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NOTES QUOTIDIENNES

===Ve VOLUME CAHIERS XXXIV – XLV 1911-1925===

INTRODUCTION

Ce dernier volume des Notes Quotidiennes couvre les 15 dernières années de la vie du P. Léon Dehon (1911-1925). Le 2 mars 1911, en arrivant à Marseille, il conclut son long voyage autour du monde. Mais il ne s'arrête pas à Marseille. D'ici il va tout droit à Cannes où sa famil­le se trouve réunie, et deux jours après il est à Nice, où il peut rencon­trer M. Harmel et, surtout, le P. Charcosset, son assistant, et se mettre au courant des choses de la Congrégation. Deux jours après il est encore en voyage et le 6 mars il arrive à Rome, où il reste pendant quelques semaines pour faire visite à tous ses amis d'antan et refaire ses pèlerinages aux basiliques romaines.

Mais il a aussi des rendez-vous très importants: d'abord avec le secrétaire de la Propagande, Mgr Laurenti, auquel il remet des «notes» sur les missions qu'il eut l'occasion de visiter durant son long voyage (XXXIV,2); et ensuite, le 11 avril, il a «une bonne audience du St-­Père» qu'il décrit avec beaucoup de détails (XXXIV, 5-9). Le 28 avril suivant, en passant par Florence et Turin, il rentre à St-Quentin, où il reprend sa vie et ses activités normales.

L'année suivante, à l'occasion de son 70me anniversaire, il écrit une longue lettre, intitulée «Souvenirs» (14.03.1912), qu'il envoie à tous ses religieux comme son «testament spirituel». Il y rappelle les fonde­ments divins de l'Œuvre, son développement en Europe et dans les missions et, surtout, il souhaite pour tous une vraie rénovation qui ait comme buts: l'esprit de corps au sens surnaturel, la foi dans l'Œuvre, l'estime de son but et de sa mission, l'union des pensées et des cœurs pour le travail commun (XXXIV, 79, note 41).

Entre 1912 et 1914 le P. Dehon voyage encore beaucoup, mais pres­que uniquement pour visiter les œuvres de la Congrégation et rencon­trer ses religieux, en partageant leurs soucis et leurs espoirs.

Mais le mois d'août 1914 c'est la guerre. L'orage arrive, imprévu. La Congrégation est décimée par la mobilisation de presque une centaine de ses religieux. Le 28 août c'est l'occupation de St-Quentin par l'armée allemande. Pour le P. Dehon c'est une situation angoissante: «crainte pour la famille, pour la patrie, pour la congrégation» (XXXV, 80) .

Durant toute la période de la guerre, de 1914 jusqu'au printemps du 1917 il reste à St-Quentin pratiquement isolé. Aucun déplacement n'est permis. Très difficile toute communication, même par lettre.

Le 12 mars 1917 il faut évacuer la ville. «C'est l'exil, écrit le P. Dehon, après plusieurs jours de préparation pénibles» (XL, 106). Chargé de son baluchon, il part comme tout le monde pour le lieu de concentration, à Enghien en Belgique, où il arrive le soir, épuisé et souffrant. C'est d'ici qu'il pourra, peu après, se déplacer à Bruxelles et, petit à petit, reprendre les contacts avec ses religieux.

Durant ces longues semaines, vécues dans un isolement presque total, le P. Dehon décida d'occuper son temps par la prière et la lectu­re, avec le soin d'annoter dans son «Journal» tout ce qu'il jugeait inté­ressant. C'est ainsi qu'il a rempli ses cahiers d'annotations sur les sujets les plus divers, en se concentrant, petit à petit, sur deux ou trois noyaux plus importants, comme les souvenirs et les anniversaires de sa vocation, ses campagnes dans l'action sociale, les fondements divins de l'œuvre, la vie de réparation… Mais finalement, surtout dans ses der­nières années, c'est l'évaluation de sa propre vie spirituelle qui s'impo­se et son désir, très souvent répété, d'une union d'amour toujours plus profonde avec le mystère du Dieu/Amour, contemplé dans le Cœur aimant du Sauveur.

La guerre et l’expiation des péchés

Tout au début le P. Dehon ne cache pas ses propres appréhensions pour la situation catastrophique de la ville, occupée par l'armée alle­mande, et pour les prévisions d'une guerre cruelle, dont on ne voyait jamais la fin.

1915, janvier: «Cette année s'ouvre dans des conditions bien drama­tiques» (XXXVI, 1).

1915, mars: «Voilà six mois que la ville est occupée… Pas de corres­pondance ni de nouvelles du dehors. Les aliments deviennent rares, la viande manque et le pain gris est rationné. Patience! Puissent nos pri­vations hâter le jour de la miséricorde» (XXXVII, 1).

1915, juin: «Dix mois de guerre. Neuf mois d'occupation. Rien n'avance» (XXXVIII, 1).

1915, octobre: «Voilà treize mois d'occupation; la guerre se ranime plus implacable… L'expiation n'est pas encore suffisante» (XXXIX, 1 et 2).

