1894

CORRESPONDANCE DU PERE DEHON : ANNEE 1894

Début 1894. B 35/4.C, (inv. 585.53) Mère Marie-Joseph (Sup. Gén. Sœurs Victimes)

Léon Dehon, Supérieur Général,

présente ses vœux et l'assurance de son religieux dévouement à la pieuse communauté de Villeneuve.

Demandons les uns pour les autres la grâce de répondre dignement à notre belle mission et à notre sublime vocation. et à notre sublime vocation.

(Carte visite. B 35/4.C, inv. 585.53) B 35/4.C, inv. 585.53)

0601. 01. 1894. B 18/11bis. 3 (inv. 222. 03). Sa nièce Marthe

Ma chère nièce,

J'ai reçu avec plaisir les souhaits de la petite maman et de son fils aîné. Il y manque le style de notre cher Jean, mais il ne sait sans doute pas encore faire beaucoup plus que des bâtons. Quand il sera grand, il sera je crois assez fécond.

Je prie Dieu de vous bénir tous trois et de vous donner une année plus clémente que cette terrible année 1893.

J'espère que les Capellois ont pu aller vous rejoindre. Vous aurez ainsi quelques jours de bonheur. Je m'unis à vous tous.

J'ai eu mon jour de fête quelques jours plus tôt. Il a été bien bon grâce à la présence d'une partie de la famille, mais il y manquait mon pauvre Henri.

Mille souhaits à tous. L. Dehon.

31. 01. 1894. B 20/9.4 (inv. 320.96). P. Falleur (sur le verso de la lettre du Chan. Beaudry))

28. 02. 1894 (de Vintimille) B 20/3 (inv. 292. 23). P. Falleur

Cher ami, me voici en Italie, au pays des souvenirs religieux, des beaux-arts, du soleil et des fleurs. J'ai pu m'arracher hier à Marsanne en assistant à une prise de bec du général et de P. D. en pleine place publique. J'arriverai après demain à Rome et j'en quitterai…. Un vivat.

                                                                                    J. C. J.

02. 03. 1894 (de Rome) B 20/3 (inv. 292. 24). P. Falleur

Cher ami, je suis bien arrivé. J'assisterai demain à la cérémonie de l'anniversaire du Pape à la Sixtine. Ne comptez pas trop sur moi avant la fin du mois. On m'a fait la charité d'un itinéraire par Naples, Messine, Bari, Monte Gargano, etc. Accusez réception à Paris et à Soissons.

Un vivat à tous. Prévenez le P. Rasset. J. du C. de J.

05. 03. 1894. B 20/3 (inv. 292. 25). P. Falleur

J'ai reçu vos lettres. C'est bien pour les réglements faits. Faites dire de suite les six messes. Préparez la main-levée Ag. Samedi, j'ai pu assister au bel office de la Sixtine: messe avec assistance du Pape, anniversaire de son couronnement et de sa naissance. J'ai pu le voir longuement; prier avec lui et recevoir sa bénédiction. Le soir, illumination féérique du Colysée. Hier excursion au Latium avec les jeunes gens. Aujourd'hui, messe à la prison Mamertine comme le 22 déc. 1868. Un vivat à tous. J. du C. de J.

09. 03. 1894. B 20/3. 1 (inv. 292. 26). P. Falleur

Cher ami,

Les histoires de Fayet ne m'inquiètent pas. Ce sont des cancans qui doivent venir de quelque élève renvoyé.

A St Jean, laissez M. Mercier employer Robic à l'étude s'il lui convient. Nous y gagnerons le traitement d'un professeur.

Si le P. Mathias perd ses vieux, il pourra employer M. Sapé après Pâques. Proposez-le lui.

Nous avons entendu hier soir l'explosion du Parlement et nous sommes allés ce matin voir les dégats. Mais ne craignez rien pour ma santé: mon ange gardien me protège.

Je retournerai lentement en faisant les pèlerinages du midi de l'Italie. Vous pouvez m'écrire jusqu'aux Rameaux à Messina (Sicilia), poste restante; et des Rameaux à Pâques, à Loreto (Italia). Je compte être à Lorette pour Pâques.

Soyez toujours pieux, doux et modeste, et les bénédictions viendront. Vous n'aurez aucune difficulté d'argent en mon absence.

