1906

CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE 1906

1906. B 105/3. 2 (inv. 0115. 236). Le Saint Père.

(Copie manuscrite P. Dessons)

Très Saint Père,

Le Supérieur et les Conseillers Généraux de la Congrégation des Prêtres du Sacré Coeur de Jésus, dont la maison principale est à Bruxelles, du diocèse de Malines, très humblement prosternés aux pieds de Votre Sainteté, lui demandent de vouloir bien accorder, outre l'approbation de l'Institut, l'approbation des Constitutions pour le temps qu'Elle jugera opportun.

Les Constitutions de l'Institut, rendues conformes aux Règles établies par Votre Sainteté, sont en usage depuis déjà plusieurs années. Aussi les orateurs soussignés prient humblement Votre Sainteté d'accorder à l'Institut la précieuse faveur demandée.

Malgré les épreuves présentes, des grâces divines paraissent favoriser l'accroissement de l'Institut des Prêtres du S. Coeur de Jésus, qui aura toujours à coeur de se dévouer au service du Saint Siège, de travailler à la sanctification de ses membres et de procurer le salut des âmes.

Que Dieu.

(Suivent les signatures) L. Dehon, sup. gén. B. Charcosset, assist. gén. M.Jh Legrand, conseiller. Jh Schmitz, conseiller. M. G. Kusters, conseiller ».

08. 01. 1906. B 20/4. 1 (inv.294. 48) P. Falleur

Cher ami,

Gardez bien la lettre où M. Dupland refuse le prix que vous offrez pour la promesse de vente. Cette lettre vous dégage. Payez les pompes funèbres…

Sauvez encore ce que vous pouvez et retirez-vous.

J'ai envoyé à St Sulpice un élève de Louvain, Fr. Glod. Votre dévoué L. Dehon.

22. 01. 1906 (de Rome) B 62/7 (inv. 864. 07). P. Prévot

Cher ami,

La petite feuille pour propager l'agrégation est-elle faite? On en désire beaucoup à Fayet, à Bruxelles, à Quévy. Pressez aussi le petit Manuel. Bénédiction à tous. L. Dehon.

17 Piazza Campitelli

26. 01. 1906. B 20/4. 1 (inv. 294. 49). P. Falleur

Mon cher ami,

Transmettez-moi les lettres recommandées comme les autres, il y en a qui me sont tout à fait personnelles.

Je ne m'étonne pas que M. et Mme Gaudart ne veuillent plus du château, cela se comprend. Je n'en veux plus non plus, il est trop grand, etc.

Ne rachetez que si vous avez un engagement formel, écrit, d'un amateur qui vous rachèterait en vous donnant profit.

Vous pouvez cependant recevoir les lettres du Canada, même recommandées. Celles-là n'ont ordinairement rien de personnel. Votre dévoué L. Dehon.

29. 01. 1906. B 21/9a (inv. 471. 14). Fr. Blandin

Mon cher ami,

Vos bonnes nouvelles, un peu tardives, sont les bienvenues.

Travaillez dans l'humilité et selon l'esprit de votre vocation. Propagez la dévotion au S. Coeur. Cherchez des agrégés à notre association réparatrice. Demandez des réglements au P. Duborgel à Louvain.

Observez la règle autant que possible: prières et actes quotidiens; une correspondance avec moi tous les mois; au bout de l'année, un compte rendu de vos recettes et dépenses.

Pauvre France! Servons-la comme nous pouvons.

Nous allons recommencer au diocèse de Soissons notre service de prêtres auxiliaires. Nos maisons de St Quentin et Fayet vont être remises en vente le 2 février. On va s'agrandir à Luxembourg, à Bruxelles, à Bergen-op-Zoom, à Cinq-fontaines. Vous voyez que ce n'est pas encore la mort.

Mais les murs ne sont rien, ce sont des coeurs ardents et généreux que Jésus veut. Vous lui donnerez le vôtre.

J'ai mis le Fr. Glod à St Sulpice avec Ducamp. Je crois que Glod a votre chambre eucharistique. Guillaume est aux Carmes, il travaille bien. Votre bien dévoué L. Dehon.

Janvier 1906. (NQT XX/1906, 20 - 22)

(20)… Appel à la consience publique.

Nos biens vont de nouveau (21) être mis en vente le 2 février au profit du fisc.

Nos concitoyens de St-Quentin se sont honorés en s'abstenant de toute enchère au premier essai de vente, qui a eu lieu le 23 décembre. Ils savent que sous le nom trompeur de liquidation se cache une injuste confiscation.

Pour toute protestation aujourd'hui, rappelons seulement deux articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui a été voté par l'Assemblée nationale les 20 - 26 août 1789 et qui forme la base de notre Constitution.

