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12ème Méditation. La mort met fin a l'épreuve de l'amour

Préparation pour la veille

I. Lecture du saint Evangile (S. Luc, chap. XII, 35-40).

35. Sint lumbi vestri praecincti et lucernae ardentes in manibus vestris.

36. Et vos similes hominibus expectantibus Dominum suum quando revertatur a nuptiis: ut cum venerit et pulsaverit confestim aperiant ei.

37. Beati servi illi, quos cum venerit Dominus invenerit vigilantes: amen dico vobis, quod praecinget se et faciet illos discumbere, et transiens ministrabit illis.

38. Et si venerit in secunda vigilia et si in tertia vigilia venerit, et ita invenerit, beati sunt servi illi.

39. Hoc autem scitote quoniam si sciret paterfamilias qua hora fur veniret, vigi­laret et non sineret perfodi domum suam.

40. Et vos estote parati quia qua hora non putatis, filius hominis veniet.

35. Ayez vos ceintures aux reins et des lanternes allumées à la main.

36. Soyez comme des hommes qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir aussitôt qu'il frappera.

37. Bienheureux les serviteurs que le maître trouvera vigilants. Il se ceindra, les fera asseoir et les servira.

38. S'il vient à la seconde veille ou à la troisième et les trouve vigi­lants, ils sont heureux.

39. Sachez aussi que si le père de famille savait à quelle heure le vo­leur viendra, il veillerait et ne laisserait pas commettre l'effraction.

40. Pour vous, soyez prêts, parce que vous ne savez pas à quelle heure le Fils de l'homme viendra.

II. Préparation. - La mort est un docteur éloquent. Sa première loi est l'universalité. Elle atteint tous les hommes. C'est un fait d'expérience. C'est le verdict de la justice divine. Sa seconde loi est l'incertitude de l'heure, du lieu, des circonstances. C'est encore un fait d'expérience. El­le vient comme un voleur.

Ses effets principaux sont le dépouillement de toutes choses et l'aban­don du corps à la pâture des vers. Et après la mort, c'est le jugement. Mettons notre assurance dans le Sacré-Cœur, en le servant pendant no­tre vie.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Méditation.

Le disciple. - O mon bon Maître, donnez-moi la crainte salutaire de la mort: Confige timore tuo carnes meas. J'oublie trop l'instabilité et la briève­té de la vie et je m'attache à la terré: rappelez-moi le terme prochain de ma vie.

I. Personne n’échappe à la mort

Le Sauveur. - Sit mors pro doctore. La mort est certainement un docteur éloquent, comme vous le dit saint Augustin. Rappelez-vous ses lois et d'abord son universalité. Tous les enfants d'Adam doivent mourir. C'est la loi portée par mon Père: Statutum est hominibus semel mori. (Heb. 9). Pulvis es et in pulverem reverteris (Gen. 3). Tout dans la nature annonce cette mort. Il n'y a rien de stable. Les jours et les années s'écoulent, les saisons se succèdent. Les plantes et les animaux meurent sous vos yeux. La vie n'est qu'une mort qui se prolonge. C'est un fait d'expérience. C'est l'histoire de l'humanité. Abel a commencé: Abel immaturae mortis primitiae, comme vous dit saint Grégoire de Nysse. Adam et les patriar­ches ont suivi. Adam a veçu de longues années et il est mort. Seth a veçu et il est mort. Enos a veçu et il est mort. Mathusalem a vécu et il est mort: Et mortuus est. C'est la conclusion de l'histoire de chacun des hom­mes. Personne n'est excepté, personne n'en a même l'espérance: Nemo es qui semper vivat et qui ejus rei fiduciam habeat (Eccl. IX). Les hommes vont à la mort comme les fleuves vont à l'Océan: Omnes morimur, quasi aquae dila­bimur (Reg. 14). Les flots succèdent aux flots. Les morts dont les osse­ments sont enterrés dans les ossuaires ou dans les cimetières vous disent: Voyez ce que nous sommes devenus, votre tour viendra: Memor esto judi­cii mei, sic erit et tecum: mihi heri et tibi hodie (Eccli 3, 35).

C'est le terme, il faut y arriver: Ibit homo in domum aeternitatis suae (Ec­cli 12).

La mort frappe des millions d'hommes chaque année. Si la natalité cessait, la terre serait bientôt dépeuplée. C'est l'équivalent d'une grande ville par jour, d'une grande nation par an qui disparaît de la terre. Et la cause de cette ruine inévitable, c'est le péché: Stipendia autem peccati mors (Rom. VI). Le verdict a été prononcé par mon Père au paradis terrestre: Quia comedisti de ligno… in sudore vultus tut vesceris pane, donec revertaris in ter­ram de qua sumptus es (Gen. III).

II. Son heure est incertaine

Mais si la mort est certaine, les circonstances en sont absolument incer­taines et inconnues d'avance. Le jour et le lieu n'en sont pas déterminés. Mon Père s'en est réservé le choix. Il est le souverain maître de la vie et de la mort: Tu es, Domine, qui vitae et mortis habes potestatem (Sap. XVI, 13). Lui seul en fixe les conditions: Deus mortificat et vivificat (Reg. II, 6).

