CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE 1905

05. 01. 1905. B 16/6bis. 2 (inv. 122.02). P. Falleur

Mon cher ami, ce qu'il y a à faire, c'est de vous dégager le plus tôt possible du moulin et de vos petites locations. Le Bon Dieu ne vous veut plus à Fourdrain, n'essayez pas de lui résister.

Votre dévoué L..Dehon.

13. 01. 1905 B 108/3 (inv. 1167. 10). Franciscaines Missionnaires de Marie

St Quentin – 13 janv. 1905

Ma Rév. Mère,

J'ai reçu vos bons souhaits de Noël et j'y ai été très sensible. J'ai prié pour l'âme de votre sainte fondatrice, qui sera votre protectirce au ciel, et je salue votre nouvelle supérieure générale.

Puissent nos œuvres du Congo être pour les deux Communuatés une source de grâces ! Que cette nouvelle année voie s'accroître en nous les vertus chères à N.S. : l'humilité et le sacrifice.

Agréez mes dévoués hommages, L. Dehon sup. gen. des Prêtres du S. Cœur

16. 01. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 11). Abbé Billet (à Paris)

C'est entendu, le trentain commence. Amitiés. L.D.

18. 01. 1905. B 39/2.C  (inv. 670. 17). M. Vitry, Président du tribunal de Saint-Quentin

Monsieur le Président,

Aucune loi, aucune convenance ne défend, je crois, à un accusé, d'adresser une supplique à ses juges. Ceux-ci doivent accueillir volontiers tout ce qui peut éclairer leur conscience.

J'ai dit avec raison un accusé, parce qu'ici, sous l'apparence d'une cause civile, il y a réellement une cause criminelle. Ce qu'on appelle liquidation est bel et bien une confiscation, pour la plus grande partie des biens.

L'Histoire ne sera pas dupe de la piperie des mots. D'ailleurs, ce que le liquidateur a, par… restriction mentale, appelé liquidation, le Comité occulte qui dirige le Parlement lui avait donné son vrai nom. Le Convent maçonnique de 1889, qui a préparé la loi , avait déclaré « qu'il voulait la suppression des Congrégations autorisées ou non (compte rendu, p. 263), ainsi que la confiscation des biens de mainmorte » (ibid.).

C'est donc bien la confiscation qu'on vous demande.

1. Avant d'aller plus loin, disons un mot de cette loi de 1901. Un avocat ne peut pas discuter la loi, à la barre ; une victime peut dire sa pensée intime à un juge courtois.

Cette loi n'est pas une loi . C'est l'ukase d'une Convention mue par un Comité secret. Ce n'est pas une loi, parce qu'elle ne répond pas à la définition de la loi, qui est une ordonnance faite par l'autorité sociale en vue du bien commun. Il s'agit ici de tout autre chose que du bien commun, il s'agit de satisfaire la haine antireligieuse d'une société secrète.

A peine la prétendue loi a-t-elle paru, que la conscience publique se révolte. L'Eglise, juge des consciences, proteste.

Léon XIII avait élevé la voix dans sa lettre de Décembre 1900 à l'Archevêque de Paris, alors que la loi était seulement en préparation. Il a déclaré alors et répété ensuite, que cette prétendue loi est contraire au droit naturel, qu'elle dispose de la propriété du prochain et qu'elle viole les droits sacrés de l'Eglise.

Pie X a répété les mêmes protestations devant le Sacré Collège, le 18 Mars 1904.

Quatre vingts évêques de France ont joint leurs déclarations à celles du Saint-Siège, par un acte du 15 Octobre 1902.

Ce n'est pas une loi. Ceux qui l'ont faite, ont violé le droit naturel et encouru les censures de l'Eglise. Ceux qui l'appliquent, sont dans le même cas.

Eussiez-vous appliqué, M. le Président, en 1793, les lois de la Convention, qui décrétaient l'assassinat, l'exil des honnêtes gens, la confiscation de leurs propriétés légitimes ?

C'est l'honneur de beaucoup de magistrats de 1880, d'avoir été jusqu'à démissionner, pour s'abstenir d'appliquer les décrets de dissolution des Congrégations. J'étais fier, quand on le rappelait dernièrement, aux funérailles d'un de mes parents, M. Vandelet, ancien conseiller à la Cour de Douai, démissionnaire en 1880.

Depuis 1901, que de démissions honorables aussi, d'officiers, de magistrats, de juges de paix, qui ne voulaient pas concourir aux expulsions et aux confiscations. Et à côté de ces démissions aussi, quelle belle indépendance de certains tribunaux ! Et parmi ces honnêtes gens, il n'y a vait pas que des cléricaux, on a compté même des protestants.

Chez nous même, le premier liquidateur nommé a démissionné, et le second n'a trouvé à m'envoyer qu'un Betzer, sortant des prisons de Besançon. Décidément, cette liquidation sent mauvais.

II. Mais arrivons à notre affaire.

En 1900, M. Waldeck-Rousseau a fait établir la statistique de toutes les Congrégations de France. Elle a été publiée en un volume joint, au « Journal Officiel ». Et bien ! nous n'y figurons pas. Le fisc lui aussi, a toujours respecté nos propriétés, qu'il a tenues pour privées.

C'est bien donc notre demande de fondation, en 1901, qui serait l'occasion de la confiscation. La loi et l'arrêté de Waldeck-Rousseau qui indiquaient aux nouvelles Congrégations le moyen de se fonder auront donc été pour nous un piège, un traquenard.

Nous présentons, dit-on, des œuvres commencées, des noms, des établissements, des statuts, une organisation. Mais c'est justement cela que la loi et son commentateur, Waldeck-Rousseau, veulent qu'on présente. Ils nous demandent deux exemplaires des statuts, les noms des membres même étrangers (ce qui suppose qu'il peut y en avoir), la liste des établissements et leur destination en maison principale et en maison d'œuvres.

