221.44
B18/11.2.44
10. 11. 1873
Ses parents
Bien chers parents,
Vous vous forgez facilement des inquiétudes inutiles. Je ne sais où Jules Demont a rêvé que nous bâtissions au Patronage. Il n'en est nullement question. Je suis très content du reste de la marche de l'œuvre. La loterie, comme je vous l'ai dit, nous a donné deux mille francs et la quête de la Toussaint trois cents.
Je n'ai aucune fatigue exceptionnelle en ce moment et je me porte mieux que je ne m'étais porté depuis deux ans.
Je ne sais si vous avez appris la mort de Monturier. C'est je crois un bonheur pour sa famille. Il vaut mieux qu'il soit mort que de se mal conduire. Il a bien fini. Je lui ai donné les sacrements. C'est une religieuse qui l'a soigné avec un dévouement héroïque pendant les derniers jours. Sa mère a fait pour lui ce qu'elle a pu. Le parquet s'occupe beaucoup de cette affaire. Je crains pour la famille qu'il n'y ait un procès en cour d'assises contre la femme qui est cause de sa mort.
Je ne sais si Henri est déjà à Laon. On me demande de lui recommander un certain Vatrinelle accusé de détournements au mont de piété. Je crois en effet qu'il est digne de compassion. Le principal coupable s'est pendu. Si Henri est mêlé à cette affaire, il pourrait avoir de l'indulgence pour cet homme. Son enfant fréquente le Patronage, il est bien élevé. Sa femme ne paraît pas s'être enrichie par des détournements. Elle va en journée pour vivre, depuis qu'il est arrêté. Si Henri est déjà à Laon, écrivez-lui dans ce sens.
J'ai oublié de vous dire que le buste du curé d'Ars était en bon état dans ma caisse.
J'aurai besoin à la fin du mois de cinq cents francs, pour commencer ma troisième année, j'espère que vous pourrez me les envoyer.
Je vous prie d'embrasser pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Amélie. Je vous embrasse de tout cœur.
Votre dévoué fils
L. Dehon