220.36

B18/11.1.36

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

St-Quentin 2 décembre 71

Chers parents,

J'ai reçu exactement votre lettre et son contenu.

Je me suis mis de bon cœur à la besogne et je n'éprouve pas le moindre ennui. J'ai l'espoir de faire ici un peu de bien, c'est tout ce que je désirais. Je vois de près les misères de la société dans les confessions, la visite des malades et des écoles. Je tâche d'apporter quelque remède surtout aux misères morales.

Mon installation est lente, mais je n'en souffre pas. J'ai une armoire et des chaises qui sont encore provisoires. Mes rideaux sont montés avec des patères en chêne et ils font très bon effet. Ils sont verts et la bordure est couleur bois. Mes chaises de chêne seront garnies de velours vert. Mon bureau est plus beau comme forme et comme sculpture que ma bibliothèque elle-même de La Capelle. Je crois que cette bibliothèque tiendra bien ici sans le fronton. Quand je l'aurai, ma chambre sera peut-être un peu trop garnie. Attendez pour me l'envoyer que j'aie reçu tout le reste et que je voie la place dont je puis disposer.

Ma petite chambre à coucher est assez commode. Mes matelas ne sont pas trop larges. Ils sont plutôt un peu courts. Mes deux couvertures me suffisent.

Ma cheminée va bien, mais je trouve que le bois de chauffage coûte cher à St-Quentin. On me le vend 4 francs les 200 kilos.

Je reprends ma lettre après avoir reçu mon meuble-armoire que Mr Mariolle vient enfin de m'envoyer. Il est tout semblable à celui dans lequel Palustre mettait ses curiosités à la rue Bonaparte. Il ira bien à gauche de ma porte, mais il n'est pas assez large pour le grand panneau de ma chambre. Envoyez-moi donc, si vous le pouvez, ma bibliothèque de La Capelle. Cherchez le moyen de transport le plus commode. Il faudrait seulement, pour emballer tous mes minéraux, avoir soin de mettre chacun d'eux autant que possible avec l'étiquette sur laquelle il est posé.

Je voudrais que tout cela fût fini, afin que je n'aie plus à m'occuper de mon mobilier.

Mr Demiselle a passé ici aujourd'hui en allant prêcher à Ribemont. Il a dîné au Vicariat. Il vous fait ses amitiés.

Je vous embrasse de tout cœur et vous prie d'embrasser pour moi Henri, Laure, maman Dehon et mes nièces.

Votre dévoué fils

L. Dehon, pr.