A l'exception du fait lui-même, dont la certitude s'impose, tout dans la mort est incertain: Omnia in futurum servantur incerta (Eccli IX, 2). Elle vient comme un maître qui surprend ses serviteurs au retour d'un voya­ge: Vigilate, nescitis enim quando Dominus domus veniat : sero, an media nocte, an galli cantu, an mane (Marc. XIII, 35). La mort est suspendue sur votre tête comme une continuelle menace. Elle a reçu de Dieu le pouvoir de frap­per, elle n'annonce pas ses coups: Et equus pallidus et qui sedebat super eum, nomen illi mors, et infernus sequebatur eum, et data est illi potestas super quatuor partes terme, interficere gladio, fame et morte, et bestiis terme (Apoc VI, 8). Par­fois elle se contente de victoires partielles et successives; elle vous conduit à l'épuisement par la maladie. Ce sont comme des coups d'essai de la mort et des morts partielles. Parfois elle frappe un seul coup décisif et imprévu.

Son heure n'est jamais éloignée. Memor esto quia mors non tardat (Eccli). Un pas seulement vous en sépare: Uno tantum gradu ego et mors dividimur (1 Reg). Les hommes sont pris par la mort comme le poisson est pris à l'hameçon et l'oiseau au filet: Nescit homo finem suum: sed sicut pisces capiun­tur hamo et sicut aces laqueo comprehenduntur, sic capiuntur hommes (Eccli IX, 12).

La vie n'est jamais longue. Elle passe comme une ombre. Umbrae enim transitus est tempus nostrum (Sap. 2).

Les péchés hâtent la mort et l'aiguillonnent: Stimulus mortis peccatum (1 Cor).

En somme je viens comme un voleur: Dies Domini sicut fur in nocte, ita veniet (1 Thess.). C'est le péché qui m'oblige à cette rigueur. Mais je vous en préviens et je vous avertis d'être toujours prêts, et ceci est le fruit de mon amour pour vous.

III. Ses effets

Pour apprécier sainement les choses, contemplez encore les effets de la mort. C'est d'abord le dépouillement de toutes choses: Dives cum interierit non sumet omnia (Ps. 114). Si le riche ouvrait les yeux dans son cercueil, il ne retrouverait rien de ses richesses: Dives cum dormierit, nihil secum auferet. Aperit oculos suos et nihil inveniet (Job. 27). Job vous a dépeint avec insistan­ce ce dépouillement: Nudus egressus sum de utero matris mette et nudus revertar illuc (Job. 1, 21). Le riche semblable au glouton qui a dévoré trop d'ali­ments vomit toutes ses richesses avant de desendre dans la nudité du tombeau. Divitias quas devoravit, evomet (Job. 20). Et solum mihi superest sepulcrum (Job. 17). Le corps devient la proie des vers: Subter te sternetur tinea et vestimentum tuum erunt vermes. Le lit de ce corps, ce sont les vers; ses vête­ments encore les vers. Il y a pour cela égalité parfaite entre le riche et le pauvre: Iste moritur robustus et sanus, dives et felix, alius vero moritur in amaritu­dine animae absque ullis opibus; et tamen simul in pulvere dormiert et vermes ope­rient eos (Job. XXI). L'âme va au jugement de Dieu et les biens sont la proie des héritiers. Dès lors, l'épreuve du temps est passée: Tempus non erit amplius (Apoc. 10). Il n'y a plus de temps pour mériter la miséricorde divine par l'amour de Dieu et son service. Il n'y a plus de temps pour ga­gner la couronne du ciel ou pour l'enrichir et se préparer une union plus grande avec Dieu dans l'éternité. Convertissez-vous donc, aimez votre Dieu et pratiquez la vertu pendant que vous en avez le temps: Ergo dum temps habemus, operemur bonum (Ad. Gal. VI). Telle est la mort dans ses lois et dans ses effets. Celui-là ne les redoute pas qui a aimé et servi mon Cœur sacré pendant sa vie. Je suis son asile à l'agonie, son refuge à l'heure de la mort. Je l'ai promis pour tous ceux qui honoreront mon Cœur et particulièrement pour ceux qui feront dignement la sainte com­munion les premiers vendredis du mois.

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

O mon Sauveur, ne me laissez pas périr de la mort des pécheurs. Soyez mon asile assuré contre les embûches de l'ennemi à l'heure de ma mort. Mettez mon salut en assurance. Mais je comprends que je dois mériter ces faveurs en travaillant au règne de votre Cœur sacré et en vi­vant dans votre amour et dans la soumission à votre volonté.

BOUQUET SPIRITUEL

- Pulvis es et in pulverem reverteris (Gen.).

- Adveniet autem dies Domini ut fur (II Pet.).

- Dives cum dormierit nihil secum auferet (Job).

- Dum temps habemus, operemur bonum (Ad. Gal.).

- Vous êtes né de la poussière et vous retournerez en poussière (Gen.).

- Le jour du Seigneur viendra comme un voleur (Ep. de S. Pierre).

- Le riche n'emporte rien à sa mort (Job).

- Faisons le bien pendant que nous avons le temps (Ep. aux Galates).