les maladies, les difficultés du climat, l'hostilité des infidèles pour aller au secours de ceux qui souffrent ou qui sont dans les ténèbres de l'idolâtrie. C'est l'esprit de charité qui les conduisait.
En nous donnant son précepte nouveau, Notre-Seigneur nous donne dans l'Esprit-Saint la grâce de l'accomplir.
Si nous correspondons à cet esprit de charité, nous pratiquerons entre nous la douceur, la patience, la bienveillance. Les œuvres de miséricorde nous seront chères et faciles. Nous aimerons à prendre soin des petits, des pauvres, des ignorants, de ceux qui souffrent. Nous nous souviendrons de la parole du bon Maître: «Ce que vous faites aux petits et aux déshérités, je le tiens pour fait à moi-même».
Si nous avons une charité ardente et abondante, nous la porterons jusqu'au sacrifice. Nous nous dépouillerons, nous nous fatiguerons pour secourir notre prochain, et s'il le faut, nous donnerons notre vie pour lui comme Notre-Seigneur l'a fait pour nous.
Résolutions. - O mon Sauveur, je veux désormais pratiquer la charité à votre exemple et selon l'esprit de votre divin Cœur. Je serai doux, patient, bienveillant, envers mes frères; je ne jugerai pas, je ne critiquerai pas. Je m'appliquerai avec ardeur aux œuvres de zèle pour vous gagner des âmes. Pardonnez-moi mes manquements si nombreux à la charité. Renouvelez en moi votre esprit.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**7 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Leçon d’humilité======
Dixit autem eis: Reges gentium dominantur eorum: et qui potestatem habent super eas, benefici vocantur. Vos autem non sic: sed qui major est in vobis, fiat sicut minor; et qui praeses est, fiat sicut ministrator (S. Luc, 22, 25).
Il leur dit: les rois des nations se montrent dominateurs, et ceux qui ont le pouvoir se font appeler bienfaiteurs. Chez vous, que ce soit autrement: que le plus grand se fasse comme le plus petit, et celui qui préside comme le serviteur (S. Luc, 22, 25).
//1////er//// ////Prélude. //C'est saint Jean qui nous a vraiment donné le testament du cœur de Jésus, dans ses chapitres 13 à 17, mais il y a aussi deux conseils du Bon Maître rapportés par saint Luc sur l'humilité et la fidélité.
//2////e//// Prélude. //Parlez, Seigneur, j'écoute votre leçon d'humilité.
Ier POINT: //Rivalité des apôtres. - //Deux fois Notre-Seigneur a été attristé par un ferment d'ambition qui se manifestait parmi les apôtres. Une première fois, ce fut à l'occasion de la demande indiscrète de Salome et de ses fils. Notre-Seigneur les rappela à l'humilité, au désintéressement, et leur dit que si les grands du monde se font servir avec rigueur, les dignitaires de l'Eglise devraient se faire les serviteurs de tous.
Saint Luc nous rapporte un fait analogue qui s'est passé au Cénacle. Saint Pierre paraissait discrédité par la prophétie qu'avait faite Notre-Seigneur de son reniement, et les autres se demandaient non sans passion, qui serait leur chef. Cette contention, qui avait lieu tout de suite après la réception du sacrement de paix et d'amour dut affecter sensiblement le Cœur de Jésus. Les apôtres étaient plus occupés d'eux-mêmes, des honneurs et dignités qu'il pouvaient ambitionner, que de la Passion dont Notre-Seigneur ne cessait de leur annoncer le commencement. Notre-Seigneur dut répéter les conseils déjà donnés une première fois, et cette leçon reste pour nous d'autant plus importante qu'elle est devenue ainsi comme une partie du testament du Sacré-Cœur de Jésus.
IIe POINT: //Leçons de défiance de soi-même et d'humilité. - //A saint Pierre, Notre-Seigneur donne une grande leçon de défiance de soi-même, il met les autres en garde contre l'esprit d'ambition et de domination.
Pierre est bon, généreux, ardent, mais il se croit déjà impeccable. Comme Notre-Seigneur annonce qu'il va les quitter: «Seigneur, où allez-vous, dit-il, j'irai avec vous. - Tu ne peux pas me suivre à présent, dit le Bon Maître, tu me suivras plus tard. - Pourquoi ne pourrais- Je pas vous suivre, dit saint Pierre? Ce ne sont pas les dangers à courir qui peuvent m'arrêter, je suis prêt à donner ma vie pour vous. - Tu le crois, dit le Seigneur, mais en vérité avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois».
Défions-nous de notre faiblesse. Veillons et prions. L'esprit est prompt, mais la chair est faible. Les résolutions sont faciles à prendre, mais difficiles à tenir.
Pendant ce temps-là les autres attristaient le Cœur de Jésus en se disputant la présidence entre eux. Jésus leur prêcha l'humilité, la douceur, le dévouement.
Vous faites, leur dit-il, comme les gens du monde qui ambitionnent les dignités et qui ensuite remplissent leurs charges avec arrogance. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Voyez comment je fais. Je vous donne l'exemple. Je suis votre maître et cependant je me comporte de toutes manières comme votre serviteur. Je vous ai lavé les pieds et servi à table et dans les évènements qui vont venir, je donnerai ma vie pour vous racheter.
Mettez ces dispositions dans vos cœurs. Eloignez-en l'ambition et ne pensez qu'à vous dévouer au bien de tous dans l'humilité et le sacrifice. Ces conseils sont une des belles pages du testament du Sacré-Cœur.
IIIe POINT: //Notre-Seigneur a prié pour saint Pierre. - //Saint Pierre a une part toute spéciale dans le testament du Sacré-Cœur. Notre-Seigneur a prié pour lui, afin que ses défaillances ne lui fassent point perdre sa mission.
Les dons de Dieu sont sans repentance. Une mission divine se perd difficilement, même si l'élu commet des fautes, pourvu qu'il sache se repentir et pleurer. David a pleuré et a été pardonné. Saint Pierre aussi a su pleurer et se repentir. Notre-Seigneur a prié pour lui, il l'en avertit au Cénacle: «Simon, voilà que Satan a demandé à te cribler comme le froment, mais moi j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, que ta chute serve à t'humilier, à te guérir d'une présomption funeste, mais non à te perdre sans retour; et toi, à ton tour, quand tu seras converti, affermis tes frères».
Pierre reste présomptueux. Il tombera quand même. C'était écrit dans Zacharie: «Je frapperai le pasteur et toutes les brebis seront dispersées».
Mais une grande leçon reste pour nous. Ne jugeons pas les supérieurs,
ils ont leurs faiblesses, mais ils gardent la mission de nous conduire. Restons fidèles à saint Pierre et à ses successeurs. Ils ont grâce pour nous affermir dans la foi, pour nous diriger, nous conseiller, nous instruire.
C'est un legs du Sacré-Cœur. Nous avons un chef indéfectible dans la foi. Notre-Seigneur a prié pour lui. Soyons reconnaissants au bon Maître d'avoir voulu demeurer ainsi avec nous dans la personne de son vicaire.
//Résolutions. - //Humilité du cœur, désintéressement vis-à-vis des emplois et des dignités, douceur vis-à-vis des inférieurs, confiance en l'Eglise et en son chef, voilà quelques-uns des derniers conseils de Notre-Seigneur. Les ai-je pratiqués jusqu'à présent? je m'examinerai en détail.
//Colloque //avec Notre-Seigneur.
//**8 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======La fidelité======
Vos autem estis qui permansistis mecum in tentationibus meis, et ego dispono vobis sicut disposuit mihi Pater meus regnum, ut edatis et bibatis super mensam meam in regno meo, et sedeatis super thronos judicantes duodecim tribus Israel (S. Luc, 22, 28).
Pour vous qui êtes demeurés avec moi dans les épreuves, je vous prépare un royaume, comme mon Père me l'a préparé, pour que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël (S. Luc, 22, 28).
//1////er//// ////Prélude. //C'est encore saint Luc qui nous rapporte ce conseil de fidélité et de persévérance donné par Notre-Seigneur.
//2////e//// Prélude. //Faites Seigneur, que je vous reste uni toujours, même dans l'épreuve, afin que je sois avec vous dans l'éternité.
Ier POINT: //Demeurer avec le bon Maître.// - «Vous êtes demeurés avec moi», leur dit Jésus. Il se hâte de louer la constance qu'ils ont montrée, en le suivant avec persévérance à travers les difficultés de l'apostolat et les contradictions des scribes et des pharisiens. Il vient de les blâmer de leurs ambitieux désirs, il les relève et leur montre le ciel... «Parce que vous êtes demeurés avec moi, vous serez assis sur des trônes».
Mon Dieu, je veux demeurer avec vous. «Que les autres cherchent au lieu de vous tout ce qu'ils voudront; rien ne me plaît et ne me plaira que vous, ô mon Dieu, qui êtes mon espérance et qui devez faire ma béatitude, dans toute l'éternité» (Imit. 1. 3, c. 31).
Demeurons avec Notre-Seigneur, non pas seulement par l'état de grâce, qui est l'essentiel, mais aussi par l'union intérieure, l'union habituelle du cœur et de la volonté, comme il convient à des amis du Sacré-Cœur.
La récompense est belle: partager le royaume de Notre-Seigneur. Tous les fidèles y auront part, mais Notre-Seigneur accordera une intimité particulière à ceux qui auront été les amis de son Cœur.
IIe POINT: //Confiance en la Providence. - //Cette union avec Notre-Seigneur aura des périodes diverses: il y aura des temps de paix et des temps d'épreuves. Notre-Seigneur nous donne encore dans ses derniers entretiens, que nous regardons comme son testament, des conseils pour ces circonstances diverses.
Vous avez eu, leur dit-il, une période d'apostolat pacifique. Je vous ai envoyés prêcher l'Evangile sans bâtons, sans besaces et sans chaussures, vous remettant aux soins de la Providence, qui devait veiller sur vous du haut du ciel, la Providence vous a-t-elle fait défaut? Quelque chose vous a t-il manqué? N'avez-vous pas trouvé partout une hospitalité attentive à pourvoir à tous vos besoins? - C'est vrai, répondirent-ils, rien ne nous a manqué.
Il y a ainsi des temps de vie facile pour les ministres de Dieu et pour les fidèles. Il y a des temps de paix où le diable semble vaincu et enchaîné.
En ces temps favorables, il faut unir le travail assidu avec une douce confiance dans la Providence.
Il ne faut pas s'endormir, il faut travailler assidûment, quotidiennement, avec une grande foi; sans oublier la prière constante et les mortifications.
Au retour de leur apostolat en Galilée, les disciples durent avouer qu'ils n'avaient pas toujours réussi. Ils avaient laissé certains malades et possédés sans pouvoir les guérir. Ils n'avaient pas été assez surnaturels. Ils avaient trop compté sur des succès faciles. Notre-Seigneur avait dû leur en faire reproche. Vous avez manqué de foi, leur a-t-il dit, vous avez manqué d'esprit surnaturel et de mortification. Il y a des démons qu'on ne peut vaincre qu'à force de prières et de jeûnes. Notre-Seigneur leur rappelle tout cela en quelques mots et il nous le rappelle aussi, comme une direction importante et qui doit nous rester présente.
IIIe POINT: //Il faut être prêt pour la lutte//. - Il y a donc une lutte qui est de tous les jours, le démon ne repose pas. Mais il y a des jours plus difficiles, des jours d'épreuves et de combats, et pour ces jours-là, il faut être armé du glaive.
Jésus avertit ses apôtres de se tenir prêts, spécialement pour le jour du lendemain, le grand jour de sa Passion, mais aussi pour l'avenir, pour la lutte spirituelle qui doit faire d'eux ses sanglants témoins et les vainqueurs du monde.
«Autrefois, dit le Sauveur, je vous ai envoyés sans bourse ni bâton, mais aujourd'hui je vous dis: si quelqu'un a une bourse, qu'il la prenne, et s'il n'en a pas, qu'il vende son manteau pour acheter une épée». Les apôtres prennent les choses au sens littéral: «Nous avons ici deux épées, disent-ils». Bien, dit le Sauveur, et il n'a pas le temps de leur expliquer le sens allégorique de ses paroles, que judas est déjà là avec sa bande. C'est évidemment une épée spirituelle que Jésus veut nous voir préparer. Et quelle sera cette arme invincible? Une seule, l'amour du Sauveur, l'amour du Sacré-Cœur. Comme le dit saint Paul, l'amour seul peut nous tenir indissolublement unis au Christ. «Qui pourra nous séparer du Christ, si nous l'aimons ardemment? Rien, ni la tribulation, ni l'angoisse, ni la faim, ni la spoliation, ni les périls, ni les persécutions, ni le glaive. Nous remporterons toujours la victoire par l'amour de celui qui nous a tant aimés» (Aux Rom., 8, 35).
//Résolutions. - //Courage, mon âme, prends ce glaive, pour terrasser la nature, le monde et l'enfer. Rien ne coûte à celui qui aime. Arme-toi de l'amour de Jésus par la méditation de ses mystères et tiens ton arme toujours prête par l'union constante avec le Sacré-Cœur.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**9 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======La foi vive======
Non turbetur cor vestrum, creditis in Deum et in me credite. In domo Patris mei mansiones multae sunt. Si quominus, dixissem vobis: quia vado parare vobis locum (S. Joan, 14, 1).
Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père; sinon, je vous l'aurais dit, puisque je vais vous préparer la place (S. Jean, 14, 1).
//1////er//// ////Prélude. //Notre-Seigneur recommande à ses apôtres de croire en lui comme en son Père. La foi vive est la source des grâces et du salut.
//2////e//// ////Prélude. //Je crois, Seigneur, mais augmentez ma foi; donnez-moi une foi vivante et agissante.
Ier POINT: //Mes troubles. - //Les apôtres étaient inquiets, troublés, anxieux, parce que Notre-Seigneur s'en allait. C'est toujours notre tentation. Elle est plus forte, quand notre foi baisse. Nous avons besoin de Notre-Seigneur. S'il est présent, au moins par la foi, notre âme est dans la paix, dans le calme.
Que le trouble est fréquent chez moi! «Mes jours sont mauvais, pleins de douleurs et de traverses, dit l'Imitation; je suis souillé par une infinité de péchés, enveloppé par un grand nombre de passions, resserré par diverses craintes, divisé par de multiples soins, distrait par la curiosité, embarrassé par la vanité, affligé par la tentation, amolli par les délices, tourmenté par mes désirs».
Les inquiétudes me dévorent, l'activité m'entraîne, la fièvre m'agite, les tristesses m'abattent.
Il me manque une foi vive. Le port de salut, l'asile de la sécurité est là, c'est le Cœur de Jésus, mais je ne sais pas y entrer et m'y tenir à l'abri de tous les troubles.
Seigneur, domptez par votre parole efficace ces flots agités qui bouleversent mon âme. Redites-moi la parole pacifiant que vous avez dite aux apôtres: «Que votre cœur ne se trouble pas», et mon cœur s'apaisera.
IIe POINT: //La foi vive. - //Et quel est donc, Seigneur, le chemin de la paix? - C'est la foi vive et confiante. Vous croyez en mon Père, croyez aussi en moi. Vous avez confiance en mon Père, ayez aussi confiance en moi.
C'est la foi qui pacifie, ce sont les vues, les espérances surnaturelles, qui soutiennent et qui consolent.
La foi me fait voir Dieu, sa volonté, son amour, même dans ce qui me trouble. Je dois croire sans hésiter et sans raisonner, croire avec mon cœur que Notre-Seigneur me voit souffrir et peiner, mais aussi qu'il se complaît à me voir patienter avec lui et pour lui. Il entend mes soupirs, mes prières; il compte, il recueille mes larmes; il bénit mes efforts, il apprécie mes sacrifices; il me prépare des jours de grâces et de consolations; il prépare ma couronne, ma demeure, dans la maison de son éternité.
Ah! la foi pratique, quelle source de grâce, de paix et de consolation! Si j'avais un peu de foi, comme un grain de sénevé! Si je croyais pratiquement à l'Evangile! Si je me rappelais avec foi que Notre-Seigneur a passé en guérissant toutes les infirmités; qu'il a pardonné à Madeleine, à la femme adultère, à la samaritaine; qu'il a ressuscité Lazare; qu'il a souffert pour moi toutes les douleurs de son agonie et de sa passion; qu'il a donné sa vie pour me sauver!
Si je me souvenais qu'il est bon, comme le bon samaritain, comme le bon Pasteur, comme le père de l'enfant prodigue! Si j'avais une foi plus vive, et plus pratique à l'Eucharistie! Si je croyais plus fermement que Notre-Seigneur est allé au ciel pour me préparer une place, serais- Je encore triste, anxieux et troublé?
Oh! que ce mot de Notre-Seigneur a un sens profond: «Que votre cœur ne se trouble pas! Croyez en moi comme vous croyez en mon Père!».
IIIe POINT: //Le ciel.// - «Ne vous troublez pas. Si je vous quitte, c'est pour votre bien. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Le séjour de la céleste félicité, qu'il a préparé pour ses élus est vaste et spacieux et il y a de la place pour vous tous. S'il n'en était pas ainsi, je vous l'aurais dit, je ne vous nourrirais pas de fausses illusions; mais je vais vous y préparer une place, après avoir détruit par ma mort le mur de séparation que le péché a élevé entre le ciel et la terre. Je vais prendre possession de mon royaume, mais vous en serez aussi les héritiers et y deviendrez mes concitoyens...».
Ainsi parlait Notre-Seigneur à ses apôtres. Mais ces paroles encourageantes étaient aussi pour nous. Il voulait aviver notre foi en la vie future.
O Jésus, attirez-moi après vous dans cette glorieuse demeure que vous
êtes allé occuper le premier. La première place vous y était due, parce que vous avez, à travers vos travaux, vos veilles et vos douleurs, accompli constamment et avec joie la volonté de votre Père qui est dans les cieux.
Augmentez ma foi afin que je marche vaillamment à votre suite. Rien ne coûte à celui qui croit et qui aime.
//Résolutions. - //Courage, ô mon âme, ne te laisse plus abattre par la tristesse et le trouble. Ne sais-tu pas que Jésus est bon, qu'il veut ton salut et qu'il est prêt à t'aider en tout? Crois en lui, tel qu'il est véritablement, le Jésus bienfaisant, le Jésus dévoué, le Jésus bon Pasteur. Crois et espere au Cœur de Jésus et tu ne seras pas confondue.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**10 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur://
======Promesse de l’Ésprit de verité======
Ego rogabo Patrem et alfum Paraclitum dabit vobis ut maneat vobiscum in aeternum, Spiritum veritatis quem mundus non potest accipere, quia non videt eum nec scit eum. Vos autem cognoscetis eum; quia apud vos manebit et in vobis erit (S. Joan, 14, 16).
Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour demeurer éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaîtriez; parce qu'il demeurera parmi vous et sera en vous (S. Jean, 14, 16).
//1////er//// ////Prélude. //Notre-Seigneur lui-même est la vérité, mais son Esprit est aussi la vérité, qu'il veut nous donner pour compléter son œuvre.
//2////e//// ////Prélude. //Seigneur, qui par votre Esprit éclairez les cœurs de vos fidèles, donnez-nous aussi le goût de la sagesse et la grâce de votre amour.
Ier POINT: //Notre-Seigneur a promis de nous envoyer son Esprit, l'Esprit de vérité, pour compléter son œuvre et pour nous donner l'intelligence et le goût des vérités révélées//. - Notre-Seigneur nous a prodigué les dons de l'esprit comme les dons du cœur. Pendant qu'il vivait avec ses disciples, il les initiait lui-même à la vérité: //Ego sum veritas//. En les quittant, il leur promit l'Esprit de vérité, qui les consolerait de son absence. C'est pour nous un don tout céleste. Ce n'est pas seulement le don de la foi, c'est l'intelligence et le goût des vérités révélées, dont la contemplation lumineuse et complète fera notre bonheur au ciel. C'est une lumière ajoutée à notre raison, un horizon nouveau et infini, ouvert devant elle, pour qu'elle y trouve non seulement la réponse aux questions de notre avenir éternel, mais même la solution d'une foule de problèmes naturels. Ce don est multiple, il comprend l'intelligence, la sagesse et la science. C'est une participation à la vie des esprits célestes.
«Si vous m'aimez, gardez mes commandements, a dit Notre-Seigneur, et je vous enverrai l'Esprit de vérité, l'Esprit sanctificateur, plein de toutes lumières, de toutes grâces et de toute vie spirituelle, l'Esprit de vérité, qui unit les hommes à Dieu par la connaissance et par l'amour. Le monde coupable et corrompu ne peut le recevoir. Etant dominé par les sens, il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaîtrez, il demeurera avec vous et sera en vous pour vous éclairer, vous diriger, vous fortifier».
IIe POINT: //«Je ne vous laisserai point orphelins, dit Notre-Seigneur, je vous laisserai un autre directeur, l'Esprit de vérité»//. - «Eclaires par lui, nous dit Notre-Seigneur, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que je ne fais qu'un avec lui dans l'unité de l'essence divine; et vous serez en moi, vous me serez unis par la vie de la grâce, par la docilité de l'esprit; et moi, je serai en vous pour vous éclairer, vous diriger, vous sanctifier». C'est l'Esprit-Saint qui nous unit au cœur de Jésus.
«Je ne pouvais pas tout vous dire par moi-même», nous dit Notre-Seigneur. Ma mort, ma résurrection, mon ascension devaient intervenir pour donner autorité à ma parole. Je vous donne mon Esprit, pour continuer mon enseignement. Il tient de moi et de mon Père toute vérité. Il vous introduira à ma suite dans le sanctuaire des vérités révélées. Il éclairera votre esprit, il vous donnera l'intelligence de ce que je vous ai enseigné. Il ne vous enseignera pas une autre doctrine, parce qu'il reçoit tout de mon Père et de moi. Nous ne faisons qu'un. Je vous parle par l'Esprit-Saint, comme mon Père vous parle par ma bouche. Il rendra témoignage de moi. Il vous aidera à comprendre ma divinité, mes mystères, ma vie, mon Cœur, mon amour pour vous.
IIIe POINT: //L'Esprit-Saint nous donnera l'intelligence et le goût des mystères du Sacré-Cœur. - //Et vous aussi, nous dit Notre-Seigneur, vous rendrez témoignage de moi. L'Esprit-Saint vous donnera les lumières et les grâces pour remplir votre mission d'apôtres du Sacré-Cœur. Il vous donnera l'intelligence et le goût des mystères de mon cœur, de mon amour et de mon immolation. Il vous donnera la force et le zèle pour travailler à l'accomplissement de votre mission, en répandant cette vie d'amour et d'immolation selon votre grâce. Il vous fera connaître le chemin que j'ai suivi, le chemin de la croix, du sacrifice et de l'immolation. Il vous conduira sur mes traces, il fera de vous ce que vous devez être, des victimes de mon cœur.
Vous rendrez témoignage de moi, si vous êtes unis à moi et instruits de ma science sacrée par l'oraison, si vos pensées sont les miennes, si vos désirs, vos joies vos tristesses sont conformes aux désirs, aux joies, aux peines de mon cœur.
Vous rendrez témoignage de moi en paroles, si votre conversation est surnaturelle, si vous parlez en hommes de Dieu, en prêtres, en religieux voués à mon cœur.
Vous rendrez témoignage de moi par vos actes, si vous faites la volonte de mon Père et la mienne, si vous agissez comme mes vrais disciples, comme les amis et les victimes de mon Cœur sacré, dans la régularité, dans l'humilité, dans le sacrifice et la charité.
//Résolutions. - //Merci, Seigneur, pour ce don si précieux de l'Esprit de vérité. Je veux désormais être attentif à ses lumières, écouter ses inspirations. Enseignez-moi par lui toutes vos amabilités. Faites-moi connaître et détester toute mon ingratitude, donnez-moi ce don d'oraison, sans lequel je ne puis pas répondre à ma belle vocation de disciple du Sacré-Cœur.
//Colloque //avec Notre-Seigneur.
//**11 Avril\\ Saint Léon le Grand**//
Et ego dico tibi quia tu es Petrus et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam et portae inferi non praevalebunt adversus eam. Et tibi dabo claves regni coelorum. Et quodcumque ligaveris super terram erit ligatum et in coelis, et quodcumque solveris super terram erit solutum et in coelis (S. Mat., 16, 18).
Et je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre j'édifierai mon Eglise et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. Et ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux et ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux (S. Mat., 16, 18).
//1////er//// Prélude. //Saint Léon est un des plus admirables successeurs de Pierre. Dans des temps difficiles il a gouverné l'Eglise avec autorité et majesté mais aussi avec les vertus les plus édifiantes.
//2////e//// Prélude. //Saint Léon, obtenez pour moi, de Notre-Seigneur, votre esprit d'amour et de réparation.
Ier POINT: //Humilité et zèle. - //Avec un talent merveilleux et un grand caractère, S. Léon rendit les plus grands services à l'Eglise et à l'Etat. Archidiacre de l'Eglise de Rome, il était dans notre pays du nord, occupé à réconcilier les deux généraux Aetius et Albinus quand il fut élu Pape, en 440. Dans les sermons qu'il prononçait aux anniversaires de son pontificat, il exprimait avec éloquence ses sentiments d'humilité. «Il a été effrayé en entendant la voix de Dieu qui l'appelait à gouverner l'Eglise, il se proclame trop faible pour un si lourd fardeau, trop petit pour une telle grandeur, trop dénué de mérites pour une si auguste dignité. Cependant il ne perd pas courage, parce qu'il n'attend rien de lui-même mais tout de celui qui opère en lui».
L'Eglise était attaquée de tous côtés par l'erreur et le vice. Il s'entoure d'auxiliaires choisis comme S. Prosper d'Aquitaine. Il commence la réforme par le peuple romain, afin que l'Eglise mère soit le modèle de toutes les églises. Il prêche lui-même aux grandes fêtes.
Ses cent cinquante lettres montrent avec quelle vigilance, quelle habileté et quelle autorité, il réglait partout ce qui avait besoin de l'être pour la doctrine et pour les mœurs.
IIe POINT: //Son amour du Sauveur. - //Ses beaux discours sur l'incarnation et la passion nous montrent combien il aimait Notre-Seigneur. Son admirable lettre à S. Flavien de Constantinople est restée comme le modèle de tous les traités de théologie sur l'incarnation du Verbe. Il est toujours rempli de force et d'éloquence dans ses sermons, mais il se surpasse en quelque sorte quand il parle du mystère de l'incarnation et de l'amour incompréhensible qui porta le Fils de Dieu à se revêtir de notre nature et de nos misères. Il est le disciple de S. Jean et le cite souvent. C'est avec lui qu'il nous dit: «Aimons donc Dieu, parce qu'il nous a aimés le premier. En nous aimant il restaure en nous son image; et pour trouver en nous quelque chose de sa ressemblance, il nous donne la grâce de faire ses œuvres, il éclaire nos esprits, et il nous enflamme du feu de son amour pour que nous l'aimions lui-même et tout ce qu'il aime» (Serm., 1 de jejunio decimi mensis).
Comme la plupart des Pères de l'Eglise, S. Léon a entrevu la dévotion au Sacré-Cœur à propos de l'ouverture du côté de Jésus. «De là sont sortis, dit-il, le sang et l'eau qui représentent l'Eglise en symbolisant les sacrements» (Lettre à S. Flavien).
L'Eglise est donc pour lui le don du Cœur de Jésus aux hommes et les sacrements sont le gage de son amour. C'est assez indiquer que nous devons bénir le Cœur de Jésus, qui s'est laissé ouvrir pour notre amour.
IIIe POINT: //Son esprit de réparation. - //C'est un grand prédicateur du jeûne et de l'aumône. L'Eglise a inséré au bréviaire ses belles homélies sur ces deux sujets... Le jeûne nous fournit des armes contre le démon. L'aumône est obligatoire, et par là, sans doute, il entend toutes les œuvres sociales en faveur des travailleurs et des indigents. «Dieu n'a donné des richesses aux hommes, dit-il, que pour qu'ils les versent dans le sein de l'indigence». Le riche n'est donc qu'un administrateur. Il ne doit pas accumuler les richesses par avarice, ni les prodiguer pour son plaisir.
A propos de l'anniversaire de la délivrance de Rome des menaces d'Attila, il reproche aux Romains leur indifférence. Ils oublient de remercier Dieu qui les a sauvés. Cette ingratitude demande réparation, dit-il. «Une négligence rare doit être réparée par une satisfaction plus éclatante encore».
S. Léon a voulu accentuer au Saint Sacrifice de la Messe le caractère de la victime réparatrice qui est le rôle du Sauveur.
C'est lui qui a fait insérer au canon ces mots: //Sanctun sacrificium, immaculatam hostiam. //C'était nous marquer comment nous devons aimer la réparation, à la suite de Notre-Seigneur.
La sainte liturgie lui doit beaucoup. Il a complété l'office de la veille de pâques. Imitons sa piété au pied des autels.
//Résolutions. - //Grand saint, entraînez-moi dans vos sentiers. Faites-moi goûter l'amour de Notre-Seigneur, spécialement dans les mystères de l'incarnation, de la passion et de l'Eucharistie. Enseignez-moi l'humilité, le zèle, l'amour pour l'Eglise. Mais surtout obtenez-moi la grâce d'une union plus intime avec Notre-Seigneur dans l'esprit d'amour et de réparation.
//Colloque //avec S. Léon.
//**12 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======La paix et la joie interieure======
Pacem relinquo vobis, pacem meam do vobis: non quomodo mundus dat ego do vobis. Non turbetur cor vestrum, neque formidet: Audistis quia ego dixi: Vado et venio ad vos. Si diligeretis me, gauderetis utique, quia vado ad Patrem quia Pater major me est (S. Joan., 14, 27).
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix: non comme la paix que donne le monde. Que votre cœur ne se trouble pas et ne craigne pas. Vous avez entendu ce que j'ai dit: Je m'en vais et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez, parce que je vais à mon Père, qui est plus grand que moi (S. Jean, 14, 27).
//1////er//// Prélude. //L'Esprit-Saint nous apporte la paix, la confiance, la consolation. Il est le Consolateur par excellence, //Paraclitus.//
//2////e//// Prélude. //Seigneur, conservez en nous la grâce de l'Esprit-Saint, la paix que vous nous avez donnée.
Ier POINT: //C'est l'esprit de paix que Notre-Seigneur nous donne. - //L'Esprit-Saint est l'esprit de paix. C'est comme tel que Notre-Seigneur nous le laissa. Il nous donnera la paix, non pas celle du monde qui est fausse, basée sur l'illusion et l'aveuglement, mais une paix véritable, celle des enfants de Dieu; une paix qui apaise toutes les inquiétudes de la conscience, qui console de toutes les peines de la vie; une paix que le monde ne connaît pas, que rien ne peut troubler et qui est un avant-goût des douceurs célestes.
Cette paix est bien le fruit du Saint-Esprit; elle repose sur la contrition, l'humilité, l'amour du Sacré-Cœur et l'abandon. //«Non turbetur cor vestrum. //Ne vous attristez pas, ne vous troublez pas de mon absence. Je suis encore avec vous, nous dit Notre-Seigneur. Mon Esprit vous consolera. Il entretiendra et fortifiera votre foi. Il vous dira que si je suis allé au Ciel, c'est pour vous l'ouvrir et pour vous y préparer une demeure éternelle, auprès de moi et de mon Père, //V////ado parare vobis locum... accipiam vos ad meipsum.// Il vous enseignera le chemin qui mène au Ciel, c'est celui que j'ai suivi. C'est moi-même qui suis votre voie. Si vous m'aimez, vous me suivrez dans la paix, la consolation et la joie».
IIe POINT: //L'Esprit-Saint nous consolera, comme Notre-Seigneur consolait ses apôtres dans sa vie mortelle. - Alium Paraclitum: //c'est un autre consolateur qu'il nous donnera pour continuer son œuvre. Il nous encouragera, il nous fortifiera dans les peines et les épreuves de la vie.
Les occasions de tristesse sont fréquentes en ce monde: //Tristitia implevit cor vestrum. //Les justes sont attristés par l'absence de Notre-Seigneur; par le souvenir de leurs péchés passés; par les tentations et le danger continuel de retomber; par les scandales qui règnent dans le monde; par les peines et les épreuves de cette vie.
L'Esprit-Saint nous apporte soulagement et adoucissement par la paix d'une bonne conscience; par l'amour du Sacré-Cœur; par l'entier abandon à la Providence; par la pensée de la courte durée des peines d'ici-bas: //et iterum modicum et videbitis me.//
Nous aurons nos tristesses aussi, mais elles seront changées en joie: //Vos contristabimini, sed tristitia vestra vertetur in gaudium. //Les larmes des pécheurs sont causées par leurs concupiscences; elles remplissent leur âme d'amertume et de désespoir. Les larmes des justes sont causées par leur contrition et par leur amour pour Dieu. L'Esprit-Saint y mêle sa consolation et sa paix, en attendant qu'il les change en allégresse.
IIIe POINT: //L'Esprit-Saint nous donne la paix avec Dieu, avec le prochain, avec nous-mêmes. - //Avec Dieu, par le repentir, le pardon de nos péchés, la prière assidue qui donne la confiance et l'abandon.
Avec le prochain, par la patience, la douceur, la charité, par la douce expansion qui est si facile et naturelle aux cœurs purs et vertueux. Avec nous-mêmes, en nous confirmant dans la foi et la confiance envers le Rédempteur; en nous rendant victorieux du monde et des passions; en nous inspirant la patience dans les épreuves.
Pensons souvent à Dieu, à sa bonté, à sa Providence, à son amour pour les hommes, au Ciel qui nous attend.
Cherchons la joie spirituelle et sainte, qui est le partage des cœurs purs: //Rectis corde loetitia... fructus spiritus: gaudium, pax //(aux Gal., 5). Cherchons la paix profonde que donne la ferveur: //pax quoe exsuperat omnem sensum. //Cette paix persévérera même au fond de l'âme dans les épreuves, dans la vie d'abandon, dans la vie de victime, s'il plaît à Notre-Seigneur de nous y élever.
Ferveur, pureté de cœur et de conscience, recueillement, mortification, ce sont là les sources de cette paix que l'Esprit-Saint veut nous donner.
Il nous donnera l'esprit de prière, le goût de la prière et de la vie intérieure et nous trouverons dans la prière, dans l'oraison bien faite, dans l'union habituelle avec le Sacré-Cœur une paix divine et une joie toute céleste: //ut gaudium vestrum sit plenum.//
L'Esprit-Saint ne peut être qu'un trait d'union pour nous faire vivre en Notre-Seigneur et avec Notre-Seigneur.
//Résolution. //- O// //mon Sauveur, donnez-nous votre Paraclet. Donnez-nous l'esprit de paix. Donnez-nous une paix stable et croissante, avec l'horreur du péché, la patience dans les épreuves, et cette union avec votre divin Cœur qui est la source de la paix la plus profonde. Donnez-nous l'amour de la pureté et l'abandon à la Providence, qui sont aussi des conditions de la paix.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**13 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======La confiance======
Et si abiero et praeparavero vobis locum, iterum venio, et accipiam vos ad meipsum ut ubi sum ego, et vos sitis. Et quo ego vado, scitis et viam scitis (S. Joan, 14, 3).
Quand je m'en serai allé et que je vous aurai préparé la place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez aussi. Or vous savez où je vais et vous savez la voie (S. Jean, 14, 3).
//1////er//// ////Prélude. //Jésus veut encore nous laisser l'impression que nous ne sommmes sur la terre qu'en pèlerinage et en chemin vers le ciel.
//2////e//// Prélude. //Seigneur, gravez profondément cette impression en mon âme, toutes mes dispositions en seront changées.
Ier POINT: //La vie terrestre n'est qu'un passage//. - «Je m'en vais, dit le Sauveur, mais c'est pour vous préparer une place». Telle doit être la pensée directrice de toute notre vie.
Une place nous attend au Ciel, préparée par Jésus. Nous ne sommes ici-bas qu'en passant, pourquoi donc nous attacher à des choses qui passent et qui vont disparaître?
Quand nous perdrions sur la terre nos parents, nos amis, nos biens, pourquoi nous décourager? Ne retrouverons-nous pas tout cela meilleur, perfectionné, dans la demeure stable, éternelle et royale où notre nom est inscrit dans le Cœur de Jésus.
Comme cette promesse de Jésus élève nos pensées! Il nous prépare une place; il est là avant nous, comme notre avocat, notre médiateur. Ayons confiance. Prenons le chemin qu'il nous a montré et suivons-le avec persévérance.
Marchons avec le regard fixé sur le terme où nous allons. Ne travaillons que pour le Ciel; vivons comme il convient à de futurs habitants du Ciel. Goûtons par l'espérance, la joie et l'avant-goût du Ciel.
