1887

CORRESPONDANCE DU PERE DEHON : ANNEE 1887

1 - 2 février 1887. (Archives Servantes, Chazelles).

(Une image pieuse de la Sainte Famille, au dos de laquelle sont écrits ces mots, manuscrits autographes)

1878. 1879. 1880 : trois années de vie.

1881. 1882. 1883 : souffrance et agonie.

1884. 1885. 1886 : la mort.

Puisse l'année 1887 être celle de l'Alleluia.

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1er 2 - février 1887

+ Jean du Cœur de Jésus

10. 03. 1887. B 18/13.2 (inv. 227. 02). M. P. Desmis (copie manuscrite)

Mon cher monsieur,

Il faut bien que votre vocation soit éprouvée. C'est la meilleure preuve de son caractère surnaturel. Votre attrait ne peut venir que de Dieu puisqu'il n'a que des motifs désintéressés et qu'il vous porte à la perfection.

Les préjugés de Mr le Supérieur ne sont pas fondés. Nous ne sommes pour rien dans le départ des Lazaristes de Soissons.

(Note du copiste: Mr Cornus, Supérieur du Séminaire académique, venait de Soissons, et n'aimait pas les Prêtres du S.Coeur. M. Dehon me dit à ce sujet: „Mgr Thibaudier n'a pas renvoyé les Lazaristes pour les remplacer par nous. Nous n'avons pas de sujets pour cela. Il les a renvoyés parce qu'ils ne donnaient pas ce qu'il fallait. En 7 ans il y eut 7 jeunes professeurs de philosophie et Mgr tient beaucoup au bon enseignement de la philosophie. Il a été lui-même professeur de philosophie”).

L'esprit de l'Oeuvre est au-dessus des contestations humaines, c'est une réponse aux demandes de N.S. lui-même à Paray-le-Monial. Les révélations de Paray-le-Monial sont acceptées par l'Eglise.

D'ailleurs nous avons été déjà bénis et encouragés par le St Siège, et c'est avec l'assentiment de Rome que Mgr de Soissons nous a érigés canoniquement.

Le clergé qui nous a été hostile d'abord par une permission de la Providence pour nous éprouver nous est maintenant très sympathique. D'ailleurs notre but est d'être les auxiliaires du clergé par nos prières, nos sacrifices et nos oeuvres.

Je ne vois pas ce qui pourrait scandaliser les fidèles.

(Note du copiste: D'après Mr Cornus, le but de la Congrégation, 'prier pour les péchés des prêtres', scandalisait les bonnes âmes; les prêtres commettent-ils tant de péchés? Que les Oblats de St Quentin commencent par réparer pour eux-mêmes!)

Pour eux nous sommes simplement des Prêtres du S. Coeur. Rien dans notre nom ni dans nos oeuvres ne peut les offusquer.

Cet esprit de prière et de sacrifice pour la sanctification du clergé se manifeste partout dans l'Eglise au temps actuel. Il y a déjà quatre Congrégations de femmes fondées dans ce but et quelques-unes sont approuvées à Rome. Les prêtres devraient-ils être les seuls à ne rien faire pour la sanctification du clergé?

Je vous envoie un numéro du Bulletin de la Garde d'Honneur. Lisez ce qu'on y dit des Filles du Coeur de Jésus, qui ont le même but que nos Soeurs.

Pour vous, vous n'obtiendriez pas facilement de quitter vos études au milieu d'une année, mais je pense qu'il faudra bientôt faire une première demande à l'archevêché. On ne vous accordera sans doute qu'après plusieurs instances. Il faut commencer bientôt vos démarches pout tâcher qu'elles aboutissent au moins aux vacances prochaines.

Demeurez fidèle à votre belle vocation. Il n'y en a pas une autre qui réponde aussi directement aux désirs du Coeur de Jésus. Soyons unis de coeur, de prières, de sacrifices, en attendant l'union extérieure dans l'Oeuvre.

Soyez assuré de mon affectueux dévouement in Corde Jesu. L. Dehon.

19. 03. 1887 « Œuvres sociales » IV, pp. 268-269 : « Dédicace à Notre St Père le Pape »

Très Saint Père,

Les pensées et les cœurs de tous vos enfants sont tournés vers vous tout particulièrement cette année, à cause de l'heureux anniversaire demi-séculaire de votre sacerdoce.

