1889

CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE 1889

Début 1889 (ou 1888 ?).(Sans numéro d'inventaire…). Mère Marie-Joseph (Vicitmes)

L'abbé Dehon, chanoine honoraire, Supérieur de l'Institution Saint-Jean Saint-Quentin,

Offre ses vœux les plus religieux à la Rév. Mère Supérieure de Villeneuve.

Que Dieu bénisse les chères Victimes et rende leur intercession bien féconde pour le salut de l'Eglise et de la France !

(Carte, copie dactylographiée)

02. 01. 1889 (1888?) (de St Quentin) B 36/2d.38 (inv. 629.38). P. Eschbach. (Photocopie Ms)

B 36/2a. 38 (inv. 626. 38). (copie dact.)

Bien cher et vénéré Père,

Il m'en a coûté de ne pas vous voir aux vacances. Mais quel aimable accueil m'ont fait tous vos chers collègues à Rome et à Subiaco! J'ai passé là quelques bonnes journées. J'ai trouvé Rome bien changée encore depuis cinq ans. L'élément italien y prend le dessus. Il me semble que la piété des Romains a baissé notablement.

C'était une privation pour moi de ne pas pouvoir prier dans votre chapelle qui était inaccessible. Si vous vouliez bien y penser quelquefois à moi!

Ayez la bonté d'offrir mes voeux à tous vos Pères. Je compte bien que vous n'oublierez pas cette petite commission. Je serais peiné s'ils pensaient que je vous oublie.

Je fais des voeux pour que votre santé s'affermisse et pour que vous puissiez encore faire le bien pendant longtemps à Ste Claire. Agréez mes bien dévoués respects. L. Dehon.

Janvier 1889. B 13/11 (inv. 94.20). À la « Croix » (publiée en SRSL [2 février 1889] 75-76)évrier 1889] 75-76)

Saint-Quentin, janvier 1889.

La révolution de 1789 va célébrer son centenaire néfaste. Pendant ce siècle, qu’a-t-elle fait ? Elle a renversé toutes les institutions et s’est enivrée de sang. Aujourd’hui, elle s’élève sur les ruines de la nation.

En 1689, Notre Seigneur demandait à la bienheureuse Marguerite-Marie que la France fût consacrée à son Sacré Cœur, et que l’image de ce Cœur adorable devînt son drapeau. Préparons donc ce règne béni, et dès cette année, tandis que la révolution célébrera ses saturnales, pourquoi n’irions-nous pas, comme en 1873, chercher à Paray-le-Monial, et aussi à Montmartre, la lumière, la force et la vie. Dans ce but une revue mensuelle vient d’être fondée par les Prêtres du Sacré-Cœur en collaboration avec plusieurs prêtres séculiers déjà bien connus par leurs écrits. La Revue s’intitulera : «Le Règne du Sacré-Cœur dans les âmes et dans les sociétés». Plusieurs hommes éminents, tels que le Révérend Père Supérieur de Montmartre ; Monsieur l’abbé Cégaut, directeur de l’Association de Prières et de Pénitence en union avec de Cœur de Jésus ; Monsieur le docteur Jules Didiot, des Facultés catholiques de Lille ; Monsieur le baron Alexis de Sarachaga, nous encouragent et nous approuvent hautement. Nous avons pensé que le vaillant journal, la Croix, voudrait bien nous prêter son concours paternel. Nous sommes accusés d’être en pleine communauté d’idées, puisque c’est à vous qu’est due la Ligue de l’Ave Maria, qui a pris le Sacré Cœur pour drapeau. Ce serait pour notre jeune Revue un honneur et un grand appui, si vous vouliez bien publier notre lettre. Depuis trop longtemps l’impiété et la révolution jettent la France hors de ses voies traditionnelles. La Revue Le Règne du Sacré-Cœur est nouvelle. Le premier numéro paraîtra le 25 janvier. Prix : 3 francs. Pour les abonnements s’adresser à la librairie internationale catholique H. Casterman, 66, rue Bonaparte, à Paris. Agréez l’expression de notre reconnaissance et de notre religieux dévouement dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. Dehon, Chanoine honoraire, Supérieur de l’Institution Saint-Jean.

04. 02. 1889. B 24/0 (inv. 487. 11). Secrétaire de l'évêché de Soissons (copie dact.)manuscrit)manuscrit)

Monsieur le Chanoine,

J'ai trois étudiants qui ont subi le sort en janvier.

1° M. Jules Reversat, né à Marvejols (Lozère) le 7 mai 1868 (pièce ci-jointes).

2° M. Eugène Noiret. Il a tiré à St Quentin le n° 335, le 26 janvier dernier.

3° M. Adrien Cottard. Il a tiré le n° 37 à Sains-Richaumont, le 26 janvier.

L'acte de naissance de M. Noiret doit vous être resté depuis l'ordination de juillet.

Je pense que pour M. Reversat vous aurez l'obligeance d'envoyer les pièces nécessaires à M. le Préfet de la Lozère.

Je vous prie d'agréer mes bien dévoués respects. L. Dehon.

05. 02. 1889. B 24/8 B (inv. 501. 08). P. Matovelle.

Bien cher frère en N. S.,

Nos oeuvres et nos coeurs sont maintenant unis pour le règne et la consolation du Coeur de Jésus dans l'Eucharistie. La fusion s'est faite sous les auspices de Marie Immaculée à l'octave de sa fête.

Il est bien entendu que vous restez supérieur provincial pour l'Amérique et que vous avez autorité sur les Pères que j'envoie.

Vos chères maisons de Cuenca et d'Azogues participent maintenant à la première approbation que nous avons reçue du St Siège.

J'espère que nos deux Pères Gabriel et Irénée sauront bientôt l'espagnol et qu'ils pourront s'occuper des novices et des scolastiques.

Un d'eux devra aller à Quito. J'enverrai les Pères pour Quito par le paquebot du 10 avril. Ils arriveront donc à Guyaquil vers le 5 mai. Je puis envoyer deux prêtres, un architecte et même, si c'est utile, un étudiant en théologie ou deux. Répondez-moi de suite pour me dire si ces étudiants vous seraient utiles ou gênants.

Tout ce que m'écrivent mes deux Pères sur le bon esprit et les pieux exercices de votre chère maison me réjouit. Il sera facile de mettre l'unité dans nos réglements et exercices sans rien brusquer. On changera de chaque côté quelques pratiques. L'esprit est bien le même quant à la substance.

Dites-moi toujours bien librement et fraternellement vos pensées et vos désirs sur l'Oeuvre, sur son esprit, son organisation et son action. Il faut que nous soyons parfaitement unis pour faire le bien.

Je ne crois pas nécessaire que vous envoyiez deux étudiants à Lille, cela ferait de grands frais de voyage.

Notre petite Revue, „Le règne du Coeur de Jésus”, réussit bien. Je vous l'envoie. Envoyez-nous aussi la „Republica del S. Corazon”. Nous allons essayer de populariser les thèses si bien établies scientifiquement et historiquement par la Revue de Paray-le-Monial: „Le Règne de Jésus-Christ”.

Je désire avoir une mission véritable dans les provinces païennes de l'Equateur, un vicariat apostolique si c'est possible. On dit qu'il y a déjà quatre vicariats apostoliques dans cette région, mais il doit encore y avoir place pour nous.

Le St Siège désire beaucoup que les congrégations nouvelles aient quelques missions. J'ai écrit au P. Foy, Dominicain à Quito, pour qu'il s'occupe de cette question. Vos relations avec Mgr l'archevêque de Quito et avec le gouvernement vous permettent aussi de vous en occuper.

Nous allons propager en France une association d'action et une association de réparation et d'immolation pour le règne social du S. Coeur. Unissons bien nos prières.

Je prie N. S. de bénir toute notre chère famille de l'Equateur. Tout vôtre in Corde Jesu.

L. Dehon.

19. 02. 1889. B 22/10. D (inv. 464. 05). Mgr Thibaudier

Monseigneur,

J'ai pris connaissance de la lettre du T.R.P. Chevalier. J'estime et je vénère le saint fondateur des Missionnaires du S. Coeur d'Issoudun et je désire lui donner satisfaction autant que cela sera possible.

Ses deux premières observations portent sur les inconvénients qui résultent de la ressemblance de nom des deux Congrégations. Cette difficulté sera, je crois, tout à fait temporaire. Les oeuvres sont bientôt connues du public. On sait très bien, par exemple, que les prêtres du S. Coeur de Toulouse et ceux de Marseille diffèrent des Missionnaires d'Issoudun. Le St Siège approuve ces diverses Congrégations et ne s'effraye pas de l'analogie des noms. Nous indiquerons toujours nettement le siège de la Congrégation dans nos écrits de propagande.

La troisième observation du T.R.P. Chevalier porte sur la fondation de Quito. J'ai reçu à ce sujet huit lettres de don Matovelle, prêtre de l'Equateur, depuis un an. Le 6 juillet dernier il venait de voir Mgr Ordonez, archevêque de Quito et il me disait que les Missionnaires d'Issoudun renonçaient à se charger de la Basilique votive. Le 6 septembre il me faisait des propositions de la part de Mgr Ordonez. Le 16 octobre il m'écrivait que tout était conclu et ratifié avec Mgr Ordonez. Il y a donc là une difficulté à éclaircir. Je vais en écrire à Don Matovelle. Il réglera cela avec Mgr l'archevêque de Quito.

Daignez agréer, Monseigneur, l'hommage du profond respect avec lequel je suis, de Votre grandeur, le très humble et dévoué fils. L. Dehon.

Février 1889. B 107/3 (inv. 01163.74). Feuille de publicité sur la revue « Le Règne »

Le Règne du Cœur de Jésus dans les âmes et dans les sociétés.

Revue mensuelle rédigée par les Pères du Sacré-Cœur (Saint-Quentin, Aisne).

3 francs par an, chez H. et L. Casterman, 66 rue Bonaparte, Paris.

M.

Nous avons l'honneur de vous adresser le numéro de février de la Revue : Le Règne du Cœur de Jésus dans les âmes et dans les sociétés.

Cette Revue, encouragée par plusieurs de Nos Seigneurs les Evêques, et par un grand nombre de notabilités catholiques, a été accueillie avec de vives sympathies.

C'est dans ce règne béni qu'est aujourd'hui le secret de notre sanctification personnelle, l'instinct chrétien le comprend : c'est en lui qu'est le salut des nations, en particulier de notre pays. Pie IX ne le proclamait-il pas déjà hautement : « La France et l'Eglise n'ont d'espérance que dans le Cœur de Jésus ; c'est lui qui guérira tous nos maux ? ».

Et notre grand Pontife Léon XIII ne disait-il pas naguère, en termes presque identiques : « Nous avons la douce et ferme espérance que de grands biens émaneront du Cœur de Jésus, et qu'il sera le remède efficace des maux qui affligent le monde ? ».

Notre chère patrie, comme nation, est coupable d'un crime social ; elle, la fille aînée de l'Eglise, le soldat de Dieu, elle a failli à sa mission, elle a apostasié ! Jésus-Christ, qui se souvient du pacte de Tolbiac, lui présente son Cœur, comme gage suprême de sa tendresse.

Nous, catholiques, qui unissons dans un seul amour notre patrie à l'Eglise, allons au Cœur de Jésus ; allons-y avec la prière et le sacrifice ; mais en même temps, agissons. Faisons-nous tous apôtres, et rangeons-nous sous le drapeau du Sacré-Cœur ; le ciel nous l'a dit : c'est le drapeau de la victoire.

Notre Revue proclamera bien haut les principes régénérateurs ; mais en même temps, elle sera essentiellement pratique et militante.

Elle fera une large part aux œuvres réparatrices et eucharistiques, préparera, dans son humble sphère, la consécration nationale de la France au Sacré-Cœur.

Il faut que le Cœur de Jésus règne !

Nous venons donc, M , solliciter votre adhésion et votre concours, et vous prier, dans le cas où vous ne l'auriez pas déjà fait, de nous dire si vous avez l'intention de prendre un abonnement.

Le Règne du Cœur de Jésus paraît tous les mois, en livraison de 52 pages, et formera, chaque année, un beau volume de plus de 600 pages.

Un an : France et Belgique, 3 francs. Autres pays, 3 francs 50.

Voici le sommaire des deux premières livraisons.

Janvier 1889. - Notre Programme. - Correspondance. Approbations et encouragements. - Le Règne Social du Sacré-Cœur. - La Consécration Nationale pour le mois de Juin 1899. - Chronique. - La Vierge Marie et le Règne du Sacré-Cœur.

Février 1899. - Les Opportunités du règne du Sacré-Cœur. - Appel aux bonnes volontés. - Correspondance. - Un départ de Missionnaires pour la République du Sacré-Cœur. - Chronique. - Elévations, sur le Sacré-Cœur, d'après sainte Gertrude. - Sainte Madeleine et la France du Sacré-Cœur. - Un champion du règne du Sacré-Cœur, Garcia Moreno.

Agréez, M, l'assurance de nos sentiments les plus religieusement dévoués en Notre-Seigneur.

L. Dehon, Supér. Gén. des Prêtres du Cœur de Jésus (Saint-Quentin, Aisne)

21. 03. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 09). P. Matovelle

Bien cher frère in Corde Jesu,

Je pense que vous êtes content de mes deux petits Pères. Je vais vous en envoyer quatre pour Quito: deux prêtres, un clerc minoré et un frère laïc. C'est le clerc minoré qui est architecte. Ils partiront le 10 avril à moins que je ne reçoive d'ici huit jours un contrordre de vous.

Je vous laisse l'initiative pour les fondations en Amérique. Vous êtes provincial pour cette région. Je veux que nos Pères montrent l'esprit large pour les petites choses et ne vous demandent pas d'adopter les moindres pratiques qui se font ici.

J'espère pouvoir vous envoyer encore plusieurs sujets dans quelques mois. Je serai heureux si vous pouvez après la fondation de Quito faire celle de Santiago. J'aurais désiré que nous eussions une mission proprement dite. Je pensais que ce serait facile puisque les peuplades sauvages sont à trois journées seulement de Cuenca. Mais pour cela je m'en rapporte entièrement à vous. C'est avantageux pour une Congrégation d'avoir une mission qui relève de la Propagande.

Nos oeuvres vont bien ici. La Revue a gagné 1.000 abonnés en un mois. Les abonnements continuent.

La fondation de Quito est bien importante. Dites au vénérable archevêque, si vous pensez que cela puisse gagner ses sympathies, que j'abandonnerais bien 2.000 sur les frais de voyage en faveur de la Basilique. Il ne donnerait que 6.000f au lieu de 8.000 et nous inscrirait pour souscripteurs de 2.000 francs. Notre architecte portera des plans de tous genres et fera ce qu'on voudra. Il est habile. Il a déjà bâti des églises et il vient de construire pour nous un monastère avec chapelle en Hollande.

L'idée du règne social de J. C. gagne bien du terrain en Europe. Notre petite Revue aura son influence pour cela.

Prions bien les uns pour les autres. Ce que N. S. attend des Prêtres de son Coeur, c'est d'abord le règne de son amour dans leur coeur. Pratiquons bien la vie d'amour envers N. S. et l'abandon amoureux de tout nous-mêmes à sa sainte volonté. Nous pourrons ainsi être des instruments bien efficaces de son règne sur les âmes et sur les sociétés.

J'espère pouvoir plus tard vous aider un peu temporellement.

Je vous prie de croire à mon affectueux et fraternel dévouement. L. Dehon.

21. 03. 1889. B 24/8 (inv. 500. 02). Pères Ir. Blanc et Grison

Chers fils,

J'adresse ma lettre aujourd'hui au vénéré docteur Matovelle. J'ai reçu vos bonnes lettres de fin janvier. Elles me sont arrivées le 12 mars. J'en attends d'autres ces jours-ci qui me donneront des nouvelles décisives du projet de Quito. Si vos lettres ne me donnent pas un contrordre, j'expédierai mes quatre missionnaires le 10 avril. Vous les trouverez à Guyaquil le 4 mai. Ils ne porteront pas les objets qu'on peut louer là-bas: selles, imperméables, etc… Ils auront seulement leurs sacs et valises avec leurs trousseaux et quelques livres. Le Fr. Anschaire sera minoré avant de partir.

Ecrivez-nous encore quelques lettres descriptives, cela nous intéresse. Mêlez-y les petits traits descriptifs qu'on vous raconte ou dont vous êtes témoins.

Je désire que le P. Gabriel aille à Quito avec le P. Sébastien, le Fr. Anschaire et le Fr. Benedict. L'autre prêtre que j'enverrai restera à Cuenca avec le P. Irénée.

Le P. Vincent a été faire des conférences sur l'Oeuvre dans les séminaires de Langres, Besançon, St Dié, Nancy. Cela nous procurera quelques vocations pour les vacances prochaines.

La Revue prend bien. Les abonnements continuent. Je vous ai abonnés aux Annales catholiques. Je n'ai pas encore la Revue de Quito. J'en paierais bien l'abonnement.

Le P. Blancal de Toulouse est avec nous définitivement. Il prêche le carême à la Basilique et réussit bien. A. Delloue, un de mes anciens élèves, a donné sa démission d'ingénieur des mines pour entrer chez nous.

Le fr. Bruno va bien. Il est allé voir sa mère à Lyon pour dire quelques messes à sa famille.

Soyez larges pour tout ce qui est secondaire dans l'Oeuvre. N'exigez pas qu'on adopte toutes nos petites pratiques et prières à Cuenca. Priez bien pour moi et à mes intentions. Soyez bénis tous deux avec toute notre chère famille spirituelle de Cuenca.

Votre père dévoué + Jean du Coeur de Jésus.

25. 03. 1889. B 24/0 (inv. 487. 12). Secrétaire à l'évêché de Soissons (manuscrit)(manuscrit)

Monsieur le Secrétaire,

Les étudiants ecclésiastiques ne sont pas obligés, n'est-ce pas, de se présenter à la révision dès que leurs pièces sont en règle.

M. Cottart Adrien est convoqué à Lille pour le 1er avril. Y a-t-il quelque chose à faire? Vous avez dû donner son nom à Laon, cela suffit-il? S'il est nécessaire d'envoyer un certificat à M. le Préfet du Nord, je vous prie d'avoir la bonté de le faire.

Monseigneur Thibaudier m'autorise à vous demander des lettres dimissoriales pour que je puisse faire ordonner aux Ordres mineurs à la Passion M. Henri Disselkamp, clerc tonsuré, incorporé à Soissons. Il a reçu la tonsure à St Quentin le 27 octobre dernier.

Je sais qu'il y aura une ordination à Amiens le 6 avril, j'espère qu'il y sera admis.

Je vous prie d'agréer mes dévoués respects. L. Dehon.

08. 04. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 10). P. Matovelle

Bien cher Confrère,

Je vous envoie quatre bons religieux: deux prêtres, un clerc, architecte, et un Frère laïc. Vous en serez content. Le P. Sébastien Miquet réussira bien à Quito. Le P. Bruno Blanc est fait pour l'enseignement. Si vous faites une école apostolique à AzognèsAzogues, vous pouvez la lui confier.

J'espère pouvoir vous envoyer encore quelques Pères dans six mois.

Je souhaite que Mgr Ordonez ne se décourage pas à Quito et qu'il nous confie l'église du S. Coeur. Le moment est bien favorable pour commencer dans cette année du deuxième centenaire de la révélation du culte social du S. Coeur.

Nos oeuvres ici sont prospères. La Revue „Le Règne du Coeur de Jésus” compte déjà douze cents abonnés. Elle en gagne tous les jours. Elle vient d'être honorée d'une lettre laudative du Cardinal Secrétaire d'Etat et de la bénédiction du St Père.

Nos écoles apostoliques sont nombreuses et bien ferventes. Nous faisons notre possible pour propager en Europe l'idée du Règne social de N. S. Les consécrations particulières seront nombreuses en France et en Belgique au mois de juin. Quant à la consécration officielle, elle viendra quand une réparation suffisante aura été offerte à Dieu soit par les expiations volontaires soit par les malheurs publics.

Nous pourrons aussi un peu plus tard vous donner des Soeurs à l'Equateur. Nos Soeurs sont de vraies victimes eucharistiques. C'est une communauté tout à fait bénie de Dieu et très fervente.

Je vous envoie l'expression de mes amitiés fraternelles. L. Dehon.

22. 04. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 11). P. Matovelle

Mon très cher confrère,

Vous avez reçu maintenant nos quatre nouveaux missionnaires. Je pense qu'il faut aller avec confiance avec eux à Quito les présenter à Mgr l'archevêque et même au gouvernement. Il ne faut pas hésiter. C'est l'année du centenaire de 1689, il faut absolument commencer quelque chose à Quito. Il faut ouvrir d'abord une chapelle provisoire et s'occuper d'un plan définitif. Les ressources viendront peu à peu.

Je crois pouvoir écrire quelques mots à ce sujet à Mgr Ordonez et même au président Flores. Quoiqu'il soit un peu libéral, j'espère qu'il aimera à voir commencer cette église sous sa Présidence. Je l'ai connu un peu à Paris.

Notre Oeuvre se développe. La revue „Le règne du S. Coeur” réussit bien.

Nous allons faire une fondation dans la République Argentine, près de Cordoba. Cette maison ne sera pas très éloignée de Santiago quand le chemin de fer sera terminé. Elle se mettra en rapports avec vous.

Ce qui est plus important encore que le développement extérieur, c'est l'esprit intérieur de notre Oeuvre. Appliquons-nous à bien faire régner la vie eucharistique, l'esprit d'amour et d'immolation.

Je suis heureux d'apprendre par nos missionnaires qu'ils ont trouvé dans les maisons de Cuenca et d'Azognès d'Azogues une vie de communauté bien sérieuse. Ils ont été édifiés.

Je vous envoie des sujets qui ont de la bonne volonté. Je leur recommande d'être bien dociles et confiants envers vous.

Je vous transmets un petit questionnaire relatif à l'Equateur. C'est l'auteur des opuscules sur la vie de réparation qui désire ces renseignements.

Je ne vous laisserai plus si longtemps sans vous écrire. Ne doutez pas de mon affection, elle vous est complètement acquise. Je serais bien heureux de vous voir si la Providence le permettait. Je bénis bien toute notre chère famille de l'Equateur.

Recevez l'assurance de mon affectueux dévouement. L. Dehon.

Questions soumises au sujet de l'Equateur. Humble prière de mettre un mot, très bref, à chaque question, sur ce même papier; souvent un oui ou un non ou un chiffre suffira. Pour les points un peu plus longs, on pourrait mettre les réponses sur une autre feuille, avec un simple n° de repère. Tout cela afin de diminuer la peine.

1. La vie de Garcíia Moreno par le S. Berthe rend-elle cette grande figure?

2. N'a-t-il pas trop loué Bolivar? Un abrégé de son livre, dimension et prix de celui Sr Jean du Sacré-Coeur, ne serait-il pas utile pour un grand nombre de lecteurs? (S. Berthe volumineux et cher pour beaucoup).

Garcíia Moreno, c'est bien la réunion du nom paternel et maternel? Ne faudrait-il pas un y entre les deux? Son nom revenant si souvent dans l'opuscule, peut-on le réduire parfois au mot Garciía seul, ou Moreno seul? Les assassins Andrade et Moncayo ont-ils fini par être punis? N'y a-t-il pas de chemin de fer entre Guayaquil et le pied du ChimboragoChimborazo? Longueur? pas d'autres? Les diligences vont sans doute de Chimbo à Quito, à présent? Pas sur d'autres routes? Les routes carrossables d'Harru à Esmeraldas, Quito à CarraquesCaráquez, Loja à Sta Nosa Rosa et Cuenca à Naranja… achevées?

Les 2 ports Naranja et S.a Nosa Rosa sont-ils faits et en activité? Ceux de Manda Manta et Esmeraldas peu fréquentés? Le Chimborago Chimborazo est-il volcan? Hauteur totale du Pichichu Pichincha (à peu près)? Distance entre son cratère et Quito?

La Basilique votive, bâtie sur ses flancs, est-elle loin de la ville, et beaucoup plus élevée? La construction est-elle avancée et y a-t-il une chapelle provisoire, avec prêtres?

Le président Caamano a-t-il suivi toujours (une) politique catholique? Et son successeur FlorèsFlores? L'âge de celui-ci? La division en 3 départements subsiste-t-elle avec la seule division en provinces?

Sur un Dict.re je vois 11 provinces outre le NapuNapo: il n'y a ni AzognesAzogues, ni Carchi, ni los Los Ríios, je crois. L'un donne pour superficie 643 millle kilom. carrés, un autre 850 mille. Lequel vrai?

Une population 1.200.000 environ? Au Vénézuéla, Gusman Blanca était bien un radical comme Mosqura? Actuellement n'y a-t-il pas la paix et un bon président? De même en Colombie? La date du Concordat de ce pays? Est-il imité de celui de l'Equateur?

Et au Pérou? Est-ce toujours le règne des francs-maçons? D'après le drapeau Bolivie à Lourdes et Rome, cet état imite un peu l'Equateur, n'est-ce pas? Le Chili depuis la révolution de 59, n'est-il pas à peu près en bonne voie et paisible? Et la république Argentine? L'Uruguay?

