CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE 1904
20. 01. 1904. B 108/1 (inv. 0116547). Supérieur du Séminaire d'Issy.
Monsieur et vénéré supérieur,
M. Blandin n'est pas bien portant. Il aurait besoin de soins pendant 3 ou 4 semaines. Ne pensez-vous pas qu'une vacance anticipée lui serait nécessaire ? Il est si difficile de suivre un régime au séminaire !
Je m'en rapporte à votre sagesse, et je vous prie d'agréer mes respectueux hommages,
L. Dehon
20 janv. 1904.
Janvier 1904 (Arch. Mun. Lyon, 130 II 9, 1904). Marius Gonin
Janvier 1904
Cher ami,
Vous m'avez promis une petite note pour le Manuel social.
Malgré vos grandes occupations pour le congrès, jetez-moi cela en quelques mots sur le papier.
Je rentre à Saint-Quentin samedi, et j'espère aller bientôt passer un mois à Rome.
Votre bien dévoué.
L. Dehon
(130 II 9, classeur intitulé « Correspondance adressée à M. Gonin par ses principaux collaborateurs, 1904 »)
09. 03. 1904 (de Rome) B 20/4. 1 (inv. 294. 32). P. Falleur (à Fourdrain)
Vous aviez de quoi finir le paiement des 20.000 sans le nouveau versement de M. Jourdain.
Vous pouvez laisser entendre à Mme R. qu'elle n'aura plus de précepteur de chez nous. Qu'elle en demande un à M. Delloux.
Mettez une croix sur la tombe. Avec l'inscription: Prêtres du S. Coeur de Jésus
Votre L. Dehon.
12. 03. 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 33). P. Falleur
Cher fils,
Vous savez bien que la vie de précepteur est incompatible avec la vie de communauté. Nous avons fait exception pour M. Roth parce qu'il avait une communauté près de lui au S. Coeur, mais les conditions sont changées. Je ne pourrai donc donner personne à Mme Richard.
P. Duborgel ne m'a pas encore écrit de là-bas.
J'aime autant ne pas revoir le bon Marc. Vous pouvez le caser. Sr Mie Claire trouvera bien une cuisinière. Je compte rentrer le 1er.
Quelle différence de prix entre croix de fer et croix de pierre? Votre dévoué L. D.
Bonne fête de S. Joseph.
17. 03. 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 34). P. Falleur
Cher ami,
Bonne fête de S. Joseph. Si Léon Roth demande quelque chose de son frère (souvenirs, livres, vêtements), montrez-vous large. Il pourrait nous faire des misères. Soyez toujours prudent et mortifié. „Scio opera tua… sed habes adversum te quod caritatem tuam primam reliquisti. Memor esto unde excederis. Age paenitentiam et prima opera fac. Sin autem, venio tibi et movebo candelabrum tuum” (Ap. 2, 2-5). Votre dévoué L. Dehon.
Pour les livres (Bossuet, etc), demandez à Quévy s'ils les ont. Et mon image des défunts??
24. 03. 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 35). P. Falleur
Cher fils,
Marc m'a écrit, réclamant 400fr et menaçant de dénoncer nos maisons et nos noms. Je ne lui réponds pas. Il peut dénoncer puisque nous avons nous-mêmes tout déclaré.
Pour la ferme de Fourdrain, nous en reparlerons. Vous pouvez peut-être louer la ferme…, réservant le pied à terre au château comme régisseur. Cela vous donnerait une grande liberté. Nous verrons. Votre L. D.
Mars 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 31). P. Falleur
Cher ami,
P. Liborius va commencer au 1er juin son noviciat de Frères à Trois-Vierges. Il demande si on peut lui prêter ou donner calice et ciboire. En avons-nous de reste quelque part à Lille, St Quentin, Bruxelles…?
Je vous ai envoyé deux chèques. Je rentrerai à la fin de la Semaine Sainte.
Votre dévoué L; Dehon.
Où en êtes-vous avec (nom effacé)?
