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B18/9.2.47

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 6 juin 1867

Chers parents,

Nous continuons tranquillement nos travaux pendant que les étrangers arrivent pour les fêtes. Il y a déjà plus de soixante évêques et on en attend environ cinq cents. Nous n'avons encore au séminaire français que Mgr Plantier de Nîmes. Mgr Dupanloup est souvent à la campagne dans une villa du prince Borghèse, et je n'ai pas encore pu le voir. J'attends Mgr Dours prochainement.

J'ai reçu hier la visite d'un prêtre qui arrive de Palestine, chargé par Mr Palant de me dire qu'il ne passerait pas par Rome. Il est très fatigué et va rentrer directement par Marseille. Il a été assez gravement malade à Jérusalem.

Nous avons ici un été très chaud. Il n'a presque pas plu depuis trois mois. Le climat sera fatigant pour les étrangers qui viendront aux fêtes.

Si vous croyez que le moment le plus favorable pour aller à Paris soit le mois de juin, vous pourriez y aller sans moi, bien que cela retarderait de quelques jours notre réunion. Mes travaux et les concours ne me laisseront libre qu'à la fin de juillet. Il me sera donc absolument impossible d'être au commencement de juillet à Paris. Quant au logement, je ne puis guère m'en occuper d'ici, et je n'en vois pas d'autre que l'hôtel. Cependant Palustre pourra, je crois, m'offrir un petit lit comme il l'a fait à mon passage au mois d'octobre.

J'ai reçu il y a quelques jours une lettre de Mr Clavel. Il m'annonce qu'Henri et Laure sont allés à Paris. J'espère qu'à leur retour ils m'écriront leurs impressions sur l'exposition.

Ma tante Dehon et Marie promettront sans doute encore d'aller dans la famille, mais on ne peut guère compter sur leurs promesses.

Siméon ne m'a pas écrit depuis longtemps. Palustre est maintenant chez son frère, il rentrera à Paris vers la fin de juillet.

Je suis fort occupé ces jours-ci, j'ai à préparer une argumentation publique en théologie pour le 12. Les fêtes nous donneront un peu de repos. Du reste je me porte fort bien. Je voudrais concilier la régularité de mes études avec le désir que j'ai de vous voir bientôt. Mais ce n'est pas possible. Il faut se résigner à attendre la fin de juillet. Du reste je ferai le trajet aussi rapidement que possible. On pourrait à la rigueur ne mettre que 60 heures par le chemin de fer, mais c'est un peu effrayant d'avoir à passer deux jours et trois nuits sans descendre de chemin de fer. Je m'arrêterai donc probablement une nuit à Turin pour me reposer.

Écrivez-moi régulièrement.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon, et faites mes compliments à Mme Fiévet et au cousin Foucamprez, remerciez Mr Clavel de son aimable lettre.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon