1878

CORRESPONDANCE DU PERE DEHON : ANNEE 1878

28. 03. 1878. B 22/10. b (inv. 462. 02). Mr Camille Féron-Vrau

MMMonsieur,

Nous avons à St Quentin quelques essais d'ateliers chrétiens. Un entrepreneur de menuiserie cherche un contremaître qui puisse l'aider. Ne le trouveriez-vous pas dans les cercles de Lille? Il pourrait à la rigueur en former un avec un ouvrier habile et intelligent que vous lui enverriez. Je compte sur votre obligeance pour nous aider en cette circonstance.

Agréez mes respects dévoués. L. Dehon.

18. 05. 1878. B 19/1. 1 (inv. 229. 01). Chère Mère (Servantes)

Vénérée Mère en N. S.,

Le bon pasteur ne nous laisse pas orphelins. Il parle encore presque chaque jour. Nous avons eu des instructions divines sur l'esprit de pauvreté et sur le sacerdoce.

Notre Seigneur se charge lui-même de corriger les fautes de traduction, quelle condescendance! Il ne veut pas vous laisser trop à faire à votre retour. Qui sommes-nous pour que N. S. s'abaisse jusqu'à nous?

J'ai conscience de mon néant et parfois j'y trouve un motif de confiance. Notre Seigneur le connaît, je suis donc assuré qu'il voudra tout faire par lui-même.

La Soeur Marie de Jésus a eu une mauvaise journée, mais tout est remis. Elle écrit avec zèle et n'écoute pas le démon. N. S. ne veut pas perdre de temps pendant votre absence. Il n'y a en somme au couvent que quelques souffrances surnaturelles qui sont bonnes et douces.

Pour moi je passe chaque jour par quelques petits ennuis. Ce n'est absolument rien en comparaison de ce que je mérite. Au fond je suis heureux et je crois que l'oeuvre de N. S. fait quelques petits progrès dans les esprits et dans ses préparatifs providentiels.

Je crois sentir depuis deux jours l'influence de vos bonnes prières au St Sacrifice. Je demande à N. S. qu'il me rende la ferveur de ma première année de sacerdoce.

Je ne vois pas ce que N. S. désire pour votre retraite. J'aurais tant aimé avoir le P. Bégin. J'ai écrit au P. Pouplard, qui s'occupe de la canonisation du P. de la Colombière. C'est un apôtre du S. Coeur. J'attends sa réponse. Peut-être N. S. ne veut-il pas pour cette fois-ci un père jésuite?

Je prie N. S. de vous bénir abondamment. Priez, priez, priez.

Tout vôtre in Corde Jesu L. Dehon.

19. 06. 1878. B 109/2 (inv. 1169.34). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

+ Le 19 juin 78

Cher ami,

Vous m'aviez promis de venir me voir. Je vous attends en vain depuis deux mois. Notre œuvre marche et marche sans vous. Je ne puis pas confier de grands détails au papier. Vous viendrez et nous causerons.

Notre Seigneur nous a comblé de ses grâces depuis quatre mois. Son œuvre se fera, comme elle doit se faire fondée sur la croix et les épreuves.

Je ferai mes vœux le 28, jour de la fête du Sacré-Cœur, avec l'autorisation de Monseigneur. Je compte avoir sous peu près du collège un très beau noviciat, une vraie solitude avec un beau et vaste jardin.

Vous prierez bien pour moi et pour l'œuvre de Notre Seigneur et vous ferez prier, surtout le 28.

Restez cependant discret.

Vous ne m'avez plus parlé de notre confrère de la Savoie. Je pense que maintenant il pourrait être admis par Mr l'archiprêtre au Vicariat, s'il y tient.

Aimeriez-vous de venir prêcher le 21 juillet à la Saint Vincent de Paul un sermon de charité pour le Patronage ? Le sujet serait le panégyrique du saint, que vous avez sans doute déjà fait.

A quand votre visite si désirée ?

Tout vôtre in Corde Jesu

L. Dehon, O.C.J.

Année 1878 (Septembre 1877 ?) B 36/2d.27 (inv. 629.27). P. Eschbach. (Photocopie Ms). B 36/2.a. 27 (inv. 626. 27). P. Eschbach (copie dactylogr.)

Mon révérend Père,

Je suis bien souvent à Ste Claire par la pensée. J'y ai reçu tant de grâces! Si j'avais plus de loisir, je vous importunerais quelquefois de mes correspondances.

Accordez-moi un petit souvenir dans vos prières. On prie bien à Rome et les prières y sont plus efficaces. J'en ai tant besoin pour moi et pour toutes mes oeuvres.

Monseigneur de Soissons a dû vous envoyer dernièrement de nouvelles instances pour l'approbation de deux congrégations S. Quentinoises, les Servantes du Coeur de Jésus et les Dames de la Croix. Ces deux causes avancent-elles? Le bref laudatif des Servnates du Coeur de Jésus devait être prêt.