Donnez un vivat tout particulier au P. Paulin. Dites-lui qu'on s'intéresse beaucoup à lui au Sém. français. Je pense aussi particulièrement au P. Joseph et au P. Modeste. Souhaitez d'avance la fête au P. Joseph. Soyez mille fois béni. + Jean du Coeur de Jésus.

10. 03. 1894. B 18/11 bis. 4 (inv. 222. 04). Sa nièce Marthe

Ma chère nièce,

J'ai promis de vous donner de mes nouvelles, j'accomplis ma promesse. Mon voyage est en bonne voie, et ma santé est excellente.

Je ne vous décrirai pas les charmes du climat de Provence, vous les connaissez. J'ai passé le long de la Corniche par des journées d'été. Les fleurs y abondent déjà.

Rome n'est pas autant ville d'hiver que Cannes ou Menton. Ici la température est fort variable. La pluie nous visite quelquefois. Il y a cependant de délicieuses après-midi. Les étrangers sont nombreux. Ils se partagent entre les cérémonies sacrées, la visite des ruines et des musées et la promenade au Monte Pincio ou à Frascati.

L'anarchie fait entendre ses grondements menaçants jusqu'ici. Avant-hier une bombe éclatait au Parlement. Grâce à Dieu, elle ne m'a pas atteint.

Bientôt je me remettrai en route. Je visiterai quelques villes d'Italie. Je chercherai surtout les souvenirs religieux. Je terminerai par Lorette. Je ne rentrerai pas avant le 1er avril.

On ne se corrige plus de ses défauts à mon âge et j'ai toujours eu celui d'aimer les voyages. Je trouve qu'ils sont aussi instructifs qu'intéressants.

Je fais revivre ici mes souvenirs d'il y a vingt cinq ans. Je vais chaque jour dire la sainte messe dans les sanctuaires où je la disais alors en présence de mes bons parents. C'est si bon de renouveler les impressions des meilleurs jours de sa vie!

Je pense souvent aux deux petits espiègles. Plus tard ils viendront aussi visiter l'Italie et s'instruire auprès des grands souvenirs. Rome n'offre d'intérêt qu'à des esprits mûris par l'étude. Jean aime mieux le beau Guignol des Tuileries que les grandes ruines du Colysée. Je le soupçonne aussi de préférer les monuments élevés par les excellents patissiers de Paris à ceux qu'ont élevés les architectes de Rome.

J'embrasse bien fort ces deux chers bébés et vous envoie à tous mes meilleures amitiés.

Votre oncle dévoué. L. Dehon.

13. 03. 1894. B 20/3 (inv. 292. 27). P. Falleur

Cher ami,

Ne tenez pas les profanes au courant de mes pérégrinations. Dites seulement que je prolonge un peu mon voyage de Rome et d'Italie.

J'ai refait avec émotion mon jubilé à Rome et à Naples dans l'église de St François où j'avais dit une de mes premières messes, le 28 déc. 65 (sic), aux fêtes splendides de le la 1ère messe d'un fils de famille, ordonné le samedi de la Passion. C'était une démonstration toute napolitaine mêlée de foi et d'un grand éclat extérieur.

Je suis venu par mer de Naples à Palerme (24h de traversée). J'ai encore le pied marin, je n'ai pas souffert.

Me voici au bout de l'Europe, au cap Lilybée, célébré par Virgile. L'Afrique est tout près, c'est bien tentant. Ce ne sont pas les sirènes, ni Calypso qui m'y attirent, mais c'est mon pèlerinage à Hippone et à Carthage, désiré depuis 30 ans. Aussi… je pars, mais rassurez-vous, je n'irai pas jusqu'à Tombouctou. Je passerai seulement huit jours au continent noir, puis je reprendrai mon circuit par Messine, Bari, le Mt Gargano et Lorette. Patience, je vous arriverai bientôt.

Si vous avez besoin d'un petit congé à Pâques, confiez la comptabilité à M. Vinchon ou à M. Delloue.

Soyez sans inquiétude pour ma vie, la Sicile est aussi tranquille que les environs de St Quentin. Je recueille des notes et des observations. On s'instruit à tout âge. Un vivat à tous…

Je vous enverrai peut-être un petit mot d'Afrique, afin que vous puissiez affirmer que je suis encore en vie.