Mars 1904 B 98. P. Falleur
(En note à une lettre de Marc, écrite de Reims)
Gardez précieusement cette lettre de Marc et l'enveloppe. S'il veut me faire chanter, je la produirai au tribunal et il lui en cuira. Votre L. D.
Mars (ou novembre?) 1904 B 98. P. Falleur
(en note à une lettre envoyée de Lourdes)
Je n'ai pas l'adresse de ce monsieur. Ecrivez-lui qu'il ne s'inquiète pas de voeux, qu'il a toutes dispenses et toutes permissions, excepté pour la chasteté qu'il doit garder comme tout le monde. Votre L. D.
J'irai vous voir ces jours-ci
03. 04. 1904. B 21/9a (inv. 471. 06). Fr. Blandin
Cher ami,
Haec dies quam fecit Dominus, exultemus et laetemur in ea! (Ps 118, 24).
Ne vous laissez pas décourager. Les petites épreuves qui vous viennent sont permises par N. S. pour vous perfectionner. Le temps des grandes grâces approche, les ordres sacrés vont venir, ne faut-il pas vous purifier, vous détacher des créatures et de vous-mêmes?
Rassurez votre bonne maman et ne vous tourmentez pas l'esprit, cela vous rendrait de nouveau souffrant. Pour le baccalauréat, je vous laisse libre. Cela me ferait plaisir si vous y arriviez, mais je ne veux pas que vous vous fatiguiez.
Fr. Boudet a eu ses petites épreuves aussi. Je pense qu'il est remis. Je n'ai plus de nouvelles de notre Roblot.
Pour les vacances de Pâques, je vais avoir pour secrétaire Adrien Guillaume. Je vais aller jeudi à Bruxelles. J'ai hâte de voir mes Conseillers et de prendre quelques mesures utiles pour l'Oeuvre.
Ici le procès n'avance pas. P. Falleur va venir me voir demain. Mangeot est parti pour le Canada, mais Garnier a raté le départ. Ch. Comaille est engagé pour 3 ans à Laon.
Je vous bénis cordialement. L. Dehon.
06. 04. 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 36). P. Falleur
Faites traite. Les derniers chèques du Canada vous permettent d'envoyer une belle somme à Dirani. Agissez promptement et fermement pour votre sanctification. Dans mes souffrances très aiguës de Rome, n'y avait-il pas une part pour Fourdrain? Votre L. Dehon
17. 04. 1904 (de St Quentin) B 20/8. 4 (inv. 311. 07). P. Liduinus Richters
Cher ami (à Olinda, d'où je suis parti vers le 20 avril 1904).
Je reçois vos lettres. Je pense comme vous que votre tempérament est un obstacle à ce que vous ayez les qualités de gouvernement. Vos malaises d'estomac vous ont donné un naturel inquiet, mobile, un peu agité et irascible.
Que faire? Ne brusquons rien. Un peu plus tard je vous ferai revenir. On vous désire tant à Quévy! et ailleurs encore. Mais qui enseignera la théologie à nos jeunes profès de Olinda??
Si Elgrass veut être raisonnable, je lui pardonnerai tout, recevez ses voeux. Je crois qu'il a la tonsure, je vous enverrai les dimissoires pour les ordres mineurs.
Pour Demont, son année de philo. à Lux.g peut compter, parce qu'on y fait passablement de théologie. Je compte le faire ordonner à Noël.
Vivez dans le calme, en enseignant la théologie à vos j. gens. Tenez-vous dans la paix le plus possible. Laissez votre monde agir en paix. Vous les avez tous placés, laissez-les travailler
30. 04. 1904. B 21/9a (inv. 471. 07). Fr. Blandin
Cher ami,
Je souffre à votre sujet. Vous n'êtes plus confiant avec moi. Vos lettres sont officielles. Vous êtes sûrement tenté et troublé. Qu'y a-t-il? Vous étiez dans le vrai quand vous étiez bien uni avec moi et décidé à vous donner tout entier pour la belle oeuvre d'amour et de réparation au S. Coeur.