Les hommages les plus variés vont affluer de toutes les parties du monde chrétien pour consoler votre cœur dans votre douloureuse mais noble retraite du Vatican. Les chefs-d'œuvre de l'orfévrerie, de la peinture, de la sculpture et de la broderie se mêleront aux produits de l'industrie et du sol ; les hommages solennels du savant et du poète, à l'humble supplique du fidèle. Personne ne sera éconduit et aucune offrande ne paraîtra téméraire.

Il me souvient d'avoir vu à pareille fête, il y a vingt ans, sous les cloîtres majestueux de la Chartreuse du Viminal, ce mélange gracieux du petit et du grand, les fruits des provinces agricoles de la Sabine et de la Romagne à côté des œuvres d'art de Rome, de Paris, de Vienne, de Madrid et de Munich, et le vœu du pauvre n'était pas moins touchant à voir que celui du riche.

J'ose donc aujourd'hui apporter aux pieds de Votre Sainteté le plus humble des hommages littéraires, quelques discours sur l'Education et les Lettres chrétiennes. C'est un faible écho, et le plus faible, de la grande voix du Pontife qui joint à l'éclat surnaturel de son autorité doctrinale la gloire de se montrer le protecteur éclairé des études philosophiques et historiques, et d'être dans la littérature elle-même et jusque dans la poésie lyrique, sa forme la plus élevée, un maître et un modèle.

Nos évêques vénérés, en nous redisant les titres de Votre Sainteté à notre profonde reconnaissance et à notre humble et filial dévouement, nous montrent vos lumineux enseignements se succédant dans une suite d'immortelles Encycliques qui resteront comme des monuments théologiques et littéraires des plus beaux siècles de notre histoire.

Ils nous rappellent les grandes lumières jetées ainsi, par les leçons sacrées qui tombaient de la chaire du Vatican, sur la vraie civilisation, sur les faux systèmes de la philosophie, sur la philosophie scolastique, sur la théologie de saint Thomas, ce foyer lumineux où se fondent ensemble les enseignements de tous les Pères de l'Orient et de l'Occident, sur les origines du pouvoir, sur les sociétés secrètes, devenues le grand danger de la société contemporaine, et sur la constitution chrétienne des états.

Pour nous, humble ministre de l'Eglise, dans notre modeste sphère, nous avons eu à redire les grandeurs et à montrer les fruits de l'éducation chrétienne et de l'enseignement chrétien dont nous nous sommes fait un instrument trop inhabile, en vue de plaire au divin Cœur de Jésus, en formant les enfants, qui lui sont si chers, à la piété et aux lettres chrétiennes.

Votre bénédiction est déjà descendue plusieurs fois sur notre œuvre par l'entremise de notre illustre et si bienveillant métropolitain, le cardinal Langénieux, et de notre si vénéré et si paternel évêque, Monseigneur Thibaudier.

Nous la sollicitons de nouveau pour ces humbles pages qui doivent être un enseignement pour les élèves des maisons chrétiennes, entre les mains desquels elles tomberont, et un encouragement pour les familles qui bravent les préjugés du jour pour rendre justice à l'éducation chrétienne et en réclament les bienfaits pour leurs enfants.

Daignez donc, Très Saint Père, agréer cet indigne hommage du plus humble des ministres de l'Eglise.

L. Dehon, Supérieur des Prêtres de la Société du Cœur de Jésus.

Saint-Quentin, en la fête de S. Joseph, 19 Mars 1887.

12. 05. 1887. B 18/13. 3 (inv. 227. 03). M. P. Desmis (copie manuscrite)

J'ai vu dernièrement votre bonne tante (note du copiste: Marie de St Paul Deran, une tante du côté maternel, était religieuse chez les Servantes du S. Coeur, au faubourg de l'Isle. Mr Dehon était son directeur de conscience depuis de longues années, elle le considérait comme un Saint à canoniser) qui s'intéresse bien vivement à votre vocation religieuse et je lui ai promis de vous écrire.

Les difficultés que vous rencontrez ne doivent pas vous arrêter. Ne faut-il pas que toute vocation soit éprouvée? La Providence disposera toutes choses pour le mieux, ayez confiance.