En somme, l'exemple de l'Equateur a-t-il eu influence réelle et salutaire sur les autres Etats? Le Paraguay, Uruguay et Chili ne sont-ils pas plus petits que l'Equateur, en étendue? Où en est le Mexique à présent? Donnez-vous la main au Canada (à travers les Etats-Unis) si catholique?

La revue à fonder à Cuenca pour règne eucharistique de J. C. ne doit-elle pas servir à toutes ces républiques espagnoles (Mexique compris)? Où en est-elle?

Les reliques de S. Pierre Claver ont-elles réellement été portées de Carthage à l'Equateur? Et où? N'y a-t-il pas analogie entre Sta Rose et celle Bse Marie Anne? Celle-ci connaissait-elle la vie de Ste Rose? Sur demande de qui fut-elle béatifiée? Je crois que ce fut sur celle du Général des Jésuites? C'est le 2 juin qu'elle mourut, 1645? (J'ai trouvé la date dans le Messager du SC de Jésus). Y aurait-il, pour l'abrégé, Histoire Equateur à consulter très utilement, ouvrages autres que de S. Berthe?

Les „révélations” sur liens entre conversion Amérique et France dont parle votre lettre (le Règne, avril 87) doivent être bien intéressantes? Authentiques? Le S. Berthe dit d'un mot que Garcíia M. se maria en 46; et ne dit point ce que devenait sa femme durant son exil de 54 à 57. Etait-elle avec lui?

Quand est mort Florès Flores le père? Le Messager du SC dit qu'on a érigé en 1848 l'Archevêché de Quito; avant, simple évêché avec Cuenca et Guayaquil? Le diocèse qui n'a que 4 prêtres est Porto-ViejoPortoviejo? Chaque diocèse a-t-il son grand séminaire? Et depuis quand? La moralité du clergé a-t-elle gagné?

Comment est fait le drapeau de la république? et son blason? Y a-t-il sur le Guayas un service de bateau régulier de bateaux-vapeur? Et sur d'autres fleuves? (une phrase illisible). Pour revenir en Europe, vous passez par Panama, traversant l'isthme en chemin de fer, durée du trajet, d'Equateur en France? Pour lettres même durée?

La constitution de 69 est-elle encore en vigueur?

24 Avril 1889 (?). B 20/2 (inv. 290. 02). P. Falleur

(Sur la lettre de Falleur du 24.04.1889)(Sur la lettre de Falleur du 24.04.1889)

Cher enfant,

C'est en Alsace que vient me trouver votre petite lettre toute économique et qui ne dit pas un mot de l'amour de notre Jésus.

J'envoie vos numéros au Fr. Urbain qui va d'ailleurs quitter bientôt Sittard et repasser par St Quentin. Vous êtes un de nos chers anciens, Jésus ne peut pas donner à l'Oeuvre une vraie résurrection extérieure si l'esprit de pur amour ne ressuscite pas d'abord dans nos coeurs et spécialement dans le coeur de ceux qui ont été comme vous ses premiers enfants dans l'Oeuvre. Soyez donc généreux, cher enfant. Oubliez tout le passé, Jésus l'oubliera aussi et vous pardonnera tout. Oubliez les créatures. Donnez-vous tout de nouveau à cette vie d'amour et de sacrifice qui est la nôtre.

Je suis venu faire une petite visite rapide à une chère maison et à des âmes bien unies à nous. J'irai demain à Lille. Je ne rentrerai à St Quentin que jeudi au milieu du jour.

Chassez bien loin votre petite tristesse qui est mauvaise conseillère. Ayez une douce et sainte joie. Soyez bon et patient pour tous. Ne jugez pas (Mt 7, 1). Laissez Jésus agir et convertir les âmes.

Recommençons une vie nouvelle avec une entière confiance dans la miséricorde du Coeur de Jésus. Je vous bénis affectueusement. La Chère Mère et Soeur Ignace vous envoient un Vivat.

+ Jean du Coeur de Jésus

04. 05. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 12). P. Matovelle

Mon bien cher confrère,

J'ai reçu votre bonne lettre du 20 mars. Je me réjouis de voir notre union consommée par l'organisme du noviciat en la belle fête de St Joseph. Nos forces se multiplient par l'union de nos prières et sacrifices.

Vous avez reçu maintenant les quatre nouveaux fils que je vous ai envoyés. J'espère que vous pourrez commencer avec eux la fondation de Quito. Notre jeune architecte est très modeste, mais il a un talent réel, il pourra exécuter la basilique dans le style qu'on désirera.

Puisque les élections ont été assez bonnes profitez-en pour commencer quelque chose à l'occasion du centenaire de 1689.

J'espère pouvoir vous envoyer encore trois ou quatre sujets au mois de novembre. Peut-être aurai-je parmi eux un docteur?

Nous avons en vue la fondation de Santiago en même temps que celle des missions indiennes, c'est beaucoup. Avec le temps nous y arriverons. Nous avons beaucoup de jeunes gens dans nos maisons, mais il faut les former.

J'accepte bien votre pensée pour l'esprit eucharistique. C'est bien ce que nous voulons. Peu à peu nous prendrons les mêmes pratiques dans toutes nos maisons. Nous pouvons adopter l'acte d'offrande que vous proposez pour le matin. J'aimerais bien que nous ajoutions au milieu à la fin du premier paragraphe les mots suivants: „Nous vous présentons cette offrande par les mains de Marie notre Mère immaculée”. Comme vous je pense que l'esprit d'holocauste est la meilleure expiation de l'esprit de révolte si général aujourd'hui.

Nos constitutions se perfectionnent encore avant la seconde approbation. Outre les constitutions, nous aurons un directoire spirituel qui indiquera bien l'esprit de l'Oeuvre.

Quelle belle mission N. S. nous donne de répandre dans le monde l'esprit eucharistique, l'esprit d'amour et de sacrifice!

Il me semble que les prières des âmes bien simples de l'Equateur nous aident déjà.

Soyons bien fidèles. Tout vôtre in Corde Jesu. L. Dehon.

24. 05. 1889 (N.D Auxiliatrice) B 19/1. 1 (inv. 229. 23). Mère M. du SC (Servantes)

Chère Mère,

Soyons reconnaissants des grâces reçues. Veillons et prions, le diable re ne repose pas un instant (cf 1 P 5, 8). Priez beaucoup pour moi.

J'ai fait bon voyage à Luxembourg. Tout est conclu. Nous commencerons là le 13 juin (St Antoine de Padoue). Envoyez-y deux Soeurs pour commencer, deux Soeurs parlant l'allemand.

J'écris à Mgr Thibaudier pour avoir la permission. La maison s'appelle Clairefontaine. C'est près de la station de Eische Eischen dans le Luxembourg.

Tout cela me paraît bien providentiel. C'est un lieu béni, un ancien monastère fondé par St Bernard. Il y a là un pèlerinage et une fontaine miraculeuse. Tout est prêt. Les Soeurs trouveront en arrivant deux vaches, une basse-cour, etc. Une Soeur dominicaine restera avec elles quelques semaines pour les mettre au courant.

La maison est dédiée à N. D. du S. Coeur (mater misericordiae). L'établissement est fort beau. Ce sera une maison de recrutement pour les missions de la Scandinavie et de l'Amérique du Sud. J'ai vu les deux évêques de Luxembourg et de Namur, ils sont bien sympathiques à l'Oeuvre. La fondatrice des Dominicaines avec laquelle j'ai traité est une âme qui a des grâces extraordinaires. Elle a eu des stigmates pendant 20 ans tous les vendredis. Elle a eu des grâces pendant plusieurs années à notre maison de Clairefontaine. Elle a été bien éprouvée, elle a passé aussi en jugement au St Office (Tout ceci doit rester secret).

Vous pouvez revenir par Namur la nuit. Il faut alors quitter Strasbourg à 11 heures du soir ou Saverne à 11h50. On vous donnera à Strasbourg un billet direct pour Namur. Vous seriez à Namur à 6h20 du matin. On vous donnera là un billet direct pour St Quentin. Vous arriverez à St Quentin à 10h. du matin. Vous n'aurez à Namur que 7 minutes pour prendre un billet. Malheureusement vous n'avez pas, je crois, de train pour Strasbourg le soir. Vous serez obligée de prendre le train à 6h à Pfaffenhofen pour Saverne et d'attendre 4 heures à Saverne.