A mon retour, je m'occuperai avec ardeur de nos finances.

Offrez mes souhaits au P. Joseph. Je prierai tout particulièrement pour lui le 19. Dites au P. Mathias que je pense à lui autant de fois que je rencontre d'autels et d'églises de St Joseph, c'est-à-dire tous les jours. Demain 14 pour mon 51ème anniversaire je dirai la messe ici à l'église St Joseph avant de m'embarquer.

Je n'ai pas le temps d'écrire au P. Mathias, mais je prends des notes et je ferai des récits à ses élèves à mon retour. Dites-le lui. Soyez mille fois béni. + Jean du Coeur de Jésus.

18. 03. 1894 (de N.D. d'Afrique) B 20/3. 1 (inv. 292. 28). P. Falleur

Cher ami,

Me voici seulement au point extrême de mon voyage. Demain je me mettrai en route pour le retour. Je serai demain à Constantine, mercredi à Bône, jeudi à Tunis. Je ne serai qu'à Palerme le jour de Pâques. C'est huit jours de retard. Je trouverai de vos nouvelles à Messine.

Jusqu'à présent j'ai bonne santé et je fais provision d'observations et de souvenirs. J'espère que le retour sera aussi favorisé.

Faites patienter mes amis. Les autres sont contents d'être un peu débarrassés de moi.

Nouveaux souhaits au P. Joseph et au P. Mathias. Un vivat à tous. Un souvenir particulier à Chère Mère pour son anniversaire le 25.

Dites à la Mère Guillaume que je vais revenir bientôt. Soyez mille fois béni.

                                                                         +  Jean du Coeur de Jésus.

25. 03. 1894 (Pâques) (de Palerme) B 20/3. 1 (inv. 292. 29). P. Falleur

Cher ami,

Me voici de retour en Sicile, très satisfait de mon voyage rapide en Algérie-Tunisie. La mer m'a été assez clémente sauf une bourrasque qui a un peu éprouvé mon estomac. Hippone, Carthage, N. D. d'Afrique! Que de bons souvenirs je rapporte de la terre africaine!

Le reste ira vite. Je vais assister à l'office cardinalice à la cathédrale et je pars ce soir pour Agrigente. Je serai mercredi à Messine, le lundi 2 à Lorette et vers le 5 à St Quentin.

Dites au bon P. Alphonse que je compte sur mon assistant effectif pour veiller à tout. Offrez mes amitiés au P. Paulin, et dites-lui de réclamer au P. Vincent et au F. Louis de G. leurs articles pour la Revue. J'ai deux articles prêts d'avance dans mon armoire et je n'aurai que la chronique à faire en rentrant.

Gardez-moi le Bien Public du 15 mars jusqu'à ma rentrée. Ceux-là me suffiront. Un vivat à tous. Soyez mille fois béni. + Jean du Coeur de Jésus.

29. 03. 1894 (de Messine) B 20/3. 1 (inv. 292. 30). P. Falleur

Cher ami,

Je trouve ici toutes vos lettres. Je vais bien. Je vais retourner par Bari, Manfredonia et Lorette. Je n'ai plus que ces trois pèlerinages à faire.

Soyez toujours conciliant. Je rentrerai la semaine prochaine. Pour les comptes d'infirmerie, tâchez de savoir ce qu'on fait ailleurs (Jésuites, collèges, séminaires).

Je détruis vos lettres. Soyons bien patients. Travaillons beaucoup à éteindre les dettes de St Jean. Après, nous aiderons les autres. Un vivat à tous. Soyez mille fois béni.

                                                                                        +   Jean du Coeur de Jésus.

31. 03. 1894. B 20/2 (inv. 290. 23). P. Falleur

Cher fils,

Aussitôt que nous aurons reçu des comptes clairs de DirainDirani, nous recommencerons à lui faire des envois. Donnez 150f à Noiret.

L'ex-voto n'a pas été gagné en février, mais on peut le mettre pour l'ensemble du trimestre. Mettez cette inscription, si elle n'y est pas déjà:

 Adjutor et protector factus es mihi, (Ps33, 30)  31 mars 1894.    