IIe POINT: //Notre-Seigneur revient par sa grâce quand nous la demandons. - //«Je reviendrai», disait Notre-Seigneur. Il parlait d'abord de son retour prochain par ses apparitions après sa résurrection, puis de son retour spirituel par l'Esprit-Saint qui serait le lien entre nous et lui, et enfin de son retour définitif au jugement.
Comme le retour prochain et facile de Notre-Seigneur par la grâce et l'Esprit-Saint est consolant! Il vient et revient constamment par sa grâce. L'Esprit-Saint est son intermédiaire personnel, mais c'est Jésus qui l'envoie, qui le donne, qui nous parle, nous enseigne et nous console par lui. L'Esprit-Saint est son ambassadeur, son porte-voix.
Servons-nous d'une comparaison matérielle et imparfaite: Jésus nous parle par l'Esprit-Saint comme nous parlons à nos amis par les intermédiaires ingénieux de la télégraphie et de la téléphonie.
Bien plus, Jésus vient lui-même dans l'Eucharistie. Oh! comme vous aviez raison de dire, Seigneur, que vous reviendriez et que vous ne nous laisseriez pas orphelins.
Jésus quittait ses apôtres par sa mort et par son ascension. Il nous quitte quand nous l'obligeons par nos fautes à s'éloigner, ou quand notre tiédeur le porte à dissimuler sa présence, à la rendre moins active, ou encore quand sa Providence veut nous éprouver par l'aridité.
Oh! Jésus, ne m'abandonnez pas! Revenez, revenez. Si j'ai péché, je me jette à vos pieds, je me repens comme l'enfant prodigue. Revenez, revenez. Si ma tiédeur vous a froissé et dégoûté, revenez encore, je déteste cette tiédeur, je la regrette, j'en veux sortir. Revenez!
Si vous vous êtes éloigné pour m'éprouver, revenez, car je suis faible et j'ai besoin de vous.
IIIe POINT: //Jésus reviendra nous chercher. - //Jésus revient souvent //nous visiter, //par la grâce et l'Eucharistie, mais plus tard il reviendra //nous chercher, //pour nous mettre là où il est lui-même: //iterum venio et accipiam vos. - //Espérance ineffable! quand à mon tour je m'en irai; quand s'effacera devant mes yeux le spectacle passager du monde; quand les hommes indifférents ou attristés s'éloigneront de ma couche d'agonie, Jésus reviendra et il me prendra avec lui pour me conduire, à travers quelques purifications sans doute, à la place qu'il m'a préparée avec une infinie tendresse. Il reviendra me chercher, afin que là où il est, je sois aussi à jamais.
Oh! le seul ami véritable de mon âme, comment ai-je pu vous délaisser si souvent et si longtemps! Qui puis- Je donc vous comparer? N'aurais- Je pas dû vous aimer par-dessus tout et vous rester uni à tout prix?
Jésus reviendra, non seulement au moment de ma mort, pour chercher mon âme; mais encore au moment du grand jugement, pour chercher mon corps lui-même et lui donner place au paradis. que de sens variés et consolants dans ce mot de Jésus: //Je reviendrai! //Ma vie est une vie d'attente. Elle n'a de précieux que les visites de Jésus, visites incessantes de la grâce, visites quotidiennes de l'Eucharistie, en attendant les grandes visites où il viendra me chercher. Je ne devrais avoir que cette pensée, comme l'apôtre S. Jean: Venez, Seigneur Jésus, venez!
//Résolutions.// - O// //Jésus, demeurez avec moi. Ne fuyez pas ma tiédeur, mais corrigez-la. Venez avec vos grâces croissantes. Ne permettez plus que je perde l'union avec vous. Il le faut, je vivrai en union avec votre Cœur. Je serai fidèle à conserver cette union, à la raviver fréquemment chaque jour.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**14 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Jésus est la voie, la vérité et la vie======
Et quo ego vado scitis et viam scitis. Dicit ei Thomas: Domine, nescimus quo vadis et quomodo possumus viam scire? Dixit ei Jésus: Ego sum via, veritas et vita: nemo venit ad Patrem nisi per me (S. Joan, 14, 5).
Vous savez où je vais et quel est le chemin. Thomas lui dit: Seigneur, nous ne savons pas où vous allez, comment pouvons-nous savoir le chemin? Jésus lui dit: Je suis la Voie, la Vérité et la Vie: Personne ne vient à mon Père que par moi (S. Jean., 14, 5).
//1////er//// ////Prélude. //Jésus est la Voie, la Vérité et la Vie. Par ces paroles, il nous appelle à le suivre.
//2////e//// Prélude. //Seigneur, vous êtes la Voie, prenez-moi à votre suite sur le chemin de la Vérité et de la Vie.
Ier POINT: //Jésus est la voie//. - «Où je vais, vous le savez et vous savez la voie». La question de Thomas est étonnante, Jésus a toujours parlé si clairement!
Où il va? Il va à son Père, il l'a souvent dit et il vient de le répéter: «Je vais vous préparer une place dans la maison de mon Père».
Jésus est la voie. N'a-t-il pas dit à tous ceux qu'il appelait: //Sequere me, //suivez-moi? Il nous a montré la voie qui conduit au Ciel, c'est celle où il a marché le premier. C'est la voie de l'humilité et de la douceur, c'est la voie du détachement et du renoncement, la voie de la pénitence et de la réparation, c'est la voie du dévouement et du sacrifice.
C'est aussi la voie d'union et d'amour. Que de fois Notre-Seigneur nous a dit: «Je vis en mon Père, et mon Père en moi; je fais toujours la volonté de mon Père; j'aime mon Père, j'observe ses préceptes et je demeure dans son amour». Voilà la voie: nous tenir unis à Jésus, à son divin Cœur: faire en tout sa volonté, demeurer dans son amour; apprendre de lui qu'il est doux et humble, qu'il est sacrifié et immolé, qu'il est abandonné entre les mains de son Père.
IIe POINT: //Jésus est la vérité. - //Il est la vérité par essence, mais pour nous il est la vérité dans son enseignement.
Il nous a enseigné la vraie foi, la vraie sagesse, la vraie sainteté. Sa parole est lumineuse, elle attire les âmes et satisfait les intelligences.
Le peuple courait après lui et disait: «Aucun homme n'a jamais parlé comme cet homme-là» (S. Jean, 7, 46), et encore: «D'où vient à cet homme tant de sagesse et une parole si admirable! n'est-il pas un charpentier de Nazareth?».
Jésus est la vérité et il nous a communiqué la vérité. Il nous a laissé son enseignement sublime sur toutes les grandes questions de notre origine, de nos devoirs et de notre fin: «Tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai révélé» (S. Jean, 15, 15).
Tout est vrai en Jésus, tout est mensonge ou vérité incomplète parmi les hommes: //Omnis homo mendax// (Ps.,// //115).
Les hommes sont ignorants et hypocrites. Leurs pensées, leurs paroles manquent de vérité. Leurs flatteries sont mensonge, leurs vertus sont plus apparentes que réelles.
Le monde ne veut pas de la vérité complète, il cherche une vérité mitigée et adaptée à sa faiblesse.
En Jésus, la vérité est pure, simple, complète. Dans tout son enseignement, il ne cesse d'opposer la vérité aux erreurs et aux faux jugements du monde.
«Le monde, nous dit-il constamment, cherche la richesse, les honneurs, les plaisirs, la domination, la vengeance; mais moi, je vous recommande le détachement, l'obéissance, la mortification, l'humilité, le pardon des injures». Voilà la vérité, la vraie voie qui conduit au salut.
Parlez, Seigneur, je veux vous écouter constamment. Enseignez-moi toute la vérité. Je veux vous écouter dans le recueillement et me défier du monde et de ses maximes.
IIIe POINT: //Jésus est la vie//. - «Jésus-Christ est ma vie», dit S. Paul (aux Philip., 1, 21). Je vis pour lui, pour sa gloire, pour la diffusion de son nom et la propagation de son règne, je ne vis que pour lui, je ne m'intéresse qu'à lui. Je n'ai qu'un but: ou vivre pour travailler à son règne, ou mourir pour aller le retrouver au ciel.
«Jésus-Christ vit en moi», dit encore S. Paul. Je ne veux plus vivre d'une vie naturelle et terrestre. Je ne vis plus, c'est Jésus-Christ qui vit en moi. Il vit par sa grâce, il vit par sa doctrine et ses vertus, il vit en moi par l'Eucharistie.
Il vit en moi par la grâce sanctifiante et par l'Esprit-Saint que j'ai reçu en vertu de ses mérites.
Il vit en moi par la grâce actuelle, dans laquelle l'Esprit-Saint me transmet constamment ses conseils, ses préceptes, ses dons et ses encouragements.
Jésus veut vivre en moi par sa ressemblance, par ses vertus, comme un père vit en ses enfants.
Où puiserai-je sa vie? Dans sa grâce, dans son Eucharistie; dans la souffrance et la prière qui m'ouvriront les trésors de sa grâce; dans son Cœur surtout, où je boirai, comme un enfant boit aux mamelles maternelles: //Haurietis tiquas in gaudio de fontibus Salvatoris. //Comme S. Jean, comme S. François, comme S. Gertrude et Marguerite-Marie, comme S. Paul de la Croix, je puiserai au Cœur de Jésus ses vertus avec son amour.
//Résolutions. - //Je connais maintenant la voie, la vérité et la vie. Comment serais- Je encore assez insensé pour courir dans les sentiers de l'erreur et du mensonge, dans les chemins qui conduisent à la mort!
//Sequere me, //suis-moi, me dit Jésus. Me voici, Seigneur, pour marcher avec vous, pour faire votre volonté, toujours, à tout instant, dans l'union avec votre divin Cœur.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**15 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======La force et la patience======
Haec locutus sum vobis ut non scandalizemini. Absque synagogis facient vos: sed venit hora ut omnis qui interficit vos, arbitretur obsequium se praestare Deo. Et haec facient vobis, quia non noverunt Patrem, neque me (S. Joan, 16, 1).
Je vous dis cela pour que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous prendront vos églises, et un jour viendra où celui qui vous mettra à mort, croira bien faire. Ils feront cela parce qu'ils ne connaissent ni mon Père ni moi (S. Jean, 16, 1).
//1////er//// ////Prélude. //Des épreuves viendront, mais l'Esprit-Saint nous fortifiera et nous rendra vainqueurs du démon et du monde.
//2////e//// ////Prélude. //Seigneur, rendez-nous puissants dans la prière et fervents dans votre amour pour que nous surmontions toutes les difficultés.
Ier POINT: //L'Esprit-Saint nous apportera la force et la patience dans les difficultés et les épreuves de la vie. - //Sous ce rapport aussi Notre-Seigneur ne nous laissera pas orphelins. Il nous soutiendra par son Esprit. Les épreuves viendront et bien grandes. Nous serons en butte à la haine du monde et aux persécutions, mais ne craignons pas, les persécutions n'empêcheront pas l'accomplissement des desseins de Dieu ni l'établissement de son règne. L'Esprit-Saint rendra témoignage à Notre-Seigneur par la vérité qu'il propagera et par les œuvres qu'il inspirera; et nous, fortifiés par l'Esprit-Saint, nous rendrons aussi témoignage à Notre-Seigneur en prêchant la vérité et en supportant pour elle toutes les épreuves et les contradictions.
Nous devons être les instruments de l'Esprit-Saint pour la rénovation du monde. Nous trouverons en lui tous les secours nécessaires pour remplir dignement notre mission apostolique. Il nous fortifiera dans la vérité, dans le zèle et dans la patience.
La prière sera le canal de notre force. Nous prierons Dieu avec une foi entière et une vive confiance pour le succès de nos œuvres, pour le salut des âmes et pour le règne du Sacré-Cœur. «Demandez et vous recevrez, nous dit Notre-Seigneur, et votre joie sera entière. Demandez en mon nom, avec l'aide du Saint-Esprit, mon Père vous aime, parce que vous m'avez aimé et il vous exaucera».
IIe POINT: //L'Esprit-Saint fortifiera notre foi. - Docebit vos omnia…. suggeret vobis omnia.// Il// //nous enseignera toutes choses. Il nous rendra l'obéissance à Dieu de plus en plus douce et facile, en nous faisant comprendre combien Dieu nous aime et combien nous devons l'aimer. L'obéissance et le sacrifice ne coûtent pas à celui qui aime: //Diligo Patrem et sicut mandatum dédit mihi, sic facio.//
L'Esprit-Saint nous rappellera l'exemple de Notre-Seigneur qui nous soutiendra.
Notre-Seigneur nous a choisis comme ses apôtres, pour répandre son amour, pour travailler au règne de son Cœur. Nous attaquerons la corruption du monde, le monde corrompu s'élèvera contre nous Mais, si le monde nous hait, sachons qu'il a d'abord haï Notre-Seigneur. Le serviteur n'est pas plus grand que son maître.
S'ils ont persécuté Notre-Seigneur, ils nous persécuteront aussi. Nous supporterons comme lui les persécutions avec patience. Les épreuves serviront à notre avancement dans la vertu, à notre sanctification.
Les promesses de Notre-Seigneur nous soutiendront aussi. Nous savons que le secours nous viendra en temps convenable et que nous serons récompensés de tout ce que nous aurons souffert.
Notre-Seigneur nous a prévenus afin que nous ne soyons pas scandalisés, et que les épreuves ne nous découragent pas et ne nous abattent pas. L'Esprit-Saint nous fortifiera, nous éclairera. Il convaincra le monde de péché. En propageant la vérité et la vertu par les ministres de l'Evangile, il rendra manifestes l'iniquité du monde et la justice chrétienne.
IIIe POINT: //Fortifiés par l'Esprit-Saint, nous rendrons témoignage de NotreSeigneur. - //Nous confesserons sa doctrine, nous suivrons ses enseignements, nous imiterons ses exemples. Nous le confesserons de cœur, de bouche et d'action. Nous dirigerons nos pensées, nos désirs, nos projets vers tout ce qui peut contribuer à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Nous réglerons nos paroles selon sa loi, en évitant tout ce qui blesse la charité, la vérité, l'humilité. Nous agirons comme lui en faisant uniquement la volonté de son Père.
Ayons courage dans l'action et dans la souffrance. Les tentations viendront et les chutes aussi. Le démon et le monde ne se reposent pas. La vie a ses épreuves inévitables. L'Esprit-Saint nous fortifiera pour la lutte et pour la patience. Il nous donnera la force de la foi, celle de l'espérance et surtout celle de l'amour. Il nous rappellera la nécessité de l'expiation, la brièveté de la vie, la récompense du ciel; mais par-dessus tout il nous unira à Notre-Seigneur par la charité. En l'aimant, nous nous conformerons à ses sentiments. Nous souffrirons volontiers avec lui et pour lui. Rien ne coûte à celui qui aime.
Prenons courage. La vie d'amour exclut la tristesse. Vivons dans la ferveur et le pur amour. L'Esprit d'amour nous soutiendra, si nous savons le puiser au Cœur de Jésus.
//Résolutions. - //Donnez-moi, Seigneur, cette force dont j'ai tant besoin. Touchez mon cœur par votre amour, afin que je sois prêt à surmonter toutes les difficultés et toutes les épreuves. Je sais que rien ne coûte à celui qui aime. Pour me fortifier, je chercherai votre amour et me rappellerai constamment les bontés de votre divin Cœur.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**16 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Promesses de grâces a ceux qui croient en Jésus et qui prient en son nom======
Amen, amen dico vobis, qui credit in me, opera quae ego facio, et ipse faciet, et majora horum faciet, quia ego ad Patrem vado. Et quodcumque petieritis Patrem in nomine meo, hoc faciam, ut glorificetur Pater in Filio (S. Joan, 14,12).
Je vous le dis en vérité, celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais et de plus grandes encore, parce que je vais à mon Père. Et tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, je le ferai, pour que mon Père soit glorifié en son Fils (S. Jean, 14, 12).
//1////er//// ////Prélude. //Avoir foi en Jésus et prier en son nom sont des moyens tout-puissants pour obtenir des grâces.
//2////e//// Prélude. //Je crois, Seigneur, mais augmentez ma foi. Unissez-moi chaque jour davantage à votre divin Cœur.
Ier POINT: //Connaître Jésus//. - «Si vous// //m'eussiez connu comme vous deviez, dit Jésus, vous auriez aussi connu mon Père, car mon Père et moi ne faisons qu'un; mais bientôt vous le connaîtrez, en recevant le Saint-Esprit, et déjà, en me voyant, vous l'avez vu. - Seigneur, lui dit Philippe, montrez-nous le Père céleste, par quelque vision miraculeuse, et cela nous suffit. - Eh quoi! lui dit Jésus avec un doux reproche, depuis si longtemps que je suis avec vous, vous ne me connaissez pas encore? Vous ne savez pas encore que je suis Fils unique et consubstantiel du Père? Philippe, celui qui me voit, voit aussi le Père, et n'a pas besoin d'autre révélation, car mon Père et moi ne faisons qu'un dans l'unité de l'essence divine. Comment dites-vous donc: Montrez-nous le Père? Ne croyez-vous pas que je suis en mon Père et que mon Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; elles ne sont pas le fruit d'une intelligence humaine; et les miracles que je fais sont l'œuvre de mon Père qui demeure en moi. Ils sont la preuve de ma mission et de ma nature divine. Ne croyez-vous pas que je suis en mon Père et que mon Père est en moi? Encore une fois, si vous ne croyez pas à mes paroles, croyez au moins à cause des œuvres que je fais». -Nous sommes aveugles comme les apôtres. En voyant les œuvres de Notre-Seigneur, nous devrions voir clairement qu'il est notre Dieu.
IIe POINT: //Croire en Notre-Seigneur.// - «Vous avez vu mes miracles, dit Notre-Seigneur, vous en ferez vous-mêmes, si vous croyez en moi.
En vérité, je vous le dis, les œuvres que je fais, celui qui croit en moi les fera lui-même aussi et il en fera même de plus grandes. Vous guérirez les malades, vous ressusciterez les morts, vous parlerez les langues et vous convertirez à l'Evangile l'univers entier. Votre foi sera toute-puissante».
Telles sont les promesses de Notre-Seigneur. Et moi, je crois avoir la foi, je crois connaître Notre-Seigneur, je travaille pour sa gloire, pourquoi donc mes œuvres sont-elles stériles? C'est que ma foi n'est pas assez vive.