La guerre, conséquence des péchés des nations, et la nécessité d'expier ces péchés pour apaiser la justice divine, voilà une réflexion assez fréquente durant ces deux premières années de guerre. D'où la tendance du P. Dehon à privilégier les biographies ou les écrits d'âmes réparatrices qui se déclarent favorisées d'illuminations extraordinaires, et orientées vers des perspectives plus ou moins apocalyptiques. Le P. Dehon lit avec une certaine avidité ces écrits et il en donne des résumés dans son journal (cf. par ex.: Marguerite Marie Doëns, XXXV,114, note 27; Marie Lataste, ib.,120, note 29; Thérèse Durnerin, ib.,126, note 32; les apparitions mariales de La Salette, Pontmain, Pellevoisin: ib.,149, notes 38 et 39, etc.).

De fait, le P. Dehon interprète les événements de son temps à la lumière d'une spiritualité «victimale»; et, donc, il voit les fléaux de la guerre comme causés par l'infidélité de la France; et seulement s'il y aura une croisade d'âmes s'offrant victimes pour apaiser la justice de Dieu, on aura la paix.

«La guerre continue implacable, écrit-il au début du mois d'octobre 1915, parce que l'expiation n'est pas encore suffisante». Certainement Notre-Seigneur «sauvera la France après l'avoir châtiée, mais il me faudra beaucoup de victimes, beaucoup de sang» (XXXIX, 1 et 2; et note 1). Langage typique d'une spiritualité victimale, qui se fonde sur le princi­pe que Dieu lui-même ne peut pas pardonner tant que sa justice n'est pas apaisée. Et sa justice ne peut être apaisée que par l'expiation volontaire ou bien par des calamités que Dieu lui-même envoie à une ville ou à toute une nation (cf. XL, 93; XLII, 91 et 101-104). C'était une conception très répandue les siècles passés, et assez fréquente aus­si dans certains écrits du P. Dehon. Par ex., dans cette ligne il n'hésite pas à parler de «vengeance divine» pour St-Quentin (XLIII, 101) et, encore plus choquant, d'hécatombe d'innocents pour expier les péchés de la nation (ib., 106).

Les auteurs spirituels

Mais petit à petit c'est l'intérêt pour la vie spirituelle et pour le développement de sa Congrégation qui s'impose, et alors ses lectures se déplacent sur d'autres domaines.

Tout d'abord on peut noter que, dans les premiers cahiers de cette époque, la lecture de biographies d'âmes pieuses s'alterne avec la lec­ture d'ouvrages sur la doctrine de la vie spirituelle.

C'est ainsi qu'il commence en donnant le résumé d'auteurs com­me: Claude L. Faucillon, La vie avec Dieu; Arthur Devine, Le manuel de théologie mystique, l'abbé Saudreau, L'état mystique, etc…

Mais une vraie nouveauté fut pour le P. Dehon le livre du domini­cain Barthélemy Froget, De l'habitation du St-Esprit dans les âmes justes, qu'il lut et relut avec passion. Il aimait, il adorait cette divine présence. Et par cette lecture il se voyait confirmé dans sa conviction de pouvoir accueillir ce Mystère dans son cœur à titre d'hôte et d'ami. C'est la rai­son pour laquelle dans son journal il donne de cet ouvrage une lon­gue synthèse: de p. 63 à p. 93 du cahier manuscrit. Et il conclut: «Quelle consolation et joie m'inspirerait cette pensée habituelle!» (XXXVI, 93).

Un autre livre qui attira l'attention du P. Dehon fut la recherche de théologie mystique: De revelationibus (deux voll., in 4e), par le théolo­gien allemand Eusebius Amort (Augsburg 1744). Un ouvrage qui con­firma le P. Dehon «dans la résolution d'être plus prudent vis-à-vis des révélations privées» (XXXVI, 121).

Mais l'auteur qui revient le plus souvent, dans les cahiers des années 1915-1917, est sans aucun doute le sulpicien Charles Sauvé. Le P. Dehon remplit au moins trois cahiers avec les résumés des livres de cet auteur. Chargé du cours de théologie dogmatique au séminaire de Dijon, Sauvé y resta 28 ans. Vers la fin de son magistère (1895-1900), il commença à éditer les fruits de ses études, mais réexprimés en pers­pective spirituelle et pastorale, en s'inspirant au principe: «Tout médi­ter, tout voir en Jésus»; 24 les ouvrages édités par lui. Le premier, résumé par le P. Dehon, est: Elévations sur les mystères de Jésus (XXXVI, 124). Mais ce n'est que le début. Voir aussi dans la suite: St Joseph intime, XXXVII, 1; L'Evangile intime, ib., note 4; Dieu intime, ib., note 13; et encore: Jésus intime; Marie intime, Le Sacré-Cœur intime, etc. (cf. XXX­VII, 1.13.84.108; XXXVIII, 11.21.37.45; XXXIX, 2.10; etc.).