Tout vôtre. + Jean du Coeur de Jésus

03. 04. 1894 (de Lorette, près la Santa Casa). B 20/3.1 (inv. 292. 31). P. Falleur

Cher ami,

J'ai trouvé ici un courrier volumineux. Les points d'interrogations de M. Lefèvre m'inquiètent. Je suppose qu'il s'agit des calomnies relatives à Fayet.

J'ai fait de délicieux pèlerinages à Bari et au Mt St Ange. Les Italiens sont peu intéressants mais ils possèdent des sanctuaires merveilleux.

J'ai dit la Ste messe tout à l'heure dans la Santa Casa. C'est là qu'est née la Congrégation en 1877. Puisse-t-elle y retrouver aujourd'hui une vie nouvelle!

J'ai vu Castelfidaredo Castelfidardo et visité la nouvelle Madonne miraculeuse de CamporellaCampovallo [Campocavallo]..

J'ai écrit du Mt Gargano au P. Michel, là où son grand patron a daigné visiter la terre.

Je vais rentrer par Milan. Je serai au plus tard samedi soir à Paris et dimanche chez vous. Une dépêche vous dira l'heure.

A bientôt. Ayez toujours courage. Les épreuves sont notre vie, mais ne les multiplions pas par nos fautes. Un vivat à tous. Soyez mille fois béni. + Jean du Coeur de Jésus.

07. 04. 1894. B 107/2 (inv. 1162.69). S. Congr. Évêques et Regulierseguliers

17. 05. 1894 (de Paris) B 20/2 (inv. 290. 24). P. Falleur

Cher fils,

Je retourne par Lille pour affaires. Je compte rentrer demain soir, je vous aviserai probablement par dépêche. Tout vôtre in Corde Jesu. + Jean du C. de J.

Soyez bien prudent, bien modeste et immolé au C. de J.

début juin [juillet ? ] 1894  (B 85/1 ; inv. 1118.02) Lettre du Père DEHON au Père FALLEUR,:

(Billet ajouté par le P. Dehon pour le P. Falleur, à une longue lettre du Fr DUMONT, écrite le 4 juin 1894 d'Ambato en Equateur, où le Fr laisse entrevoir son désir de se retirer)

„ V.C.J. Ecrivez à cet enfant pour l'encourager. Le courrier part le 10 de St Nazaire.

Il demande une photographie, envoyez-lui en une. Il y en a dans un tiroir à gauche de mon bureau à St Jean.

Soyez bien sage et prudent. Je ne rentrerai sans doute que samedi soir. Soyez béni. Jean du Coeur de Jésus ”.

19. 06. 1894. B 19/3. c. (inv. 235. 06). Baron de Sarachaga

Monsieur le Baron,

J'ai l'intention d'aller à vos fêtes et réunions de juillet. N'est-ce pas du 10 au 12? Est-ce le 9 qu'il faut y aller ? Je compte y rester trois jours. Agréez mes humbles félicitations pour votre grande oeuvre du Hiéron. Cette oeuvre aura sa grande part pour le règne du S. Coeur. Votre tout dévoué serviteur. L. Dehon.

27. 06. 1894. B 19/3. c (inv. 235. 07). Baron de Sarachaga

Monsieur le Baron,

J'ai prié M. Casterman notre éditeur de vous envoyer un paquet de la Revue de juillet pour mettre à la disposition des congressistes. Je pense que vous vous intéressez toujours à sa diffusion. Je vous prie d'agréer mes dévoués hommages. L. Dehon.

28. 06. 1894. B 106/2 (inv. 1159.54). S. Cong. des Rites28. 06. 1894. B 106/2 (inv. 1159.54). S. Cong. des Rites

Résumé : fête de saint IrénéeRésumé : fête de saint Irénée

11. 07. 1894 (de Paray) B 23/1. a (inv. 474.04 ). P. Falleur

V.C.J. Nos réunions vont bien. Vous en verrez le compte rendu à l'Univers. Ce sera fini demain soir. Je partirai vendredi matin. J'arriverai à St Quentin à 11h-1/2 du soir. A bientôt. ..