Nous défions qu'on prouve que nous avons fait autre chose jusqu'à présent, que ces préparations.

On s'est appelé une congrégation sous divers noms, cela prouve précisément les tâtonnements d'une préparation.

Des annuaires et almanachs nous appellent congréganistes. Soit, maiis pas la statistique officielle de 1900, pas l'Ordo officiel de soissons qui, depuis 1895 (6 ans avant la loi !) nous a mis à notre place, en nous déclarant chaque année simples prêtres diocésains.

Mais le Pape, en 1888, nous a fait simple confrérie. Tout cela, au dire de M. le Procureur, seraient des… habiletés … Il aurait pu être plus courtois et plus juste. En 1888, en 1895, on ne faisait pas d'habiletés pour tourner la loi de 1901.

III. Le parquet veut bien nous dire que l'ordonnance de non-lieu ne signifie rien, et que l'instruction nous a fait connaître comme congréganistes.

Qui trompe-t-on ici ? Si nous étions congréganistes, on devait nous expulser. On dit qu'il n'y avait pas de délit, parce que nous étions dispersés. Le parquet ne connaît donc pas sa loi ?… La permanence d'un seul membre (art. 18) est un délit. On dit que ceux qui restaient ne continuaient pas les œuvres. Quelles œuvres ? Avant 1901, je prêchais et confessais quelquesfois, je fais de même. D'ailleurs, les sommations que j'ai reçues ne m'enjoignaient pas seulement de me disperser ( !), mais de délaisser l'immeuble dans les trois jours. Je ne l'ai pas délaissé et je ne le délaisserai pas ! On devait donc m'expulser. -

La chose est plus patente encore pour d'autres maisons. A Fourdrain, M. Falleur était seul avant comme après, on l'a aussi sommé en vain de délaisser l'établissement. A Marsanne, c'est plus fort, M. Dupland n'a pas changé un iota à ses œuvres. Avant 1901, il dessert le pèlerinage de Fresneau, il prêche le dimanche, il confesse. Après 1901, il fait identiquement la même chose, et vous dites qu'il ne continue pas l'établissement.

Le fin mot, le voici, M. le Président : l'expulsion manu militari gênait le parquet, et il s'en est lavé les mains en donnant un non-lieu, mais il vous invite à salir les vôtres par une sentence de confiscation. Vous pourriez lui dire : Commencez.

IV. Envisageons les conséquences de la confiscation : Si ce sont des biens privés, c'est un vol ; si ce sont des biens d'église, le vol est sacrilège et entraîne l'excommunication portée par le Concile de Trente (Sess. 22) contre tous les coopérateurs : législateurs, magistrats, liquidateurs.

Personne n'ignore d'ailleurs que la spoliation injuste oblige à restitution. A l'heure de la mort, aucun prêtre ne pourra absoudre validement les coopérateurs qui n'auront pas pourvu à la restitution, dans la mesure où ils le pourront. Je regrette d'avoir à vous dire cela.

Et les malédictions des victimes, en fera-t-on peu de cas ? Je sais par exemple que M. Dupland destine à ses nièces et à son petit neveu la propriété de Marsanne où il a mis le plus clair de ses ressources personnelles. Voilà des gens qui maudiront toute leur vie les spoliateurs, et si lerus sentiments chrétiens les inclinent au pardon, Dieu est là, qui venge les opprimés.

V. Il faut des attendus pour formuler un jugement :sont-ils si difficiles à trouver ?

Attendu que la liste officielle des Cong. dressée en 1900, ne contient pas les œuvres de Saint-Quentin ;

Attendu que tout ce qu'on a apporté à la barre pour prouver qu'il y avait congrégation, peut très bien s'entendre seulement d'œuvres préparatoires, et que ce serait abuser de la loyauté de ceux qui présentent ces œuvres préparatoires au législateur que de les déclarer congrégation faite et de les frapper de confiscation ;

Attendu qu'on n'a pas pu trouver à ces préparatifs même un nom définitif, qu'il n'y avait ni statuts arrêtés ni costume ; que le nom de Révérend Père n'a pas de portée , étant donné qu'on préparait une Congrégation et que ce titre est donné souvent dans les diocèses aux simples prêtres qui missionnent ;

Attendu qu'il n'y avait pas même la vie commune qui est le caractère principal des congrégations. En effet sur une liste de 60 membres présentés comme devant former la congrégation, il n'y en avait qu'une douzaine qui vivaient ensemble ; que les autres étaient des gens du monde qui avaient seulement exprimé au fondateur le projet de s'unir plus tard à lui. A Fourdrain, M. Falleur était seul ; à Marsanne, M. Dupland était seul, à Lille deux prêtres s'occupaient de quelques étudiants. A Saint-Quentin, des prêtres missionnaires seulement vivaient sous le même toit mais non de la vie commune puisqu'ils indemnisaient M. Dehon de leurs dépenses et qu'ils avaient des meubles personnels qu'ils ont emportés, comme l'a constaté l'inventaire. C'était plutôt une hotellerie de missionnaires qu'un couvent, et ces maisons passaient au service des paroisses quand l'évêque le jugeait à propos.

Que s'il y avait des étrangers, ils avaient été ordonnés prêtres à Soissons.

Attendu qu'on ne peut pas dire que les déclarations du Saint-Siège en 1888 et celle de l'Ordo de Soissons répétées tous les ans de… 1895 à 1903 ont été faites pour les besoins de la cause… etc… etc… etc.

