I. Lecture du saint Evangile. (S. Jean, ch. XII, vers. 44-48).
44. Jésus autem clamavit et dixit; qui credit in me, non credit in me sed in eum qui misa me.
45. Et qui videt me, videt eum qui misit me.
46. Ego lux in mundum vent, ut omnis qui crédit in me in tenebris non maneat.
47. Et si quis audierit verba mea et non custodierit, ego non judico eum.
Non enim vent, ut judicem mundum sed ut salvificem mundum.
48. Qui spernit me et non accipit verba mea, habet gui judicet eum. Sermo quem locutus sum, ille judicabit eum in novissimo die.
44. Jésus s'écria et dit: Celui qui croit en moi, ne croit pas seulement en moi, mais en celui qui m'a envoyé.
45. Et celui qui me voit, voit Celui qui m'a envoyé.
46. Je suis venu pour être la lumière du monde, pour que tout homme qui croit en moi ne reste pas dans les ténèbres.
47. Celui qui écoute ma parole et ne l'observe pas, je ne le juge pas parce que je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. 48. Celui qui me méprise et n'accepte pas mes paroles, quelqu'un le jugera. Mes paroles même le jugeront au dernier jour.
II. Sommaire. - Dieu ne sépare pas notre salut de sa gloire. Ces deux objets sont en même temps l'objet de sa sollicitude et le but de ses œuvres, soit dans l'ordre naturel soit dans l'ordre surnaturel. Quelle haute idée les saints n'ont-ils pas eue de l'importance du salut!
Mais c'est une œuvre difficile pour nous. Beaucoup y échouent. Les saints eux-mêmes craignaient de ne pas y arriver.
Il est toujours urgent de nous y appliquer, car le jugement est proche, les habitudes s'enracinent, et la justice de Dieu réclame ses droits.
I. Lecture du saint Evangile.
II. Méditation. .
Le disciple. - Bon Maître, me voici à vos pieds; je vous adore et je vous aime. Dites-moi l'importance de mon salut pour lequel vous avez bravé l'humiliation et la mort, afin qu'à l'avenir je ne vous attriste plus en le négligeant.
Le Sauveur. - Mon Père et moi nous ne séparons pas votre salut de notre gloire. L'un et l'autre sont en même temps l'objet de notre sollicitude et le but de nos œuvres. Mon Père avait votre salut en vue lorsqu'il se détermina à créer le monde. C'est pour votre salut comme pour sa gloire qu'il dirige par sa Providence tous les événements du monde.
C'est votre salut que je considérais, avec l'amour de mon Père, quand j'ai prononcé mon Ecce venio. C'est pour votre salut que je suis venu sur la terre, comme vous le dites dans votre profession de foi:. «Propter nos et Propter salutem nostram descendit de coelis et incarnatus est» (Symb. Nic.). C'était ma préoccupation pendant toute ma vie mortelle. Ma vie, mes _ enseignements mes miracles, mes souffrances et ma mort ont ce but, en même temps que l'amour de mon Père.
J'en parlais fréquemment: «C'est pour cela, disais-je, que je suis venu. - Non veni ut Judicem mundum, sed ut salvificem» (Joan. 12). J'en indiquais les moyens: la foi, le baptême, la persévérance, la mortification. «Qui crediderit et baptizatus fuerit, hic salvus erit» (Marc. 16). - «Qui perseveraverit, hic salvus erit» (Matth. 10). - «Spatiosa est via quae ducit ad perditionem, et angusta quae ducit ad vitam» (Matth. 7). Je m'efforçais de vous inspirer la crainte de la perdition: «Timete eum qui potest animas perdere» (Matth. 10). - Quid prodest homini si universum mundum lucretur, animae vero suae detrimentum patiatur» (Matth. XVI). Que sert à l'homme de gagner tout l'univers s'il vient à perdre son âme.
Et quel était donc le but de mes trois années de prédication et de toutes mes courses à la recherche des pécheurs? Voyez-moi fatigué, assis au puits de Jacob: qu'est-ce que je cherche? le salut d'une âme.
Quels étaient mes désirs? Je vous l'ai dit: «Baptismo habeo baptizari. - Desiderio desideravi mand ucare hoc pascha». - Je désirais souffrir pour votre salut. C'est aussi Pour votre salut que j'ai fondé l'Eglise, que j'ai établi tout l'ordre surnaturel et que j'ai inventé les anéantissements de l'Eucharistie.
Les saints, tout pénétrés de mon esprit ont eu la plus haute idée de l'importance du salut. Comme mon Père et moi, ils avaient au cœur deux amours, celui de la gloire divine et celui du salut des âmes. Pour assurer leur salut, les martyrs ont méprisé les tourments et la mort; les solitaires ont tout quitté et se sont retirés au fond des déserts; les vierges ont foulé aux pieds les satisfactions des sens et ont imité sur terre la pureté des anges.
