I. Lecture du saint Evangile (Matth. XXVII).
15. Per diem autem solemnem consueverat Praeses populo dimittere unum vinctum quem voluissent.
16. Habebat autem tunc vinctum insignem qui dicebatur Barabbas.
17. Congregatis ergo illis dixit Pilatus: quem vultis dimittam vobis. Barabbam an Jesum qui dicitur Christus?…
20. Principes autem sacerdotum et seniores persuaserunt populis ut peterent Barabbam, Jesum vero perderent.
21. Respondens autem Praeses ait illis. quem vultis vobis de duobus dimitti? at illi dixerunt: Barabbam.
15. Aux jours de fête, le gouverneur avait coutume d'accorder au peuple la grâce d'un condamné.
16. Or, il y avait un prisonnier indigne, nommé Barabbas.
17. Pilate demanda donc au peuple assemblé: Qui voulez-vous que je vous délivre, Barabbas ou Jésus-Christ?. ..
20. Mais les princes des prêtres et les anciens conseillèrent au peuple de demander Barabbas et de sacrifier Jésus.
21. Le gouverneur leur dit: Qui voulez-vous que je délivre des deux? Ils répondirent: Barabbas.
II. Sommaire. - Le péché, de sa nature, est un outrage fait à Dieu qui ne méritait qu'adoration et amour. C'est la révolte d'un sujet, d'un ami, d'un fils. C'est la préférence donnée à Satan, aux passions. C'est une odieuse ingratitude. - Les suites terribles et nécessaires du péché, ce sont la haine et la malédiction de Dieu qui sont encourues; c'est la dégradation de l'âme, la perte de sa beauté et de ses mérites passés. - Le châtiment que la justice divine est obligée de lui imposer, on le peut apprécier dans Lucifer et ses anges, en Adam et dans la malédiction qui pèse sur sa race, dans l'enfer et au calvaire.
I. Lecture du saint Evangile.
II. Méditation.
Les disciple. - Seigneur, c'est un pécheur, que vous voyez prosterné devant vous, humble et confus, mais non découragé. Eclairez-moi, faites-moi comprendre combien le péché est haïssable et donnez-moi la grâce de ne plus vous offenser.
Le Sauveur. - Mon fils, je vous dirai ce qu'est le péché et quels en sont les conséquences et les châtiments,
C'est par amour pour vous que je voudrais vous éloigner de ce mal qui est le plus grand de tous et la source de tous les autres sur la terre. C'est d'abord un outrage fait à votre Dieu, à votre Créateur, à votre Sauveur, qui ne mérite qu'adoration et amour. Il n'est qu'amabilité et bonté et vous l'outragez.
Le péché, c'est la révolte d'un sujet contre son roi, et de quel sujet et de quel roi s'agit-il ici? d'un sujet qui doit tout au Roi des rois. C'est l'outrage d'un ami à son ami, d'un fils à son père. Et de quels amis, de quels fils, de quel père s'agit-il encore?
Et ces outrages insensés se commettent en présence même de Dieu et malgré ses menaces. Quelle audace et quelle déraison!
Le péché est encore un mépris de Dieu, de sa loi, de ses défenses, de ses justices et de sa bonté. Votre Dieu qui vous a tant aimés, vous le dédaignez pour écouter Satan.
Vous renouvelez les mépris dont les juifs m'ont accablé à Jérusalem, leurs dédains, leurs haussements d'épaules. Vous criez comme eux: Nous ne voulons pas Jésus, mais Barabbas. Nolumus Jesum sed Barabbam.
Le péché, c'est la plus noire ingratitude. Ecoutez votre Dieu qui vous dit: Popule meus, quidfeci tibi? (Mich. VI). Que t'ai-je fait? En quoi t'ai-je attristé pour que tu me traites ainsi? - Et encore: Filios enutrivi et exaltavi, et ipsi spreverunt me. J'ai élevé mes enfants avec bonté, ils ont grandi sous ma main, et ensuite ils m'ont méprisé (Is. I).
Mon Père se plaint maintes fois de votre ingratitude dans le prophète Jérémie: «Quel tort ai-je donc fait à vos pères, dit-il à son peuple, pour qu'ils se soient éloignés de moi? Ne les ai-je pas sauvés et comblés de biens? (II. 5). O cieux, étonnez-vous et pleurez sur la folie des hommes, qui me quittent, moi la source d'eaux vives, pour courir à des citernes vides. Obstupescite coeli super hoc, et portae ejus desolamini vehementer (II. 12). Je t'ai plantée avec soin, ô ma vigne bien-aimée, tu étais un plant de choix et te voilà changée en un cep sauvage» (II. 21).
Ce que vous appelez les Lamentations de Jérémie, ce n'est pas autre chose que les lamentations de mon Père sur votre ingratitude. Mon Père inspire à son prophète ses plaintes amères. Cette pauvre ville de Sion, ravagée, pillée, affamée, humiliée, c'est le tableau de l'âme en état de péché.