Vous avez laissé entré dans votre coeur des vues naturelles. Est-ce par vos conversations de Fourdrain? Par quelques correspondances? Par le scandale que donnent ceux qui s'en vont? Que quelques-uns s'en aillent, soit! S'il m'en reste un groupe de vrais, comme était le P. Modeste, comme sont les FFr. Jacquemin, Glod, Plissonneau et bien d'autres, cela me suffit. Dix justes auraient sauvé Sodome (cf. Gn 18, 32). Mais je voudrais que vous fussiez de ceux-là. Vous y êtes appelé, vous l'avez senti, et vous êtes tenté de déserter!!! Reprenez-vous.
Le salut pour vous est dans l'union avec moi et non pas dans la consultation d'une demi-douzaine de directeurs. Ceux qui désertent tournent souvent mal. J'en pourrais citer beaucoup et vous aussi. N'est-ce pas une leçon? Ceux qui meurent dans l'amour meurent saintement.
Si vous reculez, j'entrevois pour vous tout une vie de troubles, de remords, d'inquiétude et peut-être de faiblesse. Euge, serve bone et fedelis! (Mt 25, 21). Courage, mon bon Emile. Tu quoque, fili?
Rassurez-moi et retirez-moi le glaive du coeur. Votre bien dévoué L. Dehon.
04. 05. 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 37). P. Falleur
Cher ami,
Je pense que malgré notre situation gênée, il faut renoncer à la dîme de Sittard. Les Allemands souffrent de cette contribution. Ils soupçonnent avec raison que leur maison seule les paie. J'aimerais savoir votre maison bien purifiée. Pensez encore à placer Mme Bontemps, 84 rue de Ham. Votre L. Dehon.
06. 05. 1904. B 21/9a (inv. 471. 08). Fr. Blandin
Cher ami,
Je compatis à votre épreuve, je la devinais. Il y a de mystérieuses communications entre les âmes. J'en avais dit un mot au P. Mathias, il vous a écrit. Si le P. André vous a écrit aussi, c'est à cause de vos lettres au Fr. Boudet, qui lui ont révélé votre trouble.
Je suis justement jaloux de cette confiance que vous donnez au Fr. Boudet, plutôt qu'à votre père spirituel, qui vous est très attaché. Ne croyez pas qu'on vous ait dénigré près de moi. Qui vous donne ces idées noires? Croyez-vous que j'écouterais des critiques sans fondement?
J'ai pour vous autant d'estime que d'amitié. C'est par vous-même que j'ai appris vos troubles, par vos lettres à moi et à Fr. Boudet. Personne d'autre ne m'a dit un iota à votre sujet. Me croyez-vous? Je vous garde une confiance peu commune. Ecrivez-moi encore bientôt, mais plus intimement. J'écris au P. Falleur de penser à vous.
Ma petite colonie de meusiens va bien. Pointeaux est grave, Lebrun avance dans la piété. Hablot et les Pergent vont assez bien. Roblot est heureux au Brésil. Guillaume est ici à faire son postulat. Et Roblot??? Je vous bénis affectueusement. L. Dehon.
19. 05. 1904. B 21/9a (inv. 471. 09). Fr. Blandin
Cher ami,
Défiez-vous du démon. Ne vous laissez troubler et décourager par rien. J'irais bien à Paris pour recevoir vos voeux. Quand?
Philippe et Mailier vont être prêtres à Rome le 28. Dix autres vont l'être à Malines le même jour. Bittkau a été ordonné à Olinda le 3.
A Olinda, le mal n'est pas très grand. L'ancien directeur du collège n'accepte pas l'épiscopat. Dès lors il garde le collège et nous emprunte seulement 2 ou 3 des nôtres. P. Joseph est revenu avec 2 scolastiques (Demont et Van Diepen). Mgr nous donne en compensation une quatrième belle paroisse (Sao Laurenço). J'aime mieux cela. Les paroisses sont bien plus intéressantes qu'un collège où on est en face de 30 religieux gâtés, difficiles à conduire.
Guillaume est ici avec moi. Il prépare son 1er examen de droit pour juillet et achève sa philosophie. Il ira au noviciat en 7bre. Un autre élève de Verdun, Joseph Bünn viendra aussi au noviciat pour être missionnaire.
