1867-lc

156.02

AD B.17/6.10.2

Ms autogr. 2 p. (21 x 13)

De Mr Dehaene

Hazebrouck le ? janvier 18671

Mon bien cher Léon et digne abbé,

Je suis extrêmement sensible à votre pieux souvenir parce que je sais que vos priè­res pour moi sont très efficaces et que toujours je vous ai suivi avec une douce sollici­tude: toujours il m'a semblé que Dieu avait un dessein particulier sur vous.

Vous voilà décidément entré dans la voie, la voie lumineuse et sûre: vous n'avez qu'à vous laisser conduire docilement comme par la main; car c'est ainsi que la provi­dence vous conduit plus que tout autre.

Ici notre oeuvre prospère et les élèves surabondent; mais plus nous sommes libres, plus il y a à faire et je vous assure que la besogne est forte.

Veuillez continuer à prier beaucoup pour nous: je voudrais fonder des collèges avec missionnaire surtout pour le pays de Flandre: il faut voir si Dieu le veut.

Je suis extrêmement désireux de voir Pie IX et de demander sa bénédiction sur nous et sur nos oeuvres et au mois de juin je pourrai bien aller à Rome.

Depuis longtemps je vous recommande à Dieu avec sollicitude: plus vous avancez vers l'époque décisive, plus ces voeux sont ardents.

Ceux de ces messieurs qui vous connaissent: MM. Lacroix, Boute, Debusschère Léon, Baron se rappellent à votre bon souvenir et vous présentent leurs meilleurs souhaits de nouvel an.

Votre tout dévoué en Jésus, Marie, joseph

Dehaene chan. hon. Supérieur de l'Institution S. François d'Assise

1 Lettre citée en partie en NHV VI, 34.

435.17

AD B.21 /7a.3

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De Mr Boute

Hazebrouck 6 février 1867

Mon cher et excellent ami,

Il y a déjà un mois passé que vous m'avez écrit et je ne vous ai pas encore répondu! Que voulez-vous? C'est toujours la même histoire: la presque impossibilité de cor­respondre, vu la besogne, avec mes amis. Aujourd'hui je saisis au vol quelque mo­ment de répit pour faire cette correspondance.

Je viens d'écrire à Henri, votre frère, en réponse à sa lettre de nouvelle année, où il me dit comme vous que Mr votre (père) fut péniblement impressionné en apprenant que vous aviez reçu les ordres moindres. Je réponds à Henri que Mr Jules doit se rési­gner à cet état de choses, que vos résolutions à cet égard sont trop arrêtées pour qu'il puisse espérer un retour de votre part à d'autres idées, vu le bonheur parfait dont vous jouissez dans votre nouveau séjour et nouveau genre de vie; que les parents ne

doivent envisager et rechercher rien autre chose que le bonheur de leurs enfants; qu'il y a quelquefois des entraînements irrésistibles, en pareille occurrence, et que tous les efforts produits pour s'y opposer seraient impuissants; que c'est bien ici le cas d'ap­pliquer le fameux mot: Dieu le veut! Dieu le veut! Je lui cite un exemple tout récent qu'il a pu voir dans les journaux: c'est celui d'un lieutenant de vaisseau, fils du prince de Broglie, qui vient d'entrer à St Sulpice…

J'ai cru devoir écrire ainsi à Henri qui lira ma lettre à votre père, dans son intérêt comme dans le vôtre. Du reste, mon cher abbé, ceci s'effacera bientôt de l'esprit de Mr Jules, quand il vous saura une fois engagé dans les ordres sacrés et vous aura vu vêtu de l'habit ecclésiastique. Il en éprouvera bien encore une certaine émotion, mais elle n'aura point de durée, et il finira par en prendre son parti, comme je l'y engage expressément. Le bon Dieu qui a conçu et dirigé toute chose, saura faire le reste. Je vous félicite donc de votre entrée dans les rangs de la milice sacrée; il me reste à dési­rer vous voir monter à l'autel! Ce sera un bien beau jour pour vous et pour moi aussi. Je ne puis que vous louer d'écrire à vos parents, à votre bonne mère surtout, des let­tres qui respirent la plus tendre affection filiale. Vous le devez pour la satisfaction de votre cœur de fils, et pour l'honneur et le respect dus à l'habit que nous portons. Dans le monde, comme vous savez, on nous accuse si facilement de sécheresse de cœur et d'égoïsme, parce que nous n'avons pas de famille… à élever.

