229.01
B19/1.1
18. 05. 1878
Chère Mère (Servantes)
Vénérée Mère en N.S.,
Le bon pasteur ne nous laisse pas orphelins. Il parle encore presque chaque jour. Nous avons eu des instructions divines sur l'esprit de pauvreté et sur le sacerdoce.
Notre Seigneur se charge lui-même de corriger les fautes de traduction, quelle condescendance! Il ne veut pas vous laisser trop à faire à votre retour. Qui sommes-nous pour que N.S. s'abaisse jusqu'à nous?
J'ai conscience de mon néant et parfois j'y trouve un motif de confiance. Notre Seigneur le connaît, je suis donc assuré qu'il voudra tout faire par lui-même.
La Sœur Marie de Jésus a eu une mauvaise journée, mais tout est remis. Elle écrit avec zèle et n'écoute pas le démon. N.S. ne veut pas perdre de temps pendant votre absence. Il n'y a en somme au couvent que quelques souffrances surnaturelles qui sont bonnes et douces.
Pour moi je passe chaque jour par quelques petits ennuis. Ce n'est absolument rien en comparaison de ce que je mérite. Au fond je suis heureux et je crois que l'œuvre de N.S. fait quelques petits progrès dans les esprits et dans ses préparatifs providentiels.
Je crois sentir depuis deux jours l'influence de vos bonnes prières au St Sacrifice. Je demande à N.S. qu'il me rende la ferveur de ma première année de sacerdoce.
Je ne vois pas ce que N.S. désire pour votre retraite. J'aurais tant aimé avoir le P. Bégin. J'ai écrit au P. Pouplard, qui s'occupe de la canonisation du P. de la Colombière. C'est un apôtre du S. Cœur. J'attends sa réponse. Peut-être N.S. ne veut-il pas pour cette fois-ci un père jésuite?
Je prie N.S. de vous bénir abondamment. Priez, priez, priez.
Tout vôtre in Corde Jesu
L. Dehon