L. D.

10. 07. 1894. B 85. P. Falleur (en note à une lettre de Dumont, Ambato, au P. Dehon)

V.C.J. Ecrivez à cet enfant pour l'encourager. Le courrier part le 10 de St Nazaire. Il demande une photographie, envoyez-lui en une. Il y en a dans un tiroir à gauche de mon bureau à St Jean. Soyez bien sage et bien prudent. Je ne rentrerai sans doute que samedi soir.

Soyez béni. + Jean du Coeur de Jésus.

14. 07. 1894. B 18/6. 7. 2. (inv. 209. 02). Novice Louis Weiskopf

Mon cher enfant,

Vos dispositions sont excellentes. Vous faites bien de me communiquer vos désirs, nous en tiendrons compte au Conseil. Les jeunes religieux doivent être persuadés qu'on s'occupe d'eux sérieusement. Ils doivent avoir confiance dans leurs supérieurs.

Nous sommes tous d'avis au Conseil d'organiser sérieusement les études.

Je viens d'aller passer trois jours à Paray-le-Monial. Comme cela fait du bien! Que nous sommes heureux d'avoir pour mission de procurer au Coeur de Jésus un peu d'amour et de consolation!

Dans le sanctuaire de Paray les demandes de N.S. semblent plus pressantes qu'ailleurs. On comprend là qu'il a soif d'être aimé en retour de tout son amour.

Le P. Rasset va revenir de Rome. Il est tout embaumé du parfun de la ville éternelle. A son retour le Conseil sera au complet, nous nous occuperons des placements pour l'an prochain.

Dites au F. Pierre que ses lettres me font toujours plaisir. Je vous bénis paternellement.

                                                                           +   Jean du Coeur de Jésus.

25. 08. 1894. B 20/7. 5 (inv. 301.03). Abbé Six

Mon cher confrère,

Je garde le meilleur souvenir des bonnes journées passées avec vous et vos jeunes amis dans l'Eden du Val-des-Bois.

Vous m'avez demandé de vous dire ce qui me paraîtrait moins sage dans la voie que vous suivez, je le fais avec une charité toute fraternelle.

Un programme est un document capital, il n'y faut rien risquer qui puisse retarder notre œuvre.

J'admire votre programme, mais j'y voudrais voir trois petites modifications.

1° Pour l'impôt foncier, je voudrais le voir équitable et proportionné à l'impôt qui pèse sur les autres valeurs. Les programmes catholiques, même celui de Liège, ne demandent pas de le supprimer.

L'impôt sur le revenu sera inquisitorial. L'impôt progressif me paraît être extrêmement redoutable. C'est par là qu'entrera le socialisme. C'est la seule manière de le réaliser sans révolution. Cet impôt égalisera les fortunes acquises sans profit pour le peuple. Il ira tout à l'Etat. Il découragera le travail autant que le socialisme. Il arrêtera l'industrie, le commerce, la culture même et le peuple sera le premier à en souffrir.

Demandons l'impôt sur tous les revenus, avec diminution de l'impôt foncier et suppression des impôts indirects de consommation.

Vous demandez aussi la fixation d'un minimum de salaire. Il faudrait là une note. Cela n'est possible actuellement que dans les adjudications publiques. Si on en faisait une mesure générale, le travail s'arrêterait au détriment du peuple et au profit de l'industrie étrangère.

Je trouve la Semaine religieuse de Lille bien grincheuse. Elle ne donne pas la lettre du Card. Rampolla ni celle de M. Harmel. Elle a blâmé l'usage du mot démocratie et elle ne se rétracte pas après la lettre du Cardinal.

Le P. Doyotte n'a pas encore non plus exprimé le regret des lectures qu'il a fait faire à Mouveaux.

En Belgique on peut espérer que l'alliance se fera entre les Conservateurs et les démocrates chrétiens pour les élections d'octobre.

Je souhaite bon succès à la Revue et vous offre mes meilleures amitiés.

     L. Dehon.

11. 09. 1894. Abbé Defuide (vicaire au Teil). Cf. dans cahier „Supplément” 46, p. 9bis

Mon cher ami,

Je vous félicite de votre zèle. Vous laisserez au Teil une grande oeuvre. C'est une grâce pour vous.

Faisons le bien au jour le jour, en suivant les indications de la Providence. Vous êtes bien dans votre voie pour le moment. Travaillez dans cet excellent diocèse de Viviers, qui est encore très religieux.

Vos bons parents doivent être heureux de vos succès.