C'est l'importance du salut des âmes qui a produit l'apostolat et qui a suscité tant de généreuses vocations. C'est le «quid prodest homini…» qui a déterminé saint Ignace et saint François Xavier à quitter le monde pour travailler à leur salut et se dévouer au salut des âmes en même temps qu'à la gloire de Dieu.
Mais c'est une œuvre difficile. Les démons semblables à des serpents ou à des lions, usent de ruse et de violence pour s'y opposer. - La nature corrompue, les passions,votre lâcheté naturelle vous entraînent. - Le monde, ses maximes, ses coutumes vous séduisent. - Le respect humain vous arrête. - Un grand nombre, hélas! y échoue. Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Et quoique nous vous laissions dans le doute sur le sens précis de cette menace, vous pouvez suivre prudemment la majorité des théologiens qui vous disent qu'il y a plus de damnés que d'élus parmi les chrétiens baptisés.
Les saints eux-mêmes craignaient. Ils avaient lieu de craindre et j'entretenais dans leur cœur cette crainte salutaire.
Je montrais à François d'Assise, à l'Alverne, le ciel ouvert sur sa tête et l'enfer sous ses pieds; et son âme suspendue entre les deux avait à choisir. - Je fis voir à sainte Thérèse que son salut dépendait d'une attache naturelle à rompre.
L'apôtre saint Paul, saint Jérôme, saint Chrysostome vous disent leur crainte pour leur salut. Ils craignaient que la justice divine ne fut obligée de s'exercer aux dépens de sa miséricorde.
Il est toujours urgent de vous appliquer à votre salut. Si Loth eût tardé d'un jour à se rendre à l'avertissement de l'ange; il périssait à Sodome. Un retard dans le soin de votre salut met aussi votre âme en danger de se perdre.
D'ailleurs la mort peut vous surprendre. Les passions grandissent si on ne les réprime pas; les habitudes s'enracinent et l'endurcissement vient à la suite de l'abus des grâces.
Mon Père lui-même vous presse. Sa juste colère grandit et réclame ses droits. Il ne peut plus contenir son bras. Il vous avertit de ne plus ajouter à votre dette «Ne adjicias peccatum super peccatum» (Eccli). - Ne tardas converti ad Dominum, subito enim venit ira ejus (Eccli). Ceux qui habitent le sanctuaire seraient même frappés avant les autres par les exigences de la justice divine. «A sanctuario incipite» (Ezech.).
Vous avez enfin à redouter le terrible et mystérieux châtiment de la substitution des grâces. «Episcopatum ejus accipiat alter». Judas a perdu son rang. Saül a perdu son trône. David n'a pas construit le temple. Raboam a vu son royaume divisé.
Le salut est donc un devoir sacré pour vous. C'est l'accomplissement de la volonté de Dieu sur vous. C'est l'adaptation de votre vie au plan divin. Vous ne pouvez pas le négliger sans vous séparer de mon Père et de moi et sans vous exposer à rendre cette séparation éternelle.
C'est une affaire si importante et si urgente qu'il faut au besoin tout sacrifier pour elle. Je vous l'ai dit: «Si votre oeil vous scandalise, arrachez-le et jetez-le loin de vous» (Matth. XVIII). J'ai voulu dire par là qu'il ne faut pas hésiter devant les plus grands sacrifices pour sauver votre âme. Si donc votre salut exige le sacrifice des satisfactions de vos sens, des caprices de la curiosité, des susceptibilités de l'amour-propre, des intérêts temporels, des affections naturelles même, hésiteriez-vous? Ai-je hésité, moi, à souffrir et à mourir pour votre salut? Que pouvais-je faire de plus pour vous faire comprendre combien votre salut est important, combien je le désire, et à quel prix je l'estime?
Les paraboles du bon Pasteur et de la drachme perdue vous disent aussi avec quel empressement, avec quel zèle je cherche à procurer le salut du pécheur qui est représenté par la brebis et par la drachme perdue.
Eclairé par votre grâce, ô mon Dieu, je comprends mieux l'importance de mon salut. Je vois combien mon salut vous est cher. Comment vous exprimer ma reconnaissance pour le souci que vous en avez?
Je vous contenterai en donnant tous mes soins à cette affaire capitale. J'interrogerai souvent ma conscience pour voir où j'en suis par rapport au soin de mon salut.
I. Deus vult omnes homines salvos fieri. (I. Tim.).
II. Quid prodest homini si mundum universum lucretur, animae vero suae detrimentum patiatur? (S. Matth. XVI).
III. Venit Filius hominis quaerere et salvum facere quod perierat. (Luc. XIX).
I. Dieu voudrait sauver tous les hommes. (Ep. I à Tim.).
II. Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme. (S. Matth. XVI).
III. Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. (S. Luc. XIX).