Le style et la méthode, suivis par Sauvé, s'accordaient aux goûts et aux attraits du P. Dehon. Lui aussi aimait beaucoup «chercher surtout le dedans de l'évangile, le dedans le plus intime, qui est l'amour» (Ch. Sauvé, dans Marie intime, éd. 1930, p. 324).

Parmi les auteurs qui ont eu beaucoup d'influence sur le P. Dehon on ne doit pas oublier deux saintes carmélites, plus jeunes que lui, c.à.d. Elisabeth de la Trinité (1880-1906) et Thérèse de l'Enfant Jésus (1873-1897). Lorsqu'il lit leurs biographies il en fut enchanté.

D'Elisabeth de la Trinité il admire surtout l'idée qu'elle avait de sa mission de carmélite: «Etre médiatrice comme Jésus-Christ, et lui être comme une humanité de surcroît en laquelle il puisse perpétuer sa vie de réparation, de sacrifice, de louange et d'adoration» (XXXVI, 46); et de Thérèse de l'Enfant Jésus il souligne le fait qu'elle «ne s'offre pas en victime de justice», mais «en victime ou en holocauste à l'amour miséricordieux de Jésus». C'est dans cet esprit de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus qu'il voit aussi «notre esprit propre», tel qu'il est exprimé dans nos Constitutions par la formule « vie d'amour et d'immola­tion» (XLV 53-55).

Sa vie spirituelle

C'était le 5 mars 1923, fête des Cinq Plaies. La Sr Ignace, spirituelle­ment toujours très proche du P. Dehon et de son œuvre, priait avec

ferveur pour lui. Elle entendit alors N.-S. lui dire: «Vous devez le cher­cher toujours dans la plaie de mon Cœur».

«Oui, commente immédiatement le P. Dehon après avoir relaté cet­te suggestion de N.-S.; c'est vraiment là que je veux vivre. Je m'unis au Cœur de Jésus pour adorer et aimer la Sainte Trinité, pour réparer, pour prier. C'est là que je fais ma méditation, mon adoration et tous ces sursum corda que je voudrais encore plus assidus et plus fervents» (XLIV, 75).

Ce texte nous introduit dans le climat qui caractérise la vie spirituel­le des dernières années du P. Dehon, au crépuscule de sa vie.

En 1918, rentré en France grâce à la médiation de Benoît XV il reprend les contacts avec ses religieux, ses amis et ses collaborateurs. Le mois d'octobre il prêche la retraite au grand séminaire de Moulins et en même temps il se prépare aux célébrations pour le 50e anniver­saire de son sacerdoce. Dans ses lectures il converge de plus en plus sur des thèmes de vie spirituelle, lectures qui favorisent une évaluation plus attentive et nuancée de sa propre vie spirituelle. Parmi les auteurs qu'il lit ces dernières années on voit cités, en effet: Eugène G. Ledos, Morceaux choisis de Lacordaire, J. Dumas, L'imitation de J.-C: introduction à l'union intime avec Dieu; Martin St. Gillet, La doctrine de vie, ouvrage que le P. Dehon considère «un des plus lumineux sur la grâce» (XLIII, 27); S. Giraud, Prêtre et hostie, sur la spiritualité victimale; et encore: De Caussade, Surin, François de Sales, de Lehen, Louis Lallemant… tous auteurs spirituels que l'on peut considérer des spécialistes de la doctri­ne et la pratique de la vie intérieure, de l'abandon, de la vie d'union. Du petit livre Doctrine spirituelle du P. Lallemant, par exemple, le P. Dehon écrit: «Un trésor… J'y trouve des lumières sur l'oraison, la con­duite du St-Esprit, la vie intérieure, l'union avec N.-S., le Règne de Dieu en nous» (XLIII, 63). Et encore le P. Dehon souligne que, d'après cet auteur, la vie spirituelle consiste simplement «en deux cho­ses: d'un côté dans les opérations de Dieu en l'âme (les lumières qui éclairent l'entendement et les inspirations qui touchent la volonté); et de l'autre, en la coopération de l'âme aux lumières et aux mouvements de la grâce» (XLIII, 75-76).

Ce sont des notes qui vont caractériser toujours davantage la vie spi­rituelle du P. Dehon de ses dernières années: la vie intérieure, la vie d'union et d'oblation, dans le Cœur du Sauveur, pour atteindre la communion d'amour de la Sainte Trinité.

«Je lis et relis mes vies de saints, surtout de ces âmes mystiques, qui indiquent le courant de grâces actuel, comme Elisabeth de la Ste Trinité, Gertrude-Marie, Marie Brotel, etc. J'apprends mieux à connaî­tre et à goûter la Ste Trinité et à vivre dans le Cœur de Jésus.

Longtemps je cherchais midi à 14 heures pour honorer et aimer la Sainte Trinité. Je voulais en sonder le mystère. Maintenant cette dévo­tion me paraît toute simple, elle parle au cœur. Ce sont les personnes qu'il faut considérer distinctement.

Le Père est mon Créateur, l'auteur et le conservateur de la vie. Je lui dois tout. Il est bien plus mon père que celui que la famille m'a donné. Il est plus aimant, plus fidèle, plus dévoué. Je veux l'aimer de tout mon cœur, avec simplicité, avec familiarité même; j'ai confiance en sa providence, en sa miséricorde.