Art. 10. Nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses pourvu que leur manisfestation ne trouble (22) pas l'ordre public établi par la loi.

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

Ceux qu'on appelle les Grands Ancêtres comprenaient mieux que leurs successeurs la justice et la liberté.

                Lobbé, Dehon, Legrand.

01. 02. 1906. B 20/4. 1 (inv. 294. 50). P. Falleur (Télégramme)

Consultez ami sage rue Orléans Donnez rien Gaudart. Dehon.

06. 02. 1906. B 18/7. 5 (inv. 215. 05). P. Böcker (à Sittard)

Mon cher ami,

Il doit y avoir un malentendu. Le P. André n'a pas pu dire qu'il est supérieur de toute la maison. Il y a là trois maisons et trois recteurs. Le plus ancien des recteurs, le P. André, est chargé de l'économat commun, voilà tout.

Il a voulu dire, sans doute, qu'il est délégué pour tous les voeux à recevoir à Sittard, c'est vrai. Mais quand vous voudrez faire une cérémonie à l'école, demandez-moi une délégation et je vous l'accorderai toujours. Je vais écrire très clairement au P. André.

Ici tout va bien. Il y a bon esprit et tout le monde est content. Votre bien dévoué L. Dehon.

10. 02. 1906. B 22/8 - B (inv. 458. 04). P. Kusters (à Louvain)

Mon cher ami, j'ai su que vous aviez été fatigué. Etes-vous mieux? Tout va-t-il bien?

L. Dehon

10. 02. 1906. Dossier S. Office, « Rerum Variarum » n°5, Partie III, document 24

Lettre au P. Pie de Langogne (couvent des Capucins, Piazza Barberini, Rome)

(Texte original autographe du P. Dehon)

Mon Rév.me Père,

Je vous communique un bel encouragement que nous venons de recevoir encore de la Propagande. Tout cela est très bien, mais nos courageux missionnaires qui vont dépenser leur vie là-bas seraient très heureux d'apprendre que leur Congrégation est approuvée par le Saint-Siège, et ils seraient bien troublés s'il fallait leur dire que nous sommes arrêtés par une histoire de pieuses révélations, qui est passée depuis 25 ans et dont ils n'ont jamais entendu parler.

Vous pourriez communiquer l'encouragement de la Propagande à Monseigneur Lugari (Assesseur du S. Office). Il y verra aussi que nous ne prenons pas un nom qui ne plaît pas au Saint-Office. Nous obéissons scrupuleusement .

Je vous remercie d'avance pour tout ce que vous voudrez bien faire pour nous.

Le jugement du S. Office de 1883 était d'ailleurs très doux pour nous. Il disait qu'on nous obligeait à recommencer sous un autre nom, non pas à cause de quelque faute personnelle, mais seulement parce que l'Oeuvre paraisssait fondée sur des révélations qu'on n'admettait pas.

Nous sommes maintenant en panne comme une vulgaire automobile, espérons que vous allez nous remettre en route.

Je vous prie d'agréer mes très humbles respects. L. Dehon.

(L'enveloppe de cette lettre, dans le dossier du S. Office, contient un billet manuscrit, sans doute de la main du P. de Langogne : « R.me P. Dehon. Parler à Mgr Assesseur. Si sbrighi. Préfecture Stanley-Falls »).

12. 02. 1906. B 18/7. 6 (inv. 215. 06). P. Böcker

Mon cher ami,

Je vous confirme ma lettre de l'autre jour.

Pour les premiers voeux, et pour les voeux perpétuels, il faut toujours une délégation spéciale et un vote du Conseil. Pour les rénovations annuelles, tous les Recteurs peuvent les recevoir dans leur maison. Vous pouvez les recevoir aussi bien à l'école qu'au noviciat. A la première occasion, faites une petite cérémonie.

Je vous assure qu'ici on est heureux et content. P. Peters est recteur et s'occupe des jeunes gens. Il laisse l'économat au P. Barthélemy. Il évite ainsi beaucoup d'ennuis qui le troubleraient dans ses études.

Je m'occupe de l'approbation. Prions et espérons. Votre bien dévoué L. Dehon.

Nous demandons un indult pour Diemer.

14. 02. 1906 B 106/1 Léon Harmel

(Extrait d'une lettre du Père Dehon à L. Harmel, citée dans G. Guitton : « Léon Harmel », Paris Spes 1927, vol. 2, p. 243)

«  Tous nos amis désirent que vous ameniez un beau pèlerinage cette année. Il faut que la France catholique vienne faire amende honorable pour les outrages que l'autre inflige au Saint-Père. La saint cardinal Vivès compte sur vous ».

15. 02. 1906. Dossier SO, (« Rer. Var . 1884 », n.5, Partie III, document 26).

Supplique du Père DEHON au Saint Office pour l'approbation. (Texte manuscrit par P. Dessons).

Eminentissime Seigneur,

Le Supérieur Général des Prêtres du S.Coeur de Jésus expose humblement à Votre Eminence qu'il a demandé, en mars dernier, auprès de la S. Congrégation des Evêques et Réguliers, l'approbation de l'Institut et des Constitutions.

Il a présenté des lettres unanimement favorables des onze Evêques dans les diocèses desquels l'Institut possède des maisons. La haute bienveillance du Saint-Siège a confié audit Institut la Préfecture Apostolique de Stanley-Falls, érigée le 3 août 1904. Le Supérieur G.al a de plus exposé les progrès de l'Institut qui compte actuellement 300 membres ; l'état florissant de la Mission du Congo et des oeuvres entreprises, sous l'autorité des Evêques dans trois diocèses du Brésil ; les sacrifices généreux accomplis pour les missions du Congo : des 20 premiers missionnaires envoyés 11 sont morts à peine arrivés ; la fondation, avec l'approbation de l'Evêque de Soissons, d'une pieuse « Association de réparation », qui comprend plus de 5.000 membres, prêtres ou laïcs.

Il semble que l'approbation ne rencontrerait aucune difficulté auprès de la S. Congrégation des Evêques et réguliers, mais cependant il y a un obstacle qui vient du Saint Office.

Voici succinctement les faits :

Après la fondation de l'Institut, commencée en 1877 sous le titre « d'Oblats du S. Coeur », celui-ci s'est un peu appuyé sur de prétendues révélations. Le vénérable Evêque de Soissons a soumis les choses au Saint Office et le Suprême Tribunal, n'admettant pas ces révélations, a déclaré que l'Institut devait recommencer une vie nouvelle, sous un autre nom et sous l'autorité de l'Evêque de Soissons.

Nous avons la conviction d'avoir fidèlement obéi aux prescriptions du Saint-Siège. Laissant de côté le titre « d'Oblats du S. Coeur » nous avons pris celui de « Prêtres du S. Coeur de Jésus ». De plus il n'a plus jamais été question de prétendues révélations que nous avons réprouvées et que nous réprouvons fermement.

En 1887, le Saint Office nous permettant de traiter directement nos affaires avec la Congrég. des Evêques et Réguliers, nous avons sollicité le décret de louange qui nous fut accordé le 23 février 1888.

Présentement nous sollicitons humblement du Saint Office la faveur de demander à la S. Congr. des Evêques et Réguliers l'approbation de l'Institut et des Constitutions.

Un retard occasionnerait à l'Institut un dommage considérable. Que penseraient les 11 Evêques qui ont envoyé au Saint-Siège des lettres testimoniales très bienveillantes ? Nos 300 religieux, parmi lesquels 4 ou 5 seulement connaissent les difficultés des commencements, ne seraient-ils point tentés de découragement ? De plus nos missionnaires qui partent pour l'Afrique, sans calculer avec les dangers, attendent l'approbation comme un grand encouragement.

C'est pourquoi, Eminentissime Seigneur, nous sollicitons humblement du Suprême Tribunal, dont fait partie Votre Eminence, la faveur que soit levé le « Nihil transeat » qui pèse sur notre Institut. Nous assurons de plus Votre Eminence de notre profond amour pour l'Eglise et de notre pleine et entière soumission à ses décisions.

Que Dieu.

Février 1906. B 18/7. 25 (inv. 215. 25). P. Böcker

Mon cher ami,

J'ai reçu votre bonne lettre. Pour l'expédition, je me demande si les novices n'auraient pas là des rapports avec les Pères et les missionnaires. Ce serait contraire au Droit canon. Un Frère convers suffirait pour l'expédition. Ne trouveriez-vous pas un postulant frère?

Ici on est content et tranquille. Je travaille beaucoup pour l'Oeuvre. J'ai eu une très belle audience le 14. Le Pape nous aime bien et nous bénit. Votre dévoué L. Dehon.

Février-Mars 1906. B 18/7. 27 (inv. 215. 27). P. Böcker

Je suis très peiné de cette épreuve que nous apporte la maladie du P. Mohnen, mais chaque maison a besoin quelquefois d'une victime réparatrice.

Entendez-vous avec le P. Kusters pour me demander le professeur qui vous est nécessaire et pour la question de l'expédition. Votre dévoué L. Dehon.

03. 03. 1906. B 24/0 (inv. 487. 37). P. Mathias Legrand (à Fayet)

Cher ami,

Pour réussir, il faut que vos deux voyageurs aient des notices à donner. Si vous n'en avez pas, mettez en français (avec l'aide de Legay) celle d'Albino, ou demandez-en à Clairefontaine.

Votre dévoué L. Dehon.

16 (?). 03. 1906. B 24/0 (inv. 487. 38). P. Mathias Legrand (à Fayet)

(Carte postale, de Rome)

Cher ami,

Bonnes fêtes de S. Joseph. Soyez fidèle à ce grand protecteur. Il aidera à développer et affermir l'oeuvre de l'école. Votre dévoué. L. D.

03. 03. 1906. B 21/9a (inv. 471. 15). Fr. Blandin

Cher ami,

Le S. Siège me presse de plus en plus d'en finir avec les isolés. Quelle solution voyez-vous pour vous et le P. Prot. Comment faire?

Demandez à Mgr un poste pour vivre à deux ou trois, au moins à deux. Il faut obéir au S.Siège. Priez et faites la volonté du Bon Dieu. Ne vous ai-je pas envoyé la règle des isolés, qui demande que vous écriviez tous les mois? Votre dévoué L. Dehon.

16. 03. 1906. B 23/1 B (inv. 475. 18). Abbé Billet (à Paris)

Cher ami,

Bonne fête de S. Gabriel. Ménagez votre santé. Bonnes vacances à Pâques. Le temps passe trop vite ici. Au revoir. L. Dehon.

Mars 1906 B 83/1. Mère Marie-Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

Je vous offre aussi mes bons souhaits pour la belle fête de St Joseph. Vous avez un bien grand Patron. S. Joseph ne va pas seul. Il a toujours avec lui Jésus et Marie, et tous trois vous protégeront.

Je prierai bien à toutes vos intentions à la messe du 19. J'offrirai à Jésus votre chère communauté comme un bouquet de fête, un bouquet de myrrhe puisque vous êtes de victimes, mais aussi un bouquet de lys et de roses par la pureté et l'amour.

Agréez mes bien respectueux hommages. L. Dehon.Agréez mes bien respectueux hommages. L. Dehon.

Mars 1906 (1907?). B 20/8. 1 (inv. 309. 02). P. Paris (à Clairefontaine)

Cher ami,

Bonne fête de S. Joseph. Vous êtes du nombre des sept fondateurs, qui ont fait leurs voeux perpétuels le 17 sept. 1886, avec l'autorisation de Mgr Thibaudier. Tous ont tenu bon. Le P. Alphonse est arrivé au but. Le P. Xavier marche un peu extra viam. Le pauvre P. Jacques est chapelain à N. D. de Brebières… Espérons que tous les sept se retrouveront là-haut.

Votre persévérance est la plus étonnante, nous avons eu (texte incertain) pas mal d'assauts du grappin. Tenez jusqu'au bout.

J'espère que nous aurons bientôt l'approbation. Cela nous encouragera.

Je travaille beaucoup pour l'oeuvre ici et je compte bien obtenir des faveurs importantes.

Pour vous, combattez la terrible constipation et tout ira bien. La piété et le travail seront plus faciles.

L'oeuvre de Clairef. n'est pas encore affermie, il faut prier pour elle.

Soyez toujours fidèle au Rosaire, il vous soutient. Je pense que mes petites méditations sur la couronne vous aideront. Soyons toujours humbles et doux (Mt 11, 29). Soyez mille fois béni.

                                                                          L. Dehon.

06. 04. 1906. B 24/4 (inv. 510. 07). Card. Ferrata (copie, manuscrite)

Eminentissime Seigneur,

Conformément au désir que Votre Eminence a exprimé, je renouvelle, loyalement et sincérement, devant Dieu les déclarations suivantes:

1°. Je réprouve fermement les prétendues révélations qui ont marqué les premières années de notre Institut, et je les condamne comme le Saint-Siège les a lui-même condamnées. Je regrette profondément de leur avoir au début accordé quelque crédit et je déclare qu'après les décrets ou réponse du Saint Office, du 28 novembre 1883 et du 26 mars 1884, j'ai suivi en tout les prescriptions du Saint-Siège, sous le contrôle de Mgr l'évêque de Soissons.

2°. Je déclare en outre qu'il n'y a rien, ni dans les Constitutions, ni dans la direction, ni dans le gouvernement de la Société actuelle, qui soit basé, de près ou de loin, sur ces révélations que je regarde comme fausses. Les quatre ou cinq religieux qui les ont connues autrefois sont dans les mêmes dispositions que moi.

