CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE 1882
01. 01. 1882. B 109/2 (inv. 1169. 49). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)
+ Le 1er janv. 1882
Cher ami,
Je n'ai pas de vos nouvelles depuis bien longtemps. Que devenez-vous ? Notre Seigneur a semblé accéder à votre désir, puis Il ne l'a pas réalisé. La question est-elle encore pendante ? Mr Paul Bert se prêterait-il à une nomination d'évêque pour le diocèse de Tarentaise ?
Ici Notre Seigneur nous conduit toujours par la voie de la croix. Je suis au milieu d'une terrible épreuve qui va, j'espère, bien nous purifier.
Notre grand bâtiment neuf a été incendié par accident dans la nuit de jeudi à vendredi. Cela jette le désarroi dans la maison. J'ai renvoyé les élèves. Je compte rouvrir le douze en organisant des dortoirs provisoires.
Priez pour que nous profitions bien de cette épreuve.
Au Sacré-Cœur nous sommes maintenant trente huit. L'organisation est complète. L'esprit y est excellent. On y sent l'action du Sacré Cœur.
A La Capelle je suis aussi bien éprouvé. Ma mère se soutient, mais mon père est atteint d'une tumeur à l'estomac qui ne paraît pas guérissable.
C'est là le prélude des grandes épreuves annoncées. Que n'êtes-vous avec moi ! Il me semble toujours que vous avez un peu manqué de courage.
Ecrivez-moi bientôt. Vous paraissez m'oublier. Le mois de décembre ne vous a-t-il pas rappelé de bonnes journées passées ensemble en 1868 ?
A bientôt, cher ami. Ne pourriez-vous pas venir faire une petite visite au pauvre incendié ?
Tout vôtre in Corde Jesu,
L. Dehon
02. 01. 1882. B 19/1. 1 (inv. 229. 08). Mère Marie du SC (Servantes)
Chère Mère,
Monseigneur se montre comme un vrai père pour nous. Il est arrivé bien ami et bien attristé, plein d'affection et de compassion. Il s'est fait avancer à Soissons son trimestre pour me le remettre, 2.500 f. Où trouver un père comme celui-là? Le S. Coeur de Jésus le lui rendra. J'étais encore dans la gêne ce soir. Avec cela je suis sauvé.
Mgr part déjà demain dans la matinée. S'il ne demande pas à me revoir demain matin j'irai vous dire la ste messe. Je sens que ce sera encore un jour de grâces.
Je reçois de partout des marques de sympathie, lettres, cartes, visites. N. S. tirera le bien du mal. A demain, si possible. Soyons doux et humbles de coeur (cf. Mt 11, 29). Ces mots ont une grande signification. Jean du Coeur de Jésus
10. 02. 1882 (de La Capelle) B 20/12 (inv. 326. 02). P. Falleur
Cher ami,
Mon père est bien faible. N. S. le conservera cependant encore quelques jours. Le médecin parle de huit ou quinze jours.
Il faut que je fasse de suite mon voyage à Soissons. D'ailleurs Mgr ne doit pas à tarder à partir. Je ne rentrerai pas demain. Prévenez Mr Labitte. J'aime autant qu'on ne donne pas de notes en mon absence.
J'écris à Mr Macaire. Voyez-le aussi. Je compte à mon retour retirer la cinquième à Mr Rigaut et le remplacer avantageusement. J'en parlerai à Monseigneur.
Ecrivez aux parents de Lemaire. Engagez-les à le reprendre jusqu'à la sortie.
Pressez nos travaux. Le baromètre baisse rapidement.
Mon père a communié hier. Il est admirablement disposé et il voit maintenant sa position.
Soyez doux et patient envers tout le monde. Supportez toutes les mortifications et même les injustices. Je prie le Coeur de Jésus de vous bénir. Jean du C. de J.
11. 02. 1882 (de Laon) B 20/12 (inv. 326. 03). P. Falleur
Cher ami,
Je cours à Soissons et je compte rentrer ce soir à La Capelle. La situation s'aggrave rapidement. Je crains bien que mon père nous quitte demain ou après-demain. Prévenez la chère Mère et Mr l'archiprêtre.
Ecrivez à Mr Roziès. Dites-lui de nous garder Louis, que justice sera faite et que Mr Rigaut ne fera plus la cinquième. J'espère qu'il va avoir la délicatesse de m'envoyer sa démission. Priez Mr Emilien en secret de lui insinuer cela.
Je vous écrirai de nouveau à mon retour de Soissons. + Jean du C. de J.
11. 02. 1882 (de Laon, 4h.) B 20/12 (inv. 326. 04).P. Falleur
Cher ami,
J'arrive de Soissons. Monseigneur est d'avis que Mr Rigaut se retire. Je l'en préviens.
Continuez à montrer pour tous tous les égards possibles. Si Mr Rigaut accédant à mon désir laisse sa classe, faites-la faire provisoirement par Mr Herr (Ernest) jusqu'à mon retour.
Je suis content de mon entrevue avec Monseigneur. Que vais-je trouver à La Capelle ce soir? Priez et faites prier. Je prie le Coeur de Jésus de vous bénir. L. Dehon.