Votre cours de licence se termine-t-il cette année? Il ne faut pas l'interrompre: ce grade pourra vous être utile pour le bien que vous aurez à faire plus tard.

Si votre licence se termine au mois de juillet, il faudra faire de suite votre demande pour aller au noviciat. Mgr l'archevêque de Cambrai ne vous refusera pas. J'interviendrai, je ferai valoir les services que nous rendons à la paroisse de St Martin d'Esquermes.

Si même il vous restait une seconde année de licence à faire, il ne faudrait pas hésiter à faire votre demande aux vacances. En ce cas, au lieu de vous envoyer de suite au noviciat, je vous laisserais une année au scolasticat de Lille. Si vous attendiez davantage, vous seriez bien plus lié envers le diocèse de Cambrai.

Ecrivez-moi bientôt. Soyez bien abandonné à la Providence. Il ne faut pas que vos projets nuisent à la préparation de votre licence. Recevez l'assurance de mon affectueux dévouement.

L. Dehon.

03 Mai 1887. B 36/2d.34 (inv. 629.34). P. Eschbach. (Photocopie Ms)

B 36/2a. 34 (inv. 626. 34). (copie dactylographiée)

Mon révérend Père,

J'ai longtemps hésité à vous demander votre concours pour notre oeuvre. Je vous sais si occupé. Je me le reproche maintenant. J'aurais dû vous témoigner plus de confiance.

Vous savez combien le P. Freyd était bon pour moi. Il m'aurait beaucoup aidé. J'aurais évité beaucoup de difficultés s'il avait vécu et notre Oeuvre serait plus avancée. Je ne doute pas que vous ayez à coeur de remplacer en tout le bon P. Freyd.

Ayez donc la bonté de me diriger pour notre Oeuvre et de me donner la marche à suivre pour qu'elle prenne son essor. Vous le ferez d'autant plus volontiers, j'espère, que vous en aimez le but qui est l'adoration réparatrice au S. Coeur dans le S. Sacrement de l'autel. Je sais que vous avez beaucoup aidé l'oeuvre des Soeurs de l'Adoration réparatrice et l'oeuvre de M. Brugidau.

Vous avez connu nos épreuves. Nous avions donné trop d'importance aux vues d'une pieuse religieuse. Mais actuellement nous avons tout à fait la confiance et la sympathie de notre bon évêque qui a été autorisé par le St Siège à nous ériger canoniquement en congrégation religieuse. Nous désirons aller plus loin que le diocèse et la Providence marque bien ses desseins sur ce point car nos soixante religieux (dont 25 prêtres) viennent d'environ 25 diocèses. D'ailleurs le but de l'Oeuvre demande une oeuvre générale.

Il faudra sans doute passer par une phase intermédiaire. Nous obtiendrons sans doute d'abord la permission de fonder hors du diocèse (et même aux missions lointaines) par un accord entre notre évêque et l'évêque du lieu.

J'espère que vous voudrez bien prendre l'Oeuvre à coeur et me donner la marche à suivre pour avancer. Mgr de Soissons nous donnera toutes les pièces que vous désirerez. Je vous envoie une notice qui a été retouchée par Mgr lui-même. Elle vous dira où nous en sommes. Nous avons de bons amis. Le Cardinal de Reims nous aidera aussi au besoin. Nos scolastiques sont à Lille sous la direction de M. Didiot, que n'ai-je les ressources pour vous en envoyer quelques-uns! Cela viendra.

Mgr de Soissons se propose d'aller à Rome à la fin de l'année, mais à cette époque-là que pourrait-il bien faire pour l'Oeuvre? Rome sera encombrée de monde et les Congrégations romaines seront absorbées par les affaires innombrables qu'une foule d'évêques apportent.

Ayez donc la bonté de me dire toute votre pensée. N'y a-t-il pas des projets ou essais d'oeuvres analogues qui pourraient se fusionner avec nous? Quelle supplique dois-je vous envoyer pour obtenir un Bref d'encouragement et l'autorisation de fonder hors du diocèse de Soissons?

Je sais que vous êtes très puissant à Rome et que le Saint Père a une grande confiance en vous.

Je vous prie d'agréer, mon révérend Père, mes affectueux respects et d'offrir mes humbles amitiés au P. Brichet, au P. Daum, au P. Duplessis et au P. Rozerot.