J'ai quelque peine à recruter mon personnel de professeur. N'avez-vous pas quelque prêtre à m'offrir? Il y a peut-être de vos élèves qui aimeraient cette carrière et qui ne trouveraient pas à satisfaire leurs goûts dans leur diocèse. Si vous en connaissez, qu'ils m'écrivent bientôt, je pourrai les accuellir comme professeurs ou surveillants.

Recommandez-moi, je vous prie, aux prières du bon P. Brichet, du P. Daum, du Duplessis et du P. Brunetti.

Agréez l'assurance de mon affectueux dévouement en N. S. L. Dehon.

08. 11. 1878. B 109/2 (inv. 1169.35). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

+ Saint-Quentin - Le 8 nov. 1878.

Mon cher ami,

Le bon abbé Perinet a retrouvé le sommeil dès sa première nuit au vicariat. Je le crois guéri de son ennui.

Vous désirez savoir si nous avons eu des lumières particulières pour votre vocation. Pas positivement.

Cependant la Sœur a éprouvé pendant votre messe une joie toute surnaturelle et Notre-Seigneur lui a confirmé le don d'un père François qu'il lui avait promis le 4 Octobre. Voici ses paroles : « Comme la Sainte Vierge, ma Sainte mère, qui veut aussi d'une manière spéciale être la mère des Victimes, des Oblats du Cœur de Jésus, de son divin Fils, a donné un père Alphonse, un p. Joseph, ainsi c'est aujourd'hui saint Joseph qui vous donne le p.François. Car quels cœurs, sinon ces deux, les plus saints et les plus purs et les plus parfaits devaient mieux comprendre mes souhaits, mon désir, et souhaiter de voir les plaies, la tristesse et les plaintes de mon Cœur, guéries, consolées et satisfaites ».

La veille, elle avait souffert comme la veille des jours de grâce et Notre Seigneur lui avait dit : « Pour donner la vie à un enfant, la mère a de la douleur, de l'inquiétude à endurer ; et combien de fois ne m'as-tu pas déjà promis de donner volontiers ta vie pour chacun, en particulier pour victime de mon divin Cœur, et de vivre de nouveau pour pouvoir de nouveau et encore mourir. Mais la mort ne s'effectue pas sans douleur, et rarement sans agonie. Parfois elle est longue et pénible ».

Ce p. François dont la venue prochaine nous est confirmée et dont l'enfantement est douloureux, rien n'indique positivement que ce soit vous.

Priez cependant beaucoup pour nous.

Tout vôtre in Corde Jesu.

L. Dehon, O.C.J.

14. 11. 1878. B 109/2 (inv. 1169. 36). Abbé Désaire (Lettre insérée en 2003)

+ Saint-Quentin - Le 14 nov. 78.

Mon cher ami,

Si je comprends bien la parole de Notre Seigneur votre appel s'accentue davantage. Vous allez en juger.

La révérende mère a fait faire une neuvaine pour vous. A cette occasion Notre Seigneur a dit à la Sœur : « Oui, priez seulement saint Joseph. J'aime à ce qu'il soit invoqué et qu'alors la gloire lui revienne. Je lui donnai la puissance, et les trésors en administration, afin qu'il les distribue.

Cependant adressez-vous plutôt à lui pour qu'il vous aide à gagner des cœurs qui me servent entièrement et uniquement et veulent se sacrifier à moi, que pour des intérêts temporels qui ne sont rien de plus que de grands moyens quand ils sont bien employés, et que je ne laisse point non plus manquer comme vous pouvez pourtant en être persuadés après tout ce que l'expérience vous a appris à vous-mêmes.

Soyez assurés qu'un prêtre, un cœur qui se donne à moi comme victime sans réserve et sans restriction, donne plus de consolation à mon divin Cœur que les œuvres extérieures les plus grandes et les plus éclatantes dans lesquelles il n'est pas rare que le monde, l'amour-propre, la recherche de soi-même et l'ambition aient une grande part ».

Ne vous semble-t-il pas que Notre Seigneur réponde à toutes vos objections ? Pour l'acquit de votre conscience proposez à votre pénitente de venir habiter Saint-Quentin et d'y rester sous votre direction. Elle pourrait préparer le collège d'Albertville s'il est dans les desseins de Notre Seigneur en aidant ici vos œuvres. Mais quand même vous devriez perdre le secours matériel que vous attendez de cette personne, il me semble qu'il ne faudrait pas hésiter.

Le bon abbé Périnet va bien. Il reprend sa bonne mine. Cependant il ne me paraît pas complètement heureux.

Il a fait de grands sacrifices, n'est-il pas appelé à un sacrifice total ?