Dans Isaïe aussi, mon Père vous disait ses tristesses paternelles au sujet de votre ingratitude. Cette vigne choisie qu'il a plantée et cultivée avec soin, qu'il a entourée d'un mur et protégée par une tour, il attendait d'elle de bons fruits, elle en donne de sauvages. - Qu'aurais-je pu faire de plus pour elle? vous dit-il. - Quid est quod debui ultra facere vineae meae et non feci ei? - Et il ajoute: Ma vigne, c'est Israël, ce sont les âmes; j'attendais d'elles des actions justes et je ne vois qu'iniquité (Ch. V).
Quelles sont après cela les conséquences du péché? Mon Père est obligé de s'irriter contre vous; sa justice l'exige; et sa justice est nécessairement rigoureuse, terrible, infinie comme sa sainteté. - Vae cum recessero ab eis (Osée). Horrendum est incidere in manus Dei viventis (Heb. 10).
Ecoutez la justice divine parlant à Moïse: «Si tu constates le péché d'idolâtrie, frappe la ville et détruis-la entièrement, sans épargner même les animaux». - Si inveneris abominationem hanc (idolatriam) esse perpetratam, statini percuties habitatores urbis illius in ore gladii, et delebis eam et omnia quae in illa sunt usque ad pecora (Deut. 13).
Dieu vous efface alors de son livre de vie et oublie vos bonnes œuvres passées. - Qui peccaverit mihi, delebo eum de libro meo (Exod. 32).
- Si averterit se justes a justitia mea, omnes justitiae ejus quas fecerat, non recordabuntur (Ezech. 18).
Et quelle déchéance encourt votre âme, quand elle pèche! Les saints l'ont reconnu. Elle est, vous dit saint Cyprien, comme un champ ravagé par la grèle. Elle perd toute sa beauté. La puanteur du péché, vous dit saint Bernard, remplace le parfum des vertus. L'âme tombe des hauteurs dans l'abîme, du trône dans l'egoût, du paradis en enfer.
La pauvre âme pécheresse perd son Dieu, qui est son tout. Elle s'expose à l'endurcissement et à l'impénitence.
Quels sont enfin les châtiments que la justice divine est obligée d'infliger aux pécheurs?
Tout ce qui est peine et souffrance a été créé à l'occasion du péché et pour le punir. Mors, sanguis, contentio, oppressiones, fames et contritio et flagella super iniquos creata sunt (Eccl. 40. 9).
Rappelez-vous Lucifer et ses anges précipités dans l'abîme des enfers pour l'éternité, - l'enfer lui-même créé pour recevoir les démons et tous les damnés, - Adam, chassé du paradis terrestre et condamné avec toute sa race au labeur, à la souffrance et à la mort.
Rappelez-vous surtout ma passion et ma mort, ma longue et cruelle agonie de Gethsémani, la trahison de mon disciple, mes humiliations, mes souffrances, la flagellation et le couronnement d'épines, l'abandon de mes amis et de mon Père, le crucifiement. Voilà l'œuvre du péché. Ce sont vos péchés que je portais là (Is. 53). Mon Père a mis tous vos péchés sur mes épaules et il m'a frappé à cause de vous (ibid).
La justice divine est obligée de frapper l'homme tout entier, dans sa vie sociale, dans ses biens, dans sa race. - Si non audieris vocem Domini Dei tui, maledictus eris in civitate, maledictus in agro, malediciue reliquiae tuae (Deut. 28). - Il y a solidarité entre les membres d'une nation, d'une cité, d'une communauté. Le péché rend les peuples malheureux (Prov. 14). La puissance passe d'un peuple à un autre par suite du péché et de l'injustice (Eccl. 10). Tobie disait avec raison: Nous expions les péchés de la nation par l'invasion et la captivité.
Les nations coupables sont frappées dans leur prospérité. Rappelezvous les avertissements de ma Mère à la Salette. La vie même du pécheur est souvent abrégée et sa famille est frappée avec lui (Job. 15-13).
Fuyez donc le péché. Le Sage vous dit de le fuir comme on fuit le serpent (Eccli. 21). Fuyez-le dans votre intérêt. Fuyez-le, si vous m'aimez: l'ingratitude des pécheurs m'est si pénible! Je l'ai dit à ma servante Marguerite-Marie: L'ingratitude m'est plus sensible que tout ce que j'ai souffert dans ma passion.
Seigneur, que n'avez-vous pas fait pour gagner le cœur des hommes? Hélas! ils vous le refusent et vous en chassent.
O Cœur de mon Dieu, à qui seul appartient le pardon, pardonnez à ce pauvre cœur misérable, qui vous fait réparation. Exercez pour moi votre office de mediateur. Ne perdez pas le fruit de tant de peines et d'une mort si douloureuse, mais honorez-la par le salut des pécheurs.
- Quasi a facie colubri fuge peccatum. (Eccli). - Miseros facit populos peccatum. (Prov.).
- Popule meus, quid feci tibi aut in quo contristavi te, responde mihi. (Mich. ). Filios enutrivi et exaltavi, ipsi vero spreverunt me. (Is. I).
- Fuyez le péché comme le serpent. (Ecclésiastique). - Le péché rend les peuples malheureux. (Prov.).
- O mon peuple, que t'ai-fait? En quoi t'ai-je attristé? (Michée). - J'ai nourri et élevé mes fils, et eux m'ont méprisé. (Isaïe).