3°. Nous entendons pratiquer le culte du Sacré-Coeur de Jésus conformément à la doctrine et à l'esprit de l'Eglise, et je déclare que dans les maisons de la Société il n'y a rien, soit dans le fond, soit dans la forme, qui s'écarte des enseignements de la Sainte Eglise ou de la dévotion traditionnelle au Sacré-Coeur.

4°. Je déclare n'avoir plus aucune relation, de quelque nature que ce soit, avec les Soeurs de Saint Quentin. Dans les trois maisons où, avec l'assentiment des Evêques, nous avons des Soeurs pour le service de la cuisine, ce sont des Soeurs d'autres Congrégations.

5°. Nous observons nos Constitutions, qui sont conformes aux „Normae', et nous ne nous en écartons pas d'un pas sans demander l'autorisation à la S. Congrégation des Evêques et des Réguliers.

Je proteste hautement de mon entière soumission à l'Eglise, et je regretterais si, par ma faute, les 300 religieux de la Société, qui ne connaissent rien des affaires en question, avaient à souffrir quelque retard dans les approbations et encouragements dont ils ont besoin, en particulier pour continuer l'oeuvre de nos missions, si difficile et si périlleuse.

Daigne Votre Eminence agréer l'hommage du profond respect et de l'entière soumission avec lesquels j'ai l'honneur de me redire, de Votre Eminence, le très humble serviteur. L. Dehon.

Avril 1906 B 18/7. 28 (inv. 215. 28). P. Böcker

Mon cher ami,

Faites ordonner samedi le cher Fr. Stramp au diaconat. Je suis heureux que tout aille là-bas assez bien. J'irai vous voir bientôt. Votre bien dévoué L. Dehon.´

Avril 1906 (?). B. 83/1 (inv. 01110.11). Mère Marie Joseph (Victimes)

Me voici revenu de Rome. J'ai eu le bonheur de voir deux fois le St Père en audience particulière. J'ai pensé à vous et à votre chère communauté dans les bénédictions que je lui ai demandées.

Pour la relique de Ste Julienne, j'écris à l'évêché de Liège, c'est plutôt là que nous avons des chances de succès.

Priez bien pour la France. Nous allons avoir des élections, je ne crois pas qu'elles seront réparatrices, nous n'avons pas encore assez souffert. Nous passerons sans doute par une crise profonde. Nos bourgeois ont peur. C'est eux qui sont la cause du mal, par les mauvais exemples qu'ils ont donnés aux ouvriers.

A Paris, on s'est encore beaucoup amusé cet hiver même pendant le carême.

Les journaux parisiens ont une colonne pour décrire les catastrophes de Courières, du Vésuve, de San Francisco et une autre pour raconter les soirées et les courses. Comme notre monde est léger! Le Pape nous donne de bons évêques, mais il faudra un siècle pour nous refaire.

Priez pour nos missions, qui ont de grands besoins. Agréez mes dévoués respects. L. Dehon.

Mai 1906. (Arch. Mun. Lyon, 130 II 10, année 1906). Marius Gonin

[Une note ajoutée indique : « Vendredi 8 mai 1906 ? ». En 1906 le 6 mai est un dimanche]

Cher monsieur,

Il y a longtemps que je n'ai plus travaillé avec vous, et je ne puis plus le faire régulièrement, ma congrégation absorbe tout mon temps.

Vous m'avez écrit un jour de vous envoyer quelquefois une page, afin de montrer à vos lecteurs que mon silence n'est pas une bouderie. J'essaie aujourd'hui.

Je suis toujours avec vous de cœur, partageant vos angoisses et vos espérances.

Votre dévoué.
                            L. Dehon 
                                                                      (130 II 10, année 1906, mai)

03. 05. 1906. B 36/13. 7 (inv. 637. 07). Card. Ferrata (Texte dactylogr.)

Eminence Révérendissime,

De retour à Saint-Quentin je crois de mon devoir de vous remercier de la bienveillance que vous m'avez témoignée.

Vous m'avez appris que nous avons à Rome des ennemis qui nous calomnient odieusement, en nous prenant pour visionnaires et le reste. Ils obtiendront peut-être crédit auprès du Saint-Siège. Alors, on nous détruira ou l'on nous refusera l'approbation, ce qui revient au même.

Si cela doit se faire, je prie Votre Eminence de le faire le plus vite possible. Vous devez comprendre mon angoisse. Comment puis-je sourire à tout mon monde et encourager toutes mes oeuvres? Plus on attendra, plus l'édifice à détruire sera considérable, plus le scandale sera grand.