12. 02. 1882 (de La Capelle) B 22/11 (inv. 465. 10). P. Falleur
Mon cher ami,
Vous avez reçu ma dépêche aujourd'hui. Mon pauvre père a été admirable de foi et de charité jusqu'au bout. Il nous consolait tous et nous cachait ses souffrances. Il avait communié jeudi. Il a reçu hier l'extrême onction.
Il a été jusqu'au dernier moment doux, affable et patient. Il nous a fait des adieux bien émouvants. „Je pars, disait-il, avec la confiance que mes fils garderont l'honneur de mon nom”. Avec quelle noble attitude il disait cela en nous tendant les deux mains.
Il a fait généreusement son sacrifice. „Je vous aime bien, disait-il, mais je suis heureux d'aller voir Dieu”. La bénédiction de Dieu était sensible auprès de cette couche funèbre.
Les obsèques auront lieu mardi à 10 1/2. Je ne demande pas qu'on vienne de St Quentin. C'est trop loin. Je n'écris pas d'autres lettres. Donnez quelques détails au S. Coeur. Faites part de la mort d'abord à tous les professeurs puis au vicariat, à MM. les curés et aumôniers, aux Soeurs Augustines, aux Soeurs de Charité, aux Petites Soeurs, à Mr et Mme Thiébaut. Ecrivez au P. Joseph. Qu'on prie un peu au S. Coeur. Recommandez le Chemin de la Croix.
Je rentrerai probablement jeudi. Pour ce que vous me demandez au sujet des jours gras, personne ne doit sortir avant lundi matin. Pour la rentrée, ceux des environs peuvent rentrer mercredi pour huit heures. N'annoncez pas cela publiquement. Accordez-le à ceux qui le demandent. Je prie le Coeur de Jésus de vous bénir. L. Dehon.
P.S. Achetez de suite chez Mme Vatin ou ailleurs une belle couronne de 35 à 40 f en perles blanches et noires. Faites-la mettre en boîte et expédiez sans faute au train de 10h50 par Guise pour La Capelle par grande vitesse afin que nous l'ayons demain soir. Allez l'expédier vous-même à la gare.
12. 02. 1882. B 19/1. 1 (inv. 229. 09). Mère Marie du SC (Servantes)
Chère Mère,
J'ai le regret de n'avoir pas assisté aux derniers moments de mon père. Je veux vous dire sans amertume que les termes de votre lettre en ont été un peu causes. Je suis rentré de Soissons à 9h. Il était mort à 7h.
Ses dispositions ont été admirables. C'est l'expression de tous ceux qui l'ont vu dans ces derniers temps. Il était si patient, si doux et affable! Il cachait ses souffrances pour ne pas nous faire de peine. Il a reçu l'extrême onction hier à 3 heures. Il n'a pas eu d'agonie. Il s'est éteint doucement. C'est la mort d'un juste. J'espère qu'il n'aura pas une longue expiation dans l'autre vie. Ma mère est courageuse. Elle a cependant de temps en temps des sanglots.
Les obsèques auront lieu mardi. Je rentrerai sans doute jeudi à St Quentin.
J'espère que ce grand sacrifice apportera à l'Oeuvre des grâces nouvelles. Nous sommes à une période si importante de l'Oeuvre!
J'hésite pour le remplacement de Mr Léon Rigaut à St Jean. Je vous ai déjà parlé d'un prêtre lorrain qui demande à devenir professeur. Il est actuellement curé près de Reims. Oseriez-vous demander à N. S. si je dois le prendre?
J'attends une lettre de vous demain. Je compte sur votre aide ces jours-ci plus encore que de coutume si c'est possible. Jean du C. de J.
12 et 13. 02. 1882 (de La Capelle) Télégrammes
B 20/12. 3 (inv. 329. 01). P. Falleur
Père mort hier soir. Prévenez communauté, archiprêtre, famille Lecot. Dehon.
Id.(inv. 329. 02).id.
Gardez Alfred et Maurice. Recevrez lettre demain. Dehon. Id.(inv. 329. 03) id.
Verrai volontiers Rasset Scherrer avec trois professeurs Dehon.
Id.(inv. 329. 04) id.
Enverrai Oomnibus gare Vervins demain huit heures quarante pour prendre professeurs. Répondez si accepté. Dehon.
Id.(inv. 329. 05)id.
Bien sauf Alfred et Maurice. Gardez-les. Dehon.
20. 02. 1882.B 109/2(inv. 1169. 50)Abbé Désaire(Lettre insérée en mai 2003)
+ Le 20 février 1882.
Cher ami,
J'espère avoir le plaisir de vous voir jeudi. J'ai à faire un rapide voyage à Paris. Je puis être à vous de 10h à 1h. et déjeuner avec vous. Serez-vous libre ?
Mon pauvre père est mort bien pieusement. La dernière maladie l'a mûri rapidement. Il a fait plusieurs fois la sainte communion. Il en était arrivé à désirer d'aller voir le bon Dieu, lui qui auparavant était si attaché à la vie.
J'ai lieu de croire que le bon Dieu se montrera clément pour son âme. Priez un peu pour lui. Il vous aimait beaucoup. Il me parlait de vous à chacun de mes voyages à La Capelle.
Mais nous causerons jeudi si rien ne survient pour changer mes plans.