Je vous attends avec impatience. Priez bien pour nous tous. Ne vous semble-t-il pas que la date terrible du 28 nov.- 4 déc. 1883, la date du calvaire doive se changer pour nous en une date de reconnaissance. Le Consummatum est n'est-il pas précieux pour nous comme le calvaire pour la rédemption? Je me plais maintenant à embrasser le fameux décret.

Soyez toutes bénies. Priez bien pour moi. + Jean du Coeur de Jésus

Si vous n'étiez pas si pressées je vous dirais de vous arrêter une journée à Luxembourg au couvent des Dominicaines.

02. 06. 1889. B 19/1.1 (inv. 229. 24). Mère Marie du SC (Servantes)

Chère Mère,

Je vous remercie beaucoup pour les 3.000f.

Priez beaucoup pour moi. Je suis souvent ingrat envers notre Jésus et je n'ai pas été courageux tous ces jours-ci. Je pars pour ce mariage qui contredit nos désirs.

N. S. nous comble de grâces malgré nos faiblesses. N'acceptez plus une petite fondation comme Merlebach. Je ne crois pas que vous deviez vous éloigner de nous. S'il s'agit d'une maison d'adoration, c'est bien, mais il faut réserver des sujets pour Sittard et pour Clairefontaine.

Le bon Père Genty semble dire son Nunc dimittis (cf. Lc 2, 29) au retour de notre Soeur. Il est tout joyeux. Mgr Mathieu est tout transformé.

Mettons bien toute notre confiance en N. S. Soyez toutes bénies. + Jean du C. de J.

14 juin 1889.B .Baron de Sarachaga

(Photocopie manuscrit, pp. 3 ; Archives Sarachaga, Direction du pèlerinage, Correspondance II *, Paray-le-Monial))

Saint-Quentin, le 14 juin 1889

Monsieur le Baron, Merci de toutes les bonnes et précieuses nouvelles que vous me donnez. J’en profite pour la Revue. Je compte bien être des vôtres à Paray le 15 août pour l’hommage international. Il est certain que nos catholiques eux-mêmes n’avaient plus l’intelligence de l’acte d’hommage… C’est la Révolution et le libéralisme qui ont produit cela. L’hommage au Christ va rentrer dans les mœurs. Ce sera la grande grâce de ce centenaire. La propagande de l’œuvre des Fastes en aura en partie le mérite. Notre petire Revue s’appliquera à populariser les études de votre Revue savante. Nous avons 1400 abonnés. Nous espérons aller peu à peu jusqu’à 2000… On lit si peu les œuvres sérieuses ! Les journaux quotidiens finissent par remplacer les livres. Je vous renvoie la lettre du Docteur Matovelle. Il est en ce moment à Quito occupé à commencer là avec quatre pères que je lui ai envoyés l’œuvre de l’Église votive au Sacré Cœur. Il espère obtenir aussi la faveur de diriger la même œuvre du Vœu national à Santiago au Chili. Je m’efforce de lui préparer des sujets assez nombreux. Le mois de juin va nous ménager bien des consolations et des encouragements à Paray.

Agréez l’assurance de ma considération très distinguée,

L. Dehon

[Photocopie manuscrit, pp. 3 ; Archives Sarachaga, Direction du pèlerinage, Correspondance II *, Paray-le-Monial]

18. 06. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 13). P. Matovelle (?)ou Dr Corral (?)(?)

Bien cher confrère,

Je suis heureux d'entrer directement en relations avec vous. Nous ne faisons plus qu'une famille maintenant. Soyons ensemble de petites hosties du Coeur eucharistique de Jésus.

Il y a en Europe en ce moment un grand mouvement catholique pour le règne du S. Coeur. Le Souverain Pontife lui-même en est ému et il vient de porter un décret pour élever la fête du S. Coeur au rite double de 1ère classe pour toute l'Eglise.

A Paray-le-Monial et à Montmartre il y a un grand concours de pèlerins. Partout on prête le serment d'hommage social au S. Coeur de Jésus vivant dans l'Eucharistie. L'idée du règne social de N. S. fait des progrès. Employons bien tout notre zèle pour la cause du divin Roi.

Le 15 août nous serons réunis à Paray avec des délégués de toutes les nations pour prêter le serment d'hommage international. Unissez-vous à nous en esprit ce jour-là.

Nous venons de faire une fondation nouvelle qui nous donnera, j'espère, beaucoup de prêtres pour l'Amérique du Sud. C'est à Clairefontaine dans la province du Luxembourg belge. Le Luxembourg donne beaucoup de vocations. Les Luxembourgeois ont de la sympathie pour l'Amérique du Sud où ils ont déjà envoyé beaucoup d'émigrants.

J'espère que le Dr Matovelle a maintenant tout arrangé pour la maison de Quito. C'est une maison importante. Je serais heureux si vous pouviez être chargés de l'église du S. Coeur à Santiago. Prions pour cela.

Je prie le S. Coeur de Jésus de vous bénir tous de ses meilleures bénédictions. L. Dehon.

5 juillet 1889. B .Baron de Sarachaga

Saint-Quentin, le 5 juillet 1889

Monsieur le Baron, Je vous renvoie le programme. Je l’ai lu et signé, mais je tiens absolument à n’être pas président. Je ne veux pas être en vue. Laissez la présidence à Monsieur Garnier. Son nom est très populaire. Je serai au rendez-vous au 14 août.

Agréez, je vous prie, mes respect dévoués,

L. Dehon.

[Photocopie manuscrit , p. 1 ; Archives Sarachaga, Direction du pèlerinage, Correspondance II *, Paray-le-Monial]

(Photocopie manuscrit , p. 1 ; Archives Sarachaga, Direction du pèlerinage, Correspondance II *, Paray-le-Monial), Paray-le-Monial)

08. 07. 1889 (de Clairefontaine) B 24/8 (inv. 500. 03). Père Grison

Cher fils,

Je vous écris de notre beau monastère de Clairefontaine près Arlon. Nous avons là une belle école apostolique. Le P. Jacques est supérieur. Il a avec lui le Fr. Stanislas, le Fr. Gertrudius, le Fr. Engelbert. Cinq de nos Soeurs sont là pour le soin des enfants et de la propriété.

Faites le bien avec le cher Fr. Bruno à Cuenca. Laissons faire la Providence. Le Dr Matovelle a pris le P. Irénée à votre place à Quito parce que l'enseignement de la théologie donnait des mots maux de tête à ce cher P. Irénée.

Je reprends à St Quentin cette petite lettre commencée à Clairefontaine.

Acceptez bien vos fonctions tous les deux. Occupez-vous des novices et des scolastiques. S'accommoder toujours à la volonté divine, c'est l'esprit des missionnaires, c'est aussi l'esprit des Oblats.

La dévotion au S. Coeur prend un grand essor. Le St Père a élevé la fête au rite de double de 1ère classe. Presque tous les évêques ont fait des lettres pastorales au sujet de l'acte de consécration et d'hommage au S. Coeur. Les pèlerinages à Montmartre n'ont jamais été si nombreux et si animés que cette année. Ce qui est important pour nous, c'est l'esprit intérieur, l'esprit de sacrifice et d'immolation, l'obéissance et l'humilité, l'union avec Notre Seigneur.

Le bon P. Jeanroy est enfin revenu de sa tournée du midi. Il a parlé de l'Oeuvre dans plusieurs séminaires, il espère recruter quelques vocations.

A Fourdrain le P. Polycarpe a pris l'initiative pour le noviciat et il réussit. Les jeunes gens se mettent à la vie intérieure.

Nous avons eu huit ordinands à Lille le 29 juin. Nous en aurons quatre à Soissons le 14: Fr. Angelus, Fr. Paul, Fr. Broutin, Fr. Jean-Marie. Les FFr. Wanceslas et Gertrudius vont recevoir la tonsure à Luxembourg.

Notre distribution des prix va être présidée par M. le vice-recteur de Lille.

Rattaire et Léon Bertrand vont subir leur examen dans quelques jours. Le P. Jean Eudes est toujours au Canada faisant de petites collectes peu fructueuses. Il est édifié de la foi des populations canadiennes.

Faites bien prier vos pieuses populations à nos intentions. Ayez souvent une prière pour moi, j'en ai besoin. Ne vous découragez jamais, l'immolation est toujours bonne, elle vaut mieux que les succès faciles. Je vous bénis tous affectueusement. Amitiés fraternelles au P. Corral.

Votre dévoué père + Jean du Coeur de Jésus.