Nous sommes déjà plus de 300 religieux. Avec la fin de l'année scolaire, nous allons recruter encore une quarantaine d'enfants dans nos écoles apostoliques. Nous recevrons plus de 20 jeunes gens au noviciat. Vous comprenez quelle responsabilité j'assure vis-à-vis des familles, si je prends des enfants et des jeunes gens dans une oeuvre que l'Eglise va détruire.

Trois de nos maisons commencent de grandes constructions (à Luxembourg, à Cinq-fontaines, à Bergen-op-Zoom). Faut-il construire ou démolir?

Je continue à envoyer des missionnaires au Congo: deux prêtres sont partis en novembre, deux en février, trois vont partir dans huit jours. Puis-je envoyer ainsi des jeunes prêtres chercher la mort sous un climat meurtrier pour le service d'une Oeuvre que l'Eglise va humilier et détruire?

Je suis prêt à tout. J'ai obéi au Saint-Siège, et ma conscience me rend le témoignage que je lui suis soumis et obéissant autant que n'importe qui au monde. On devrait le savoir à Rome.

J'ai bravé bien des contradictions pour défendre les directions du Saint-Siège, et le Souverain Pontife Léon XIII m'en a félicité.

J'ai vu le Saint-Père deux fois pendant mon séjour à Rome. Je lui ai expliqué nos difficultés actuelles. Il m'a dit les deux fois: „Ne craignez pas, vous recevrez l'approbation”.

Vous devez comprendre mon état d'âme. Ma santé s'en ressent, et je vous demande en grâce de faire vite. Il y a vingt-trois ans que je suis sous les griffes de l'inquisition.

Mon oeuvre était fondée avant les prétendues révélations. Ses règles étaient écrites et fonctionnaient. Elle a été fondée sur le conseil de plusieurs évêques et de saints religieux. Les prétendues révélations ont été une chose très accidentelle pour nous. Elles ne visaient pas d'ailleurs la substance de notre oeuvre. Elles donnaient de pieuses méditations ou annonçaient de prétendues vocations.

Je ne me suis plus soucié de ces révélations depuis vingt-trois ans, si ce n'est pour regretter le mal qu'elles nous ont fait.

Le Saint-Siège a reçu aussi des dénonciations de deux de nos jeunes prêtres qui avaient mauvais esprit, mais je ne crois pas qu'à Rome on attache de l'importance à ces vétilles.

Daignez agréer, Eminence Révérendissime, l'hommage du profond respect avec lequel je baise votre pourpre et sollicite votre bénédiction.

                                     L. Dehon, Sup. des Prêtres du S. Coeur
          St Quentin, en la fête de l'Invention de la Ste Croix.

14. 06. 1906. B 42/13 - A (inv. 710. 03). P. Falleur

Je suis à Lux.g. Je rentrerai peut-être samedi. Ecrivez à Mgr Lesur que j'accepte le 2 juillet au lieu du 24, si c'est son désir. Invitez pour le 22 ceux de St Martin St Jean, Montigny, Fontaine. Vôtre. L. Dehon.

26. 06. 1906 (de St Quentin) B 99/2 Abbé Dupland (copie)

Mon cher confrère,

Il est indubitable que le Diocèse de Valence n'a aucun droit sur la maison que vous avez bâtie et que vous habitez là-bas.

Vos collectes ont toujours été faites pour l'Oeuvre du S.Coeur et jamais pour le diocèse de Valence.

Pour en venir à une solution claire, en échange de ce que vous avez pu faire pour nous autrefois, notre Conseil vous cède tous ses droits sur cette maison et adhère au jugement d'Amiens, afin que vous puissiez jouir et disposer de cette maison comme bon vous semblera.

Recevez mes salutations amicales. L. Dehon.

Juin 1906. B 21/9a (inv. 471. 18). Fr. Blandin

Cher ami,

P. Mathias dit que vous m'avez écrit, je n'ai rien reçu. Vous serez le bienvenu si vous venez en juillet, mais du 8 au 15 je serai à Bruxelles et à Sittard.

Nous avons fait grande fête le 22. Le St Siège vient de nous accorder l'approbation définitive. Magnificat (Lc 1, 46).

Il faudrait dans la Meuse un poste où vous pourriez vivre à trois, tenir une paroisse et missionner dans le diocèse. Est-ce introuvable?

Nous causerons longuement en juillet. Venez me voir. Par lettres, ce n'est pas si commode.

Votre bien dévoué. L. Dehon.

03. 07. 1906. B 18/7. 4 (inv. 215. 04). P. Böcker (à Sittard)

Mon cher ami,

Je commence à préparer le placement. Dites-moi qui vous perdez et qui vous désirez comme professeurs. J'irai à Bruxelles le 9. Votre dévoué L. Dehon.

