217.13

B18/9.1.13

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Alexandrie 15 décembre 64

Chers parents,

Cette correspondance est devenue pour moi une énigme. La dernière lettre que j'ai reçue était datée du 21 octobre; depuis c'est la septième lettre que je vous écris… Les avez-vous reçues et ne m'avez-vous pas répondu? Deux fois je vous ai indiqué Athènes et quatre fois Alexandrie et pas plus ici qu'à Athènes, je n'ai trouvé de réponse. Jamais le temps ne m'a paru aussi long et l'attente aussi pénible. Je vous ai écrit d'Argos, je vous ai écrit de Navarin, je vous ai écrit de Patras, je vous ai écrit de Thèbes, je vous ai écrit de Syra: que sont devenues toutes ces lettres? Sans doute elles sont une preuve entre mille de la déplorable administration de la Grèce1.

Depuis huit jours nous sommes ici vivant d'emprunt, en attendant cet argent que nous ne cessons de vous demander. Fatigués de dépenser ainsi sans fruit des frais d'hôtel, nous venons de prendre un parti extrême, celui de demander par télégramme un crédit de mille francs à mon oncle Félix. Il devra télégraphier par l'entremise du banquier de Vervins à la Société financière d'Égypte à Paris de nous faire ouvrir ici un crédit de mille francs2.

Nous comptons en outre recevoir la lettre de crédit circulaire que je vous ai demandée pour 13.000 ou 14.000 francs, sur les banquiers des consulats du Levant, y compris un banquier du Caire. Si vous ne nous avez pas encore envoyé cette lettre, expédiez-la par retour du courrier, au Caire, poste restante.

Si vous l'avez expédiée ici, on nous la fera suivre, car nous allons quitter d'ici aussitôt le reçu de notre dépêche.

Nous sommes d'ailleurs en très bonne santé, quoique l'absence de nouvelles, surtout sur l'état de santé de ma chère mère, m'attriste singulièrement.

J'écris également à mon oncle Félix pour m'excuser de la liberté que j'ai prise.

Je vous embrasse de tout cœur, vous, Laure et Henri.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 Outre la lettre du 20 (non 21) octobre, d'Argos (LD 8), le dossier des lettres conservées par Mme Dehon comporte cinq lettres (LD 9-13). Apparemment, une lettre (celle de Navarin) a dû se perdre. Celle de Thèbes est celle qui est datée de Chéronée.

2 Cet «oncle Félix» est l'oncle (par alliance) Penant, époux de Juliette-Augustine Vandelet (sœur de Mme Dehon), tante maternelle et marraine de Léon. Il habitait Fontaines-les-Vervins.