08. 07. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 14). P. Matovelle

Bien cher Confrère,

Je vous écris de notre beau monastère de Clairefontaine près Arlon (Belgique), où je suis venu passer deux jours. Nous avons là des étudiants qui se préparent pour les missions de l'Amérique du Sud.

J'ai reçu vos lettres ainsi que la copie et la traduction du traité conclu avec Mgr l'archevêque de Quito. Ce traité me paraît bien favorable. Il faudra cependant de la fermeté pour que Mgr l'archevêque n'envoie pas trop facilement nos Pères remplacer les curés qui lui manquent. Combien de temps Mgr vous laissera-t-il pour réunir dix prêtres?

Notre Frère architecte proposera des plans à Mgr l'archevêque. Qui doit choisir le plan? Peut-être une commission civile et ecclésiastique? Ce Frère exécutera le plan que l'on voudra. Il est très sérieux et capable. Il est clerc minoré. Comme son travail d'architecte lui laissera des loisirs, surtout au commencement, je désire qu'il étudie la théologie sous la direction d'un des Pères pour arriver bientôt au sacerdoce.

Je suis heureux que vous êtes déjà établis à Belem et que vous avez pu acheter la Joséfine. Ces noms sont de bon augure. Nous pouvons avoir confiance pour le succès de l'entreprise.

Encouragez bien nos Pères et Frères pour que l'éloignement de la patrie ne soit pas une épreuve pour eux.

Nous avons eu en France et aussi dans les autres pays catholiques d'Europe de belles fêtes pour le S. Coeur. L'idée du règne social de Jésus-Hostie gagne du terrain. Beaucoup de pèlerins sont allés à Montmartre et à Paray pour faire l'acte d'hommage social et cet acte a été fait aussi dans beaucoup de paroisses.

Soyons prudents à Quito pour ne pas être en désaccord avec le pouvoir civil à cause de l'église nationale. J'ai reçu une bonne lettre du Président Flores. Il se dit heureux que l'église soit commencée sous sa Présidence. Mgr l'archevêque m'a aussi écrit une bonne lettre.

Je crains bien que les 50.000f votés par le gouvernement pour l'église votive n'aient pas été réservés jusqu'à présent. La Providence y pourvoiera. Je serai content si vous pouvez envoyer les 6.000f pour les frais de voyage des quatre missionnaires.

Je prie Notre Seigneur de vous bénir tous et de vous aider dans vos oeuvres.

Votre dévoué confrère L. Dehon, sup.r

12. 07. 1889 (de St Quentin) B 18/13. 5 (inv. 227. 05). Abbé Desmis (copie manuscr.)

Bien cher abbé,

Je ne sais que vous conseiller pour votre pieux collègue ( En note, par le copiste: Mr l'abbé Wecksteen, mon collègue au collège communal de Roubaix. Ancien secrétaire du P. Vincent de Paul Bailly, il parlait l'espagnol et désirait passer en Amérique du Sud. Le P. Dupland, ancien curé limousin, devenu Prêtre du S. Coeur de St Quentin, était venu quêter à Roubaix et logeait au collège).

A Clairefontaine, nous préparons des prêtres pour l'Amérique méridionale, mais ce sont des prêtres religieux de notre Congrégation. Les évêques de Belgique n'autorisent pas leurs prêtres à aller seuls dans l'Amérique du Sud sans le secours d'une règle religieuse.

Le séminaire américain de Louvain l'accueillerait, mais pour l'Amérique du Nord. Il n'existe pas de maison semblable pour le Sud.

Beaucoup d'évêques de l'Amérique du Sud l'accueilleront avec bonheur, ils manquent de prêtres. Il peut s'adresser à Panama, à Caracas. Mais dans ces pays de moeurs fort libres il faut une vertu héroïque pour se conserver longtemps.

M. Supliey que vous avez connu à Roubaix a reçu en effet l'hospitalité chez les nôtres à Lille. Nous l'avons accueilli comme hôte (?) à la demande du Cardinal de Toulouse. Il est retourné à Toulouse avec l'intention d'aller au Brésil, mais il ne nous représente nullement et personne des nôtres ne l'accompagne. Le P. Dupland ne va pas en Amérique.

Vous serez toujours le bienvenu quand vous voudrez venir passer quelques jours avec nous.

La maison de Clairefontaine est bien attrayante. Elle est dirigée par le P. Herr qui était à Lille. Vous pourriez faire là un petit pèlerinage aux vacances.

Recevez l'expression de mes meilleures amitiés. L. Dehon.

23. 07. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 15). P. Matovelle

Bien cher confrère,

J'ai reçu les 6.000f. Merci.

Je suis heureux de vous savoir installés dans la maison de Bethléem et de St Joseph. Le S. Coeur nous aide et nous manifetse manifeste chaque jour sa miséricorde.

Soyons bien fervents. Vous veillerez bien, n'est-ce pas, à ce qu'on ait bien l'esprit religieux dans toutes nos maisons de l'Equateur. Il faut qu'on pratique bien l'obéissance et la pauvreté. Nos Pères de St Quentin ont bien l'habitude de la vie religieuse, ils vous aideront.

J'ai reçu une bonne lettre de M. Eliodor Villafuerte de Santiago. Faisons-les patienter un peu jusqu'à ce que nous ayons des hommes suffisamment nombreux. Nos maisons apostoliques et noviciats ici sont assez prospères. Notre nouvelle maison de Clairefontaine, au Luxembourg, est fondée tout exprès pour recruter des sujets pour l'Amérique du Sud.

Le mois de juin a été un triomphe pour le S. Coeur en Europe.

Je suis heureux de penser que nos Pères ont pu arriver à Quito pour la belle solennité du 20 juin. Je n'écris pas aujourd'hui à nos Pères Blanc, Miquet, Anschaire et Benoît. Je n'en ai pas le loisir. Dites-leur que je les bénis de tout coeur. Soyons tous bien humbles et bien défiants de nous-mêmes. Recevez l'assurance de mon fraternel dévouement. L. Dehon.

Je pense que vous accuserez réception vous-même au banquier.

05. 08. 1889. B 24/8 - B (inv. 501. 16). P. Matovelle

Mon cher Confrère,

Je ne crois pas que mes jeunes Pères vous aient manqué gravement. Vous avez été influencé par des calomnies. Fiat! Nous suivrons modestement notre voie avec la grâce de Dieu. Les épreuves sont toujours pour nous des grâces. Je continuerai à prier pour vous.

Agréez l'assurance de mon dévouement. L. Dehon.

18. 08. 1889 B 18/13. 6 (inv. 227. 06). Abbé Desmis (copie manuscrite)

Mon cher abbé,

Je trouve votre lettre au retour de ma retraite. Nous vous recevrons les bras ouverts (manquent dix lignes, note le copiste).

Faites connaître la décision de votre directeur à M. le Supérieur du Séminaire de Cambrai et demandez votre liberté. Venez avec le désir d'aimer bien pratiquement Notre Seigneur et de le servir aussi délicatement que possible. Recevez l'assurance de mon affectueux dévouement.

L. Dehon.

(Note du copiste:J'étais alors professeur au collège communal de Roubaix. Mon directeur était l'abbé Dutilleul, devenu depuis Lazariste. M. Sudre, Supérieur du Séminaire de Cambrai, également Lazariste, ne partagea pas cette manière de voir. L'un et l'autre étaient des hommes de vertu éminente. M. Sudre estimait la Congrégation de St Quentin trop jeune encore, trop peu sûre de l'avenir. L'archevêque, Mgr Thibaudier, fut du même avis.

La lettre suivante répond au compte-rendu que j'envoyai à M. Dehon de mon entrevue avec M. Sudre).

29. 08. 1889.B 18/13. 7(inv. 227. 07). Abbé Desmis (copie manuscrite)

Mon cher ami,

Votre vocation est bien contrariée, c'est bon signe. C'est N. S. qui vous parle lui-même de l'Oeuvre de son Coeur depuis longtemps. C'est là qu'il vous appelle et non ailleurs. Vos directeurs n'ont pas grâce pour vous donner une vocation. Ils ne peuvent que constater vos attraits et reconnaître s'ils viennent de Dieu ou de la nature. Soyez ferme.

Dites votre attrait et demandez si oui ou non on vous reconnaît la vocation religieuse.

Nous n'avons que la première approbation, c'est vrai, mais c'est déjà bien encourageant de l'avoir après dix ans. En nous la donnant, le St Père a bien voulu nous aider et nous soutenir.