Le Verbe, Fils de Dieu premier-né, est mon frère aîné, mon grand frère, et combien aimant, combien dévoué! Il s'est fait homme pour être encore plus intimement mon frère, pour me sauver du naufrage, pour souffrir et mourir pour moi. J'aime mon grand frère, je veux l'écouter, le suivre, l'imiter, je veux vivre avec lui toujours…

L'Esprit Saint est mon directeur divin. J'ai toujours aimé mes direc­teurs, combien plus je dois aimer l'Esprit Saint, dont ils ne sont que l'ombre. Je veux le consulter toujours filialement et suivre ses con­seils…

Vie dans le Cœur de Jésus. Ma vie, c'est le sacrifice. Je suis prêtre et victime. Je vis pour les quatre fins du sacrifice. Je renouvelle ces dispo­sitions bien des fois dans la journée. Mais l'autel pour offrir ce sacrifi­ce c'est le Cœur de Jésus. Jésus est à la fois le prêtre et l'agneau victi­me. Son sacrifice seul est vraiment et pleinement efficace et agréable à son Père. J'offre mon cœur avec le sien toute la journée. Le mien est la goutte d'eau mêlée au vin. Je vis dans le Cœur de Jésus, et là je ren­contre mes amis du ciel et de la terre: la Très Sainte Vierge, les anges et les saints, les justes de la terre et surtout les âmes qui me sont unies par une fraternité spéciale de vocation…» (XL ,80-83).

Pour développer cette vie d'union à Dieu le P. Dehon avait adopté la pratique de «la messe spirituelle»: «Que peut-on faire de mieux dans les moments d'adoration? Au ciel, c'est la messe perpétuelle. L'agneau est toujours immolé ou présenté avec les stigmates de l'immolation pour la gloire de Dieu, la joie du ciel, le salut des âmes» (XL,34).

«Mon oraison? Ma vie de prière dans cette dernière période de ma vie?

Je salue la Ste Trinité, mon Père et Créateur; le Verbe de Dieu deve­nu mon frère et mon Rédempteur; le St-Esprit devenu mon guide et mon consolateur.

J'assiste à la grande messe perpétuelle du ciel: Jésus s'offrant à son Père, l'Agneau immolé dès le commencement; le Cœur de Jésus, victi­me d'amour pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.

Chaque messe, explique le P. Dehon, a son Communicantes: je m'unis aux anges, aux prophètes, aux apôtres… Je m'unis aux amis de Jésus, aux amis de Béthanie, aux amis du Calvaire, aux dévots de l'Eucharistie… Je m'unis à tous les fondateurs; aux saints du S.-Cœur.

La messe a aussi ses intentions: je prie pour l'Eglise et ses grands besoins actuels, pour l'union et le retour des hérétiques et schismati­ques; pour les missions; je prie pour la France et les nations chrétien­nes; je prie pour l'Œuvre, pour mes parents et amis; pour moi-même et pour les défunts…

Après cette union à la grande messe du ciel, je salue le Sauveur Jésus: dans les mystères de son enfance, de sa passion et de sa mort… Je salue Marie avec St Gabriel et St Jean… Je salue St Joseph, les saints anges, mes patrons et amis du ciel, où j'ai tant de parents, confrères, condisciples…

Tel est le fond de mon oraison, avec des variantes quotidiennes» (résumé du cahier XLU, 11-15).

Après cette synthèse du texte du P. Dehon, il ne reste que souligner comment cette vie de prière et d'union atteint finalement son sommet dans une vie d'union habituelle au mystère de la Ste Trinité: mystère d'Amour duquel toute vie découle, et auprès duquel tout cœur humain languit.

«Je goûte de plus en plus, avoue notre vén. Fondateur, la dévotion à la Ste Trinité.

Dieu le Père, c'est mon Père et mon Créateur. Il est mon Père plus que celui que j'ai eu sur la terre. Je lui dois tout, l'être et la vie. Je l'aime extrêmement et très filialement, je veux sa gloire et son règne.

Le Fils de Dieu est devenu mon frère par l'incarnation. Il a donné sa vie pour moi, il vient à moi dans l'Eucharistie. Je l'aime sans mesu­re, je me penche sans cesse sur son épaule comme St Jean, je veux vivre avec lui et l'aimer toujours davantage.

Le St-Esprit est mon directeur, mon guide, l'âme de mon âme et comme une mère pour moi. Je veux vivre avec lui, l'écouter en tout et me montrer son disciple aimant et fidèle.

Le Gloria Patri, le Credo sont des hommages à la Trinité» (XLU, 16).

Son action sociale après 1910

Tout le monde connaît l'action sociale du P. Dehon grâce à son Patronage St Joseph à St-Quentin et, surtout, par sa participation aux congrès d'action sociale et ses livres pour faire connaître et propager la doctrine sociale de l'Eglise. Mais souvent on pense qu'elle ait repré­senté seulement une parenthèse très limitée dans sa vie de prêtre et de fondateur.