Croyez à mon inaltérable affection,
Votre tout dévoué L. Dehon
Février 1882 B 37/4 (655.00) Adresse au St Père, portée par Mgr Thibaudier (copie manusc.)Cf. NHV XIV, 99-100Cf. NHV XIV, 99-100
Très saint Père,
C'est sous les auspices du Sacré-Coeur de Jésus que prosternés aux pieds de Votre Sainteté et présentés par le vénérable évêque de Soissons, nous osons Vous offrir nos hommages et Vous exprimer nos voeux.
Sensibles aux plaintes exprimées par N. S. à la Bienheureuse Marguerite Marie, nous avons eu la pensée qu'il n'était pas superflu d'ajouter encore aux oeuvres déjà si nombreuses fondées pour honorer le Sacré Coeur de Jésus, un institut religieux, voué tout entier à cette dévotion si salutaire, à sa pratique et à sa diffusion.
Notre Seigneur en manifestant son Coeur a demandé l'amour et la réparation en ajoutant que c'est surtout des âmes consacrées qu'Il attend cette affectueuse compassion qui doit le consoler de l'ingratitude du grand nombre, et en exprimant combien est sensible à son Coeur l'indifférence de ces âmes privilégiées.
Si donc il convient que le sacerdoce soit au premier rang dans la satisfaction donnée au Sacré-Coeur de Jésus, n'est-il pas opportun qu'un ordre sacerdotal s'y consacre tout entier?
Nous avons la confiance que cette oeuvre répond au désir de Notre-Seigneur et qu'elle doit hâter l'effusion des miséricordes du Coeur de Jésus. Notre Seigneur ne proportionne-t-il pas à l'accroissement de cette dévotion, conformément à ses demandes et à ses promesses, la mesure des trésors de grâce que répand son divin Coeur?
La plaie la plus sensible au Coeur de Jésus, celle qui lui est faite par l'ingratitude et l'indifférence de son peuple choisi, n'est-elle pas aussi le plus grand obstacle à ses miséricordes? La réparation sacerdotale doit être un des principaux éléments de salut. N'est-ce pas comme le couronnement des diverses oeuvres réparatrices qui ont surgi dans ces derniers temps? Et si le prêtre doit prêcher instamment la réparation, n'est-ce pas juste qu'il en donne l'exemple, non seulement en général, en entrant dans cet esprit, mais même spécialement par une oeuvre sacerdotale toute vouée à ce but?
Nous avons pris le nom d'Oblats du Coeur de Jésus. Nous avons pour base la règle franciscaine. Nous ajoutons aux trois voeux essentiels le voeu de dévoûment et d'immolation au Sacré-Coeur de Jésus. Nos Constitutions, adaptées à ce but, sont imitées de celles de St Ignace.
Pour ce qui est de la forme extérieure de cette vie d'amour et de réparation au Sacré-Coeur de Jésus, les uns parmi nous se consacrent à la contemplation, aux offices du choeur et à l'adoration du Très Saint Sacrement dans lequel vit et règne le divin Coeur de Jésus. Les autres se dévouent aux oeuvres, mais de préférence à celles qui ont pour but la sanctification du clergé, cette portion du bercail de l'Eglise la plus chère au Coeur de Jésus, comme les écoles apostoliques, les séminaires, les maisons de retraite, etc.
Et comme le Saint Sacrifice est l'acte réparateur par excellence le plus efficace, nous ne disons que des messes réparatrices sans honoraires. A peine avons-nous commencé, il y a quatre ans, que nous avons été encouragés par des faits surnaturels, et notamment par des révélations faites par Notre Seigneur sur l'esprit et les vertus propres à cet institut du Sacré-Coeur, à une humble religieuse de la Congrégation des Servantes du Coeur de Jésus, qui ont le même but de réparation et d'immolation au Sacré-Coeur.
Notre Seigneur a daigné montrer aussi qu'il agréait notre voeu d'immolation en nous envoyant des épreuves providentielles. Son action surnaturelle s'est témoignée dans les vocations déjà réalisées et dans celles qui se préparent.
Nous sommes maintenant quarante prêtres ou clercs, partagés entre le noviciat et un collège. Beaucoup aspirent à se joindre à nous.
Des agrégés dans le monde et notamment dans le clergé séculier s'unissent à nous dans le même esprit et le même but.
Il y a trois ans déjà, Monseigneur l'évêque de Soissons a présenté nos voeux à Votre Sainteté. Nous osons nous présenter de nouveau aujourd'hui à Vos pieds et solliciter Votre puissante bénédiction.
Bien que nos réparations aient peu de valeur, à cause de notre indignité, nous aurions plus de confiance pour les offrir au nom de l'Eglise si nous avions obtenu une première approbation du Saint Siège.
Nous espérons que cet encouragement et cette marque de l'acceptation divine ne nous feront pas longtemps défaut.
Particulièrement attachés à la Chaire de Saint Pierre, nous osons aussi, Très Saint Père, Vous exprimer le désir d'avoir à Rome une maison dans un avenir peu éloigné. Notre Oeuvre n'y fera pas double emploi avec d'autres, s'il est vrai, comme nous le pensons, que Rome n'ait pas encore d'Institut sacerdotal voué à l'adoration du Très Saint Sacrement et à la vie réparatrice au Sacré Coeur de Jésus.