Votre très humblement dévoué L. Dehon.

17. 05. 1887. B 17/2c.47 (inv. 140.47). Léon XIII

Beatissime Pater, Leo Dehon, presbyter Dioecesis Suessionnensis (Soissons) in Gallia, necnon Canonicus ad honores Ecclesiae Cathedralis ejusdem Dioecesis et Moderator Institutionis a Sancto Joanne, in Civitate (vulgo) de Saint-Quentin in praedicta Dioecesi, ad pedes Sanctitatis Vestrae provolutus, humiliter postulat facultatem benedicendi Cruces, Crucifixos, Coronas praecatorias et sacra numismata ; necnon parvas statuas sacras ex aere vel alio metallo duro confectas ; eisque applicandi Indulgentias Apostolicas seu communes, non exceptis iis quae coronis a Sancta Birgitta nuncupatis, adnexae sunt ; ad quinquennium. Quod Deus…

26. 05. 1887. B 36/2d.35 (inv. 629.35). P. Eschbach. (Photocopie Ms)

B 36/2a. 35 (inv. 626. 35). (copie dactyl.)

Mon révérend et bien cher Père,

J'ai été bien touché de votre bonne lettre, si paternelle et affectueuse. Je compte tout à fait sur votre puissant concours. Vous seul pouvez nous guider dans une affaire aussi délicate que celle de notre approbation après les petites difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés en 1883.

Monseigneur de Soissons nous est tout à fait favorable. Il m'écrit: „Je ne m'opposerai pas à ce que vous deveniez une congrégation directement soumise au S. Siège, je vous seconderai même dans ce dessein de tout mon pouvoir”.

Avec son autorisation j'ai écrit au Cardinal Langénieux, à Mgr l'archevêque de Cambrai et à Mgr Gonindard pour avoir d'eux quelques mots de recommandation. Je fais copier nos règles. Elles indiquent une congrégation diocésaine. Faut-il changer cela de nous-mêmes ou le changera-t-on à Rome?

Nous allons faire revenir le noviciat de Sittard, c'est convenu avec Mgr. Ce sera fait avant l'envoi des pièces à Rome. Nous laisserons seulement en Hollande avec la permission de Mgr un petit alumnat d'Allemands.

Il est impossible que nous restions congrégation diocésaine dans un diocèse si pauvre en vocations. Si l'on décidait cela à Rome ce serait l'équivalent d'une dissolution avec la ruine de nos oeuvres, car pas un des religieux ne resterait. Pas un n'aurait d'attrait pour tenter une oeuvre impossible. D'ailleurs la Providence s'est prononcée clairement: la moitié des membres de l'Oeuvre sont étrangers au diocèse. Ils appartiennent à vingt-cinq diocèses différents.

J'espère que bientôt tout sera en bonne voie et c'est à vous que nous le devrons.

Mgr de Soissons voudrait que cette affaire fût portée à la Congrégation des Evêques et Réguliers plutôt qu'au St. Office. Il fait remarquer que ce n'est plus la même question qui a été agitée en 1883. Il s'agissait alors d'apprécier la valeur de révélations dont nous avions tenu trop de compte.

On a été sévère au St Office. Nous avions réellement commis deux fautes: la première de faire connaître et divulguer ces prétendues révélations, la seconde de nous en servir un peu pour la direction de l'Oeuvre. Mais comme il arrive toujours on est au loin assez mal renseigné. On a cru à Rome que notre Oeuvre était fondée sur ces révélations. Il n'en était absolument rien, elle était fondée sur une pensée de foi, un an avant la première révélation, ce qui change tout à fait la situation. On a cru en second lieu que nous avions fondé une congrégation générale sans l'autorisation du S. Siège et cela parce que nous avions une maison en Hollande. Il n'en était rien non plus. Nous n'étions que diocésains de Soissons et Mgr nous avait autorisés à commencer. Nous avions un refuge à Sittard parce que nous craignions d'être expulsés, mais nous avions parfaitement dit à Mgr l'évêque de Rüremonde que nous étions diocésains de Soissons et c'est comme tels qu'il nous accueillait pour un séjour provisoire à cause des difficultés politiques de France. J'ai des documents qui peuvent prouver tout cela autant que ce sera nécessaire.