En ce qui concerne M. Dupland, attendu qu'il n'est même pas dans la liste des aspirants à fonder la congrégation, qu'il n'a pas cessé d'appartenir officiellement au diocèse de Limoges ; qu'il n'a qu'un exeat provisoire l'autorisant à essayer de la cong. de la Mission, ce qui est le nom classique des Lazaristes, et ce qui n'a aucun rapport avec les missionnaires de Saint-Quentin ; que sa propriété de Marsanne lui est personnelle, que M. Dehon n'a pas même pu la présenter comme devant entrer dans les œuvres de la Cong. ; que si M. Dehon a pu présenter la propriété de Fourdrain, c'est qu'elle était louée depuis 10 ans à M. Falleur, un des aspirants à la fondation de la cong. ; que cette location, qui n'a pas été faite pour les besoins de la cause, exclut d'ailleurs tout communauté de biens et tout lien congréganiste entre M. Dupland et M. Falleur.

Telle est, M. le Président, mon humble requête, et comme je suis un vrai disciple du Christ, j'ajoute que ni les persécutions, ni la confiscation ne me font peur. Comme les Apôtres, je m'en irais joyeux d'avoir à souffrir pour le Christ.

Mais à d'autres points de vue je désire épargner à la France et au tribunal de Saint-Quentin le stigmate et les conséquences d'une persécution de plus, et je veux défendre jusqu'au bout le droit de propriété, pour donner à mes concitoyens l'exemple du doit civique.

Je vous prie d'agréer, M. le Président, etc… »

(Texte manuscrit autographe, 17 pages. B 39/2.C ; inv. 670. 17)

[En tête de ce texte, une note ajoutée par le P. Dehon : Mes notes au président du tribunal à l'époque des spoliations, 1904…

Ce texte est repris, sous une forme légèrement différente, en NQT XIX/1905, 52 - 65, et avec davantage de variantes et quelques suppressions, dans A. Ducamp : Le Père Dehon et son œuvre, 1936, pp. 427 - 430].

28. 01. 1905. B 83/1 (Copie B 35/4c. 25, inv. 584.25). Mère M. Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

Je vais aller à Namur ces jours-ci pour me faire soigner un bobo à l'oeil chez le Dr Bribosia. J'y resterai peut-être plusieurs jours. J'irai sûrement vous voir. J'espère que je trouverai notre chère postulante en bonne voie de sanctification et de formation.

Nos affaires se gâtent ici, la liquidation a obtenu un jugement favorable. Nous perdrons à peu près tout comme vous. Que la sainte volonté de Dieu soit faite! (Mc 14, 36). La croix est toujours bonne. Jésus l'a choisie pour lui, il n'a rien de mieux à nous donner. Priez un peu pour nous. Agréez mes dévoués hommages. L. Dehon.

Janvier 1905.

Encore deux morts au Congo ! P. Bittkau et Fr. Placide. Celui-ci est parti subitement au ciel en voyant la Sainte Vierge qui venait le chercher.

Priez. Ne venez-vous pas bientôt ? Vôtre L.D.

26. 02. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 39). P. Falleur

Cher ami,

Il y a du nouveau. On plaidera le 17, mais seulement pour M. Lobbé et moi. Le reste est ajourné. A Lille, les créanciers hypothécaires ont fait commandement de payer. Dans un mois, ils feront vendre à leur profit.

Tenez-vous vos comptes? Il y a toujours une vieille dette de 1.600 au P. Rasset pour sa soeur. Il me fait comprendre qu'il voudrait bien donner cela à son neveu. Fiat! Je lui ai dit de commencer à donner là-dessus à son neveu 500f qui lui restaient de Marchais. Marquez cela. Il croit que vous pourriez prêter (ou donner à son neveu) chevaux, vaches et voitures???

Vigilate, quia adversarius voster diabolus… (1 P 5, 8). Votre L. Dehon.

03. 03. 1905 ( ?). Raymond Hanier (19 rue de Clichy, Paris)

(Carte postale, envoyée de Saint-Quentin)

Amitiés au cher Raymond. Nous le reverrons toujours volontiers.

L. Dehon.

14. 03. 1905. Raymond Hanier.

(Carte de vœux, envoyée de Saint-Quentin)

Souvenir. L.D.

Année 1905 (date illisible) Raymond Hanier

(Carte postale, envoyée de Saint-Quentin)

Em. Bontemps a été malade, il va mieux. Je vais lui remettre votre carte.

La petite société est très animée, quoique plusieurs grands aient quitté.

Bon succès à Paris. L. Dehon.

14. 03. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 40). P. Falleur

Cher ami,

Profitez de l'occasion pour faire commencer à chaque maison un cahier de bilans, comme nous l'avons toujours tenu à S. Jean. Donnez un modèle. Dites que je l'exige et que le S.Siège y tient. Mettez vos comptes en règle avec toutes nos maisons. Dieu bénira votre obéissance.

Simplifiez vos affaires à Fourdrain.

La maison de Bruxelles va vous envoyer Louis Bourre, pour travailler, je vous expliquerai pourquoi. Votre dévoué.

18. 03. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 41). P. Falleur

Cher ami,

Les affaires de Fayet et Lille se plaident le 24. Me Patoux demande des renseignements. Moi, j'ai tout oublié.

Vous avez quelques notes sur Lille, si vous voyez Me Patoux lundi? A bientôt.

S. Jean est menacé. L'avocat Faure a dit que M.M. Delloux et consorts étaient de prétendus sécularisés. Votre dévoué L. Dehon.

25. 03. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 42). P. Falleur

Ecrivez vite à ce Mr que Fourdrain n'est plus à vous et qu'il n'y a plus de place nulle part.

Priez et faites prier pour une très grave affaire qui nous menace. Votre L. D.

Mars 1905. B 24/0 (inv. 487. 29). R. Hanier (à Paris)

Amitiés au cher Raymond. Nous le verrons toujours volontiers. L. Dehon.