Puisant dans le Coeur de Jésus l'esprit de sacrifice nous serions heureux d'être aussi bientôt représentés dans les missions, mais particulièrement dans les pays où la foi est depuis longtemps obscurcie par le schisme et où la réparation sacerdotale nous paraît être un des moyens de régénération.
Enfin nous sommes heureux, Très Saint Père, de pouvoir Vous dire combien nous sommes dévoués à l'Eglise romaine, combien nous vénérons en Vous le successeur de Saint Pierre et comme le moindre de Vos désirs sera pour nous une loi.
Daignez agréer, Très Saint Père, l'hommage du très profond respect avec lequel nous sommes, de Votre Sainteté, les plus humbles et dévoués fils.
Le Supérieur et la Communauté des Oblats du C. de J.
04. 04. 1882. B 19/1. 1 (inv. 229. 10). Mère Marie du SC (Servantes)
Chère Mère,
Voici de nouvelles occupations profanes que je viens vous imposer. C'est une petie croix à porter. L'avocat demande de suite:
1° des détails sur l'orphelinat de Fourdrain. Frais d'établissement avec les mémoires. Nombre des orphelines admises gratuitement. Quelques-unes l'ont-elles été sur la recommandation de Melle Savreux?
2° Tous les renseignements possibles sur l'emploi des 100.000 francs.
3° Tout ce que vous retrouverez de ses lettres et écrits. Ecrivez pour cela aujourd'hui même à Melle Colette.
Au surplus, je vous transmets les lettres de l'avocat.
J'ai une lettre de Mr Dumoulin. Il me dit que Mr Ménard a une soeur qui a tenté deux fois d'entrer chez les Carmélites. Elle en est sortie pour cause de santé. Aujourd'hui elle va bien, et elle pense de nouveau à la vie religieuse.
Je suis toujours absorbé par ma besogne, mais je l'offre plus fréquemment à N. S., pas encore autant que je devrais cependant. Union au calvaire. Jean du C. de J.
20. 05. 1882. A un ancien compagnon de Sta Chiara ( = P. François Guilhen s.j.) B 82/1 (inv. 1102.04)1102.04)
Bien cher père et ami,
Ne comptez pas sur nous. Nous ne sommes pas encore en mesure de vous prêter notre concours cette année. En vue de la loi qui nous menace, je suis obligé de mettre à la préparation des grades les sujets dont je n'ai pas absolument besoin pour le collège.
Je suis bien reconnaissant à Mgr de Montpellier de ses intentions si bienveillantes à notre égard.
Hâtons par nos prières et nos sacrifices l'heure de la restauration chrétienne. Le bien sortira sans doute de l'excès du mal. Les expiations des bons dans la persécution apaiseront la justice de Dieu. Que de ruines morales s'accumulent en ce moment!
Je me recommande de nouveau à vos bonnes prières et vous offre l'assurance de ma fidèle amitié en N. S. L. Dehon.
06. 08. 1882 (Fête de la Transfiguration) B 20/12 (inv. 326. 05). P. Falleur
Cher fils,
Portez courageusement les humiliations et offrez-les bien pour l'Oeuvre. St Joseph ne nous abandonnera pas.
Je vous envoie la clef. Soldez la traite et Scherrer. Les autres me paraissent pouvoir attendre tous mon retour. Peut-être porterai-je quelque mille francs.
Voyez si notre mère peut vous aider au cas où quelqu'un se montrerait trop pressé. Vous auriez pu m'envoyer un reçu de la banque à signer. Envoyez-m'en un par retour de courrier. Il y en a dans un petit tiroir de mon bureau au milieu, derrière mon buvard.
Vous étiez en faute de n'avoir pas consulté l'échéancier surtout après l'observation que je vous avais faite qu'il devait y avoir quelque traite le 5.
Employez Riedmüller. Envoyez quelques plamarès. Il y a eu là aussi quelque négligence. Envoyez-en aux élèves absents, Rozier, Doublot, etc, et à Mr le doyen de Sains…
Vous recevrez sans doute en mon absence le postulant de Carlsrühe [Karlsrühe], qu'on lui fasse bon accueil.
M. Comibus doit faire une retraite au S. Coeur dès mardi. Prévenez le P. Xavier qui s'en chargera. Mes amitiés paternelles à tous. Je prie le Coeur de Jésus de vous bénir.
+ Jean du C. de J.
07. 08.1882. B 20/12 (inv. 326. 06). P. Falleur
Cher fils,
Un mot seulement d'encouragement. Allez au jour le jour dans la confiance et l'abandon. N. S. ne nous délaissera pas.
Remerciez le P. Thadée de son petit mot. Je lui écrirai demain pour lui accorder tout ce qu'il désire. Agissez en diplomate avec les braves gens qui vous demandent l'impossible, pour les faire attendre un peu. Faites dire à la Chère Mère que je ne l'oublie pas et que je tâcherai de lui écrire demain.
Jesu, amoris victima, fac cor meum secundum Cor tuum.
+ Jean du C. de J.
08. 08. 1882. B 20.12 (inv. 326. 07). P. Falleur
Cher fils,
J'espère toujours rentrer demain soir, mais ce n'est pas certain, le notaire a encore de longues écritures à faire. Je vous envoie seulement un billet de mille francs que vous pouvez donner à Mme Blandiaux, pour la faire attendre plus patiemment.