Ayez l'extrême bonté de voir si nous pourrons recourir à la Cong. des Ev. et Rég.

Je compte sur votre charitable et dévoué concours. Je vous prie d'agréer mes dévoués et affectueux respects. L. Dehon.

03. 06. 1887. B 22/4a (inv. 452. 04). Mgr Gay

Moneigneur,

Je suis bien en retard pour témoigner à Votre Grandeur ma reconnaissance du bienveillant accueil que j'ai reçu chez vous au mois d'avril. J'ai vu avec bonheur que Votre Grandeur nous est restée sympathique après nos épreuves comme avant.

Monseigneur l'évêque de Soissons va reprendre la cause de notre approbation à Rome et il espère bien cette fois obtenir des lettres laudatives. La situation est bien meilleure qu'en 1883. Il y avait alors l'obstacle des révélations dont nous avions fait trop de bruit et d'ailleurs l'affaire avait été mal présentée.

Depuis lors nous marchons bien correctement selon les voies ordinaires. Monseigneur de Soissons nous est tout à fait favorable. Il a besoin pour réussir que je lui fournisse plusieurs recommandations épiscopales. J'en aurai facilement d'excellentes comme celle de Mgr de Cambrai dont je vous transmets la copie. Mais je croirais manquer à la confiance que je dois à Votre Grandeur si je ne vous demandais pas aussi quelques mots de recommandation. Il me semble que votre situation d'évêque titulaire n'est nullement un obstacle pour un acte de ce genre.

Peut-être même Votre Grandeur pourrait-elle aussi me faire donner une recommandation par quelque évêque avec lequel elle serait particulièrement liée.

J'ose vous prier d'offrir mes respectueuses amitiés à votre excellente famille.

Daignez agréer, Monseigneur, l'hommage du profond respect avec lequel je suis, de Votre Grandeur, le très humble et dévoué serviteur. L. Dehon, sup.r

08. 06. 1887. B 19/3.c (inv. 235. 07). Baron Sarachaga

Monsieur le Baron,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'article de M. Matovelle dans le Bulletin.

Je partage les idées de cet homme de Dieu. Notre petite Congrégation naissante des Prêtres du S. Coeur aimerait à exercer son zèle dans les pays où la foi est en souffrance à cause du clergé.

Le dévouement au clergé est notre but.

Nous irions volontiers fonder un peu plus tard des écoles cléricales dans l'Amérique du Sud. Nous sommes encore peu nombreux, une soixantaine environ, dont vingt cinq prêtres.

Vous êtes à la source des grâces du S. Coeur à Paray-le-Monial, priez un peu pour nous. Envoyez à l'Oeuvre quelque vocation.

Demandez au S. Coeur pour nous la grâce de pouvoir fonder une école cléricale à Paray et une à Ars. Ce sont là deux sources de grâces sacerdotales. Demandez pour nous les prières de M. Matovelle et de son comité.

Je vous prie d'agréer l'assurance de mon religieux respect. L. Dehon, sup. r

09. 06. 1887 NHV XV, 66 (B 106/2 inv. 1159.26). Mgr Thibaudier Lettre perdue, citée seulement en NHV

M. Harmel me presse. Il va venir ici lundi. Que lui dire? Il paraît très désireux de nous avoir. Il se chargera de demander l'autorisation à Son Eminence le Cardinal (Langénieux). Pour y aller, il faudrait lui donner M. Charcosset, au moins la première année, avec deux autres sujets… Mgr répondait en marge: „Je ne m'oppose pas à ce que vous donniez un des vôtres à M. Harmel. Mais ira-t-il seul? Le Conseil est-il de cet avis?”

23. 06. 1887. B 109/2 (inv. 1169. 63). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

Saint-Quentin le 23 juin 87

Cher ami,

« Quid de nocte ? » [Is 21, 11) : « Où en est la nuit ? »]

Savez-vous qu'il y a plusieurs noms sur les rangs pour Moutiers ? Avez-vous des assurances sérieuses ?

Nous allons reprendre l'instance pour notre approbation à Rome dans de bonnes conditions.

J'ai déjà neuf suppliques épiscopales au Saint Père : celles de Cambray, Liège, Beauvais, Chalons, Grenoble, Mende, Genève, Limoges et Anthédon.

