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17ème Méditation. La grâce est le don de l'amour

Préparation pour la veille

I. Lecture du saint Evangile (S. Jean, chap. IV, 10-15).

10. Respondit Jésus et dixit ei: si scires donum Dei et qui s est qui dixit tibi: da mihi bibere tu forsitan paisses ab eo et dedisset tibi tiquant vivant.

11. Dixit ei mulier: Domine, neque in quo haurias habes et puteus altus est: unde ergo habes aquam vivant?

12. Numquid tu major es patre nostro Jacob, qui dedit nobis puteum, et ipse ex eo bibit et filii éjus et pecora ejus?

13. Respondit Jésus et dixit et: omnis qui bibit ex aqua quant ego dabo et, non sitiet in aeternum.

14. Sed tiqua quam ego dabo ei, fiet in eo fons aquae salientis in vitam aeternam. 15. Dixit ad eum mulier: Domine, da mihi hanc aquam, ut non sitiam neque ve­niam huc haurire.

10. Jésus répondit et lui dit: Si vous saviez le don de Dieu et qui est celui qui vous dit: donnez-moi à boire, vous lui demanderiez sans doute de vous donner de l'eau vive.

11. Cette femme lui dit: Seigneur, vous n'avez rien pour puiser et le puits est profond, d'où avez-vous donc de l'eau vive?

12. Etes-vous plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits et en a bu, lui, ses fils et ses troupeaux?

13. Jésus répondit et lui dit: Ceux qui boivent de cette eau auront en­core soif: mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus ja­mais soif.

14. Mais l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissante pour la vie éternelle.

15. Cette femme lui dit: Seigneur, donnez-moi de cette eau pour que je n'aie plus soif et que je ne vienne plus puiser ici.

II. Sommaire. - Nous adorerons Dieu répandant ses grâces, dont la source est le Cœur de Jésus, sur tous les hommes et surtout sur les en­fants de l'Eglise.

Nous comprendrons l'excellence de la grâce en considérant son princi­pe, - sa nature, ses effets. Nous nous humilierons de l'avoir méconnue et négligée jusqu'à présent.

Méditation

I. Lecture du saint Evangile.

II. Méditation.

Le fidèle. - O mon Dieu j'adore la magnificence et la bonté avec le­squelles vous prodiguez aux âmes le don précieux de la grâce. je vous en bénis et vous remercie. Je reconnais que la grâce la meilleure est celle de votre amour, c'est celle-là que je vous demande avant tout.

I. Dieu donne ses grâces avec abondance

Le Sauveur. - Oui mon fils, j'aime à distribuer mes grâces avec ma­gnificence. La pluie qui tombe du ciel pour inonder et féconder la terre ne représente qu'imparfaitement la multitude des grâces par lesquelles, avec mon Père et le Saint-Esprit, nous ne cessons de vous attirer à nous et de vous exciter à la charité et à toute bonne œuvre. Nous donnons ces grâces à tous les hommes. Les infidèles eux-mêmes en reçoivent quel­ques rayons. Mais c'est surtout aux enfants de l'Eglise que nous les pro­diguons. C'est pour eux plus particulièrement qu'a coulé le sang de mon Cœur. La grâce leur est offerte dès le début de la vie, et jusqu'à la mort elle ne cesse d'exercer sur eux sa divine action. Partout elle les suit, elle les presse, elle les assiège pour ainsi dire et revêt toutes les formes pour prendre possession de leur âme et y allumer le feu de l'amour.

Par combien de canaux ce don divin ne vous est-il pas communiqué? Vous avez surtout les sacrements, sources toujours ouvertes par lesquelles la grâce coule à flots dans l'église. Vous avez les exercices de piété de chaque jour, les fêtes et cérémonies de l'Eglise, les livres spirituels, les prédications, les bons exemples. Vous avez même les épreuves qui se rencontrent dans la vie et qui vous excitent à revenir à votre Dieu.

Et combien de fois la grâce ne parle-t-elle pas directement à votre cœur!

Tantôt c'est une lumière qui vous éclaire, tantôt c'est un mouvement pieux qui vous touche, un attrait puissant qui vous porte à l'amour de Dieu, un dégoût subit des vanités qui vous captivaient.

Il y a les grâces ordinaires, dont l'action est pour ainsi dire incessante, et les grâces extraordinaires, qui vous sont ménagées de temps en temps: une retraite, une ordination, un anniversaire, une solennité qui parle plus fortement à votre cœur.