Suivez pieusement les conseils du saint religieux que vous avez consulté.
Votre bien dévoué L. Dehon.
21. 05. 1904. B 21/9a (inv. 471. 10). Fr. Blandin
Cher ami,
Je sais que vous êtes troublé parce que quelques-uns des nôtres sont partis. Sont-ils partis pour être meilleurs? Non. La plupart des partis tournent mal, parce qu'ils ont quitté leur vocation: v. g. Dussaussoy, Weppe, Riedmuller… Ceux qui meurent chez nous meurent saintement.
Nos missionnaires exilés de S. Quentin ont laissé dans le diocèse d'excellents souvenirs.
Notre vocation demande évidemment de la ferveur et une certaine somme de vie intérieure. N. S. abandonne ceux qui lui refusent cela obstinément.
Avouons aussi que nous avons parfois été trop faibles pour les admissions à Fayet et ailleurs. Corrigeons-nous. Beaucoup quittaient N. S. aussi: Multi discipulorum ejus abierunt retro et jam non cum illo ambulabant (Jn 6, 67). N. S. s'est-il découragé pour cela? Non. Il a dit aux vrais: Numquid vultis abire? (id., 6, 68). C'est la question que je vous adresse.
Donnons à N. S. ce qu'il attend de nous, c'est la plus belle des vocations. Ne scandalisez pas les petits (Mt 18, 6). Les infidélités qui vous troublent tiennent au temps où nous sommes, à l'éducation de famille, à la sensualité ambiante. Si vous saviez que nos jeunes prêtres séculiers sont… défectueux. Pauvre Jésus! Il est peu aimé et mal servi.
Je vous bénis paternellement. L. Dehon.
Vous me renverrez le petit billet que je vous communique. J'en ai au moins 12 jeunes dans ces dispositions. Soyez le 13è.
24. 05. 1904. B 21. 9a (inv. 471. 11). Fr. Blandin
Cher ami,
J'ai toujours eu pour vous de l'estime et de l'affection. Je désire aussi vous donner une très grande confiance. Aidez-moi. La confiance doit être réciproque. J'ai bien prié pour vous hier à Liesse. Je demande à Dieu pour vous la paix de l'âme. Vous avez une grande impressionnabilité qui passera. Supportons bien les petites croix quotidiennes. N. S. les permet pour nous éprouver et nous sanctifier.
S. Paul ne rencontrait pas à Corinthe la confiance à laquelle il avait droit. On courait à Apollon (cf. 1 Cor 1, 12). S. Jean qui était si bon n'était pas aimé de tous. Il se plaint de Diotrephes, qui ne le reconnaît pas et ne voulait pas qu'on le reçût (3 Jn, 9-10). Ayons pour idéal d'être de petites victimes du S. Coeur comme Marguerite Marie. Offrons joyeusement nos petites peines au S. Coeur. Je vous bénis bien cordialement et affectueusement. L. Dehon.
P. Duborgel est revenu du Brésil pour se soigner. Il a un commencement de phtisie, qui doit venir de sa famille.
31. 05. 1904. B 23/1 B (inv. 475. 07). Abbé Billet
Me voici arrivé à Blois. Je vous envoie sur cette petite carte des aperçus de château. Merci d'être venu passer la soirée avec moi. Mon ancien élève est arrivé à 9 heures. Prions l'un pour l'autre. Ménagez-vous. Votre dévoué L. Dehon.
Mai (?) 1904. B 21/9a (inv. 471. 20). Fr. Blandin
Cher ami,
Quelles nouvelles? Votre estomac est-il en bon état? Votre âme est-elle fervente et généreuse?
Je viens de faire un tour en Belgique. Nos oeuvres là-bas sont toutes en voie de prospérité. On bâtit à Bergen-op-Zoom et à Luxembourg. On prépare des agrandissements à Bruxelles et à Quévy. Une maison a été achetée à Erwetegem (diocèse de Gand) pour une école flammande. Mais en France! C'est la mort ou à peu près. Ayons confiance quand même, la résurrection viendra.