Je ne sais pas si je pourrai vous porter quelque chose. St Joseph pourvoiera à tout après nous avoir laissé un peu humilier. Soyez seulement fidèle, doux, patient et pur. Vous savez que toute cette gêne est en grande partie le fruit de vos oeuvres.
Je ne sais pas si Mr Vinchon peut encore s'occuper de Leroy. S'il ne peut pas, Mr Payen le fera. Mr Hénet a en vue un jeune homme pour la 11è. Il pourrait le faire venir vendredi ou samedi pour que je le voie.
Dites seulement au P. Patrice que je suis heureux des bonnes nouvelles qu'il me donne.
A demain probablement à l'heure ordinaire. Tout vôtre in Corde Jesu.
+ Jean du C. de J.
09. 08. 1882. B 22/11 (inv. 465. 11). Père Falleur
Cher fils,
Mes affaires ne seront terminées que ce soir. Impossible de rentrer au bercail avant demain jeudi. Je compte arriver à 1h 28. Je ne sais pas quand je pourrai confesser tout mon monde. Faites prévenir la chère Mère de mon retard.
Envoyez aussi l'expression de mes regrets à Mme la Sup.re des Augustines qui comptait sur ma présence à sa distribution des prix à 10 heures.
Mon pauvre corps est fort misérable depuis quatre jours. Si cela pouvait réparer un peu pour ce qui manque ailleurs! A demain. Soyez sage, doux et patient. + Jean du C. de J.
27. 08. 1882 (de Bourges) B 20/12(inv. 326. 08).P. Falleur
Cher fils,
Je sens que les bons anges m'accompagnent. Ils m'ont gardé hier dans la solitude de mon wagon et m'ont permis de prier toute la journée.
Je désire bien que vous ayez terminé votre inventaire. Alors seulement vous aurez le repos de l'esprit nécessaire pour vous préparer au sacerdoce. Gardez la paix et la douceur pendant ces huit jours.
J'ai oublié de vous dire d'aller à la gare pour recevoir et expédier le coffre de Nicolas, qui est arrivé à l'adresse de la chère Mère. Mettez l'adresse: Nicolas Geissenberger, bei X. Kaiser, Sakristen Carlsruhe (Duché de Bade).
Ne négligez pas les travaux: mansarde, cabinets, etc.
Que le Coeur de Jésus vous bénisse comme je le fais + Jean du C. de J.
30. 08. 1882. B 22/11(inv. 465.39). P. Falleur
Cher fils,
Ce qui importe le plus, vous le savez, c'est que vous n'offensiez pas Notre Seigneur. Et puis ne serait-ce pas temps de commencer à l'aimer un peu? Sinon oserez-vous lui imposer dans trois semaines l'obligation de donner tous les matins une longue audience à quelqu'un qui ne l'aime guère et qui aime encore les créatures?
Pour le temporel vous auriez pu, je crois, contenter Mr Lefèvre et même partiellement Mr Gambert. Il faut compter davantage sur N. S. et sur St Joseph.
Je suis très content de mon voyage. J'ai fait un bon pèlerinage à Rocamadour. Mgr Gay est très touché de ce que je lui ai exposé. Je compte toujours rentrer dimanche soir ou lundi.
Préparez-vous au sacerdoce par la sanctification de vos actions. La sainteté ne consiste pas dans les grandes choses, mais dans la fidélité.
Occupez-vous de vos publications. Dites au P. Remy de s'occuper des siennes.
Je prie de Coeur de Jésus de vous bénir. + Jean du C. de J.
31. 08. 1882. B 22/11(inv. 465. 12). P. Falleur
Cher fils,
Un mot seulement. Je suis content de ce que j'obtiens ici, mais je sens un temps d'arrêt par la faute de plusieurs de mes pauvres enfants de St Quentin.
Dites au P. Thadée de faire redoubler de prières et de réparations. Qu'il fasse exposer N. S. un jour et une nuit, s'il est possible.
J'ai été étonné de n'avoir aucune lettre de St Quentin aujourd'hui jeudi. Je quitterai sans doute d'ici dimanche pour rentrer lundi soir.
Envoyez de suite les effets, valise, malle de Nicolas Geissenberger et son argent déposé. Retenez 4f par jour seulement. Je reçois lettre sur lettre de lui et de son entourage. Soyez fidèle. Plus de sottes affections. Je vous bénis dans le Coeur de Jésus + Jean du C. de J.
01. 09. 1882 (1er vendredi) B 22/11 (inv. 465. 40). P. Falleur
Cher enfant,
Vos lettres m'apportent toujours de nombreux coups d'épingle qui valent une bonne croix. Fiat! (Lc 1, 38). Tâchez d'être un peu plus absorbé par N. S. pour moins vous émouvoir des petites choses.
Je suis ici comblé de grâces. Mgr Gay après avoir été d'abord défiant est maintenant acquis à l'oeuvre autant et plus que nous mêmes. Sa belle âme en est toute pénétrée.
Son entourage voit aussi là la réalisation de ce qu'ils attendaient depuis de longues années.
L'abbé de Pascal est déterminé. Il entrera bientôt au noviciat. Bien d'autres vocations sortiront d'ici. Faites part de ces bonnes nouvelles au P. Thadée et à la chère Mère.
Je quitterai d'ici dimanche dans l'après-midi et je vous arriverai lundi soir mais peut-être à 11h 1/2 seulement. Il est probable que je vous écrirai encore d'ici là.