Une Congrégation ancienne peut vous offrir certains avantages, une nouvelle a pour elle l'entrain et les grâces du commencement. De plus la grâce spéciale du S. Coeur répond admirablement aux besoins de votre nature ardente.

En vous attachant à l'amour de N. S. vous surmonterez plus facilement toutes les attaches naturelles. Ayez courage. Vous savez qu'une des grandes grâces de notre Oeuvre, c'est la communauté des Soeurs qui prie et se sacrifie pour nous. Votre tante est là (note du copiste: Soeur Marie de St Paul, Elisa Deram, une tante du côté maternel, voir plus haut). Vous devez à ses prières et à celles de la communauté votre vocation religieuse. Ce qu'elles ont demandé pour vous c'est la grâce d'être prêtre du S. Coeur et pas une autre.

On insistera pour vous éprouver et pour constater la fermeté de votre décision et la constance de vos attraits, ne vous y trompez pas. Nous prions bien pour vous. Je crois vous dire ces choses devant Dieu et avec désintéressement. Votre tout dévoué en N. S. L. Dehon.

Août 1889. B . P. I. Blanc (télégramme)(télégramme)

Allez vous mettre à la disposition de l'Évêque de Portoviejo.

(Cit. dans : G. Grison,Souvenirs de l'Équateur, p. 78), p. 78)

02. 09. 1889 (année incertaine). B 108/1 (inv. 0116535).Octave Leduc

(photocopie de l'original autographe)

+ La Capelle, 2 sept. 1889 ( ?)

Mon cher Octave,

Je t'ai envoyé tes portraits. On ne trouve plus de cahiers de devoirs de vacances en librairie. Ils sont épuisés. Fais quelques traductions. Si tu viens bientôt à Saint-Quentin, tu demanderas à Mr Legrand de t'indiquer des devoirs. Si tu ne viens pas, je le prierai de t'en envoyer.

Soigne bien ta santé. Je pense que la crise de croissance qui t'a rendu si languissant est passée. Il te faudra des forces pour garder la tête de la classe.

Prends de l'exercice. Fais des courses chaque jour. Il te faut le grand air, la marche et la distraction. Oublie un peu les livres. Joue et visite tes amis. Mange bien surtout.

Tu diras que je te donne aujourd'hui des conseils fort peu surnaturels. Mais j'ai souci de ta santé. Il faut d'abord des forces avant de se livrer aux occupations intellectuelles. Tu connais le dicton : « Pruis Prius est vivere quam philosophare ».

Ne viendras-tu pas voir ton ami Gransart ?

Offre mes respects à tes parents et mes amitiés à Henri.

Ton tout dévoué L. Dehon.

13. 09. 1889. B 18/13. 8 (inv. 227. 08). Abbé Desmis (copie manuscrite)

Cher ami,

Que devenez-vous? Pourquoi ne m'écrivez-vous pas ce que vous avez décidé après avoir vu M. Sudre? (Note du copiste: J'avais maintenu ma demande d'exeat, mais il fallait attendre la décision de Mgr l'archevêque et M. Sudre tarda à la solliciter ou ne put agir de suite).

Avez-vous faibli? Vous êtes-vous laissé gagner? S'il en est ainsi vous n'aurez pas la paix, et il faudra vous traîner dans l'ennui ou recommencer votre élection.

Ayez courage. Il est encore temps. Si on vous a influencé, affirmez de nouveau vos attraits; la volonté de Dieu s'imposera à vos directeurs. Votre bonne tante prie bien pour vous.

Je prie la très sainte Vierge de vous aider dans ce moment difficile. Avez-vous assez recouru à sa maternelle protection? Recevez l'assurance de mon affectueux dévouement. L. Dehon

(Note ajoutée par le copiste: Mon Père Maître, P. Albéric, encore en vie, me fit détruire le billet suivant. Ce pouvait être, pensait-il, une occasion de vanité. J'en gardai une copie.

Je n'avais pas encore répondu à la lettre précédente, ou bien les lettres se sont croisées.

Mgr Thibaudier fit connaître sa décision vers le 20 octobre. Je ne la transmis point à M. Dehon, ni à ma tante. Il me fallait voir d'abord si je tiendrais bon à la Trappe. La lettre suivante m'obligea à sortir de ma réserve).

14. 09. 1889. B 19/11 (inv. 284. 01). P. Etchécopar (Sup. gén. Pères de Bétharram)

Mon très révérend Père,

C'est d'après le conseil de Mgr Thibaudier, notre ancien évêque, maintenant archevêque de Cambrai, que je vous écris.

Monseigneur estime que notre Congrégation des Prêtres du S. Coeur n'est pas assez fortement constituée pour subsister et se développer par elle-même. Il pense qu'elle ferait bien de s'unir, de se donner à une Congrégation plus ancienne et plus forte. La notice ci-jointe vous dira ce que nous sommes.

Je ne m'étendrai pas davantage avant de savoir si une combinaison vous paraît possible. Je pense que tout mon monde se rangerait à l'avis de Mgr Thibaudier. Quant à moi je vous demanderais humblement la faveur de devenir le dernier d'entre vous.
Je vous prie d'agréer, mon très révérend Père, l'hommage de mon profond respect et je vous demande le concours de vos bonnes prières.

L. Dehon, Sup.r gén. des Prêtres du S. Coeur.

16. 09. 1889. B 18/ 13. 9 (inv. 227. 09). Abbé Desmis (copie manuscrite)

Cher ami,

On vous a sans doute refusé à Cambrai votre exeat. Voici un biais. Monseigneur sait que j'ai besoin d'un professeur de rhétorique. Si vous étiez capable de remplir ce poste, je vous demanderais, et Monseigneur accordera certainement. Nous trouverons après les moyens de vous faire faire votre noviciat.

27. 09.1889.B 19/10 (inv. 285. 01).Sup. Gén des P. St Esprit

Mon très révérend Père,

Monseigneur Thibaudier désire que je vous écrive pour vous faire une proposition de quelque gravité.

Vous connaissez de nom notre petite Congrégation des Prêtres du S. Coeur. Monseigneur nous trouve bien faiblement constitués et bien imparfaits. Le fondateur surtout est bien indigne. Monseigneur désire que nous nous donnions à quelque Congrégation ancienne et forte qui nous absorberait. Il aimerait surtout que le collège de St Quentin fût de suite repris. Deux ou trois religieux bien formés y suffiraient avec le personnel des auxiliaires. Monseigneur préférerait votre Congrégation à toute autre. Il pense qu'ayant des collèges à Armentières et à Beauvais, vous accepteriez volontiers celui de St Quentin.

Mon personnel ne sait rien. Quant à moi, je suis prêt à tout et j'accepterai tout ce que la volonté de Dieu me demandera. J'ai cru faire la volonté de Dieu en faisant cette oeuvre, je suis prêt à la détruire si Notre-Seigneur me le demande.

Daignez, mon très révérend Père, me dire votre pensée sur ce sujet, et agréer mes très humbles et dévoués hommages. L. Dehon, sup. général.

(Réponse du Supérieur: Paris, le 1er octobre 1889(B. 19/10; inv. 283. 02).

Monsieur le Supérieur, Je ne puis vous donner une réponse définitive sur la grave affaire pour laquelle vous m'avez écrit, avant d'avoir pris l'avis de mon Conseil. Et avant de la lui soumettre j'aurais besoin de connaître d'une manière précise quelles sont les maisons ou les oeuvres que vous dirigez et quel est le nombre de membres prêtres et laïques de votre association.

Je dois vous faire remarquer en outre que ceux d'entre vous qui désireraient s'unir à nous auraient nécessairement à faire un an de noviciat, afin de se former au genre de vie de notre institut et voir s'il répond à leurs attraits.

J'ajouterai que nous ne pourrions pas cette année nous charger de l'institution St Jean. Cependant quelques-uns des prêtres qui sont attachés à cette oeuvre pourraient être dès cette année venir au noviciat (sic) afin d'éviter d'un seul coup un changement complet de personnel. Prions le divin Maître de tout arranger pour sa gloire et pour le plus grand bien.

Agréez, etc…. Simonet (?).

03. 10. 1889. B 19/10 (inv. 285. 03). Sup. Gén des P. St Esprit

Mon très Révérend Père,

La notice ci-jointe vous donne une partie des renseignements que vous désirez. Nous avons une centaine de sujets dont trente prêtres.