Une lecture plus attentive de son journal nous permet d'affirmer, au contraire, que son engagement pour l'élévation des pauvres et des plus démunis de la société a été, pour le P. Dehon, une des passions de sa vie et une des grâces de son sacerdoce jusqu'à la fin de sa vie. Cette expression est du P. Dehon lui-même: il l'a prononcée dans un sermon aux Cercles ouvriers, dans la Basilique de St-Quentin, le 8 juillet 1888 (Cf. Manuscrits divers, 6e cahier, p. 501) .

De son action sociale d'antan le P. Dehon parle très souvent dans ces derniers cahiers de son journal, avec des mises au point vraiment surprenantes.

Surprenante, par ex., est certainement cette affirmation si catégori­que sur les débuts d'une vraie activité apostolique de la part de la Congrégation comme telle: «Depuis 1888 c'est la période apostolique, qui a commencé… pour la Congrégation» (XLIV,69). Il est connu, en effet, qu'au début la Congrégation n'avait pas d'activités apostoliques comme tel­les; on se méfiait même d'avoir un apostolat hors de la communauté; on rêvait une vie religieuse presque «conventuelle» (cf. Y Ledure, dans «Clairefontainer Studien» I, p. 82)). C'est un gros mérite du P. Dehon d'avoir remarqué et souligné ce changement de perspective.

Une autre mise au point très importante nous aide à situer l'action sociale du P. Dehon entre des limites bien déterminées: «Je reçois une excellente lettre de M. Victor Berne, l'apôtre et le Mécène des œuvres sociales de Lyon. Il me rappelle mon ardente campagne sociale, qui a duré au moins dix ans, de 1893 à 1903, et ma collaboration assidue à leur excellente revue de Lyon» (XLIV 111). Evidemment l'action sociale du P. Dehon a commencé bien avant 1893, avec son Patronage St­-Joseph, ses enquêtes et sa participation aux congrès de l'Œuvre des Cercles ouvriers; mais il est intéressant de voir comment le P. Dehon lui-même souligne la grande différence qu'il y avait entre son action au niveau paroissial ou même diocésain, et son action entre 1893 et 1903 qui fut surtout nationale et internationale.

Même clarté dans un texte de 1915, dans lequel il nous donne une vision d'ensemble de son action sociale: «Je repasse, dans ma mémoi­re, écrit-il, ma participation à l'action sociale chrétienne. C'était une vocation, une mission providentielle. J'avais souvent à Rome dirigé mes lectures dans ce sens-là… En 1872 je fonde le Patronage, j'y ajoute successivement le Cercle, l'association de patrons chrétiens, une réu­nion d'études sociales… Je provoque de beaux congrès Liesse 1875; St­-Quentin 1876; Soissons 1878… Pendant plusieurs années nous avions des réunions diocésaines d'études sociales… Congrès national à Reims en 1896; congrès démocratique à Lyon en 1897; en 1897-1899, conféren­ces à Rome… En 1900, congrès franciscain à Rome… La pratique mar­chait de front avec la théorie; les œuvres de St-Quentin se conti­nuaient… Au Val surtout nous collaborons avec M. Harmel depuis 30 ans, et au Brésil depuis vingt ans avec les patrons chrétiens de Camaragibe… Dans tout cet apostolat je ne voyais que le relèvement des petits et des humbles, selon l'esprit de l'Evangile» (XXXIX, 109-114).

Le cahier XLV est le dernier de la série. C'est le cahier de ses «sou­venirs». Souvenir d'un groupe de ses grands amis: Mgr Mathieu, Mgr Thibaudier, Mme Arrachart qui était d'une famille de bienfaiteurs et d'amis… Souvenir d'un groupe de «collaborateurs» pour ses œuvres de St-Quentin: le Patronage, le Journal, le Cercle ouvrier, les conféren­ces sociales… «C'était une petite Université sociale!» (XLV, 9). Et, le mois de juillet 1925, souvenirs de ses prémices sacerdotales à La Capelle en 1869; souvenirs des commencements du Collège St Jean et de la Congrégation en 1877; souvenir de sa retraite au couvent des Soeurs pour écrire les Constitutions (du 16 au 31 juillet 1877); souvenir du premier départ pour la mission du Congo, qui a été «l'œuvre la plus marquante de la Congrégation parmi nos œuvres d'apostolat» (6 juillet 1897).

Et la dernière page de ce dernier cahier se conclut encore avec un souvenir de sa «campagne sociale» en écrivant: «Je reçois de bonnes lettres de M. Victor Berne de Lyon; il me rappelle nos campagnes arden­tes dans la «Démocratie chrétienne» pour l'action sociale chrétienne en France. Pendant quelques années je donnais l'article de tête dans cette excellente revue. C'était une des formes de ma campagne sociale, bénie par Léon XIII» (XLV, 66).