Si l'abbé Wahart arrive, mettez-le entre les mains du P. Thadée et du P. François Xavier jusqu'à mon arrivée.
Je bénis tous mes enfants de St Quentin, les uns „ut proficiant” (Dn 11, 27), les autres „ut convertantur” (Ps 40, 15). + Jean du Coeur de Jésus.
02. 09. 1882 (1er samedi, à Traforêt) B 19/1. 1 (inv. 229. 11). M. Marie du SC
Chère Mère,
Mon séjour ici est absolument béni par le Coeur de Jésus. Mgr Gay ne saurait assez dire combien son coeur, son âme et toute sa vie sont acquis à l'oeuvre du Coeur de Jésus. Il fera pour nous tout ce que nous désirerons. Il viendra même (ceci doit rester entre nous) faire sa retraite au S. Coeur au printemps. Il est entouré ici d'une pieuse famille qui attend cette oeuvre depuis 30 ans et qui veut tout y consacrer, son influence, sa fortune et ses enfants.
Il y a deux charmants petits garçons de 11 et 13 ans, priez N. S. de les appeler à son oeuvre et de leur donner un beau nom.
Il faut prier aussi beaucoup pour Mr Vincent et pour Mgr de Soissons. Je rentrerai à St Quentin lundi soir à 11h. Je ne sais pas encore le temps que je pourrai vous donner mardi, mais il est bien probable que les confessions ne pourront avoir lieu que mercredi.
Les bons anges m'aident. J'ai eu bien des grâces personnelles ici. Mais combien je sens mon indignité! Il faut toute la miséricorde infinie du Coeur de Jésus pour me souffrir!
Je vous envoie et à toutes nos Soeurs une paternelle bénédiction. + Jean du C. de J.
25. 11. 1882 (dossier Saint-Office, p. 18) Mgr THIBAUDIER, évêque de Soissons.
(ACDF, S.O., R.V. 1884, n. 5, I/18 ; B 119/1 inv. 1184.00)(ACDF, S.O., R.V. 1884, n. 5, I/18 ; B 119/1 inv. 1184.00)
[Texte imprimé, suivi du manuscrit autographe du Père Dehon, reproduit intégralement ici. Sur le manuscrit du P. Dehon , Mgr Thibaudier a ajouté en marge quelques observations, également reproduites ici, en italique]
« Monseigneur,
Puisque Votre Grandeur doit quitter Soissons mardi pour quelques jours, je me rendrai à Soissons demain soir dimanche pour être à votre disposition lundi pendant les moments que vous pourrez me consacrer. Je prendrai la liberté de vous demander l'hospitalité. C'est bien un peu hardi, mais Votre Grandeur m'a habitué à tant de bontés !
(Note de Th. : « je l'aurais reçu avec un grand plaisir ; mais je pars mardi pour 15 jours, et j'ai un mandement à terminer »).
Je vous porterai le cahier pour Mgr de Reims. Si vous le jugez à propos, je le porterai ensuite de Soissons à Reims, à moins que Mgr l'Archevêque ne doive être absent.
(Note de Th. : « je l'engage à faire la visite à Son Excellence »).
Comme vous le remarquez à bon droit, Monseigneur, le surnaturel forme ici une question distincte. Quoi qu'il en soit du surnaturel, j'espère que Votre Grandeur ne cessera pas de bénir et d'encourager à côté de St Jean (Collège) l'oeuvre du Sacré-Coeur qui se forme dans un but si élevé, avec des Constitutions que vous avez trouvées très belles et je crois dans un bon esprit.
C'est du reste sous ce seul aspect que nous voulons nous présenter à Rome où l'on ne juge jamais le surnaturel du vivant des sujets qui en sont favorisés.
Il faut cependant que je vous dise, Monseigneur, que ce surnaturel est absolument divin. Je le crois tel avec une conviction qui est pour moi l'évidence.
Croire à des causes naturelles voilées sous des illusions pieuses serait pour moi puéril. L'illusion pieuse peut produire quelques bonnes pensées, elle ne peut ni faire des prophéties, ni scruter les coeurs, ni voir à distance, ni faire des miracles, ni faire d'une cuisinière une théologienne inimitable (Note de Th. : « c'est une cuisinière instruite »), ni donner à un prêtre d'une valeur scientifique commune une science mystique extraordinaire. Nous vivons ici quotidiennement dans le surnaturel. Il est palpable.
Deux hypothèses peuvent expliquer ces phénomènes, celle du surnatuel diabolique et celle du surnaturel divin. Pour ce qui est de la première, personne n'a encore osé la proposer ici, elle est écartée par toutes les règles de la mystique.
Celle du surnaturel divin est la seule qui explique ici tous les phénomènes et qui ne soit contredite par aucun. Elle saute aux yeux de presque tous ceux qui ont examiné. J'en ai reçu une foule de témoignages formulés aussi fermement que ceux-ci : « Celui qui ne voit pas là l'esprit de Dieu, c'est qu'il ne l'a pas » (Note de T. : « Père Modeste »). L'esprit de Dieu est là ou il n'est nulle part.
Je crois, Monseigneur, de foi privée au surnaturel divin à Saint-Quentin. C'est pour moi un devoir de conscience rigoureux. Un martyre égal à celui de saint Quentin ne me ferait pas hésiter un instant dans cette foi.