Puissent vos espérances relatives au maintien de l'ordre à Rome se réaliser. Nous envoyons, comme les autres établissements catholiques, nos étrennes au Saint-Père; notre collecte, maîtres et élèves, s'élève à 327 fr, non compris le denier de St Pierre.

Je vous remercie cordialement des bons souhaits que vous faites pour nous et pour notre établissement. Mr le Principal vous en témoigne sa reconnaissance et vous prie d'agréer les siens pour la réalisation de vos plus chers désirs. J'y joins les miens de tout cœur. Notre établissement marche toujours au-délà de nos espérances: près de 200 pensionnaires. Nous allons encore bâtir, comme je crois vous l'avoir déjà dit, afin de nous compléter tout à fait et de nous caser d'une manière définitive. MM. La­croix, Debusschère, Baron, que vous avez connus, font aussi pour vous les vœux les plus ardents pour l'accomplissement de vos généreuses résolutions. Enfin, nous prions tous pour vous, comme vous le faites pour nous, afin que, par cet échange de prières, nous arrivions tous à nos fins dernières.

Je vous embrasse de toute l'affection de mon cœur et désire vous voir le plus tôt possible vêtu de la toge sacerdotale.

Votre ami tout dévoué

Boute Ptre

Mille choses aimables de la part des parents de Siméon.

158.07

AD B.17/6.12.7

Ms autogr. 2 p. (21 x 13)

De Mr Demiselle

Soissons 9 avril 1867

Mon bien cher abbé,

Je vous envoie ci-joint le certificat de Mgr Dours, attestant que vous pouvez être promu au sous-diaconat ad titulum patrimonii.

Après en avoir causé avec Sa Grandeur, je crois qu'il sera mieux de porter en va­cances le costume français: soutane avec rabat et ceinture, manteau que vous trouve­rez à la Belle Jardinière à Paris; rien de changé quant au chapeau.

Mr Péronne a reçu les pouvoirs que vous lui avez expédiés. Il vous tiendra compte des débours â votre passage â Soissons. Il vous envoie son affectueux souvenir.

Je vais écrire à Mr Lecomte relativement aux cahiers en question et je pourrai les remettre à des confrères qui iront à Rome pour le mois de juin. Je ne pense pas, quant à moi, faire ce voyage cette année. Je préfère une saison moins chaude et un encom­brement moins grand1.

L'abbé Palant est parti pour la Terre Sainte. Il sera â Rome pour la St Pierre.

Je n'ai pas depuis quelque temps de nouvelles de votre excellente famille. J'irai pro­bablement fin de juillet faire une petite mission dans la Thiérache, et je ferai sans doute une apparition â La Capelle. J'espère que vous serez de retour pour cette épo­que. Du reste vous passerez par Soissons.

J'admire le calme dont jouit Rome depuis le départ des français. J'admire encore davantage le dévouement de nos jeunes volontaires pontificaux, et j'estime que tant qu'ils n'auront affaire qu'avec les bandes garibaldiennes, ils en feraient bonne justice et le gouvernement de Victor-Emmanuel ne me parait disposé à rien entreprendre sur Rome.

En France l'opinion s'inquiète des arrogances de la Prusse. Il y a de l'inquiétude et du malaise dans les esprits. La question du Duché de Luxembourg pourrait allumer un incendie. L'Exposition est un point d'arrêt dans la politique. L'Empereur ne vou­drait pour rien au monde en compromettre le succès.