C'est ainsi, comme dit David, que la miséricorde de Dieu vous ac­compagne à tous les moments de votre vie: Misericordia tua subsequetur me omnibus diebus vitae meae (Ps. XXII 6).

Exprimez donc votre reconnaissance et votre amour pour tant de bienfaits. Mais aussi humiliez-vous en considérant le peu d'estime que vous avez fait de la grâce jusqu'à présent et le peu de fruit que vous en avez retiré; demandez un secours plus abondant, et promettez une coo­pération plus fidèle pour qu'il n'en soit pas de même à l'avenir.

II. Excellence de la grâce dans son principe

Considérez aussi l'excellence de la grâce divine dans son principe. Pour vous la procurer il a fallu le concours des trois personnes de la sainte Tri­nité.

Le concours de mon Père, qui, vous ayant de toute éternité prédestinés à la vie surnaturelle, vous a également préparé la grâce qui devait vous initier à cette vie et la développer dans vos âmes. Dans sa miséricordieu­se bonté, et poussé par son amour, il ne s'est pas contenté de sortir de son repos pour vous tirer du néant; par une seconde création plus admi­rable que la première et en vue des mérites de mon Cœur sacré, il vous a associés à ma propre vie, pour vous faire pratiquer en moi des œuvres de sainteté: creati in Christo Jesu in operibus bonis (ad Eph. II). Mais en vous assignant une fin si sublime, il vous a en même temps préparé par son décret éternel, les grâces qui vous seraient nécessaires pour l'atteindre.

Mon concours personnel. Ce n'était pas assez que la grâce vous fut desti­née par mon Père, il fallait que je vous la méritasse par mes souffrances et par ma mort et c'est là surtout ce qui en établit l'excellence. Pour vous donner les biens de la nature, il a suffi à la sainte Trinité d'une parole: Dixit et facta sunt (Ps. 148-5). Mais pour vous procurer les bienfaits de la grâce, j'ai dû m'humilier jusqu'à revêtir l'humanité, et, dans l'humani­té que je me suis associée, souffrir, donner mon sang et mourir pour vous. La moindre des grâces est le prix de mon sang.

C'est comme mon sang lui-même, dont une goutte tombe alors sur une âme pour la guérir, la fortifier et la sanctifier.

Mon côté ouvert a été le signe de l'effusion, des grâces. Comme je le disais à ma servante Marguerite-Marie: «C'est là un abîme sans fond, creusé par une flèche sans mesure, celle de l'amour. L'âme y rencontre la source des eaux vives pour se purifier et recevoir la vie de la grâce que le péché lui avait ôtée. Le cœur y trouve une fournaise d'amour qui ne le laisse plus vivre que d'une vie d'amour (Sa Vie. II. 83).

Enfin le concours du Saint-Esprit.

Il fait l'application de la grâce, décrétée par le Père et méritée par le Verbe incarné, par les vertus et les souffrances de mon Cœur. C'est lui qui, descendu sur l'Eglise au jour de la Pentecôte, ne cesse de la vivifier par son action. Il s'est révélé sous l'image du feu, pour vous montrer que c'est lui qui éclaire, qui échauffe et qui purifie. Pour faire pénétrer la grâce dans les âmes, il emploie des agents visibles sous lesquels il se ca­che: comme les sacrements, les objets bénits par l' Eglise, la parole des prédicateurs, le ministère des pasteurs. Mais ce ne sont là que des instru­ments impuissants par eux-mêmes et qui n'ont de vertu que celle qu'il leur communique.

III. Excellence de la grâce dans sa nature, dans ses effets

La grâce n'est pas moins merveilleuse dans sa nature intime que dans son principe. C'est une participation de la nature et de la vie divines. Maxima et Pretiosa vobis donavit Deus ut per haec efficiamini divinae consortes na­turae (2 Pet. 2-4). La grâce inhérente à la nature humaine l'élève tout en­tière à une beauté et à une dignité toutes divines.1)

De cette grâce, comme d'une source, jaillissent les vertus qui donnent aux facultés de l'âme et même aux sens des qualités nouvelles et toutes surnaturelles.