Peut-être m'en pourriez-vous obtenir une ou deux.

Donnez-moi quelques nouvelles.

Je voudrais vous savoir déjà à Moutiers.

Prions l'un pour l'autre. Le p. Eschbach très touché de ce que je me sois adressé à lui s'occupe de notre affaire à Rome.

Tout vôtre in Corde Jesu

L. Dehon

24. 06. 1887. B 105/3.2 (inv.1157.22) : manuscrit signé conforme à l'original B 37/4 inv. 655.00 (copie dactylographiée) Au Pape

Beatissime Pater,

Infrascriptus sacerdos Leo Dehon, moderator Congregationis cui nomen „Sacerdotes Societatis Cordis Jesu”, ad pedes Sanctitatis Vestrae humiliter provolutus enixe postulat ut Sanctitas Vestra supradictae Congregationi litteras primae approbationis concedere dignetur.

Praesens status hujus Congregationis jampridem in dioecesi Suessionensi fundatae et ad diversas dioeceses de consensu reverendissimi Episcopi Suessionensis et Ordinariorum locorum propagata in litteris adjunctis describitur.

Spem fovet humilis orator fore ut post istud Sanctae Sedis testimonium, dicta Congregatio majus incrementum habeat et ad gloriam Dei et salutem animarum juxta tenues suas vires facilius adlaborare possit.

Quod Deus….

Leo Dehon, can hon. Suessionensis, Moderator Congregationis Sacerdotum Cordis Jesu.

24. 06. 1887. B 105/3.2 (inv. 1157.21). Au Saint-Siège : Notice sur l'Institut  des Prêtres de la Société du Cœur de Jésus (photocopie original signé) - LCC nn. 433-437

06. 07. 1887. B 354/4c. 6 (inv. 584. 06). Mère M. Joseph (Victimes)

Ma révérende Mère,

Le P. Charcosset a été très heureux de sa visite chez vous et il a été très édifié de tout ce qu'il a vu. L'esprit de simplicité, de foi et de sacrifice de votre pieuse communauté l'a bien touché. Continuez à vous offrir ainsi généreusement pour l'Eglise et pour le sacerdoce.

Il plaira sans doute un jour à N. S. de rapprocher nos oeuvres. Nous faisons deux fondations cette année, mais c'est encore dans le Nord. Nous prenons l'aumônerie de l'usine chrétienne de Val des Bois près Reims. Le P. Charcosset devient le Supérieur de cette maison qui paraît offrir assez d'avenir. Le P. Prévot a passé ici quelques jours pour prêcher deux retraites, mais il est retourné à son noviciat de Sittard.

L'esprit d'immolation au S. Coeur semble se répandre de plus en plus. C'est un gage d'espérance pour l'Eglise. Les diverses Revues pieuses rappellent souvent cet esprit. Bien des communautés religieuses s'en inspirent. Des associations de réparation se forment partout. C'est bien la grâce du moment. Vos prières nous aideront à répondre à notre belle vocation.

Demandez pour nous le véritable esprit d'immolation. Demandez aussi quelques bonnes vocations.

Je demande chaque jour à N.S. de bénir et de multiplier votre pieuse famille. Agréez l'assurance de mon religieux dévouement. L. Dehon.

31. 07. 1887. B 105/3.2 (inv. 1157.20) : photocopie du Ms du P. Legrand signé par le P. Dehon ; B 37/4 (inv. 655.00) : copie non signé - LCC nn. 437-458 (avec date 02.08.1887). Au Saint-Siège : Mémoire-

10. 10. 1887. B 24/8 - B (inv. 501. 01) P. Matovelle

Mon révérend et cher Père,

Notre but est bien le même: c'est le règne du S. Coeur dans les âmes et dans les sociétés, spécialement dans les âmes sacerdotales.

Une fusion me paraît désirable. 1° parce que le but est urgent et il est bon d'y travailler de suite et d'accord sur les deux continents. 2° la France et la République de l'Equateur sont les deux nations qui ont une grâce spéciale pour travailler au règne du S. Coeur. 3° notre concours nous rapprochera de Rome où doit être plus tard le centre de l'Oeuvre.