Je pars demain pour une mission de quelques semaines à St-Erme, à l'occasion des pâques et de la visite de Mgr qui doit suivre. Je reverrai là plusieurs des bonnes Sœurs qui ont passé â La Capelle.

Mgr, qui vient de partir pour Paris, m'a chargé pour vous de toute espèce de senti­ments affectueux. Et moi, je suis bien à vous de tout cœur.

Demiselle

Veuillez offrir tout mon respect au P. Freyd - Ma sœur ne veut pas être oubliée auprès de vous.

1 Il s'agit des cahiers de notes de cours du Collège romain prêtés par l'abbé Lecomte.

216.02

AD B.18/8.2

Ms autogr. 2 p. (21 x 13)

Du P. Freyd à Mr Dehon

Rome ce 8 sept 1867

Très digne Mr Dehon,

Je profite avec bonheur de quelques instants qui me restent pour dire â votre cœur de père combien le cher abbé Léon nous a donné de satisfaction. Du reste il est près de vous et je suis sûr que ses excellentes qualités ne vous échappent point. Cœur droit et bon, intelligence ferme, claire et pénétrante, caractère heureux et doucement sérieux, ce sont là des avantages qui chez lui sont unis à une vraie piété, à une grande docilité, et cet ensemble contribuera, avec la grâce de Dieu, à en faire un prêtre qui sera l'honneur de votre famille et le bonheur de ses chers parents.

Je viens de lui écrire pour lui annoncer le résultat de ses concours. Ce résultat vous fera plaisir et vous pouvez en être fier. L'abbé Léon avait pris part à 5 grands con­cours et à un exercice académique. Ces concours sont nombreux, surtout pour la théologie dogmatique et morale. Or votre fils, quoique élève de 1 c année seulement et luttant avec des élèves de 2° et 3° année a remporté 2 prix ou médailles, savoir le 2° prix de dogme et le 1° prix de morale. De plus il a eu un accessit dans chacune des 4 autres parties des concours.

Comme vous le voyez, il a parfaitement réussi. Cela vous prouve que son année scolaire a été bien employée. Quant à sa vocation, je pense que vous n'en doutez plus à l'heure qu'il est. Pour moi, elle m'a paru, dès l'origine, vraie et sérieuse, et tous les jours le me suis plus convaincu qu'elle est vraiment de Dieu.

J'ai pensé devoir vous écrire tout ce qui précède pour votre légitime consolation et

vous annoncer moi-même le beau succès de notre cher ami, dans la crainte que son humilité ne veuille peut-être, sinon vous le cacher, du moins le diminuer en partie. Veuillez agréer et faire agréer à la digne Mme Dehon le profond respect avec lequel j'ai l'honneur de me dire.

Votre très humble serviteur

M. Freyd sup

436.02

AD B.21/7a.4

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

Du P. Freyd

+ Rome ce 8 sept. 1867

Mon bien cher ami,

J'ai voulu pour vous répondre attendre la distribution des prix du Collège romain. Elle vient d'avoir lieu et je suis heureux de pouvoir vous dire que vous n'avez pas â vous plaindre. Figurez-vous que vous avez 2 médailles, â savoir le 2° prix du père Cardella et le 1 ° prix de morale. On m'a dit que votre dissertation du concours Car­della était sans contredit la mieux faite, mais une faute (je ne sais laquelle), qui vous a échappé, vous a mis au 2° rang.

Vous avez de plus un laudatur verbis amplissimis pour le P. Franzelin - l'accessit pour l'hébreu - verbis amplissimis pour l'Histoire - et le 1 ° accessit pour l'Acadé­mie de morale. Vous voyez que vous pouvez être satisfait.

Vos deux confrères Le Tallec et Dugas ont eu le prix en Histoire Eccles, et des no­minations dans toutes les autres parties des concours. Vos parents, je l'espère, ap­prendront ces succès avec bonheur. Je me réjouis avec eux et pour eux.