Toutes les preuves que j'en ai sont du même ordre que celles qui me prouvent la vérité de l'Evangile, elles n'en diffèrent que par le nombre.
Si, dans une hypothèse qui pour moi est absurde, le Saint-Siège venait à condamner le surnaturel de Saint-Quentin, je me reconnaîtrais si faible d'intelligence et de jugement et si incapable de comprendre quoi que ce soit à la direction des âmes, que je me retirerais immédiatement dans la solitude en me refusant à remplir tout ministère quel qu'il soit.
Il n'y a pas une objection positive à opposer à cette affirmation. Celles qu'on croit avoir sont basées sur des données fausses ou sur l'ignorance des faits. Elles sont de la valeur de celle que formulait hier Mr Guyart : « Cette Soeur a une belle écriture, elle n'est donc pas illettrée comme on le dit ! ! ! ! ». Oui, cette Soeur a une belle écriture, comme toute personne qui a fréquenté l'école primaire en enfant sage jusqu'à 11 ans. En attendiez-vous moins d'elle ? (Note de Th. : « Non, ce n'est pas une écriture d'école primaire. Du reste, peu importe »).
Et pourquoi donc trouve-t-on ce surnaturel si extraordinaire ? Il n'y a pas un ordre religieux qui ait commencé dans d'autres conditions et souvent même l'analogie de ce qui s'est passé avec ce que nous voyons ici est frappante.
J'ai ouvert aujourd'hui même, sans avoir la pensée d'y chercher des arguments, deux volumes ascétiques, la vie du P. Surin et celle de sainte Brigitte, qu'y ai-je trouvé ? Chez le premier, sa vision de la sainte Vierge à 15 ans, et ses colloques avec les anges pendant des années entières. Chez l'autre, la fondation surnaturelle de l'Ordre du Sauveur, les Constitutions dictées en partie par Notre-Seigneur, la règle expliquée par lui-même, une direction de détail par N.S. pendant des années pour tout ce qui regardait l'Ordre, etc.
Il y a, Monseigneur, des preuves qui sont toutes personnelles, comme ce sentiment du divin dont parle sainte Thérèse et qui produit l'évidence pour celui qui l'éprouve.
Mais il y a en outre ici mille preuves extérieures, je vous ai déjà proposé de vous les énumérer, vous ne me les avez pas demandées (Note de T. : « Je les ai demandées, et j'ai reçu une réponse faible »), je vous ai demandé récemment vos objections, vous ne me les avez pas formulées. Vous demandez un signe : quand Notre-Seigneur en a donné cent, est-il obligé d'en donner un de plus ?
Pardonnez-moi, Monseigneur, de vous occuper aussi longuement à la veille d'un départ.
Je vous prie de croire que ma liberté de parole est le fruit d'une conviction plus forte en moi que la vie, et qu'elle s'allie très bien avec un profond respect et un dévouement très affectionné pour Votre Grandeur.
Daignez agréer, Monseigneur, les hommages du plus humble de vos enfants.
L. Dehon. 25 novembre 1882 ».
(ACDF, S.O., R.V. 1884, n. 5, I/18 ; B 119/1 inv. 1184.00)(ACDF, S.O., R.V. 1884, n. 5, I/18 ; B 119/1 inv. 1184.00)
29. 11. 1882. B 109/2(inv. 1169.51)Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)
+ 29 nov. 82
Cher ami,
Quelques mots seulement pour ne pas laisser se refroidir le feu sacré.
Nous sentons ici que nous avons fait l'œuvre de Dieu en vous unissant à nous. Les choses sont bien comme elles sont. Préparez l'annexion des Chateaux et attendez pour le reste les indications de la Providence.
En attendant soyez déjà l'apôtre du Sacré-Cœur.
Je crois que vous feriez bien de voir rue Nicolo 11, à Passy, l'œuvre des pieuses filles qui nous sont unies et nous sont toutes dévouées. Entrez en relations avec l'abbé Bailly leur aumônier.
Encouragez-le. Discrètement. Il n'a rien qui le retienne à Paris. Il devrait se donner de suite.
Pourriez-vous nous faire donner par quelque bonne âme une petite statue de saint Augustin (tenant en main un cœur) de la hauteur de 90 cm.
Dites-moi bientôt si la grâce du Sacré-Cœur continue à agir dans votre âme.
Unissons bien nos prières pour toutes nos intentions.
Votre bien dévoué in Corde Jesu
L. Dehon
30. 11. 1882 </sub><sub>(St André) B 20/12 (inv. 326. 10). P. Falleur
Cher fils,
Laissez bien faire le S. Coeur. Ne cherchez pas la croix, mais ne la fuyez pas. C'est assez dire le fiat des lèvres, Dites bien maintenant celui du coeur. (cf. Lc 1, 38).
Pour le temporel, je vous porterai de l'argent demain. Je compte arriver à 4h40. Faites en sorte de suffire à tout demain matin. Réglez avant dix heures le banquier et même s'il est possible MM. Leveque et Baucquey.
Si la chère Mère n'a rien reçu, voyez si Mr Chatelain peut vous prêter 2.000 francs pour 12 heures. Faites tout cela doucement et dans la paix avec confiance dans le S. Coeur. A demain. Cor Jesu descendat super vos. + Jean du C. de J.