J'ai été dans la Meuse, je crois que j'aurai deux séminaristes de Verdun au noviciat en 7bre. Si Mgr me joue des tours, j'essaiera de les lui rendre.
Aux missions, les résultats sont superbes: 4.000 catéchumènes au Congo et 2.500 chrétiens. Au Brésil, le bien à faire est vaste et facile.
Jh Garnier est venu échouer à Fourdrain, où il apprend la culture, avant d'aller au Canada. P. Falleur est à Erwetegen pour faire disposer l'école. Pas de nouvelles de Marleville, j'ai envoyé une carte pour la S. Georges.
J'envoie un dimissoire à Plissonneau. Vous en faut-il un? Etes-vous appelé au sous-diaconat?
Votre bien dévoué L. Dehon.
09. 06. 1904 (de Lourdes) B 21/9a. (inv. 471. 12). Fr. Blandin
Mon cher ami,
Je vous mettrai certainement dans le ministère pour commencer pendant 2 ans, mais il faut que ce soit chez un évêque qui promette de ne pas vous retenir.
Croyez-moi, vous ne trouverez la paix complète que si vous vous donnez généreusement, sans conditions. Vous pouvez toujours exprimer vos pieux désirs aux supérieurs. Ils ne seront pas moins bienveillants que ne serait un évêque.
Je vais rester encore ici quelques jours et j'y prierai bien pour vous. Le médecin va peut-être m'imposer une cure de 15 jours à Cauterets. Alors je n'arriverai plus à temps à Paris pour recevoir vos voeux. Je délègue au besoin votre directeur pour les recevoir, en présence de deux témoins, autant que possible vos deux confrères d'Issy.
Demain, c'est le grand jour du S.Coeur. Je suis heureux de le passer ici: vous aurez une bonne part de ma messe. Je vous bénis amicalement. L. Dehon.
23. 06. 1904 (de Cauterets) B 35/4c. 22 (inv. 584. 22). Mère M. Joseph (Victimes)
Ma Révérende Mère,
Je reçois ici votre faire-part. Je compatis vivement à la grande perte que vous faites. Je vais aujourd'hui à Lourdes, j'y porterai le souvenir de votre chère défunte et de toute la communauté.
J'ai appris qu'à Rome la réponse sera dilatoire, c'était à prévoir, vous n'êtes plus assez développées depuis la persécution. Il faut avoir au moins trois diocèses pour réussir. Mais l'impression a été quand même favorable à Rome et on ne vous fera pas trop attendre. C'est un petit sacrifice à offrir au S. Coeur. Agréez mes bien dévoués hommages. L. Dehon
24. 06. 1904. B 20/8. 8 (inv. 316. 09). P. Severinus Hamacher
Mon cher ami,
Votre lettre m'a bien intéressé. Les deux projets de Eger et de Teplitz sont bien tentants. Je m'en rapporte à vous. En commençant à Eger nous gagnerons les sympathies du Cardinal. Vous pouvez compter sur les Pères Aflemüller et Formans. Commencez à quêter un peu si vous le pouvez.
Etudiez bien la question pratiquement. Combien coûtera la chapelle? Combien donnera le Bonifacius-Verein? Il faut aller prudemment mais il faut cependant que la chapelle provisoire soit assez grande.
Je rentrerai à St Quentin le 1er juillet. Je vais prier à Lourdes aujourd'hui pour votre projet. Votre bien dévoué L. Dehon
13. 07. 1904 (de Ixelles) B 16/1. 6 (inv. 114. 06). Cardinal Mercier Goossens (texte dactylog.)
Eminence Révérendissime,
Votre Eminence est déjà informée par Madame la Comtesse de Stolberg de notre désir d'avoir une petite oeuvre de recrutement à Tervueren pour préparer des missionnaires. Notre belle mission du Congo doit être conduite de préférence par des prêtres belges, c'est le désir du Roi. La petite oeuvre de Tervueren nous aidera pour cela. Je n'y mettrai qu'un personnel belge. J'ai la confiance que Votre Eminence voudra bien nous donner avec sa bénédiction les autorisations nécessaires.
