Cette méditation est proposée spécialement aux prêtres et aux religieux.
1. Lecture du saint Evangile (S. Luc, chap. X vers. 12-15).
12. Dico vobis quia Sodomis in die illa remissius erit quam illi civitati.
13. Vae tibi Corozain, vae tibi' Bethsaida; quia si in Tyro et Sidone factae fuissent virtutes, quae factae sunt in vobis, olim in cilicio et cinere sedentes poeniterent.
14. Verumtamen Tyro et Sidoni remissius erit in judicio quam vobis.
15. Et tu Capharnaum, usque ad coelum exaltata, usque ad infernum demergeris.
12. Je vous ai dit que Sodome obtiendra plutôt grâce au jugement que cette ville.
13. Malheur à toi, Corozaïn, et à toi, Bethsaïda, parce que si Tyr et Sidon avaient vu les miracles qui se sont faits chez vous, elles auraient fait pénitence sous le cilice et la cendre.
14. Tyr et Sidon auront un jugement plus favorable que vous.
15. Et toi, Capharnaüm, tu as été élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée jusqu'en enfer.
II. Préparation Ce péché est une révolte plus consciente et plus odieuse, une ingratitude plus noire. C'est un parricide. C'est une joie pour l'enfer. Il est difficilement pardonné. - Ses châtiments sont plus grands, ce sont les châtiments des faux prophètes. Ses conséquences sont plus terribles. Dieu est plus profondément irrité. - La déchéance du pécheur est plus grande. Le scandale est plus grave, et la perte de bien des âmes en peut résulter.
I. Lecture du saint Evangile.
II. Méditation.
Le disciple. - je vous adore, ô bon Maître. je sais que vous aimez vos prêtres d'un tendre amour, mais aussi je rends hommage à la rigueur de vos jugements sur les prêtres coupables. Je reconnais qu'un Dieu infiniment saint ne peut admettre au service de ses autels que des ministres saints et exempts de péché. Donnez-nous la grâce de participer à votre sainteté pour que nous puissions vous servir dignement.
Le Sauveur. - Mon fils, comme le péché d'un chrétien surpasse en malice celui d'un infidèle, celui d'un prêtre ou d'un religieux surpasse celui d'un simple fidèle.
C'est une révolte plus consciente et plus odieuse, une ingratitude plus noire. C'est la violation d'un engagement sacré: le prêtre, le religieux a renoncé au monde et a pris Dieu pour son partage. C'est la profanation de ce qu'il y a de plus saint sur la terre, le caractère sacerdotal. Je m'unis si étroitement à mes prêtres! J'en fais d'autres moi-même. Leur dignité les élève au-dessus des anges. S'ils pèchent, ils profanent tout cela, ils jettent leur diadème dans la fange.
Le prêtre a plus de lumière, plus de grâces. Il sait ce qu'il fait: «Sciunt quid faciunt». Il a étudié la loi de Dieu, il l'a cent fois méditée. Ses péchés sont des péchés de malice, des péchés contre le Saint-Esprit. «Omne peccatum ex malitia est contra Spiritum sanctum». (S. Th.).
Le prête a tant de grâces! Je l'en ai comblé en l'appelant au sacerdoce et chaque jour j'en mets de si abondantes à sa disposition!
Des fautes qui ne seraient que vénielles pour les fidèles sont surtout graves pour le prêtre: «Multa sunt laicis venialia, quae sunt clericis mortalia». (Innoc. III. Serm. I).
Les péchés des prêtres ressemblent à la révolte des mauvais anges. «Angelus Dei factus est, peccat in clero, peccat in coelo». (S. Bern.). Sainte Brigitte le comprit; n'a-t-elle pas dit: «Vidéo paganos et Judaeos in inferno, sed nullos vidéo deteriores quam sacerdotes: surit ipsi in eodem peccato quo cecidit Lucifer». Aussi les péchés des prêtres réjouissent particulièrement l'enfer.
Mais ce qui est la caractéristique du péché du prêtre, c'est l'ingratitude. Mon Père et moi nous aimons tant nos prêtres. Ce sont nos amis, nos enfants privilégiés. «Jam non dicam vos servos, sed amicos». Dans l'intimité, j'appelais mes apôtres: mes petits enfants, «filioli». (Joan. XIII. Marc. X). Le péché du prêtre est un parricide. C'est la trahison d'un ami. «Si inimicus meus mihi maledixisset, sustinuissem utique, tu vero, homo unanimis, dux meus et notus meus, tu qui mecum dulces capiebas cibos». (Ps. 54). Méditez toutes ces paroles, elles vous donnent la mesure de l'ingratitude du prêtre pécheur.
Aussi j'ai dû dire à ma servante Marguerite-Marie que les autres pécheurs frappent sur mes épaules, mais que ceux-ci blessent mon Cœur, qui n'a jamais cessé de les aimer cependant. Je lui ai montré à quel état de souffrance me réduisait mon peuple choisi, que j'avais cependant destiné à apaiser ma justice. Je me plaignais de leurs mauvais traitements et je l'invitais à verser des larmes sur l'insensibilité de ces cœurs que j'avais choisis pour les consacrer à mon amour, et à réparer par l'ardeur de sa charité les injures que je reçois de ces cœurs tièdes et lâches qui me déshonorent… L'ingratitude de ces cœurs m'est plus sensible que tout ce que j'ai souffert pour eux sur la croix.
