435.19

AD B.21 /7a.3

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De Mr Boute

Hazebrouck 25 juin 1868

Mon très cher abbé,

Vous trouverez sans doute que je mets toujours un temps considérable à répondre aux bonnes (lettres) que vous voulez bien m'écrire, mais veuillez croire que ce n'est pas oubli de ma part; il n'est pas de jour où je ne pense à vous plusieurs fois et où aus­si je ne parle de vous; j'ai tant de détails, qui m'arrivent à chaque moment, qu'il me reste bien peu de temps pour moi; en faisant les affaires de la maison, je ne trouve pas assez de loisir pour les miennes.

Vous voilà donc, mon bien cher abbé, engagé dans la sainte milice et promu de plus au diaconat; j'en suis aussi heureux que vous-même; quand la vocation s'y trou­ve, et la vôtre a été rudement éprouvée, il n'est point sur la terre d'état qui puisse nous offrir plus de satisfaction et de félicité intérieure que l'état ecclésiastique. Qu'y a-t-il de plus doux et de plus suave que cette joie du cœur, que cette paix de l'âme que peuvent seuls connaître ceux qui se sont donnés à Dieu tout entiers et pour tou­jours? Et c'est ce que vous éprouvez maintenant et que vous éprouverez tous les jours de votre vie!

En répondant â votre frère Henri à l'occasion de la naissance d'une seconde petite fille (il eût mieux aimé un garçon), je lui fais part de la promesse que vous nous avez faite de venir aux prochaines vacances à Hazebrouck, où nous serons enchantés de vous recevoir. Je lui dis aussi que je compte aller à La Capelle un jour ou deux, le temps nécessaire pour faire le pèlerinage de Liesse, promis à madame votre mère. De retour à La Capelle, veuillez m'indiquer la semaine où nous aurons l'avantage de vous recevoir, afin que je puisse combiner l'époque où j'irai à mon tour faire visite à votre famille.

Je suis si convaincu des immenses avantages qu'il y a à faire ses études ecclésiasti­ques à Rome que j'ai déterminé un jeune élève de rhétorique à y aller. J'ai obtenu le consentement des parents et le jeune homme en est très satisfait. Je vous le présente­rai quand vous viendrez. C'est un jeune homme très comme il faut sous tous rap­ports; c'est Mr Piettre, fils du directeur de la poste aux lettres d'Hazebrouck. Il se trouvera très heureux de se trouver en rapport avec vous, dont il a conservé quelque souvenir. Je compte donc que vous réaliserez cette petite excursion à l'intention de St François, notre patron1.

Mr le Principal vous remercie de votre bon souvenir et vous attend selon votre pro­messe; nous passerons quelques moments bien agréables à converser ensemble. Tous ces messieurs que vous connaissez encore, vous offrent leur sincère amitié et leurs fé­licitations au sujet des ordres sacrés que vous avez reçus.

Je ne suis point étonné que monsieur votre père se soit fait déjà à l'idée d'avoir un prêtre dans sa famille; plus tard, il en sera très fier. Et puis, avant toutes choses, il faut reconnaître là l'effet de l'action divine. Prêtre, vous ferez un bien immense à son âme, et un bien non moins considérable au sein de votre famille. Bénissons donc en­semble, mon très cher abbé, les dispositions secrètes de la providence, qui vous a ap­pelé et fait arriver, malgré tant d'obstacles, à la sainte mission qu'elle vous destine à accomplir pour le plus grand bien de l'Eglise et pour celui des vôtres2.

Tout à vous de toute l'affection de mon cœur

Boute, Ptre

1 Patron de l'Institution St François d'Assise, fondée par Mr Dehaene après sa révocation du collège municipal cf LD 21 (note 4), LC 12 (note 2), LC 14 (note 1).

2 Cf citation partielle de cette lettre en NHV VI, 37.