Nous venons d'avoir une retraite annuelle. Nous sommes maintenant environ 200 religieux, dont 62 prêtres.

Prions bien l'un pour l'autre. Mes respects à vos parents. Votre tout dévoué. L. Dehon.

01. 10. 1894. B 20/7.5. (inv. 301.01). Abbé Six01. 10. 1894. B 20/7.5. (inv. 301.01). Abbé Six

16. 10. 1894. B 20/7. 5. (inv. 301. 04). Abbé Six

Cher confrère,

Montrez-vous plus sage que les anciens. M. Fichaux se fâche, il a tort. Il ne peut d'ailleurs contester les citations. Le St Père regrette beaucoup cette polémique. Il a donné des ordres pour l'arrêter, pourquoi ne s'y conforme-t-on pas à Lille?

Ces braves gens dénaturent la question. Ce ne sont pas leurs intentions ni leurs oeuvres que l'on attaque, ce sont leurs opinions arriérées. Mieux vaut les combattre indirectement, en exposant sans trève les vraies doctrines. Le St Père a fait dire à M. Harmel qu'il approuve sa ligne de conduite.

Voici maintenant une petite question moins importante. Les intentions de messe abondent-elles à Tourcoing? Nous en manquons pour nos prêtres du S. Coeur. Je sais bien qu'on recommande à Cambrai de ne pas en donner aux étrangers mais on ne me traite pas en étranger dans le Nord parce que j'ai une maison à Lille. Mgr Monnier m'en envoie quelques-unes. M. Evrard, doyen de Roubaix, m'en procure aussi quelquefois. Si vous en avez de reste, ne m'oubliez pas.

Je lis le „Capital” de Karl Marx. C'est bien dur. Je cherche le point où commence le sophisme.

                                                             Votre bien dévoué         L. Dehon.

02. 11. 1894 (de Fourdrain) B 20/2 (inv. 290. 25). P. Falleur

Cher fils,

Il semble bien que le F. Michel ne gagne pas son pain ici. Il n'a pas assez d'activité. Le P. Urbain désire que vous l'essayiez un mois ou deux. Il vous donnera la moitié des 20f que vous lui donnerez. Il désire que vous le preniez le plus tôt possible, parce que dans huit jours il partira en quête. Si F. Michel reste lourd et peu pratique, le P. Urbain nous en débarrassera en lui trouvant une petite place. Rendez-lui ce service.

Le P. Rasset doit écrire demain à Bahia, vous pouvez joindre un billet à sa lettre pour demander des explications sur le compte.

Dites à M. Desmidt de vous procurer des messes à 2f et vous en imputerez la moitié sur le compte de son neveu. Ecrivez au notaire de Mme Guérillon. Annoncez à Classe de Flavy ses petites traites. Avez-vous écrit à M. Langlet? C'est à Ectot-leslès-Baonstaons par Motteville.

Soyez béni. + Jean du Coeur de Jésus.

06. 11. 1894. B 20/2 (inv. 290. 26). P. Falleur

Cher fils,

Accueillez charitablement le quêteur des Frères de Saint Vincent de Paul. Si vous avez des recettes, empruntez la réserve au Crédit lyonnais. Vous savez qu'il faudra 3.000f fin janvier pour Bohain.

J'ai un fort beau temps. Je compte toujours aller jeudi à Sittard et lundi à St Quentin. Tout le monde va bien ici. On travaille. Tout vôtre in Corde Jesu + Jean du Coeur de Jésus.

09. 11. 1894. B 20/3. 1 (inv. 292. 32). P. Falleur

Cher fils,

Il faut absolument finir en bons termes avec M. Cailleret. Que deviendrons-nous si nous avons tout St Quentin à dos?

Je ne vous verrais pas volontiers donner des leçons. Vous n'avez pas même le temps de faire vos écritures. Demandez au P. Rasset ou au P. Blancal si on ne peut pas confier ces leçons-là au P. Mathieu.

Il me semble que le F. Michel ne ferait pas un mauvais quêteur pour Clairefontaine. Le P. Jacques devrait l'essayer. Le P. Canisius restera au Val. M. Harmel veut me parler pour les oeuvres. Il m'a envoyé un exprès à Clairefontaine pour me prier de passer au Val. Je vais donc retourner par le Val lundi (par Givet et Mézières). J'arriverai seulement mardi soir à 8h 1/2 à St Quentin.