Vous me le dites et je l'ai bien pensé, vos vacances se passent doucement au sein de votre digne et chère famille. J'étais persuadé que M. votre père aurait bien vite pris son parti et je suis convaincu que sa consolation de vous savoir prêtre sera bientôt beaucoup plus grande que n'a été vive sa désolation quand vous vous êtes engagé au service de Dieu.

Pour vous, mon bon ami, tâchez de passer vos vacances de votre mieux. Sans dou­te vous n'avez ni le calme heureux ni la chère régularité de la vie du séminaire; vous ne trouvez pas au 2° étage votre dévoué père spirituel, mais cependant vous aurez dans la fidélité à vos exercices de piété un puissant moyen de vous maintenir, et dans le contact inévitable avec le monde, un exercice de vertu.

Restez bien uni â Dieu; maintenez-vous de votre mieux dans un simple et filial re­cueillement devant Notre-Seigneur, et vous vous conserverez dans la paix de l'âme. Vous craignez un peu pour nous â cause de tous ces bruits alarmants de choléra, d'invasion garibaldienne, etc… Je vous dirai franchement que nous autres, nous sommes sans peur. Le choléra, depuis votre départ, a fait des victimes par ci par la, surtout vers la mi-août, mais cela n'a jamais été fort et en ce moment il a â peu près disparu de partout. On ne saurait presque plus a -Rome qu'il y a encore du choléra par ici, si nous ne l'apprenions par les fameuses et vraiment ridicules correspondan­ces de Rome, que nous lisons en riant dans les journaux français. Quant â Garibaldi, nous ne connaissons ses desseins (qui n'ont rien de nouveau) que par les mêmes jour­naux. Somme toute, la ville est bien tranquille comme vous l'avez laissée, sinon plus tranquille encore. Les romains n'ont aucune envie de tendre les mains â leurs fameux sauveurs italiens.

MM. Baron, Duponchel, Le Tallec et Humbrecht sont seuls avec nous. Nous nous portons bien tous.

C'est Albano qui a été terriblement éprouvé et l'on peut dire à juste titre. Il n'y a pas eu de choléra à Frascati ni â Genzano ni dans aucun des autres villages environ­nants. C'est que dans tous ces endroits on avait recours à la prière, tandis que les Al­banais s'étaient moqué du choléra, en buvant à sa santé et en empêchant une neuvai­ne que l'on avait demandée pour prier St Roch.

A Dieu, mon bien cher Ami, faites bonne provision de santé et puis revenez-nous sans crainte aucune. Vous retrouverez, s'il plait à Dieu, celui qui avec une sincère af­fection est tout vôtre en J. et M.

M. Freyd

A cette lettre du 8 septembre 1867, le P. Freyd avait joint la lettre suivante (LV 3) adressée à Mr De­hon, père.

436.03

AD B.21/7a.4

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

Du P. Freyd

Rome ce 26 7bre 1867

Mon très cher,

J'ai reçu hier votre lettre du 20 qui m'annonce que vous n'avez encore rien reçu de moi. Sous la date du 8 7bre, je vous ai écrit une lettre qui en renfermait une autre pour Mr votre père. Elle est partie par occasion quelques jours après sa facture et ce­la me fait espérer qu'elle a pu vous arriver peut-être depuis le départ de la vôtre. Si ce­la n'était point, je le regretterais beaucoup, surtout à cause du petit mot pour votre digne père.

Je vous écris celle-ci pour vous rassurer au sujet de tout ce que les journaux racon­tent de curieux sur Rome.