Notre-Seigneur peut me dire: «Vous ne croyez pas en moi avec la foi ardente des saints. Vous ne croyez pas à la sainteté de ma vie, à la perfection de mes sentiments et de mes actes, puisque vous vous appliquez si peu à les imiter; vous ne croyez pas d'une foi vive à l'Eucharistie, puisque vous êtes si froid en ma présence; vous ne croyez pas à mon Cœur, à sa bonté, à sa générosité, à sa miséricorde, puisque vous l'invoquez si froidement. De là vient la stérilité de votre vie et l'inutilité de vos œuvres».
C'est vrai, Seigneur, je vous connais bien peu jusqu'à présent. Ma foi en vous est presque dérisoire. Je vous parle avec distraction et négligence. Et par suite ma confiance est hésitante et mon amour est tiède. Changez mon cœur, donnez-moi une foi vive et ardente.
Pardonnez-moi toutes mes faiblesses passées qui vous ont tant attristé. Encore une fois, changez mon cœur.
IIIe POINT: //Prier au nom de Jésus.// - «Rien ne résistera à vos prières, nous dit Notre-Seigneur, car je vais à mon Père, pour être votre protecteur, votre intercesseur et votre avocat, et tout ce que vous demanderez à mon Père et mon nom, je le ferai, je vous l'accorderai, afin que mon Père soit glorifié dans son Fils; et ce que vous me demanderez en mon nom, je le ferai».
Mes prières seront donc exaucées, si elles sont faites au nom de Jésus, avec une intention pure et une volonté conforme à ses desseins.
J'ai beaucoup à prier, pour l'Eglise, pour ma patrie, pour ma famille, pour les âmes, pour tous les intérêts de la gloire de Dieu, et je prie, mais combien faiblement! Je ne sais pas faire valoir les mérites de Notre-Seigneur. Ma foi est trop superficielle, je ne sais pas puiser aux trésors du Cœur de Jésus, pour acheter les grâces dont j'ai besoin.
Ai-je bien fait valoir dans mes prières, le sang de Jésus, ses larmes, ses plaies, les prières de ses veilles et de son agonie?
Je ne suis pas assez pénétré de la valeur de ces trésors, parce que mes oraisons et méditations sont froides et distraites.
«Ce que vous demanderez dans l'oraison, avec foi, dit Notre-Seigneur, vous l'obtiendrez». C'est la vie d'oraison, c'est l'union au Cœur de Jésus, c'est l'amour ardent pour Notre-Seigneur et la juste appréciation de ses mérites, qui féconderont mes prières.
//Résolutions. //- Si// //je veux que mes œuvres et mes prières soient efficaces, il faut que je vive de la vie intérieure, que je contemple quotidiennement les mystères de Notre-Seigneur, que je sois pénétré du prix de ses mérites, de son sang, de ses souffrances, et que j'apprécie toute la force et la tendresse de son amour pour moi.
//Colloque //avec Notre-Seigneur.
//**17 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Si nous aimons Dieu et Notre-Seigneur,
ils demeureront en nous======
Non relinquam vos orphanos, veniam ad vos. Adhuc modicum et mundus me jam non videt. Vos autem videtis me, quia ego vivo, et vos vivetis. In illo die vos cognoscetis quia ego sum in Patre meo, et vos in me et ego in vobis (S. Joan, 14, 18).
Je ne vous laisserai pas orphelins; je viendrai à vous, Encore un peu et le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez, parce que je vis et vous vivrez aussi. En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous (S. Jean, 14, 18).
//1////er//// ////Prélude. //Les apôtres sont tristes. Ils pressentent la séparation prochaine. Mais Jésus leur dit: Je ne vous laisserai pas orphelins.
//2////e//// ////Prélude. //Seigneur, demeurez avec moi. Ne m'abandonnez pas. Je me consacre à votre service et à votre amour.
Ier POINT: //«Je ne vous laisserai point orphelins». - //Je ne vous laisserai pas sans appui, sans conseil, sans guide, sans affection. Je vous promets l'Esprit-Saint pour me remplacer, et de plus je reviendrai moi-même de diverses manières. Je viendrai vous visiter après ma résurrection. Le monde ne me verra plus, ma mission terrestre est finie; mais vous, vous me verrez encore vivant.
Je vous visiterai aussi par la grâce. Eclairés par l'Esprit-Saint, vous croirez à ma divinité, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que je ne fais qu'un avec lui dans l'unité de l'essence divine; et vous serez en moi, vous me serez unis par la vie de la grâce, comme les membres sont unis à leur chef, comme les branches de la vigne sont unies au cep dont la sève les nourrit; et moi je serai en vous, vous éclairant, vous dirigeant, vous sanctifiant, par l'Esprit-Saint que je vous enverrai.
En vous quittant corporellement et selon les apparences, je ne vous abandonne pas pour cela, je reste encore avec vous de diverses manières, par la foi, l'amour, la grâce sanctifiante et par l'Eucharistie. Je ne vous laisse pas orphelins.
IIe POINT: //Aimer et servir.// - «Si vous m'aimez, dit encore Notre-Seigneur, gardez mes commandements... celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime... Celui qui m'aime garde ma parole, et la parole que vous avez entendue n'est pas de moi, mais de mon Père qui m'a envoyé. Si donc vous gardez cette parole, c'est-à-dire mes préceptes et mes conseils; si vous pratiquez les vertus que je vous ai enseignées, mon Père et moi nous vous aimerons, nous vous visiterons, nous demeurerons avec vous».
«Si quelqu'un m'aime», a dit Notre-Seigneur; ce quelqu'un, est-ce moi? Oui, si je garde sa parole, si je la fais passer dans ma vie, même celle qui me commande de mourir à moi-même, en me soumettant à l'obéissance, aux inspirations de la grâce, à la conduite de la Providence.
«Celui qui m'écoute et qui m'obéit, dit Notre-Seigneur, c'est celui-là qui m'aime». J'ai là un moyen facile d'aimer, un moyen infaillible, garanti par la parole divine elle-même. Si j'obéis, si je fais la volonté divine, Notre-Seigneur tiendra cela pour un acte d'amour. Je veux donc chercher uniquement cette volonté. Ma règle et les conseils de mon directeur me la feront connaître.
Je ne veux pas cependant obéir froidement et sèchement comme un esclave. J'obéirai comme un fils qui est heureux de contempler son père, sa mère, et qui obéit autant avec son cœur qu'avec sa volonté.
IIIe POINT:// Admirable union avec Dieu//. - «Si quelqu'un m'aime et garde ma parole, dit encore Notre-Seigneur, mon Père l'aimera et nous ferons en lui notre demeure... Celui qui m'aime et qui le prouve en observant mes commandements, sera aimé de mon Père, et moi je l'aimerai et je me manifesterai à lui... Et alors vous comprendrez que je suis en mon Père, et vous sentirez que je suis en vous et vous en moi».
O admirable union! «Vous me serez unis, dit Notre-Seigneur, par la vie de la grâce, par les sentiments du cœur et par l'accord des volontés... Je vous serai uni par l'influence de mes lumières et de mes directions, par la consolation de ma présence sensible et de mon amour».
Je puis donc vivre dans le Cœur de Jésus et Jésus veut vivre dans mon cœur: «Vous en moi et moi en vous», nous dit-il. O divin Cœur de Jésus, soyez désormais ma demeure. En vous je prierai efficacement, en vous je prendrai conseil sans crainte de me tromper, en vous je contemplerai le modèle de toutes les vertus.
Je sais le moyen d'habiter en vous, c'est de me conformer à ma règle et à toutes vos volontés.
Maintenant je puis dire avec David: «Que vos tabernacles sont aimables, ô mon Dieu!... Un jour de repos et de vie surnaturelle en votre maison, c'est-à-dire en votre Cœur, vaut mieux que mille ans passés parmi les pécheurs».
//Résolutions. - //Aimer et obéir, pour être aimé. Je veux arriver à cette admirable union, à la vie du Père, du Fils et du Saint-Esprit en mon cœur. Je sais le moyen: aimer et obéir, accomplir toute ma règle, toutes mes coutumes pieuses en union avec le Cœur de Jésus.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**18 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======J’aime mon Père, je fais ce qu’il m’a commandé======
Venit princeps mundi hujus, et in me non habet quidquam, sed ut cognoscat mundus quia diligo Patrem, et sicut mandatum dedit mihi Pater, sic facio. Surgite, eamus hinc (S. Joan, 14, 30).
Le prince de ce monde vient, il n'a pas de pouvoir sur moi, mais je le laisse agir, pour montrer au monde que j'aime mon Père et que je lui obéis. Levez-vous et sortons d'ici (S. Jean, 14, 30).
1er //Prélude. //Notre-Seigneur donne avec un calme admirable et un courage surhumain, le signal de quitter le Cénacle pour aller à Gethsémani.
//2////e//// Prélude. //«Jésus, dont la bonté est infinie, que mon vouloir et le vôtre ne soient qu'un, et que je ne puisse jamais vouloir ou ne vouloir pas que ce que vous voulez ou ne voulez pas» (Imit., 3, 15).
Ier POINT: //«Que votre cœur ne se trouble pas». - //C'est encore là un encouragement précieux, tombé du Cœur de Jésus. Ce n'est pas seulement à ses apôtres qu'il s'adresse, mais à nous tous. «Ne vous troublez pas, nous dit-il, si je ne vous suis présent que par la foi, et si même je semble vous abandonner en vous laissant dans l'aridité. - Que votre cœur ne s'effraie pas et ne se trouble pas, à la pensée que je vais vous quitter; vous avez entendu que je vous ai dit: je m'en vais et puis je reviens à vous. - Si vous m'aimez, loin de vous livrer à la tristesse, vous vous réjouirez de ce que je vais à mon Père, parce que, eu égard à ma nature humaine, mon Père est plus grand que moi, et il m'élève comme homme, à la participation de sa gloire, de sa puissance et de sa divinité. - Je vous préviens de tout cela, maintenant, afin que les événements prochains ne vous troublent pas, et que vous croyiez que je suis le Fils de Dieu et que vous gardiez confiance en toutes mes promesses».
Quelle admirable condescendance de Notre-Seigneur pour ses disciples et pour nous! Il les met en garde contre le scandale de sa passion, et il nous prévient contre les scandales du monde et contre les épreuves de l'aridité.
IIe POINT: //La volonté du Père//. - «Le prince de ce monde vient, dit Notre-Seigneur, il apprête contre moi toutes ses fureurs. Il ne peut rien contre moi, mais je veux le laisser agir, pour que le monde sache quel amour j'ai pour mon Père, en me voyant donner ma vie pour accomplir son dessein de sauver vos âmes...».
Le prince du monde est à l'œuvre par l'entremise de judas, il prépare ses armes et son guet-apens. Jésus veut le laisser faire. Il ne murmure pas, il ne change rien à sa coutume d'aller prier le soir à Gethsémani. Ne faut-il pas que la volonté de son Père s'accomplisse?
La volonté du Père, c'est tout pour Jésus. Fût-elle sévère et dure à accomplir, il va au-devant d'elle avec une sorte de tressaillement magnanime. La joie se mèle à la douleur des adieux, à la tristesse inquiète de l'ami qui laisse ses amis sans soutien, à la mélancolie du mourant.
«J'aime mon Père, dit Jésus; comme il m'a commandé, ainsi je fais». N'est-ce pas ainsi que je veux agir aussi? La volonté de Dieu et c'est assez. Rien n'est plus sage, rien n'est plus sûr. Où trouverai-je un autre guide, un autre maître: //ad quem ibimus?//
Vous avez, Seigneur, les paroles de la vie éternelle. Commandez, Seigneur, votre serviteur écoute. Me voici, faites de moi ce que vous voudrez. Conduisez-moi par ma règle, par la providence, par mon directeur qui vous représente.
IIIe POINT: //Levez-vous et allons.// - «Levez-vous, sortons d'ici, pour aller à l'agonie, à la torture et à la mort, Dieu le veut!». - Jésus rend grâces à son Père après le repas; il s'en va selon sa coutume vers le jardin de Gethsémani et ses apôtres le suivent. Nous pouvons penser dans quel état ils sont, après tout ce qu'il leur a dit. Pour lui, sa nature est troublée, mais il la domine, il marche avec sérénité, par amour pour son Père qui commande et pour les hommes qui vont être sauvés.
Est-ce ainsi que je vais au devoir, au dévouement, au sacrifice, quand le Seigneur m'y appelle?
Le devoir a des exigences rigoureuses. Il faut savoir sortir du péché par un humble aveu et d'une occasion de péché par une séparation ou un sacrifice. Il faut sortir de la mollesse et de la tiédeur qui répugnent à Notre-Seigneur.
Cela ne me coûtera pas, si, comme Notre-Seigneur, je pense à mon Dieu qui le demande, et aux fruits qui en reviendront à moi et aux âmes. Marguerite-Marie, pour s'exciter à la générosité, disait à Notre-Seigneur: «O vous, qui m'avez choisie, nous nous sommes promis fidélité». O mon bon Maître, vous m'avez choisi aussi pour travailler au règne de votre Cœur. Je sais que vous serez fidèle à vos promesses de grâce, je veux être fidèle aussi à mes promesses d'amour et de dévouement.
//Résolutions. - «//Levons-nous et allons». Allons au service de Notre-Seigneur, allons au dévouement, au sacrifice. Sortons de nous-mêmes, allons au Cœur de Jésus, à son amour, à son imitation, à son service; union constante au Cœur de Jésus dans l'esprit d'amour et d'immolation.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**19 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Je suis la vigne et vous êtes les branches======
Ego sum vitis vera et Pater meus agricola est; omnem palmitem in me non ferentem fructum, tollet eum, et omnem qui fert fructum, purgabit eum ut fruc-tum plus afferat (S. Joan, 15, 1).
Je suis vraiment la vigne. Mon Père est le vigneron. Toute branche qui ne portera pas de fruits en moi, il la coupera, et celle qui porte du fruit, il l'émondera, pour qu'elle en porte davantage (S. Jean, 15, 1).
//1////er//// ////Prélude. //Jésus descendait la vallée du Cédron. Il y avait des vignes, c'est l'occasion de cette parabole.
//2////e//// Prélude.// «O mon Seigneur et mon Dieu, demeurez avec moi, vous êtes ma gloire et mes délices, mon espérance et tout mon bien» (Imit., 3, 5).
Ier POINT: //«Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron». //- Jésus passe auprès des vignes que l'on sarclait dans cette saison. Il voit les branches vives chargées de boutons et les branches coupées tombées à terre, c'est un beau thème pour une parabole. «Je suis la vraie vigne, dit-il, la vigne pleine de sève et de vie». Il pensait à son sang, semblable au vin de la vigne, qui allait tout à l'heure couler sous le pressoir de l'agonie. «Mon Père, dit-il, est le vigneron, qui cultive avec amour la vigne et les rameaux». - Les fruits que ce vigneron céleste attend de sa vigne sont ceux que porte l'âme unie à Jésus-Christ, comme les rameaux sont unis au cep. L'âme chrétienne est greffée en Jésus-Christ, régénérée par lui, et élevée jusqu'à cette perfection qui fait de ses actes autant de fruits divins: fruits d'humilité, de paix, de modestie, de piété, de pureté, de zèle, de silence, de recueillement, de sacrifice, de mort à soi-même; fruits de vie intérieure et d'union constante.
La vigne vulgaire de notre nature humaine ne produit rien de tout cela. Il lui faut la greffe et la sève divine.
IIe POINT: //«Demeurez en moi». - //Demeurons attachés à la vigne. Le vigneron retranche de la vigne les branches mortes et celles qui ne portent pas de fruits. Il émonde les sarments qui donnent des fruits, afin qu'ils en produisent davantage.
«C'est aussi ce que fera le Père céleste, nous dit Notre-Seigneur: toute branche qui ne fructifiera pas en moi, il la retranchera; il la rejettera loin de lui, elle sera privée de la sève qui est la grâce et elle tombera dans la mort spirituelle. Mais celles qui promettent du fruit, il les émondera, il les purifiera par quelque épreuve et les guérira de leurs penchants dépravés, pour qu'elles portent davantage de fruits».
«Quant à vous, disait encore Notre-Seigneur, vous êtes déjà émondés et purifiés par les instructions que je vous ai données; mais afin que cette purification se conserve et se complète, afin que votre fécondité en œuvres de salut se développe, unissez-vous toujours plus intimement à moi, demeurez en moi et moi, à mon tour, je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut porter de fruit de lui-même, s'il ne demeure dans la vigne, s'il n'est adhérent au cep d'où il tire la sève vivifiante, ainsi vous ne pouvez rien produire, si vous ne demeurez en moi».
Oui, Seigneur, je veux demeurer en vous. Je sens que c'est la condition de la vie, de la fécondité et de la félicité. Je veux demeurer en vous par la fidélité de mon souvenir, de ma tendresse et de mon dévouement; par la conformité de mes pensées à vos pensées, de mes sentiments à vos sentiments, de mes joies à vos joies, de mes tristesses à vos tristesses, de mon vouloir à votre volonté.
Je veux n'avoir avec vous qu'une existence, qu'une fin, qu'un bonheur: la gloire de Dieu, le règne du Sacré-Cœur et le salut des âmes.
IIIe POINT: «Et //moi en vous». - //Quelle bonne parole! Notre-Seigneur nous dit lui-même qu'il veut demeurer en nous. Avec lui, c'est la vie, la joie, la paix, la fécondité; sans lui, c'est la mort. - «Je suis le cep de la vigne, dit-il, et vous êtes les sarments; quiconque demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruits; mais sans moi, sans ma grâce et mon concours, vous ne pouvez rien faire de bon et d'utile, vous seriez des sarments desséchés, qu'on retranche et qu'on jette au feu».
Oui, sans la grâce sanctifiante, mes œuvres seraient des œuvres mortes. Je ne serais bon que pour le feu, comme une branche desséchée. «Ou la vigne, ou le feu», dit Saint Augustin.
Sans la grâce actuelle, ni commencement, ni progrès ni persévérance dans l'œuvre du salut.
Seigneur, ces paroles que vous avez dites; «Moi en vous», m'impressionnent profondément. Comment, vous voulez demeurer en moi! Mais ne savez-vous pas que mon cœur n'est qu'ordure, ignorance, ingratitude et folie? - Oui, me répond Notre-Seigneur, je veux demeurer en vous et je vous aime... Comme mon Père m'a aimé et a mis en moi ses complaisances, moi aussi je vous ai aimés d'un amour ineffable, jusqu'à mourir pour vous, jusqu'à demeurer avec vous dans l'Eucharistie et dans la grâce, jusqu'à vous traiter comme mes amis les plus chers.