Il ne faut pas nous dissimuler que ce projet est un gros problème. Mgr Thibaudier désire une fusion. Aucun de mes religieux n'en est encore averti. S'y prêteront-ils? La vocation est une chose fort délicate et qui ne supporte aucune contrainte. J'avoue que je crains un découragement général quand je parlerai de transformer l'oeuvre.

Votre haute sagesse et vos prières nous amèneront à voir clair dans cette grave affaire et à connaître la volonté divine.

Daignez agréer, mon très révérend Père, l'hommage de mon dévoué respect.

L. Dehon, sup.r

NB - Ajouter la note (écrite par qui ?) sur cette lettre.NB - Ajouter la note (écrite par qui ?) sur cette lettre.

15. 10. 1889. B 19/3. C (inv. 235. 13). Baron de Sarachaga

Monsieur le Baron,

Un de mes jeunes religieux, le P. DellouxDelloue, passe à Paray en se rendant à Rome pour ses études, j'espère qu'il pourra vous saluer en passant. Il vous priera de m'envoyer ce qui pourra se publier sur le Congrès d'Issoudun. Je n'ai pas pu y assister, mais je désire suivre les progrès de la Fédération. Je vous prie d'agréer mes dévoués respects. L.Dehon.

19. 11. 1889. B 18/13. 10 (inv. 227. 10). Abbé Desmis (copie manuscrite)

Bien cher abbé,

Ce que vous éprouvez marque bien la volonté de N. S. à votre égard. Vous ayant donné la vocation il vous donnera les moyens de la mettre à exécution.

Notre chère Oeuvre a le but le plus beau que l'on puisse avoir: amour et immolation au Coeur de Jésus, dévouement aux âmes consacrées.

Mais pour ne pas éprouver de désillusion il ne faut pas que vous comptiez trouver la réalité en rapport avec votre idéal.

L'Oeuvre commence, elle est faible et très imparfaite. Le noviciat particulièrement est faible. „Infirma mundi elegit Deus” (1 Co 1, 27). Il se trouve que N. S. nous envoie beauoup beaucoup de grands jeunes gens qui n'ont fait que des études primaires. Le noviciat est donc en même temps une sorte d'alumnat. Vous aurez à y donner des leçons de latin dans l'intervalle des exercices.

On sent cependant dans cette chère maison de Sittard la grâce du S. Coeur et il y règne une grande charité.

Je vais recommander à nos Soeurs de bien prier pour qu'on ne vous fasse pas trop attendre la réalisation de vos voeux. La prière toute maternelle de ces chères âmes est bien puissante auprès du Coeur de Jésus. A bientôt, j'espère. Vous nous apporterez le concours de votre bonne volonté pour aimer le S. Coeur et le consoler.

Recevez l'assurance de mon affectueux dévouement. L. Dehon.

28. 11. 1889. B 20/1 (inv. 288. 03). P. Falleur

Cher ami,

Mettez le cachet au certificat ci-joint et portez-le à la Mairie.

Que St Joseph vous aide! Je trouve ici de bonnes petites âmes qui me consolent (20 novices et 40 enfants), cependant la croix n'y manque pas non plus. C'est notre lot.

Mon programme reste le même. J'irai lundi à Clairefontaine et vendredi à St Quentin.

Vivat et bénédiction + Jean du C. de J.

30. 11. 1889.B 20/2(inv. 290. 03).P. Falleur

Cher ami,

Pour la question de Cong., priez Mgr Mathieu de voir s'il peut nous tirer de cette difficulté. Il connaît beaucoup M. Lecamus. M. Dessons dit avoir déclaré le bail au nom de M. l'abbé Dehon. D'ailleurs la maison du S. Coeur est déclarée chez l'Inspecteur d'Académie comme une annexe de St Jean pour le logement des professeurs.

Acceptez les réclamations de M. Raugel. Pour Ligonnès M. Dessons pense qu'il y a sept mois (15 déc. à 15 juil.) à 70f par mois.

Bien des choses ici sont fort consolantes et encourageantes. Je prie N. S. de vous bénir.

L. Dehon.

P. S. Communiquez à M. Genot ce que M. Bourse dit pour lui.

01. 12. 1889 (de Sittard) B 20/1 (inv. 288. 04). P. Falleur

Cher fils,

Nous avons reçu votre méchante carte postale. Vous n'aviez pas besoin de la signer. Le style vous trahissait. Ce n'est rien. Soyez courageux en mon absence. Soyez calme et patient. Je compte toujours rentrer vendredi soir vers 8h.

C'est pour les novices que le P. Barthélemy demandait ses houpelandes. Envoyez-les si c'est facile. Pour la machine à laver, c'est la Sr Bernadette qui a tous les renseignements, voyez-la. Je crois qu'on a ici le foyer.

Les croix ne me manquent pas, cependant je trouve ici quelques consolations. Aidons-nous réciproquement. Soyez affectueusement béni. + Jean du Coeur de Jésus.

Ne ferait-on pas bien à St Nicolas de donner à chaque élève au diner un bonhomme de pain d'épice. Réfléchissez à cette grave question.

10. 12. 1889 (de Lille) B 20/1 (inv. 288. 05). P. Falleur

Cher ami,

Gardez bien la confiance, la paix et la douceur!

Ayez une confiance plus filiale en St Joseph. Imitez le P. Mathias. Il trouve toujours quelque nouvelle gracieuseté à faire à ce cher saint. Il répand son culte, il le prie et le fait prier, il orne sa statue. Faites comme lui. S'il vous vient un surveillant d'étude, reprenez M. Sapé à la maîtrise et envoyez ici le Fr. Harman. Tâchez que le P. Marin soit parti avant mon retour. Soyez béni. + Jean du Coeur de Jésus.

19. 12. 1889 B 18/13. 11 (inv. 227. 11).Abbé Desmis

Mon cher ami,

La Providence nous conduit souvent par des voies que nous n'avions pas prévues. Vous avez cherché avec simplicité la volonté de Dieu, vous pouvez être tranquille.

Vous voilà à la Trappe, soyez un bon trappiste. S. Bernard votre modèle est un des précurseurs de la dévotion au S. Coeur. Vous pouvez vivre là dans l'esprit de sacrifice et l'amour de N. S.

Si la Providence montrait par quelque signe, par votre santé par ex., que vous n'êtes pas fait pour la Trappe, elle saurait vous ouvrir un autre asile.

Donnez-vous de tout coeur à la contemplation, à la vie intérieure.

Vous passez en ce moment par la période la plus importante de votre vie. Vous allez purifier votre coeur, le détacher de tout ce qui est terrestre et commencer la vie d'union avec N. S.

Je sais que l'esprit de votre maison du Mt des Cats est excellent. Le P. Wiart Wyart y a fait régner la dévotion au S. Coeur. Votre vénérable abbé est un ami du P. Wiart Wyart et il doit vous gouverner dans le même esprit. La dévotion à Marie qui est si vivante à la Trappe conduit naturellement à la dévotion au S. Coeur.

Ne craignez pas d'écrire de temps en temps à votre bonne tante. Ses lettres toutes pieuses ne vous éloigneront pas de la vie intérieure. Elle est très souffrante en ce moment, j'espère cependant qu'elle se remettra.

Présentez mes dévoués hommages au vénérable Père abbé.

Agréez l'assurance de mon affectueux dévouement. L. Dehon.

Année 1889. B 22/10. D (inv. 464. 06). Déclaration aux PP. d'Issoudun

Basilique nationale du S. Coeur à Quito.

La construction de cette basilique entre dans une phase tout à fait pratique et pleine d'espérances. Une chapelle provisoire s'organise et les premiers travaux de la basilique définitive sont commencés. On se rappelle les fêtes imposantes qui ont eu lieu, il y a quelques années, quand la première pierre a été posée solennellement. Depuis lors tout était interrompu, par suite surtout du retard que mettait le gouvernement de Quito à verser les sommes qu'il avait promis de donner annuellement pour cette oeuvre. Mgr l'archevêque de Quito a pu croire un moment que les missionnaires du S. Coeur d'Issoudun renonçaient à cette oeuvre qu'il leur avait confiée d'abord et il nous l'avait proposée, comme nous l'avons dit dans cette Revue. Les Rév. Pères d'Issoudun ont pu, grâce aux démarches personnelles et au zèle de leur Procureur général, le Rév. Père Jouet, obtenir que le gouvernement de Quito exécutât régulièrement ses promesses et ils ont inauguré solennellement la reprise des travaux. Nous faisons des voeux pour le prompt achèvement de cette Basilique par les missionnaires d'Issoudun dont le zèle pour le règne du S. Coeur est connu de tous.

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