04. 04. 1905. B 20/8. 1 (inv. 309. 01). P. Falleur

Cher fils,

Allez vendredi à Clairef. Il est entendu que vous n'aurez d'autre souci que celui de vos classes. Ne vous occupez en rien de la direction, ni des confrères. Vous n'avez pas grâce pour cela. Ne reprenez personne. Gardez la charité et la douceur avec tous. Votre bien dévoué L. Dehon.

07. 04. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 43). P. Falleur

Cher ami,

C'est jugé. On ne me laisse que le jardin et je puis être expulsé dans 10 jours. Je voudrais que vous veniez passer un jour ou deux avec moi, pour arranger bien des choses.

Votre dévoué L. Dehon.

09. 04. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 12). P. Falleur

Encore une victime. Une dépêche m'annonce la mort du P. Ambrosius Hoffmann, de la fièvre jaune au Brésil, à Goyanna. Que Dieu nous tienne compte de tous ces sacrifices!

Priez et faites prier. L. D.

10. 04. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 44). P. Falleur

Cher ami,

Il faut 300f au P. Barthélemy pour les frais d'approbation (imprimés, décrets, etc.). Envoyez-les lui. Nous commençons nos arrangements ici. Votre dévoué L. Dehon.

19. 04. 1905. B 42/11 (inv. 706. 01). P. Falleur

Il ne nous restera pas une seule chaise…. L. D.

27. 04. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 45). P. Falleur

Cher ami,

J'emmène Julio, Augusto et Simplicio lundi en Belgique. Ces deux vont à Louvain. P. Joseph n'aura donc aucune difficulté avec eux. Je crois qu'on ne lui demandera rien avant mon retrour. En tout cas ses réponses seraient faciles. Lui me remplace pour 4 ou 5 jours.

Ducamp est un élève de S. Sulpice qui est venu pour quelques jours en convalescence, et c'est tout. La présence du P. Blancal est connue. Votre L. D.

Fin avril ou mai 1905. B 21/9a (inv. 471. 21). Fr. Blandin

Mon cher ami,

Bonne fête de St Athanase. Gratia tibi et pax a Deo Padre et Christo Jesu Domino nostro (2 Th 1, 2). Devenez un saint, c'est mon souhait. Et ce n'est pas si difficile, si l'on a bonne volonté. „Si vis perfectus” (Mt 19, 21). Il faut quitter le plus possible parents, patrie, diocèse, etc. „Ecce nos reliquilus omnia” (Mt 19, 27). Il faut surtout se quitter soi-même, pour se mettre sous l'obéissance la plus complète. „Abneget semetipsum” (Mt 16, 24). Soyez généreux.

Je crois que Ducamp va venir nous voir. J'attends l'expulsion de jour en jour. Ce sera sans doute pour mardi. Je resterai dans les petits bâtiments de la cour. Je serai comme N. S. hortulanus (Jn 20, 15).

P. Blancal va doucement, il est très impressionné de tout cela.

P. Philippe Kohl est revenu du Congo pour se reposer quelques mois. J'irai lundi à Bruxelles pour quelques jours ou plutôt jusqu'à mardi seulement, à cause de l'expulsion probable.

Je vous envoie ma plus belle image. Priez pour moi. Votre bien dévoué L. Dehon.

23. 05. 1905. B 62/1 - A (inv. 857. 10). P. Ducamp (chez Mme Batteux, Magny)

Venez jeudi ou dimanche. Demain mercredi les persécuteurs consomment la grande iniquité: expulsion (même du malade) et prise de possession de la maison. Votre L. D.

27. 05. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 13). P. Falleur

Les offices de N. D. du Bon Conseil et de S. Bède manquent dans mon missel, faites-les venir.

Votre L. D.

Mai 1905 ( ?) B 105/3. 2 (inv. 0115. 224) Le Saint Père.

(Copie manuscrite P. Dessons)

Très Saint Père,

Le Supérieur Général et les Conseillers Généraux de la Congrégation des Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus, dont la Maison principale est à Bruxelles, au diocèse de Malines, très humblement prosternés aux pieds de Votre Sainteté, lui demandent de vouloir bien approuver ledit Institut, ce qui ne contribuera pas peu à lui donner une stabilité plus grande.

L'Institut prit naissance en 1877 à Saint-Quentin, au diocèse de Soissons, et il s'étendit peu à peu dans d'autres diocèses de France et de l'étranger. Son but consiste en ce que ses membres, dégagés autant qu'il est possible de toute affection terrestre, s'efforcent d'honorer en tout le Divin Coeur de Jésus et d'allumer soit en eux-mêmes, soit dans les autres, le feu que Notre-Seigneur est venu apporter sur la terre et qu'il désire voir se communiquer (cf. Lc 12, 49).

L'Institut s'applique en outre aux oeuvres d'apostolat et de zèle soit dans l'éducation de la jeunesse, soit dans les Missions et les autres oeuvres du Saint Ministère. Il a obtenu en 1888 le Décret de louange.

Après avoir obtenu cette précieuse faveur, l'Institut des Prêtres du Sacré-Coeur continua encore de s'étendre, mais les événements qui surgirent en France l'ont forcé de se réfugier dans les maisons déjà fondées à l'étranger.

Actuellement l'Institut qui compte près de 300 religieux est établi dans onze diocèses et il administre la Préfecture Apostolique de Stanley-Falls, récemment érigée par la S. Congrégation de la Propagande.

Loin de se laisser décourager par les épreuves actuelles, les orateurs se proposent, Dieu aidant, de travailler de tout leur pouvoir au développement et à l'affermissement de l'Oeuvre dont ils ont la responsabilité et, jugeant le moment opportun, ils osent très humblement supplier Votre Sainteté afin qu'Elle daigne accorder à l'Institut des Prêtres du S. Coeur de Jésus l'approbation qu'ils sollicitent.