Pour une recherche plus complète sur la pensée sociale du P. Dehon dans ses dernières années, cf. aussi les questions sur: le suffrage universel (XXXIX, 119 et 121); l'action sociale de l'État et la charité privée (XL, 45); le meilleur régime politique (XL, 47-48); les principes politiques du gén. de Sonis (XLI, 6-7); les problèmes sociaux des famil­les et des enfants en France et le minimum des salaires (XLII, 21-24); son groupe d'action sociale et ses livres sur la question sociale (XLIII, 35­38); les initiatives d'action sociale qu'il connaît à Bologne (XLII, 60­63); la «belle audience» qu'il a le 28 février 1919 du St-Père, dans laquelle, dit-il, «nous causons de nos œuvres, de l'action sociale chrétien­ne et de notre maison de Rome: une fondation dans un quartier neuf lui plairait» (XLIII, 91). Une audience dans laquelle, écrit le P. Dehon, «j'avais exposé humblement au Pape la pensée qu'il serait bon de rap­peler les directions de Léon XIII et le dévouement de l'Église à la clas­se ouvrière… L'occasion favorable ne tarda pas…» (XLIII, 92-93).

Il cultivait donc le souvenir, mais aussi le souci pour l'action sociale de toute l'Église en faveur des gens les plus humbles et les plus démunis.

Fondements divins de l’Œuvre

C'est une expression souvent répétée par le P. Dehon. Il était profondément convaincu d'avoir été guidé par l'Esprit de Dieu dans la fondation de la Congrégation; tous les événements qui ont caractérisé ce choix il les interprète comme signes envoyés par Notre-Seigneur pour l'illuminer ou l'aider dans sa «vocation de fondateur».

Ce thème est exposé avec beaucoup de détails dans ses «Notes pour l'Histoire de ma Vie» (7(XII), 167-172; 8(XV), 6-9; etc.) et très en détail dans ses «Lettres circulaires» (cf. §§.148ss, 332ss). Dans ses der­nières années le P. Dehon vit surtout de souvenirs. Il est très normal, alors, le voir presque chaque année rappeler les anniversaires les plus importants de sa vie et sa vocation au sacerdoce, et ceux des événe­ments qui ont accompagné et caractérisé la fondation et les débuts de sa Congrégation; et, dans ce contexte, le souvenir des signes qu'il interprète comme «fondements divins de l'Œuvre».

C'est dans le cahier XLIV surtout que ces anniversaires, et donc ces «fondements divins de l'Œuvre», sont rappelés: très synthétiquement au n. 35; dans le contexte de l'évolution historique de la vie religieuse, et donc aussi avec des comparaisons avec d'autres fondations, aux mi. 64ss; en rappelant la maladie et les «illuminations surnaturelles» de Sr Marie de St-Ignace aux nn. 72 et 109ss; pour exprimer sa reconnaissan­ce à Sr Marie de Jésus qui avait donné sa vie pour lui, mi. 89; 105ss; 111ss; etc.

Le 1er octobre 1924 le P. Dehon rappelle l'anniversaire de la mort du P. Modeste sj, «un de nos principaux conseillers et collaborateurs des commencements». Il allait souvent prêcher chez eux et c'est lui qui dit au P. Dehon «marchez» pour la fondation de l'Œuvre (XLIV, 131).

Cet anniversaire offre donc au P. Dehon l'occasion de nous donner une exposition très détaillée sur le P. Modeste lui-même et sur les «fon­dements divins de l'Œuvre». Ce texte est très connu. Il a été publié tel quel en 1943 dans «Extraits du Journal» (pp. 120-123). Il suffit donc, ici, d'en donner un résumé.

Le P. Modeste avait toute confiance dans les lumières surnaturelles de la Sr Ignace. «N'ayant pas plus que nous l'expérience de ces grâces extraordinaires, précise le P. Dehon, il ne sut pas nous faire distinguer entre les vues d'oraison et quelques paroles formelles de Notre­-Seigneur… Nous appelions tout cela des révélations, ce qui ne devait pas se faire. Notre-Seigneur permit notre erreur pour nous attirer le Consummatum est (Jo. 19,30), qui fut pour nous une grande grâce… Ces souvenirs me rappellent tous les fondements de l'Œuvre. J'y vois plu­sieurs séries de preuves de l'action divine» (XLIV, 131-132).

La première série de ces preuves, exposée ici par le P. Dehon et «qui suffirait à elle seule», c'est l'approbation authentique de l'Eglise: par l'évêque de Soissons en 1877; par le St-Siège «comme congrégation diocésaine» en 1884 après le consummatum est; par le beau «decretum laudis» du 25 février 1888; par l'approbation définitive de l'Institut en 1906 et des Constitutions en 1923. Et, cette même année 1923, le magnifique bref du Pape qui se plut d'honorer le zèle du P. Dehon «soit en excitant le peuple à professer la foi, soit en exerçant la charité, soit enfin en vous fatiguant dans la prédication et dans le soin d'écrire des livres». Et le P. Dehon annote très ému: «C'est bien l'œuvre de Dieu qui a été ainsi louée, encouragée et approuvée par son Eglise» (XLIV, 132-134).