05. 07. 1906. B 99/2. Diocèse de Valence (copie manuscrite)

Monseigneur,

Mgr Cotton en 1890 nous avait confié le Sanctuaire de Fresneau pour deux ans, et le délai a été prolongé avec son assentiment jusqu'à ces derniers temps.

Les collectes du P. Dupland ont toujours été faites pour l'Oeuvre du S.C., sans aucune mention de l'oeuvre de Fresneau. C'est d'ailleurs dans le Nord et chez nos amis qu'il a trouvé toutes ses ressources.

Depuis quelques années, il ne fait plus partie de notre Congrégation; il est libre. Mgr Cotton le savait bien.

Nous pouvions revendiquer les constructions du P. Dupland, pour notre Oeuvre, mais c'était le priver de son gagne-pain là-bas.

Notre Conseil a préféré, pour le récompenser de la peine qu'il a prise autrefois de quêter pour le noviciat de Fourdrain, lui abandoner la propriété de la maison de Marsanne qui est due d'ailleurs à son industrie personnelle et qu'il a sauvée, à ses frais et par son influence personnelle, dans les divers procès. Nous n'avons eu pour cela qu'à accepter le jugement définitif de la Cour d'appel d'Amiens.

Daignez, Monseigneur, agréer mes très respectueux hommages. L. Dehon.

19. 07. 1906. B 36/13. 6 (inv. 637. 06). Cardinal Ferrata (texte dactylogr.)

Eminence Révérendissime

J'ai bien reçu votre lettre du 13 juillet n° 22.678/15. Nous nous arrangerons pour éloigner les Soeurs de nos maisons dans le courant de l'année.

Je sais que nous sommes grandement redevables à votre bienveillance pour notre approbation, aussi je vous exprime ma profonde reconnaissance.

En baisant votre pourpre, je vous prie d'agréer mes bien respectueux hommages. L. Dehon

31. 08. 1906 (de Bordeaux) B 23/1 B (inv. 475. 19). P. Falleur

Tout est prêt. On s'embarque dans une heure. Tout va très bien sauf quelques vétilles: retards à la Soc. gén., train manqué, chaleur suffocante, 30°, punaises, etc. Tout est grillé, il n'a pas plu depuis 3 mois de Tours à Bordeaux. Il fera frais au Brésil. L. D.

Août 1906. B 82. F. Guilhen

Mon cher ami,

J'ai bien reçu votre lettre de janvier et j'y ai répondu. Je crains bien pour vous que toutes nos lois persécutrices ne soient appliquées aux Colonies.

Notre petite Cong. vient de recevoir le décret d'approbation du St Siège. Des offres de fondations se présentent de plusieurs côtés. Nous avons en vue la Bohème, les Etats-Unis et la Syrie. C'est bien assez pour nos forces.

Je vais faire un grand voyage pour visiter mes missions au Brésil. Je serai absent juqu'à Noël. J'irai ensuite à Rome jusqu'à Pâques.

Ici, j'ai pu racheter ma maison et j'y garde un pied-à-terre.

Beaucoup de nos anciens condisciples de Rome disparaissent, c'est un avertissement pour nous.

Prions les uns pour les autres, en attendant le jour redoutable: Dies irae, dies illa…

Votre bien dévoué L. Dehon.

Août 1906 ( ?). B 105/2 Mère Marie-Joseph (Victimes)

Saint-Quentin (Aisne) 30 rue Antoine-Lécuyer

Ma Révérende Mère,

Je vous remercie de votre sympathique félicitation pour notre approbation. J'espère que la vôtre ne tardera pas.

Ce que vous me dites de mon petit livre m'étonne un peu. Je ne me rappelle pas avoir fait des emprunts à la vébérée Mère. Mes méditations étaient écrites au moins en grande partie avant que j'aie connu sa vie. Ne serait-ce pas que nous aurions puisé un peu, elle et moi, aux mêmes soureces, v.g . au P. Blot ?

Voudriez-vous me signaler les passages où vous avez remarqué la ressemblance, j'en rechercherai l'origine. S'il y a des emprunts faits à la Vénérée Mère, je les signalerai très volontiers dans une autre édition.

J'écrirai volontiers dans quelques jours à la Sœur Marie du Cénacle.

Union de prières et de sacrifices.

Votre respectueusement dévoué.

    L. Dehon

(Copie dactylographiée, 1 page, certifiée conforme avec l'original, 14 octobre 1952)

02. 09. 1906 (de Vigo) B 23/1 B (inv. 475. 20). P. Falleur

Tout va bien. La mer est calme. Le temps est frais. Demain nous serons à Lisbonne. Je n'écris qu'à vous de Vigo. Donnez des nouvelles. L. Dehon.