//Résolutions. - //Seigneur, demeurez en moi et moi en vous. Oui, vous êtes la vigne, et quand je me sépare de vous, je sens que c'est la mort. Tenez-moi uni à vous dans la grâce sanctifiante, dans le souvenir assidu de votre présence, dans la méditation de vos mystères. Je veux demeurer dans votre cœur. Là est toute ma vie et mon bonheur.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**20 AVRIL\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Les disciples et les apôtres
sont les amis de Notre-Seigneur======
Vos amici mei eatis, si feceritis quae ego praecipio vobis. Jam non dicam vos servos, quia servus nescit quid faciat Dominus ejus. Vos autem dixi amicos... Non vos me eligistis, sed ego elegi vos, et posui vos ut eatis et fructum afferatis et fructus vester maneat (S. Joan, 15, 14).
Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle mes amis... Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, je vous ai choisis et vous ai établis pour que vous produisiez des fruits durables (S. Jean, 15, 14).
1er //Prélude. //Redites cette parole, Seigneur: «Vous êtes mes amis», elle délecte mon cœur.
//2////e//// Prélude. //Faites de moi, Seigneur, l'ami de votre Cœur, comme saint Jean.
Ier POINT: //«Aimez-vous les uns les autres». //- Jésus nous recommande à nouveau son commandement préféré. Il veut que la charité mutuelle caractérise ses disciples. «Mon commandement, dit-il, c'est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés». Ces quelques mots disent beaucoup, et Notre-Seigneur les explique en ajoutant: «Nul ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis». C'est ce qu'il allait faire dans quelques heures. Mais déjà depuis son incarnation, il n'avait pas fait autre chose que de se dépenser pour nous. Saint Paul a bien résumé sa vie: «Il m'a aimé et il s'est livré pour moi». Il m'a aimé jusqu'à prendre la nature humaine pour se faire mon frère, ma caution, mon Rédempteur. Il m'a aimé jusqu'à se faire mon précepteur par ses exemples, ses discours, ses paraboles. Il m'a aimé jusqu'à se faire ma caution et la victime de mon salut dans sa passion et sa mort.
Et moi, je dois à mon tour aimer mon prochain et me dévouer à ses intérêts spirituels et temporels. Je dois manifester cette charité par les vertus de douceur et de patience et par la pratique de toutes les œuvres de miséricorde.
Que ferai-je aujourd'hui pour cela?
IIe POINT: //«Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande». - //«Vous m'appeliez votre Maître, je ne veux plus de ce titre; l'amour vous élève, en quelque sorte, jusqu'à moi: Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son Maître, il n'est pas appelé dans les conseils de son maître, il obéit sans avoir aucune intimité avec son maître. Il n'en est pas ainsi entre nous, ajoute Notre-Seigneur: je vous appelle mes amis et je vous traite comme tels. Tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître; je vous ai dévoilé les mystères du royaume de Dieu, je vous ai fait connaître les desseins de mon Père pour la rédemption du monde, à laquelle vous devez coopérer».
Entre nous et Notre-Seigneur, c'est donc un régime d'amitié, de coopération et de communauté de biens, analogue à l'union de Notre-Seigneur avec son Père. Tout est commun entre nous et lui: //«Mea omnia tua sunt, et tua mea sunt»// (S.// //Jean, 17, 10). - Régime d'amour, de sainte liberté et de familiarité: «Vous demanderez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé» (S. Jean, 15, 16).
Il m'a aimé, jusqu'à se donner, se livrer, se trahir. Tout est pour moi dans ses conduites providentielles: «Tout est pour les élus, tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu». Il est bon même quand il me punit, c'est pour mon bien.
Jésus me révèle cette amitié pour me combler de joie: «Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète». Qu'ai-je fait jusqu'ici pour répondre à une si étonnante amitié? Ai-je eu pour le Sauveur la confiance et le dévouement d'un ami? Que ferai-je pour répondre à son amitié?
IIIe POINT: //«Je vous ai choisis et envoyés comme les disciples et les apôtres de mon Cœur.// - «Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, dit Notre-Seigneur, c'est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez et rapportiez du fruit et que votre fruit demeure».
Oui, c'est Notre-Seigneur qui nous appelle à la vie et au salut. Il m'a fait naître à mon heure avec des conditions favorables pour ma sanctification. Que de grâces j'ai reçues! Que de concours j'ai rencontrés! je les passerai en revue, pour exciter ma reconnaissance.
Vous seul, Seigneur, avez tout fait. Vous avez tout disposé pour que je m'élève de degrés en degrés jusqu'à la vie d'union et d'amour avec vous.
Vous m'avez conduit à votre Cœur. Vous voulez que j'y pénètre et que j'y fasse ma demeure. Vous voulez que je m'inspire de ses sentiments, que je vive de sa vie, que je m'enflamme de son zèle, pour porter partout sa connaissance et son amour. Comme vous avez établi vos apôtres pour répandre la foi, vous me confiez une part de la mission de propager l'amour du Sacré-Cœur. Me voici. Seigneur, ne permettez pas que je me dérobe à cette admirable mission. Indiquez-moi par vos inspirations ce que je dois faire dès aujourd'hui pour aimer de plus en plus et faire aimer votre divin Cœur.
//Résolutions. - //Seigneur, vous voulez bien être mon ami, mais l'amitié est un échange de tendresse et de bienveillance. Je voudrais rivaliser avec vous dans cette amitié, quoique je sois incapable de faire pour vous autant que vous faites pour moi. Je serai assidu auprès de vous. Je me tiendrai uni à vous par mes pratiques quotidiennes. Je me dépenserai pour vous dans le travail et le zèle.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**21 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Le monde vous hait et vous persécutera======
Si mundus vos odit, scitote quia me priorem vobis odio habuit. Si de mundo fuissetis, mundus quod suum erat diligeret. Si me persecuti surit, et vos persequentur... Sed haec omnia facient vobis propter nomen meum, quia nesciunt eum qui misit me (S. Joan, 15, 18).
Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous eussiez été du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi... Mais ils vous feront tout cela à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé (S. Jean, 15, 18).
1er //Prélude. //Le bon Maître a en vue Jérusalem. Le monde romain y règne avec la mollesse des hérodiens et la faiblesse de Pilate. Le monde juif y intrigue avec l'astuce des pharisiens et des scribes.
//2////e//// Prélude. //Mon âme, sors de Babylone, de peur que tu n'aies part à ses péchés et que tu ne soies enveloppée dans ses châtiments (Apoc., 18, 2).
Ier POINT: //«Le monde vous haïra». - //Notre-Seigneur nous prévient de la haine qui nous attend. «Vous allez, leur dit-il, prêcher la sainteté, en attaquant un monde corrompu, il faut vous attendre à voir cette corruption s'élever contre vous. Et cette haine ne doit pas vous surprendre. Comment le monde ne vous haïrait-il pas, puisqu'il m'a haï le premier? Il est naturel, il est juste que le disciple soit traité comme le maître. - Si vous étiez du monde, si vous aviez les sentiments, les passions du monde, qui est esclave de la triple concupiscence, le monde aimerait ce qui est à lui, ce qui participe à son esprit et à ses coutumes. Mais parce que vous n'êtes pas du monde et que vous haïssez ce qu'il aime, le monde vous hait. Comment ne haïrait-il pas ce qui lui est opposé, ce qui le tient en mépris et travaille à le supplanter? Mais cette haine vous honore, et ce sera votre consolation de penser que vous la partagez avec moi».
IIe POINT: //«Le monde vous raillera et vous persécutera».// - «S'ils m'ont persécuté, dit Notre-Seigneur, ils vous persécuteront aussi». Le monde a au cœur la haine du bien. Il a le besoin et comme la rage de persécuter. Il poursuit le bien par la raillerie, par le sourire, par le dédain. La mauvéine presse mène une campagne incessante contre Dieu et ses serviteurs.
Il y a des associations secrètes ou avouées qui conspirent contre la religion. La presse, l'esprit public, les sociétés hostiles entraînent les pouvoirs, les parlements et les administrations civiles dans le même courant. Les amis du bon Maître manquent souvent de courage. Beaucoup faiblissent. Ils se taisent et se cachent ou donnent même aux persécuteurs un sourire d'approbation.
Le monde n'est pas excusable, dit Notre-Seigneur, son ignorance est volontaire. «Si je n'étais pas venu, dit-il, apporter la lumière de la révélation et l'appuyer par des miracles, le monde en m'ignorant n'aurait pas de péché; mais maintenant il n'a pas d'excuse, parce qu'il a fermé volontairement les yeux à la lumière. En me haïssant, il hait mon Père, dont j'ai prêché la parole et dont j'ai fait les œuvres».
L'ignorance du monde a pour causes sa légèreté, sa frivolité, sa sensualité; elle est inexcusable.
Ma tiédeur a les mêmes causes, je ne hais pas Notre-Seigneur, mais trop souvent je l'ignore, je l'oublie ou je traite avec lui sans respect, sans ferveur. Je pactise alors avec l'esprit du monde et j'offense le Cœur de Jésus.
Notre-Seigneur n'a pas prié pour le monde; si je veux qu'il prie efficacement pour moi, il faut que je rejette tout ce qui est du monde, de son esprit et de ses habitudes.
IIIe POINT: //Imitons le Sacré-Cœur dans sa patience et son mépris du monde. - //Les souffrances, les persécutions pour la foi nous rendent semblables au bon Maître c'est pour nous l'occasion de lui prouver notre amour et de montrer que nous sommes ses disciples.
Supportons les mépris et les épreuves avec patience et humilité, à l'exemple de Notre-Seigneur. Rappelons-nous que le serviteur n'est pas au-dessus du Maître.
Ces épreuves serviront à notre sanctification et à l'augmentation de nos mérites. Elles nous uniront de plus en plus intimement au Cœur blessé de Jésus.
Gardons toujours confiance dans les épreuves. Notre-Seigneur n'est pas loin, il a compassion de nous. Il nous soutient, il marque les victoires de notre patience. Il en tire sa gloire et il nous aime davantage.
La haine des méchants n'empêchera pas que les desseins de Dieu s'accomplissent sur moi, sur mes œuvres, sur l'Eglise.
Mais pour que je sois fort dans le combat, il faut que je reste intimement uni à Notre-Seigneur. Seul, je suis vaincu d'avance. Le souvenir constant des mystères de Notre-Seigneur et l'amour du Sacré-Cœur me rendront invincible.
Le détachement du monde avec toutes ses conditions de modestie, de recueillement et de vie intérieure, m'est nécessaire pour que la prière de Notre-Seigneur me soit appliquée. Il ne prie pas pour le monde et les mondains.
//Résolutions. - Il //faut une vraie séparation entre moi et ce qu'on appelle le monde. Il faut que je me garde de l'esprit du monde, de la dissipation, de la légèreté, de la vanité et de la sensualité. Ma force est dans l'union constante avec le Sacré-Cœur. Il faut que cette union soit ma vie.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**22 Avril\\ **////Le testament du Sacré-Cœur//
======Votre tristesse se changera en joie======
Modicum, et jam non videbitis me, quia vado ad Patrem. Amen, amen dico vobis, quia plorabitis et flebitis vos: mundus auteur gaudebit, vos autem contristabimini, sed tristitia vestra vertetur in gaudium (S. Joan, 16, 16).
Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et un peu après vous ne reverrez, parce que je vais à mon Père. En vérité, je vous le dis, vous gémirez et vous pleurerez, et le monde se réjouira; vous serez triste, mais votre tristesse se changera en joie (S. Jean, 16, 16).
//1////er//// Prélude. //Notre-Seigneur veut laisser les apôtres sous une impression de confiance, c'est aussi son dernier mot pour nous: confiance et courage.
//2////e//// ////Prélude. //Seigneur, changez la tristesse et les découragements de mon cœur en joie et en confiance.
Ier POINT: //«Vous pleurez et vous gémissez».// - «Votre cœur s'est rempli de tristesse», dit Notre-Seigneur à ses apôtres. Il leur a, en effet, annoncé des événements bien tristes: son départ pour le ciel, sa mort prochaine, la trahison de judas, les reniements de Pierre. Ils sont tristes et accablés. Il les console et leur annonce qu'il reviendra.
Nous avons aussi nos tristesses: L'absence de Notre-Seigneur qui parfois laisse notre âme dans l'obscurité et l'aridité, - nos péchés passés, qui se représentent à notre mémoire, - le danger continuel de pécher et notre faiblesse, qui nous est connue, - les scandales qui règnent dans le monde, - les peines et les épreuves de cette vie.
Supportons ces épreuves avec courage. Les enfants de Dieu gardent la sérénité dans leurs peines. Ils les offrent à Dieu, ils les unissent aux souffrances du Cœur de Jésus, et elles leur deviennent légères. Ils les offrent pour la réparation, pour l'expiation de leurs péchés et de ceux du monde. S'ils sont fervents, ils vont jusq'à se rejonir en portant la croix avec Jésus.
IIe POINT: //«Votre tristesse se changera en joie». - //Cette promesse devait avoir son accomplissement prochain pour les apôtres. Trois jours, et ils verraient Jésus ressuscité. Ils pourraient palper les blessures de ses mains et de son cœur. Ils le verraient souvent pendant quarante jours. Puis un autre consolateur viendrait les remplir d'une joie surnaturelle, d'une joie qui surpasse toutes celles de ce monde, c'est le Saint-Esprit, le grand don du Cœur de Jésus. Et quelques années plus tard ce serait le triomphe du martyre et l'entrée triomphale au ciel.
Pour nous aussi, la joie succédera à la tristesse. La tristesse de nos âmes coupables s'efface, quand nous voulons, par le repentir et la pénitence. La tristesse de l'aridité et de l'épreuve passe assez rapidement; Jésus n'était pas loin et il revient.
Il y a une sainte tristesse, celle qui vient d'un cœur pénitent; celle-là est accompagnée d'une réelle douceur qui nous fait connaître que Dieu en est l'auteur.
Il en est de même de celle qui a pour cause les péchés du monde. Cette tristesse est agréable à Dieu qui nous l'inspire.
La tristesse qui vient de la souffrance, de la maladie ou des accidents de la vie est d'ordre naturel, mais elle peut être sanctifiée par la vertu de patience et de sacrifice.
La tristesse du monde, au contraire, est sans remède, et sa joie est malsaine. Le monde se réjouit des plaisirs mauvais et sa joie se termine par l'amertume.
Seigneur, changez ma tristesse en joie par le don du repentir, du sacrifice, de l'esprit d'immolation et de réparation.
IIIe POINT: //Confiance: Notre-Seigneur nous exaucera et son Père nous aime. - //«Jusqu'ici, nous dit Notre-Seigneur, vous n'avez rien demandé à mon Père en mon nom avec une foi vive; demandez et vous recevrez, et votre joie sera pleine».
«Demandez en mon nom, et je n'ai pas besoin de vous dire que je prierai mon Père pour vous et que je serai votre puissant intercesseur, vous pouvez le penser. D'ailleurs, mon Père vous aime tendrement lui-même et il est tout prêt à vous exaucer, parce que vous m'avez aimé, moi son Fils, parce que vous m'avez suivi. Vous vous êtes attachés à moi, vous avez cru à ma divinité, demandez à mon Père et vous recevrez».
Notre-Seigneur dut ajouter, cependant, que ces promesses consolantes ne se réaliseraient qu'après la grande épreuve de sa mort. «Avant ces beaux jours, ajouta-t-il, où votre prière sera toute-puissante, vous serez découragés et dispersés, mais je vous ai prévenus afin que votre foi soit affermie par la persécution».
Pour nous, la résurrection du Sauveur et les merveilles de l'action du Saint-Esprit sont des faits acquis, ayons donc une confiance invincible dans la bonté de Dieu et dans le prix des mérites de Notre-Seigneur, ayons confiance au Cœur de Jésus qui nous a été ouvert symboliquement par la lance du centurion.
//Résolutions. - //Confiance! confiance! mais surtout humilité, prière et union au Cœur de Jésus. Dans cette union tout est douceur, paix et joie. Il n'y a place que pour la tristesse salutaire du repentir et de la réparation.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**22 Avril\\ **////Le bon pasteur//
======(Pour les prêtres)======
Ego sum pastor bonus. Bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis. Mercenarius autem, et qui non est pastor, cujus non sunt oves propriae, videt lupum venientem et dimittit oves et fugit: et lupus rapit et dispergit oves (S. Joan, 10, 11).
Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire et celui qui n'est point le pasteur, à qui les brebis n'appartiennent pas, ne voit pas plutôt venir le loup, qu'il abandonne les brebis et s'enfuit: et le loup les ravit et disperse le troupeau (S. Jean, 10, 11).
//1////er//// Prélude. //Les bons pasteurs ne songent qu'au bien du troupeau. Les mercenaires ne songent qu'à leurs intérêts.
//2////e//// Prélude. //Les bons pasteurs doivent être unis au Cœur de Jésus et aimer les âmes en lui.
Ier POINT: //Les pasteurs qui n'agissent pas pour l'amour de Notre-Seigneur ne produisent aucun bien. - //Notre-Seigneur est l'entrée du bercail: //Ego sum ostium ovium. //Nul ne peut être pasteur s'il n'est avec lui. Pour être avec lui, il faut l'aimer, ceux qui ne l'aiment pas peuvent porter les vêtements du pasteur, mais ils ne font pas œuvre de pasteur. Ils font œuvre de mercenaire, quand ils ne sont pas, ce qui est pire, des larrons ou des loups.
Ceux-là sont des mercenaires qui ne voient dans les fonctions du ministère sacré qu'un moyen de se faire une position. Ce sont des mercenaires, les malheureux qui, au lieu de se préoccuper de produire des fruits de salut dans les âmes, ne songent qu'à recueillir les fruits temporels de leur place. Mercenaires aussi, ceux dont la préoccupation dominante est de se hausser à des places lucratives. Ces âmes vénales transforment l'Eglise en une maison de commerce.
Quel amour Notre-Seigneur peut-il trouver dans ces âmes que la soif du lucre pousse à faire de lui un objet de trafic? Les mercenaires sont exposés à devenir des larrons et des loups, car Notre-Seigneur les renie et ne peut les soutenir de sa grâce. Son amour est étranger à leurs œuvres. Ce sont des égoïstes qui ne pensent qu'à ce qu'ils appellent leurs intérêts.