Daignez agréer, Eminence Révérendissime, l'hommage de mon humble et profond respect.
L. Dehon, sup. des Prêtres du S.C.
31. 07. 1904 (de Normandie) B 23/1 B (inv. 475. 08). Abbé Billet (à Paris)
Cher ami,
Nous rentrerons mardi soir tard et mon socius partira mercredi de bonne heure. Qui me servira la messe à 7h? Un de vos gosses? L. D.
09. 08. 1904. B 18/13. 15 (inv. 227. 15). P. Luyten
Mon cher ami,
C'est maintenant entendu que ce sera vous qui serez chargé de l'oeuvre de Tervueren, avec les Pères Cerf et Germain.
Il faut maintenant prendre la chose à coeur et commencer de suite à s'en occuper. Il y a juste le temps nécessaire. Il faut voir la comtesse de Stolberg et commencer par signer l'acte, soit vous, soit P. Van Halbeek. C'est une location pour 3 ans avec promesse de vente.
Après l'acte signé, il faut de suite faire faire les arrangements les plus nécessaires:
1° une cloison dans la première classe, pour y faire le réfectoire et la chapelle;
2° une clôture autour du jardin.
Voyez à cela avec P. Germain. Allez à l'économie. Dans un an, on pourra élever d'un étage. Je vous fournirai une bonne partie du mobilier, vous pouvez aussi quêter un peu.
Ce qui est encore urgent c'est de chercher 6 ou 7 élèves. On dit que P. Lenz en a deux en vue. Voyez à cela. Tenez-moi au courant. J'irai à Bruxelles le 16. J'espère que tout sera déjà en train.
Votre bien dévoué L. Dehon.
16. 08. 1904. B 18/13. 16 (inv. 227. 16). P. Luyten
Cher ami,
Il n'y a pas de temps à perdre. Allez de suite voir si la Comtesse est prête à signer l'acte. P. Falleur expédiera demain un wagon de meubles de Lille à Tervueren. Il faut commencer les travaux. Demandez à la Comtesse si son cocher ne pourrait pas quitter la maison avant le 1er octobre. J'irai demain à Bruxelles. A l'oeuvre, c'est pour le S.C. et pour la mission.
Je vous bénis affectueusement. L. Dehon.
18. 08. 1904. B 18/13. 17 (inv. 227. 17). P. Luyten (texte dactylogr.)
Cher ami,
Je regrette de vous avoir manqué hier. Un wagon de meubles a été expédié hier de Lille à votre adresse à Tervueren. Peut-être pourrions-nous pour la Ière année nous servir des locaux tels qu'ils sont, sans rien bâtir. On ferait la chapelle dans la salle de réunions de secours mutuels, mais on n'y garderait pas le St Sacrement. Qu'en pensez-vous? Avez-vous signé l'acte?
Votre bien dévoué L. Dehon.
30. 09. 1904. B 18.13. 18 (inv. 227. 18). P. Luyten (texte dactylographié)
Mon cher ami,
C'est bien comme cela. Vous commencerez sous les auspices de Notre Dame du Rosaire, on pourrait lui dédier la maison.
Richters désire extrêmement étudier.
Pour la propagande, bornez-vous aux pays flammands pour ne pas trop vous heurter avec les oeuvres de Bruxelles et de Louvain.
J'espère aller vous voir en octobre. Arrangez la maison avec goût.
Observez bien la pauvreté, gardez la règle et faites bien les exercices.
Pour être béni, faites le petit acte d'humilité que je vous ai demandé, une lettre d'excuse et de réconciliation à Bergen.
Mes respects et remerciements à Mme la Comtesse. Votre bien dévoué L. Dehon.
N'oubliez pas les actes de politesse vis-à-vis de Mr le Curé.
07. 10. 1904. B 35/4d. 01 (inv. 586. 01). Mère M. Joseph (Victimes)
Ma Révérende Mère,
N'hésitez pas à laisser là-bas votre bonne Mère au caveau du cimetière, à condition que le cercueil soit solide et bien marqué pour qu'il ne puisse pas être confondu avec d'autres. Ses reliques intercéderont là-bas pour la France. Plus tard vous saurez où les retrouver.