Une deuxième série, indiquée par le P. Dehon, est «la réponse que fit la Providence» à son voeu de victime, prononcé le 28 juin 1878: perte de la santé; le geste de Sr Marie de Jésus pour lui sauver sa vie; perte d'un héritage de 800.000 frs à cause d'un procès inique, et donc diffi­cultés d'argent pendant des années; incendie du collège St Jean en

1881; angoisses de l'âme; perte de l'honneur à St-Quentin et perte des parents en 1882 et 1883. «Le P. Rasset comparait mon état à celui de job!» (XLIV, 135-136).

Comme troisième série des manifestations divines, le P. Dehon indi­que l'action mystique, c.à.d. la mort mystique de Sr Ignace le 2 février 1878 et les lumières d'oraison que l'on appelait «des révélations» et qui durèrent quatre ans. Il s'agit de «vues d'oraison qui ont inspiré nos prières et notre directoire» (XLIV, 136). Le P. Dehon manifeste plu­sieurs fois sa conviction que dans ces vues d'oraison «des paroles for­melles de N.-S. s'y mêlaient». Entre autres l'expression: «Je vais lui montrer ce qu'il aura à souffrir» (XLIV, 137). En parlant de Sr Ignace, le P. Dehon souligne souvent que, par les vues d'oraison de cette Soeur, «N.-S. annonçait les épreuves et le Consummatum est… Il fallait des épreuves comme pour la rédemption; elles vinrent surabondan­tes… Le Consummatum est devait venir du côté où on l'attendait le moins, il vint de Rome» (XLIV, 68).

Le P. Dehon énumère encore: quatrième série, l'action du démon qui agit contre Sr Marie de Jésus et en trompant le P. Captier et le P. Leclercq; cinquième série, encouragements d'âmes d'élite de notre temps; il cite surtout don Bosco, la Mère Véronique, le P. Wiart, le P. Modeste, etc.; sixième série, la fondation de deux congrégations de Soeurs qui ont la même spiritualité et qui ont aidé avec leurs pieux encouragements et leur participation à nos épreuves; septième série, signalée par le P. Dehon: «Je ne dis rien des grâces personnelles et lumières reçues pour la préparation et la fondation». Donc une indica­tion, une série qui nous laisse dans notre faim!

Les lieux de nos origines

Le P. Dehon n'aimait pas le gouvernement de son pays, les francs­maçons de son temps, qui proclamaient la liberté et expulsaient les Soeurs des hôpitaux et les religieux de leur patrie. En arrivant à New

York le 19 août 1910 il écrit: «Nous saluons la statue de la Liberté, un symbole véridique et sincère à l'entrée d'un pays libre, tandis que la statue de la liberté à Paris est une blague dans un pays d'oppression et de persécution» (XXV, 64).

Mais il aimait la France. Il l'aimait beaucoup, comme bon français. La France, «fille aînée de l'Eglise», une «des premières parmi les nations qui ont répondu à la vocation du Christ» et «parmi toutes les nations aimées du Christ… la plus aimée et tout particulièrement bénie» (O.S. IV, 312-313).

En second lieu, le P. Dehon aimait beaucoup Rome, qu'il a choisie pour ses études de théologie, et dans laquelle il a vécu les années les meilleures de sa formation sacerdotale. «Comme une année passée à Rome est sanctifiante! Quels aliments, à la fois suaves et fortifiants y trouve la foi et la piété. Et que tout autre séjour est froid et insipide, quand on a vécu à Rome» (NHV, V, 34).

On connaît sa lettre, datée 30.04.1920, dans laquelle très naïvement il manifeste ses liens affectifs pour Rome, en écrivant: «Voici 55 ans que j'y viens presque chaque année… C'est ma seconde patrie. J'y suis venu par terre et par mer, en voiture, en chemin de fer. J'ai passé le St­-Gothard à pied et le Simplon en traîneau».

«J'aime Rome», conclut-il après avoir rappelé les personnes qu'il y a connues et les expériences qu'il a vécues. «J'aime Rome, qui est ma seconde patrie» (NQXLII, 38).

Le P. Dehon aimait la France et Rome «sa seconde patrie». Mais il avait une prédilection tout à fait spéciale pour les lieux qui ont été le berceau de l'œuvre. Surtout dans ses dernières années de vie.

Au début de 1921 il écrit: «Je repense beaucoup aux commence­ments de l'œuvre. La Providence a ses préférences géographiques. La Ste Vierge a choisi La Salette et Lourdes. Le S.-Cœur a préféré Paray le Monial, Montmartre, Saint-Quentin… C'est la Providence qui a con­duit la Chère Mère avec la Sr Ignace; et moi j'ai abouti là aussi, malgré moi. Nous devions nous y rencontrer… L'œuvre garde le nom officiel de Prêtres du S.-Cœur de St-Quentin; aussi je tiens à ce que nous gardions nos maisons de St-Quentin» (XLIV, 9-11).

