435.04
AD B.21 /7a.3
Ms autogr. 2 p. (21 x 13)
De Mr Boute
Hazebrouck 13 janvier 1863
Mon cher ami,
J'ai reçu ou plutôt trouvé ici votre bonne lettre au retour des vacances de nouvelle année et je tiens à vous répondre le plus tôt possible; mais ma réponse ne pourra être bien longue, parce que la besogne me talonne, sans comprendre celle laissée en arrière.
Je ne pourrais que donner mon approbation à votre plan d'études, si elle était nécessaire. 7 heures de repos sont plus que suffisantes, si nous nous en rapportons à l'école de Salerne: Sex horis dormire sat est juvenique - senique; septem pro pigris…1. Je regrette seulement dans votre plan l'éloignement du Cercle Catholique2; ne pourriez-vous pas le dimanche y aller, ne fût-ce qu'un instant? Vous m'avez dit que votre nouvel ami pensait comme vous; il n'y a donc point de ce côté aucun péril en la demeure3. Vous faites bien de lire chaque jour un chapitre, avec commentaire de la Bible. Si vous pouviez y joindre une page de Bossuet, rien ne manquerait, sous le rapport du confortable, à votre banquet spirituel. Ce grand penseur lisait tous les soirs, comme vous savez, quelques vers d'Homère; vous agissez sagement en vous occupant encore du grec qui ne vous sera point inutile par la suite. Si l'étude est quelquefois aride, elle a aussi ses agréments; un esprit bien fait comme le vôtre trouve toujours plaisir à s'instruire et ne voudrait pas rester étranger à aucune branche des connaissances humaines; avec cela, vous êtes jeune, plein de santé et de vie; quel bel avenir pour vous! Il y a bien là de quoi à vous encourager.
Siméon a été extrêmement contrarié de ne pouvoir donner suite à ses projets. Il est actuellement à Béthune chez Mr Werelwesse (?), avoué, mais seulement pour quelque temps; il se proposait, la dernière fois que je le vis, d'aller à Paris pour se placer clerc d'avoué; je ne sais s'il persiste dans le même dessein4.
J'ai appris que vous aviez perdu madame votre tante Foucamprez5. Rien de nouveau ici; tous ces messieurs vont bien et me prient de vous offrir, avec les miens, leurs bons souhaits de nouvelle année; c'est ce que je fais en terminant, mon cher Léon.
Votre ami
Boute Ptre
1 A Salerne (Italie) une école de médecine jadis célèbre (cf NHV I, 18 r°).
2 Sur la fréquentation de Léon Dehon au Cercle Catholique cf NHV I, 35r° - 36r°.
3 En 1862-1863, Léon Dehon a Léon Palustre pour compagnon d'appartement à Paris (68, rue Bonaparte). Sur Léon Palustre et sur leur programme de vie commune cf NHV II, lv° - 2°.
4 Siméon Vandewalle cf LC 2 et 3; et LD 4 note 3.
5 La tante Foucamprez est Julie-Erminie-Clémence Dehon (ép. Edouard Foucamprez), sœur cadette du père de Léon (1823-1863).