Pour votre compte rendu, revenez toujours à l'union avec N. S., l'humilité, la conformité à la volonté de Dieu. Soyez mille fois béni. + Jean du Coeur de Jésus.

19. 11. 1894. B 24/8 (inv. 500. 15). P. Grison

Cher fils,

Je vous offre à tous mes souhaits de bonne année. Croissez et avancez dans la sainteté (cf. Lc 2, 52). Faites des progrès de jour en jour par la fidélité à vos règles et la docilité à la volonté de Dieu.

J'ai reçu vos bonnes lettres du 20 octobre. Le F. Gabriel a-t-il fait ses voeux perpétuels avant d'aller à Portoviejo? Le F. Sigisbert doit faire les siens. Le F. Vincent doit renouveler ses voeux annuels. Qu'il étudie un peu chaque jour. Il arrivera. La goutte d'eau fera son trou.

Je voudrais bien vous intéresser au F. Christophe. S'il n'arrive pas aux ordinations à Ambato, tâchez de faire quelque chose pour lui. Il désire faire de bonnes études. Il pourrait peut-être aussi une autre année passer quelques mois chez Mgr Schumacher??

On nous presse encore d'aller au Chili. On nous offre aussi une grande propriété de produit au Canada. Tout cela pourra se faire plus tard.

Nous avons de nombreux j. gens avides des missions, mais il faut bien du temps pour qu'ils soient prêtres. Soyez toujours charitables d'une maison à l'autre.

Que Dieu vous comble tous de ses meilleures bénédictions. + Jean du Coeur de Jésus.

26. 11. 1894 (de Saint-Quentin). B 20/7. 5 (inv. 301. 02). Abbé Six

(Ajouté en tête de la lettre, par une autre écriture : Original donné au St Siège sur requête de Mgr Macchi)

Mon cher ami,

Voici que le libéralisme économique en arrive à la confusion de Babel. M. Théry crie contre le Pape et l'Encyclique, M. Fichaux dégage sa responsabilité. M. Cordonnier pense que les études sociales ne doivent pas avoir de conclusions pratiques, M. Hubert Valleroux est d'avis que l'individualisme est ce qu'il y a de mieux au monde, sans doute parce qu'il perment au capitalisme de vivre et de grandir en paix.

La cause de M. Harmel et la vôtre sont bien vengées.

Don Sarda écrit un bon livre : le libéralisme est un péché. Ne trouvez-vous pas qu'on pourra bientôt écrire un article sur ce thème : le libéralisme économique est un péché. Cela ferait de l'effet. Pensez-y.

Poursuivons notre idée de la participation aux bénéfices. Elle se fera jour. C'est un des grands éléments de la solution cherchée.

Vous l'avez vue acclamée à la Chambre mardi. M. Lemire, après M. Goblet, y voit un progrès social à réaliser : après l'esclavage, le servage ; après le servage, le salariat ; après le salariat… la participation aux bénéfices.

M. le Comte d'Houssonville, un rétrograde, qui gourmandait en même temps ces jours-ci les socialistes et les démocrates catholiques, avouait qu'il y a peut-être quelque chose à attendre de la participation aux bénéfices.

Avez-vous remarqué qu'au fameux discours de Saint-Etienne en déc. 1892, M. de Mun avait déclaré que c'était là une des justes revendications de l'ouvrier, et que la législation devait y pourvoir.

Et le Pape, par sa lettre du 7 janvier 1893, approuvait chaudement le discours et le programme du Comte de Mun.

Nos capitalistes de la Chambre ont applaudi l'idée, ne serait-ce pas le moment de les prendre au mot en déposant un projet de loi ? Insinuez cela à M. Lemire.

Donnez-moi un renseignement. Nous avons ici chaque hiver cinq ou six grandes conférences devant un auditoire de 500 ouvriers. Connaissez-vous à Lille ou dans le Nord des conférenciers que nous pourrions demander ? Nous avons déjà eu M. Gervais. Nous ne payons guère que les frais de voyage (50 francs).

Union de prières. Tout vôtre en N. S. L. Dehon.

