1. Lecture du saint Evangile (S. Matth. chap. XIX, 16-23).
16. Et ecce unus accedens, ait illi: Magister boue, quid boni faciam ut habeam vitam aeternam?
17. Qui dixit ei: quid me interrogas de bono? Unus est bonus, Deus. Si auteur vis ad vitam ingredi, serva mandata.
18. Dicit illi: quae?Jésus autem dixit: Non homicidium facies: Non adulterabis. non facies furtum: Non falsum testimonium dices.
19. Honora patrem tuum et matrem tuam, et diliges proximum tuum sicut teipsum.
20. Dicit illi adolescens: Omnia haec custodivi a juventute mea, quid adhuc mihi deest?
21. Ait illi Jésus: Si vis perfectus esse, vade, vende quae habes, et da pauperibus, et habebis thesaurum in coelo, et veni, sequere me.
22. Cum audisset auteur adolescens verbum, abiit tristis: erat enim habens multas possessiones.
23. Jésus autem dixit discipulis suis. Amen dico vobis, quia dives difficile intrabit in regno coelorum.
16. Un jeune homme s'approchant dit à Jésus: Bon Maître, quel bien dois-je pratiquer pour avoir la vie éternelle?
17. Jésus lui dit: Pourquoi m'interrogez-vous sur ce qui est bon? Dieu seul est bon (et ce qu'il commande). Si vous voulez avoir accès à la vie (éternelle) observez les commandements.
18. Celui-ci demanda: Lesquels? Jésus lui dit: Vous éviterez l'adultère, le vol, le faux témoignage.
19. Vous honorerez votre père et votre mère et vous aimerez votre prochain comme vous-même.
20. Le jeune homme reprit: J'ai observé tout cela depuis mon enfance, que me reste-t-il à faire?
21. Alors Jésus lui dit: Si vous voulez être parfait, allez vendez ce que vous avez, donnez-le aux pauvres et vous aurez votre trésor au ciel; puis venez et suivez-moi.
22. Le jeune homme entendant cela s'en alla tristement, car il avait de grandes propriétés.
23. Et Jésus dit à ses disciples: Je vous le dis en vérité: un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.
II. Sommaire. - Notre-Seigneur nous dit ce qu'il disait à ce jeune homme qui l'interrogeait sur les bords du Jourdain: gardez au moins les commandements: c'est la justice, c'est l'ordre, c'est le salut.
Et si nous lui répondons que nous faisons déjà cela et que nous voudrions faire plus, il nous dira: Alors, embrassez les conseils de perfection: la pauvreté volontaire, la chasteté, l'obéissance. Vous serez alors comme les anges de Dieu sur la terre. Vos âmes seront comme mes épouses. Elles seront particulièrement chères à mon Cœur. Vous trouverez dans cette voie une joie profonde et une sécurité merveilleuse. Vous recevrez le centuple de vos sacrifices.
Dieu cherche des âmes qui réparent sa gloire outragée par l'abus que tant de pécheurs font d'eux-mêmes et des créatures. Vous contribuerez au salut de beaucoup d'âmes en payant leurs dettes à la justice divine.
I. Lecture du saint Evangile.
II. Méditation.
Le disciple. - Bon Maître, moi aussi je viens à vous comme le jeune homme de l'Evangile, attiré par les amabilités de votre Cœur. Vous êtes la vérité, la voie et la vie, dites-moi ce que je dois faire de bon pour faire mon salut et pour répondre à vos desseins sur moi.
Le Sauveur. - Mon fils, il y a deux voies, celle des préceptes et celle des conseils. La première est un minimum que je demande à tous. Vous connaissez les préceptes, ils sont résumés au décalogue. Ce sont les grands devoirs de respect, de justice et de charité envers Dieu, envers votre prochain, envers vous-même. C'est la condition de tout ordre et de toute justice. En dehors de là, il ne peut pas y avoir de salut pour vos âmes. L'Eglise y a ajouté ses commandements, en vertu du pouvoir que je lui avais donné.
Tout manquement grave aux préceptes du décalogue ou aux commandements de l'Eglise entraîne la perte d'une âme, s'il n'est pas réparé par la pénitence.
Beaucoup d'âmes s'appliquent uniquement à observer les préceptes et les commandements pour remplir leur plus strict devoir envers Dieu et pour éviter l'enfer.
Ces âmes ne déplaisent pas à mon Cœur, elles lui sont agréables. Elles accomplissent tout ce que je réclame. Elles sont sur le chemin du salut.
Ces âmes sont mes amies dans une certaine mesure. Elles n'accomplissent pas les commandements par une crainte servile ou par un intérêt égoïste. Elles m'aiment aussi, puisque c'est le premier des commandements, et elles me prouvent leur amour en accomplissant tout ce que j'exige. Qui non diligit me, sermones meos non servat (Joan, XXIV).
Aux âmes généreuses, je propose davantage. Je leur montre une voie plus élevée qu'elles peuvent suivre, à laquelle elles peuvent même se vouer par des engagements particuliers. C'est la voie des conseils.
Ces âmes se dégagent autant qu'il est possible des choses de la terre et se rapprochent de la vie des anges. La voie qu'elles embrassent est plus élevée et plus sûre que la voie commune. Ces âmes me sont particulièrement agréables. Elles me dédommagent par leur générosité de tant d'infidélités qui se commettent dans le monde. Par la chasteté et le détachement des choses de la terre, ces âmes se rendent semblables aux anges.