Tout vôtre in Corde Jesu

L. Dehon

23.11. 1878. B 36/2d.28 (inv. 629.28). P. Eschbach (Photocopie Ms). B 36/2.a. 28 (inv. 626. 28). P. Eschbach (copie dactylogr.)

Mon révérend Père,

Il y a longtemps que je n'ai correspondu avec vous. Je le fais aujourd'hui parce que j'ai besoin de vos conseils et aussi parce que je crois vous intéresser.

Nous avons ici dans une communauté dont le P. Daum poursuit l'approbation à la Cong. des év. et rég. une seconde Marguerite Marie. Préparée par une vie d'humilité et de souffrance, une pauvre Soeur cuisinière reçoit du S. Coeur des communications quotidiennes, depuis le mois de février.

Plusieurs Pères jésuites, les plus recommandables de la province, et l'abbé Didiot de Lille, affirment que c'est bien la parole divine. Monseigneur sans vouloir se prononcer trop vite accepte la chose avec respect et bienveillance. Cette bonne Soeur est sous ma direction.

Je vous envoie comme spécimen trois de ces communications. Dites-moi ce que vous en pensez et aidez-moi de vos prières. Je vous en enverrai d'autres si vous le désirez, et de plus formelles relativement à l'oeuvre qui est demandée.

Je n'ai pas besoin de vous recommander la discrétion. Vous pouvez cependant si vous le jugez utile en parler à l'un ou l'autre de vos Pères.

Je suis heureux, mon Père, que votre santé soit meilleure et que Santa Chiara soit toujours prospère.

Le P. Daum m'avait demandé de lui envoyer l'argent nécessaire pour faire copier les pièces de l'affaire de nos Soeurs. Dites-moi, je vous prie, quelle est la somme nécessaire et j'enverrai un mandat international.

J'oubliais de vous dire que les feuilles ci-jointes sont une traduction. Les communications ont lieu en allemand. La soeur est alsacienne.

Offrez mon affectueux souvenir à vos Pères. Agréez mon respectueux hommage L. Dehon.

13. 12. 1878. B 36/72d.29 (inv. 629.29). P. Eschbach (Photocopie Ms). B 326/2.a. 29 (inv. 626. 29). P. Eschbach (copie dactylogr.)

Mon révérend Père,

Depuis près d'un an que notre pieuse Soeur vit dans le Surnaturel, j'ai eu recours à divers moyens d'épreuve qui sont à peu près ceux que vous me proposez. Pour moi, je crois que nous sommes bien dans le Surnaturel divin.

Il s'agit d'une petite Soeur cuisinière, qui vit depuis dix ans dans l'humilité et la souffrance et qui ne saurait pas écrire naturellement deux lignes de ce qu'elle nous donne. Les communications sont pour la plupart d'une élévation théologique qu'un docteur même ne saurait atteindre. Elle ne tient pas naturellement à ces lumières et brûlerait volontiers le tout. Elle prie N. S. de donner ces grâces gratuites à d'autres.

Les communications ont été préparées par une véritable mort mystique. Plusieurs de ces communications ont un caractère prophétique. Leur accomplissement se réalise tous les jours. Ce qui est très frappant encore, c'est qu'elle répond aux préoccupations d'autres âmes. Notre Seigneur n'a-t-il pas seul la connaissance des âmes?

Priez, mon Père, pour qu'en tout cela nous connaissions et nous exécutions la volonté de Notre Seigneur.

Je suis heureux que vous me parliez de Mr Marchal. Nous l'avons ici et nous l'éprouvons depuis 15 mois. Son caractère est bien difficile. Lui connaissez-vous d'autres lacunes que celle-là? Y a-t-il eu à dire pour les moeurs?

J'envoie au bon P. Daum les 30 francs. Mes affectueux respects à vos Pères.

Agréez l'assurance de mon dévouement en N. S. L. Dehon.

18. 12. 1878. B 109/2 (inv. 1169.37). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

+ Saint-Quentin - Le 18 déc. 1878

Mon cher ami,

Le bon père Lange est venu nous prêcher la Saint François Xavier à votre place.

Ce père est fort aimable. Il a été à bonne école à Saint-Ambroise. Nous avons bien volontiers causé de vous. Il m'a donné la confiance que vous m'enverriez bientôt M. le curé de Villars.

Voyez-vous encore quelquefois M. L'abbé d'Hulst ? Je lui ai écrit que nos religieuses feraient volontiers à Paris leur œuvre de réparation. Il s'occupe de cette question. Si vous le rencontrez, dites-lui combien ces religieuses sont ferventes. Il retrouverait là quelque chose de la vie de la sainte fondatrice qu'il a si bien décrite.

Donnez-moi bientôt de vos nouvelles et quand vous le pourrez venez nous voir. Priez et faites prier pour que Notre-Seigneur ait des oblats de son divin Cœur.

Tout vôtre in Christo.

L. Dehon

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