Que Dieu.

(Suivent les signatures) Le Sup. gén. L. Dehon.

Les Conseillers : M. B. Charcosset. A.M. Rasset. M. Jh Legrand. V. Jeanroy „.

Mai 1905 B 83/1 (copie: B 35/4c. 26, inv. 584. 26). Mère M. Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

La liquidition de vos biens doit être terminée. Savez-vous qu'il y a quelque chance d'en récupérer une partie? Il faut revendiquer contre le liquidateur le partage du reliquat entre les membres de votre congrégation. Une revendication de ce genre-là vient d'être gagnée à la cour d'appel d'Aix. Ecrivez à votre avocat. Il fera le nécessaire. Vous pouvez lui envoyer la note ci-jointe.

Je compte avoir l'avantage de vous voir au 24 juin. Faisons bien le S. C. N. S. attend sa consolation de ses âmes victimes et réparatrices.

Agréez mes respectueux hommages. L. Dehon.

02. 06. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 14). P. Falleur

Je n'ai pas l'office de la B. Mie Parides, ni dans le petit bréviaire, ni dans le grand. Votre L. D.

03. 06. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 15). Abbé Billet

Cher ami, quelle est donc l'adresse à Paris de Gérard, éditeur d'images fines? Je voudrais demander son catalogue. Votre bien dévoué L. Dehon.

Ne perdez pas de temps. Le jugement rendu aujourd'hui est conforme à mes prévisions, non aux vôtres. Je pars dimanche pour Bruxelles.

06. 06. 1905. (4. A.1. 51, p. 102). Lettre circulaire aux Supérieurs.

Bruxelles, le 6 juin 1905,

Cher fils,

Le Conseil attache une grande importance à nos retraites communes. Il tient à ce que tout le monde y prenne part. Nous aurons pour cela deux retraites en Belgique et deux à Sittard : les premières pour les prêtres principalement, du 9 au 16 septembre, les secondes du 17 au 23. La seconde à Sittard est principalement pour les novices ; la seconde à Louvain pour les scolastiques. Mais quelques prêtres empêchés à la première pourront profiter de la seconde.

Faites inscrire à temps tout votre monde à Louvain ou à Sittard.

Il peut se faire cependant que la première retraite en Belgique se fasse à Clairefontaine, vous en seriez avisé à temps.

Pour les vacances dans la famille, le Conseil vous rappelle qu'elles ne doivent pas dépasser deux semaines, sauf des cas très exceptionnels.

Les nouveaux prêtres restent sous la direction de leur recteur du scolasticat jusqu'à ce qu'ils aient pris possession de l'emploi nouveau qui leur est confié.

Ceux qui doivent partir pour les missions passent sous la juridiction du Rév. P. Procureur du jour où ils sont désignés pour le départ. Ils doivent réserver trois jours avant le départ pour se recueillir à la maison de la Procure.

Enfin nous recommandons que tous portent la cordelière qui nous est spéciale. On peut s'en procurer au couvent des Soeurs de Chazelles, près Metz, ou à Bruxelles, chez Suys, chaussée de Wavre 108.

(De la main du P. Dehon) En vous invitant à faire observer soigneusement tout le Directoire, je vous bénis cordialement. Jean du C. de J.

10. 06. 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 46). P. Falleur

Cher fils,

Je suppose toujours que vous aurez la signification du jugement ces jours-ci. Le reste suivra. Liquidez avec persévérance. Voyez les produits chimiques de la Savonnerie.

Vous pouvez garder les chevaux pour le dernier jour, ils vous serviront à expédier le reste.

Je vous plains et je souffre avec vous. Couturier refuse de payer l'impôt. P. Blancal se traîne.

Votre L. D.

29. 06. 1905. B 107/4 (inv. 0116404). Abbé Billet

Mon cher ami,

Je vais demain à Paris pour l'ordination et la 1ère messe de M. Blandin. Je crois que vous n'y êtes pas, quel dommage !

Soignez-vous et guérissez-vous vite ! Votre dévoué. L. Dehon.

(en face de l'adresse, 18 rue Lhommond Paris : Faire suivre).

Juin 1905. B 21/9a. (inv. 471. 19). Fr. Blandin

Mon cher ami,

J'irai volontiers vous assister le 1er juillet. Ayez confiance. Certainement la sainte messe est un très grand acte, mais N.S. est bon et miséricordieux.

Les Papes voient à leurs audiences une foule de gens qui sont fort gauches et fort déficients. Je m'imagine que N. S. est indulgent, patient et bon comme eux et plus qu'eux. Combien il a été patient pour ses apôtres! Le serait-il moins maintenant?

Pour vous préparer, lisez „Le prêtre à l'autel”, du P. Chaignon. Je ne connais rien de meilleur.

Vous pouvez passer par ici après le 2 juillet. Je suis installé dans le chalet de mon jardin. C'est petit, mais ma propriété n'y est plus contestée, et je puis encore y disposer d'un lit.

P. Mathias ne sera sans doute pas inquiété avant la vente de sa maison, et s'il fait racheter par un ami, il ne sortira pas du tout.

P. Blancal s'étiole peu à peu. Il est encore dans la maison avec la Soeur garde-malade. Cela empêche le liquidateur de prendre possession de la propriété.

Nous aurons à la Trinité trois prêtres à Louvain: Männendorfer, May et Mohnen, et plusieurs sous-diacres. P. Gabriel me demande cinq missionnaires. Je n'en trouve pas un seul pour le moment. „Messis multa, operarii plus quam pauci” (Mt 9, 37). Gagnez m'en quelques-uns à S. Sulpice. Nos noirs demandent la foi et le baptême. Les protestants travaillent là-bas avec acharnement. N. S. aimera beaucoup ceux qui iront là-bas travailler pour lui.

