220.32
B18/11.1.32
Ms autogr. 4 p. (21 x 13)
À ses parents
Notre-Dame des Châteaux (Beaufort), 7 août 1871
Chers parents,
J'ai fait depuis Rome un charmant voyage. Parti le 1er, j'ai passé la journée du 2 à Assise, ville située dans un site superbe au milieu des Apennins, toute remplie des souvenirs de St François et riche en œuvres d'art de la plus belle époque de l'art chrétien. Le 3, j'allai jusqu'à Pavie. Le 4, je visitai Pavie et sa splendide chartreuse, aussi riche et aussi désolée que celle de Naples. Le 5, je passai le Mt Cenis et me voici en Savoie dans un site ravissant. N.D. des Châteaux est située au centre de trois vallées grandioses et pittoresques qui descendent du Mt Blanc. C'est à quelques lieues seulement de Sallanches qu'Henri et Laure connaissent. Il y a trois mois, il n'y avait ici que trois vieilles tours, débris de l'ancien château de Beaufort. L'abbé Désaire en a obtenu la propriété de l'évêché à qui cela appartient, et avec des dons recueillis dans le pays, à Nîmes et à Marseille, il a bâti une maison déjà habitable, bien que pauvre, pour y établir un petit pensionnat destiné à élever des enfants pauvres qui veulent devenir prêtres. Ce sont des religieux Augustins de Nîmes qui vont diriger cela. Ils sont déjà arrivés et dans deux ou trois semaines, l'œuvre commencera avec huit enfants.
Je vais rester ici trois ou quatre jours pour compenser par la fraîcheur des Alpes toutes les chaleurs de Rome. J'irai ensuite à Tours d'où je vous écrirai. Je vais écrire aujourd'hui à Palustre pour lui annoncer mon arrivée.
J'attends ici la lettre chargée que je vous ai demandée de Rome par ma lettre du 30. J'ai fait toutes mes commissions, sauf celle des parures de deuil que je n'ai pas trouvées. J'ai expédié à Vervins une caisse de coupes solides et bien emballées. J'espère qu'elles arriveront sans se briser.
Remerciez Dieu avec moi de ce que j'ai pu faire, à Rome, depuis cinq mois, tout ce qui me restait à faire, sans nuire à ma santé.
À bientôt le bonheur d'être avec vous. Mon séjour ici et à Tours sera plutôt un repos qu'une fatigue. Ne vous inquiétez pas de ma santé.
Embrassez pour moi tous les nôtres. Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon, pr.
P.S. Je reçois à l'instant la lettre chargée. À bientôt.L.D.