Mon Père est obligé par sa justice de châtier plus sévèrement les péchés de ses prêtres. Ils doivent craindre leur endurcissement et la stérilité de leur ministère: «Ut videntes non videant, et audientes non intelligent» (Luc. VIII). Leur conversion sera plus difficile; leur punition plus grande. - «grandis dignitas sacerdotum, sedgrandis ruina eorum si peccant» (S. Jer). «Nullos video deteriores in inferno» (S. Brigitte).
«Et tu Capharnaum, usque ad coelum exaltata, usque in infernum demergeris». «Gehennatis poena paganorum est infinite minor quam poenae malorum christianorum…» (S. Jer.).
Mon Père le disait dans Ezéchiel, il est obligé de frapper d'abord les violateurs du sanctuaire: «Interficite… et a sanctuario incipite» (IV. 6). Et dans Isaïe: «In terra sanctorum inique gessit non videbit gloriam Domini» (Is. XXVI, 10).
Mon Père est obligé en face de ces ingrats de donner cours à sa colère divine. Ces péchés crient vengeance: «Vae cum recessero ab eis» (Osée). Dans Malachie, mon Père exprime ses anathèmes contre les prêtres prévaricateurs. «Je m'adresse à vous, leur dit-il, ô prêtres qui méprisez mon nom… Vous offrez sur mon autel un pain impur… Aussi mon affection n'est pas en vous, et je n'accueillerai pas les présents de votre main… Vous rendez mon culte digne de mépris… Si vous ne voulez pas m'écouter, si vous ne voulez pas appliquer votre cœur à mes paroles pour rendre gloire à mon nom, j'enverrai l'indigence parmi vous, la malédiction se répandra sur les biens dont je vous ai comblés… Je vous jetterai au visage les ordures de vos sacrifices et elles s'attacheront à vous».
«Et dispergam super vultum vestrum stercus solemnitatum vestrarum et assumet vos secum» (Malachie, 1. 6. 10. II. 1. 3).
N'ai-je pas dû moi-même exprimer à Marguerite-Marie ma juste colère contre les ingrats? «Si mon peuple choisi ne s'amende, lui disai je, je le châtierai avec sévérité. Je retirerai les justes, et j'immolerai les autres à ma juste colère qui s'animera contre eux». «Mon amour, lui disais-je encore, cédera enfin à ma juste colère pour châtier ces orgueilleux attachés à la terre, qui me méprisent et n'affectionnent que ce qui m'est contraire. Je les criblerai dans le crible de ma sainteté; je les environnerai de cette sainteté qui se met entre ma miséricorde et le pécheur, et ils mourront dans leur aveuglement». Et encore: «Laisse-moi faire, je ne puis plus supporter ces âmes». L'amour repoussé se change en haine violente. Un Dieu irrité, y pensez-vous?
Quelle déchéance aussi pour ces âmes! Quelle chute profonde! Les saints vous en avertissent. Saint Jérôme vous dit: «Laetemur ad ascensum, sed timeamus ad lapsum». Et saint Bernard: «Peccatum monachi est saltus de excelso in abyssum, de solio in cloacam, de paradiso in infernum». - «Ab altiori fit casus graaior». Enfin le péché du prêtre a des conséquences particulièrement graves. C'est le sel de la terre qui s'affadit. C'est une perte pour toute l'Eglise par suite de la solidarité des âmes. C'est un scandale désastreux si le péché est connu. C'est un déshonneur pour l'Eglise et la religion. Les méchants battent des mains, et l'Eglise recueille la honte et l'opprobre, si quelqu'un de ses ministres vient à méconnaître la sainteté de son état.
Le prêtre doit être saint comme son divin modèle. «Talis decebat ut nobis esset pontifex, sanctus, innocens, impollutus et segregatus a peccatoribus» (Hebr.). Celui qui vit auprès de l'autel doit être innocent et pur. «Lavabo inter innocentes manus meas, et circumdabo altare tuum, Domine».
Bon Maître, j'ai compris combien les fautes des âmes consacrées vous sont sensibles et combien elles blessent votre cœur qui ne mérite qu'affection et dévouement. Je déteste mes péchés. Je ferai mieux désormais mon amende honorable quotidienne et mes examens. Je combattrai mieux mon péché dominant par amour pour vous.
I. Et tu Capharnaum usque ad coelum exaltata, usque ad infernum demergeris (S. Luc. X).
II. Grandis dignitas secerdotum, sed grandis ruina si peccant (S. Jer.). III. Nullos vidéo deteriores in inferno (Ste Brig.).
IV. Si inimicus maledixisset mihi, sustinuissem utique, tu vero dux meus et notus meus (Ps. 54).
I. Et toi, Capharnaüm, tu as été élevée jusqu'au ciel, tu seras abaissée jusqu'en enfer (S. Luc.).
II. La dignité des prêtres est grande, mais quelle ruine s'ils commettent le péché! (S. Jer.).
III. Personne n'est plus bas en enfer (Ste Brig.).
IV. Si mon ennemi m'eût maudit, je l'aurais supporté, mais toi, mon officier et mon ami! (Ps.).
- Les autres frappent sur mes épaules, ceux-ci blessent mon Cœur (N. S. à Marg.-Marie).