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B18/11.2.68

24. 09. 1874

Ses parents

Bien chers parents,

Ne vous inquiétez pas à mon sujet. Je n'ai pris une décision qu'après avoir mûrement réfléchi et pris conseil de personnes sages et prudentes. Nous verrons dans un an s'il y a lieu d'aller à Lille. D'ici là bien des événements peuvent éclaircir la situation. Si le P. Freyd juge plus tard qu'il y a lieu pour moi de quitter St Quentin, il me trouvera facilement ailleurs une position où je puisse faire beaucoup de bien.

Je m'occuperai demain seulement des bouches de chaleur et du garde-étincelles et si je le puis je vous les enverrai samedi.

Jules Demont ne compte plus aller vous voir cette année. Il devait y aller du Nouvion. Comme la maladie des enfants s'y est opposée, il a remis cette visite à l'année prochaine. Mme Demont la mère va maintenant très bien.

Ne comptez pas sur moi avant le milieu d'octobre. Diverses occupations me retiendront ici jusque là.

Vous avez lu dans les journaux les détails de la visite du Maréchal Mac-Mahon à St Quentin. Il a reçu le clergé à la sous-préfecture où nous lui avons brièvement présenté nos hommages immédiatement après les députés. Mr Dours et Mr Gobaille ont déjeuné avec lui.

Il a assisté à la Collégiale à un salut en musique. Quelques jeunes gens du Patronage ont pris part aux chants qui étaient très beaux. Malheureusement quelques braillards soudoyés ont assommé le Maréchal toute la journée par les cris de Vive la république.

J'ai causé longuement avec Mr Dours. Monseigneur fera tout ce qu'il pourra pour me retenir dans le diocèse et pour m'être aussi agréable que possible.

Embrassez pour moi Henri, Laure et les enfants. Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon, vic.