219.18

B.18/10.18

Ms autogr. 3 p. (21 x 13)

À Léon Palustre

N.D. des Châteaux (Beaufort) 7 août 71

Mon cher ami,

La besogne dont j'étais chargé à Rome m'a mis en retard à te répondre. J'ai quitté Rome le 1er août après mes derniers examens et, malgré la tristesse actuelle, je ne l'ai pas quittée sans regrets. Je m'y suis profondément attaché depuis six ans. J'ai passé à Assise la journée du 2, pour la fête de la Portioncule. Je me suis rappelé là tout ton vieil enthousiasme pour Assise et je l'ai bien partagé. De là je suis allé en Lombardie visiter Pavie et sa chartreuse et vénérer le tombeau de St Augustin, et me voici en Savoie dans un site délicieux, aux ruines du château de Beaufort. Tu dois être venu bien près de ce pays-ci, si j'en juge par les signes que je trouve sous les noms de Myans, Mont-Granier, Montmeillan dans mon guide de Savoie dont tu t'es servi autrefois.

Quel magnifique pays. Ces vallées me rappellent l'Écosse et les lacs de Killarney. Elles ont un aspect moins sévère que celles de la Suisse. De ce côté, les Alpes sont vertes jusqu'au sommet. Aux bois succèdent les prairies.

Mais tu te demandes comment je suis ici. Le voici. Un de mes amis du Séminaire français de Rome, Savoyard d'origine, vient de fonder, dans ces ruines qu'il a rendues habitables, un petit alumnat pour les Augustins de Nîmes. Ils vont élever ici des enfants pauvres de la Savoie qui se destinent au sacerdoce et à l'état religieux. Des dons du pays et de Nîmes ont permis de commencer l'œuvre. La Providence pourvoira au reste. Je suis venu voir cet ami. Je le quitterai dans trois ou quatre jours pour me rendre à Tours. Je tâcherai de te faire savoir l'heure de mon arrivée.

À bientôt donc, cher ami. Je serai bien heureux de te revoir.

Je suis tout à toi en N.S.