Pour l'approbation, il faudra revenir à la charge. Tâchez d'avoir pied dans trois diocèses, cela vous aiderait beaucoup.
Le nom de Victimes sera difficile à obtenir. Mais vous pourriez toujours prendre celui de „Soeurs de Jésus-Victime”. Les soeurs ne sont-elles pas semblables à leur Frère?
Le P. André travaille au résumé. Je crois même qu'il a fini. Il faudra le répandre abondamment pour faire connaître et aimer votre bonne Mère.
Je ne suis pas passé à Namur depuis longtemps, mais je saisirai une occasion pour vous faire visite. Je compte toujours sur vos bonnes prières, spécialement pour nos missionnaires, et je vous prie d'agréer mes dévoués hommages. L. Dehon.
10. 10. 1904. B 83/1 (copie: B 35/4c. 23; inv. 584.23). Mère M. Joseph (Victimes)
Ma révérende Mère,
Vous recrutez-vous bien à Namur? Je connais une jeune fille qui cherche sa voie. Pourriez-vous lui envoyer la Vie de votre sainte Mère? Voici son adresse: Melle Aline Guillaume, maison Faleur à Lunéville (Meurthe et Moselle). Vos constitutions exigent-elles une dot? Vos règles sont-elles à la portée des santés moyennes? ? N'imposent-elles pas des veilles et des abstinences trop lourdes? Je voudrais vous voir essaimer en plusieurs diocèses pour préparer votre approbation.
Ici notre procès va recommencer prochainement, priez un peu à cette intention.
Je vous prie d'agréer mes respectueux hommages. L. Dehon.
16. 10. 1904. B 21/9a (inv. 471. 13). Fr. Blandin
Très cher ami,
Ces bons Messieurs de S. Sulpice vous prennent, paraît-il, pour un homme eucharistique. N'ont-ils pas un peu raison? Il vous fallait un compagnon de chambre, on vous a donné le bon Jésus. Ne lui faites pas grise mine. C'est lui qui a voulu vous avoir et qui a inspiré cela à ces Messieurs.
Je tâcherai de vous voir à la fin du mois pour vous consoler un peu.
Bon départ hier de neuf congolais à Anvers. On prépare le départ du Brésil. Les Brésiliens passeront à Paris le 28. Rien de nouveau ici. Je suis seul (comme vous) depuis quelques jours. M. Ducamp est allé faire sa retraite à Quévy. M. Leduc est à Paris, à la recherche d'une position sociale. Il forme un trio avec M.M. Raymond et Joseph.
Pollet n'a pas résisté à l'épreuve du noviciat. Les autres tiennent bon jusqu'à présent. Tout rentre. Comte part lundi. L'ordination de Louvain pour M. Philippe n'est pas encore bien sûre.
Faites comme S. Stanislas, liez-vous d'amitié avec le petit Jésus, il vaut mieux que tous les amis de la terre.
Après le départ de M. Ducamp, je vais être bien seul. Je trouverai bien quelque petit secrétaire. Je vous bénis paternellement. L. Dehon.
Octobre 1904. B 23/1 B (inv. 475. 09). Abbé Billet
Mille amitiés. M. Duborgel vous arrivera demain samedi à 9 1/2. Il espère trouver la clef rue Denfert. Bien vôtre. L. Dehon.
27. 11. 1904. B 20/4. 1 (inv. 294. 38). P. Falleur
Avez-vous retrouvé dans le bulletin des cas de religieux seuls expulsés de leur propre propriété?
Aujourd'hui il y a dans la Croix un cas curieux: le tribunal de Troyes déclarant que le liquidateur ne peut pas être nommé par le président seul. Alors Lecouturier? Votre L. D.
2. 12. 1904 (Arch. Mun. Lyon, 130 II 9) Marius Gonin
+ 2 déc. 04
Mon cher Monsieur,
Je vous suis très uni de cœur. Vos progrès me ravissent. Mais je ne suis guère à même de vous aider.