Et encore: «Dieu a ses prédilections: à Rome il envoie Pierre et Paul; à la France, ses amis de Béthanie et les disciples de St Jean… St­-Quentin eut aussi ses prédilections: son grand martyr et le culte du Sacré-Cœur. Son splendide vitrail de Claudius Lavergne la faisait appe­ler une ville du S.-Cœur» (XLIV, 15).

«A St-Quentin, on veut nous prendre définitivement la maison du S.-Cœur. Quel dommage! C'est le berceau de l'œuvre et la Providence était intervenue d'une manière extraordinaire pour nous faire acheter cette maison le vendredi saint… Comment ne pas voir dans ce fait une grâce mystique?» (XLIV, 50).

«Il y a quelques jours la Ville de St-Quentin a obtenu l'expropria­tion de notre maison du S.-Cœur. Le prétexte est d'ouvrir une rue. On veut surtout nous éliminer. C'est le berceau de la Congrégation. Nous y avons beaucoup travaillé et beaucoup souffert. Déjà on nous en avait dépossédés en 1903-1905. Le jugement était du 1er vendredi d'avril 1905. J'avais racheté. Il va falloir partir de nouveau. C'est un crève-cœur Tout Institut tient à ses origines, à son berceau» (XLV, 4-5).

La maison natale du P. Dehon

L'ardent désir du P. Dehon de racheter la Maison du S.-Cœur, ber­ceau de la Congrégation, n'est plus réalisable. A sa place maintenant il y a une rue. Mais le désir d'une présence dehonienne dans les lieux de nos origines est resté très vivant dans la Congrégation. Et la possibilité de le réaliser, au moins partiellement, s'est présentée au début de 1997, par l'acquisition de la maison natale du P. Dehon qui se trouve à La Capelle.

Il s'agit de la maison des parents du P. Dehon, dans laquelle lui-même est né et a vécu son enfance et, un petit peu, sa jeunesse.

Les propriétaires de cette maison, c.à.d. la famille Malézieux­-Dehon, désirant vendre cette maison, ainsi que le terrain attenant, ont bien voulu par priorité informer notre Administration générale, en proposant aussi un prix de faveur. Ils se réjouissaient, en effet, de voir ce précieux bien de famille repris par la Congrégation, pour continuer une œuvre née à partir d'un de ses enfants.

Le Conseil général, après avoir étudié la proposition, s'est tout de suite orienté vers l'achat, vu le sens hautement symbolique de ce lieu pour tous les membres de la Famille Dehonienne.

Le P. Virginio Bressanelli, Supérieur général, dans sa lettre du 17 février 1997 aux Supérieurs provinciaux et régionaux, relevait que l'intérêt pour l'acquisition de ce lieu dehonien avait grandi un peu partout dans la Congrégation et que de nombreux confrères, à diver­ses reprises, avaient exprimé le désir de voir fait quelque chose pour l'acquisition de cette maison et «pour y réaliser une œuvre, éventuel­lement internationale».

«Quant au Conseil général, concluait alors le P. Bressanelli, nous espérons bien, au nom de toute la Congrégation, pouvoir opérer cette acquisition, et ainsi conserver ces lieux, tellement significatifs pour nous, et réaliser autour d'eux une nouvelle étape de notre mission, au service du Règne du Cœur de Jésus».

Andrea Tessarolo scj

Notre méthode d’édition critique

1. Le texte de cette édition reproduit tel quel l'original manuscrit du P. Dehon.

2. Les numéros indiqués en noir dans le texte, ex. 25, se réfèrent à la pa­gination du manuscrit original.

3. Dans la marge en haut de chaque page, le numéro romain indique le cahier manuscrit, et le numéro arabe l'année correspondante.

4. Le P. Dehon n'est pas très régulier dans l'usage des majuscules/minus­cules, ou bien de certains signes comme traits d'union, accents, quelquefois ponctuation etc. Il y a aussi quelque lapsus calami…

Dans cette édition on s'est conformé aux usages reçus en bonne ortho­graphe. Mais les cas les plus importants seront signalés par crochet…

5. On a uniformisé les titres intercalés dans le texte avec les titres repris dans la table des matières.

6. Quelquefois le P. Dehon cite la Sainte Ecriture de mémoire, et souvent il n'indique pas le livre biblique d'où la citation est tirée. Dans cette édition on suit fidèlement le texte manuscrit, mais entre parenthèse on ajoute la réfé­rence à la Bible, en indiquant livre, chapitre et versets. Cette référence est précédée par le sigle Cf. s'il s'agit de citation tout à fait libre, ou bien de para­phrase.

7. Les notes d'explication du texte sont imprimées à la fin du volume, sui­vant les pages du volume lui-meme et l'ordre des cahiers manuscrits.

Pour l'élaboration des notes historiques de ce volume, une collaboration très valide et tout à fait spéciale nous a été prêtée par le P. Jean Flan. Il a essayé de mettre en évidence les sources auxquelles d'habitude le p. Dehon puise, et surtout la façon de les utiliser.

Un grand merci à lui et à tous ceux qui ont prêté leur collaboration.

Andrea Tessarolo scj