Je vous bénis cordialement. L. Dehon.

Mai - Juin 1905. Archives des Servantes (Chazelles). Chère Mère

Chère Mère,

Je vous remercie de votre nouvel envoi de 100 fr.

Vous faites bien de ne pas recevoir le P. Jeanroy à Pépinville, il faut éviter d'avoir trop de communications entre les deux communautés.

Le Père Blancal redoute beaucoup d'aller mourir là-bas. Il préfère rester ici. Il irait bien là-bas, dit-il, mais pour une promenade de deux ou trois semaines, ce n'est pas la peine.  Soignons-le ici.

Laissez-nous Sœur Marie Claire. Ce n'est pas contre la règle puisqu'il n'y a plus ici de communauté, ni de Sœurs ni de Pères. Elle n'est ici qu'une garde-malade.

Je n'ai pas oublié mes faibles prières pour notre chère Sœur M. Ignace.

Agréez mes dévoués respects. L. Dehon.

(Inséré le 09.10.2001)

Juin-juillet 1905. B 21/9a (inv. 471. 22). Fr. Blandin

Mon cher ami,

Venez à notre retraite de Clairefontaine du 9 au 16. Cela fera plaisir à tout le monde. C'est le P. Bacquet, Jésuite, qui la prêchera.

A Clairefontaine, la belle nature parle de Dieu et le bon air repose les poumons. Il y a là des souvenirs de St Bernard et un pèlerinage à Marie.

Je suis en train de faire le placement de mon monde. Il faut concilier Français, Allemands et Hollandais, cela ressemble au travail de Roosevelt.

Mon liquidateur a vendu hier ici le couvent de la Croix. Il en a tiré 224.000 francs. Dans un mois ou deux, il vendra le S. Coeur, S. Clément et Fourdrain. Il n'y fera pas de gros profits.

J'ai souvent quelques visites dans ma solitude. Plissonneaux est venu passer 15 jours. J'ai habituellement Ducamp. Orsi et Lebrun m'ont donné plusieurs jours. P. Duborgel est ici, revenant de Lourdes. Et mes soldats, Comte et Carpentier sont toujours là. Nous sommes souvent six ou sept, surtout le soir. Officiellement, je suis seul.

Priez bien avec nous. Lisez nos livres: les méditations du P. Jeanroy, etc. Amitiés à M. Mulier

Votre bien dévoué L.Dehon.

18. 09. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 16). P. Böcker

J'irai vous voir le 20 ou le 21, nous réglerons les dernières difficultés. L. Dehon.

25. 09. 1905. B 74/4 (inv. 972. 20), ou B 108/3 (inv. 11679. 09).. P. Kusters

Mon cher ami,

Je crois que vous aurez encore comme étudiants Legay et Pergent. Je leur écris à Manage d'aller de suite à Louvain. Votre L. D.

17. 10. 1905. B 18/7. 1 (inv. 215. 01). P. Böcker

Cher ami, nous aurons conseil à Bruxelles le 25. Vous pouvez m'écrire là pour me dire vos désirs et vos propositions pour l'ordination de Noël s'il y en a. Votre dévoué L. Dehon.

04. 11. 1905. B 16/6bis. 1 (inv. 122. 01). P. Falleur

Cher ami, venez demain dimanche après votre messe. Je pense que nous reconduirons le corps à St Quentin. J'ai besoin de vous. Votre dévoué L. Dehon.

25. 11. 1905. B 18/7. 2 (inv. 215. 02). P. Böcker

Mon cher ami,

Selon votre désir, j'ai écrit au P. Janssen de conserver ses fonctions une année. Il peut bien faire ce sacrifice. Les Jésuites font tous au moins 3 ans de professorat. Votre bien dévoué

                                   L. Dehon.

Novembre 1905 B 83/1 (copie: B 35/4c.27, inv. 584.27) Mère M. Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

Je vous remercie de vos sympathiques condoléances et de vos prières. Le P. Rasset a été mon premier compagnon, il était un de nos Conseillers et une des colonnes de l'Oeuvre. C'est une grande perte.

N. S. l'a préparé par de grandes souffrances: la persécution, des difficultés de famille, la maladie. C'est une vraie victime. Il a souffert l'opération et ses suites avec un courage héroïque, et il a offert sa vie pour l'Oeuvre. N. S. l'a acceptée. Il nous aidera. Union de prières.

Je suis heureux que le P. Assistant ait donné à vos âmes l'aliment spirituel que vous désiriez. Je ne vois pas d'obstacle à ce qu'il recommence l'an prochain.

Agréez mes respectueux hommages. L. Dehon.

06. 12. 1905. B 83/1 (copie: B 35/4c.28, inv. 584. 28). Mère M. Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

Je vous remercie de vos sympathiques condoléances et de vos fraternelles prières. Nos anciens s'en vont. C'étaient de vrais prêtres, des apôtres, et ils avaient l'esprit de victime. Ils me manqueront. Ils me laissent un peu seul avec une génération de jeunes gens.

Ces deux chers défunts ont été purifiés tous les deux par trois ou quatre ans de souffrances qu'ils ont supportées héroïquement. Ils prieront au ciel pour l'oeuvre des victimes. N. S. nous a marqué qu'il acceptait leur sacrifice par le jour où il est venu les chercher. Le P. Blancal est partir vers le ciel le 1er vendredi du mois. Le P. Rasset est mort le samedi, comme il s'y attendait depuis 25 ans, c'était l'enfant de la sainte Vierge.

Ces morts nous encouragent malgré qu'elles nous mettent en deuil. Ces deux Pères feront connaissance là-haut avec votre sainte fondatrice. Ils la vénéraient tous les deux. Et tous ensemble prieront pour vous et pour nous.