Accepteriez-vous un changement de nom? Nous tenons à avoir le S. Coeur dans notre nom.

M. le Baron de Sarachaga vous enverra les Extraits de nos Constitutions. Vous verrez qu'elles sont presque identiques aux vôtres. Nous sommes prêts à y faire quelques modifications, par exemple à accentuer davantage le but du règne social de Jésus-Christ. Il me semble que le moyen pratique pour la fusion serait que vous envoyiez ici un de vos prêtres qui serait un de nos conseillers et qui serait en correspondance habituelle avec vous.

Nous n'avons pas encore l'approbation de Rome, mais nous espérons l'avoir bientôt. Elle est demandée par près de trente évêques.

Nous avons actuellement 26 prêtres et environ 40 novices et scolastiques.

Une autre société de Prêtres du S. Coeur du midi de la France a également le projet de fusionner avec nous.

Puissions-nous unir bientôt nos efforts pour hâter le règne du S. Coeur! Prions ensemble la Bse Marguerite-Marie et le martyr Garcia Moreno pour qu'ils nous obtiennent la bénédiction du S. Coeur de Jésus pour nos projets.

Agréez l'assurance de mon religieux dévouement. L. Dehon, sup. r

13. 10. 1887. B 36/2d.36 (inv. 629.36). P. Eschbach. (Photocopie Ms)

B 36/2a. 36 (inv. 626. 36). (copie dactylographiée)

Mon révérend et bien cher Père,

Je fais des voeux pour que Sta Chiara ait une brillante rentrée et pour que son cher Supérieur retrouve toutes ses forces physiques.

Son Em. le cardinal Langénieux vous est arrivé. Il a le désir de nous aider. Il doit s'entremettre pour faire passer notre affaire de la Cong. du S. Office à celle des Ev. et Réguliers. Ayez la bonté de le lui rappeler.

Un de mes prêtres est du pèlerinage des Cercles. Nous sommes aumôniers des Oeuvres du Val des Bois. Ce prêtre, M. Charcosset, ira vous présenter mes respects et les siens.

Je suis à peu près déterminé à vous envoyer pour élève un de mes jeunes gens. Il vient d'être ordonné prêtre en septembre. Il a fait trois ans de théologie à Lille avec M. Didiot. Il pourrait vous rester deux ans. Le P. Brichet accorde-t-il quelque faveur aux pauvres religieux?

Notre Oeuvre se développe tout doucement. Vous connaissez les prêtres du S. Coeur de Toulouse et leur situation. Le P. Blancal voudrait pour leur rendre la vie les unir à nous, qu'en pensez-vous? Mgr l'archevêque de Toulouse leur est peu favorable.

Je vous prie d'agréer mes affectueux respects et de les offrir à vos chers collègues.

Votre très humblement dévoué. L. Dehon.

30. 10. 1887. B 24/13 (inv. 508. 04), Chan.. Léopold Verguet

Cher et vénéré confrère,

Nous avons bien le désir d'avoir une mission. Celle de la Nouvelle-Guinée paraît répondre à notre situation. Le golfe de l'Astrolabe est, je crois, terre allemande et nous recrutons en Allemagne (Provinces rhénanes), quelques-uns des jeunes gens que nous destinons aux missions.

Nous sommes encore peu nombreux et pauvres. J'ai 28 prêtres seulement et environ 70 sujets en tout. Que faudrait-il vous donner pour commencer? Qui ferait les frais de la mission? Faudrait-il y contribuer et dans quelle mesure? Dans combien de temps à peu près faudrait-il partir? Sans doute dans quelques mois.

Tous les renseignements que vous pourrez me donner me seront utiles. Il s'agit d'une détermination grave pour vous et pour nous.

Recommandons bien à N.S. ce grand projet qui n'a pour but que sa gloire.

Agréez l'assurance de mon religieux dévouement. L. Dehon.

06. 11. 1887. B 24/13 (inv. 508. 05). Chan. Léopold Verguet

Cher et vénéré confrère,

Je vous communique une carte indiquant le nouveau partage politique de la Nouvelle-Guinée. Si les Pères d'Issoudun sont restés dans la partie anglaise, c'est que les Allemands refusent toute installation française dans la partie allemande. Sait-on cela à la Propagande? Les Pères d'Issoudun préparent des Allemands à Anvers pour les colonies allemandes.