D'abord la ville est toujours restée tranquille comme vous l'avez laissée. Le choléra nous a un peu visités. Le maximum des cas a été de 50 ou 60 par jour, dont la moitié de morts. Qu'est ce que cela pour une population de 210.000 âmes? Cela a duré quelques jours, puis cela est tombé et il y a depuis 10 à 15 jours à peu près cessation complète. Je dis cessation complète, car la semaine dernière, pendant 2 jours de cha­leurs très fortes, on a compté un jour six nouveaux cas, et l'autre 4, je crois. La pluie nous est revenue depuis avant-hier, l'atmosphère est bien rafraîchie et tout est fini. J'ai lu plusieurs correspondances venues de France qui m'ont fait hausser les épaules. Elles disaient la terreur et la consternation de Rome et je puis vous assurer que per­sonne ici ne s'en est aperçu. Un de nos élèves m'a écrit s'il est vrai que tous les sémi­naires et collèges sont licenciés?! s'ils ouvriraient au commencement de novembre, etc… Je crois volontiers que toutes ces bêtises ont été inventées par les ennemis de Rome pour en éloigner ceux qui voudraient y venir.

Quant au fou de Caprera, nous savons ici par les journaux qu'il remue beaucoup et que son désir de venir à Rome est sincère. Mais personne ne croit a sa venue. Du reste les zouaves ne demanderaient pas mieux que de le rencontrer, et les légionnaires pensent comme eux1. Jamais les romains ne se sont montrés plus indifférents pour leur rédemption qu'en ce moment. Ils savent par les mauvais journaux italiens le grandissime bonheur dont jouissent les fortunés citoyens de la libre Italie.

Donc, mon cher ami, soyez sans crainte aucune. Rome est parfaitement tranquille et, par le protection de Dieu, le restera.

MM. Le Tallec et Duponchel sont partis avant-hier pour Naples et vont faire quel­ques pieux pèlerinages aux sanctuaires les plus renommés. M. Baron vient d'être or­donné prêtre et M. Humbrecht, sous-diacre depuis samedi, va être ordonné diacre dimanche prochain.

Le P. Eschbach est à Paris, je crois. Nous autres, pères et frères, nous sommes à Sta Chiara bien portants et bien tranquilles. Tous vous saluent cordialement et moi, je vous assure de l'affection sincère que je vous porte en J. et M.

M. Freyd

Veuillez présenter mon humble respect à vos dignes parents.

P.S. M. Du Plessis a commencé son noviciat à Chevilly la veille du S. Nom de Marie.

1 Caprera, petite île au N.E. de la Sardaigne, résidence de Garibaldi.

436.04

AD B.21 /7a.4

Ms autogr. 2 p. (21 x 13)

Du P. Freyd

Rome ce 17 octobre 1867

Mon bien cher ami,

Je conçois vos perplexités et celles de vos dignes parents. Quand on est loin de Ro­me, on doit être bien effrayé de tout ce que les journaux racontent. Nous sommes ici en paix parfaite. Les pères du Collège romain ouvriront leurs cours à l'époque ordi­naire. Y a-t-il de la certitude qu'on nous laissera tranquilles? Je ne suis pas prophète. Dieu seul sait l'avenir, mais il me semble que si même le reste des provinces sera volé, Rome et Civita demeureront intactes et que notre année scolaire ne sera pas troublée. Il y a de vos condisciples qui sont en route et je crois qu'ils ont bien fait de venir. A cause des parents, je n'ai voulu dire à aucun de nos élèves: venez. Mais je me suis contenté de leur donner mes impressions.

Un nouvel élève, qui est venu d'Aire, Mr du Moulin de la Barthete, a été il y a qua­tre jours à l'audience du St-Père. Celui-ci lui ayant demandé si beaucoup d'élèves

viennent de France à Sta-Chiara: «je ne crois pas, T.S. Père, répondit le jeune hom­me, car beaucoup ont peur des Garibaldiens». Sur ce, Sa Sainteté se mit à rire de bon cœur: «comment peur des Garibaldiens. Mais ils ont tort: les Garibaldiens ne leur fe­ront rien.

Comme je l'ai dit plus haut, on a ici la conviction qu'en tout cas, Rome resterait au Pape et la mienne est que nous passerons tranquillement notre année scolaire. Si tou­tefois nous devions l'interrompre, nous irions ensemble la continuer dans une de nos maisons qui est à Toulon.