06. 12. 1894. B 24/8 (inv. 500. 16). P. Grison

Cher fils,

J'espère que la divine Providence épargnera la vie de votre saint évêque. S'il était victime des loges, il aurait la gloire du martyre. Votre pauvre république équatorienne est bien malade.

Pour l'avenir de nos missions dans l'Amérique du Sud, il me semble que c'est au Chili qu'il faudrait avoir une maison de recrutement.

Mgr Schumacher m'écrit. Il m'annonce pour le prochain courrier son projet de cesser cession le collège. J'attends.

Nous avons recruté un bon prêtre missionnaire que nous pourrons peut-être vous envoyer pour Pedernales. Je crois que la maison de Ambato fait du bien comme la vôtre. Les Pères y ont beaucoup de confessions. C'est peut-être mieux de garder ces deux maisons tant que la Providence ne nous mettra pas dehors.

Faites bien les retraites du mois et les exercices quotidiens pour ne pas tomber dans la tiédeur.

Vous m'enverrez les voeux écrits de vos jeunes Pères. Les Pères Jean-Gabriel et Sigisbert ont dû faire leurs voeux perpétuels. Le F. Vincent a dû renouveler ses voeux annuels.

Le F. Vincent étudie-t-il? Avez-vous pu le faire minorer? Les ordinations à Ambato sont toujours une grande difficulté.

Quelle importance aurait la mission de Pedernales? Quelle étendue?

Vos 80 élèves ne tombent-ils pas à 40 quand la saison est moins favorable?

Soyez mille fois bénis. + Jean du Coeur de Jésus.

20. 12. 1894. B 24/8 (inv. 500. 17). P. Grison

Chers fils,

J'attends toujours la donation du collège par Mgr. Il mourra sûrement avant d'avoir rien fait et nous serons dupes. Fiat! Il faut se dévouer à l'Equateur sans vues temporelles et sans sécurité.

Fortifions-nous nous-mêmes. Cultivez la science et la piété chez tous les vôtres. Tâchez que le F. Vincent avance un peu dans les études.

Restons à Bahia. Faisons attendre l'oeuvre du Chili. Si elle nous échappe, „Fiat voluntas Dei” (Mt 6, 10).

Je vous ai parlé d'un prêtre qu'on pourrait vous envoyer pour Pedernales, mais c'est douteux. Nous l'essayons au noviciat.

Le P. Mathieu sera prêtre après-demain. Il a été irréprochable depuis son retour de Bahia. Le F. Nicolas Morel, un Meusien, sera sous-diacre. Le P. Vincent est auprès de sa mère, très malade. Elle a reçu les derniers sacrements.

Nous enterrons aujourd'hui notre 1er vicaire de St Quentin, mort presque subitement. Notre séminaire américain à Lille paraît appelé à un bel avenir. Il a quatre élèves cette année, on en espère huit pour l'an prochain.

La petite communauté de Rome va bien. Elle ne dessert plus l'église du Suffrage, cela nous coûtait trop. Nous avons un oratoire privé, Via di Monte Tarpeo, N° 54.

La meilleure Vie de Marguerite Marie est celle en 2 vol. publiée par la Visitation chez Poussielgue, rue Cassette 27 à Paris. C'est un véritable arsenal pour la dévotion au S. Coeur.

Prions bien les uns pour les autres. Commencez une année sainte. Soyez fidèles à tous vos exercices. Préparez-vous toujours à la messe et à la ste communion par une grande pureté de conscience. + Jean du Coeur de Jésus

Les Pères Irénée et Bruno ont perdu leur mère. Ecrivez-leur à cette occasion.

Décembre 1894. B 20/3. 1 (inv. 292. 33). P. Falleur

Cher fils,

Je rentrerai mardi. Je passerai par Solesmes pour voir M. Ruffin et j'arriverai à St Quentin vers 4h. Préparez-vous à venir ici pour huit jours.

Il y a un gaspillage inouï. 315f de viande par mois. 6 livres de boeuf 3/4 à 1f pour un pot-au-feu de 12 personnes; des roastbeefs à 32 sous la livre; le jambon, 1 livre 350 gr. pour 4f 10, etc, etc. et un régime absurde. Vous réglerez tout cela. A mardi. Jean du Coeur de Jésus

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