174.01

AD B.17/6.27.1

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De M. Le Tallec

Castel Gandolfo 9 (= 29) Septembre (1868)1

Mon cher ami,

Votre aimable lettre m'est parvenue presque au moment où je venais de recevoir dans l'ordination l'effusion du Saint-Esprit. Je vous remercie de l'aide que vous avez bien voulu me prêter par vos prières. Je tâche de mon côté de vous rendre la pareille. Veuillez aussi agréer ma paix de diacre que je tiens immédiatement de S. E. le Cardi­nal Vicaire. M. Dugas vous aura peut-être annoncé qu'il a eu le même bonheur â Lyon le jour de la Saint Barthélemy. Nous sommes donc tous réunis de nouveau dans le même ordre. Espérons que le bon Dieu nous tiendra réunis jusqu'au jour où il nous appellera à l'autel. M. Lucas veut absolument que je vous remercie de sa part et que je vous félicite pour lui. J'en profits pour joindre mes félicitations aux siennes et à cel­les de tous nos confrères. M. Dugas m'a écrit une charmante lettre à laquelle je ré­ponds aujourd'hui même. Jusqu'au 19 septembre, il s'était exclusivement occupé de sa retraite et des relations amicales qu'on est obligé de renouer pendant les vacances. Pour moi, j'ai passé le mois d'août et une grosse partie du mois de septembre à Rome dans une solitude parfaite. Depuis le 22, je suis à Castelgandolfo, dans l'aimable so­ciété de MM. Colpini, Lucas et Legouelf (?). Nous formons une petite communauté très gaie et non moins régulière. Nous faisons peu de pérégrinations: mes compa­gnons, qui sont à la campagne depuis trois mois, commencent à en être fatigués et moi, je me conforme au règlement de la République. Nous faisons bon ménage et nous harmonisons dans la perfection. M. Colpini, dont le caractère se révèle à la campagne, nous amuse beaucoup. C'est le plus aimable original que la terre ait por­té. Jamais je n'aurais soupçonné tant de poésie sous un extérieur si austère2.

Depuis mon départ de Rome, je n'en ai point reçu de nouvelles. On doit y déployer beaucoup d'activité pour orner la chapelle, qui à la rentrée doit être complètement décorée dans le style de la voûte de chœur. La coupole sera couverte par un sujet en fresque de la composition du peintre des sujets latéraux de chapelle de St joseph.

Le P. Franzelin fait imprimer son traité «De Sacrementis», qui sera l'objet de son cours. La nomination du P. Palmieri est désormais garantie. En attendant la nouvelle ère qui s'annonce au Collège Romain, prenez de nouvelles forces pour entrer en lice3. Pensez aussi devant Dieu à votre ami tout affectionné en J. et M.

P. Le Tallec

Mes confrères ne veulent pas être oubliés dans cette lettre, exigent même que je les nomme tous. Je ne nommerai que M. Lucas, qui vous remercie de l'obligeance avec laquelle vous vous êtes offert pour lui rapporter son calice. On a trouvé une occasion pour le faire parvenir jusqu'à Rome, ce qui vous évitera la peine de vous en occuper.

1 Si cette lettre est certainement de 1868, le jour indiqué (9 septembre) ne peut guère être retenu. En LC 37 (18 septembre), en effet, le P. Freyd parle de l'ordination de M. Le Tallec au diaconat, indi­quée ici comme déjà reçue, comme devant avoir lieu la lendemain 19; et par ailleurs, la date du 19 septembre est mentionnée plus loin comme une date dépassée. Tout porte à croire que la lettre a été écrite le 29 septembre, d'autant que c'est depuis le 22 septembre que M. Le Tallec est à Castelgan­dolfo.

2 M. Dugas, l'un des amis intimes de Léon Dehon (cf notice sur les correspondants).

Lucas de Coudray, venait d'être ordonné prêtre, d'où l'affaire du calice à rapporter: cf NHV V, 39; c'est de sa mort prématurée qu'il s'agit en LD 116 (en 1869).

3 Sur le P. Franzelin cf NHV V, 53-57, et sur le P. Palmieri IV, 140; V, 57.