Le bon P. Rasset, prévoyant des épreuves pour une jeune congrégation, avait dès sa première année fait le serment privé de persévérer dans l'Oeuvre. J'espère que sans faire de serment votre petite Soeur Jean du Cénacle sera fidèle aussi.

J'unis bien mes prières aux vôtres. Agréez mes dévoués hommages. L. Dehon (St Quentin)

22. 12. 1905. B 62/1 - A (inv. 857. 19). P. Prévot

(En commentaire, additions, à une lettre adressée de Sittard au P. Dehon, sur la fondation d'une petite association semblable à l'Apostolat de la prière)

Bien Cher et Très Révérend Père,

Notre Bon Père me prie de vous faire part d'un projet excellent dont Notre Seigneur serait bien consolé (Parfaitement). Il voudrait, avec votre assentiment, développer notre petite association et en former une autre semblable à l'Apostolat de la prière.

Voici un aperçu du programme: Apostolat de la Réparation, associé (uni à celui) à l'apostolat de la prière (On ne peut pas mettre „associé à l'apostolat de la prière”, cela choquerait les Jésuites). Association de réparation pour (envers) le S. C. (Ligue des âmes réparatrices ??). (Sous la direction , sous les auspices de Marie Réparatrice, avec le concours de Religieux Prêtres du S. C).

I° Nous avons marqué les points principaux de l'organisation dans les feuilles „Association intime de Notre-Dame des Sept Douleurs”

(II). On pourrait se servir de l'Association de St Quentin (en la rendant plus simple et plus précise)? Oui. Ou bien celle-ci la remplacerait? (ceci barré par P. D.).

(III). On imiterait les Feuilles d'association (Bulletin de l'Apostolat de la prière?) Oui

(IV) Ou de Montmartre?

II° Les religieux Prêtres du S. C. feront imprimer une revue pour l'Association, si on leur promet un nombre suffisant de souscriptions (s'adresser au R.P. Supérieur des Prêtres du S.C. de Sittard Hollande). Cette revue comprendrait: 1° l'intention du mois; 2° notions doctrinales et pratiques; 3° une biographie; 4° les intérêts du S. C.; 5° les demandes particulières de prières; 6° les nouvelles édifiantes et intéressantes: le tout au point de vue de la réparation. Oui.

III° On s'y ferait recevoir du Supérieur du SC des RP Oblats de Montmartre? Non, Montmartre a déjà une association de réparation.

IV° L'Association s'affilierait à Montmartre, être une section de Montmartre, 1° canoniquement, 2° pour en avoir les indulgences.

V° Et cependant on continuerait à se prévaloir de l'approbation de Soissons 1888. Oui

VI° Peut-être le Manuel que nous faisons imprimer pourrait être intitulé: Manuel de l'association de l'Apostolat de la réparation? Oui.

Tel est le programme que notre Bon Père vous soumet bien humblement

Pour le B. Père André, fr. Ignace.

P. S. Le B.P. a reçu ce matin votre lettre, il me prie de vous dire que tout ira bien pour Louvain. Il serait heureux de savoir si il peut autoriser ou tolérer aux novices de porter des caoutchoucs? Oui, pour la santé.

Bonnes fêtes et bénédiction au cher petit Maurice Ignace. Bénédiction à tous. Jean du C. de J.

Fin décembre 1905. B 83/1 (copie B 35/4c.24; inv. 584. 29). Mère M. Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

Je vous offre mes bons souhaits de Noël et de nouvel an pour vous et pour toute la chère famille de Bomel, la famille de Jésus-Victime. Mes souhaits sont des voeux de grâces et de sainteté.

Pour les choses temporelles, le S. Coeur ne laisse pas ses amis manquer du nécessaire, mais il ne leur donne pas l'abondance, dit Marguerite Marie, parce que cette abondance du temporel les appauvrirait de sa grâce et de son amour. Il ne dit pas, ajoute-t-elle, que ses amis n'auront rien à souffrir; car il veut qu'ils fassent consister leur plus grand bonheur à goûter ses amertumes.

Vendredi, ce sera pour nous le dépouillement, une des stations du chemin de la croix. Je ne crois pas que tout soit fini ce jour-là. Il faudra sans doute une seconde adjudication.

Bonnes fêtes de Noël. Le temps de Noël est un temps de naissance. Le S. Coeur nous préparera des vocations. Il en mettra le germe dans les âmes. Le petit Jésus fera là-haut quelque beau cadeau à votre sainte Mère pour son oeuvre. Prions les uns pour les autres et Jésus sera avec nous. Agréez mes dévoués hommages. L. Dehon.

30. 12. 1905. B 23/1 B (inv. 475. 17). P. Böcker (à Sittard)

Mon cher ami, je vous confie notre bon Deininger. Il sera sous votre direction à l'école. Ayez bien soin de sa santé. L. Dehon.

Décembre 1905 B 19/1. 1 (inv. 229. 38). Mère Marie du SC (Servantes)

Chère Mère,

Je compatis aux pertes que vous faites de bonnes et pieuses filles qui vont recevoir au ciel la récompense de leur généreux sacrifice.

Je vous offre en même temps mes voeux de Noël et de nouvel an. Je pense un peu chaque jour à vous dans mes prières qui ont malheureusement très peu de valeur. Je compte beaucoup sur les vôtres qui sont très assidues et très puissantes auprès de Notre Seigneur.

Je suis sûr que Sr M. Ignace n'oublie pas de prier pour moi, voudriez-vous lui offrir aussi mes voeux. Sr M. Claire est toujours notre Providence, je vous remercie de nous la laisser. Sans elle la maison ne serait guère habitable, et j'apprécie le sacrifice qu'elle fait en restant ici.