18. 12. 1882 B 22/4 (inv. 451. 03). Mgr Gay
Monseigneur,
J'ai quitté Reims avant que Mgr l'archevêque ait reçu votre lettre, mais il me paraissait déjà disposé à faire quelque chose pour son diocèse. La grande grâce que nous avons à demander maintenant, c'est l'approbation du Souverain Pontife. Les bons anges nous ont donné pour nous aider à y arriver la belle prière que je joins à ma lettre. Nous allons la réciter tous les jours dans nos communions. Je recommande bien cette intention à Votre Grandeur, et vous prie de la recommander à vos carmels.
Merci des beaux discours que vous m'avez envoyés. On va les lire dans nos deux communautés.
Pour le bon prêtre dont je vous envoie les lettres, nous n'avons pas encore d'indication surnaturelle, mais seulement une impression favorable. Boulogne n'est pas très loin de St Quentin. Il pourrait venir nous voir. Peut-être trouverait-il ici sa voie. Une faible santé n'est pas chez nous un obstacle.
Mr Charles de Mantenon m'a écrit ses ardents désirs. S'il vient, il restera. Ce sera un peu pénible pour lui à cause de notre installation encore bien étroite. Je crois cependant qu'il s'y fera: l'esprit et le coeur soutiendront le corps.
Madame de Pascal est près de nous. Elle est heureuse de revoir son cher Alex., quoique un peu peinée de le voir souffrant. Il va mieux cependant. Nous allons bien le soigner pour pouvoir lui faire faire encore au printemps un voyage bien important. Je voudrais l'envoyer à Rome pour m'y préparer les voies. J'irais moi-même y passer quelques jours et nous obtiendrions, j'espère, un encouragement bien formel du St Père.
Mme de Pascal m'a fait connaître la peine que vous éprouvez à Poitiers. Le retour de l'év. va bien agiter ce pauvre diocèse. Si on savait à Rome à quel point le scandale peut aller, on lui aurait sans doute demandé sa démission. C'est pour vous une cruelle épreuve que l'absence seule peut diminuer.
Le P. Vincent, dont vous désirez l'adresse, doit être à Marseille, chez Mme Borelli, 7 rue de la Darse.
Daignez agréer, Monseigneur, l'hommage de mon filial et respectueux dévouement. L. Dehon. 18 déc. 1882.
31. 12. 1882 (de Soissons) B 22/4 (inv. 451. 04). Mgr Gay
Monseigneur,
Je ne puis pas ne pas vous dire au moins brièvement aujourd'hui les sentiments de mon coeur.à l'égard de Votre Grandeur. Je regarde comme une des grandes grâces de l'année 1882 pour moi et pour notre chère Oeuvre du S. Coeur les relations que la Providence m'a permis d'établir avec vous. Le S. Coeur de Jésus daignera fortifier et perpétuer ces relations pour l'unique gloire du S. Coeur.
Cette année 1882 a été bien grande pour notre Oeuvre. Nous avons reçu de la Providence le complément de nos Constitutions, des lumières surnaturelles abondantes, des vocations , d'innombrables témoignages de sympathie et un premier encouragement de Rome.
L'année 1883 nous apportera, j'espère, de plus grandes grâces avec des épreuves qui sont aussi des grâces. Vous serez, Monseigneur, souvent pour nous l'instrument de la Providence, et c'est avec la plus grande confiance que nous tournons aujoud'hui nos regards vers vous.
J'ai signé le 27 le bail de la maison de Hollande. Bien que tous les obstacles du côté de Mgr de Soissons ne soient pas encore levés, je regarde cette fondation comme faite. C'est une grâce du jour de St Jean.
L'abbé François, de Boulogne, est ici depuis deux jours. Je pense qu'il nous restera.
Mgr de Reims n'a pas encore écrit son impression.
Daignez agréer, Monseigneur, avec mes voeux ardents pour tout ce qui vous est cher, et notamment pour la paix de votre chère Eglise de Poitiers, l'hommage de mon profond et filial dévouement. L. Dehon.
Décembre 1882. B 19/1. 1 (inv. 229. 12).Mère Marie du SC (Servantes)
Chère Mère,
Mon voyage à Reims a été bien béni. Mgr l'archevêque a été très bon. Il était tout ému de tout ce que je lui ai raconté. Il paraît très favorable à l'Oeuvre et nous donnera une lettre pour Rome au printemps. J'espère même qu'il nous donnera plus tard une oeuvre importante de son diocèse.
Il a nommé deux théologiens pour étudier l'Oeuvre et lui faire un rapport. C'est le supérieur du Gd séminaire (un Sulpicien) et l'aumônier de la Visitation, un ami du P. Modeste. Je les ai vus tous les deux assez longuement. Mgr l'archevêque va prier Mgr de Soissons de nommer aussi une commission.
J'ai vue le P. Modeste. Il nous est toujours aussi dévoué. Le jeune organiste alsacien va venir pour Noël. M. Ménard part ce matin sous prétexte qu'on essaie de faire pression sur lui.
Mgr Gay m'écrit que les évêques d'Annecy et Maurienne ont fait une circulaire à leur clergé.
On me presse pour avoir ma lettre. A mardi. Vivat Cor Jesu. Jean du C. de J.