03. 11. 1906 (Arch. Mun. Lyon, 130 II 10). Marius Gonin

San Bento, 3 nov 06

Mon cher ami,

Je suis ici au fond du Brésil, dans une colonie allemande et polonaise taillée en pleine forêt vierge. J'ai là des missionnaires.

Ici, il n'y a pas d'œuvres, c'est la vie de famille, la vie patriarcale.

Les colons sont fort dispersés dans la montagne. Ils font 10, 12, 15 kil. pour venir à la messe le dimanche.

Je vous ai envoyé des notes sur la corporation chrétienne dans le Nord du Brésil.

Si vous les avez imprimées, ayez l'obligeance d'envoyer un exemplaire de la Chronique

1° à M. le Dr Collier, directeur de l'usine de Camaragibe, Pernambuco Brésil

2° à M. le Dr Britto, directeur de l'usine de Goyanna, Pernambuco, Brésil.

Je rentrerai en France vers le fin de décembre.

Bon Noël. Bon nouvel an.

Saluez bien M. Berne.

Votre dévoué.

                        L. Dehon
                                                                        (130 II 10, année 1906 novembre)

23. 11. 1906 (B 62/7 inv. 864.03). P. Falleur. Dépêche

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21. 12. 1906 (Arch. Mun. Lyon, 130 II 10 année 1907). Marius Gonin ( ?)

[Ce texte manuscrit autographe remplit une feuille numérotée 7 : sans doute la dernière feuille d'une lettre ou d'un article, dont les 6 premières feuilles manquent]

… comme celles du Moyen-Age, mais comme elles incomplète dans ses résultats.

Que faire ? encore du neuf ? Non, nous avons déjà tant d'œuvres et d'associations. Servons-nous de ce qui vit. Nous avons l'Association libérale populaire. Elle n'est pas seulement politique, elle est aussi sociale.

Rattachons-y tous nos groupements dans les paroisses : les Cercles d'ouvriers, les mutualités, les cercles d'études, les groupes de jeunes gens.

Nous serons encore une force, et quand il plaira à Dieu, il nous donnera la victoire.

Buenos Aires, le 21 décembre 1906

          Abbé Dehon
                                       (130 II 10, année 1907)

Année 1906. B 83/1 Mère Marie-Joseph (Victimes)

Ma Révérende Mère,

Vous trouverez d'excellentes choses dans le Règne du S. Coeur.

Le 1er et le 3è volumes expliquent bien la vie de Victime. Le 4è décrit les vertus demandées par le S. Coeur aux religieux et religieuses. Il y a là des pages que vos postulantes et novices liront avec profit.

Le mois de mars, mois de la passion, a été dur pour nous, mais les croix sont des grâces, et il faut en remercier N. S.

Priez un peu pour nous. Notre procès est encore remis à un mois. C'est la moindre de nos croix.

J'espère bien être libre le 24 juin pour assister à votre belle fête. S. Jean Baptiste bénira vos petites novices. Agréez mes bien dévoués hommages. L. Dehon.

Année 1906. B 83/1 Une Soeur des Victimes de Namur

Ma chère Soeur,

J'ai reçu votre bonne lettre. Mon oeil va bien, j'espère que cela durera.

J'ai écrit au P. Barthélemy de ne pas vous oublier. Il va mieux.

La préface de M. Sauvé est une belle thèse de théologie. Je crois qu'elle sera utile pour votre cause. Les personnes pieuses qui cherchent plus l'édification que la doctrine pourront passer la préface, mais elle sera utile aux prêtres.

Le procès durera encore longtemps. Il reprendra seulement en avril.

Priez pour nous. Présentez mes respects à la Rév. Mère Prieure et mes salutations à la Sr Aline. Agréez mes dévoués hommages. L. Dehon.

Année 1906. B 83/2. P. Lenz

Cher Père, merci de votre bonne lettre. Arrangez vos affaires de famille. J'espère que vous pourrez partir en juin ou juillet, avec le P. Lebrun, qui resterait à Irumu et vous, vous iriez à Béni avec un Frère. Nous ferons pour le mieux. Votre dévoué. L. Dehon.

Année 1906. B 18. 7. 24. (inv. 215. 24). P. Böcker (à Sittard)

Mon cher ami,

Le P. Benoît a bien besoin d'un professeur d'allemand. Le P. Formans n'est, je crois, ni très utile ni très heureux à Sittard, dites-lui que je demande qu'il aille rendre service quelques mois au P. Benoît, en attendant que les affaires d'Autriche s'arrangent. Vous avez bien fait d'aller voir Mgr l'évêque, il faut tâcher de le contenter. Votre bien dévoué L. Dehon.

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