J'ose recommander à vos prières quelques intentions particulières, j'ai tant besoin du secours de N. S. et de sa miséricorde. Avec mes voeux je vous offre mes très dévoués respects. L. Dehon.

Année 1905. B 20/4. 1 (inv. 294. 47). P. Falleur

Cher ami,

Je vais à Fourmies à l'enterrement de M. Legrand. Faites vite imprimer à Grammont cent petites feuilles gommées, sans nom d'imprimeur.

Vous êtes maintenant seul, vous ne pouvez plus former une maison. Reprenez le mérite de l'obéissance. Rattachez-vous à la maison de St Quentin, comme mon socius.

Avez-vous envoyé les 500f à Duret? Je tiens à ce que cela ne traîne pas. Et les 10.000 à D.?

Votre dévoué L. Dehon.

Procurez-moi une 1/2 pièce de bon cidre, je le paierai.

Année 1905 (de Rome) B 23/1 B (inv. 475. 10). P. Hamacher (à Eger, Autriche)

Comment vont vos affaires? Avez-vous du nouveau?

Année 1905 B 24/0 (inv. 487. 30). Raymond Hanier (à Paris)

Em. Bontemps a été malade, il va mieux. Je vais lui remettre votre carte. La petite société est très animée, quoique plusieurs grands aient quitté. Amitiés à Paris. L. Dehon.

Année 1905 B 18/6. 12. 29 (inv. 214. 29). P. Weppe? (texte dactylogr.)

Mon cher ami,

Si l'archevêché de Paris arrange tout, c'est bien.

Pour le fond de la question, vous savez que chez nous la vie intérieure est le principal.

„Martha satagebat circa plurima. Maria optimam partem sibi elegit” (Lc 10, 40-42).

Ceux qui chez nous ont un ministère agité répondent médiocrement à leur vocation.

Avez-vous reçu notre directoire? Il faut le lire, vous en nourrir. C'est ce que N. S. demande de nous. Ceux qui l'observeront arriveront seuls à l'état de ferveur.

Il y a à Paris quelques prêtres intérieurs dans le ministère, essayez d'en être un.

Ici, rien de nouveau. Ducamp se repose à Magny. P. Blancal s'est relevé un peu, pour retomber un de ces jours. Le liquidateur sommeille. Votre dévoué L. Dehon..

Année 1905. B 82/1 P. Guilhen, sj.

Mon cher ami,

Vous êtes bien aimable de m'exprimer charitablement votre condoléance.

La liquidation m'a tout pris en France, sauf une partie de la maison de St Quentin, qui venait de ma famille. Nos oeuvres de Belgique et de Hollande sont bien vivantes, ainsi que nos missions du Congo et du Brésil. Il est question que nous allions aussi bientôt aux Etats-Unis. Ce serait beaucoup d'aller encore à la Réunion. Cependant on peut y penser. Il me semble que vous et les Pères du St Esprit avez là-bas des collèges. Que resterait-il à faire pour nous? Une école apostolique? Mais les ressources? Un séminaire? Mais c'est l'affaire de l'évêque.

Nos anciens s'en vont vite au ciel. Il paraît que le P. Coignard est mort aussi.

Je fais prêcher nos retraites cette année par le bon P. Bacquet. Nous avons parlé de vous avec lui. Je vous retiens pour une autre année si vous revenez en France. Oremus pro invicem.

Votre bien dévoué L. Dehon.

Année 1905. B 18/7. 20 (inv. 215. 20). P. Böcker

Mon cher ami,

Je pense comme vous que les missionnaires doivent vivre à part.

Le P. Jeanroy examinera sérieusement le P. Bonifacius.

Vous pouvez demander les FFr. Schwartmann et Hoffmann à Funfbrunnen. P. Rogmann sera professeur à Luxembourg. Le jeune Hommerich ira à Tervueren. Gheraedts est attendu à Bergen-op-Zoom. Vous pouvez garder Hommerich aîné. Nous parlerons de Wanninger au Conseil du 9.

Bon courage, nous vous aiderons et nous vous soutiendrons. Votre bien dévoué L. Dehon.

Année 1905. B 18/7. 29 (inv. 215. 29). P. Böcker

Mon cher ami,

C'est un fait cent fois constaté que le ministère et l'enseignement font perdre aux jeunes prêtres les fruits du noviciat, le recueillement, les pratiques religieuses. Plusieurs congrégations remédient à cela par un troisième an de noviciat. Chez nous, comment faire?

Si nous n'y faisons pas attention, nous irons à une catastrophe. Voici un moyen que je veux essayer. Entendez-vous avec le P. André et appelez chaque mois, pour la retraite du mois, un Jésuite qui fera faire aux jeunes prêtres professeurs et missionnaires, une vraie journée de retraite, avec deux ou trois instructions, confession, direction.

Autrement, nous perdrons tout, nous serons comme des séculiers et même moins, et l'Oeuvre passera par des crises dangereuses. C'est mon droit d'exiger cela, puisque nos règles exigent une bonne retraite du mois. Je verrai à faire faire la même chose à d'autres maisons.

Arrangez cela. Ne permettez pas de visites aux familles et voyages inutiles.

Votre bien dévoué L. Dehon.

Année 1905. B 18/7. 30 (inv. 215. 30). P. Böcker

Mon cher ami,

Je n'ai pas l'adresse du P. Mohnen. Ecrivez-lui qu'il est destiné à travailler avec vous à l'école.

Je crois que plusieurs professeurs et missionnaires de Sittard ont écourté la retraite. Ils ont passé un jour ou deux chez les Jésuites, cela n'est rien. Il faut six jours au moins. Voyez à réparer ce qui est réparable. Votre bien dévoué L. Dehon.