219.08

B18/10.8

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À Léon Palustre

Rome, 12 octobre 69

Mon cher ami,

J'allais quitter La Capelle quand j'ai reçu ta dernière lettre, puis une indisposition m'y a retenu une huitaine de jours de plus. J'étais en retard, j'ai pris la route la plus directe. Nous avons recommencé nos exercices de sténographie. Nous nous préparons au Concile comme tout le monde fait à Rome. Il règne ici une assez grande activité.

Bien des circonstances nous ont empêché de nous voir cette année. J'espère qu'il n'en sera pas de même l'an prochain. Tu auras fini ta tournée de famille et tu pourras aller revoir La Capelle. De mon côté, je ménagerai ma santé pour qu'elle soit moins délabrée et qu'elle me permette de m'occuper un peu moins de moi et un peu plus de mes amis.

Je serai occupé cette année presque exclusivement du concile et j'aurai peu de temps pour mes études. Je me promets une année bien intéressante. Toutes les questions religieuses, les plus élevées et les plus actuelles, vont être traitées par des hommes éminents, et leur solution aura la garantie de l'assistance du St-Esprit. L'élément humain lui-même qui paraîtra au concile sans y triompher aura son intérêt. Il nous fera connaître la valeur des hommes et leurs passions.

L'installation du concile est assez heureuse. On a établi avec goût un amphithéâtre dans le transept droit de St-Pierre sans déparer la basilique et on a fermé les trois chapelles les plus voisines pour y installer les dépendances et accessoires de la salle des séances.

J'espère beaucoup du concile. Outre l'effet de ses décrets, il y aura un frottement entre les Romains et les étrangers où chacun aura à gagner. Il y a une certaine lumière propre à notre siècle dont les Romains ont un peu besoin d'être éclairés et dont les autres se trouvent bien d'être éloignés pendant quelque temps pour ne pas en être éblouis.

Je te remercie, cher ami, de l'empressement que tu as déployé sans succès pour m'attirer à Tours. J'espère que nous serons plus heureux l'an prochain.

Tout à toi en N.S.

L. Dehon, pr.