IIe POINT: //Le vrai pasteur remplit son ministère par amour pour Notre-Seigneur et il en est aimé. - //Le vrai pasteur n'a qu'un souci, soutenir et développer la vie de son troupeau. Son cœur est absorbé par cette préoccupation. Sa vie s'évolue dans la prière, le zèle, les œuvres de prédication et de charité. Il est un exemple vivant des vertus qu'il enseigne. C'est ainsi qu'il donne sa vie pour ses brebis. Il ne se préoccupe pas des revenus en argent, des commodités que sa place peut procurer. Il lui suffit de vivre au jour le jour, de recevoir le pain qui soutient les forces du corps. Il ne connaît pas les soucis de l'avarice, du luxe ou de l'ambition. Ceux qui vivent ainsi aiment véritablement Notre-Seigneur; et l'amour qu'ils lui ont voué est le secret de leur zèle et de leur désintéressement.
Mais parmi ces bons pasteurs, il y a encore bien des degrés. Un prêtre est d'autant plus prêtre, qu'il est plus uni à Notre-Seigneur, le prêtre éternel. Un pasteur est d'autant meilleur qu'il a plus de ressemblance avec le modèle des pasteurs.
L'union avec Notre-Seigneur est d'autant plus intime qu'on l'aime davantage. Si tous les prêtres, si tous les pasteurs des âmes allaient puiser dans le Cœur de Jésus le secret de cet amour profond, la face de la terre serait renouvelée: ce serait l'effusion du Cœur de Jésus dans les cœurs, ce serait le ciel sur la terre.
Le zèle pour les âmes est inséparable de l'amour de Notre-Seigneur, Jésus est dévoré de zèle pour la gloire de son Père et pour le salut des hommes ses frères. Ces deux zèles n'en font qu'un. Le bon prêtre doit comme lui être animé de ce double zèle, et pour cela il lui suffit d'aimer Notre-Seigneur et de tout rapporter à son amour. L'amour qu'on témoigne à Notre-Seigneur le touche au cœur et l'incline à se communiquer à celui qui l'aime. C'est ainsi que les prêtres qui donnent pour mobile à toutes leurs actions l'amour du Sacré-Cœur produisent de plus grands fruits. Ils l'obligent par une douce contrainte à se substituer à eux, à vivre en eux et à devenir pasteur par leur intermédiaire.
Mais pour qu'il pénètre ainsi une âme sacerdotale, il faut qu'il ne rencontre en elle aucune résistance. Il faut qu'il se plaise en elle et qu'il s'y trouve chez lui: Vivo, jam non ego, niait vero in me Christus. Que ses prêtres l'aiment donc! Il leur demande leur cœur en échange du sien. Lorsqu'ils seront bien avant dans son cœur, il fera rayonner autour d'eux sa divine influence; il répandra par eux des flots de grâces. Leur ministère sera béni.
IIIe POINT: //Notre-Seigneur désire que les bons pasteurs soignent les enfants surnaturellement//. - Ceux qui sont chargés de la portion la plus délicate du troupeau de Notre-Seigneur, les enfants et les jeunes gens, doivent devenir des canaux par lesquels Notre-Seigneur infusera dans les âmes délicates qui leur seront confiées toutes les vertus de son enfance et de sa jeunesse. Ils auront sur ces cœurs encore neufs un empire plein de douceur et de force, qui en les attachant à eux-mêmes les porteront doucement au Cœur de Jésus.
Parce que Notre-Seigneur a pour les enfants un amour particulièrement tendre, il convient que les prêtres voués à son amour fassent de l'éducation de la jeunesse leur œuvre de prédilection. Ils enseigneront aux enfants l'art si simple de l'aimer. Qu'ils prennent garde toutefois de ne s'attacher qu'aux âmes et à leurs qualités sérieuses: la candeur, l'innocence, la générosité.
Notre-Seigneur ne peut manquer de bénir les maisons où on saura le faire aimer des enfants, et il aura pour les maîtres ainsi dévoués à son Cœur des attentions toutes particulières. N'à-t-il pas dit qu'il tient pour fait à lui-même ce qu'on fait pour ces petits? //Qui// //susceperit parvulum talem, me suscipit// (S.// //Mat., 18, 5).
//Résolutions. - //Seigneur Jésus, nous voulons nous consacrer au règne de votre amour. Nous voulons être de bons pasteurs et pour cela nous voulons vivre en vous aimant, tout faire et tout souffrir pour votre amour, afin que vous puissiez venir habiter en notre cœur et vivre en nous.
Nous donnerons un soin spécial aux enfants parce que votre divin Cœur les aime tendrement. Nous leur apprendrons à vous aimer.
//Colloque //avec Jésus, bon pasteur.
//**23 Avril\\ **////Le bon pasteur//
Ego sum pastor bonus; et cognosco meas et cognoscunt me meae. Sicut novit me Pater, et ego agnosco Patrem: et animam meam pono pro ovibus meis... Propterea me diligit Pater, quia ego pono animam meam, ut iterum sumam eam (S. Joan, 10, 14).
Je suis le bon pasteur: je connais mes brebis et elles me connaissent. Comme mon Père me connaît, je connais mon Père: et je donne ma vie pour mes brebis... Mon Père m'aime pour cela, parce que je donne ma vie pour la reprendre (S. Jean, 10, 14).
//1////er//// ////Prélude. //Au temps de pâques, l'Eglise nous fait méditer la belle parabole du bon pasteur.
//2////e//// Prélude. //C'est une des pages de l'évangile qui nous révèlent le mieux le Sacré-Cœur.
Ier POINT: //Le Cœur du bon Pasteur. - //Combien Notre-Seigneur est aimable sous ce titre qui résume si bien toutes les bontés de son Cœur envers nous! C'est lui-même qui s'est donné ce titre et qui nous a rappelé toutes les sollicitudes, les tendresses, les dévouements d'un bon pasteur.
Le bon Pasteur connaît toutes ses brebis. Il les appelle une à une. Il marche devant elles. Il les conduit aux meilleurs pâturages. Spirituellement, nous avons pour nourriture de notre âme la parole vivifiante de Notre-Seigneur, et pour notre cœur l'aliment céleste de l'Eucharistie.
Le bon Pasteur donne ses soins les plus empressés à toutes ses brebis. S'il en voit de souffrantes, de blessées, de fatiguées, il les prend sur ses épaules, il les porte au bercail et les soigne amoureusement. Notre-Seigneur fait cela pour nous par la confession, par la direction et par sa Providence, si assidue et si délicate.
Le bon Pasteur ne perd pas de vue ses brebis, sa sollicitude est extrême. Il veille à leur sûreté, il les préserve de la malice des méchants et les défend contre les embûches du démon.
Pour les sauver, il donne jusqu'à la dernière goutte de son sang. N'est-ce pas là vraiment le Sauveur avec son Cœur rempli d'une bonté inépuisable?
IIe POINT: //Le cœur de la brebis fidèle. - //On n'élevait auprès de Jérusalem que des brebis et des agneaux d'une blancheur parfaite, pour les offrir en sacrifice au temple. Ce sont ces troupeaux choisis que Notre-Seigneur contemplait et louait.
Il demande à ses brebis privilégiées, la blancheur de l'innocence, la pureté de cœur; il les veut sans tâches, toutes candides, toutes bonnes, toutes craintives du mal.
Il leur demande aussi la douceur, dont il a donné l'exemple. Il exclut donc toute impatience du désir et du caractère. Il veut des brebis bien paisibles, bien charitables, incapables de causer quelque peine au prochain.
Il leur demande surtout la docilité. Les brebis fidèles et obéissantes se laissent conduire sans peine. Elles connaissent la voix si douce, si aimante de leur Pasteur. Elles le suivent, quel que soit le chemin par lequel il les fait passer. «Notre-Seigneur aime d'un tendre amour, dit saint François de Sales, les âmes qui s'abandonnent totalement à son soin paternel, se laissant gouverner par sa divine Providence comme il lui plaît, étant très assurées que rien ne nous saurait être envoyé de ce cœur paternel et très aimable dont il ne nous fasse tirer profit, pourvu que nous ayons mis toute notre confiance en lui...».
Notre-Seigneur enseigna lui-même cette pratique à sa bien-aimée sainte Catherine de Sienne: «Pense à moi, ma fille, et je penserai à toi». - «Bienheureuses, dit à ce propos saint François de Sales, les âmes qui sont si amoureuses de Notre-Seigneur que de bien suivre cette règle de penser en lui, se tenant fidèlement en sa présence, obéissant à ses divins attraits et inspirations et aspirant sans cesse au désir de lui plaire et d'être soumises à sa sainte volonté».
Ayons confiance, Notre-Seigneur sous la conduite duquel nous nous sommes embarqués, sera toujours attentif à nous pourvoir de ce qui sera nécessaire, soit au spirituel, soit même au temporel.
IIIe POINT: //L'amitié réciproque. - //Notre-Seigneur appelle tour à tour ses chères brebis, il les caresse et les conduit aux bons pâturages: //Proprias oves vocat nominatim et educit eas.//
Elles connaissent sa voix; son appel les réjouit, elles le suivent. Elles s'approchent de lui, elles cherchent ses caresses et les témoignages** **de son affection. Elles lui témoignent leur amour, elles désirent attirer l'attention du divin et bien-aimé Pasteur.
Elles ne craignent pas de lui faire voir leurs blessures, de lui exposer leurs besoins et leurs pieux désirs. C'est un échange incessant de confiance et d'amitié.
Notre-Seigneur n'est-il pas venu aussi montrer à Marguerite-Marie et par elle à nous-mêmes toutes ses plaies, surtout celles de son Cœur? N'a-t-il pas réclamé nos consolations, nos réparations, notre amour?
«Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent», c'est la formule de l'amitié que le bon Pasteur veut avoir avec ses brebis. Résisterai-je à de pareilles avances? serai-je insensible à cette déclaration d'amitié?
Les pieux artistes des catacombes ont représenté le divin Pasteur avec le troupeau de son Eglise. Il y a des brebis qui regardent le Pasteur avec tendresse et qui l'écoutent avec attention. D'autres détournent la tête en se montrant insensibles ou méprisantes, de quel côté vais- Je me ranger?
//Résolutions. - //Soyez béni, Seigneur Jésus, de tant de sollicitude, de bonté et de générosité. Puisse- Je être toujours une brebis pure, douce et fidèle. Je veux vous suivre, je ne veux plus vous quitter. Conservez-moi uni à vous, et recevez-moi à mon dernier jour au suprême et éternel bercail.
//Colloque //avec le bon Pasteur.
//**24 Avril\\ **////La prière du Sauveur//
======Mon Père, glorifiez-moi, pour que je glorifie ensuite ceux que vous m’avez donnes======
Pater, venit hora: clarifica Filium tuum, ut Filius tuus clarificet te: sfcut dedisti ei potestatem omnis carnis, ut omne quod dedisti ei, det eis vitam aeternam. Haec est autem vita aeterna, ut cognoscant te solum Deum verum, et quem misisti Jesum Christum (S. Jotin, 17, 1).
Mon Père, l'heure est venue: glorifiez votre Fils afin qu'il vous glorifie: comme vous lui avez donné puissance sur toute chair afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous seul vrai Dieu et votre envoyé Jésus-Christ (S. Jean, 17, 1).
//1////er//// ////Prélude. //Jésus passait près du temple, il leva les yeux au ciel et il pria pour lui même et pour ses disciples.
//2////e//// Prélude. //Seigneur, faites que je vous connaisse, vous et votre Père et que je vous aime véritablement.
Ier POINT: //La vie éternelle, c'est de vous connaître vous et votre Fils Jésus». - //Admirable prière du Sauveur! Ayant accompli sa mission, il demande à son Père la vie éternelle pour lui-même et pour ses disciples.
Et d'abord il décrit et contemple cette vie éternelle: «La vie éternelle, c'est qu'ils vous connaissent, vous, seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ».
Mais cette vie éternelle a son principe ici-bas. La vie chrétienne, la vie de la grâce doit avoir pour sève l'amour divin et cet amour est préparé par la connaissance de Dieu. Plus je connaîtrai Dieu par la méditation de ses perfections, la contemplation de ses œuvres et la considération de sa bonté infinie envers ses créatures, plus je l'aimerai.
Et Jésus-Christ, quelle lumière pour mon âme, quel stimulant pour mon cœur, si je contemple ses mystères, si je lis dans son Cœur sacré la tendresse et la force de son amour! Le connaître et l'aimer, c'est vivre; c'est participer aux flots de vie qui découlent de son Cœur: //Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris.//
C'est ce que nous déclare Notre-Seigneur en son testament. C'est ce qu'il demande pour nous à son Père dans sa dernière prière.
IIe POINT: //«Mon Père, je vous ai glorifié sur la terre, j'ai consommé l'œuvre que vous m'avez donnée à faire». - //Notre-Seigneur commente ainsi d'avance le //consummatum est //qu'il prononcera avant de mourir. Il a consommé l'œuvre de la rédemption. Il peut dire à son Père: «J'ai éclairé, aidé, sanctifié ceux que vous m'avez confiés. Maintenant, ils savent, ils croient, ils aiment... Je me suis sanctifié** **pour eux et je prie encore pour eux. Sauvez-les du monde à tout prix. Où je suis, près de votre cœur, je veux qu'ils soient avec moi; que l'amour dont vous m'aimez repose pareillement sur eux!».
Quelle admirable leçon de zèle, de charité, de dévouement!
Cette prière est comme la dernière oraison du grand sacrifice que Notre-Seigneur a offert à son Père pendant trente-trois ans et particulièrement pendant les trois années de sa vie publique.
C'était comme une messe, toute composée d'instructions et de prières. Il a formé ses disciples par ses exemples, ses instructions, ses prières, ses sacrifices, il va achever leur Rédemption, leur passage de l'ancien au nouveau testament, de la synagogue à l'Eglise, par le sacrifice de sa mort. Il prie encore que la transformation s'achève. - «Ils étaient vôtres, dit-il à son Père, ils croyaient en vous comme de fidèles Israélites, et vous me les avez donnés. Je les ai instruits avec soin et maintenant ils savent que tout ce que j'ai est de vous et que ma mission est divine. Ils ont cru en moi parce que j'ai accompli les prophéties et fait des œuvres divines. Maintenant, je vais les laisser dans le monde, mais j'implore votre protection pour que vous les conserviez dans la foi et que vous les préserviez des embûches du monde et du démon». - Notre-Seigneur pouvait-il montrer plus de bonté pour ses disciples, plus de zèle pour leur sanctification?
IIIe POINT: //«Ceux que vous m'avez donnés, je les envoie â mon tour pour convertir le monde». - //Notre-Seigneur nous envoie à son tour dans le monde, pour l'édifier et le convertir par un apostolat proportionné à notre vocation. Il faut gagner au Sacré-Cœur nos proches, nos amis, ceux sur qui nous avons influence. Si nous sommes prêtres, notre apostolat s'étend plus loin.
La dernière heure viendra pour moi aussi et peut-être bientôt. Pourrai-je dire comme Notre-Seigneur: «Mon Dieu, je vous ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que vous m'avez confiée, j'ai sanctifié ceux que vous aviez mis près de moi...».
J'aurai ce bonheur si, comme Notre-Seigneur, je me sanctifie moi-même pour sanctifier le monde, si par ma sanctification je donne une véritable efficacité surnaturelle à mes paroles et à mes exemples; si, comme Notre-Seigneur, je prie pour les miens avec ferveur et persévérance, en disant à Dieu: «Mon Père, à tout prix sauvez-les du monde».
Ma mission d'apôtre du Sacré-Cœur est belle, mais il y faut déployer beaucoup de zèle et d'amour. Comment ferai-je aimer le Sacré-Cœur, si moi-même je ne l'aime ardemment? Comment propagerai-je la dévotion réparatrice, si je ne suis pas, moi-même, un dévoué réparateur?
//Résolutions. - //La vie éternelle, ô mon Dieu, c'est de vous connaître et de vous aimer, vous et votre fils Jésus. Je renouvelle donc toutes mes résolutions de vie intérieure, d'union avec le Sacré-Cœur, d'assiduité auprès de lui.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**25 Avril\\ **////Saint Marc//
Et dixit eis: Euntes in mundum universum praedicate evangelium omni creaturae. Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit. Qui vero non crediderit condemnabitur. Signa autem qui crediderint haec sequentur: In nomine meo doemonia ejicient; linguis loquentur novis (S. Marc, 16, 15).
Et il leur dit: Allez dans le monde entier et prêchez l'évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. Mais celui qui ne croira pas sera condamné. Ces signes suivront ceux qui croiront: ils chasseront les démons en mon nom et ils parleront des langues nouvelles (S. Marc, 16, 15).
//1////er//// ////Prélude. //Saint Marc s'est uni aux apôtres pour prêcher l'évangile et il a produit des fruits immenses de salut.
//2////e//// ////Prélude. //Grand saint, faites-moi part de votre foi, de vos vertus, de votre amour pour Notre-Seigneur.
Ier POINT: //Préparation//. - Saint Marc était hébreu d'origine et de la race sacerdotale d'Aaron. Il était de la Galilée, patrie de saint Pierre, dont il fut l'interprète et le compagnon.
Il avait fait partie des soixante-douze disciples; mais, au dire de saint Epiphane, il s'était retiré avec beaucoup d'autres, quand Notre-Seigneur avait dit: «Si vous ne mangez ma chair, vous n'aurez pas la vie en vous». Mais saint Pierre le convertit et le ramena à Jésus-Christ après la résurrection. Il s'attacha à saint Pierre et resta toujours pénitent comme lui. Saint Pierre l'appelle son fils dans sa première épître (5, 13).
En suivant le chef des apôtres dans ses voyages apostoliques, il lui servit d'interprète, de secrétaire et de catéchiste. Il l'accompagna à Rome, et après les prédications de l'Apôtre, la foule demandait à saint Marc des explications et des notes. Ce fut l'origine de son Evangile. Il se servit d'ailleurs de celui de saint Mathieu ou d'un recueil primitif de discours du Sauveur, dont saint Mathieu se serait aussi inspiré.
Saint Marc écrivant sous la direction de saint Pierre, tient compte de l'humilité de son maître, il raconte longuement le triple reniement de l'apôtre et ne cite pas ce que Notre-Seigneur dit à la louange du Prince des apôtres, quand celui-ci l'eut reconnu pour le Fils de Dieu.
IIe POINT: //Zèle et apostolat//. - Saint Pierre l'envoya prêcher à Aquilée, qui était alors une ville considérable et il y fonda une église importante. C'est l'origine du culte si ardent que les Vénitiens ont pour lui.
Mais le champ principal de son apostolat fut l'Afrique. Il prêcha en Cyrénaïque, en Abyssinie, en Egypte et partout avec un succès prodigieux. Sa grande foi multipliait les miracles. Il rendait la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la santé aux malades. Une belle chrétienté se forma à Alexandrie d'Egypte. Les temples étaient abandonnés. Les fidèles se réunissaient pour louer Dieu et partageaient la ferveur et le zèle du saint Evangéliste. De là vient l'importance que prit cette église dès le premier siècle et le rang qu'elle avait parmi les chrétientés comme fondée par saint Pierre et par son compagnon d'apostolat.
Saint Marc ne laissa pas seulement à Alexandrie des chrétiens mais des ascètes. Ses disciples imitent le détachement des premiers chrétiens de Jérusalem et se livrent à la pénitence et à l'esprit de sacrifice. De là viendra le courage héroïque des nombreux martyrs d'Alexandrie et la générosité merveilleuse de l'illustre légion thébaine, qui se laissera décimer et immoler pour la foi. De là aussi cet entraînement unique au monde d'âmes ardentes pour les solitudes de la Thébaïde, sous la conduite des Antoine, des Paul, des Pacôme, des Hilarion.
Aux fruits on peut juger de l'arbre. Saint Marc avait semé en Egypte l'amour de la vertu, du sacrifice, de la réparation.
IIIe POINT: //Son amour pour Notre-Seigneur. //- Saint Marc aimait Notre-Seigneur sans réserve, il était mûr pour le martyre. Ses succès et les progrès de la foi exaspéraient les païens et en particulier les prêtres de Serapis. Ils s'emparèrent de saint Marc durant la solennité de pâques de l'an 68. Ils lui firent subir pendant deux jours un horrible supplice, le faisant traîner par des cordes sur les terrains pierreux du faubourg de Buroles; mais l'amour est plus fort que la mort, et le saint bénissait Notre-Seigneur et lui rendait grâce d'avoir été jugé digne de souffrir pour son amour.
Pendant la nuit qui sépara ces deux journées de tortures, le saint fut réconforté par des visites célestes. Ce fut d'abord un ange qui lui dit: «Marc, serviteur de Dieu et chef des ministres du Christ en Egypte, votre nom est écrit au livre de vie et les puissances célestes viendront bientôt vous chercher pour vous conduire au ciel». Puis Notre-Seigneur lui-même lui apparut, comme il l'avait connu en Galilée: «La paix soit avec vous, Marc notre évangéliste», lui dit-il; puis il disparut.
Ce mot d'encouragement suffisait. Saint Marc fut de nouveau traîné et déchiré par les pierres, pendant qu'il bénissait Dieu. Il expira en répétant les dernières paroles de son divin Maître: «Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains».
//Résolutions. - //Quels beaux exemples de zèle, de pénitence, de réparation et d'amour du bon Maître!
Et moi, où en suis-je? Ma force doit être dans l'union avec Notre-Seigneur, avec son divin Cœur. Je veux croître dans cette union et la chercher sans cesse.
//Colloque //avec saint Marc.
//**26 Avril\\ **////Notre-Dame du bon conseil//
Ego sapientia habito in consilio, et eruditis intersum cogitationibus. Timor domini odit malum: arrogantiam et superbiam et viam pravam, et os hilingue detestor. Meum est consilium et aequitas, mea est prudentia, mea est fortitudo (Prov., 8, 12).
Je suis la sagesse, je me plais dans le conseil et j'assiste aux réflexions judicieuses des hommes. Comme celui qui a la crainte du Seigneur hait le mal, je déteste l'insolence et l'orgueil, la corruption et la duplicité. C'est de moi que viennent le conseil et l'équité, la prudence et la force (Prov., 8, 12).
//1////er//// ////Prélude. //Le livre des Proverbes exalte la sagesse divine, mais la liturgie applique ce passage à la sainte Vierge, parce qu'elle possède les dons de la sagesse plus qu'aucune autre créature et qu'elle en est la distributrice céleste.
//2////e//// Prélude//. O Marie, soyez ma conseillère et ma directrice.
Ier POINT: //Marie est la Mère du bon Conseil. - //Qui pourrait mieux nous conseiller que Marie, qui est la Vierge très prudente et le Siège de la sagesse?
Elle est médiatrice de lumière et de grâce. Tout nous vient par elle, le conseil, comme le pardon et la force. Elle est la Mère du Verbe, qui est la lumière du monde et le Conseiller divin: //vocabitur consiliarius (Is., 9).//
Elle est l'épouse de l'Esprit-Saint, qui distribue le don de conseil comme il lui plaît.
Elle est le Vaisseau spirituel, c'est-à-dire le vase rempli des dons du Saint-Esprit, qui débordent de son cœur vers les nôtres.
A qui irai-je, si j'ai besoin de conseils? Sans doute j'ai le Cœur de Jésus en qui sont tous les trésors de la sagesse; j'ai le Saint-Esprit, qui dispose de tous les dons spirituels; mais l'intermédiaire ordinaire et providentiel des dons divins, c'est Marie. Dieu qui nous a donné par elle la Rédemption, veut aussi nous donner par elle tous les fruits de la Rédemption: //Omnia per Mariam, //dit saint Bernard.
O Marie, j'ai soif du don de conseil, ne me la refusez pas.
IIe POINT: //Un premier titre aux conseils de Marie est son amitié pour nous. - //Marie est une amie pour tous ceux que son Fils visite, pour tous ceux à qui son Fils s'intéresse.
Jésus va à Cana, Marie s'intéresse à tout, elle voit ce qui manque, elle conseille ce qu'il faut faire. Elle dit à Jésus: «Le vin manque», et aux serviteurs: «Faites tout ce qu'il vous dira». Elle est l'amie bienveillante, l'amie qui donne un bon conseil, l'amie sûre et fidèle. «Soyez en bons termes avec beaucoup de monde, dit le Sage, mais choisissez votre conseiller entre mille» (Eccl., 6, 6). Marie est pour nous ce conseiller unique.
«Fréquente un ami juste, un saint, dit encore l'Ecclésiastique, un ami qui craint Dieu et qui te porte intérêt. Quand tu chancelleras dans les ténèbres, il aura compassion de toi». Appliquons cela à la Très Sainte Vierge. Elle est pour nous l'amie sainte et dévouée. Qui s'intéresse plus qu'elle à notre âme, qui lui a coûté tant de douleurs et qui représente pour elle le prix du sang de son Fils.
Dans tous nos doutes, dans tous nos troubles, dans toutes nos peines, allons à Marie. Elle est la conseillère choisie entre mille.
Le saint pape Léon XIII avait une confiance inébranlable en NotreDame du bon Conseil. C'était une dévotion de son enfance. Il a mis son nom aux litanies et il a autorisé son office. Dans les difficultés de sa charge il la priait, il offrait et faisait offrir la messe en son honneur.
O Marie, soyez ma céleste conseillère. Je vous invoquerai dans toutes mes difficultés, vous éclairerez mon esprit et vous inclinerez ma volonté dans le sens que vous voudrez.
IIIe POINT: //Ecce mater tua. - //Ce n'est pas seulement comme une amie remplie de sagesse que je vous consulterai, ô Marie, c'est comme ma Mère, car vous l'êtes véritablement. Vous êtes la Mère spirituelle de tous les chrétiens et vous avez une tendresse particulière pour ceux qui sont les amis du Sacré-Cœur, comme saint Jean: //Ecce filius tuus. //Autant que cela dépend de moi, je veux être le disciple, l'ami, l'apôtre du Sacré-Cœur, et par là je serai votre Benjamin.
Une mère est la conseillère naturelle de ses enfants. Combien de fois les livres saints nous recommandent d'écouter et de suivre les conseils de notre mère! C'est un précepte du décalogue lui-même.
Tobie recommandait à son fils d'honorer sa mère tous les jours de sa vie.
«Ecoutez les instructions et les conseils de votre père et de votre mère», dit le livre des Proverbes (1, 8).
Me voici à vos pieds, ô Marie, pour vous écouter aujourd'hui et toujours. Un enfant bien élevé court à sa mère aussitôt qu'il a quelque doute ou quelque difficulté. Sa mère est tout pour lui. Il l'écoute, il la croit, il a confiance. Personne ne lui fera croire que sa mère se trompe. Elle est pour lui l'organe de la sagesse divine.
Soyez tout cela pour moi, ô Marie. J'ai confiance en vous. Vous ne me laisserez pas dans les ténèbres et le doute. Vous me conseillerez, vous m'éclairerez.
//Résolutions. - Il //faut que cela devienne la pratique quotidienne de ma vie. Dans toute difficulté, dans tout embarras, je recourrai à Marie, à ma céleste conseillère, à ma Mère bien-aimée. Vous ne me refuserez jamais votre conseil, ô Marie.
//Colloque //avec Notre-Dame du bon Conseil.
//**27 Avril\\ **////La prière de Notre-Seigneur//
======Mon père, faites qu’ils soient un avec nous======
Ut omnes unum sint, sicut tu Pater in me, et ego in te, ut et ipsi in nobis unum sint; ut credat mundus quia tu me misisti. Et ego claritatem quam dedisti mihi, dedi eis; ut sint unum sicut et nos unum sumus. Ego in eis et tu in me; ut sint consummati in unum (S. Joan, 17, 21).
Que tous soient un, comme vous êtes en moi, mon Père, et moi en vous, qu'ils soient un en nous; pour que le monde croie que vous m'avez envoyé. Je leur ai donné cette gloire, qu'ils soient un comme nous sommes un. Moi en eux et vous en moi; qu'ils soient consumés en un (S. Jean, 17, 21).
//1////er//// ////Prélude. //Un des fruits les plus précieux de la venue du Saint-Esprit, c'est notre union avec Dieu, union qui sera consommée dans la gloire.
//2////e//// Prélude. //Venez, Esprit divin, unissez-nous avec Dieu et entre nous.
Ier POINT: //L'Esprit-Saint est le lien par lequel Notre-Seigneur nous unit à son Père et à lui-même. - //C'est la grâce que Notre-Seigneur a demandée pour nous dans sa prière après la cène. «J'ai prié pour vous, dit-il à ses apôtres, et pour tous ceux qui, éclairés et convertis par la prédication évangélique, croiront en moi, afin que tous ne forment qu'un même corps dont je suis le chef, qu'ils //soient un, //dans l'unité d'une même foi, d'une même espérance, d'un même amour, comme mon Père est en moi et moi en lui, afin que vous aussi vous soyez un en nous et qu'ainsi le monde, frappé par le divin spectacle de votre charité fraternelle et de votre vie toute céleste, soit forcé de reconnaître dans l'établissement de l'Eglise une œuvre divine et surhumaine et qu'il croie que mon Père m'a envoyé pour sauver le monde».
Et la gloire que son Père lui a donnée d'être en vertu de l'union hypostatique, son Fils unique et consubstantiel, Notre-Seigneur nous l'a en quelque sorte communiquée, il nous en a rendus participants, en nous élevant à la sublime dignité d'enfants et d'héritiers de Dieu, //divinae consortes naturae, //confirmant ainsi notre union avec lui.
IIe POINT: //Cette union intime, commencée ici-bas par la foi et l'amour doit avoir sa perfection, sa consommation dans le ciel//. - «Mon Père, disait Notre-Seigneur dans sa prière, ceux que vous m'avez donnés, je veux que là où je serai ils y soient aussi avec moi, pour qu'ils voient la gloire que vous m'avez donnée. Ils ont reconnu que vous m'aviez envoyé. Je leur ai fait connaître votre nom, vos divines perfections, votre sainteté, votre miséricorde, votre amour ineffable, et par le don de l'Esprit-Saint, je les leur ferai connaître encore davantage, afin que vous connaissant mieux, ils vous aiment plus et deviennent de plus en plus dignes de votre amour et qu'ainsi l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux et que vous aimiez en eux les images de votre Fils bien-aimé, les membres du corps mystique dont je suis le chef...».
Par cette prière à son Père, Notre-Seigneur indiquait toute l'union que nous devons avoir avec la sainte Trinité et particulièrement avec lui. De son côté, il est uni à nous: il nous a fait connaître son Père, le Dieu d'amour, //manifestavi nomen tuum hominibus, quos dedisti mihi de mundo.// Il nous a communiqué la parole de son Père, la révélation divine, les secrets du conseil divin, //verba quoe dedistt mihi, dedi eis.//
Nous aussi, nous sommes unis à lui. Comme ses disciples, nous avons reçu sa parole et nous l'avons conservée dans nos cœurs avec fidélité, //sermonem tuum acceperunt et servaverunt.//
Nous avons reconnu que sa parole était bien la parole de Dieu même. Nous avons cru à sa nature divine et à sa mission, //cognoverunt quia a te exivi et crediderunt quia tu me misisti// (S.// //Jean, 17). Cette union se consommera au ciel.
IIIe POINT: //Pour confirmer cette union, Notre-Seigneur nous a communiqué sa vie surnaturelle. - //Sa vie se manifeste en nous, //nunc clarificatus sum in eis. //Et comme tout est commun entre son Père, le Saint-Esprit et lui, comme membres du corps mystique dont il est le chef nous sommes participants de la vie divine et en quelque sorte de la nature divine, //divinae consortes naturae.//
Mais n'oublions pas les conditions de cette union: elle est un don gratuit, elle est l'œuvre de la grâce. Il faut donc toujours nous y disposer et y correspondre. C'est par Notre-Seigneur, par son amour et son imitation que nous y arriverons: //Ego// //sum via, veritas et vita. //C'est par lui que l'on va à son Père.
Cherchons toujours cette union qui est la condition de toute vie surnaturelle. C'est dans cette union que nous trouverons la lumière dans nos doutes, la consolation dans les épreuves et la force dans les difficultés; évitons tout ce qui s'oppose à cette union, le péché, la tiédeur, la négligence, la dissipation, la sensualité.
Cette union recevra sa consommation dans la vie future. Notre-Seigneur nous l'a promis. Il ne s'est éloigné de nous que pour un temps. Il reviendra pour nous prendre et nous réunir à lui et nous faire partager sa gloire dans la résurrection, dans l'union éternelle avec lui. //Iterum veniam et accipiam vos ad meipsum ut ubi ego sum et vos sitis.//
//Résolutions. - //Donnez-nous, ô mon Sauveur, cette grâce d'union, cet esprit d'union. Le lieu propice pour cette union, c'est votre divin Cœur. J'ai compris que cette union est la source de toute vie spirituelle. Désormais, je m'appliquerai à n'y plus mettre obstacle. Je fuirai la dissipation, la tiédeur, la négligence. Aidez-moi, ô mon Dieu, et pardonnez-moi toutes mes négligences passées.
//Colloque //avec le Sauveur.
//**28 Avril\\ **////Saint Paul de la Croix//
Et ego cum venissem ad vos, fratres, veni non in sublimitate sermonis, aut sapientiae, annuntians vobis testimonium Christi. Non enim judicavi me scire aliquid inter vos, nisi Jesum Christum et hunc crucifixum. Et ego in infirmitate, et timore et tremore multo fui apud vos (1 S. Pauli ad Cor., 2, 1).
Je suis venu à vous, mes frères, non pas dans l'éclat de l'éloquence et de la sagesse, mais en prêchant le martyre du Christ. Je n'ai pas fait valoir d'autre science que celle de Jésus crucifié. Et moi, j'ai vécu au milieu de vous dans la souffrance, la crainte et l'angoisse (ter aux Cor., 2, 1).
//1////er//// ////Prélude. //Prêcher la passion et imiter la vie réparatrice** **du Sauveur, telle fut la carrière** **de saint Paul de la Croix, comme de l'apôtre saint Paul.
//2////e//// Prélude. //Seigneur, faites-moi goûter votre croix et compatir aux douleurs de votre Cœur.
Ier POINT: //Son amour pour Notre-Seigneur. - //C'est l'amour de saint Paul de la Croix pour Notre-Seigneur qui a été le mobile de toute sa vie. L'apôtre saint Paul a dit de Notre-Seigneur: «Il m'a aimé et il s'est livré pour moi» (aux Gal., 2, 20). On peut dire de saint Paul de la Croix: Il a aimé Notre-Seigneur et il s'est livré pour lui à la vie d'amour, de réparation et d'apostolat.
Dès qu'il eut atteint l'âge de raison, il s'éprit d'un grand amour pour Jésus crucifié. Il se plaisait à méditer longuement la passion du Sauveur. Il aurait voulu rendre à Notre-Seigneur vie pour vie. Dans son ardeur pour le martyre, il s'était joint à la croisade qui se préparait à Venise. Il fallut une vision de Notre-Seigneur pour le ramener en Toscane où une autre vocation l'attendait. Il progressait sans cesse dans l'amour de Notre-Seigneur. Son cœur était si ardent, si brûlant d'amour que la partie de son vêtement qui touchait sa poitrine porta des signes de brûlure, et deux de ses côtes furent soulevées par la violence de ses sentiments. Il versait des larmes à la sainte messe et s'élevait souvent en extase.
Ah! si je méditais mieux les mystères de Notre-Seigneur et surtout sa passion, comme je l'aimerais avec ardeur!
IIe POINT: //Sa vie de réparation. - //La réparation est le caractère dominant de la vie de saint Paul de la Croix.
La vue des péchés du monde le met hors de lui. Il veut réparer pour les pécheurs et s'unir à la passion de Notre-Seigneur. Dès son enfance, il s'inflige des veilles, des jeûnes et des macérations. Le vendredi, il prend pour breuvage du fiel et du vinaigre. Il devient un pénitent public en recevant de son évêque un vêtement de bure. Inspiré par la sainte Vierge, il s'adjoint des compagnons de réparation. Il fonde cette belle congrégation des Passionistes, qui mène une vie austère et pénitente et qui ajoute aux trois vœux ordinaires celui de propager le culte de la Passion. Il institue aussi une communauté de religieuses dans le même but de réparation et de compassion pour Notre-Seigneur.
Epris d'amour pour l'humilité, il ne se laissait pas éblouir par ses succès apostoliques et ses miracles, il se regardait comme un serviteur inutile et comme le plus grand des pécheurs, digne d'être foulé aux pieds par les démons eux-mêmes. Dans sa vieillesse, il ne se relâchait en rien de ses austérités. Il continua ses missions tant qu'il en eut la force, et ses derniers conseils à ses fils spirituels furent pour leur recommander la fidélité à la méditation de la Passion, l'amour de Jésus crucifié à la méditation de la Passion, l'amour de Jésus crucifié et l'union aux austérités et aux réparations du Sauveur. Son zèle le portait souvent à offrir ses réparations pour le retour de l'Angleterre à la foi. Imitons-le et donnons le concours de nos prières et de nos sacrifices à ce dessein providentiel de Notre-Seigneur.