Vous voyez qu'il sera difficile pour nous de fonder quelque chose là. Vous pouvez cependant essayer d'obtenir l'assentiment de la Propagande.

Ne faudrait-il pas que le Cardinal préfet de la Propagande s'assurât de l'autorisation des Allemands de la Prusse à Rome? Vous me tiendrez au courant des négociations. Je n'ai pas encore de prêtre allemand disponible, mais j'ai des clercs et des étudiants allemands.

Agréez l'assurance de mon religieux respect.

L. Dehon, Sup.r de l'Institution St Jean.

22. 11. 1887. B 109/2 (inv. 1169. 64). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

Saint-Quentin le 22 nov. 1887

Mon cher ami,

Vous êtes l'homme pratique par excellence, donnez-moi donc quelques bonnes idées sur la question suivante.

Je ne trouve pas ici à beaucoup près autant d'honoraires de messes que je voudrais pour mes 30 prêtres. Où en chercheriez-vous en pareil cas ? Connaissez-vous quelques bonnes sources ?

Je suis sûr que vous allez me donner quelques bonnes indications.

Notre petite œuvre va bien. Quatre de nos apostoliques viennent d'être reçus au baccalauréat.

J'espère au moment d'avoir un groupe à Paris pour la licence es lettres et es sciences et un autre groupe à Rome pour les études théologiques.

Le but de la réparation n'exclut pas nos projets de Rome pour les fortes études. Ces deux buts se concilient parfaitement.

M. Theise est toujours un peu hésitant. J'espère qu'il se décidera bientôt. Il a vraiment tout à fait l'esprit de notre œuvre. Il m'a exposé ses vues, elles sont absolument conformes aux miennes.

Quelle impression vous fait votre nouveau poste ?

Je suis tout à vous en Notre Seigneur.

L. Dehon

01. 12. 1887. (B 18/18.4 inv. 227.04 : copie manuscrite de la main de M. Desmis)(B 18/18.4 inv. 227.04 : copie manuscrite de la main de M. Desmis)

P. Desmis

C'est la seule phrase que j'ai retenue : La grâce du Sacré-Cœur est si abondante et si purifiante.

(B 18/18.4 inv. 227.04 : copie manuscrite de la main de M. Desmis)Desmis)

20. 12. 1887. B 36/2d.37 (inv. 629.37). P. Eschbach. (Photocopie Ms)

B 36/2a. 37 (inv. 626. 37). (copie dactyl.)

Mon vénéré Père,

Je porte volontiers ma pensée vers Rome aujourd'hui au dix-neuvième anniversaire de ma première messe. Tous les ans ce jour-là renouvelle très vivement tous mes vieux souvenirs.

Je devance le jour de l'an pour vous souhaiter selon la coutume romaine „Il santo Natale”. Agréez les voeux que je forme pour votre bonheur et votre santé et pour le succès de la maison de Ste Claire. Offrez aussi mes voeux à vos chers collaborateurs que j'aime et vénère tous.

Je n'ai pas encore vu notre Vénérable évêque depuis son retour, mais il m'a écrit qu'il lui semblait que nos affaires étaient en bonne voie.

J'espère bien que le P. Daum sera chargé du rapport de notre cause.

Je vous remercie du bon accueil que vous avez fait à un de mes Pères qui est allé à Rome avec le pèlerinage des Cercles catholiques. Il m'a dit votre avis au sujet des Prêtres du S. Coeur de Toulouse. Je ne voudrais pas non plus d'une fusion complète avec une société qui a d'autres coutumes et qui est d'ailleurs divisée. Mais quelques-uns de ses membres pourraient se joindre à nous. Le P. Blancal le désire beaucoup. Ce Père me paraît bien bon. Le Cardinal Déprez est chez vous. Vous pourriez peut-être lui en parler dans ce sens et le prier de nous laisser une des maisons occupées par ses Prêtres du S. Coeur, celle de N. D. d'Alès par exemple.

Cette congrégation de Toulouse ne se recrutant pas devra quand même tôt ou tard abandonner quelques maisons.

Vous pensez un peu à nous dans vos prières, n'est-ce pas?

Agréez l'assurance de mon affectueux respect. L. Dehon.

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