L'âme participant à la nature divine, a des aspirations divines, fait des œuvres divines. Les vertus sont tout à la fois des souplesses et des éner­gies, des docilités et des forces qui rendent l'âme plus passive sous la main de Dieu et plus active à le servir et à faire ses œuvres par des actes semblables à ceux de Dieu lui-même. La charité est la plus belle de ces vertus. Les dons et les fruits du Saint-Esprit viennent avec les béatitudes couronner cet admirable ensemble de libéralités divines. Tout est, par là, divinisé, la nature et les principes d'action. Cette grâce inhérente à la nature humaine est une image très parfaite de la divinité. Elle grave dans l'âme une empreinte de Dieu. Elle l'embaume d'un parfum divin: bo­nus odor Christi Jesu (2 Cor. 2. 17). Elle rend votre cœur ressemblant au mien.

Aussi la grâce n'est pas moins admirable dans ses effets que dans son principe et dans sa nature. Sans son concours vous ne pouvez accomplir aucune œuvre surnaturelle, bien plus, même dans l'ordre de la nature, vous ne pouvez que bien peu de chose comme vertus par vos propres for­ces. Mais avec la grâce tout devient possible. Elle fortifie votre volonté et vous rend capables de tout, comme dit l'apôtre: Omnia possum in eo qui me confortat (Phil. 4. 13). Elle vous fait surmonter les tentations les plus vio­lentes, vous rend faciles les plus grands sacrifices et vous donne même la force d'accomplir des actes héroïques de sainteté.

Elle a manifesté dans les saints sa toute puissante efficacité. C'est par la grâce de Dieu que saint Paul est ce qu'il est: Il a travaillé à la gloire de Dieu, ou plutôt, dit-il, la grâce de Dieu a travaillé en lui: gratia Dei sum id quod sum, et gracia ejus in me vacua non fuit; sed abundantius illis omnibus lobora­vi: non autem ego, sed gratia Dei mecum (I. Cor. 15. 10).

La grâce fait véritablement les Saints. Elle a soutenu les martyrs dans leurs combats. Elle a inspiré le zèle ardent des hommes apostoliques. El­le a été le principe de la pureté des vierges, du renoncement des anacho­rètes, de toutes les vertus pratiquées, soit dans le cloître, soit dans le monde.

Otez la grâce et toute la vie surnaturelle qui s'est manifestée dans l'Eglise disparaît. Mais il y faut une grande fidélité. Je disais à Marguerite-Marie: «Pour parler librement à une âme, je demande qu'elle ait un entendement sans curiosité, un esprit saris jugement pro­pre, un cœur sans autres mouvements que ceux de mon amour» (Sa vie, II.1. 81).

Enfin l'excellence de la grâce se révèle encore par la grandeur du ter­me où elle vous conduit. Elle est une semence de gloire, une semence d'immortalité. A l'aide du concours que vous donnez à son action, la vie divine se développe dans votre âme et la pénètre. Votre âme se purifie, se perfectionne, se divinise et entre dans un état supérieur qui se tran­sformera au dernier jour en la gloire véritable.

Quel cas ne devez-vous donc pas faire d'un pareil trésor? de diamants et de perles semées ainsi sur votre route?

AFFECTIONS ET RESOLUTIONS

Que vous êtes bon et généreux ô mon Dieu! Je ne l'ai point, hélas! as­sez compris jusqu'à présent. J'ai reçu vos grâces sans reconnaissance et sans profit. Pardonnez-le-moi.

Donnez-moi votre grâce, ô divin Cœur de Jésus, sans elle je ne puis pas vous aimer comme vous le méritez.

J'y serai désormais plus fidèle et plus attentif. Je me remettrai souvent en votre sainte présence.

Je vous remercierai chaque jour avec amour.

BOUQUET SPIRITUEL

I. Si scires donum Dei (S. Joan. IV).

II. Domine, da mihi bibere aquam vivam (S. Joan. IV).

III. Maxima et pretiosa vobis donavit Deus ut per haec efficiamini divinae con­sortes naturae (2. Pet. 1. 4).

I. Si vous connaissiez le don de Dieu! (S. Joan. IV).

II. Seigneur, donnez-moi à boire de cette eau vive, (id.).

III. Dieu vous a donné les dons les plus précieux jusqu'à vous faire participants de la nature divine (2. Pet. 1. 2).

1)
Divina qualitas animae inhaerens, cui additur virtutum comitatus (Catéch. Rom.).