Je puis donc vous dire: au revoir, à bientôt. Si vous avez occasion de voir quelque condisciple, dites-lui ce que je viens de vous écrire.

A Dieu, mon bien cher. Je sais que la quarantaine est levée à Civita pour les ba­teaux directs. Informez-vous bien si les indirects feraient encore quarantaine et dans ce cas, descendez à Livourne et venez par voie de terre depuis là.

Votre bien affectueusement dévoué

M. Freyd

Mes respects à vos parents.

158.08

AD B.21/6.12.8

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De Mr Demiselle

Soissons, 14 Xbre 18671

Bien cher Abbé,

C'est une grande joie pour moi de savoir que vous allez recevoir le sous-diaconat. Que ne puis-je voler à Rome pour me trouver samedi a St jean de Latran et assister à l'Ordination. Hélas! Je n'ai même pas pu faire le voyage de La Capelle que j'avais projeté, retenu au lit ou à la chambre pendant la plus grande partie du mois dernier per une bronchite opiniâtre. Vous êtes heureux de pouvoir faire à Dieu le sacrifice de tout vous-même au profit de son Eglise, dans un moment où tout semble conjuré contre cette Eglise, et de le faire au sein de cette Rome contre laquelle se déchaînent surtout les portes de l'Enfer, presque sous les yeux d'un pontife qui sera une des gloi­res de l'Eglise. Mais vous êtes heureux surtout de puiser à sa source l'esprit ecclé­siastique et catholique le plus pur dans ces fortes et lumineuses doctrines dont Rome a le monopole.

Que je serais heureux de mon côté si je pouvais diriger vers Rome quelques jeunes gens d'élite qui rapporteraient parmi nous et répandraient de plus en plus ces idées romaines avec ces doctrines aussi élevées que saines en fait de science théologique et canonique. Car je ne vois rien de comparable à l'enseignement du Collège Romain. J'ai parcouru entr'autres les traités de la Tradition et de l'Eglise que vous étudiez cet­te année, dans les cahiers autographies de l'abbé Lecomte; j'en ai été émerveillé au delà de tout ce que je puis dire.

Il ne me reste plus qu'à vous dire que je vais me joindre à vous pendant la retraite préparatoire à l'ordination pour appeler sur vous toute l'abondance des dons célestes qui vous fasse goûter le bonheur d'être à Dieu corps et âme et sans partage. La part est belle et digne d'une âme grande et d'un coeur dévoué. Mais la pauvre nature est toujours là. Il faut que ses réclamations se perdent dans la joie d'être tout à Dieu. Mais pour cela il faut alimenter sa vie intérieure par une ferveur constante, et c'est à quoi nous aide merveilleusement ce grand devoir de la prière publique qui nous est imposée avec le sous-diaconat.

Il semble que les affaires d'Italie entrent dans une voie d'apaisement, bien qu'il y ait encore quelques points noirs à l'horizon. Mais que de motifs d'espérance dans le pas­sé, et comme la main de Dieu se révèle dans ces événements. La prière a tout obtenu. La prière fera le reste.

Je ne sais quand j'irai à La Capelle. Ce voyage est dans mes vœux les plus ardents. Mais il faut attendre de plus beaux jours.

Mr Rigaux fils aurait été très heureux de vous voir, il s'en faisait une fête. Mr Pe­ronne aussi comptait sur vous. Vous me direz ce que vous avez déboursé pour lui et je le remettrai à Mme Dehon a la première occasion.

Ma sœur vous envoie ses meilleurs sentiments et moi, je suis bien à vous en N. S.

Demiselle

Ne m'oubliez pas auprès du P. Freyd.

1 Lettre citée en partie en NHV VI, 34-35.

  • 1867-lc.txt
  • ostatnio zmienione: 2022/06/23 21:39
  • przez 127.0.0.1