IIIe POINT: //L'apôtre du Sacré-Cœur. - //Saint Paul de la Croix est bien un apôtre du Sacré-Cœur. C'est bien ainsi que l'a caractérisé la sainte Vierge elle-même. Quand elle lui révéla l'habit de son ordre, elle marqua sur sa poitrine le Sacré-Cœur avec les instruments de la Passion. C'est au Cœur, souffrant de Jésus qu'est voué l'ordre des Passionistes. Par le signe distinctif que la sainte Vierge leur donna, ils sont invités à méditer la Passion dans le Cœur de Jésus, à remonter jusqu'au Cœur de Jésus pour apprendre de lui les motifs qui lui ont fait aimer la croix.
Avec eux, méditons la Passion dans sa source, dans le Cœur de Jésus qui s'est livré à toutes les angoisses et à toutes les souffrances, par amour pour la gloire de Dieu et pour le salut de nos âmes.
Notre-Seigneur a voulu montrer manifestement que saint Paul de la Croix était un saint de son Cœur. Dans les extases du saint, il lui arrivait de se porter vers le crucifix, d'appliquer ses lèvres au côté de Jésus et de puiser là des flots d'amour et de compassion pour le bon Maître. Cela nous montre que l'objet de ses méditations et de ses affections était le Cœur de Jésus, souffrant et blessé par amour pour nous. Il est un modele pour tous les amis du Sacré-Cœur et de la réparation.
//Résolutions. - //Grand saint, entraînes-moi avec vous et conduisez-moi au Cœur de Jésus, afin que je comtemple assidûment les mystères de sa Passion. Je m'y reporterai fidèlement tous les jours dans les heures de l'après-midi, pour m'en pénétrer d'une manière irrévocable.
//Colloque //avec le Cœur blessé de Jésus.
//**29 Avril\\ **////La prière du Sauveur//
======Mon père, je veux que la ou je suis, ceux que vous m’avez donnes soient aussi avec moi======
Pater, quos dedisti mihi, volo ut ubi sum ego, et illi sint mecum... et notum feci eis nomen tuum, et notum faciam, ut dilectio quâ dilexisti me in ipsis sit et ego in eis (S. Joan, 17, 24).
Mon Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m'avez donnés soient aussi avec moi... Je leur ai fait connaître votre nom et le ferai encore, afin que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux et moi en eux (S. Jean, 17, 24).
//1////er//// ////Prélude. //Nous arrivons dernières aux paroles de Notre-Seigneur, elles sont plus en plus de aimantes: «Mon Père, dit-il, ayez pour mes disciples l'amour que vous avez pour moi».
//2////e//// Prélude. //Seigneur, venez vraiment en moi avec votre amour et l'amour de votre Père.
Ier POINT: //Résumé du discours et de la prière de Notre-Seigneur. - //Nous achevons de méditer l'admirable discours après la cène et la prière qui le termine. Notre-Seigneur a révélé à ses apôtres tous les secrets de l'avenir: sa passion, sa mort, le court triomphe de ses ennemis, la chute de saint Pierre, la résurrection, la descente du Saint-Esprit, les persécutions qui attendent les apôtres, les miracles qu'ils opèrent, le martyre qui couronnera leur vie, les progrès de l'Eglise, la destruction de l'empire de Satan. Il peut vraiment leur dire: «Vous êtes mes amis parce que je vous ai tout dit et tout révélé. Ce n'est pas à des serviteurs qu'on découvre ainsi toute son âme et toute sa vie».
Il est manifeste aussi que dans le cours de ces épanchements, Notre-Seigneur résume toute sa doctrine surnaturelle: l'unité de la nature divine et la distinction des personnes, ses rapports avec le Père et le Saint-Esprit, le mystère de la rédemption, le mystère de la grâce et l'élévation de l'homme à la vie surnaturelle.
Notre-Seigneur peut dire à ses apôtres: «Je vous ai tout dit», et à son Père: «J'ai accompli l'œuvre que vous m'avez confiée, j'ai instruit mes disciples et fondé l'Eglise».
IIe POINT: //«Je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi». - //C'est la promesse du ciel, la promesse de la vision intuitive et de la possession de Dieu: «Je veux qu'ils voient ma gloire, //Ut videant claritatem meam». //C'est plus qu'une prière, plus qu'un désir, Notre-Seigneur exprime une volonté, il parle à son Père comme d'égal à égal. Il demande que ses disciples soient témoins de la gloire que son Père lui a destinée de toute éternité.
Puis il rappelle sommairement les conditions de cette béatitude pour ses disciples: «Le monde ne vous connaît pas, dit-il à son Père, et à cause de cela il n'arrive pas au salut et à la gloire du ciel. Moi, je vous ai connu et vous m'avez glorifié. Mes apôtres vous ont connu en moi, ils ont compris que j'étais votre envoyé. Je leur ai fait connaître votre nom et je le leur ferai connaître encore davantage».
Connaître Dieu, connaître pratiquement et progressivement Jésus et la révélation, voilà donc le chemin de la béatitude.
Cette connaissance est commencée par l'enseignement commun de l'Eglise. Elle s'accroît de plus en plus par les lumières plus abondantes que Notre-Seigneur communique à ceux qui s'appliquent à le connaître dans l'oraison et le recueillement. Elle doit étre jointe à l'amour, qui s'accroît en nous dans les mêmes proportions. Plus on connaît Dieu, plus on l'aime, plus on se rend digne de son amour, plus on s'unit intimement avec lui et avec Jésus-Christ.
Voilà le chemin, voilà ma voie: mieux connaître Notre-Seigneur pour mieux l'aimer.
IIIe POINT: //«Père, que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux et moi en eux!». - //Ce sont les derniers mots du testament du Sacré-Cœur. Notre-Seigneur pouvait-il se montrer plus aimant et plus tendre pour nous? Pesons bien ces paroles: «Mon Père, aimez-les comme vous m'avez aimé moi-même de toute éternité. Aimez-moi en eux, aimez-les comme mes frères, comme d'autres moi-même...».
Que dirions-nous sur la terre d'un prince royal qui dirait à son père: «Voilà quelques-uns de vos sujets, adoptez-les pour vos enfants, aimez-les comme vous m'aimez moi-même, donnez-leur une part de mon héritage...». Ce serait le comble de l'amitié, de l'abnégation, du dévouement, et cela ne s'est jamais vu, mais Notre-Seigneur a demandé cela pour nous à son Père. Et il a ajouté: «Et moi aussi je serai en eux, //et ego in ////ipsis//. J'habiterai en eux, je vivrai dans leur cœur, je ne ferai qu'un avec eux...».
C'est l'union divine qui nous a été promise. Nous devenons participants de la nature divine; //divinae consortes naturae, //comme dit saint Pierre. Cette union s'établit par l'état de grâce et s'accroît chaque jour par la vie intérieure. Elle est à ma disposition et je puis la rendre toujours plus intime. Quelle folie, si je ne le fais pas!
//Résolutions.// - O// //Jésus, réalisez votre testament. Venez en moi et donnez-moi aussi l'amour de votre Père. Je dois faire de mon côté tout ce qui est propre à favoriser cette union. Je dois vivre auprès de vous, avec vous, en vous, en union avec votre divin Cœur, en faisant aussi constamment que possible des actes d'amour, de reconnaissance, de réparation et de prière.
//Colloque //avec le Sacré-Cœur.
//**30 Avril\\ **////Sainte Catherine de Sienne\\ ////1347-1382//
Media nocte clamor factus est: Ecce sponsus venit, exite obviam ei. Tunc surrexerunt omnes virgines illae, et ornaverunt lampades suas... et quae paratae erant, intraverunt cum eo ad nuptias et clausa est janua (S. Mat., 25, 6).
Au milieu de la nuit un cri retentit: Voici l'époux qui vient, allez au-devant de lui. Alors les vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes... et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces et la porte fut close (S. Mat., 25, 6).
//1////er//// ////Prélude. //Sainte Catherine est une des vierges fidèles qui ont été admises aux noces du roi.
//2////e//// Prélude. //Vierge privilégiée, apprenez-moi à puiser avec vous le feu de l'amour au cœur de Jésus.
Ier POINT: //Sa sanctification Par le Sacré-Cœur. - //Sainte Catherine de Sienne est de la famille spirituelle des Gertrude et des Marguerite-Marie. Elle avait à peine six ans que Jésus lui montra son Cœur, comme source de toute sanctification. Elle allait en priant vers l'église Saint-Dominique. Une apparition se manifesta au-dessus de l'église.
Elle vit Jésus, lui montrant son cœur d'une main et la bénissant de l'autre. A sa droite, les deux colonnes de l'Eglise, saint Pierre et saint Paul; à gauche, l'apôtre bien-aimé, saint Jean, le disciple du Sacré-Cœur, penchant sa tête sur la poitrine du Maître. L'enfant était investie par le Sacré-Cœur de l'auguste mission de ramener la paix dans l'Eglise troublée, et de devenir la Jeanne d'Arc de la papauté, mission qu'elle accomplit plus tard au milieu d'un profond et universel enthousiasme pour elle. Dès lors, elle imita saint Jean et vécut en union avec le Sacré-Cœur.
Elle reçut une grâce mystique plus grande encore. Un jour qu'elle méditait sur ce verset: «Créez en moi un cœur nouveau», elle vit Notre-Seigneur s'approcher et la toucher au côté où elle ressentit une douleur indicible, comme si on lui arrachait son cœur. Puis Notre-Seigneur lui apparut de nouveau tenant à la main un cœur lumineux, qu'il lui mit dans la poitrine en lui disant: «Ma fille, je t'ai enlevé ton cœur, je te donne le mien, afin que tu vives à jamais en moi». A partir de ce jour, elle eut au côté gauche une cicatrice que l'on reconnut après sa mort, et elle sentit au cœur un feu sacré avec un élan de générosité et d'amour pour Dieu et pour l'Eglise qui étonna son siècle.
IIe POINT: //L'apostolat du Sacré-Cœur. - //La pieuse vierge entra dans l'ordre de Saint-Dominique où elle put s'adonner à son goût pour la solitude, le silence et la prière. Notre-Seigneur lui apparaissait fréquemment et s'entretenait familièrement avec elle. Ses grâces étaient connues, et elle devint l'apôtre de son siècle par sa correspondance. Près de quatre cents de ses lettres nous sont restées. Le recours ardent au Sacré-Cœur en marque pour ainsi dire chaque page.
Elle écrit au prêtre Jean, de Pise: «Je vous écris dans le précieux sang du Sauveur, avec le désir de vous voir noyé dans le sang de Jésus crucifié, et caché dans la plaie de son côté. Dans le sang, vous trouverez le feu de l'amour, car il l'a répandu par amour, et dans le côté vous trouverez l'amour du cœur, car tout ce que le Christ a fait, il l'a fait avec l'amour du cœur. Alors votre âme s'enflammera du feu d'un saint désir, et ce désir est un effet de l'amour qui ne vieillit jamais et rajeunit toujours, au contraire, l'âme qui en est revêtue».
A une dame du monde: «Entrez dans les plaies de Jésus crucifié, où se trouve la vraie et parfaite sécurité. Remplissez la lampe de votre cœur au côté de Jésus crucifié. Ce côté ouvert vous laisse voir le secret du cœur qui nous fait tout, qui nous donne tout par amour».
Elle orientait toutes les âmes vers le Cœur de Jésus.
IIIe POINT: //La réparation avec le Cœur de Jésus. - //Devant les crimes du monde et les passions humaines qui s'agitaient comme des flots tumultueux, dans les temps difficiles où elle vivait, le cœur de la vierge de Sienne se brisait, comme plus tard se brisera celui de la vierge de Paray. Elle eût voulu donner jusqu'à la dernière goutte de son sang pour les intérêts de Notre-Seigneur. Elle consumait sa vie dans les austérités et la prière, s'offrant comme victime des iniquités de la terre.
Elle endura de longues souffrances que la communion seule calmait un peu. Du mercredi des cendres au jour de l'Ascension, elle ne prenait pas d'autre aliment que l'adorable Eucharistie. Notre-Seigneur lui donna ses stigmates sans les laisser paraître.
Elle exerçait la charité avec héroïsme envers les pauvres et les malades. Un jour que sa nature s'était révoltée à la vue d'un ulcère répugnant, elle y porta ses lèvres pour vaincre sa sensibilité. Notre-Seigneur lui apparut la nuit suivante, et pour la récompenser il lui découvrit la plaie de son côté et lui permit d'y appliquer sa bouche.
Notre-Seigneur présenta à son choix une couronne d'or enrichie de pierreries et une couronne d'épines. Elle choisit la couronne d'épines, la couronne de la réparation.
L'humble religieuse se dépensa en démarches pénibles pour faire cesser le schisme d'occident. Elle décida le Pape Grégoire XI à quitter Avignon pour revenir à Rome. Elle offrit sa vie pour le bien de l'Eglise et mourut saintement le 29 avril 1382. Au moment de sa mort, elle apparut au Père Raymond de Capoue pour lui annoncer son entrée dans le ciel.
//Résolutions. //- Je dirai avec sainte Catherine: «Je ne connais pas d'autre joie que celle que je trouve dans le Cœur de Jésus. - Mon Seigneur, je ne désire que vous seul, et jamais je ne trouverai de repos jusqu'à ce que je sois parvenu à me cacher tout entier dans votre divin Cœur».
//Colloque //avec sainte Catherine de Sienne.
//**30 Avril\\ **////Patronage de saint Joseph//
Misit rex et solvit eum, princeps populorum et dimisit eum. Constituit eum dominum domus suae, et principem omnis possessionis suae. Ut erudiret principes ejus sicut semetipsum: et senes ejus prudentiam doceret (Ps., 104, 20).
Le roi, le prince des peuples, le fit délivrer de la prison. Il l'établit chef de sa maison et intendant tous ses biens; pour qu'il instruisît les princes comme lui-même, et qu'il enseignât la prudence aux vieillards (Ps., 104, 20).
//1////er//// ////Prélude. //Le saint patriarche Joseph, de l'ancienne loi, a été la figure de saint Joseph. Il eut sur l'Egypte une vaste intendance, comme saint Joseph l'a sur l'Eglise.
//2////e//// Prélude. //Allons à Joseph dans nos difficultés. Prions-le pour l'Eglise, pour nos âmes, pour tous nos besoins.
Ier POINT: //Saint Joseph, protecteur de l'Eglise//. - Saint Joseph a été le chef extérieur et le protecteur de l'Eglise naissante, c'est-à-dire de la sainte Famille à Nazareth. Jésus et Marie lui étaient soumis et lui obéissaient.
On ne peut pas dire qu'il ait aujourd'hui une autorité hiérarchique sur l'Eglise, mais il garde une paternité morale.
Le patriarche Joseph, en Egypte, n'était rien qu'un sujet, mais le roi lui donna pouvoir sur sa propre famille et sur ses biens: //Constituit eum dominum domus suae et principem omnis possessionis suae//. L'Eglise se plaît dans la liturgie à comparer ces deux situations.
Saint Joseph est bien le chef de la famille. Il conduit Marie à Bethléem pour le recensement. Il sauve l'enfant en le portant en Egypte. Il a gagné le pain de l'enfant et de la mère, en Egypte et à Nazareth. Il conduit Jésus au temple pour les solennités, il dirige son travail quotidien. Les cœurs de Jésus et de Marie lui sont éternellement reconnaissants. Il a sur ces cœurs bénis une vraie toute-puissance de supplication et d'intercession.
Il s'intéresse à l'Eglise, à ses accroissements, à son entretien, à ses périls. Il en a pris l'habitude à Nazareth.
IIe POINT: //Il est le patron des âmes pour leur avancement spirituel//. - Qui est plus apte que lui à nous guider? N'a-t-il pas été formé par les exemples et les entretiens de Jésus et de Marie? Nous sommes comme ses petits-fils. Il désire que nous ressemblions à Jésus et à Marie. Etudions ses exemples, demandons ses conseils.
Ce que David nous dit de l'ancien Joseph, le modèle et la figure du nôtre, est saisissant: «Le roi en fit le précepteur des princes et de lui-même et le conseiller des sages et des vieillards». Ainsi Notre-Seigneur a fait de saint Joseph son propre précepteur à Nazareth, mais il veut aussi que tout le monde l'écoute, fût-on un prince de l'Eglise ou un chrétien riche en doctrine ou en vertus.
C'est certainement le dessein de la Providence. Les dons de Dieu sont sans repentir. Cette primauté que saint Joseph exerça à Nazareth, il l'exerce dans l'Eglise quoique d'une manière nouvelle. Il est notre père, mais il exerce sa paternité du haut du ciel, par sa sollicitude envers nous, par son intercession, par sa protection. Il obtient du Cœur de Jésus l'action du Saint-Esprit et des anges auprès de nous. Demandons-lui ses conseils, sa direction, ses leçons, ses encouragements, nous les recevrons par les moyens puissants qui sont en son pouvoir. Les anges sont à son service. Les événements eux-mêmes sont influencés par son intercession. Fussions-nous princes de l'Eglise, prêtres ou directeurs d'âmes, nous avons besoin de saint Joseph. Le Roi du ciel lui donne pouvoir sur les grands et les sages comme sur les petits.
IIIe POINT: //Sa protection dans les choses temporelles. - //Notre-Seigneur veut aussi que saint Joseph veille sur nos besoins temporels.
Pharaon a constitué Joseph intendant de tous ses biens, et quand ses sujets lui demandaient du pain, il répondait: «Allez à Joseph».
Saint Joseph a été aussi l'intendant de la famille royale de Nazareth et il garde une sollicitude spéciale pour les intérêts temporels de l'Eglise, des nations, des communautés et des fidèles.
C'est bien conforme aux desseins de la Providence. Le sens chrétien l'a compris et les fidèles s'adressent à saint Joseph dans leurs besoins. Recourons à lui pour nos intérêts privés, mais aussi pour le bien gêneral. Nos sociétés politiques sont dans le malaise. Le régime du travail est troublé. A qui irons-nous pour retrouver la paix sociale, la prospérité et l'ordre? Allons à saint Joseph. Il ne nous dispense pas du travail, de l'étude et des autres moyens humains, mais il peut les bénir, les féconder et les faire aboutir.
Il nous obtiendra aussi de son divin Fils les vertus morales sans lesquelles tous les efforts des législateurs et des gouvernements civils seraient stériles.
//Résolutions. - //Allons à Joseph. Il s'est formé à Nazareth à la plus extrême bonté, à la plus délicate sollicitude. Son cœur s'est modelé sur les cœurs de Jésus et de Marie.
Où trouverions-nous autant de bonté, de douceur, de pitié, de charité? Allons à Joseph constamment, comme à l'école et à la source des vertus.
//Colloque //avec saint Joseph.