Le gouvernement de ma communauté m'absorbe de plus en plus : 300 membres dispersés sur tous les continents ! Quelles préoccupations ! direction spirituelle, ressources temporelles, fondations, placement des sujets, quelles sollicitudes absorbantes ! Il a fallu ici depuis deux ans bientôt lutter contre les tribunaux et le fisc. J'ai obtenu un non-lieu au criminel, mais le liquidateur ne me lâche pas et il faut continuer la lutte au tribunal.
Je n'ai plus le temps de suivre le mouvement des œuvres sociales. Je ne suis plus au point et je ne pourrais plus guère écrire utilement. J'ai besoin aussi de ménagement pour ma santé. Donnez-moi donc un long congé.
Dites toutes mes amitiés à M. Berne. Je me réjouis de son rétablissement.
Je n'oublie pas de prier pour toutes vos chères œuvres du Sud-Est.
Votre bien dévoué.
L. Dehon
(130 II 9, année 1904, décembre)
22. 12. 1904. B 35/4c. 24 (inv. 584. 24). Mère M. Joseph (Victimes)
Ma Révérende Mère,
Je vous offre mes voeux bien dévoués, voeux de Noël et de nouvel an. Devenez saintes dans votre cher monastère et demandez à Dieu des saints. Il faudrait des saints et de grands saints de nos jours pour apaiser la justice de Dieu et pour ranimer la foi dans nos populations. Offrez pour cela vos immolations quotidiennes.
La terre a soif de sainteté. Votre Mère fondatrice l'avait bien compris. Puissions-nous la suivre, au moins de loin! Demandez-lui de nous aider. Agréez mes respects et mes voeux. L. Dehon.
Fin décembre 1904. B 108/3 (inv. 1167.39). Novices de Sittard
[La lettre, sans date ni lieu de destination, semble adressée aux novices. Elle est rapportée par le P. Guillaume ( ?), qui a terminé son noviciat le 22 septembre 1905]
Lettre du Très Bon Père en réponse à nos souhaits de bonne année.
… Un vœu suffit : « Soyez saints » [Lv 11, 44]. Pendant le noviciat soyez des petits Berchmans ! Plus tard vous imiterez saint Ignace, saint Philippe de Néri, saint François-Xavier, saint Jean, l'Apôtre du Sacré-Cœur.
Possédez bien votre âme dans la paix. Agissez doucement, gravement. Formez-vous à l'union avec Jésus. Il y a une union qui dépend de notre volonté et une autre qui est une grâce gratuite. La première est une préparation à la seconde.
L'union surnaturelle s'achète par la pureté de conscience, la fidélité dans les petites choses, l'humilité.
Si vous saviez quelle grande grâce c'est que l'union ! Elle change tout en l'or de la charité ; elle élève toute notre vie à l'ordre surnaturel.
C'est la pierre précieuse qu'il faut acheter à tout prix [cf. Mt 13, 46].
Tous les novices du Sacré-Cœur devraient y arriver après trois mois de noviciat, s'ils étaient bien généreux.
Notre Seigneur ne devrait pas trouver d'âmes tièdes dans un noviciat du Sacré-Cœur.
Notre Seigneur n'a-t-il pas promis que par la dévotion à son Cœur on avancerait vite dans la voie de la perfection, c'est-à-dire dans la voie de l'union ?
Que pourrais-je vous souhaiter de plus beau, de plus riche, de plus doux que cette union ? Demandez-la à Jésus par Marie. Mais surtout prenez les moyens, par la pureté de conscience, la fidélité dans les petites choses et les petits sacrifices.
Ne vous agitez pas. Ne pensez pas à l'avenir. Sanctifiez-vous jour par jour, heure par heure.
Foulez aux pieds le respect humain.
Ne faites pas souffrir plus longtemps le bon Jésus qui désire cette union avec vous…
Priez aussi pour moi, j'en ai tant besoin. Demandez à Notre Seigneur de me pardonner toutes mes infidélités.
Je vous bénis paternellement. Jean du Cœur de Jésus
(Copie manuscrite non autographe, 2 pages)