218.69
B18/9.2.69
Ms autogr. 4 p. (21 x 13)
À ses parents
Rome 21 juin 68
Chers parents,
J'ai la confiance que Laure et sa petite fille continuent à se bien porter. Je comprends que vous ayez désiré un garçon, mais ce que la providence de Dieu nous envoie est toujours le meilleur. Nous aimerons ce petit enfant, comme nous nous sommes attachés à Marthe, bien qu'elle ait été aussi moins bienvenue qu'un garçon. Je serai heureux de me trouver bientôt au milieu de la famille agrandie, mais ce ne sera que dans les premiers jours du mois d'août, cinq ou six jours plus tard que l'an passé, à cause de mes examens. Aussitôt qu'il me sera possible de quitter Rome, je partirai sans m'arrêter comme j'ai fait l'an dernier, pour être plus vite avec vous.
C'est aujourd'hui une bien belle fête au Collège romain et tout Rome y prend part. C'est la fête de St Louis de Gonzague, notre patron et notre modèle. Il a vécu au Collège romain et son corps repose sous un magnifique autel dans la grande église de St Ignace qui y est attenante. Sa chambre transformée en chapelle est au-dessus de nos salles de cours.
Ce matin, les 1.500 élèves du Collège romain ont fait la communion générale dans l'église de St Ignace à la messe dite par un cardinal. On nous y avait préparés hier par le panégyrique du saint et par les premières vêpres de la fête, chantées en partie par des chœurs de jeunes gens.
La plupart de ces jeunes gens sont laïcs et destinés à des carrières libérales, car il n'y a dans le nombre que 200 théologiens environ. Quelle belle institution que ces universités de Rome, toutes gratuites, avec un esprit si religieux et de si fortes études.
C'est en même temps aujourd'hui l'anniversaire du couronnement de Pie IX. Hier soir la ville était illuminée en son honneur.
Je vous ai déjà parlé des belles processions qui se font tous les jours de l'octave du Saint-Sacrement. La plus touchante est celle du jour même de la fête, où Pie IX porte lui-même avec une dévotion angélique le Saint Sacrement autour de la place Saint-Pierre, escorté de toutes les dignités ecclésiastiques et civiles et de députations des ordres religieux.
Ces fêtes nous reposent un peu de nos travaux, qui sont bien sérieux, surtout à la fin de l'année. Dites-moi si je dois m'occuper de nouveau de l'acquisition de deux peintures pour votre salon. Cela coûterait peut-être 250 ou 300 frs, outre qu'il me faudra encore environ 250 frs pour mon retour. Il serait temps de s'en occuper.
Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe et sa petite sœur.
Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon, diacre