Elles deviennent mes épouses. A la vérité, toutes les âmes chrétiennes sont mes épouses, mais particulièrement celles qui gardent la virginité. Je l'ai bien marqué dans la parabole des vierges. Je veux être appelé leur époux. - Exierunt obviam sponso…, introierunt cum eo ad nuptias.
Méditez toutes les conséquences de ce choix. Ces âmes sont chères à mon Cœur. Elles me sont particulièrement familières déjà sur la terre, comme elles le seront au ciel: Sequuntur agnum quocumque ierit (Apoc. 14). Ce sont pour moi des, fleurs choisies et les prémices de la terre: Dilectus pascitur inter lilia (Cant.).
Elles ont droit aux épanchements de ma tendresse et à mes grâces de choix. Elles trouvent dans cette voie mille avantages et particulièrement la joie et la sécurité dans la vie présente et une grande facilité pour tendre à la perfection.
Cette vie diffère du monde comme le champ fertile du désert. (Is. 35).
Dans le monde règnent le respect humain, les mauvais exemples, les occasions dangereuses, les sollicitudes absorbantes. Le monde est livré tout entier à la convoitise, au plaisir et à l'ambition. Dans le monde, on fait sa volonté propre plutôt que celle de Dieu.
Dans le monde, on n'est pas averti de ses chutes, on ne rencontre pas d'obstacles à faire le mal, on ne trouve pas facilement de conseils et de direction. L'âme qui se donne à son Dieu dans la pratique des conseils est protégée comme une ville fortifiée. Elle est aidée par la règle, par les exercices quotidiens, par les exemples, par les avertissements qu'elle reçoit. Elle ne fait pas sa volonté propre, mais celle de Dieu marquée par l'obéissance.
Elle a, il est vrai, des sacrifices à faire, mais ces sacrifices lui sont chers, parce qu'elle en connaît les merveilleux effets. Elle pratique l'abnégation, la pauvreté, l'obéissance, la chasteté. Mais elle sait qu'elle rachète par là toutes ses fautes. Ces sacrifices sont la rançon des abus qu'elle a pu faire de sa volonté propre, de ses sens, de ses biens, de son cœur.
Par ces sacrifices, l'âme religieuse exerce un sacerdoce. Le monde est tout entier livré à l'orgueil, à la convoitise, à la concupiscence. Entre la vie sensuelle et coupable du monde et la justice de Dieu, il faut des intercesseurs, il faut des sacrifices réparateurs.
Mon Père cherche ces âmes qui s'interposent comme une muraille pour arrêter les foudres de sa justice (Ezech. 22, 30).
Dans ma passion, je cherchais des consolateurs, je cherchais des âmes qui voulussent partager ma douleur et je n'en trouvais guère (Ps. 68). Mais je les trouve maintenant, et ces âmes généreuses sont celles qui se font réparatrices en embrassant les conseils de perfection. Saint Benoît, saint Bernard, saint François, saint Dominique, saint Ignace, sainte Claire, sainte Thérèse et tant d'autres sont mes amis et ils m'ont donné dans leurs familles religieuses, des amis innombrables.
Ce sont là mes consolateurs et les amis de mon Cœur, mais ils sont aussi le sel de la terre. Par leurs exemples, par leur intercession et surtout par leurs sacrifices, ils ont sauvé des millions d'âmes et ils ont souvent arrêté les coups de la justice divine.
Quelle noble carrière! et comme elle est enviable!
Je ne me laisse pas vaincre en générosité par les âmes qui se donnent ainsi à moi. Saint Pierre le savait très bien quand il disait: «Voici que nous avons tout quitté pour vous, quelle sera notre récompense?». Je lui ai promis un trône au ciel. Mais je récompense déjà sur la terre les sacrifices qui sont faits par amour pour moi. Je donne le centuple, c'est-à-dire des biens spirituels, une paix, une joie, une consolation surnaturelle qui surpassent toutes les jouissances mondaines.
Montrez-vous donc généreux et voyez dans quelle mesure vous embrasserez les conseils de perfection.
Si votre carrière est déjà déterminée et si vous êtes fixé dans le monde, vous pouvez encore prendre l'esprit de ces conseils et en adopter certaines pratiques, comme ont fait les saint Louis, les sainte Elisabeth, les saint Henri et tant d'autres.
Consultez mes représentants, vos pieux directeurs, et selon leurs avis, suivez-moi dans l'abnégation et le détachement dont mon Cœur a fait sa loi.
Si vous êtes libre, faites mieux encore, et donnez-vous entièrement.
Oui, bon Maître, je sais que votre joug est doux et votre fardeau léger. J'ai souvent goûté combien vous êtes aimable et bon. Je veux vous suivre et marcher sur vos traces. Je veux gagner l'amitié de votre Cœur. J'embrasserai et j'aimerai l'abnégation de moi-même et le détachement des créatures. Je renouvelle spécialement mes résolutions d'obéissance à ma règle et à mes supérieurs. L'obéissance est le lien et la garantie des sacrifices que j'ai à faire.
- Si quis vult post me venire, abneget semetipsum, tollat crucem suam et sequatur me (Matth. XI).
- Jugum meum suave est, et onus meum leve (Matth. XI).
- Dilectus meus mihi et ego illi (Gant. 2).
- Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive (S. Matth. XVI).
- Mon joug est doux et mon fardeau léger (S. Matth. XI). Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui (Gant. 2).